Chapitre 8 : Présentation

La jeune femme se retourna en entendant les pas derrière elle : le samouraï aux yeux verts la suivait. Devant son regard impassible, elle commença à avancer dans les sentiers.

OSCAR : ainsi c'est toi mon garde du corps ! Eh bien ton chef doit vraiment avoir peur que je m'enfuis … à moins que tu n'aies gagné l'honneur de me couper la tête… parce que je suppose que c'est ce que tu me réserves, n'est-ce pas ?... Tu ne réponds pas… bien sûr j'oubliais que tu ne parles pas français… bon d'accord …. Tu as un nom au moins ?... Non ? Je crois que ce n'est pas demain la veille qu'on ira se boire quelque verre dans un estaminet comme de vieux amis… Tu sais, j'avais un ami … un homme comme toi, pas très loquace, il s'appelait Alain … vous l'avez tué… tu vois j'ai aussi des raisons de te haïr ….tu as tué mon frère d'arme !

Mais An-San regardait le français monologuer sans faire un geste, sans dévoiler la moindre trace de compassion, de regret : le samouraï restait impassible à ces paroles.

OSCAR exaspérée : et puis après tout, à quoi ça sert de discuter tu comprends rien à ce que je raconte… je pourrais te traiter de femmelette, tu réagirais pas ! Si tu ne me dis pas ton nom, je vais t'en trouver un … que penses tu de 'Robert', oui je crois que je vais garder 'Robert'… 'Robert, le tueur'

La jeune militaire marchait toujours, An-San derrière elle. Le samouraï serrait de plus en plus la garde de son sabre au fur et à mesure que le français poursuivait ses injures. Il devait se calmer : il avait reçu l'ordre de Katsumoto que lui amener l'homme… pas de lui trancher la gorge… il serait se montrer patient.

Finalement, près un long moment, Oscar et An-San se présentèrent au temple de Engyoji. Oscar réalisa, une fois devant l'édifice, où en était la situation : on l'amenait au chef des samouraïs, au terrible Katsumoto. La jeune femme voulut pénétrer dans les murs mais un vif coup de sabre dans les jambes la stoppa : An-San lui faisait, à sa manière, comprendre qu'elle devait se déchausser. Elle posa son postérieur sur une large pierre et enleva une botte puis l'autre, réprimant tant bien que mal les élancement de son épaule blessée. Enfin elle entra dans le temple. Elle s'avança de quelques pas, son « compagnon » ne l'avait pas suivie.

KATSUMOTO dans un français approximatif : asseyez vous, je plais

OSCAR se tournant vers son interlocuteur : je préfèrerais rester debout… ainsi vous parlez ma langue ?

KATSUMOTO : je me nomme Katsumoto et vous être ?

OSCAR : suis-je prisonnier ?

KATSUMOTO : je fais présentation, vous faites présentation

OSCAR : je m'appelle Oscar Jarjayes.

KATSUMOTO : enchanté connaissance Oscar Jarjayes

Sur ce, le samouraï s'éloigna l'Oscar, rompant ainsi la conversation.

OSCAR : attendez !

KATSUMOTO sans s'arrêter : je présentation, vous présentation, bonne discussion nous avons

OSCAR : attendez ! Je veux savoir qui était l'homme que j'ai tué

KATSUMOTO s'immobilisa mais ne se retourna pas : mon frère…

OSCAR : votre frère ?

KATSUMOTO en tournant la tête avec l'extérieur où attendait An-San : père de An-San

Oscar suivit la direction de son regard, elle venait de comprendre la haine qu'éprouvait le samouraï nommé An-San envers elle : le guerrier rouge était son père… Pourquoi ? Pourquoi demandait on à ce samouraï de l'escorter ? Pourquoi avait elle était soignée par la veuve de l'homme dont elle avait pris la vie ? Même si elle avait agi pour sauver sa propre existence, Oscar comprenait que le jeune homme veuille la tuer… elle réagirait sans doute de la même manière devant l'homme qui aurait tué son père. Plus le temps passait, moins elle comprenait les coutumes de ce peuple… ils paraissaient si hiérarchisés et pourtant si cruels par certains aspects.

OSCAR pensant à voix haute : c'est étrange… je n'imaginais pas Katsumoto ainsi… Je sais qu'il peut se montrer cruel mais à la fois, tout son être respire la quiétude. C'est comme ça pour tous les samouraïs ? … désolé An-San… lorsque je te vois, je pense toujours que tu comprends mes paroles.

An-San sursauta en entendant son nom sortir de la bouche du français. Le soldat prononçait son nom à l'occidental : « encen », il esquissa presque un rictus, il connaissait vaguement un mot « encens », comme un parfum. Décidément, si le capitaine savait que ses oreilles comprenaient chacun de ses mots, cela ferait longtemps qu'il se serait tu, plutôt que de dire des sottises. Mais le samouraï préférait jouer à ce petit jeu encore un moment… Katsumoto lui avait demandé de découvrir qui était cet homme… de cette manière il pouvait l'espionner de près à sa guise.