Chapitre 14 : Entraînement
Oscar suivait An-San le long du sentier qui menait au camp d'entraînement. La jeune femme fut surprise par un détail qui, a priori, était sans importance mais qui, dans sa situation, relevait d'un changement important : elle suivait le samouraï…. alors que jusqu'à présent elle était toujours suivie par son gardien. Pourquoi ce changement d'attitude ? Elle devait savoir.
OSCAR : « où m'emmènes tu ? »
Voyant que le samouraï ne réagissait pas à son interrogation, elle s'arrêta et lui redemanda.
OSCAR : « je veux savoir où tu m'emmènes ! »
AN-SAN : « tu le sauras quand on y sera »
OSCAR sentant qu'il faisait exprès de ne pas répondre à sa question : ça ne t'arrive jamais de répondre aux questions qu'on te pose…. Et zut… « Pourquoi tu ne me réponds pas ? »
AN-SAN : « je dois entraîner les hommes »
OSCAR : « merci… »
Oscar, à moitié satisfaite de la semi réponse du samouraï, accepta de reprendre la marche. Après quelques minutes, ils arrivèrent sur le lieu de l'entraînement. Tous les hommes semblaient attendre le jeune samouraï. Pourquoi ? Ces guerriers avaient comme code d'honneur de montrer respect et obéissance à leur supérieur, un peu comme un général, or An-San était comme l'un d'entre eux. Le maître d'armes était un certain Ujio, un homme parmi les plus âgés du camp ; mais aujoud'hui Ujio n'était toujours pas présent.
A l'approche de An-San, tous les hommes s'inclinèrent. Oscar, qui s'était arrêtée à quelques pas de là, avait du mal à comprendre : le jeune samouraï était il devenu maître d'armes à la place du vieil homme ? Elle eut confirmation de son hypothèse en voyant les hommes prendre position pour démarrer les combats. La jeune femme restait encore stupéfaite : dans cette communauté, le rang d'un guerrier était fonction de ses capacités et de ses mérites. Ainsi An-San était bien le redoutable combattant qu'elle avait senti les premiers jours, mais aussi s'était distingué par sa valeur : seul un samouraï hors pair pouvait occuper ce rang… le meilleur guerrier !
La militaire fut tirée de ses pensées en entendant le choc des sabres de bois : l'entraînement avait débuté. Elle regardait les enchaînements comme elle l'avait si souvent fait depuis les longues semaines qu'elle était parmi ces gens. Elle comprenait l'efficacité de leur méthode : chaque samouraï était un guerrier puissamment entraîné… les soldats de l'empereur n'avaient vraiment aucune chance face à de tels combattants ! On les avait envoyé à une mort certaine !
« Oscar »
Elle leva le regard vers le nouveau maître d'arme, surprise de se faire ainsi appeler par son prénom, plus étrange encore il n'y avait aucun accent dans la voix : An-San venait de prononcer « Oscar » à l'occidental. La jeune femme en fut quelque peu étonnée mais n'eut pas le temps de tergiverser sur ce point.
OSCAR : « oui ? »
Soudain un sabre de bois atterrit dans ses mains : An-San lui faisait signe de s'aligner avec les autres combattants et de lui faire face. Pour la première fois, elle allait participer à un des entraînements ! A cette idée de combattre à nouveau, la militaire sentit le feu de l'excitation l'envahir … cela faisait si longtemps … ses entraînements à l'épée lui manquaient. Alors, à l'ordre donné, elle prit position avec les samouraïs et commença à enchaîner les gestes qu'elle avait vu faire des centaines de fois. Ses mouvements manquaient de précision, certes, mais le maître semblait plutôt surpris par le français : un invisible sourire étira le coin de ses lèvres.
Le premier entraînement fut éprouvant pour Oscar. Le sabre de bois paraissait bien encombrant par rapport à sa classique épée qu'elle avait l'habitude de manier. An-San, qui était son adversaire du moment, ne ménageait pas ses efforts, les semaines d'inactivité avaient eu raison de la forme physique de la jeune femme. Et surtout, bien que ce soit un entraînement, le maître voulait pousser Oscar dans ses retranchements : à présent guérie de ses blessures, il voulait sans doute déterminer de quoi le capitaine était capable.
Après plusieurs heures de ce traitement, le corps de la jeune femme criait au supplice. Ses muscles la brûlaient, ses épaules étaient recouvertes par-ci par-là d'ecchymoses et des ampoules apparaissaient sur ses mains fines. Elle en conclut aisément qu'elle était dans un pitoyable état. A l'issu de cette journée, Oscar fut surprise de constater qu'à nouveau elle se retrouvait sans gardien : apparemment elle pouvait dorénavant aller et venir comme bon lui semblait… dans le village du moins.
Une petite idée germa alors dans sa tête : la source chaude… cela faisait si longtemps qu'elle ne s'était pas baignée dans un bain chaud, son corps n'appelait que cette douce caresse pour atténuer ses traumatismes. Après tout, pensa Oscar, si elle n'avait plus de samouraï qui la suivait, elle pouvait prendre ce bain en toute quiétude ; cependant elle jugea préférable d'en profiter à la nuit tombée… il n'était pas question de se faire surprendre à la sortie du bain, dans le plus simple appareil.
