Je fus réveillée par des petites secousses. J'ouvris les yeux : Michael me secouait doucement l'épaule, ne sachant visiblement pas comment procéder autrement : « Allez, il est l'heure !

-Déjà, mais il fait encore noir !

-Je sais, c'est comme ça. Il est quatre heures moins le quart, lève-toi ! » Puis il quitta la chambre pour me laisser m'habiller. J'étais un peu tendue à l'idée de rencontrer le reste de la famille Jackson, aussi, je décidais de faire bien élevée en remettant le pantalon et la chemise de la veille.

« Tu n'as rien d'autre à prendre ? » me demanda Michael lorsque je sortis de la chambre.

« -Ben non, je n'ai pas d'autres choses à moi. Je n'ai que quelques vêtements et mon petit sac à main. Tu peux me passer un sac de voyage, s'il te plaît ?

-Tu devrais les confier à La Toya.

-Pourquoi ? Je peux tout aussi bien garder mes affaires avec moi, non ? » Michael leva les yeux au ciel : « Si tu insistes ! »

Lorsque tout le monde fut prêt et que ce fut l'heure de partir, on sortit et je rentrais dans une limousine avec Michael. Que c'était grand ! La Toya, Marlon et Randy nous y attendaient. Je fus plutôt soulagée de savoir que leurs parents et Janet avaient prit une autre voiture un peu avant nous.

Je fus amusée, avec les autres, d'observer les fans qui tentaient de rattraper la voiture en courant dés que nous prîmes la route. Ca faisait vraiment marrer Michael et Randy qui se mettaient à parier : « Regarde celui-là, comme il court vite !

-Non, celui avec sa casquette le rattrape ! Allez ! »

Finalement, notre limousine accéléra et les garçons durent se rasseoir. Quelques minutes plus tard, nous étions sur l'autoroute. Pendant que La Toya et moi nous amusions à saluer les passants et les voitures – qui ne pouvaient naturellement pas nous voir à cause des vitres noires – les garçons revirent le programme de leur petite tournée : « Bon, Tito, Jackie et Jermaine nous rejoindront à l'aéroport, après l'avion, on mange, puis on fait les répètes pendant toute l'après midi, on passe la nuit dans notre hôtel à New York. Le lendemain, répètes, repos l'aprém' et le concert à dix neuf heures à Central Park. On reste à New York deux jours puis on part à Chicago, même programme, et idem ici, Okay ?

-Ouais !

-Eh, t'as oublié que Jeff doit nous rejoindre à notre hôtel à New York !

-Ah oui, mais en fait, il vient avec Jermaine à l'aéroport ; il prend l'avion avec nous !

-Okay ! » Interloquée, je demandais à La Toya : « Qui c'est, ce Jeff… ?

-…Nigel Jefferson. C'est un copain à Marlon, il est invité sur notre tournée, un peu comme toi. Mais tout le monde l'appelle Jeff, parce qu'il n'aime pas son prénom.

-Ah…

-Un conseil : ne te fie pas à sa tête de beau gosse ; il couche avec tout le monde…Une fois, il est même sortit avec trois filles en même temps, je ne te raconte pas la confusion…

-Heu…oui, je tâcherai de m'en souvenir…»

Nous arrivâmes à l'aéroport…enfin, à ce que les garçons appelaient l'aéroport…Nous stoppâmes sur le côté de la piste de décollage. Des gardes du corps nous firent descendre de la voiture et nous accompagnèrent jusqu'au… « C'est un jet privé ?

-Nooonnn, c'est un avion tout à fait banal, mais nous montons de l'extérieur pour que personne ne nous voit ! » me répondit Michael. Je restais songeuse : « De l'extérieur…pour que personne ne vous voit ?… »

Au pied des marches qui menaient à la porte de l'appareil, Joseph, Katherine, Janet nous attendaient, mais aussi Tito, Jermaine et Jackie Jackson. Ces trois derniers furent plutôt surpris de me voir, mais Michael leur expliqua tout, ainsi qu'à Suzanne De Passe, une jeune femme employée par Motown (le look des garçons et l'idée de la coupe afro, c'était elle !) qui les accompagnait toujours en tournée. Quand ils me saluèrent, je remarquais un jeune homme avec eux, auquel je n'avais pas tout de suite fais attention, pensant qu'il s'agissait d'un steward. Ca devait être ce fameux Jeff. Il avait visiblement le même âge que Marlon, c'est à dire dix-sept ans. Ses yeux étaient un peu bridés, bien qu'il fut noir de peau. Il avait un duvet noir au-dessus des lèvres – ça fait super viril ! En fait, il n'était pas moche ; le seul truc un peu ridicule, c'était sa coiffure rasta, genre Bob Marley –mais sans le béret.

Pour saluer les garçons, il leur serra amicalement la main. Mais pour nous saluer, Janet, moi et La Toya, les filles, quoi ; il nous baisa la main ! Ca faisait très gentleman, mais n'était-ce pas trop exagérer ? De plus, lorsqu'il me prit la main pour l'embrasser, il me fixa les yeux très intensément, ce qui me mit mal à l'aise. En entrant dans l'avion – en première classe, naturellement – je m'essuyais discrètement le dos de la main sur mon pantalon. « Je peux m'asseoir à côté de toi, Michael ?

-Oui, bien sûr. » Et je m'assis donc à côté de lui, à ma grande joie.

Jeff, lui, s'installa – par hasard – au rang à côté de moi. L'allée nous séparait, heureusement, mais il me fit un clin d'œil en souriant. Je détournais la tête : Oh, mon Dieu !

« Quelque chose ne va pas ? Tu es toute pâle ! » s'inquiéta Michael en me dévisageant. Là-dessus, Marlon et Randy, qui étaient derrière nous, ainsi que Jeff et Jermaine – vingt-et-un ans quand même – éclatèrent de rire. Je ne compris pas tout de suite pourquoi, mais Randy m'indiqua que, avec Suzanne, j'étais la seule de race blanche.

« Michael, je t'ai dis que j'avais le mal de l'air ?

-Non, il ne me semble pas.

-C'est aussi ce que je me disais…

-Tu sais ce qu'il faut faire dans ces cas-là : te remplir l'estomac !

-Oh non, rien que l'idée de devoir manger quelque chose me donne envie de gerber !

-C'est normal, mais fais un petit effort ! Tiens, je vais te commander des cacahuètes. Ca t'occuperas et tu n'y penseras plus. En plus, ça passe tout seul ! » J'étais sur le point d'accepter quand, dans le rang à côté de moi, Jeff fit un truc qu'il n'aurait jamais dû faire : il imita quelqu'un en train de vomir. Alors là, je sentis ma bile remonter : « Mikeoùsontlestoilettes ?

-Au fond de l'allée, à gauche. » Et je m'y précipitais, sous les acclamations des garçons.

Lorsque je revins m'asseoir, Michael me demanda : « Ca va mieux, maintenant ?

-Un peu…

-Maintenant, il faut que tu manges, sinon, ça peut te reprendre à n'importe quel moment, et tu finiras par perdre ton énergie.

-Tu pourrais aussi me commander un verre d'eau ?

-Sans problème ! » Et pendant qu'il cherchait une hôtesse des yeux pour lui passer commande, je jetais un coup d'œil du côté de Jeff : il était complètement mort de rire et il disait à Tito : « Tu vois, t'es pas le seul à détester l'avion ! » Grrrr ! Je faisais une croix sur lui, tant pis si je venais juste de le rencontrer. Première phrase que je lui adressais, je lui lançais : « Tu trouves ça drôle ? »

Il se tourna vers moi, d'un air de dire qui c'est qui me sonne ? puis, après un moment de silence, il me dit en désignant son menton : « T'as encore un peu de dégueulis, là. » et il rigola de plus belle en se tenant les côtes. Je tâtais mon menton : il n'y avait rien, je m'étais bien rincée. Furieuse, je me tournais vers Marlon : « A ta place, je choisirais plus mes amis pour leur degrés de maturité ! » il ne comprit pas sur le coup, mais l'autre imbécile d' « ami » lui fit une grimace et il se plièrent en deux de rire.

Je m'affaissais dans mon siège en grignotant mes cacahuètes : « J'en ai marre… » C'est à ce moment que je distinguais un faible rire juste à côté de moi…Oh non !

« Michael, tu ne vas pas t'y mettre ?

-C'est rien, ce… c'est nerveux !

-Mais arrête, c'est pas drôle ! Je suis malade en avion, ça arrive à tout le monde ! Il n'y a vraiment pas de quoi rire ! » criais-je en me levant.

« -Non, c'est pas marrant ! » fit Jackie ironiquement, de l'autre côté de Michael. On entendit le rire étouffé de Jermaine, qui fini par rire à gorge déployée. Tout le monde éclata de rire, même La Toya et Janet. Je me rasseyais et mis ma tête dans les mains. J'étais dégoûtée.

Je restais cinq bonnes minutes ainsi. Je n'avais plus la nausée car mon verre d'eau m'avait effectivement alourdit l'estomac. Michael s'était calmé, ainsi que les autres. M'appuyant sur l'accoudoir, je piquais un petit somme.

Lorsque je me réveillais, j'avais l'impression d'être encore plus fatiguée. L'avion volait toujours.

« Quand est-ce qu'on arrive, Michael ?

-J'sais pas…j'peux prendre une cacahuète ?

-Sers-toi. »

Complètement affalé sur son siège, Jeff me lança : « Ca va, c'est pas trop dur à digérer, les cacahuètes ? » Je ne le regardais même pas. « …crétin… » Moi qui pensais sincèrement que les Noirs étaient plus intelligents que les Blancs, j'avais maintenant la preuve qu'ils pouvaient être aussi puérils. N'empêche que lorsque qu'il ne me provoquait pas, je pouvais deviner sans même le regarder que Jeff m'observait avec attention. A quoi jouait-il ?

Après une heure de vol, qui me parut une éternité, nous atterrîmes. Je me levais pour descendre, mais Michael me fit signe de me rasseoir : « Il faut attendre que les passagers en dessous de nous descendent d'abord. Un peu de patience. » Joseph passa dans les rangs pour nous indiquer dans quel ordre nous descendrons de l'avion pour entrer dans les limousines. J'étais dans la même limousine que Michael, Tito, Marlon et Janet, mais je me tapais également Jeff ! Pff… Et dire que j'étais pressée de descendre pour ne plus devoir le supporter ! J'étais servie ! Nous pûmes nous lever de nos sièges pour nous dégourdir un peu les jambes dans l'avion, mais en faisant le moins de bruit possible. Je m'étirais pendant que Michael baillait, quand Jackie le trouva et voulu lui montrer quelque chose à l'arrière de l'avion. Je n'y fis pas attention, continuant à m'étirer en marchant dans l'allée entre les sièges, lorsque ce fut le tour de Michael de m'entraîner où Jackie l'avait accompagné. Il me fis regarder par un hublot : « Regarde toute cette foule, c'est dingue ! »

J'entendis Jeff, derrière nous, resté assit à sa place : « Venez voir, il y a encore plus de monde de mon côté ! » Michael accourut, mais je préférais ne pas me frotter encore une fois à Jeff, et je continuais d'observer la foule d'admirateurs qui attendaient au pied de l'avion. Mais Michael vint me chercher : « Viens voir, comme c'est effrayant ! » et je dû le suivre jusqu'à Jeff. Celui-ci me regarda d'un air satisfait.

Michael se pencha vers son hublot, passant devant Jeff, puis il me fit signe de l'imiter, et je m'exécutais à contrecœur. Effectivement, ce côté de l'avion était entouré d'une bonne trentaine de personnes. Elles avaient dû être attirées par les limousines qui nous attendaient, cernées par les fans. Des policiers s'appliquaient à faire un barrage de leurs corps, afin de laisser un passage libre jusqu'aux limousines.

Dans la position dans laquelle j'étais, mon cou était juste au niveau de l'œil de Jeff. Pendant que Michael entreprenait de compter les personnes coiffées à l'afro, je pus voir dans le reflet de la vitre que Jeff avait les yeux à moitié fermés. Qu'est-ce qu'il a ? Ma beauté l'éblouit ou quoi ? Subitement, je réalisais que je pouvais sentir son souffle sur ma nuque ! Ce mec était en train de sniffer mon parfum ! Surprise, je me redressais brusquement. Michael, étonné de mon geste, se redressa aussi : « Quelque chose ne va pas ? » Je jetais un coup d'œil à Jeff : ce comédien était en train de regarder par sa fenêtre, l'air de rien.

« Je…je me suis tordu la cheville… » prétendis-je en me massant le pied. Michael fronça les sourcils : « C'est La Toya qui t'a prêté ces talons ? Ah, j'te jure, celle-là ! Bon, on va se rasseoir. On ne devrait plus tarder à sortir, maintenant ! J'espère que ta cheville ira très vite mieux, parce qu'il faudra qu'on se dépêche ! »

Quelques minutes après, nous étions prés de la porte ouverte de l'avion. Bill Bray, dehors, organisait les rangs de policiers qui tentaient non sans mal de maintenir un petit couloir d'accès jusqu'à la première limousine. Un à un ou deux par deux, les frères sortaient de l'avion, descendaient les marches et se dépêchaient de monter dans la limousine, parfois après avoir signé quelques autographes.

Lorsque la première limousine fut pleine, elle partit, une seconde la remplaça rapidement, et ainsi de suite. C'est ainsi qu'il ne resta plus qu'à Michael et moi de monter dans la dernière limousine. Avant de sortir, Michael me mit hors de vue de l'extérieur, et sortit une paire de lunettes noires de sa poche : « Tiens, mets ça !

-Pourquoi ? Je ne suis pas une célébrité, moi !

-C'est à cause des journalistes ! » me répondit Suzanne De Passe, qui était restée avec nous et qui se préparait à prendre un autre taxi. Michael acquiesça : « Rien que le fait de te voir avec nous va leur faire écrire des choses pas claires ! Je ne veux pas que tu sois dans la presse à scandales ! »

Je mis les lunettes, et il me prit la main : « Maintenant, on va sortir…ne me lâche pas et ne traîne surtout pas ! » Nous avançâmes devant l'escalier et il se tourna vers moi : « Une dernière chose : n'écoutes pas les filles : la jalousie les rend cruelles… »

Je pris mon souffle, et nous descendîmes les marches le plus vite que nous pouvions, Michael me tenant fermement la main. Il marchait très vite et j'avais du mal à garder le rythme. Mon cœur battait très fort, et je m'appliquais à marcher droit pour ne pas me tordre la cheville pour de bon. Mais pourquoi j'avais mis les chaussures à talons ? Malgré le conseil de Michael, je ne pus m'empêcher de prêter une oreille à ce que les fans hurlaient : « Michael, Michael ! Oouhou ?

-Michael, un autographe, s'il te plaît !

-Je t'aime, je peux te toucher ?

-Mais pourquoi il s'arrête pas ?

-Tu vois pas, il est avec une fille !

-C'est qui ?

-Sa fiancée !

-Ah non ! C'est moi sa fiancée !

-La sale pute, comment elle nous le pique !

-En plus, elle est blanche ! »

S'en suivit des insultes plus racistes les unes que les autres…Toutes ces méchancetés me blessèrent et, déconcentrée, je fis un pas de travers et failli perdre ma chaussure. Michael m'aida à me relever aussi vite qu'il put, puis il me fis passer devant lui et me poussa dans la limousine. Il se jeta à côté de moi, referma la portière et la voiture démarra. Ouf ! Une fois en sécurité, je retirais les lunettes de soleil et les rendis à Michael : « La vache, c'est stressant ! J'ai bien cru que j'allais y rester ! » Michael m'observa avec attention et fronça un peu les sourcils : « Tu les as écoutées, hein ? Ce sont elles qui t'ont fait perdre ton contrôle !

-En effet…Michael, c'est horrible ce qu'elles m'ont dit !

-Je sais ! C'est chaque fois la même chose lorsqu'une fille nous accompagne ! Lorsque Jermaine s'est marié, par exemple, elles lui ont envoyé des lettres très méchantes ! C'est de la pure jalousie ! C'est pour cela que tu ne dois pas les écouter !

-J'essayerais de m'en souvenir ! »

C'est à ce moment que je me rendis compte qu'on était pas seuls dans la limousine : J'avais oublié que Tito, Jeff, Janet et Marlon étaient avec nous. J'avais l'habitude de Janet, j'aimais bien Marlon et je ne supportais pas Jeff, mais Tito m'intimidait. Cependant, il engagea une conversation et se montra extrêmement gentil avec moi. Il me demanda notamment si j'étais vraiment française. Comme je lui répondis par l'affirmative, il me demanda poliment comment on disait « jouer de la guitare » dans ma langue. Jeff ajouta : « Et comment on dit être malade en avion ? ». J'essayais de ne pas y faire attention, mais Marlon lui lança : « Bon, c'est bon tes blagues ! Ca suffit, maintenant !

-Merci, Marlon ! » dis-je en souriant. Il me rendit mon sourire. Je pense que ça devait être une façon de se faire pardonner pour l'autre jour, où il avait fortement vexé Michael.

Marlon avait vraiment produit un miracle : Jeff n'ouvrit plus sa gueule de tout le trajet !

Nous arrivâmes à l'hôtel. Nous descendîmes des limousines, escortés par les gardes du corps, et on se dépêcha d'entrer. Joseph, Katherine, La Toya, Randy, Jermaine et Jackie nous attendaient à l'accueil.

Joseph nous fit monter à l'étage – on avait tout l'étage à nous tous seuls ! – et il choisi nos chambres.

Il m'appela : « Toi, tu dors là. » me dit-il en poussant la porte d'une chambre avec deux lits, plutôt jolie.

« Voyons, tu la partageras avec… » je me tournais naturellement vers La Toya. « …Jefferson ! » Quoi ! « Partager une chambre avec un garçon ? » bredouillais-je. Et ce garçon ? Joseph m'ignora et murmura quelque chose à Suzanne qui cria à la cantonade : « Bon allez, les gars ! Vous avez dix minutes pour ranger vos affaires et après, on file faire les répétitions ! » Au moins un truc agréable dans la journée : j'allais pouvoir les voir répéter leurs chorégraphies ! Je me réjouissais trop vite.

« On reste ici, nous. » me dit La Toya.

« -Ah… » J'étais un peu déçue. J'accompagnais Michael et les autres Jackson Five jusqu'à l'entrée de l'hôtel : « Bon ben, à ce soir, alors…

-Ouais…

-…vous mangez là-bas ?

-Ouais… » Michael aussi avait l'air un peu déçu. « Allez, va ! Tu nous verras au concert ! » me consola Jermaine avant de sortir, suivit par Michael qui m'adressa un dernier sourire forcé. Visiblement, ça ne l'enchantait pas des masses d'avoir à danser la même chose toute la journée…

Je remontais dans ma chambre d'hôtel. Jeff était en train de ranger tranquillement ses affaires dans notre armoire : « J't'ai laissé une petite place, dans ce coin.

-Merci, t'es trop bon ! »

Après avoir demandé mes affaires à La Toya, je les installais dans la « petite place » que m'avait si généreusement laissé Jeff. Il n'avait même pas terminé de ranger ses fringues. Il en avait une bonne vingtaine et je me demandais comment il avait réussi à tout mettre dans une seule valise. En pliant mes vêtements, je soupirais : j'avais pris l'habitude le voir Michael à mes côtés et il me manquait déjà ! Je n'avais pas encore réalisé que l'autre me fixait comme un malade et je manquais de sursauter lorsqu'il m'adressa la parole : « Je me demande quand même pourquoi tu n'as pas l'air de m'apprécier ?

-Tu rigoles ? Non mais attends, tu ne te rends pas compte de la façon dont tu te paies ma tête depuis qu'on se connaît !

-Boah ! …c'est juste pour rigoler ! C'est pas méchant ! …

-Mais oui ! Où avais-je la tête, c'est vrai que c'est toujours pour rigoler ! C'est jamais méchant !

-Pourquoi tu t'énerves ainsi ? Qui se moque de toi ?

-Je sais qu'on se fout de moi derrière mon dos ! Ca te surprends tant que ça, que je suis susceptible ?

-Ben ouais, quoi…

-T'as pas vu ma tête ? Mes boutons ? Ma taille ? Mon pif ? Mes…

-Oui, bon, ça va ! T'es complexée, j'ai compris ! Mais, réponds-moi, qui t'a dit que t'étais laide ?

-Personne. Je le sais, c'est tout. Je ne me trouve pas belle, c'est suffisant. »

Jeff se mit à me regarder de haut en bas : « C'est ridicule ! T'es pas moche ! En fait, t'es plutôt… » son regard s'attarda sur mon décolleté : « …mignonne ! »