Chapitre 25 : Fuite

! Attention ! Scènes de combat !

Les portes de bois s'ouvrirent sur quatre gardes. Deux se précipitèrent sur Katsumoto tandis que les deux autres faisaient face aux français. Oscar n'avait comme protection que le wakizashi qu'elle avait glissé dans son obi et André, l'épée de la jeune femme. Le chef samouraï tua ses deux adversaires d'un geste précis : la mort était quasi instantanée pour ces hommes : la lame tranchait les chairs sans difficulté. De son côté André faisait de son mieux pour contrer les attaques du garde ; l'épée manquait d'efficacité à son goût, finalement, il réussit à porter un coup de poing dans le visage de l'homme et lui planta l'épée en pleine cœur dans la foulée. Quant à Oscar, elle redoublait de souplesse pour éviter le sabre tendu sur elle, puis contournant son assaillant, elle finit par passer dans son dos et lui trancha la gorge de sa lame.

Débarrassés des importuns, tous trois coururent en direction de la sortie. Malheureusement, cinq gardes bloquaient à présent la sortie secondaire, sans doute les cris et les coups de feu avaient-ils éveillé la vigilance de tout le palais. Avant de faire face, André attrapa la main d'Oscar.

ANDRE : attends !

OSCAR : qu'y a-t-il ?

ANDRE en lui tendant son épée : tiens, elle te sera plus utile à toi qu'à moi.

OSCAR : mais toi ?

ANDRE un sourire aux lèvres, désignant le wakizashi dans la main de la jeune femme : le sabre suffira

OSCAR touchée par ce geste et surtout par l'espèce de tendresse qu'elle ressentit : comme tu veux.

Le combat débuta alors. Après plusieurs échanges, à coup de sabres et d'épée, les gardes s'effondrèrent les uns après les autres. A part quelques égratignures, les trois compagnons sortirent sans trop de dommages du Palais Impérial. Quelques mètres plus loin, Katsumoto, Oscar et André rejoignirent le samouraï qui avait discrètement gardé les chevaux à proximité. Une fois en selle, la décision de ramener le chef au campement fut malheureusement abandonnée : Katsumoto refusa de laisser ses hommes, il voulait les rejoindre et s'assurer de leur réussite. Les deux jeunes gens se plièrent à sa décision : ils se dirigèrent alors vers l'entrée principale du palais.

Comme l'avait pressenti Katsumoto, ses hommes étaient effectivement en difficulté : ils étaient pris entre deux feux : attaqués aux abords des maisons d'une part et bloqués dans l'enceinte du palais d'autres part. Ils ne pouvaient plus sortir. Alors leur chef s'élança sur les gardes de la porte principale, le sabre en avant ; bien qu'il ne possédait aucune armure, l'imposante prestance du guerrier impressionna sans conteste ses adversaires. Après un moment d'hésitation, ils fondirent sur lui : s'ils ne l'attaquaient pas, ils mouraient !

Voyant leur chef « libre », les samouraïs se jetèrent d'autant plus dans la bataille. Après de longues minutes de combat, les corps des soldats emplissaient les parterres ; malheureusement quelques samouraïs trouvèrent également la mort en ce lieu.

Chacun eut une pensée de respect et de tristesse pour ces frères tombés dans la bataille. Enfin, ayant mis hors d'état la plupart des gardes présents, le groupe de samouraïs s'éclipsa du champ de bataille, en prenant le temps de déposer les dépouilles sur leur monture afin de les ramener à leur village.

Les heures à cheval passèrent. Sans un mot, sans un geste. Tous essayaient de ce remettre de ce dur combat. Certains avaient quelques blessures importantes qu'on avait pris le temps de soigner succinctement. D'autres repensaient à leurs amis, leurs frères, leurs pères, disparus dans cette mission. D'autres enfin cherchaient des réponses à bon nombres de questions : que leur réservait l'avenir, où seraient-ils demain….

Au fur et à mesure que l'on approchait du village, Oscar faisait négligemment ralentir sa monture, se glissant, au fil des chemins, le long du cortège de cavaliers, perdant progressivement de la distance sur les hommes de tête. Tant et si bien qu'à un ou deux kilomètres de leur destination, la capitaine se trouvait en queue d'escorte. Elle resta encore de longues minutes en dernière position, puis petit à petit, elle faisait en sorte de perdre encore un peu plus de distance, prenant un peu plus le large sur les autres cavaliers. Enfin, au détour d'un virage longeant la montagne, hors de vue de ses compagnons, Oscar tira sur les rênes de sa monture pour lui faire faire demi-tour et partit à vive allure dans la direction opposée. Elle ne pouvait pas rester avec eux. Elle ne se sentait pas non plus la force de dire à nouveau adieu à An-San. Après quelques mètres, elle essuya du revers de la main les milles larmes qui envahissaient son visage… elle n'avait plus rien, même les précieux cadeaux avaient été gardés par An-San… plus rien sauf son cœur laissé à l'abandon…