Le lendemain, en après-midi. Toujours devant la grille, je demande à Michael comment s'est passé son petit numéro d'hier soir. « Comme d'habitude ! Les invités ont applaudit poliment et ont déclaré qu'ils étaient satisfaits du spectacle. » me répondit-il.

« Et c'est tout ? Ca a été leur seule réaction ?

-Ben oui, tu sais, je ne vais pas me plaindre ! Nous avons des tas de fans pour cela ! »

J'avais envie de répondre à Michael qu'il dansait et chantait très bien et que les amis de son père auraient au moins pus les féliciter, mais je ne voulais pas passer pour une vilaine flatteuse.

Après avoir mangé la pomme que Michael m'avait apporté (j'avais, suivant son conseil, jeté la cuisse de poulet aux chiens de garde), une question me brûla les lèvres : « Michael, est-ce que tu me considère réellement comme une amie ? » Michael sembla surprit par ma question, mais il sourit : « En quelque sorte, oui ; mais il est un peu tôt pour le dire, non ? » Je souris. Mais je ne pus m'empêcher que Michael avait raison. Tout de même, amis en à peine trois jours, ça paraissait bizarre. Cependant, il fallait que je reconnaisse que ça pourrait être possible, lorsque je réalisais que « Notre relation est spéciale ! » Michael me regarda et sourit : « Tout à fait ! » Nous rigolâmes un peu, puis Michael me proposa : « Eh, pourquoi ne te ferais-je pas visiter ma modeste demeure ?

-Ton modeste palais, surtout ! Non, plus sérieusement, Michael, ça me plairait beaucoup de visiter ta propriété, mais tu vois bien que c'est impossible de passer par l'entrée de la grille ! Tes fans y sont collés !

-Je sais, mais – ne le répète à personne – il y a une autre porte secrète à la grille ! » Me répondit-il avec un sourire coquin et en haussant les sourcils.

- « Vraiment ? Mais rappelles-toi lorsque je te disais que j'étais très timide…

-Ne t'inquiètes pas, il n'y a que mes sœurs LaToya et Janet, mon frère Randy et ma mère. Mon père…travaille… » J'avais remarqué son hésitation avant de me prétendre que son père travaillait. Mais je savais où il était en réalité : il était très certainement partit passer le week-end chez sa maîtresse.

- « Marlon n'est pas ici ? » Oui, car je savais que Marlon, n'ayant qu'un an de plus que Michael, n'était pas encore majeur.

- « Si, mais…il dort ! » Nous éclatons de rire. « Alors, tu acceptes de venir ?

-D'accord…mais, s'il te plaît, ne commence pas à me présenter à toute ta famille !

-On verra…Allez, suis-moi ! »

Notre parcourt ressemblait à un petit jeu : Michael marchait le long du mur et je le suivais, de l'autre côté de ce même mur en me fiant au son de sa voix pour me déplacer. Coup de bol, aujourd'hui, beaucoup de fans étaient partit, sûrement pour refaire leurs stocks de provisions, et personne ne vit notre étrange manège.

Nous arrivâmes enfin devant plusieurs chênes. Mais ils étaient de mon côté de la mur. Je ne voyais rien de ce qu'il y avait derrière, même pas Michael. Je n'entendais que sa voix : « Eh bien, faufile-toi donc entre les arbres, j'ai déjà ouvert la porte. » C'était marrant d'entendre sa voix sans le voir, j'avais l'impression que c'était les chênes qui me parlaient. Aussi, lorsque j'arrivais à la porte j'étais morte de rire. Michael referma la porte en me regardant rigoler.

« Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ?

Rien, rien…je suis fatiguée… » Michael commença à attraper le fou rire : « Mais regarde, tu pleures de rire ! … »

Il ne parvenait plus à parler, nos rires redoublèrent. Alors toute la nervosité accumulée s'échappa par nos rires.

Je tentais d'expliquer à Michael l'histoire de l'arbre qui me parlait. Il était presque par terre. Moi, je ne parvenais plus à respirer. Heureusement que personne ne nous voyait car le spectacle était hilarant : Michael et moi étions pliés en deux de rire comme des patates pour rien.

Lorsque nous parvenons à nous calmer, environ dix minutes plus tard, nous étions allongés dans l'herbe, à bout de force. J'avais mal aux abdominaux et à la tête. Je pense que c'était aussi le cas de Michael car il était étendu à quelques mètres de moi, une main sur le front.

« Michael ?

-Oui ? On non, ne me fais pas encore rire ! » Je pouffais : « Non, non ! …Je voulais juste te dire que…je ne réalise pas encore ce qui m'arrive. Je suis si chanceuse de t'avoir rencontré. C'est…trop beau pour être vrai !

-Ouais…pourtant, je ne crois pas me tromper en disant que tu es dans mon jardin, que je suis en train de te parler et…il n'y a plus de mur !

-Oui, c'est vrai…

-Oui…on se lève ?

-Ben, j'essaie… » Nous nous levâmes donc et nous nous retrouvâmes face à face. « Ca fait bizarre sans le mur, hein ?

-Ouais… » je répondis.

A ce moment, deux chiens de garde accoururent. Ils ne me semblaient pas très contents de me voir et le fait de les voir courir à toute vitesse vers moi m'effraya. Je m'approchais davantage de Michael qui se mit devant moi. Les chiens stoppèrent devant lui et grognèrent en s'approchant de nouveau vers moi. J'avais peur de ces chiens et sursautais lorsque l'un d'entre eux aboya brusquement. Michael essaya de calmer l'animal en s'agenouillant et le caressant : « Lobo, ne soit pas méchant ! Elle peut entrer ! » Il me prit la main et essaya de la présenter au chien, mais je la retirais. Il se tourna alors vers moi et me la reprit en me faisant signe de m'accroupir à côté de lui. En caressant le chien, il me dit : « N'aies pas peur, il n'est pas méchant. Il faut juste qu'il renifle ta main… » Comme je tremblais toujours, il me regarda droit dans les yeux : « Fais-moi confiance. Je ne vais pas te blesser. » Je me laissais donc faire. Il présenta ma main au chien et lui dit doucement : « Sens son odeur, tu vois ? Elle peut entrer ! » L'autre chien était partit. Lobo sentit ma main et Michael le caressa. Il mit alors ma main sur la tête du chien mais comme je ne m'y était pas attendu, je sursautais. Il dû encore se retourner vers moi : « Eh bien, caresse-le ! » Je m'exécutais. L'animal se laissa faire, alors Michael sourit : « Tu vois bien qu'il n'est pas méchant ! »

On entendit une voix venant de l'autre bout du jardin : « Eh ! » Je levais la tête et vit un homme avec un chapeau de pêcheur courir vers nous. Michael se leva et lui cria : « C'est bon, Bill, elle est avec moi ! » L'homme lui fit un geste de la main et se retourna vers la maison, après avoir sifflé le chien qui courut le suivre. « C'est Bill Bray, il s'occupe de notre sécurité…il est trop marrant ! » me dit Michael. Dans un formidable élan de courage, je m'avançais vers lui et lui pris la main. Il n'eut pas l'air de trouver ça désagréable et nous nous avançâmes vers sa demeure.

Nous approchions de l'entrée lorsque je lui demandais, surprise : « Michael, nous ne faisons pas le tour de ton parc ?

Non, pas maintenant, les fans risquent de nous voir. Je te ferais visiter… une de ces nuits…

-Pendant la nuit ?

-Bien sûr, les gens dormiront et nous aurons la paix ! »

Il me montra toutes les pièces de la propriété (toutes aussi grandes les unes que les autres) sans rencontrer personne. Je lui en fis la remarque et il fronça les sourcils. Il murmura comme pour lui-même : « Seraient-ils sortis ! » Je me permis d'ajouter : « Je n'ai pourtant vu ni entendu aucune voiture ! » Il acquiesça puis soudain, il me sourit : « Suis-je bête, ils sont dans le studio, il est juste à côté ! » J'hésitais :

« Si tu veux…on peut y aller…

-Nooonnn, je ne vais pas t'obliger à les voir !

-Mais…

-Ca ne me dérange pas, je t'assure ! » Me dit-il d'un air rassurant. Je lui faisais confiance. « Allez, viens, je vais te montrer ma chambre. » Ajouta t-il en me prenant la main et se dirigeant vers l'escalier.

Arrivés à l'étage, Michael se tourna vers moi : « Je te préviens, c'est un peu le bazar… » Puis, passant devant moi, il ouvrit une des portes du couloir. Je regardais par-dessus son épaule : C'était une très grande pièce de minimum quarante mètres carrés, dont les murs étaient recouverts de quelques posters de James Brown, Jackie Wilson et autres artistes noirs que je ne connaissais pas. Il y avait une bibliothèque, des disques et le tourne-disque qui va avec, un téléviseur ainsi que quelques cassettes vidéos. Le lit de Michael, grand et très bas, était défait, ainsi que celui de Marlon, à l'autre bout de la pièce. C'était une chambre de mecs, quoi, mais…c'était le bordel. « Effectivement... ! » fis-je à Michael. Des livres, des papiers, des dessins, des chaussures, des chaussettes et même quelques trognons de pomme et des miettes de pains jonchaient le sol. Et, évidemment, il y avait l'odeur qui allait avec…

Soudainement, Michael se précipita sur sa table de nuit, sortit une bible des Témoins De Jéhovah – sa religion – et entreprit de me sermonner sur les relations sexuelles en dehors des liens du mariage. Je l'écoutais. Sans vouloir me vanter – bien sûr- je m'attendais un peu à cette réaction. Je savais qu'il n'y avait pas si longtemps, il s'était retrouvé enfermé dans une chambre avec deux prostituées. Elles n'avaient pas réussi à éveiller le moindre désir chez lui, mais cette expérience l'avait particulièrement traumatisé. Depuis, il se servait désormais de la Bible pour se protéger contre tous rapports amoureux avec les femmes.

Cependant, je l'interrompis à la fin du cinquième paragraphe : « Michael, je…je t'assure, ce…c'est inutile, vraiment ! » Il leva les yeux de son chapitre et sembla bouleversé : « Oh, oui…désolé » Il referma son livre et la rangea dans son tiroir. « Tu sais, c'est ma religion…je…excuse-moi, je ne sais pas ce qui m'a pris…

Ce n'est rien, je peux comprendre ! » Il me regarda, assit sur son lit. Zut ! Pourquoi lui ai-je dis cela ? Comment, pouvais-je le comprendre ? Moi, je le savais, mais pour lui, ça devait sonner bizarre ! Je ne réussi qu'à hausser les épaules en souriant bêtement. Michael me dit en se levant : « Est-ce que tu as faim ?

-Euh…oui.

-Bien, viens » Je le suivis alors dans l'escalier jusqu'à sa –grande – cuisine. Là, nous rencontrâmes sa mère. En me voyant, elle sembla tout d'abord surprise, puis elle me sourit et dit à Michael : « Tu as réussi à te faire une amie, Mike ?

-C'est une de mes fans, maman, elle s'appelle Lucile. » Répondit-il en me regardant avec un sourire. Il avait l'air fier. Sa mère me dit : « Eh bien, Lucile, je suppose que tu as faim ?

-Oui…

-Suis donc Michael, nous allons passer à table. Amène-la à la salle à manger. » Ajouta Katherine Jackson à l'adresse de son fils.

Pendant que Michael m'emmenait à travers les pièces, j'entendis sa mère appeler dehors: « La Toya, Randy, Marlon, Janet ! Venez manger ! »

Je m'assis en face de Michael – il y avait bien une douzaine de chaises – un peu gênée, quand j'entendis la porte d'entrée s'ouvrir. S'en suivit un incroyable brouhaha – « Ne poussez pas ! », « Marlon, dégage ! » - puis leur mère vint les retrouver et je pus l'entendre les signaler de ma présence. C'est alors qu'ils entrèrent tous, pendant qu'un silence de mort s'était installé dans la pièce. Ils se dirigèrent vers leurs places en m'observant du coin de l'œil. Marlon, en s'installant à côté de Michael, lui souffla quelque chose à l'oreille en se marrant. Celui-ci, en rougissant, le repoussa en marmonnant : « Arrête ! » Je le questionnais du regard, mais il me fis un geste me faisant comprendre, il me semble, que Marlon était bête. Randy prit place à côté de moi. Bien qu'il n'ait que treize ans, j'étais persuadée qu'il me dépassait de quelques bons centimètres. La Toya s'assit aux côtés de Marlon. Elle était jolie et avait de grandes jambes – j'étais jalouse – mais, surprise : bien qu'elle fut de deux ans l'aînée de Michael, il était plus grand qu'elle ! Elle et moi étions donc environ de la même taille.

Janet, huit ans, prit place à côté d'elle et Katherine se plaça à côté de Randy. Une bonne revint de la cuisine avec un plat de tomates.

« J'espère que tu aimes les légumes » me dit Katherine.

Marlon protesta : « Des légumes, des légumes, encore et toujours des légumes ! Pourquoi on ne mange plus de viande ?

-Parce que ton frère Michael suit un régime végétarien, tu le sais bien ! » rétorqua sa mère « Et pour l'encourager, nous en mangeons aussi ! Donc plus de viande tant que ses boutons n'auront pas disparut ! » Marlon soupira. Michael se ratatinait sur sa chaise.

Pendant que la bonne nous servait en tomates, la petite Janet ne cessait de me questionner : « Tu t'appelles comment ? T'as quel âge ? Tu viens d'où ? » Et alors que je m'appliquais à répondre, La Toya intervint : « Janet, fiches-lui la paix ! Elle a le droit de manger tout de même !

-Oh, tu sais, elle ne me dérange pas ! » mentis-je

« - Alors, tu vois ? » Rétorqua Janet. Et elle reprit l'interrogatoire. Comme je regrettais de ne pas avoir laissé faire La Toya !

Pendant que je me fis servir de l'omelette au fromage, Katherine me fit remarquer que je ne parlais pas beaucoup. Michael répondit à ma place : « Tu sais, elle est aussi timide que moi ! » Je le remerciais d'un regard. Cependant, au fil du repas, l'atmosphère se détendit et je fini par papoter gaiement avec tout le monde. Je découvris alors que je m'entendais plutôt bien avec La Toya. Janet, qui avait fini son interrogatoire, suggéra à sa mère que je pourrais peut-être dormir ici. Celle-ci m'interrogea : « Oui, pourquoi pas ? Tu pourras dormir dans la chambre de Jermaine ? Ou encore dans celle de Tito, il vit avec sa femme pour le moment ?

-Ou pourquoi pas dans ma chambre ? » suggéra La Toya « il y a deux lits !

-Et Janet, elle dort où, Face de Lune !

-Michael, arrête de m'appeler comme ça ! » s'écria La Toya en se jetant sur son frère, hilare.

Au cours de cette joyeuse pagaille, je tentais d'expliquer à Katherine que ça me gênait un peu de dormir dans la chambre de quelqu'un d'autre.

« Eh, m'man ! » Intervint Marlon « Pourquoi elle ne dormirait pas dans la chambre qui est juste en dessous du grenier ? » Kate s'exclama : « Ah, mais oui ! Tu as raison, Marlon ! Lucile, qu'en dis-tu ? » J'acceptais.

Après le dessert, elle interpella Michael : « Mike, accompagne-la à sa chambre.

-Attends. » fis-je à Michael « je dois dire quelque chose à ton frère » Et me dirigeant vers Marlon : « Tu sais, à la grille, il y a une fille de ton âge qui t'adore. Je pense qu'elle aimerait beaucoup te rencontrer, et pourquoi pas te prendre en photo !

-Ah ouais, pour une fois que c'est pas une fan de Michael ou de Jermaine…A quoi elle ressemble ?

-Je pense que tu la trouveras assez à ton goût : elle est très blonde, elle a des yeux bleus, un T-shirt rouge et un jean bleu. Elle s'appelle Jane et tu la trouveras prés de la grille d'entrée.

-Jane…okay, merci pour l'info ! J'irai la voir demain !

-Euh…ne lui dis pas que je suis ici, d'accord ? » Il me fit un clin d'œil et s'éloigna.

-Je me dirigeais, moi, vers Michael : « Et alors, cette chambre ? »

Il m'emmena à l'étage puis nous montâmes encore un escalier qui mena directement à une porte. « C'est ici » dit Michael. Il m'invita à entrer. C'était une chambre d'environ quinze mètres carrés qui contenait pour seuls meubles une table de chevet avec une lampe, une petite bibliothèque et un miroir. Le lit était pour deux personnes et ses draps étaient jaunes blé. Je me sentis tout de suite bien dans cette pièce, j'aimais particulièrement la petite fenêtre qui donnait sur la piscine et dont les contours étaient peints en bleu, avec trois petits soleils oranges en haut.

« Ce n'est pas terrible ici, mais il paraît au moins qu'on y dort bien. » fit Michael. Je me tournais vers lui, enchantée : « Tu veux rire, c'est génial ici ! » Il me regarda avec des yeux ronds : « Ah bon…euh, si tu veux, il y a un petit réveil sur la bibliothèque…euh…mais, au fait, tu n'as pas de pyjama ?

-Ben…non !

-Aïe ! Alors…

-Tu sais, Michael, je peux dormir avec ma robe !

-Quand même pas, tu vas mal dormir ! …Attends, j'arrive ! » Et il se précipita dans les escaliers. Je fis le tour de la chambre et pris le petit réveil pour le mettre sur la table de chevet. J'en profitais pour regarder l'heure : vingt heures moins le quart.

Par pure curiosité, j'ouvris le tiroir de la table de chevet : une paire de pantoufles. J'entendis alors frapper à la porte. Je refermai le tiroir. « Oui ? » La Toya entra. Elle regarda autour d'elle en me demandant : « Tu te plais, ici ?

-Oui, je trouve cette chambre très belle ! » Elle sourit puis sembla se rappeler la raison de sa visite : « Mike m'a dit que tu n'avais pas de pyjama, si tu veux je peux t'en prêter un ! » Elle me fit signe de la suivre jusqu'à sa chambre. Contrairement à celle de Michael, elle était impeccablement meublée, bien rangée et sentait le parfum qui coûte cher. « Fais attention, s'il te plaît, ne dérange pas trop mes affaires. » me dit-elle. Elle ouvrit une armoire et mit sur son lit plusieurs pyjamas, très jolis et en tissus très fins. « Nous sommes à peu prés de la même taille, je pense que ça devrait aller. » commenta t-elle. Puis, les mains sur les hanches, elle s'adossa à un mur : « Eh bien, vas-y, prends celui qui te plaît. » Et voyant que j'hésitais, elle plaisanta : « Ne t'inquiètes pas, ils sont lavés ! » Moi, je détaillais les vêtements, prenant mon temps. Je tombais alors sur une magnifique chemise de nuit en soie violette, des petites roses bleu foncé étaient imprimées sur les manches transparentes. Je me tournais vers La Toya : « J'aime beaucoup celle-ci ! » Elle sourit : « Je vois que mademoiselle a bon goût ! Ben, prends-la ! Je pense qu'elle t'ira bien. »

Je la remerciais et retournais dans « ma » chambre mettre la chemise de nuit. La Toya avait raison : comme nous étions presque de la même taille, la chemise de nuit m'allait comme un gant..

Je m'admirais dans le miroir quand la porte s'ouvrit lentement. La tête de Michael passa dans l'entrebâillement : « Je peux entrer ?

-Bien sûr ! » Il entra donc et prit soin de refermer la porte derrière lui. Quand il me vit, il sourit : « Tu as fini par trouver quelque chose ?

-Oui, c'est La Toya qui me l'a prêtée.

-Hm mm…je me rappelle qu'elle détestait cette robe…

-Ah, pourquoi ? …elle est superbe !

-Tout simplement parce que tout le monde lui disait que ça ne lui allait pas !

-Euh…et moi ?

-Non, toi, ce n'est pas pareil, tu as la peau claire, ça va avec tes yeux. » Je me sentis rougir : « Merci beaucoup ! »

Michael désigna le réveil : « Vingt heures, il n'est pas tard. Tu comptes dormir maintenant ?

-Pourquoi, il y a quelque chose d'autre à faire ?

-L'extinction des feux est à vingt-deux heures et demie. Si tu veux, nous pouvons regarder la télévision dans ma chambre ?

-D'accord, mais ne ressors pas ta Bible ! » Ma plaisanterie n'eut pas l'air de l'amuser.

Pendant que nous nous dirigions vers sa chambre, il énumérait ses cassettes : « Voyons, j'ai plusieurs films de science fiction, des tas de dessins animés… » Il cherchait à présent dans sa pile de cassette : « Cendrillon ? Non ! Bugsy Malone ? Psychose ? Oh ouais ! Je dois te montrer quelque chose. Est-ce que tu aimes James Brown ? J'ai enregistré quelques numéros… » Et pendant le film, Michael répétait exactement la chorégraphie du célèbre chanteur à côté de la télévision. Il les connaissait toutes par cœur. Il était super. A la fin, en sueur, il retira la cassette du magnétoscope en me disant : « J'adore sa façon de bouger, dommage que Suzanne De Passe, à Motown, m'ait déconseillé de l'imiter ! » J'approuvais. Soudain, en voyant Marlon entrer dans la chambre, Michael me dit : « Ah…il est l'heure, tu devrais aller te coucher.

-Tu as raison.

-Tu veux que je te raccompagne à ta chambre ?

-Si ça ne te dérange pas…

-Bien sûr que non, puisque je te l'ai proposé !

-Bien. » Michael, en pyjama, me raccompagna donc à ma chambre. Puis, avant de s'en aller, il me souhaita une bonne nuit.

- « Merci, Michael, et à toi aussi !

-On se voit demain matin !

-Oui. » Et, avant de refermer la porte derrière lui, je l'interpellais : « Michael !… Ce fut une journée merveilleuse, merci ! » Il me sourit et descendit les marches.

Ayant refermé la porte, je me glissais dans les draps. Je me sentais bien. Je ne croyais toujours pas à ma chance. Je devais sûrement rêver, un très beau rêve. Mais demain, il se terminera, malheureusement. Oui, j'allais me réveiller dans la réalité.