Chapitre 13 : Vapeurs (version 2)

! Attention ! Scènes tièdes !

Les jours passèrent, puis les semaines… Oscar commençait à faire quelques progrès en japonais, elle arrivait presque à faire des morceaux de phrases, mais ses essais se limitaient aux relations avec Taka. A présent, elle circulait dans le village paisiblement, les japonais s'étaient habitués à sa présence, même si elle était toujours accompagnée par un gardien. Ses relations avec Katsumoto se fortifiaient : ils abordaient des thèmes un peu plus sérieux à présent, comme la politique ou la guerre.

Quant à An-San… elle ne savait pas quoi penser : il était toujours froid et distant mais parfois elle sentait autre chose émaner de lui… Malgré son comportement, elle n'arrivait pas à le détester… au contraire, elle avait envie d'en savoir un peu plus sur lui. Peut-être qu'en s'améliorant dans la maîtrise de la langue, elle arriverait à glaner quelques informations.

A présent Oscar suivait son gardien, l'aube à peine levée.

La veille au soir, elle avait parlé un long moment avec le chef des samouraïs : elle comprenait maintenant que certaines coutumes qui lui paraissaient barbares, étaient en fait des codes d'honneur pour eux. La mort du Général Hasegawa par exemple : l'honneur du samouraï l'obligeait à se donner la mort en cas de défaite, cela s'appelait le « Hara Kiri ». Katsumoto avait alors expliqué à la jeune femme quel grand honneur était de couper la tête d'un homme qui respectait tant le code. Même si elle n'était pas d'accord avec cette pratique, Oscar en comprenait la symbolique.

Elle se remémorait cette discussion en suivant machinalement le vieux samouraï. Soudain, il s'arrêta à la lisière d'un espace boisé et fit signe à Oscar de suivre le sentier, seul. Pourquoi la laissait il ? Sans doute devait elle rejoindre un autre « gardien ». Elle marchait alors le long de ce chemin et déboucha sur une sorte de petite clairière au cœur de ce bois. On pouvait entendre l'eau couler à proximité… sans doute la rivière où elle avait puisé l'eau à plusieurs reprises. Elle baissa les yeux au sol et vit effectivement, un ruisseau suivre le sentier qu'elle venait d'emprunter.

Le visage baissé, la jeune femme remontait le cours d'eau qui petit à petit se faisait plus large. Enfin, elle aboutit à une étendue plus vaste, baignée dans une sorte d'ambiance vaporeuse : une source chaude. Oscar avait vaguement entendu parler de ces bains mais n'avait jamais eu l'opportunité d'en profiter. Au fur et à mesure qu'elle se rapprochait du rivage, la brume s'estompait, laissant apparaître l'eau fumante. Oscar s'accroupit et plongea doucement sa main dans ce bain : l'eau semblait être à une température idéale… elle glissa sa main un peu plus profondément… soudain quelque chose l'attrapa !

« Tu … en avance »

Oscar se figea ! Son corps chauffait près de la source de chaleur mais cette voix lui faisait toujours un effet glacial … An-San ne lui adressait la parole que pour lui ordonner quelque chose ou la réprimer. Jamais il ne s'était adressé à elle gentiment. Elle leva les yeux sur l'homme. Non ce n'était pas possible, était ce un rêve ? Etait ce un cauchemar ?... Tout ce qu'Oscar savait c'était qu'il était là devant elle, le corps ruisselant, le regard fixé sur le sien et sa large main retenant la sienne.

Un instant elle suivit des yeux une petite perle d'eau qui avait quitté la mèche de cheveux bruns pour glisser le long de son arcade, rebondissant sur sa joue, effleurant ses lèvres, sautant enfin du menton volontaire pour disparaître dans l'eau. Elle faisait son possible pour garder son calme devant cette proximité, ce corps jeune qui se montrait ainsi à nu. Elle déglutit péniblement et en tentant de soutenir la lumière de ses émeraudes.

« tu … en avance » répéta An-San

Elle continuait à le fixer. Ses mots étaient emprisonnés dans son esprit, seule cette vision masculine semblait atteindre son cerveau. Elle ne pouvait pas rester ainsi, le regard capturé… elle devait détourner les yeux, regarder ailleurs… mais qu'y avait-il ailleurs ? … et si ses yeux tombaient sur ses hanches … sur son ventre… sur son…. Oscar se sentit brusquement rougir à cette pensée. Elle était tellement absorbée à immobiliser son regard sur ce visage d'homme qu'elle était incapable de savoir quelles parties du corps de An-San étaient à sa vue.

« désolée » tenta-t-elle

« ….. fini. Attends moi…… instant »

Le samouraï relâcha la main prisonnière. Oscar en profita alors pour s'éloigner de ce lieu brûlant.

« Arrête ! Je … te voir » s'écria-t-il.

« je t'attends ici » répondit elle après quelques pas, le dos tourné.

« je t'interdis de me tourner le dos quand je te parle ! » lança-t-il, la voix cassante.

Oscar entendit malheureusement l'ordre. Elle devait prendre sur elle de lui faire face… étrangement elle ne voulait pas désobéir à An-San.

Que pouvait-elle faire ? Elle savait qu'en se retournant elle le verrait à nouveau… ses cheveux bruns défaits qui s'éparpillaient au grès des ruissellements d'eau… ses larges épaules habituellement dissimulées sous son kimono… ses lèvres rosies par la chaleur du bain… Pour la première fois, Oscar avait regardé An-San, non comme un guerrier, mais comme un homme… un homme dangereusement séduisant.

Elle se résolut finalement à se retourner : il la regardait toujours de son regard perçant. Il était debout au bord de la source chaude. Des millions de gouttelettes scintillaient sur son corps sous les rayons du soleil. A présent qu'elle s'était éloignée, Oscar pouvait regarder le corps de An-San. Sa première sensation avait était exacte : le jeune samouraï était très bien bâti : une musculature puissante, sans être imposante, un corps ferme, même ses hanches dissimulées sous le tissu laissaient deviner la perfection de ses courbes.

Cela était nouveau pour Oscar : elle trouvait de l'attirance à ce corps masculin, à cet homme qui l'avait maintes fois blessée … était-ce seulement de l'attirance physique … comment pourrait-elle éprouver de l'affection envers cet homme qui la détestait au plus profond de son âme ? Voyant qu'il l'attendait, elle s'approcha à nouveau de l'étendue d'eau.

AN-SAN : reste là pendant que je m'habille

La jeune femme le vit alors sortir du bain et prendre un tissu pour s'essuyer. Elle analysait chacun de ses gestes… comme les gestes que le maître d'armes faisait lors d'un combat… on aurait pu croire qu'elle analysait une « technique ». Après tout, c'est lui qui lui avait donné l'ordre de le regarder… elle ne faisait que lui obéir. An-San sécha toniquement ses cheveux qui retombèrent en mèches éparses, Oscar fut surprise par leur longueur… ils cascadaient jusqu'à mi-dos. 'Sont ils soyeux ?' se mit-elle à penser.

Puis le jeune homme se sécha intégralement, glissant le linge sur tous les muscles, toutes les courbes, tous les recoins de son corps d'athlète. Aucune perle d'eau n'aurait pu échapper à ses gestes. Comme dans une vision, Oscar imagina que sa main remplaçait le bout d'étoffe, qu'elle faisait elle–même ce chemin vers les endroits les plus reculés de ce corps. Enfin, An-San se retourna légèrement, dénoua le linge de sa taille et commença à s'habiller… pendant ce temps, la jeune femme fixait chaque image comme un cadeau précieux, comme un moment inoubliable, comme quand deux êtres qui s'aiment admirent la disparition du soleil à l'horizon. L'espace d'un rêve, Oscar avait été sous le charme de ce corps masculin, sentant le sien répondre aux appels du désir… plus rien ne serait comme avant… pour elle.