Chapitre 30 : Le dernier Samouraï

! Attention ! Ce chapitre pourrait choquer les jeunes lecteurs !

Le voyage de retour en direction du village se faisait dans une atmosphère sombre. Oscar avait fait de son mieux pour panser les blessures de combat de Nakao tandis que André s'interrogeait sur l'avenir du village, sur leur avenir. A eux trois, ils étaient les derniers guerriers encore en vie… à eux trois, ils ne pourraient jamais défendre les villageois contre les troupes d'Omura, ils mouraient comme étaient morts leurs compagnons… elle mourait à ses côté. A cette pensée lugubre, le visage du jeune samouraï se ferma encore davantage. Pourquoi n'étaient-ils pas morts avec les autres ? Pourquoi vivaient-ils encore ?

Comme s'il avait « entendu » ces pensées, Nakao finit par leur raconter les évènements de ces dernières heures. Alors qu'ils avaient préparé le camp pour la nuit, les trois compagnons s'étaient rassemblés autour d'un feu de fortune pour essayer de réchauffer leurs corps encore emplis de cette froideur morbide. Après un long silence, le maître commença son récit.

« Tous les nôtres étaient des braves… aucun n'a fui et tous se sont battu avec honneur et détermination. Katsumoto a mené ses hommes comme un grand chef. Quand nous sommes arrivés à cet endroit, nous avons vu les troupes de Omura… malgré le nombre impressionnant de soldats, aucun samouraï n'a reculé… étions-nous un contre dix, contre vingt ou plus, je ne sais plus. Mais Katsumoto savait que cet affrontement serait sans pitié et les hommes se sont préparés à le suivre dans la mort si tel était leur destin.

Katsumoto savait que nous devions séparer leurs troupes. Nous avons monté des barricades, nous avons cernés ces hommes de murs de feu… certes beaucoup des nôtres sont morts mais beaucoup de soldats également. Nous avons combattu contre ce démon, nous avons subi ses coups, nous avons souffert de ses blessures.

Soudain il y eu un calme, comme si le démon reprenait sa respiration. Les armes se sont tues, les cris ont cessé. Les derniers des nôtres se sont regroupés autour de Katsumoto. Nous n'étions plus qu'une poignée, la plupart d'entre nous avait quelques blessures sans gravité, la fatigue était notre compagne mais nous l'avons laissé nous suivre sans y faire attention. C'est alors que, se dégageant de l'épaisse noirceur du combat, le reste de l'armée nous a fait face. Si nombreux et pourtant on pouvait voir la peur sur chacun des visages, j'observais Katsumono faisant face à Omura, caché derrière la protection de ces pantins, incapable de se battre lui-même, incapable de faire honneur au combat.

Alors notre chef, s'est tourné vers nous, un instant j'ai cru le voir sourire. « Montrons leur qui sont les samouraïs » ai-je entendu. Puis dans un même élan, nous nous sommes jetés à nouveau de la bataille, faisant front à ces hommes armés de mousquets. De nombreuses détonations se sont encore faites entendre, la plupart d'entre nous a été gravement blessée ou tuée avant même de pouvoir atteindre le corps de cette armée.

Les projectiles ont sifflé à mes oreilles, mon corps a subi la morsure de chaque impact. J'ai alors vu Katsumoto s'effondrer et essayer de se relever encore… j'ai arrêté ma course vers cet ennemi, je me suis approché de lui pour le soutenir. J'ai vu son regard se remplir de larmes, on pouvait voir les innombrables impacts de balle sur son armure. Dans une voix à peine audible il me dit que le samouraï ne supporte pas la défaite… sans un mot supplémentaire, il a rassemblé ses forces, a sorti son wakizashi de son obi et m'a regardé. J'ai posé ma main sur la sienne, je l'ai aidé à enfoncer cette lame de mort dans son corps souffrant, j'ai ensuite saisi mon sabre et d'un geste rapide j'ai mis fin à ses souffrances. Je me suis alors incliné devant ce grand homme que j'ai eu la chance de servir toutes ces années… ce fut un honneur pour moi de lui trancher la tête…

J'ai alors fait face à mon destin, je me suis tourné, les larmes voilaient mon regard mais je les voyais… je voyais ces hommes, ces ennemis, à genoux, les armes au sol, saluant cet homme qui avait donné sa vie, qui avait combattu jusqu'au bout de ses convictions. J'ai vu le regard de Omura, lâche, qui s'est alors retiré, incapable de faire face plus longtemps…. Je ne m'étais même pas aperçu que les coups de feu avaient cessé, je ne n'étais pas aperçu que le combat avait pris fin à cet instant. Katsumoto avait gagné… son honneur avait triomphé.

J'ai alors regardé autour de moi, les soldats s'étaient retirés les uns après les autres, tous mes compagnons avaient péri, j'étais seul… J'ai posé mon sabre, j'ai sorti mon wakizashi de son fourreau… mais mon geste fut suspendu par la main invisible de Katsumoto : « tu dois vivre… cette histoire doit exister dans les mémoires… dis à ce fils que la vengeance n'est pas digne d'un samouraï… prend soin de lui… » furent les dernières paroles que mon chef prononça… »

Nakao s'était tu. Il venait d'expliquer à Oscar et à André comment la bataille s'était déroulée, comment le chef des samouraïs était mort honorablement et pourquoi lui devait rester en vie. Katsumoto lui avait demandé de ne pas considérer l'issue de ce combat comme une défaite… le maître s'est battu dans l'esprit des samouraïs et en accord avec le code des samouraïs il devait respecter les volontés de son chef…ses dernières volontés… Il vivrait pour que les gens se souviennent…

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Les semaines passèrent….

La fête battait son plein. Les jeunes époux dansaient et riaient au rythme de la musique et des applaudissements des villageois. De son retour de guerre, Nakao avait finalement déclaré son amour à Taka et lui avait fait sa demande en mariage, les deux veufs finiraient leur vie ensemble. Personne n'avait oublié ces jours sombres mais le recueillement et la tristesse n'avaient leur place que dans le temple où un autel en l'honneur des vaillants guerriers disparus avait été dressé.

Oscar avançait à petits pas dans le noir, le bandeau de tissus qui recouvrait ses yeux la rendait aveugle et seule la main chaude de son époux la guidait dans cette obscurité. Où l'emmenait il ? André marchait doucement sur ce terrain un peu accidenté. Il avait fait préparer ce lieu d'enchantement pour y conduire sa jeune épouse. Après quelques minutes de marche, ils arrivèrent enfin. Le jeune samouraï passa derrière Oscar et ôta le tissu noir.

La jeune femme ouvrit alors les yeux sur ce tableau enchanteur. A travers le fin manteau de vapeur, elle distingua des lanternes, des fleurs, des fruits ainsi qu'un futon disposé non loin de la source. En s'approchant davantage, Oscar vit une sorte de pancarte écrite en japonais.

OSCAR : qu'est ce qui est écrit ?

ANDRE un sourire coquin au coin des lèvres : 'ne pas déranger… jeunes mariés'

Alors les mains du jeune époux glissèrent le long des hanches de la belle, pour les libérer de son obi et leur donner ainsi accès à l'entrée du vêtement. Oscar portait le kimono que lui avait confectionné Taka quelques mois auparavant mais qui avait du être réajusté pour cette occasion. Les mains masculines entrèrent alors en contact avec cette peau laiteuse qui frissonna à leur rencontre, la fraîcheur de ces intruses contrastait avec la chaleur, le feu de ce corps de femme.

ANDRE : tu as froid ?

OSCAR : un peu

ANDRE : je sais comment te réchauffer.

Alors dans un mouvement infiniment lent, infiniment sensuel, il dévoila le ventre légèrement rebondi de sa femme, monta ses mains le long de sa poitrine et délaissa le kimono des douces épaules. Après avoir dénudé son épouse, ses lèvres se posèrent comme un souffle divin sur le bassin de cette femme qui avait su capturer son cœur et son âme et sur cette vie qui sommeillait en son sein. 'Merci' murmura-t-il. Puis dans un geste bien plus « efficace », André ôta à son tour ses vêtements, pour coller son corps chaud au sien.

Ils n'avaient qu'une envie, de donner à nouveaux l'un à l'autre. Depuis combien de temps ne s'étaient-ils pas embrassés, choyés, cajolés… des jours, des semaines ? Trop longtemps en tout cas. En fait depuis que la jeune femme était prise de petits inconvénients le matin au lever et que Taka avait remarqué que ce ventre, anciennement si plat, commençait à prendre des formes.

………….

En effet les deux tourtereaux continuaient à se voir en cachette et poursuivaient leurs ébats dans les lieux plus ou moins propices. Malheureusement, l'état d'Oscar parvint rapidement aux oreilles du maître Nakao qui fit promettre à An-San de ne plus toucher Os-San en dehors du mariage. Le samouraï avait accepté et dut annoncer la nouvelle à cette créature qui l'attendait « sagement » dans les écuries pour le faire participer à un des jeux dont ils avaient le secret.

ANDRE la mine déconfite devant la tentation qu'il avait sous les yeux : rhabille toi, ma chérie… jusqu'à notre mariage ce sera abstinence

OSCAR resserrant les pans de son kimono : pourquoi ? Tu ne veux plus de moi ?

ANDRE : oh mon dieu, si… mais c'est un ordre de Nakao … je dois faire de toi une femme honorable… ma femme

OSCAR : mais ne le suis-je pas ?

ANDRE ne résistant pas à l'appel de ses lèvres : bien sur que si, à mes yeux tu es ma femme, celle avec qui je vais vieillir et la mère de mes enfants… mais Nakao a raison, il est temps que nous nous marions.

OSCAR : très bien, si c'est ton souhait. Tu as une idée sur la date ? Je pense qu'il faut du temps pour tout préparer et….

ANDRE : la semaine prochaine !

OSCAR : quoi ? mais c'est pas possible

ANDRE : oh que si c'est possible… une semaine c'est tout ce dont je me sens capable d'attendre loin de toi, loin de ton corps, loin de …

André et Oscar eurent bien du mal à ne pas s'unir ce soir là …

………………

Enfin il pouvait sentir ses formes contre les siennes… Il la souleva sans brusquerie et la fit entrer avec lui dans cet antre tiède des sources chaudes. Il n'y avait plus remis les pieds avec Oscar depuis ce fameux soir où elle était revenue… il avait voulu lui ouvrir son cœur mais elle n'avait pas été prête à l'entendre. A présent oui, elle avait écouté ses paroles douces, ses mots d'amour.

Elle ôta les épingles qui retenaient son chignon laissant glisser ses longs cheveux d'or dans son dos puis attrapa le lien qui maintenait ceux d'André et tira enfin sur ce nœud pour libérer cette toison brune. Mille mèches retombèrent ainsi dans ses mains, milles boucles vinrent rebondir sur ces larges épaules. Ne pouvant se détacher de cet ébène, Oscar faufila ses doigts dans ce refuge jusqu'à la nuque de son mari et ramena son visage près du sien. Son « je t'aime » à peine murmuré, elle prit possession de ces lèvres chaudes, de cette langue suave.

Les corps se répondaient, les mains cherchaient les endroits sensibles aux caresses. André avait tant de fois rêvé de ce lieu, de ce bain chaud, idéal pour découvrir tant de plaisirs avec sa femme. A présent ce n'était plus un rêve … elle était dans ses bras, elle répondait à ses baisers, son corps ondulait sous sa main aventurière, elle poussait des petits soupirs de plaisir qui semblaient répondre aux siens. Bientôt les caresses ne suffirent plus, Oscar en demandait plus, bien plus… elle passa une de ses jambes sur la hanche de son amant et l'invita à s'unir à elle. Les petits soupirs laissèrent alors la place à des gémissements, les mouvements lents et langoureux se transformèrent en danse érotique… prisonniers de leur plaisir, leurs corps se libérèrent enfin de leur extase.

La quiétude les envahit enfin…pour ne plus jamais cesser.

Ainsi fut la vie du dernier samouraï …

FIN

note de l'auteur : merci de toutes vos lectures et vos commentaires… Myminette (septembre / novembre 2005