Nous rentrâmes assez tard à l'hôtel, mais Joe Jackson, l'air furieux, réunit les garçons et Suzanne dans sa chambre.

« Va te coucher, je ne pense pas que ça te concerne. » me dit Michael. Jermaine ajouta tout bas : « On te racontera ! »

J'allais donc dans ma chambre. Je me changeais et j'attendis dix minutes environ et les Jackson Five entrèrent dans notre chambre. Ils avaient l'air énervé et je pensais à ce paaaauuvre Jeff qui venait de s'endormir.

« Alors ? » demandais-je.

« -La tournée à été annulée !

-Hein ?

-Nos concerts à Chicago et Los Angeles ont été annulés…

-…pour cause de manque de billets vendus ! » termina Randy. Je n'en croyais pas mes oreilles : « Vos concerts ont été déprogrammés parce qu'il n'y aura pas assez de public !

-Ouais !

-Mais…c'est débile !

-On sait, mais c'est pas nous qui décidons ! » répondit Jackie en haussant les épaules. Puis il se tourna vers Jermaine : « Et toi, tu pourrais pas aider un peu tes frères ? Après tout, Gordy c'est ton beau-père !

-Eh ho ! Mélange pas, tu veux ! Le mariage c'est une chose, le groupe, ç'en est une autre ! Et puis ce n'est pas parce que j'ai épousé Hazel que je dois aller frapper à la porte de son père chaque fois qu'on a un problème ! Et puis vous pouvez aller lui causer aussi, vous !

-Oui, mais c'est pas sûr qu'il nous écoute !

-Oh, du calme les gars, on va pas se disputer pour si peu ! Après tout, les concerts en moins, ça nous fait des vacances, non ? Alors les places en moins vont aller se faire voir, et nous, on rentre chez nous ! » s'exclama Marlon. J'ajoutais mon grain de sel à ce débat : « Oui, mais vous avez pensé à vos fans ? Peut-être qu'ils voudraient vous voir ! N'y a t-il pas d'autre moyen pour faire ces concerts quand même ? …

-S'ils voulaient vraiment nous voir, on n'aurait pas eu à annuler cette tournée, crois-moi ! » me fit remarquer Michael. « Peut-être que s'ils n'ont pas acheté de places, c'est justement parce qu'ils peuvent se passer de nous voir en concert !

-Toi, Mike, de toute façon, tu veux toujours être en concert ! » lui rétorqua Jermaine. « Oublie un peu les micros et prends des vacances ! Ca fera du bien à ton acné ! »

Il se reçu mon oreiller à la figure. Je regardais Michael qui venait de le lancer et j'étais morte de rire. Jermaine prit un air faussement menaçant : « Ah, c'est comme ça que tu le prends !…attends, on va discuter, tu vas voir ! » et il se dirigea vers lui probablement dans l'intention de lui faire bouffer mon oreiller. Les garçons se mirent à hurler : « YOUPIII ! Une bataille, une bataille ! » et s'agitèrent comme des fous en allant chercher leurs coussins dans leurs chambres respectives. Complètement folle, j'allais dans sa chambre réveiller La Toya : « Y'a une bataille d'oreillers ? Et ils ont commencé sans moi ! Aaaah, ils vont le regretter ! »

Ce fut une merveilleuse pagaille : La Toya débarqua dans la chambre avec son énorme polochon et entreprit de foncer dans le tas. Jermaine et Michael se tapaient dessus avec leurs oreillers en faisant voler les plumes. Quant à moi, je cherchais vainement une « arme » pour me défendre. Je fini par apercevoir un petit coussin par terre. Je le ramassais et le levais au-dessus de ma tête en visant Jermaine, lorsque je me reçu un oreiller en pleine poire, projectile bien envoyé par Jeff qui avait fini par se réveiller. Je pris un oreiller dans chaque main et me lançais à sa poursuite : « Alors, t'es désarmé maintenant, hein ! » En se marrant comme un gars défoncé à la marijuana ou une autre saloperie de ce genre, il sortit de la chambre en courant et dévala les marches, moi à ses trousses. J'essayais de le suivre à travers les salons de l'hôtel et les cuisines, mais il courait vite et je perdis sa trace dans la cantine. Essoufflée, je m'arrêtais et appelais : « T'es où ? » Pas de réponse. J'avais les pieds gelés à force de courir sur le carrelage. Tant pis, je remonte dans ma chambre, je l'aurais bien un jour.

Je me dirigeais donc vers ma chambre pour continuer cette superbe bataille quand, en passant devant la chambre de Michael, Janet et Jackie, quelque chose me prit soudainement le bras (« EH ! »), m'entraîna dans la chambre et la porte se referma.

Je ne voyais strictement rien dans la pièce, à cette heure avancée de la nuit, il faisait un noir d'encre. « Qui est là ! C'est toi Mike ? Réponds, tu…ce n'est pas drôle ! » A part les rires et les cris de la chambre d'à côté, je ne distinguais aucun bruit. Lorsque mes yeux finirent par s'habituer à l'obscurité, je détaillais la silhouette d'une tête avec des dreadlocks… « Jeff ! »

Il était bien le dernier des garçons avec qui je souhaitais être enfermée dans le noir complet. A côté, la bataille faisait rage, mais personne ne sembla se soucier de notre disparition. « Jeff…tu veux bien allumer la lumière ? … » Il ne bougea pas, du moins, je ne l'entendis faire aucun mouvement, alors je me mis à la recherche de l'interrupteur en tâtonnant les murs. Je le sentis presque lorsque j'entendis Jeff s'approcher de moi. Je ne pouvais pas savoir où il était exactement, mais à l'instant où j'allumais la lumière, la première chose que je vis ce fut ses yeux…à quelques centimètres des miens. Cela me fit sursauter, mais Jeff, repoussant ma main, appuya sur l'interrupteur, faisant de nouveau plonger la pièce dans le noir le plus total. Je me sentis mal à l'aise : « Jeff ? …»

Une petite voix dans ma tête me dit qu'il fallait me tenir en alerte…Jeff mit deux doigts juste entre mes clavicules et me poussa en arrière. « Tu peux me dire ce que tu fais… ? » Mes jambes butèrent sur un lit, je dus m'asseoir. Je tremblais comme pas possible, lorsque je sentis les mains de Jeff passer sur mon cou, caresser mes cheveux, les prendre et les mettre sur mon épaule. Là, il embrassa ma nuque. Une vive douleur empoigna ma mémoire. Je me levais brusquement, et, ne voyant toujours rien, j'avançais à l'aveuglette à la recherche de la porte, mais je butais sur une valise et tombais par terre. Mon cœur battait à tout rompre : « Jeff…qu'est-ce que tu fais ? Laisse-moi tranquille ! Ne t'approche pas ! Tu…tu me fais peur ! » Silence de mort dans la pièce. Juste le son de mon cœur qui bat à m'arracher la poitrine.

Soudain, une main prit la mienne, me forçant à me lever. Ses mains me serrèrent les épaules : « Je vais faire de toi une femme ! »

« - Euh…qu'est-ce que tu veux dire par là… ?

-Que l'on va attaquer la plus importante de toutes les leçons…

-Tourne pas autour du pot ! Dis-moi ce que tu me veux, à la fin !

-Je vais te faire l'amour, Lucile ! » La surprise et la terreur firent que mes jambes se dérobèrent sous moi. Jeff me releva et me retint fermement les épaules. Je réussis à bafouiller : « Tu…tu plaisantes ?

-Non, je suis très sérieux. Je t'aime ! »

Je paniquais : « Mais-mais-mais…je ne t'aime pas, mo…moi ! »

De nouveau, il me fit m'asseoir sur un lit. Mes yeux commencèrent alors à pouvoir distinguer quelques objets dans le noir et je sentis des larmes monter lorsque je réalisais que j'étais sur le lit de Michael.

J'essayais de me lever, mais Jeff me retenais par le bras. « Je ne comprends pas de quoi tu as peur… » murmura Jeff d'une voix douce – trop douce.

« - Jeff…quelqu'un peu entrer et…et nous voir !

-Ne sois pas stupide, tu ne les entends pas s'amuser comme des gosses ! »

Il plaqua ses lèvres contre les miennes. Une nouvelle fois, un mauvais souvenir me revint. Je tentais de repousser Jeff en appuyant mes mains sur son torse, et mon cœur s'arrêta presque de battre lorsque je m'aperçu qu'il avait retiré sa veste de pyjama. Je pleurais en essayant de m'éloigner de Jeff : « Je ne veux pas ! Je suis si jeune…je ne suis pas prête ! Jeff, s'il te plaît…je n'ai même pas seize ans ! » Il entreprit de s'allonger sur moi, mais je gardais les jambes pliées de sorte qu'il n'arrivait pas à s'étendre complètement. « Ne t'inquiète pas ! Je te guiderai…je t'apprendrai comment on aime vraiment un homme ! » Il essaya une nouvelle fois de m'embrasser, mais j'avais mis mes mains sur mon visage. Il commença alors à me caresser le cou, mes mains, les épaules en répétant sans arrêt : « Relaxe-toi, je serais doux ! J'ai envie de toi ! » Il entreprit de passer ses mains moites dans le col de ma chemise de nuit en frémissant. J'attrapais ses mains et tentais de les retenir afin de l'empêcher de descendre plus bas (en dessous du cou si vous voyez ce que je veux dire…), mais il retira ses mains des miennes et recommença à plonger dans mon col. Ne pouvant supporter ses mains sur mes épaules, je lui dis, la voix menaçante et noyée dans les larmes : « Si tu descends encore, je te jure que je hurle ! » Il ignora mon avertissement. Dans un élan de force, je plaquais mes mains sur son visage et le repoussais violemment, le faisant tomber le cul par terre : « Ouch ! »

Pendant qu'il essayait de se relever en se massant le derrière, je me levais du lit et me précipitais vers la porte, mais Jeff m'attrapa par la taille et me fit tomber sur le tapis. Je me débattais, donnant des coups de pied partout, mais il se mit sur moi : « Je me montrais patient pour ne pas te faire peur, mais tu n'as pas voulu te laisser guider. Je vais donc devoir me montrer un peu plus autoritaire ! » Là-dessus, il arracha la manche de ma chemise de nuit. « NON ! » Je lui donnais la gifle la plus monumentale que je pus – ce qui me fit, d'ailleurs, très mal à la paume.

- « Tiens-toi tranquille ! » Il attrapa mes bras, les croisa au-dessus de ma tête et les serra d'une main, ce qui m'arracha un cri de douleur. Je ne sentais plus mes poignets – je tiens à préciser que durant cette bagarre, Jeff n'a jamais réussi à retirer son pantalon, heureusement pour moi – je me mis soudainement à hurler : « MICHAEL! » Mais Jeff m'embrassa pour me faire taire. Dans la chambre d'à côté, les rires cessèrent d'un coup. Jeff s'en aperçu et me fusilla du regard. Comme le silence hésitait, je cognais de toutes les forces sur la table de chevet avec mes pieds. L'énorme réveil qui y était posé tomba avec fracas.

Notre porte s'ouvrit alors à la volée et Michael, à mon grand soulagement, entra suivit de toute la famille. Je fus aveuglée lorsque la lumière s'alluma enfin et j'entendis Marlon s'exclamer : « Jeff, mais qu'est-ce que tu lui fais ! » Joseph bouscula tout le monde pour entrer dans la chambre, prit Jeff par la peau du cou et l'emmena dans le couloir : « Par ici mon garçon, nous avons deux mots à nous dire ! »

Je pleurais encore, mais cette fois de soulagement. Michael se précipita vers moi : « Tu n'as rien ? » Je fis non de la tête en hoquetant, alors il me serra dans ses bras et je pleurais sur son épaule. Katherine vira tout le monde de la chambre : « Allons, allons, circulez, il n'y a rien à voir ! » et je pus noter qu'elle me fixa longuement avant de quitter la chambre à son tour. Lorsque Michael et moi fûmes seuls dans la chambre, il attendit patiemment que je me calme un peu et me demanda : « Il ne t'a rien fait ?

-Non, je n'ai rien…Oh, Michael ! Si tu savais…c'était si horrible ! Je n'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie !

-Dis-moi vraiment : il ne t'a pas…

-Non, non…je suis toujours vierge si c'est ça que tu veux dire…tu sais, je ne lui ai pas rendu la tâche facile, il faut dire ! » Michael éclata de rire : « Je m'en doute ! J'ai remarqué la trace de ta main sur sa joue ! On peut dire que tu n'y es pas allée de main morte…Bon, tu penses que tu vas pouvoir dormir ?

-Mike, s'il te plaît, dors à sa place ! Je ne pourrais pas supporter d'être de nouveau seule avec lui ! » Il réfléchit trente secondes et sourit : « D'accord, si ça peut t'aider à dormir tranquille ! … »

Le lendemain matin, je m'endormis immédiatement dans l'avion. Michael aussi. Nous venons de passer une nuit blanche : J'avais tellement été traumatisée que je refusais de m'endormir sans la lumière allumée. Ca faisait râler Michael qui avait fini par me dire : « Tu ne peux pas éteindre cette lampe, s'il te plaît ?

-Je ne peux pas ! …je…j'ai peur du noir, maintenant ! » Remarquant que j'avais des sanglots dans la voix, Michael s'était assit sur mon lit, à côté de moi : « Allons, il ne t'arrivera rien, je suis avec toi !

-Tu me le jure ? » Il sembla hésiter : « Mais je te dis que je suis là !

-Jure-le moi ! » Il soupira, puis s'approcha de moi en me prenant la main : « Je te le jure ! D'ailleurs, » continua t-il en se levant « pour que tu sois complètement rassurée, je vais fermer la porte à clé, ainsi personne ne pourra entrer. »

Puis, après m'avoir longuement assurée que Jeff n'était pas sous mon lit, il me demanda d'éteindre la lumière, ce que je fis. Cependant, une demi-heure plus tard, je le réveillais : « Mike…

-Hmmm…qu'est-ce qu'il y a ?

-Je…j'arrive pas à dormir !

-Tu as encore peur ?

-Ben…un petit peu…je sens que je vais faire des cauchemars… » Il se révéla incroyablement patient, me rassurant tel une mère. Finalement, il décida d'approcher nos lits et nous finîmes enfin par nous endormir main dans la main aux alentours de trois heures du matin... pour nous réveiller deux heures plus tard, pour prendre l'avion.

Vous comprenez maintenant pourquoi ce matin, je n'ai pas le temps d'être malade !

On me tape sur l'épaule. Je me réveille, ouvre les yeux avec difficulté et distingue vaguement Jackie qui me répète : « Hé !… Hé ! On a atterri ! » Je lui fais un signe pour lui faire comprendre que je suis réveillée, et il s'approche de Michael pour le réveiller aussi. J'ai du mal à me lever de mon siège et j'ai mal à la tête. Tout baigne, quoi. Michael m'aide à me lever en me tirant par la main. Je lui dis : « Tu n'es pas fatigué, toi ?

-Bien sûr que si, mais je tiens le coup.

-Mais comment tu fais ?

-C'est une question d'habitude ! »

- « Au revoir Mike, et prends bien soin de ta petite copine ! » C'est l'heure où je dois faire mes adieux à Tito, Jackie et Jermaine qui repartent chez eux.

- «Vous êtes sûrs de ne pas vouloir passer à Havenhurst ?

-Non, Dee-Dee m'attend et j'ai hâte de la revoir » répondit Tito à Marlon.

Jackie s'avança vers moi et me serra la main : « Bon, à bientôt, j'espère ! » puis il regarda autour de lui et me chuchota : « Mike et toi étiez adorables tout à l'heure !

-Pardon? » Il parla encore plus bas :

« Quand je vous ai réveillés, vous dormiez tous les deux la tête appuyée l'une sur l'autre ! C'était mignon ! » Je souris d'un air gêné, puis il descendit de l'avion pour reprendre sa voiture et rentrer chez lui. Suzanne le suivit bientôt.

Vint au tour de Jermaine de me dire au revoir : « Eh, j'ai bien vu que t'avais essayé de me lancer ton oreiller, hier soir ! » fit-il en rigolant. Et il me donna une bourrade dans le dos qui me coupa le souffle. « Allez, à la prochaine ! » me lança t-il avant de quitter l'avion. Tito, lui, me fit un clin d'œil en me disant à mi-voix : « Bonne chance pour la suite !

-Merci… » Et je le regardais descendre l'escalier. J'avais toujours été impressionnée par sa gentillesse. Je pensais qu'il allait me manquer…ils me manqueront tous….

J'ignorais où était Jeff. Je ne savais quand ni comment il était rentré chez lui, mais j'étais soulagée de ne plus le voir. Mais, en contre partie, pendant le repas, Joseph ne cessait de me fixer, ce qui m'obligeait à garder les yeux baissés sur mon assiette. Je sentais que Kate aussi me regardait avec une certaine insistance. Je pensais que ça avait un rapport avec l'incident d'hier, mais je n'arrivais pas à m'expliquer pourquoi ils m'écrasaient de leur regard. Leurs enfants n'osaient rien dire. Un silence de mort régnait donc dans la salle à manger, on n'entendait que le bruit des couverts sur les assiettes et l'atmosphère était tendue.

Je fus plutôt soulagée lorsque nous fûmes autorisés à quitter la table. Michael me rejoint : « Je peux te montrer quelque chose ? » Il me fit monter dans sa chambre et mit une cassette dans son magnétoscope. Il s'agissait de la version Disney de Peter Pan. Je lui dis : « J'ai déjà vu ce dessin animé.

-Je m'en doutais…c'est un de mes films préférés. » Il s'assit à côté de moi : « Tu sais, j'ai toujours rêvé de voler…ce doit être fantastique ! Tu imagines ?

-Tu as raison…moi aussi, j'aimerais voler ! Voler, c'est un peu…être libre !

-Oui…la liberté… » Il me regarda pendant quelques secondes, puis il éteignit sa télévision à ma grande surprise. Il se tourna vers moi en me demandant : « Je veux que tu me raconte ce qui c'est passé hier soir, entre toi et Jeff ! » Je soupirais :

« Oh non, Mike ! J'essaie d'oublier ! Je ne veux pas le revivre, s'il te plaît !

-Je suis sûr et certain que tu as très envie de m'en parler, alors n'hésite pas ! Ca te soulagera ! »

Il avait raison. Alors, je lui racontais tout jusque dans les moindres détails, et j'avais effectivement l'impression que mon cœur se débarrassait d'un énorme poids. Michael m'écoutait attentivement, pensif. Quand j'eus fini, il me dit : « Il m'est arrivé la même chose il y a quelques mois. Je me suis retrouvé enfermé dans ma chambre d'hôtel avec deux prostituées. J'essayais de sortir, mais ils avaient verrouillé la porte de l'extérieur… » me raconta t-il la voix cassée.

« -Mike, qui c'est, « ils » ?

-Je ne sais pas trop…mes frères, Joseph…j'entendais leurs rires étouffés dans le couloir. Une des prostituées se déshabillait, pendant que l'autre commençait à déboutonner ma chemise. Je l'ai repoussée. J'étais tellement effrayé ! » Il pleurait, à présent. Je terminais son récit : « C'est alors que tu as pris ta Bible et tu as entreprit de leur en lire un passage… ? » Michael hocha la tête : « C'est exact. Tu sais ça aussi ?

-Oui, c'est écrit dans l'une de tes biographies. » Il essuya ses larmes et rigola un peu : « Tu n'es pas drôle, toi, tu sais tout ! Je ne peux plus rien te dire ! » Je souris un peu, quand quelque chose me revint en mémoire : « Mike, je ne t'ai pas dis un truc…quand Jeff m'a embrassée et caressée, je me suis soudainement sentie bizarre…

-C'est normal, tu étais choquée !

-Bien entendu, mais…il y avait autre chose…Ca y est ! Je sais ce que c'est…

-De l'amour ? » proposa Michael, un peu inquiet.

« -Mais non, ne sois pas bête ! C'est…comment t'expliquer…une impression de déjà vu…ça t'es déjà arrivé de faire ou de dire quelque chose, et tu es certain de l'avoir déjà fait ?

-Oui, souvent même…mais comment…tu as déjà vécu cette…soirée ?

-Non. Juste quelques situations…Tu vois, il y a un an environ, dans mon époque…

-En deux mille…deux ?

-…Fin deux mille un, plutôt. Eh bien, je sortais avec un mec…il s'appelait Joffrey.

-Tu l'aimais ?

-Oui, mais ce n'est pas la question. Donc, ce monsieur était…pressé, si tu vois ce que je veux dire…

-Hmmm…il voulait coucher avec toi dés le premier jour ?

-Non ! Pas à ce point ! Mais à mes dix ans…

-Wouah ! Vous vous connaissiez depuis longtemps !

-Oui, c'est vrai…enfin bref ! A mes dix ans, il m'a embrassé trop brusquement et je n'ai pas apprécié…plus tard, il a commencé à me caresser, mais je n'étais toujours pas prête. Alors, ça a commencé à le faire un peu râler, mais comme j'avais fais un blocage là-dessus, et que je ne pouvais donc pas répondre à ses attentes…

-Vous avez rompu !

-Oui. » Je me sentais fort soulagée de lui avoir raconté cela, car ça faisait longtemps que je voulais parler de cette histoire à quelqu'un. Le hasard a voulu que ce quelqu'un soit Michael Jackson.

Celui-ci resta un peu pensif puis me dit, le menton dans sa main : « Je trouve formidable que tu aies osé me raconter cela, mais j'ai beau réfléchir, je ne vois pas vraiment ce que ça a à voir avec Jeff.

-Eh bien, Jeff m'a embrassé sur la nuque de la même façon que Joffrey. Et c'est la même chose lorsqu'il a plaqué ses lèvres sur les miennes. Ces mauvais souvenirs ont resurgit ce soir-là. C'est surtout ça qui m'a choquée. Deux fois la même situation traumatisante, c'est trop, tu comprends ! » J'avais fini ma phrase les yeux humides. Michael passa son bras autour de mes épaules, m'approcha un peu de lui et me fis poser ma tête sur son épaule. Il m'embrassa sur le front : « Maintenant que tu t'es confiée et que ton cœur est plus léger, tu peux oublier. » me dit-il. Je me sentais bien, à présent. Je me sentais en sécurité avec lui, parce que je savais qu'il ne me ferait jamais de mal.