Nous montâmes à l'arrière, tandis qu'un chauffeur prit place au volant et demanda à Michael : « Où dois-je conduire monsieur ? » Michael me regarda. Je questionnais alors le chauffeur : « Est-ce que vous connaissez une forêt à environ vingt kilomètres ?

-Oui, bien sûr. » répondit-il « Est-ce là votre destination ? » Michael confirma.

La voiture démarra et stoppa devant la grille d'entrée. Evidemment, les fans se mirent à hurler. Ils n'étaient pas nombreux, à peine cinq ou six, mais le seul fait qu'ils criaient très fort suffisait à m'effrayer. Pendant que le chauffeur sortit de la voiture pour taper un code d'accès permettant d'ouvrir la grille, je demandais à Michael : « Euh…c'est comme ça à chaque fois que vous sortez ?

-Ca dépend…des fois, il n'y a personne devant la grille, donc forcément, c'est plus silencieux !

-Les vitres sont fumées ?

-Bien sûr, pourquoi cette question ?

-Ben, imagine que les fans me voient dans ta voiture…ils vont se demander quoi !

-C'est vrai. Mais ne t'inquiètes pas. Et puis, si ça peut te rassurer, les portes sont verrouillées ! » Le chauffeur rentra dans la voiture, la grille s'ouvrit, et, pendant que nous sortions, des gardes du corps empêchaient les admirateurs de passer par l'entrée grande ouverte, jusqu'à ce qu'elle se referme derrière la voiture.

Pendant que la voiture roulait, je m'appliquais à me rappeler l'endroit exact où la machine était restée. Je crois que là où je m'étais retrouvée, après être sortie de la forêt, il y avait une petite pharmacie à côté d'un parc public. Je regardais Michael : observant le paysage par sa fenêtre, il avait un air pensif. Qu'est-ce qu'il était beau…

« Tu n'as jamais essayé de passer une journée sans fond de teint ? » Michael tourna la tête vers moi, un peu surprit par ma question, puis il haussa les épaules et se remit à regarder par sa fenêtre. Je continuais : « Sans rire, un jour où tu ne sors pas, reste sans maquillage. Trop, ça deviendra nocif pour ta peau ! » Michael me répondit enfin, mais toujours sans me regarder : « Sans fond de teint, je ne peux pas me regarder dans un miroir… » Bien qu'on puisse penser qu'il exagérait, je tentais de le comprendre : « Si je comprends bien, tu es complexé par ton acné ?

-Effectivement, tu as bien deviné.

-Je vais pouvoir participer à Questions Pour Un Champion

-A quoi ?

-Non rien, laisse tomber…Ecoute, Mike, je comprends fort bien que les moqueries de tes proches te fassent du mal, mais ce n'est tout de même pas pour cela que tu te caches ainsi ! » Il me fit signe que si. « Ce n'est pas vrai ! Enfin, regarde-moi ! Je suis pleine de boutons, presque tous les adolescents sont pleins de boutons. Personne n'en fait un tel drame ! » Michael sembla au bord des larmes lorsqu'il me cria : « Personne n'a un nez tel que le mien ! » Je me rendis compte alors à quel point je m'étais montrée brutale avec lui. Je lui pris la main : « Michael…pardonne-moi s'il te plaît. Je…je me suis emportée…

-Ce n'est rien, ce n'est rien. » fit-il froidement en retirant sa main. Son geste m'avait profondément blessée, mais il avait raison. Je n'avais pas le droit de le brusquer ainsi, après tout ce qu'il avait fait pour moi. N'empêche que j'avais une très grosse envie de pleurer et je regardais par ma fenêtre en essayant de rester calme.

Environ dix minutes de route plus tard, je reconnaissais la petite rue, la pharmacie et le parc en face de la forêt. Je prévins le chauffeur : « Arrêtez-vous là ! ». Il s'arrêta et nous descendîmes de la voiture. Michael demanda au chauffeur de lui prêter ses lunettes noires et, avant de me rejoindre, lui ordonna : « Attendez-nous ici. »

Michael et moi pénétrâmes dans la forêt. Malgré mon chagrin, j'essayais de garder la tête haute et je marchais assez vite, Michael restait à quelques pas derrière moi.

Soudainement, je sentis sa main prendre la mienne, m'obligeant à m'arrêter et à lui faire face. Il me dit, comme bouleversé : « Tout à l'heure, en demandant à mon chauffeur de s'arrêter, tu avais la voix cassée…tu as pleuré ? » Je m'interdisais de le regarder : « Mais non, mais non ! » A ce moment, Michael passa son pouce sur ma joue : une larme venait d'y rouler. Je fermais les yeux en baissant la tête. Michael me fis alors me mettre à genoux et il s'agenouilla en face de moi. Puis, mettant ses mains sur mes épaules : « Regarde-moi, s'il te plaît. » je refusai, ne voulant pas lui monter mes yeux rouges. Il ne chercha pas à m'y forcer. « Excuse-moi d'avoir retiré ma main ainsi, mais…

Non, ne t'excuse pas ! » le coupais-je « C'est ma faute ! Tu as eu raison de faire cela, je l'avais bien cherché ! » je commençais à avoir des sanglots dans la voix, mais je continuais : « C'est moi qui dois me faire pardonner ! Je suis désolée ! Je te prie de m'excuser ! Je voulais juste t'encourager, et je m'y suis mal pris. Je ne voulais pas te vexer… » Michael essayer de me calmer : « Ne pleures pas, ce n'est rien ! C'est déjà oublié ! » Il me prit les deux mains qu'il serra doucement mais sûrement dans les siennes et, me regardant dans les yeux, il me dit d'une voix très douce : « Ecoute-moi : je ne t'en veux pas, je t'assure ! » Je réussis à lui sourire vaguement. Il attendit à genoux, en face de moi, que je me calme tout à fait. « Ca va ? » me demanda t-il au bout de quelques minutes. J'acquiesçais d'un signe de tête. Il m'aida à me relever et, main dans la main, nous nous remîmes à marcher. Nous finîmes par apercevoir cette bonne vieille balle de golf.

« C'est ça, la machine à remonter le temps ?

-Ouais. » répondis-je à Michael qui avait les yeux rivés sur la machine. Je lui fit faire le tour de l'engin, puis lui proposais de visiter l'intérieur : « Il faudrait juste que je trouve comment ça s'ouvre… » Michael m'aida alors à chercher un quelconque bouton qui serait susceptible d'ouvrir la porte. Plus tard, je l'entendis me crier à l'autre extrémité de la machine : « Il y a un petit bouton prés de la porte. J'appuie ?

-Euh, oui mais…recule après…on ne sait jamais ! » Quelques secondes s'écoulèrent et j'entendis effectivement le bruit infernal de ferraille rouillée, signe que la porte s'ouvrait. Je rejoignis Michael qui, un peu effrayé, s'était bouché les oreilles et nous entrâmes.

Dés l'instant où Michael vit les boutons et les manettes, il resta planté au beau milieu de la machine, complètement abasourdit. Puis il s'approcha des boutons aussi curieux que mon petit frère Jules.

« Surtout ne touche à rien ! » lui ordonnais-je. Il se recula presque à contrecœur. Je lui racontais comment s'était passé l'instant où la machine s'était mise en marche, en lui détaillant les boutons que j'avais utilisé. Il était aussi sérieux qu'un informaticien sur son ordinateur ; il me faisait marrer. J'étais certaine, à ce moment, que ça devait le démanger d'actionner une mannette, juste pour voir…

« C'est génial… » disait Michael toutes les deux minutes. Enfin, il consentit à sortir de la machine. Dehors, il commençait à faire sombre, bien que l'air fut encore doux. « Il doit être pas loin de sept heures. » observa Michael « Nous avons encore le temps de faire un tour.

-Tu es sûr ? Que va dire ta mère ?

-Rien, elle a l'habitude avec les plus vieux (il parlait de ses frères aînés) ! Pendant que Joseph n'est pas là, on peut faire à peu près tout ce qu'on veut, tu vois ?

-Moui…le truc c'est qu'il ne le sache pas, c'est ça ?

-Exact. » Nous éloignant de la forêt, nous décidâmes de visiter le parc d'à côté.

Comme il s'y trouvait un petit restaurant et que nous avions faim, Michael retrouva le chauffeur et lui demanda vingt dollars. Puis il mit ses lunettes noires et nous nous assîmes à une petite table, sur la terrasse pour profiter de la fraîcheur du soir. Il n'y avait presque personne dans le restaurant, aussi Michael me dit, les mains derrière la tête : « Aaaah, que ça fait du bien un peu d'anonymat !

-Tes lunettes te rendent si méconnaissable que ça ?

-Je ne sais pas, apparemment, elles sont efficaces ! » Il nous commanda deux salades et deux jus d'orange. « Michael, je n'aime pas la laitue !

-Eh bien tant que tu seras avec moi, il faudra bien ! » Nous trinquâmes à notre belle amitié, bien que j'avais une profonde envie de trinquer pour un sentiment plus fort…

Notre repas fut agréable, sans incidents. Absolument personne ne reconnut Michael et les passant ne cherchèrent même pas à savoir pourquoi il portait des lunettes de soleil à huit heures du soir.

Le repas fini et payé, nous fîmes le tour du parc main dans la main - Comme dans mes rêves les plus beaux…comme j'aimais la façon dont il me tenait la main ! La sienne était toujours chaude sans être moite - Puis nous nous assîmes dans l'herbe pour regarder le superbe coucher de soleil qui s'offrait à nous. Michael ôta ses lunettes pour mieux l'admirer et il me dit : « C'est marrant, je n'aurais jamais pensé que je passerais une soirée comme ça, si bien, avec une fille un jour…

-Et moi non plus avec un garçon… » Et là où les héros des films s'embrassent – désolée de vous décevoir – les grands timides que nous sommes se remirent à observer l'horizon.

Lorsque le soleil fut couché, nous nous levâmes et retournâmes à la voiture. Mais deux jeunes filles noires reconnurent Michael et celui-ci se vit contraint de signer des autographes. Après qu'elles furent reparties jetant des coups d'œil vers moi en murmurant, Michael crut bon de remettre ses lunettes noires, et nous pûmes entrer dans sa flamboyante voiture rouge. Les émotions fortes que j'avais ressentis cette journée firent que je m'endormis sans mal dans la voiture.

Je me lève de mon lit un peu barbouillée. Des sensations de cette nuit me reviennent par petites coupures : Je sens la voiture qui s'arrête. Michael sort de la voiture. Ma porte s'ouvre, des bras costauds – les gardes du corps peut-être – me prennent, je peux sentir la chaleur du hall d'entrée de Havenhurst. Je suis attentive à tout ce qui se passe autour de moi mais je suis si fatiguée que je ne trouve ni le courage ni l'intérêt d'ouvrir les yeux. On me transporte dans les escaliers, une porte s'ouvre puis on me dépose sur mon lit. La voix chuchotante de Michael : « Doucement, vous allez la réveiller ! » puis la porte se referme, des pas dans l'escalier, puis le silence et je m'endors. Voilà tout ce dont je me rappelle. Evidemment, comme personne n'a osé me déshabiller – ce qui est très bien – j'ai dormis avec ma robe qui est à présent toute froissée. Par contre, Michael a pensé à enlever ma ceinture pour éviter qu'elle ne me serre trop pendant la nuit.

Je regarde l'heure : six heures et demie ! Qu'est-ce qu'il est tôt ! Je remets ma ceinture et je descends pour voir qui est levé : personne. Je remonte alors pour retourner patienter sagement dans ma chambre quand je m'aperçois que Michael a oublié de fermer la porte de sa chambre. Je m'approche doucement de la porte dans l'intention de la refermer et là, je me rends compte que Michael est un sacré étourdit lorsque je vois que sa lampe de chevet est allumée. Bon, j'y vais ou j'y vais pas ? Allez, je vais l'éteindre, je suis sûre qu'il m'en sera reconnaissant !

Je traverse sa chambre sans bruit, en essayant de ne rien écraser, je jette un coup d'œil du côté du lit de Marlon, de l'autre côté de la pièce, et je me penche sur la lampe : bon, où est le bouton ? Je m'étais mise à quatre pattes, pour vérifier si le fil allait sous le lit de Mike, quand je sentis quelque chose me frôler la hanche. Je sursautais violemment en plaquant mes mains sur ma bouche pour étouffer mon cri de surprise. Et là, je vis la main de Michael qui dépassait du drap. Je soupirais de soulagement et je me tournais vers lui pour voir si je ne l'avais pas réveillé : il dormait à points fermés, les traits détendus et la bouche entrouverte. On aurait dit un bébé. J'étais sous le charme.

Je m'approchais un peu plus de lui et, doucement, je caressais les boucles de ses beaux cheveux noirs. A ce moment, il bougea un peu le tête et, méfiante, je retirais ma main. Je me sentais très amoureuse de lui. Endormi ainsi, il me semblait fragile. Je voulais le remercier pour la magnifique soirée d'hier, mais je ne savais pas comment. Je détaillais son visage. Ce visage doux et rieur, à quoi ressemblera t-il dans trente ans ? Comme il avait retiré son fond de teint pour dormir, les rayons du soleil levant laissaient parfaitement voir ses boutons tant redoutés. Il avait à peu prés autant d'acné que moi, mais rien de très effrayant en fait. Michael était un adolescent, voilà tout. Et comme la plupart des jeunes de son âge, ses changements physiques l'effrayaient. Il avait eu une soudaine poussée de croissance (et d'acné), sa voix avait muée, et son nez, comme tous les noirs, s'était épaté. Bon d'accord, il n'était pas un modèle de beauté parfaite, mais de là à se moquer sans cesse de lui…et puis moi, je le trouve tout à fait à mon goût ! Son visage était si paisible. Il m'attendrissait. Me surprenant moi-même, instinctivement, je déposais un baiser sur son front. Puis, trouvant l'interrupteur, j'éteignis la lampe et sortis. La Toya m'attendait à la porte.

Elle souriait d'un air amusé et cachait quelque chose derrière son dos. Je devinais que, la porte restée ouverte, elle avait pu m'observer. Je passais devant elle sans la regarder : « Pas de commentaires ! » fis-je en descendant les escaliers jusqu'à la cuisine où la bonne commençait à préparer le petit déjeuner. La Toya me suivit, s'assit à côté de moi et posa un énorme appareil photo sur la table en me disant avec un énorme sourire : « Pas besoin de commentaires ! » J'ouvrais des yeux ronds : « -T'as pas fais ça !

-Ben si ! N'oublies pas que ma chambre est juste en face de celle de Michael et Marlon! Lorsque je suis sortie pour aller manger, j'ai vu de la lumière dans leur chambre et en m'approchant, je t'ai vue au pied du lit en train de chercher un truc en dessous…

-L'interrupteur de sa lampe de chevet.

-Ouais, et dés que je t'ai vue dévisager Mike avec un air si…passionné, je me suis dépêchée d'aller mon appareil photo pour te photographier au cas où tu l'embrasserais…

-Eh, retiens ça : je ne l'embrasserais jamais ! …du moins sans son accord…

-Et puis c'est malin aussi ! Tu vas donner la photo à Michael, c'est ça ?

-Non, enfin ! J'avais l'intention de te la donner, pour lorsque tu repartiras chez toi…j'ai pensé que ça te ferait plaisir. » Et elle me donna la photo : elle était très bien prise et avait un petit côté poétique. Près du lit de Michael, dans un coin assez sombre, on pouvait nettement m'apercevoir, à la lumière de la lampe de chevet, l'embrasser sur le front.

« -Merci beaucoup ! …mais au fait, comment ce fait-il que je n'ai rien entendu ?

-J'allais justement te le demander ! Pourtant ce n'est pas un appareil très silencieux ! Mais tu avais l'air si émerveillé devant le spectacle de Michael dormant – bien que je ne lui trouve rien de si merveilleux – que tu n'as pas dû y faire très attention. Je pense qu'une bulle vous entourait !

-Possible… » je regardais la photo en repensant à la beauté de Michael endormi lorsque Janet entra : « La Toya, pourquoi t'as pris ton appareil photo pour déjeuner ? Oh ! Je peux voir ? » me demanda t-elle en voyant la photo.

« -Non ! » dis-je en essayant de la cacher. Janet sembla surprise puis elle bouda : « Oh bon, d'accord ! Je suppose que je suis trop jeune pour comprendre, hein ! » Et dire que dans mon présent elle avait trente-sept ans !

La Toya se pencha vers moi et me souffla : « Tu devrais ranger cette photo avant que quelqu'un d'autre ne la trouve, surtout Michael ! » Après le petit déjeuner, je montais donc dans ma chambre pour la mettre dans mon sac. Puis je redescendis pour finir mon verre de jus d'orange. Michael était dans la cuisine en train de discuter avec La Toya. Il attendit que j'eus vidé mon verre avant de me demander : « Tu as passé une bonne nuit ?

-Oui.

-C'est vrai ?

-Ben oui…

-Parce qu'hier soir, tu t'étais endormie dans la voiture…

-C'est vrai, et je peux savoir où vous étiez hier soir ! » Katherine Jackson venait d'entrer dans la cuisine « Figure-toi, Michael, que j'étais morte d'inquiétude ! » Préférant ne pas me mêler de leurs affaires, je restais en arrière avec La Toya qui pouffait. Je lui murmurais : « Il m'avait pourtant dit qu'il avait le droit !

-Bien sûr qu'on a le droit, mais à condition de prévenir maman ! Mike oublie toujours de prévenir ! »

Michael tentait de trouver une explication à notre absence car il se voyait mal dire que je lui avais montré la machine à remonter le temps : « Nous étions partis nous promener dans un parc à environ vingt kilomètres.

-Et tu as besoin de parcourir cette distance pour te promener dans un parc, toi ! » Michael haussa les épaules. « Bon allez, n'en parlons plus mais la prochaine fois que tu sors, essaies de m'en toucher un mot ! » dit Katherine en s'éloignant.

Michael resta tout bête pendant quelques secondes puis il nous regarda, La Toya et moi : « Sans commentaires, hein ? » Nous sommes pliées en deux de rire. Il ne paraît pas comprendre la raison de notre hilarité et change de pièce, outré.

Cet après-midi, La Toya et moi discutions tranquillement dans sa chambre quand elle me dit, complètement hors de notre sujet – en l'occurrence, les mecs : « Tu sais, dehors il fait aussi chaud qu'hier. Avec ta robe, tu vas crever de chaleur, en plus, elle est toute froissée. » Elle fouilla donc dans son armoire pour trouver quelque chose à ma taille. Elle en sortit une petite robe jaune à fines bretelles, très légère. Je la mis immédiatement, c'est vrai que je m'y sentis tout de suite mieux que dans ma robe. Et comme je suais des pieds – oui, je l'avoue – et que mes chaussures rouges avaient tendance à déteindre sur mes orteils, La Toya me dénicha une paire d'escarpins blancs à talons.

« Wouah ! J'adore cette tenue ! » m'exclamais-je

« -Bah, après tout, je peux te la donner, si ça te plaît autant !

-Quoi ! Tu plaisantes ?

-Pas du tout ! Ca me fait plaisir que ça te plaise !

-Génial, merci beaucoup ! » Je ne cessais de m'admirer dans son miroir, j'aimais vraiment ce nouveau style.

Michael entra brusquement dans la chambre : « Toya, t'aurais pas vu les baskets de Marlon … ! » Il s'interrompit en me voyant : « Oh…t'as un rendez-vous ?

-Non ! » fis-je en rigolant « c'est à cause de la chaleur.

-Tu disais, Mike ?

-Ah oui, La Toya ! Euh…Marlon a perdu ses baskets, tu sais, avec les rayures rouges ?

-Il me semble les avoir aperçues dans le salon, sous le canapé.

-Okay, merci. » et il sortit de la chambre pour rouvrir la porte juste après en me disant : « Viens voir ce qu'on fait au studio !

-J'arrive ! »

Au studio, Randy était au piano à son habitude et Marlon tapait sur une espèce de tam-tam. Ils faisaient quelques gammes. En entrant, Michael balança à Marlon ses baskets et il me dit : « Randy sait faire presque toutes les mélodies de Motown…qu'est-ce que tu voudrais qu'on joue, par exemple ?

-Ben…j'aime bien The Life Of The Party.

-Ah non, ça j'arrive pas, c'est trop compliqué ! » râla Randy « Trouve autre chose !

-Eh bien…I'll Be There, alors ! » Randy fit « Okay !» et Michael s'installa aux percussions et ils jouèrent tous et chantèrent la chanson. Ils n'avaient pas beaucoup d'instruments mais j'aimais beaucoup, surtout parce qu'avec la voix plus mûre de Michael, la chanson sonnait beaucoup plus sincère.

Tout à coup, celui-ci arrêta de jouer et demanda à ses frères de continuer un petit moment sans lui, puis il s'approcha de moi : « Tu ne chantes pas ?

-Non.

-Pourquoi ?

-Je ne sais pas chanter.

-Tu as essayé, au moins ?

-Oui.

-Et alors ?

-Et alors je chante faux.

-T'es sûre ?

-Mais enfin, que veux-tu que je te dise ? Oui, je chante faux et j'en suis sûre ! » Pour je ne sais quelles raisons, il voulait absolument que je chante avec eux.

« -Au moins une fois !

-Non, Michael !

-S'il te plaît !

-MICHAEL, N'INSISTE PAS ! Je te dis que je ne sais pas chanter, alors je ne chanterai pas ! J'aime beaucoup chanter un peu, mais seule ! » J'avais explosé si brusquement que Marlon et Randy avaient immédiatement cessé de jouer, stupéfaits. Pendant que Michael tentait désespérément de me convaincre de chanter, ils quittèrent discrètement le studio : « On va vous laisser, hein… »

J'essayais de me calmer : « Je chante faux, c'est clair ?

-Il n'y a pas de honte à chanter faux, enfin ! Personne n'est professionnel sans entraînement !

-Je vais te déchirer les tympans, hé !

-Mais non !

-Et puis je n'aime pas ma voix ! » Michael, à court d'idées, réfléchit un peu puis, résigné : « Tu ne veux vraiment pas essayer ?

-Non. Pas aujourd'hui en tout cas.

-Alors, je n'insiste pas… » Et il sortit.

Plus tard, je me mis à la recherche de La Toya pour un petit problème purement féminin que je rencontre environ tous les mois.

Je la trouvais dans la chambre de Michael, regardant la télévision aux côtés de ce dernier et de Janet.

« Euh…La Toya, je peux te demander un truc ?

-Ben ouais…

-Euh…en privé… » Elle se leva donc et sortit de la chambre : « C'est pour quoi ? » fit-elle en fermant la porte.

« -Eh bien…tu n'aurais rien pour…l'épilation des jambes ?

-J'ai de la cire.

-Euh…t'as rien d'autre ?

-Ben non ! » Elle prit dans sa chambre un pot de cire et descendit dans la cuisine, je la suivais.

Pendant qu'elle chauffa la cire au bain-marie, je lui expliquais : « Je n'ai jamais utilisé de cire !

-Oui, je comprends bien, mais je n'ai que ça !

-…

-Bon, je vais t'expliquer. » Et elle m'emmena dans sa chambre. « Assieds-toi et fais voir ta jambe. » Je m'exécutais, pas très à l'aise : « C'est pas trop chaud, au moins ?

-Non, ça refroidit assez vite. » Elle étala un peu de cire sur mon mollet, attendit quelques secondes, et la retira sans prévenir d'un coup sec. Je fus tellement surprise que je laissais échapper un cri de douleur. C'était super douloureux ! Enfin, au moins, les poils étaient arrachés.

La Toya entreprit de renouveler le tartinage de cire quand Janet et Marlon entrèrent brusquement dans la chambre : « Personne n'est blessé ? » s'écria Marlon, complètement paniqué. La Toya et moi nous regardions, interloquées : « Ben non, pourquoi ?

-On a entendu un cri horrible venant de ta chambre ! » Alors La Toya me regarda en rigolant : « C'est rien, c'est ça ! » dit-elle à Marlon en désignant la cire qui refroidissait sur ma jambe.

« -Ah, d'accord ! » Et ils partirent, rassurés. Dés qu'ils eurent quitté la pièce, nous nous mîmes à rire aux éclats : « Promis, je t'arracherais ça un peu moins brusquement ! » me dit La Toya.

Environ une demi-heure plus tard, elle avait terminé mes deux jambes. Celles-ci étaient à présent nettes et lisses…mais rouges ! Quand elle vit le résultat, La Toya me rassura : « T'inquiète pas, c'est normal…par contre, à ta place, je mettrais quelque chose de plus long parce que c'est pas très joli ! » et elle sortit un pantalon en jean pattes d'éléphant et une chemise blanche assortie : « Je te les prête, je ne te les donne pas, d'accord ?

-Dommage ! »

Après le dîner, nous étions tous dans le canapé devant la télé dans le salon, quand un garde dit à Katherine : « Monsieur Jackson est arrivé. » A ce moment, je sentis tout le monde se raidir et j'entendis la porte d'entrée s'ouvrir. Je sentais mon cœur battre un peu plus vite. J'entendis Joseph Jackson prendre son dîner avec sa femme en critiquant ses employés. La Toya me chuchota : « Ce n'était pas prévu qu'il rentre aussi tôt !

-Ouais, c'est rarissime ! » surenchérit Michael. Je les devinais aussi mal à l'aise que moi. Nous ne quittions pas l'écran de télévision des yeux pour autant – histoire de savoir qui de Cherryl ou de Teresa tomberait sous le charme de Steve.

Joseph entra alors : « Les garçons, on… » son regard tomba sur moi. J'avalais ma salive avec difficulté. Ce fut le moment le plus difficile de toute mon existence. « Euh…bonsoir monsieur Jackson. » réussis-je à balbutier. Quelques pénibles secondes de silence passèrent, lorsque Randy prit la relève : « C'est une fan de Michael. Ils sont devenus copains. » Joseph hocha la tête et quitta la pièce sans un mot. Tout le monde souffla de soulagement. « Merci Randy ! » dit Michael en soupirant. On entendit Joseph et Katherine discuter dans la pièce voisine avec Bill Bray puis leur père revint : « Les garçons, demain on fera une série de concerts à New York, à Chicago et ici à Los Angeles. Ca risque d'être éprouvant, alors demain matin, tout le monde se lève tôt, comprit ? » Il avait dit « tout le monde » en me regardant avec insistance. Michael aussi l'avait remarqué : « Ca veut dire que Lucile vient ? » lança t-il à son père. Celui-ci hocha à peine la tête et quitta de nouveau la pièce. Les garçons prirent ça pour un oui. « Génial ! » firent-ils d'une même voix. « Tu vas pouvoir rencontrer Jackie, Jermaine et Tito ! » dit Michael. « Ouaip ! Et tu verras ton chéri danser ! » ajouta Marlon en donnant une bourrade à Michael. Celui-ci fit tomber son frère aîné du canapé, ils roulèrent tous les deux par terre et entreprirent de s'enlever les chaussettes l'un de l'autre lorsque Katherine intervint : « Bon, les garçons, ça suffit ! Marlon, Michael ! Il faut vous coucher tôt, vous avez entendu votre père ? Vous devriez faire vos bagages ! » A ces mots, ils montèrent tous dans leurs chambres dans un grand brouhaha. J'allais les suivre, mais Katherine m'interpella : « Tu demanderas à La Toya de te faire un peu de place dans sa valise si tu veux ramener quelques affaires. Nous partons pour environ une semaine. Mais dis-moi, tes parents ne diront rien ?

Mes parents ne sont pas ici. » répondis-je. Bill Bray, derrière, me fit un clin d'œil. Je rejoins alors Michael qui préparait ses costumes de scène. J'étais folle de joie. « C'est exceptionnel qu'un invité vienne en tournée avec nous ! Même Janet et La Toya ne viennent pas habituellement, elles doivent être enchantées ! A oui, une chose : il ne faut pas écouter Marlon, il dit n'importe quoi ! » me dit-il. Je pensais que son frère n'avait pas forcément toujours tort…

« Tu régleras ton réveil sur quatre heures pour qu'il sonne.

-Mais il ne sonne pas, ce réveil !

-Comment ça ?

-Je te dis qu'il ne sonne pas !

-Fais voir. » Je lui apportais mon réveil et Michael l'examina : « Je ne suis pas Tito, mais je crois que tu as raison, il n'y a aucune sonnerie !

-Comment je vais faire pour me réveiller à l'heure, alors ?

-…je te réveillerais !

-Tu n'oublieras pas ?

-Je ferais sonner le mien plus tôt pour ne pas nous mettre en retard, ça te rassure ?

-D'accord, alors. Bonne nuit !

-Bonne nuit.