Environ dix minutes plus tard, le garde revint…seul !
Je me dis : « Ca y est, il n'a pas su le convaincre de venir ! » Lorsque le gardien me remit dans la main une boulette de papier – ma lettre ? – je l'ouvris : non, cela n'était pas mon écriture, elle était très enfantine ce qui me rappelait quelque chose qui fut confirmé par le fait que ce petit mot portait la signature de : Michael Jackson !
Chère Lucile,
J'accepte de te rencontrer dans cinq minutes. Mais pas là où tu es, il y a trop de monde. Je te donne rendez-vous plutôt là où se trouve la piscine. Je ne sais pas pourquoi, mais les fans ne viennent jamais ici.
Au fur et à mesure que je lisais le mot, le rythme de mon cœur s'accélérait. Encore mieux qu'un autographe ! J'étudiais comment il avait écrit mon prénom : avec un beau « L » majuscule avec une belle boucle comme on nous apprend à faire en CE1, et tout… J'étais tellement heureuse que je criais « Yes ! » Les admiratrices, surprises par mon cri, regardèrent entre les barreaux de la grille si la cause de ma joie n'était pas due à la présence d'un des garçons, mais comme elles ne virent personne, elles me fixèrent en fronçant les sourcils. Je fus fort soulagée de constater que leur déception était si forte qu'elles n'avaient pas fait attention au papier que je tenait dans mes pattes palmées : j'aurais été effrayée que ça tourne en course-poursuite : « Hey, elle a un papier ! » Je leur souris et me mis en route à la recherche de la piscine de la famille Jackson. Jane accourut : « Où vas-tu ?
- J'en ai marre de rester ici, je fais un tour. » Elle ne demanda pas son reste et retourna s'asseoir avec ses « collègues ».
Après quelques minutes de marche à longer et escalader le mur pour voir où j'étais, je trouvais ladite piscine. Effectivement, comme me l'avait indiqué Michael, l'endroit était désert. Ce qui devait l'expliquer était sûrement le fait qu'il y avait beaucoup d'arbres ici et on ne pouvait donc pas voir une bonne partie du parc. C'est peut-être pour cela que Michael a choisi cet endroit, ici les fans ne le verront pas. Je m'approchais d'un petit espace grillagé où le mur m'arrivait à la hanche et le reste de la hauteur était prit par la grille.
Le silence. Qu'est-ce que ça peut être troublant ! Mais je n'aurais pas eu le temps de vraiment stresser…Des pas…plus prés, le bruit de branches que l'on bouge…je vais m'évanouir…non, pas devant lui, pas si prés du but ! Il faut tenir bon et rester calme. Les bruits se rapprochent…bizarrement, aucun cris ne se font entendre, il doit réellement être bien caché ! Mon cœur bat à tout rompre…
Soudain, la branche de l'arbre situé juste devant moi s'écarte…
C'est lui. Là, à même pas un mètre de moi, de l'autre côté de la grille. Magnifique, rayonnant, me dépassant de bonne quinzaine de centimètres au moins. Il est encore plus beau que sur les photos, bien que recouvert d'une bonne couche de fond de teint pour dissimuler son acné. Ses cheveux noirs et bouclés sont coiffés à l'afro, plus « touffés » en vrai et à cette distance. Il porte un simple jean, un T-shirt blanc et des baskets, à l'aise. Bien que ce soit lui la star, il était aussi timide que moi et évitait soigneusement de croiser mon regard. De sa belle voix – qui venait de muer depuis peu – il me salua : « Bonjour ! » Esquissant un petit sourire. J'étais sur le point de chialer : il m'a dit un mot, à moi, en vrai !
« -Bonjour… » j'étais super intimidée, très impressionnée et hyper heureuse. Tout cela combiné fit que je ne pus sortir autre chose pendant un bon moment. J'étais en plein rêve.
Ne voulant pas lui donner l'impression de s'être déplacé – pour moi ! - pour rien, je m'efforçais de parler, bien que mes phrases ne soient guère différentes de : « Michael, c'est si génial que tu sois venu pour moi, mais…je suis désolée, mais…je ne peux simplement pas y croire ! Je suis si timide, je ne sais pas quoi dire ! Je t'aime tant ! C'était si inespéré pour moi de te voir ! » Pendant que je parlais – bafouillais, plutôt – je l'observais : visiblement, il était très attentif à ce que je disais. J'en fus d'ailleurs assez surprise, pensant qu'il en avait certainement vu d'autres, mais il m'écoutait vraiment (ou bien, il faisait très bien semblant !). Une autre chose me frappa : lorsque que je lui dis : « je t'aime tant », son teint fonça : il rougissait.
Après lui avoir dit tout mon amour et m'être maintes fois excusée de ne pas pouvoir dire autre chose, j'attendis une réponse. En rougissant encore plus, il me répondit doucement : « Je suis très timide aussi. » J'en frissonnais, j'adorais sa voix. Je n'y croyais pas : le seul garçon que j'aimais au monde était là, devant moi. Il s'était déplacé pour moi et il me parlait, à moi, de sa voix magnifique.
« -Je sais. » lui répondis-je. Il sourit. J'étais sur un petit nuage. Je luttais pour ne pas pleurer – je sais, je suis une grande sensible ! – pour ne pas crier et pour ne pas tomber dans les pommes. J'étais fort consciente de ma chance, aussi, je soupirais de bonheur lorsque je me rappelais qu'une semaine plus tôt, ce moment n'était qu'un rêve.
Nous restâmes un petit moment en silence. Lorsque je regardais ailleurs, je sentais son regard se poser sur moi et mon rythme cardiaque s'accélérait. Au bout d'un moment, il me dit en souriant, et pourtant très sérieux : « Tu disais que tu n'étais pas très jolie, mais je pense que tu n'es pas si moche que ça ! » Je rougis et souris. Voyant mon teint changer ainsi de couleur, Michael ria un peu. Il tenta alors de regarder mes yeux, et nos regards se croisèrent à peine plus longtemps qu'une demi seconde. A la vue de ses magnifiques yeux marrons, je sentis mon cœur s'emballer – décidément, c'est ma journée grandes émotions – Michael regarda vite fait ailleurs, un peu gêné. Il semblait vouloir parler mais il ne savait pas quoi dire. C'était la même chose pour moi et j'espérais qu'il le comprenait – il faut être très patient avec moi.
Les deux gardes du corps qui nous surveillaient avaient l'air de s'ennuyer. Michael me demanda alors : « Pourquoi es-tu si timide ? » Je fus surprise par sa question, mais répondis presque machinalement : « J'ai un peu honte de ma taille et de mes problèmes de peau. Et toi ? » Il rougit : « Je n'ai pas très envie de répondre… » Je baissais la tête : « Oh…pardon. » Il me sourit en me disant que ça ne faisait rien : « Je te trouve très gentille ! » Je le remerciais timidement. Cela me donnait l'idée d'un sujet de conversation : « Tu sais, bien d'autres fans sont très sympas, mais je pense que tu ne les rencontre pas assez. Tu dis que je suis gentille parce que tu as accepté de me voir, et je t'en suis très reconnaissante. » Il m'avait fallu faire un énorme effort sur ma timidité pour lui dire cela. Mes paroles le firent réfléchir : « Je pense que tu as raison, mais quand elles me voient, elles deviennent folles ! » me dit-il.
« Oui, c'est parce qu'elles ne peuvent pas te voir plus souvent !
-Vraiment ? » me questionna t-il de sa douce voix. Je confirmais. Il me remercia du conseil et m'assura qu'il allait essayer de se montrer plus proche envers ses fans.
A présent, je sentais que Michael étais plus à l'aise. Lorsqu'il me parlait, il me regardait moi, et non plus à côté de moi. Mais je n'eus pas le temps d'en profiter car un des gardes s'approcha de nous : « Il commence à se faire tard. Monsieur Jackson doit partir. » Michael sembla un peu déçu. Moi, je suppliais le garde : « Non, pas maintenant ! Soyez gentil, attendez juste une minute ! » Le garde secoua la tête négativement : « Je suis désolé, mais il doit rentrer maintenant. » Michael me dit alors : « Je reviens ici demain, à la même heure, promis !
-Merci, Michael ! » lui répondis-je doucement alors qu'il repartait vers la propriété.
Cela faisait dix bonnes minutes que Michael était rentré chez lui et mon rythme cardiaque n'avait pas ralentit. Je repensais à ces merveilleuses minutes avec lui, même si, comme tous les grands timides, nous n'avions pas dit grand-chose. Cependant, j'étais persuadée que le contact était passé par autre chose…par le feeling, l'atmosphère. Et puis nous nous connaissons à présent un peu mieux et il m'avait donné rendez-vous demain !
Je repartis à mon ancien coin. Demain, il faudra que j'installe mon « camp » prés de la piscine. Le ciel s'était assombrit : ce que la journée peut passer vite ! Un grand nombre d'admirateurs étaient rentrés chez eux, d'autres s'étaient lancés le défi de passer la nuit à la belle étoile, dont moi, et d'autres encore surveillaient la villa, dans l'espoir d'apercevoir quelqu'un dehors.
Je m'installais dans la couverture. Mon estomac vide se manifesta, mais je n'y fis pas attention. J'eus beaucoup de mal à m'endormir, j'étais si pressée d'être le lendemain !
Lorsque enfin je réussis à trouver le sommeil, j'eus sans cesse l'impression d'être encore bercée par la voix d'ange de Michael.
Le lendemain, je me réveillais tôt – impossible de dormir plus longtemps ! – Et je me décidais enfin à manger une cuisse de poulet. J'avais encore faim, mais il ne m'en restait plus qu'une. Tant pis, il me fallais la garder pour le lendemain. Je me calais donc avec de l'eau.
Puis, comme prévu, je déménageais mes affaires – c'est à dire mon sac - au lieu de rendez-vous.
Je repartis voir Jane pour lui rendre la couverture. Lorsqu'elle me vit arriver, elle se précipita sur moi : « Ah, tu tombes bien, il faut absolument que je te montre quelque chose ! Viens voir ce qu'on a prit la nuit dernière ! » Elle m'entraîna vers son groupe d'amis. Une fille me fit voir des photos nocturnes de Michael à une dizaine de mètres de la grille. « C'est pas incroyable ? C'est la première fois que nous pouvons l'avoir d'aussi près ! Tu peux y croire, ça ! » s'exclama Jane. Je pensais « Oui, c'est incroyable de le voir d'aussi prés… » pour moi-même, me rappelant chaque trait de son visage. Voyant que je ne réagissais pas, Jane se vexa : « Ouais, ben merci, hein ! Ton enthousiasme fait vraiment plaisir à voir ! » me lâcha t-elle. J'inventais une excuse : « Je suis jalouse ! » Jane sembla me croire : « Eh ben là, je suis désolée, mais je tiens trop à ces photos ; je ne peux pas te les donner ! » Dans mon fort intérieur, je riais – Eh, bien, c'est Marlon qu'elle préfère, ou quoi ? – Je lui répondis : « C'est pas grave je prendrais des photos moi-même !
-Mais t'as pas d'appareil photo !
-Eh bien tu me prêteras le tien ! » fis-je en souriant.
Après un moment de réflexion, elle me demanda « Au fait, tu n'étais pas venue pour quelque chose de plus précis, par hasard ? » Je m'en rappelais brusquement « Ah oui ! Tiens » lui dis-je en lui tendant sa couverture « je te la rends. Moi, je déménage.
-Tu me laisse tomber, hein ?
-Mais non, j'ai juste trouvé un meilleur endroit…
-C'est bien ce que je disais !
-Et puis, j'irais te voir !
-Ah…dans ce cas-là…bah, la couverture, garde-là, j'en ai plein d'autres !
-Merci ! » J'eus du mal à la croire…
« -De rien du tout ; alors à bientôt ?
-Ouais ! » Je lui fis signe de la main et je retournais « chez moi ». Il ne devait rester que quelques minutes avant le rendez-vous. De retour à l'endroit de la piscine, je m'assis sur le muret et regardais à travers les barreaux de la grille. Dans quelques minutes, il y serait. Je soupirais d'impatience.
Je regardais le ciel : le soleil était au même endroit que lors de notre première rencontre.
Ca y est, j'entends les pas dans l'herbe et les branches des arbres qui bougent, bruits à présent familiers.
Et voilà Michael qui arrive, souriant cette fois. Il a l'air plutôt à l'aise et en forme. Il rayonne. Il est toujours accompagné de ses deux gorilles- gardes du corps et est habillé de la même façon qu'hier : « J'espère que tu sais quoi dire, aujourd'hui ! » me dit-il une fois arrivé devant la grille. Mais je lui répondis, avec mon humour à deux balles : « Je suis désolée, mais je n'ai pas eu le temps de préparer mon discours ! ». Il sourit. Je n'avais pas encore réalisé à quel point il était mignon. Tout le temps que je me trouvais devant lui, je me sentais légère, légère…Je me croyais au paradis chaque fois que j'entendais sa voix. Je le trouvais…parfait !
Je lui dis : « Merci d'être venu ! » ce a quoi il répondit, toujours avec le sourire : « Je l'avais promis ! » Je lui souris aussi. Il posa sa main sur le barreau de la grille qui nous séparait. Je la regardais : comme j'avais envie de la serrer !
Je levais les yeux vers lui : il m'observait. J'en fus un peu gênée et lui souris timidement.
« Où sont tes parents ? » me dit-il (vraisemblablement pour casser le silence). Je réfléchis : si je lui disais exactement comment j'étais venue ici, me croirait-il ? Non, il me prendrait pour une folle.
« -Je suis seule, mes parents n'ont pas voulu venir
-Ah, pourquoi ? » Mince ! Vite, trouver un truc.
- « Parce qu'ils… non, en fait, ils ne savent pas que je suis là ! » J'avais honte de mentir ainsi, mais que dire d'autre ? J'avais la chance de pouvoir rencontrer Michael en personne, et ce n'était pas le cas de tout le monde, il ne fallais pas gâcher cette chance en lui racontant mon aventure incroyable. Il demanda : « Dans ta lettre, tu écrivais que tu viens de France, c'est loin ! Es-tu réellement venue pour moi ?
-Oui. Je voulais juste te voir.
-Oh…merci. Mais tu n'étais pas sûre de me voir, n'est-ce pas ?
-Effectivement, mais je devais essayer. Et j'ai eu de la chance ! Je t'aime tant ! » Comme à chaque fois que je lui disais cette dernière phrase, il rougit.
Je me remis à regarder sa main. Le soleil l'éclairait et éclaircissait sa peau. Je pensais alors à ce qu'il était devenu à mon époque. A cette même époque, je pleurais lorsque je me disais qu'il fallais que je me contente de photos. Ma plus grande envie était de le serrer dans mes bras. Je revint alors à la réalité, les yeux toujours rivés sur sa main. Mon cœur se mit à battre plus fort – devais-je tenter ma chance ? Je levais discrètement les yeux vers Michael : il avait les yeux tournés vers un point derrière moi. Il semblait, lui aussi, plongé dans ses pensées. N'y tenant plus, je le « réveillais » : « Michael…Michael ? » Ses yeux clignèrent et il m'interrogea du regard. Derrière lui, les gardes se rapprochèrent un peu, méfiants. « Est-ce que je…je peux prendre ta main ? » Michael sourit : « Bien sûr ! » Et, tous les deux oubliant notre timidité, nous avançâmes notre main. Michael, en prenant ma main, la serra doucement. Inconsciemment, je fermais les yeux. Je sentais ma main dans la sienne, j'étais heureuse, si heureuse. En apparence, je semblais détendue, calme, mais en fait, je craignais de frôler la crise cardiaque.
Sa main était douce et chaude, ses longs doigts fins entouraient les miens. Je rouvris les yeux et regardais ma main dans la sienne. Je trouvais cet instant magique. Le contraste de nos mains me troublait : au niveau de la grille, entre deux barreaux, ma main blanche dans sa main noire. Je sentis mes yeux se mouiller, alors je les tournais vers Michael et lui souris. Lui aussi souriait, le soleil étant derrière lui, il y avait une lumière autour de lui qui faisait comme une auréole.
Les gardes, maintenant assurés que je n'étais pas dangereuse, avaient un peu reculé. J'osais alors refermer mes doigts sur sa main. J'étais enchantée par sa douceur.
De son autre main, il prit ma main libre. Aussitôt, je la serrais un peu. J'avais l'impression que quelque chose passait entre nous. Je ne me rendis pas tout de suite compte que je m'étais approchée.
Michael osa alors une seconde fois me regarder dans les yeux, j'en profitais pour plonger dans son regard. Il avait des yeux d'un marron foncé irrésistible : j'étais littéralement hypnotisée. Nous nous asseyons alors sur le muret chacun de notre côté de la grille. Cette fois, Michael soutint mon regard quelques minutes, mais je ne teins pas et il regarda à côté de moi, comme à son habitude. Il entreprit de m'expliquer qu'à chaque fois que ses fans voulaient lui serrer la main, ils ne voulaient plus la lâcher, alors maintenant, il se méfiait. Je lui répondis qu'il fallait se montrer patient car tous les fans n'étaient pas ainsi, et je me permis de me prendre pour exemple. J'ajoutais que d'autres étaient complètement différents : « C'est vrai, il y en a qui pensent que c'est une perte de temps ! » Michael éclata de rire. Un rire franc et cristallin que j'avais beaucoup de plaisir à entendre. Puis nous nous remîmes à bavarder. Nous restâmes ainsi environ un quart d'heure, quand un garde vint nous retrouver et dit à Michael que son père désirait le voir. « Oh non ! » fit Michael d'un air déçu. Il lâcha mes mains et se leva. Il me dit alors, désolé : « Je dois y aller…je ne sais pas combien de temps je mettrais, mais attends-moi, s'il te plaît. » Et il partit, accompagné des gardes, en traînant le pas. Des cris aigus retentirent alors : les filles à la grille l'avaient aperçu.
Je laissais alors mes larmes de joie sortir. Je regardais mes mains : elles étaient encore chaudes du contact de celles de Michael. Je n'en pouvais plus, j'étais si heureuse que j'avais envie de hurler, mais je dus y renoncer. Il était si gentil, si doux. Je n'avais encore jamais ressentis cela pour un garçon, jamais ! Il s'échappait de Michael quelque chose de très saint, de magique, c'était presque palpable. Je séchais mes larmes et attendis son retour. Une chose m'effrayait : pourquoi son père, Joseph, voulait-il le voir. Je viens du futur, je connais sa violence, dénoncée par La Toya Jackson, dix-sept ans plus tard dans son autobiographie. Joseph allait-il encore frapper son fils ? Je priais pour que ça n'arrive pas.
Heureusement, il revint cinq minutes plus tard, apparemment en un seul morceau. Il n'avait pas l'air enchanté, comme je m'y attendais. Je lui demandais : « Que voulait-il ? » Michael me regarda : « Oh, il voulait juste savoir ce que je faisais. » Il sourit et ajouta : « Je lui ai répondu que je parlais à une amie. » Je rougis : Michael m'avait qualifié d'amie ! Brusquement, il se rendit compte du sens de sa phrase et rougit aussi – en ce moment, c'est l'époque des tomates. Je demandais : « Est-ce que je peux te demander ce qu'il t'a répondu ? » Il haussa les épaules : « Il s'en fout, en fait. » Je ne lui dis pas, mais je m'en étais un peu doutée. Tout à coup, mon ventre gargouilla (très) bruyamment. Michael sourit : « Tu n'aurais pas un peu faim, à tout hasard ? » C'est vrai que j'avais faim, je n'avais pas mangé depuis le début de la journée, trop préoccupée par Michael. Je sortis la dernière cuisse de poulet (la plus petite) et la montrais fièrement à Mike : « J'ai ce qu'il faut ! » Il fit une petite mine de dégoût – j'avais oublié qu'il suivait un régime végétarien – et après un moment de silence, il me dit en rigolant : « Tu vas tenir combien de temps avec ça ? » Je réalisais seulement à ce moment que c'était tout ce que j'aurais à manger tant que je resterais ici. Rouge de honte, je me hâtais de ranger la cuisse dans mon sac. Puis je me tournais vers Michael : « Tu as raison, c'est vraiment peu, mais c'est tout ce que j'ai apporté ! » Il se mit à réfléchir tout haut : « Ce n'est pas suffisant… » et il me fit presque avoir une attaque en se redressant brusquement : « Attends-moi, j'arrive tout de suite ! » Et sur ces mots, il se précipita vers la maison – je dis « maison » parce que ça fait moins snob que « propriété » ou « villa » - en prenant bien sûr soin de rester discret. Les deux gardes restèrent en face de moi, à quelques mètres de la grille. Michael réapparut un peu plus tard, essoufflé mais souriant. Il me tendit alors…un sandwich ! J'ouvrais des yeux ronds : « Oh, Michael, merci ! » Je ne savais comment le remercier. Je mordis avec plaisir dans le pain moelleux. C'était un sandwich végétarien – venant de Michael, rien d'étonnant – c'est à dire que je ne trouvais aucune trace de viandes, même pas de jambon ni de saucisson, mais il était succulent. Lorsque je l'eus fini, Michael me dit : « Surtout, si tu veux autre chose, n'hésites pas !
-C'est très gentil à toi, mais pourquoi fais-tu cela pour moi ? Je ne suis qu'une fan !
-Parce que…je t'aime bien. » Il rougit légèrement. Je murmurais un faible « merci » et lui souris – d'ailleurs, je ne faisais que ça depuis que je l'avais rencontré - Il était si gentil avec moi. Je me demandais pourquoi c'était moi qui avais eu la chance de le rencontrer et de lui parler comme à un ami. C'est vrai, quoi ! N'importe qui aurait pu lui donner rendez-vous par l'intermédiaire des gardes, non ? La chance, peut-être…
Michael regarda à son poignet comme pour regarder l'heure, mais il s'aperçut qu'il n'avait pas de montre. Ce geste m'agaça un peu, car ça me donnait l'impression que Michael s'ennuyait. Mais il n'en fut rien, il s'expliqua tout de suite : « A vingt heures, je dois être à la maison…à cause de mon père. Tu n'aurais pas l'heure ?
-Non, je suis désolée !
-Il est vingt heures moins le quart. » dit un garde derrière Michael. Je questionnais ce dernier : « -Pourquoi est-ce que ton père veut que tu reviennes à cette heure-là (si je peux me permettre de te poser cette question) ?
-Des amis à lui viennent à la maison donc nous devrons chanter devant eux. » Et il me fit un numéro hilarant, s'adressant à des personnes invisibles : « Bonsoir Monsieur et Madame X, c'est un réel plaisir de vous rencontrer ! » En exagérant ses gestes. Puis il se lança dans la chorégraphie de Dancing Machine, le plus beau spectacle live que je n'aurais jamais espéré voir de ma vie. Il chantait superbement en dansant, a cappella et sans s'essouffler.
A la fin de ce petit spectacle, il fit même une révérence. J'applaudis : « C'était vraiment super, Michael ! » Il reprit son souffle : « Nous faisons toujours la même chose, c'est lassant ! …Mais si tu aimes…Oh, je crois qu'il faut que j'y aille ! » réalisa t-il lorsque les gardes lui firent signe de rentrer. « Donc, on se voit demain ?
-D'accord ! » On se fit signe de la main et j'attendis que Michael soit rentré avant de me coucher. Quelques minutes plus tard, une voiture entra dans la propriété, sûrement les amis dont il m'avait parlé. Les fans étaient accourus, mais lorsqu'ils virent qu'il ne s'agissait d'aucun des frères, ils retournèrent à leurs sacs de couchage en râlant.
