Mon séjour avec l'autre voyeur était mal partit : à partir du moment où je compris qu'il était intéressé par mes formes, je faisais mon possible pour ne pas me retrouver seule dans une pièce avec lui. Ce n'était pas une mince affaire, vu qu'on partageait la même chambre !

Pendant le repas de midi, mes doutes se confirmèrent : ayant réussi à se retrouver à côté de moi, il me collait excessivement, et moi, n'appréciant pas beaucoup le contact, je me décalais ! Mais il me re-scotchait et ainsi de suite, si bien que nous nous retrouvâmes au milieu de la table. Tout le monde avait pigé son manège, sauf Katherine qui feignait l'indifférence totale – mais qui nous regardais du coin de l'œil quand même ! De mon côté, je voulais disparaître…Michael, pourquoi tu n'es jamais là quand il le faut ? …

L'après-midi, ce fut encore pire : comme il nous était déconseillé de sortir de l'hôtel – du moins, sans au moins deux gardes du corps nous accompagnant – nous restions enfermés dans nos chambres, et c'est tout juste si l'on pouvait changer de pièce.

Au début, je m'étais mise dans l'idée de lire la petite pile de magazines et de journaux posés sur notre armoire à notre intention. Mais à la fin, j'en eu marre et, fatiguée par l'ennui, je m'allongeais sur mon lit, le nez dans l'oreiller. Pendant tout ce temps, Jeff était resté assis sur son lit, lisant la même page depuis tout à l'heure. Je le soupçonnais de m'observer entre deux lignes, mais, après tout, je m'en foutais royalement. Jusqu'à ce qu'il crut bon bavarder : « Tu me trouves comment ?

-Chiant.

-Non, mais je veux dire, physiquement ?

-Chiant.

-Ca veut dire que je ne te plais pas ? » J'attendais cette question. Je ne levais pas ma tête de l'oreiller, ma voix était donc nasale et étouffée –comme lorsqu'on parle la tête dans un oreiller, en fait…

« -Exact.

-Toi, tu me plais ! » Je me sentais rougir. Bien que je m'attende à cette réponse, je n'avais pas du tout l'habitude des compliments, surtout aussi directs. Mais, pour je ne sais quelle raison, dans la bouche de Jeff, ce compliment devenait presque une injure.

« -Tu as bien de drôles de goûts ! » je répondis, le nez toujours dans le coussin.

« -Excuse-moi, mais je n'ai jamais de drôle de goûts ! Si tu me plais, c'est que tu es forcément intéres…euh…attirante ! » Je me levais d'un bond : « Oh, ça va, hein ! J'ai bien vu que tu n'arrêtais pas de loucher sur ma poitrine et sur mes fesses ! Tu mérite bien ta réputation ! Ca t'es égal que je sois belle ou laide ! Le principal, c'est que je sois bien roulée, hein !…tout ce que tu veux, en fait, c'est coucher avec moi ! …Eh ben, demande à quelqu'un d'autre, parce que t'es pas mon genre !

-Ah ouais ! Sache, mademoiselle la pucelle, qu'aucune fille ne m'a jamais refusé ses faveurs !

-Il faut bien un début à tout ! »

Se levant brusquement, il mit ses mains sur mon lit, de chaque côté de mes jambes, et approcha son visage si prés du mien que nos nez se touchaient presque. Je l'avais vexé : « Et c'est quoi, ton genre ? » Il fit d'un ton presque menaçant. Je ne me laissais pas impressionner : « Pas les gros prétentieux pervers comme toi, je te rassure ! » Il me poussa et s'approcha plus de moi. Je me retrouvais presque allongée sur le dos, prenant appui sur mes coudes. Jeff était pratiquement allongé sur moi : « C'est qui, alors ! » Je tentais de le repousser, en lui répondant comme une menace : « Michael ! » Il se redressa, et, se dirigeant vers la porte à reculons, en souriant, il dit : « Michael ? J'aurais dû m'en douter ! Ca se voyait trop que tu l'adorais ! » Puis il réfléchit quelques secondes, et son sourire s'effaça un peu : « Mais pourquoi lui ? C'est vrai, c'est pas sérieux ! Regarde-moi : je suis déjà au moins mille fois plus beau que lui !

-Ce n'est pas ton physique de beau parleur qui me fera craquer ! J'aime Michael pour sa beauté intérieure principalement. Et de ce côté, tu n'as pas grand chose ! »

-Avec un air triste et furieux en même temps, il s'approcha de la porte pour sortir. Il posa sa main sur la poignée et me regarda : « C'est parce que tu ne me connais pas !

-Je pense avoir appris le plus important sur toi il y a quelques minutes, et je pense que ça suffira ! »

Il ouvrit la porte, sortit dans le couloir, et se retourna une dernière fois vers moi avant de refermer la porte derrière lui : « Et puis, en plus, je t'aime, moi ! Et Michael ne t'aime pas ! » Je lui répliquais en me levant : « Si tu m'aimais pour autre chose que mon physique, tu m'aiderais, au lieu de me faire de la peine ! »

Il claqua la porte derrière lui.

Je restai assise sur mon lit pendant plusieurs heures, songeuse. Jeff m'avait un peu attristée : « Michael ne t'aime pas » m'avait-il dit…Et s'il avait raison ?

Vers dix-neuf heures trente, je fus heureuse d'entendre frapper à la porte de notre chambre. Déjà là, je pouvais être sûre que ce n'était pas Jeff (il ne frappe jamais). Puis, j'entendis une voix agréablement familière demander : « Je peux entrer ? »

Michael entra. Je dus difficilement me retenir de me précipiter dans ses bras, mais je lui offrit mon plus beau sourire. Il me le rendit : « Je vois que je suis le bienvenu ?

-Oh oui ! Cette journée a été si longue ! » La Toya passa sa tête dans l'ouverture de la porte : « Le dîner est servi ! »

En descendant à la cantine de l'hôtel, je demandais à Michael : « Est-ce que tu ne pourrais pas plutôt t'asseoir à côté de moi ?

-Bien sûr que si, pourquoi ?

-Pour ne pas que… » A cet instant, je vis Jeff descendre nous rejoindre. Je soufflais à Michael : « Je te l'expliquerai plus tard. » Il me regarda d'un air étonné, puis jeta un coup d'œil à Jeff, remarquant que je m'étais interrompue après l'avoir aperçu.

A table, je m'arrangeais pour me retrouver entre Michael et Marlon, et en face de La Toya. Ainsi, Jeff dû se contenter de s'asseoir à côté d'elle.

Que cela faisait du bien de revoir des visages familiers après tant d'angoisse ! La cerise sur le gâteau, c'est que Katherine et Joseph mangeaient à une table plus éloignée de la notre, je ne subissais donc pas le regard noir de Joe.

Après manger, je désirais parler de Jeff à Michael : « Tu ne connais pas un endroit où l'on pourrait discuter en privé ?

-Eh bien…dans ma chambre !

-Tu la partage avec qui ?

-Avec Janet et Jackie. Mais il prend sa douche – et il met toujours trois heures – et Janet dort déjà. On n'y sera pas dérangé ! »

Assise sur le lit de Michael, et lui à côté de moi, je lui racontais ma journée : « Voilà, il y a un gros problème avec Jeff, là...

-Ah oui ? Lequel ?

-Ben, en fait, il paraît que je lui plais… » Il resta silencieux pendant quelques secondes, puis il haussa les épaules : « Et alors, que veux-tu que je te dise ? Tant mieux pour toi !

-Tu…tu le penses vraiment ?

-Bah oui ! Je ne vois pas du tout où est le problème !

-En fait, il est beaucoup trop direct !

-Et alors ?

-Mais je ne l'aime pas !

-Pourquoi, s'il t'aime ?

-Michael, ne fais pas semblant de ne pas voir !

-Pas voir quoi ?

-Que c'est toi que j'aime !»

Michael baissa la tête, sans avoir l'air surpris. Je ne savais pas s'il rougissait parce qu'il faisait sombre dans la pièce, les rideaux étant fermés. Il réfléchit. Un silence gênant régnait depuis quelques minutes, lorsque Michael me dit : « Tu veux bien sortir, s'il te plaît… » Il me parlait sur ce ton qu'il prenait lorsqu'il était vexé. Jamais il ne l'avait utilisé avec moi. Je lui répondis, interloquée : « Ben... pourquoi ?

-Sors, s'il te plaît…

-Mais pourquoi, qu'est-ce que j'ai dis!»

Cette fois, Michael se leva, me prit le bras, m'obligeant à me lever et me fit sortir de sa chambre, presque brutalement : « Je te demande de sortir, sois gentille, ne poses pas de questions ! »

Lorsqu'il ferma la porte de sa chambre, je restai con quelques secondes, choquée. Je croisais Jackie, les cheveux trempés, qui rentrait dans la chambre que je venais de quitter de force, qui me demanda : « Tu en fais une tête, ça va? » puis je me précipitais dans ma chambre, me jetais sur mon lit et pleurais…

Je n'avais jamais vu Michael dans cet état, je ne le reconnaissais pas…où était mon Michael ? Celui qui me souriait à chaque fois que je lui parlais, celui qui était toujours là pour me consoler, si doux avec moi ?

En fait, je n'étais pas vraiment triste parce qu'il avait haussé la voix, mais parce que je ne comprenais pas pourquoi il avait agit ainsi.

J'entendis Jeff, à côté de moi, me dire : « Alors, t'as finis par lui dire que tu l'aimais ? Et il a mal réagi !

-Oh, toi, le rasta, n'en rajoute pas ! » Je m'attendais à ce qu'il déclare qu'il m'avait prévenu, que Michael ne m'aimait pas, qu'il valait mieux que lui, etc. . Mais il n'en fit rien : « Tu sais, je pense que s'il a réagit ainsi, c'est parce qu'il t'aime ! » Je m'arrêtais de pleurer et le regardais : « Tu crois vraiment ?

-Ben, j'dois dire – sans me vanter – que je suis un pro dans ce domaine…. et d'après ce que crois, cette soudaine agressivité peut effectivement être une conséquence, plutôt étonnante, de son amour envers toi…Ou bien, il te hait vraiment ! » ajouta t-il avec un petit sourire.

Je sentis un petit quelque chose se rallumer dans mon cœur…non, je ne crois pas que Michael me haïsse…

Je séchais mes larmes.

« Ah, tu souris enfin ! Je commençais à désespérer ! » s'exclama Jeff. Je changeais de sujet pour ne pas que ça devienne un chapitre trop sentimental : « Dis…tu peux te retourner, que je mette ma chemise de nuit ?

-Sans problème ! » Tu parles ! Pendant que j'enfilais ma chemise de nuit, il fut prit d'un intérêt soudain pour les tableaux qui, par hasard, se trouvaient de mon côté. Quand je l'interpellais sur un ton d'engueulade, il fit l'air ahuri du caïd de la classe surprit en train de couper les cheveux de sa voisine : « Quoi ?

-Je t'avais demandé de te retourner !

-Mais c'est pas toi que je regardais !

-Mais oui, je sais, ce sont de très beaux chefs d'œuvres mais tu pouvais les contempler à un autre moment, non? »

Je me glissais dans mon lit et j'éteignis ma lampe de chevet. Je tentais de trouver le sommeil, mais Jeff laissait sa lumière allumée. « Jeff, éteints !

-Je peux t'aider !

-Hein ? A quoi faire ?

-Pour ton Michael, je peux t'aider à le conquérir !

-Mais puisque tu dis qu'il m'aime…

-Oui, mais il faudrait qu'il te dévoile lui-même ses sentiments ! Je peux te donner des conseils sur les habitudes à prendre !

-Qu'est-ce qu'il faut faire ?

-Alors, je t'aide ou non ?

-Ben ouais…

-Okay ! On commence demain ! » Et il éteint sa lumière. Je vais enfin pouvoir m'endormir. Quelle journée ! …

Le lendemain matin, je prends mon petit déjeuner avec La Toya et Janet. Michael n'est pas là, les garçons sont partit tôt pour les répétitions. « Ils rentrent à quelle heure ?

-Vers onze heures et demie. Ils mangent ici et ils restent se reposer pendant l'après-midi. Le concert est à dix-neuf heures ce soir, tu t'en souviens ?

-Ah oui, ça me revient…ils en ont parlé, hier, dans la voiture. »

Je me levais de table et, passant ma main dans mes cheveux, je m'aperçu qu'ils commençaient à graisser. Je me mis donc à la recherche d'une éventuelle salle de bains. J'en trouvais une prés de la chambre des parents. Zut ! Le verrou est cassé ! J'espère que personne n'entrera…voyons, tous les garçons sont partis, au moins !

Tous ? Non ! (« un petit village gaulois résiste encore et toujours à l'envahisseur… »)

« Jeff, tu n'entres pas dans la salle de bain, ça ferme plus à clef ! » Il leva les yeux de sa bande dessinée et me fit un petit sourire : « Okay ! » Pourquoi il a sourit comme ça ? Bah, il essaie probablement de faire son mystérieux ! De toute façon, il n'osera jamais entrer s'il sait que j'y suis…pas vrai ?

En entrant dans la salle de bains, je fus émerveillée par la décoration : des couleurs partout et une grande baignoire avec des savons partout ! Il y avait même des bains moussant ! CA, c'est un hôtel quatre étoiles !

Pendant que le bain coulait, je me déshabillais…tout de même, cette porte ! Pour me rassurer, j'entassais mes vêtements contre la porte en espérant que ça la bloquerait un peu.

J'entrais dans la baignoire, puis j'entrepris de me laver les cheveux, quand j'entendis la porte s'ouvrir…c'est pas vrai ! « JEFF ! Sors d'ici tout de suite ! Je t'avais dis de ne pas entrer ! » Je fus bien contente à ce moment d'avoir mis deux tonnes de mousse dans le bain. Jeff me répondit en traînant les pieds : « S'cuse…j'avais oublié… » Il mit deux plombes à sortir (« Joli, cette salle de bains… ») en regardant autour de lui, et il quitta enfin la pièce.

« -C'est ça, ouais… » je marmonnais. Mais quel obsédé, ç'ui-là, alors ! Il a oublié, bien sûr – et la marmotte elle met le chocolat dans le papier d'alu ! Il en rate pas une !

Je sortis rapidement de mon bain, avant que môssieur n' « oublie » encore une fois, et je me rhabillais en vitesse.

Je me rendis dans la chambre : Jeff avait reprit la lecture de sa BD, en faisant comme si de rien n'était, comme d'habitude. « Dis, tu l'as fais exprès, ou quoi ?

-J'te dis que j'avais oublié !

-Et tu crois que je vais avaler ça ?

-Tu veux que je t'aide, oui ou non ?

-Oui, mais je ne vois pas le rapport avec…

-Et bien si tu veux plaire à ton Michael, il faut que tu apprennes à accepter qu'un homme te voit nue ! » Je manquais de m'étrangler : « Quoi ! Là, c'est carrément violer mon intimité, ce que t'as fais ! Il n'y a pas plus pudique que moi et je refuse totalement que quiconque entre dans la salle de bains quand je me lave !

-Vraiment ?

-OUAIS !

-Très bien, tu l'auras voulu ! »

Il sortit une liste de dessous sa BD et traça un zéro en face de « Accepte de se montrer nue ».

« -Ah ouais, tu perds pas ton temps, toi : t'as carrément fais une liste !

-Comme tu vois ! Appelle-moi le professeur de l'amour ! » me répondit-il en sortant de la chambre.

Je retire ce que j'ai dit : il n'est pas obsédé…il est complètement cinglé !

Comme l'avait dit La Toya, les garçons rentrèrent à l'hôtel à midi pour manger.

Le repas se déroula en silence. Je n'osais pas regarder Michael après ce qui s'était passé la veille au soir, il vint cependant me voir après le déjeuner. De nouveau, nous montâmes dans sa chambre. Il me fit s'asseoir sur son lit et me dit : « Je voulais m'excuser de t'avoir brusquée, hier soir…

-Ce n'est rien, Michael, mais est-ce que ça veut dire que tu…

-J'ai dis que je m'excusais, je te demande seulement de ne plus aborder ce sujet, d'accord ? » me coupa t-il. Je baissais la tête : « Entendu…

-Bien…tu peux sortir… »

Je sortis donc…que penser ? M'avait-il réellement pardonné ? Il continuait à me parler sur ce ton froid que je n'aimais pas, cela signifiait peut-être qu'il m'en voulait toujours. Il fallait que j'en aie le cœur net ; je retournais dans sa chambre : « Michael, je demande ton pardon…tu m'en veux toujours ?

-Non, pourquoi cette question ?

-Change de ton s'il te plait…tu me fais peur…

-C'est ridicule, enfin ! Je te dis que c'est oublié, mais… » Il s'interrompit en devinant que je me retenais de pleurer. Je n'arrivais pas à empêcher mes yeux de s'humidifier. Michael s'avança vers moi et mit ses mains sur mes épaules, le regard plein de compassion : « Ne t'en fais donc pas ainsi ! Je t'assure que je ne suis pas fâché !

-Mais…ta voix… ! » réussis-je à articuler.

« -C'est le stress pour ce soir ! Chaque fois qu'on a un concert, je suis énervé et ma voix devient dure ! Ca n'a rien à voir avec toi ! …Allez, va ! Cesse de te torturer l'esprit pour ça… »

Lorsque je sortis de sa chambre le cœur léger, j'étais heureuse : il ne m'en voulait pas !

En attendant le concert, le temps ne passait pas assez vite pour les garçons. Alors ils s'occupaient comme ils pouvaient. Et lorsque ce sont eux qui décident du programme, l'ordre principal c'est blagues en tous genres : Bill se prit un seau d'eau, astucieusement coincé sur le haut d'une porte entrebaîllée par Jermaine et Marlon, sur la tête, et les garçons passèrent deux bonnes heures à remplir des ballons d'eau pour les lâcher du balcon. Je dois avouer que c'était assez marrant. Michael adorait ça, à chaque fois qu'on entendait le ballon s'écraser par terre ainsi que les protestations des passants, il était plié en deux de rire. A un moment, il remplit un gros ballon, alla me retrouver sur le balcon, et me le tendit : « Vas-y, essaie, c'est super marrant !

-Non, Mike, je n'oserais jamais !

-Juste une fois !

-Je te laisse faire, c'est toi le pro !

-Tu ne risque rien, ici ! Personne ne nous voit, profites-en ! »

Il me tendait le ballon, qui dégoulinait d'eau. Je le regardais : il attendait patiemment. Le silence s'était fait autour de moi, ses frères me regardaient. Alors je pris le ballon, m'approchais du bord du balcon, suspendis la bombe au-dessus du vide et, après hésitation, le lâchais dans un grand moment de suspense, qui dura jusqu'à ce qu'on entende le ballon s'écraser. Tous les garçons m'acclamèrent : « En plein dans le mille ! T'as visé le vieux ! » Michael rigolait en me regardant. Attirée par nos rires, La Toya vint sur le balcon, mais presque au même instant, on entendit Suzanne arriver : « Que se passe t-il, ici ? Il y a de l'eau partout ! » Alors Randy mit son dernier ballon dans les mains de La Toya et nous nous dépêchâmes de changer de pièce en laissant La Toya seule avec son ballon d'eau dans les mains, toute étonnée.

Le soir venu, nous nous préparions enfin pour le concert des garçons. J'avais hâte de les voir chanter. En plus, d'après La Toya, on pourra les voir des coulisses ! Ce sera la première fois de ma vie que j'assisterai à un concert, et la dernière fois que je verrai les artistes de si prés !

Nous y allâmes en limousine. J'étais enthousiasmée à l'idée d'entrer par « l'entrée des artistes » ! Naturellement, nous ne suivîmes pas les garçons dans les vestiaires, mais je pus tout voir de la façon dont on coiffait les Jackson Five à l'afro. Michael en ressortit beau comme un dieu, vêtu d'une chemise avec des fleurs énormes, d'un pantalon pattes d'éléphant rayé et de chaussures à plates formes. Je l'avais déjà vu ainsi sur les photos, mais en vrai, c'était encore plus impressionnant ! Il me confia qu'il avait un trac abominable…alors, lentement, je lui pris la main et la posais à l'endroit de mon cœur pour lui faire comprendre que j'étais aussi perturbée que lui. Il n'osa pas tout de suite poser sa main sur mon torse, mais, finalement, il posa ses doigts entre mes seins. Comme ses doigts étaient proches de mon cou et qu'il était incapable de rester sérieux, il fit semblant de m'étrangler et je le repoussais en le chatouillant – vous ne savez pas à quel point il est sensible aux chatouilles ! Nous finîmes par nous calmer, et Michael me serra dans ses bras. Je fus surprise par son geste, mais que voulez-vous…j'en ai tellement rêvé…et à mon tour, me mis mes bras autour de son cou. C'est alors qu'il me murmura à l'oreille : « Merci d'être avec moi ! » Je fus très touchée par ces mots, mais nous entendîmes le présentateur : « Maintenant, mesdames et messieurs, veuillez applaudir les Jackson Five ! »

Michael se sépara de moi en me souriant et rejoignit ses frères qui montaient sur scène sous les applaudissements du public.

Je rejoignit Janet, Jeff et La Toya qui s'étaient placés dans les coulisses de sorte qu'ils pouvaient les voir sans être vus. La musique se mit en route et les fans se mirent à crier. C'était partit.

Les garçons chantèrent I'll Be There, Dancing Machine, Ben, ABC, The Love You Save, Got To Be There et finirent par I Want You Back.

Tout le long du show, je fus très impressionnée par Michael. Il était tout bonnement génial. Je ne voyais que lui exécuter parfaitement les pas de danse, ses incroyables performances vocales, et tenir son micro de cette manière si inimitable…C'était réellement éblouissant.

Lorsqu'ils terminèrent de chanter I Want You Back, ils saluèrent et retournèrent dans les coulisses. A l'instant où Michael me retrouvait, il était essoufflé, mais ils furent rappelés par le public. Michael eu juste le temps de m'adresser un signe de la main et les frères remontèrent sur scène pour entonner Never Can Say Goodbye. A mes côtés, La Toya s'exclama : « Ils sont géniaux, hein ? Surtout Mike ; je ne sais pas ce que tu lui as dis…ou fais, mais il est incroyable ce soir ! » Je ne répondis pas, trop occupée à me laisser porter par la mélodie. La voix de Michael, amplifiée par les micros, me faisait rêver.

Aussi, quand ils eurent terminé la chanson, je ne pus m'empêcher d'applaudir avec le public. Michael s'approcha de moi. Je pris ses mains que je serrais dans les miennes. Nous étions tous les deux en train de sourire aux anges. « Alors, c'était comment ? » me demanda Michael

« -C'était génial ! Tu as été extraordinaire ! » lui répondis-je, enthousiaste.

« -Vraiment ? Tu n'as pas été trop déçue ?

-Pas du tout ! C'est la première fois que je te vois en concert, et vraiment, c'était encore mieux que ce que j'avais imaginé ! Tes fans ont bien de la chance ! » Michael rigola un peu :

« -Merci, mais pourquoi tu dis ça ? Tu n'es pas une de mes fans ? » Mon sourire s'effaça et je baissais la tête : « …Je voulais dire…les fans qui grandiront en même temps que toi… » Michael me regarda et des larmes brillèrent dans ses beaux yeux. Il passa sa main sur ma joue : « Ne pense pas à ça…pense au présent…nous sommes ensemble en ce moment…c'est le principal ! »

Je hochais la tête.

« -Hé Ho, Mike ! Tu comptes te changer aujourd'hui ou quoi ! » appela Marlon depuis les vestiaires. Michael m'embrassa sur le front et le rejoignit.

Je restai seule quelques secondes, un peu attendrie par ce qu'il venait de me dire et un peu abasourdie par son baiser, quand une main se posa sur mon épaule. Jeff me fit face : « J'suis resté derrière vous et j'ai pas pu m'empêcher d'écouter votre conversation. C'est bien émouvant tout ça, mais j'ai pas compris un truc : pourquoi t'as dis que tu ne grandiras pas en même temps que lui ? Vous avez à peu prés le même âge, non ?

-…Pas vraiment… »