Chapitre 21 : Piège
! Attention ! Ce chapitre pourrait choquer les jeunes lecteurs !
Quelques jours passèrent depuis le retour d'Oscar parmi les « siens ». Elle avait été convoquée à plusieurs reprises par l'état major japonais pour apporter la moindre information qui permettrait d'arrêter Katsumoto et ses samouraïs. La jeune femme se bornait à suivre la conduite qu'elle s'était fixée, à savoir en dire le moins possible : elle ne leur rendrait pas la tâche plus facile. Avec le temps, elle s'était mise à apprécier les gens du village.
Katsumoto représentait l'honneur personnifié : il se battrait toujours pour ce qu'il croyait juste. Taka avait pris soin de ses blessures, l'avait veillée des heures les premiers temps, malgré la profonde douleur qu'elle lui avait infligée en tuant son époux. Quant à An-San… il resterait à jamais dans son cœur, son visage gravé dans sa mémoire … avant de le quitter, elle l'avait embrassé… Avait il compris ? Avait il réalisé que son cœur ne battait que pour le revoir ? …Le revoir… Le reverrait-elle seulement un jour… André…
Il commençait à se faire tard dans les ruelles de la ville, la réunion s'était terminée après le coucher du soleil et, morose, Oscar put enfin regagner ses appartements. Elle prenait le temps de rentrer, repoussant l'inéluctable moment où elle se retrouverait dans sa chambre, seule. Alors qu'elle pénétrait sur une sorte de placette, à proximité de statues religieuses, un groupe d'hommes l'entourèrent. Quatre ! Armés de sabre, ces hommes ne semblaient pas être là pour entamer une discussion philosophique.
HOMME 1 : « alors mon joli, tu crois qu'on va te laisser passer comme ça ? »
Les brigands entourèrent la jeune femme qui en un éclair dégaina son épée.
HOMME 1 : « si tu crois nous faire peur avec ton joujou… seul, tu ne peux rien contre nous tous ! Ah Ah »
Mais lorsque le premier homme fonça sur Oscar, elle l'évita d'un habile retournement et lui enfonça son « joujou » dans le flan. L'homme n'eut pas le temps de réagir qu'il était déjà mort.
HOMME 1 : « je vois qu'il ne faut pas te sous-estimer »
L'homme fit un geste à un second brigand d'attaquer : le soldat para l'attaque, ils échangèrent quelques coups avant que d'une feinte, l'épée vienne se loger en plein cœur de son adversaire. Sans attendre le troisième meurtrier s'approcha d'elle, on pouvait lire de la fureur dans son regard ; Oscar para à nouveau l'assaillant avant de plonger son épée dans ses tripes. Enfin, resté seul, le denier homme s'avança de la militaire, il se mit en position et commença les coups. L'homme était sans conteste le plus habile des quatre. Le sabre du japonais eut d'ailleurs raison de l'épée d'Oscar qui, sous la violence des chocs métalliques, atterrit quelques mètres plus loin. Se croyant victorieux, l'assassin, un rictus aux lèvres, apprêtait à lui donner le coup de grâce, quand une courte lame se glissa entre ses côtes : un wakizashi noir, enfoncé dans le ventre. L'homme écroula, la respiration saccadée.
OSCAR : « qui t'envoie ? »
HOMME : « on nous a donné l'ordre de t'éliminer »
OSCAR : « pourquoi ? »
HOMME : « ils voulaient s'assurer que tu n'irais pas aider Katsumoto ! »
OSCAR : « Katsumoto est en ville ? »
HOMME : « oui, dans le palais impérial.. »
D'un geste précis, Oscar ôta le sabre du corps de son assaillant, abrégeant ainsi ses souffrances inutiles.
Elle devait agir, rapidement. Elle courut à sa chambre, prit sa sacoche, y glissa quelques vêtements propres et se dirigea vers la sortie. Mais avant de franchir le seuil, Oscar se retourna et s'avança près de la commode où reposait, soigneusement emballé, le kimono de Taka. Elle le prit avec elle… « Peut être ne reviendrais-je jamais… » pensa-t-elle.
Une fois hors du bâtiment, elle se dirigea discrètement vers les écuries et scella un cheval. Elle devait faire vite, elle n'avait aucun doute sur le sort que réservait Omura au chef des samouraïs… elle devait rejoindre les hommes de Katsumoto rapidement pour les prévenir du piège. Au grand galop, Oscar quitta la ville en direction des montagnes. Après environ une heure de chevauchée, elle aperçut enfin la lueur d'un campement : elle était certaines que les samouraïs n'avaient pas laissé leur chef et qu'ils attendaient à proximité dans le cas où ils devraient intervenir.
A l'approche d'un cavalier, le vigile donna l'alerte aux autres hommes. Tous sortirent de leur tente pour accueillir le visiteur. Oscar prit à peine le temps d'arrêter sa monture avant de descendre de la selle. Voyant André debout en tête du groupe, elle se précipita vers lui.
OSCAR essoufflée : André, ils ont capturé Katsumoto !
Puis réalisant que la majorité des samouraïs ne comprenaient pas un mot de français, elle se répéta en japonais.
OSCAR : « Katsumoto est prisonnier ! »
ANDRE : « où ? »
OSCAR : « d'après ce que je sais, il est dans une des salles à l'arrière du palais impérial »
ANDRE : « le palais impérial, rien que ça… c'est une forteresse »
OSCAR : « je sais, mais avant de venir je suis allée voir… il y a peut être une chance »
ANDRE : « je t'écoute »
OSCAR : « il y a une porte à l'arrière du palais… elle est certes bien gardée mais rien en comparaison de l'entrée principale ! »
ANDRE : « mais dès qu'ils vont nous voir arriver, les gardes donneront l'alerte ! »
OSCAR : « oui, mais si on arrive à s'infiltrer, on pourra délivrer Katsumoto avant de les avoir tous sur les dos ! »
ANDRE : « tu as dit « nous » ? »
OSCAR : « tu n'as pas le choix, tu as besoin de moi pour ton plan ! »
ANDRE se sentant mené par le bout du nez pas le blondinet : « mon plan ? »
OSCAR en jetant un sourire Nakao : « oui, c'est moi qui vais m'infiltrer… qui se méfierait d'un « blondinet » ? »
Oscar savait pertinemment que son joli minois ne suffirait plus : Omura avait décidé de l'éliminer en début de soirée, mais elle avait encore une carte dans ses mains…
