Chapitre 22 : Sous la tente

Oscar avait eu le temps pendant le trajet qui menait au campement d'André de réfléchir à une solution. Certes ça n'allait pas être facile, mais elle ne pouvait pas les laisser agir seuls. En agissant ainsi elle savait qu'elle perdait toutes ses chances de rester auprès d'André, mais pouvait-il en être autrement ?

OSCAR en se tournant vers un des samouraïs : « Nakao, peux tu m'accueillir dans ta tente ? »

NAKAO surpris par une telle demande : « euh bien sur Os-San »

Oscar sourit à la manière dont le maître avait pris l'habitude de l'appeler : c'était le seul à ne pas l'appeler Oscar. Apparemment, un mauvais coup au visage lui rendait certaines prononciations difficiles, aussi il avait demandé à la jeune femme la permission de changer son nom. Oscar avait accepté sans l'ombre d'une hésitation.

La militaire s'approcha de son cheval et défit la sacoche qui contenait ses vêtements et la lança à André, tandis qu'elle gardait dans ses bras le paquet de Taka.

OSCAR à André : « tiens voilà pour toi… »

ANDRE en recevant le colis tant bien que mal : « qu'est ce que c'est ? »

OSCAR : « tes vêtements pour la soirée… ils n'ont pas encore étaient coupés à ma taille… ils devraient t'aller »

André ouvrit le cuir et découvrir effectivement une chemise blanche, un pantalon sombre et une veste dans les mêmes tons : des habits occidentaux !

ANDRE voulant avoir son mot à dire : « mais… »

OSCAR ne le laissant pas placer une parole : « aller, dépêche toi d'enfiler ça… tu seras mon escorte pour la soirée »

ANDRE : « une escorte ? »

OSCAR en se dirigeant vers la tente de Nakao : « ah j'oubliais … pas de chignon ce soir… attache seulement tes cheveux avec un lien »

André voulut dire quelque chose, demander des explications à cette mascarade, mais en un instant Oscar avait disparue sous la tente en compagnie du maître.

Sous la tente, Oscar se tourna vers Nakao et déballa la splendide tenue faite par Taka pour elle.

NAKAO : « ainsi voilà ton plan »

OSCAR surprise : « pardon ? »

NAKAO : « tu vas t'habiller telle que la nature t'a faite »

OSCAR regardant incrédule le maître sourire : « quand avez-vous découvert mon secret ? Est-ce Katsumoto qui vous en a parlé ? »

NAKAO : « non, Katsumoto ne t'a pas trahi »

OSCAR hésitante : « Taka ? »

NAKAO : « Taka ? ah oui bien sur, c'est elle qui t'a soignée, elle est forcément au courant. Non… je l'ai découvert seul »

OSCAR interloquée : « comment ? Je pensais avoir était suffisamment prudente pour… »

NAKAO : « ne sois pas gênée, tu ne t'aies jamais trahi, enfin jamais volontairement. »

OSCAR : « comment ? Comment avez-vous su ? »

NAKAO : « je t'ai simplement regardée te battre »

OSCAR : « et en me regardant combattre vous avez deviné ? »

NAKAO : « oui, tu ne te défends pas comme le ferait un homme… tu sais je ne suis pas comme An-San, je sais voir au-delà du guerrier que tu es ! »

OSCAR : « vraiment, je ne m'en étais jamais aperçue »

NAKAO : « eh bien, maintenant tu le sais… j'ai l'impression que certains de nous sont vraiment aveugles, ah, ah ! »

OSCAR : « si vous avez deviné mon plan, acceptez vous de m'aider ? »

NAKAO : « bien sûr, je suis là pour ça ! Qu'attends tu de moi ? »

OSCAR le rouge aux joues : « premièrement… je suis désolée de vous demander une chose pareil, vous un grand guerrier mais... pourriez vous me faire un chignon tel que les portent les femmes japonaises ? »

NAKAO réalisant soudain la requête de la jeune femme : « tu veux que je te serve de coiffeur ? »

OSCAR encore plus honteuse : « oui… »

NAKAO à la limite de l'hilarité : « ah ah ah, le grand maître Nakao, coiffeur pour jeunes dames… »

OSCAR : « pensez-vous que ce plan ait une chance de réussir ? »

NAKAO : « nous verrons bien, le plus important est de mourir dans l'honneur… »

Oscar ôta alors sa veste et déplia le paquet contenant le kimono. Le maître s'approcha d'elle pour examiner à son tour le délicat tissu, puis regarda la jeune femme d'un air amusé.

NAKAO : « dis-moi, Os-San, connais-tu la signification de ces broderies ? Taka te les a-t-elle expliquées ? »

OSCAR : « non, pourquoi ? »

NAKAO : « ah,ah, ce n'est pas n'importe quel kimono… »

OSCAR intriguée devant la quasi permanente hilarité du samouraï : « comment ça ? »

NAKAO : « c'est le kimono que la jeune épouse porte après la cérémonie de mariage ! Ah, ah ! »

OSCAR éberluée : « le quoi ? … Mais je n'ai aucune intention de me marier ! »

NAKAO : « ah, ah, ah ! »

Oscar resta un instant figée devant le vêtement. Pourquoi Taka lui avait elle confectionné cet habit si particulier ?

Quelques minutes plus tard, les hommes s'étaient rassemblés au centre du campement suite aux consignes de Nakao. André portait, comme l'avait presque ordonné Oscar, ses habits occidentaux et avait attaché ses longs cheveux dans le dos. Pour quelqu'un qui n'avait pas l'habitude de ces vêtements, il les portait plutôt bien. Simple mais élégant. Nakao demanda à ce que deux montures soient prises en supplément : une pour Oscar et une pour Katsumoto. Les samouraïs obéirent sans discuter.

Après quelques instants de patience, le maître demanda l'autorisation de rentrer sous sa tente. En réponse, une fine main lui tendit un sabre à travers les pans de toile. « Calme-toi… il ne vont pas te manger » entendit-on murmurer d'une voix grave mais douce. La jeune femme inspira une ultime fois avant de franchir le seuil de la tente. Tous la regardèrent, les yeux exorbités de stupeur. Une magnifique créature blonde, aux courbes et rondeurs délicates venait d'apparaître sous leurs yeux !

Oscar regarda, finalement amusée, les samouraïs la détailler comme s'ils avaient vu une apparition. Elle portait le kimono de Taka, le wakizashi de An-San dans son obi et ses cheveux étaient remontés en un simple chignon qui dégageait entièrement son regard bleu intense. En faisant de son mieux pour éviter le regard d'André, elle se tourna vers Nakao.

OSCAR : « je ne peux pas diriger un cheval dans cette tenue… puis je vous accompagner ? »

Nakao regarda brièvement le maître d'armes et croisa son regard quasi meurtrier. Le message était clair !

NAKAO bredouillant une excuse que personne ne crut : « ce serait un honneur, mais je suis disons….. un peu enrobé et je crains que mon cheval ai déjà du mal à me porter… »

ANDRE : tu montes avec moi !

André s'était approché en silence et tendait à présent sa main à la jeune femme ! Impossible de refuser !