Nous continuâmes à parler et notre conversation s'orienta vers la musique. Il me demanda : « J'aimerais savoir quelles sont nos chansons, je veux dire celles des Jackson Five et celles que j'ai sorties en solo, que tu préfères ?

-Oh, tu sais, je les aime toutes !

-Dis-moi vraiment, tes préférées. Et dis aussi pourquoi tu les aimes.

-J'aime celles qui parlent d'amour…parce que je suis assez romantique et très rêveuse.

-Par exemple ?

-Euh…dans ton album Got To Be There, j'aime beaucoup la chanson The Wings Of My Love parce qu'à un moment, tu chantes « Prends juste ma main et ensemble, nous irons toucher le ciel » et je voulais que tu apparaisses, que tu prennes ma main et que nous volons ensemble…c'est débile, je sais !

-Non, c'est un beau rêve, je trouve.

-Ca me rendait triste parce que je savais que ça n'arriverait jamais…

-Triste ? Tu pleurais ?

-Non. Je n'y arrivais pas.

-Tu aurais dû pleurer…tu sais, ça peut faire très mal de se retenir !

-Je sais…je le sais très bien…mais je n'y arrivais pas ! Il y a des tas de chansons comme ça qui me font penser à toi. Comme dans I'll Be There où tu dis « Tu n'as qu'à appeler mon nom et je serai là » ! Je me disais : mais c'est ce que je fais ! Et tu n'étais pas là ! Ca me rendait folle ! » Michael me prit la main : « Je suis là, maintenant ! »

Comme nous nous ennuyions, il s'amusa à compter et recompter mes doigts, il compara la taille de sa main à la mienne, et détailla mes ongles : « Longs, mais beaucoup moins que ceux de La Toya ! » Il chantonnait Uppermost. Je le regardais faire mu muse avec ma main et, inconsciemment, je me mis à chantonner aussi car j'adorais cette chanson. Je mis un bon bout de temps à m'apercevoir que Michael s'était arrêté de chanter et qu'il m'écoutait. Lorsque je réalisais enfin que l'on entendait que moi, je stoppais net et je risquais un regard vers lui : il souriait de toutes ses dents. Je commençais à rire, gênée : « Oh non ! » Il se mit à applaudir avec mes mains et me dit, absolument enthousiaste : « Mais si, c'était bien ! Tu vois, tu as chanté et les fenêtres ne se sont pas brisées pour autant ! » J'étais obligée d'admettre que les vitres n'avaient subit aucun dommage. J'avais toujours envie de chanter, mais je ne voulais pas décevoir Michael. Celui-ci m'encourageait pourtant : « Allez, chante avec moi ! Juste un petit refrain ! Personne ne t'entend ! » Je haussais un sourcil. « Bon d'accord, il y a moi, mais je ne te critiquerai pas, ce n'est pas dans mes habitudes de toute façon !

-Okay, mais essaies de couvrir ma voix au maximum !

-Entendu ! Super ! » Nous nous mîmes alors à chanter, les yeux dans les yeux : « Oooooh ! 'Cause you're uppermost on my mind. Don't you know I think about you baby all the time… » Michael m'apprit à ne pas avoir peur de faire des fausses notes : « Continue de chanter quand même ! De toute façon, personne ne chante parfaitement sans entraînement…et puis le principal, c'est que tu t'amuse. Si je puis te donner un conseil, fais le plus possible passer tes émotions par ta voix ! » Puis il décida de me faire essayer de chanter seule. Je choisis une autre chanson : You've Really Got A Hold On Me. Il commença : « I don't want you, but I need you… » et je continuais : « don't wanna kiss you, but I need you. »

« -Bien, très bien ! Bon, on continue ? » dit Michael. Il se leva, m'invita à me lever, et nous dansâmes en chantant Hallelujah Day. Puis, à bout de souffle, nous nous écroulâmes sur son lit en rigolant nerveusement : « Tu vois » fit Michael « ce n'était pas si terrible !

-C'était génial, tu veux dire ! Je me suis beaucoup amusée ! Je tiens à te remercier, Mike, si tu n'avais pas insisté… »

Il me sourit.

Plus tard, j'allais voir La Toya. Je désirais lui parler à elle aussi de ce qui s'était réellement passé avec Jeff, mais également comment Michael s'était brutalement fâché lorsque je lui avais déclaré ma flamme : « J'en avais parlé à Jeff. Il m'avait dit que c'était soit parce que Mike m'aimait, soit parce qu'il me haïssait.

-Non, il ne te hait pas !

-C'est aussi ce que je me suis dis, mais ceci n'explique pas vraiment l'attitude qu'il a eu ! » La Toya prit un air rêveur : « Je ne pensais pas que je dirais ça un jour, mais Jeff a raison : je crois que Mike t'aime ! Tu sais comment sont les garçons, ils cachent leur timidité et leur sensibilité derrière des attitudes de macho…

-Pas Michael !

-…Cela lui arrive parfois. Tu sais, avant d'être si timide, il était très coquin avec les filles ! Maintenant, il n'ose plus vraiment et il a mûri, bien sûr. Mais lui, il ne cache pas sa timidité ni sa sensibilité, il cache ses sentiments envers toi ! »

A ce moment, nous entendîmes la porte grincer et des pas précipités dans le couloir. La Toya se leva : « A tous les coups, c'est Joseph qui écoute à la porte ! » Elle ouvrit sa porte en grand en espérant le surprendre : personne. « Il a dû se grouiller de changer de pièce ! » marmonna t-elle en se rasseyant sur son lit. « Que disais-je ? Ah oui ! Donc, pour Mike, tu ne t'en fais pas, et puis même si c'est moins que de l'amour, vous resterez de très bons amis, vous collez bien ensemble ! Je suis sûre qu'il a déjà oublié ce petit incident et, mine de rien, il a l'air de tenir à toi ! » conclu t-elle avec un clin d'œil.

« -Et pour Jeff ?

-Pour ce qui s'est passé la dernière nuit ? Je ne peux vraiment rien te dire…pour la simple raison, tu le sais, que je vivais la même chose que toi très souvent…tu sais… mon père ! » Elle haussa les épaules d'un air désolé, puis fini par ajouter : « Je peux toujours te répéter ce que ma mère me disait : « Il faut que tu oublies ! »

Je décidais de me coucher tout de suite après le dîner car ma dernière nuit blanche et le voyage en avion m'avaient épuisée. Avant de m'endormir tout à fait, j'entendis des coups sourds provenant du plafond – des rats ? Le vent ? Une branche qui tape sur le toit ? J'étais si fatiguée que je m'en inquiétais guère. D'ailleurs, les bruits se calmèrent en quelques minutes.

Je fus réveillée par les rayons du soleil qui me chauffaient les yeux, que j'eus beaucoup de mal à ouvrir. J'eus un petit vertige en levant la tête de mon oreiller, bref j'avais « la tête dans le cul », comme on dit de nos jours – dans les années deux mille. Je venais de réussir l'exploit d'ouvrir mes yeux lorsque ma porte s'ouvrit à toute volée. Randy souffla de toutes ses forces dans une trompette – je fis un bond de deux mètres, mon cœur aussi – puis il referma la porte aussi brusquement qu'il l'avait ouverte. Je pus entendre son rire dans l'escalier et Marlon l'apostropher : « Randy ! »

Je restais de bonnes secondes sans bouger, attendant que mon petit cœur se calme. J'étais un peu secouée, mais j'étais réveillée !

Marlon entra dans ma chambre en poussant Randy devant lui : « Présente-lui tes excuses ! T'es pas bien!Réveiller les gens ainsi !

-Mais il est plus de dix heures !

-Et alors, c'est pas une raison ! Elle se repose ! Elle est en vacances, non !

-D'abord, c'est Janet qui a eu l'idée !

-C'est pas vrai !» hurla Janet qui les avait suivit et qui observait depuis l'escalier.

« -Si, c'est vrai ! Avoue-le, menteuse !

-Non ! » Et ils allèrent se disputer dans le couloir. Marlon soupira et me dit : « Excuse-le, c'est horrible quand il s'ennuie ! Au fait, si tu cherche Mike, il prend son petit déjeuner dans la cuisine. » ajouta t-il avant de refermer la porte.

« -Alors, on ne t'a pas beaucoup vue, hier soir ! » s'exclama La Toya lorsque je descendis.

« -J'étais lessivée !

-Ouais, c'est aussi ce que j'ai cru comprendre… » Michael rigola un peu en mordant dans son croissant, puis il me dit : « Après ta douche, tu pourras me rejoindre au studio ? »

Un quart d'heure plus tard, nous nous retrouvâmes donc au studio. Michael m'emmena dans une toute petite salle voisine. Je ne pus retenir un cri de surprise : cette salle était remplie de bonbons, de sucreries et autres gâteries dans des bocaux !

« Sers-toi ! » me dit Michael. J'étais émerveillée devant toutes ces gourmandises. Un rêve de gosse qui se réalisait, en somme ! Pour ne pas passée pour une malpolie, je fini par choisir une sucette, Mike fit de même. Nous nous assîmes dans le studio et Michael me supplia de lui dire comment il est dans mon époque : « Je suis sûr que ça ne créera aucun problème si je le sais ! Et puis ainsi, je ne referais pas les erreurs éventuelles !

-Comme tu voudras ! Mais tu risque de ne pas apprécier ! » lui répondis-je dans l'espoir de le faire changer d'avis. Grave erreur… ça eu pour effet de le rendre encore plus curieux : « Comment ça ? Raconte ! »

Me rappeler la façon dont je m'extasiais devant ses clips me rendis rêveuse : « Eh bien…dans environ dix ans, tu seras mignon, très mignon…comme aujourd'hui, d'ailleurs, et tu auras toujours ce charisme et cet humour que j'aime beaucoup en toi. Tu auras utilisé la chirurgie esthétique pour te faire rétrécir le nez. Tu seras comparé plusieurs fois à Diana Ross parce que vous vous ressemblerez beaucoup physiquement, ainsi qu'à La Toya qui utilisera également la chirurgie esthétique. Enfin, tu seras le célibataire le plus convoité de la planète.

-Célibataire ? Je ne serai avec personne ?

-Tu connaîtras des femmes, mais personne ne sauras si tu en es réellement amoureux.

-Ah…que deviendront les Jackson Five ? Nous sortirons encore beaucoup de disques ?

-Non, dans deux ans, vous allez changer de maison de disques. Jermaine refusera de vous suivre. Randy prendra sa place dans votre nouveau groupe : Les Jacksons.

-Où ira t-il ?

-Jermaine ? Il restera à la Motown. Dans trois ans, tu joueras dans un film avec Diana Ross. Puis, en soixante-dix neuf, tu sortiras un album en solo, et un deuxième trois ans plus tard qui fera de toi une star mondiale. D'autres albums suivront, mais avec un peu moins de succès que celui-ci.

-Wouah…attention, tu parle à une future superstar, un peu de respect !

-Très drôle.

-Et les autres ?

-Alors…tes frères seront célèbres, mais ne connaîtront ta grande gloire. Par contre, Janet sera aussi connue que toi.

-Janet !

-Ouais ! La Toya aussi sortira quelques disques, mais elle sera aussi connue pour autre chose : elle posera pour Playboy en quatre-vingt-neuf.

-QUOI ! Nue… !

-A moitié. Mais je n'ai jamais vu ces photos. Je le sais parce qu'elle l'a écrit dans son autobiographie.

-Son…autobiographie ?

-Oui, et elle va tout y avouer, la violence de votre père en particulier. Il n'y aura aucun tabou.

-Elle va pas faire ça ! » s'exclama t-il brusquement dans un mélange de crainte et d'admiration.

« -Si ! Bien sûr, tous les faits qu'elle y évoquera seront démentis par tes parents et nombre de tes frères et sœurs. » Il réfléchit puis haussa les épaules : « Bah…de toute façon, il fallait bien que l'un d'entre nous avoue tout…Mais dis-moi, ce n'est pas si terrible ! Au contraire, ce que tu as dis sur moi a l'air génial !

-C'est génial.

-Alors…pourquoi tu avais l'air de dire que je serai déçu ?

-Je ne t'ai parlé que des dix prochaines années. Mais plus tard, ça se complique…

-Raconte ! » Pressée par Michael, j'entamais le récit des années critiques : « Déjà, des tas de rumeurs courront sur ton compte, les gens te prendront de plus en plus pour un cinglé.

-…Ensuite… ?

-Ensuite, la chirurgie esthétique deviendra apparemment une obsession.

-Ca veut dire ? A quoi je vais ressembler ?

-Franchement ? A rien…

-A rien ! …Je dois prendre cela comment ?

-Je vais te montrer, attends-moi. » Je courus jusqu'à ma chambre. Il me semble avoir une petite photo dans mon sac. Bingo. Je reviens dans le studio avec une photo de Michael Jackson en deux mille trois. Essoufflée, je le lui tends : « Voilà à quoi tu ressemble à mon époque.

-Aah ! » Il vient de se plaquer la main sur la bouche. Il regarde sa photo comme s'il s'agissait d'une araignée et fini par murmurer : « Dis-moi que ce n'est pas vrai !

-Si, je suis désolée, mais c'est effectivement la tête que tu auras dans trente ans.

-Mais…je suis tout blanc !

-C'est le vitiligo. » Il fit entendre un rire qui sonnait faux : « Et regarde mon nez, regarde ça !

-Je sais, je le vois bien assez ! » Il me rendis la photo d'un air un peu dégoûté et partit se chercher un autre bonbon en disant : « Tu es certaine de ne pas te tromper ? Ca ne peut pas être moi !

-Non, c'est bien toi.

-C'est fou…mais pourquoi je me ferais si mal ? » Je soupirais : « Ca, Mike, il n'y a que toi qui peut le savoir ! » Il fit une bulle avec son chewing-gum. Le bruit qu'elle fit en éclatant me fit l'effet d'une bombe car elle me rappela un sujet que j'avais omis d'aborder : « Euh…il y a autre chose que je dois te dire. C'est très grave.

-Hmmm ? C'est quoi ?

-Je ne sais pas comment te dire ça…c'est peut-être faux, mais….

-Mais quoi? » Je lui pris la main et me concentrais pour ne pas pleurer encore. Il fronça les sourcils : « Pourquoi tu prends cet air si grave ? C'est si horrible que ça ? » Je hochais la tête et je le regardais dans les yeux, une larme au coin de l'œil : « Tu seras accusé de pédophilie, Michael !

-HEIN ! » Il tâcha de se calmer, respira profondément et prit mes mains dans les siennes qu'il serra doucement. Il me regarda à son tour droit dans les yeux : « Je ne suis pas pédophile ! » Il était sincère, ça se voyait dans ses yeux et à sa façon de parler. Mais je n'avais aucune raison de me réjouir, parce que : « C'est normal, tu es encore jeune !

-Mais enfin, je suis incapable d'une telle chose !

-Calme-toi, personne n'a dit que tu leur faisais du mal !

-Mais je ne suis pas pédophile ! » répéta t-il « Tu me connais, tu le sais bien, toi ! » Je secouais la tête négativement : « Je ne sais pas…je sais plus qui croire dans cette affaire !

-Ecoute, je comprends bien ce que tu ressens, que tu dois te sentir un peu perdue, mais je suis aussi étonné que toi ! » Je posais ma main sur son genou :

« -N'en parlons plus, tu veux bien ? »

Nous restâmes quelques minutes assis dans le studio. Michael avait mit un disque de James Brown. Lors du célèbreAaaow ! I feel good ! , il me dit : « J'adore ce cri ! C'est marrant, j'aimerais pouvoir le reprendre !

-Tu va le reprendre, Mike ! En mieux ! Et, crois-moi, tu vas en sortir bien d'autres ! Chez moi, en France, en deux mille trois, je possède un enregistrement live d'un concert de toi et tes frères que vous donnerez en quatre-vingt un, une tournée appelée Triumph… Eh bien, des « Aaaaow ! », des « Hoooo ! » et des « Hee-hee ! » ponctuent tout l'album ! C'est d'ailleurs un de mes albums favoris.

-Ah ? Ce n'est pas celui dont tu m'as dis qui me rendrait célèbre, ton préféré ? Tu as beaucoup d'albums ?

-Voyons…je n'ai pas encore tous les albums des Jackson Five, par contre, j'ai tous ceux des Jacksons et les tiens, ceux que tu as fais en solo ! »

De nouveau, nous restâmes silencieux, écoutant le disque favori de Michael.

La Toya entra dans le studio et se dirigea vers la pièce voisine que j'ai baptisée « la salle aux bonbons » en nous signalant : « Il fait trente-six degrés, dehors ! Vous devriez en profiter, au lieu de rester enfermés !

-Elle a raison ! » dis-je alors à Michael. « D'ailleurs, tu vas en profiter pour saluer tes fans comme tu me l'avais promis la dernière fois, n'est-ce pas ? » Il sourit en se levant pour ranger son disque : « Okay, chef ! »

Il me conseilla de ne pas me montrer aux fans pour ne pas soulever trop d'interrogations chez les admiratrices et aussi « histoire de ne pas leur faire croire qu'on franchit le mur trop facilement ! » comme il dit. Alors, je restais en retrait derrière un arbre, tout prés de lui, pendant qu'il signait des autographes à ses fans enchantées. J'entendais absolument tout : les questions que lui posaient ses fans et ses réponses. Réponses pour le moins bizarres. Je m'en rendis compte en particulier lorsque à la question : « Pourquoi vous avez arrêté la tournée ? » il répondit : « Deux des membres du groupe avaient des ennuis de santé, nous ne pouvions pas continuer ! » Complètement abasourdie, je le hélais discrètement : « Psssst, Mike ! » Il me fit un signe comme quoi il m'avait entendue et fit exprès de faire tomber son stylo : « Oups, veuillez m'excuser deux secondes, le temps que je le cherche… » et, mine de rien, s'approcha de moi derrière mon arbre. « Mike » lui dis-je « arrête de répondre n'importe quoi !

-J'aimerais bien, mais on m'a apprit à répondre de ce style !

-Oh, oublie un peu l'enseignement de Motown ! Regarde-les ! Ils veulent savoir la vérité !

-C'est vrai, tu as raison ! Je vais leur dire ce qu'ils veulent savoir ! » Il ramassa son stylo et repartit voir ses fans : « Mille excuses, je suis un peu maladroit ! » Il se remit à leur parler. Je l'observais : il avait l'air d'aimer ça, mais il restait tout de même à une certaine distance de la grille, se méfiant à la pensée que certains d'entre eux aient la mauvaise idée de lui attraper les cheveux.

« Tu sors avec quelqu'un ? » fit une voix féminine.

« -Non. » répondit Michael

« -Tu veux pas sortir avec moi ? »

Inquiète, je me penchais un peu pour essayer de voir quelle sorte de créature pouvait oser s'adresser ainsi à mon Mike. Horreur ! C'était un pur canon ! Cette espèce de brunette aux jambes incroyablement fuselées ponctuait ses phrases de battements de cils très agaçants. A côté d'elle, je devais certainement ressembler en gros à une espèce de harpie décoiffée et boutonneuse – ou à un truc dans ce genre-là. Et lui ? Il fait son timide. Le pire, c'est qu'il a pas l'air de détester ça, le bougre ! Tant pis pour son interdit, je sortis de ma cachette dans la surprise générale et, prenant la main de Michael, je signalais à Miss Monde qu'il était déjà prit. « Viens, Mike, on s'en va ! » Lorsque nous fûmes plus éloignés de la grille, il me dit : « Je ne comprends pas, c'est toi qui m'as dit de les rencontrer !

-Non mais attends ! Tu n'as pas vu comment cette…espèce de top model, là…comment elle te draguait !

-J'ai l'habitude, enfin ! Tous les fans nous font ça ! Et encore, Jermaine était le plus adulé ! Maintenant, il est marié, mais c'était la folie !

-Maintenant, ça tombe sur toi…

-Et sur Marlon ! Il…eh, tu ne serais pas un peu jalouse sur les bords, toi? » me dit-il en rigolant.

« -Jalouse, moi ? Tu plaisantes ! Il n'y a pas plus calme et posée que moi !

-C'est cela, oui… »

En passant à côté de la piscine, je remarquais que Marlon, Randy et Janet s'y baignaient. La Toya bronzait à quelques mètres, bien qu'elle n'en ait pas vraiment besoin, juste assez prêt pour se rafraîchir au moindre petit coup de chaleur. Marlon nous arrosa. « Arrête ! » lui cria Michael, mais il continua, alors Michael, sans me lâcher la main, s'approcha du bord de la piscine pour arroser son frère. Mais avant même qu'il ne s'abaisse pour mettre sa main dans l'eau, je sentis deux mains sur mon dos…pas ça ! Trop tard ! Janet me poussa dans le bassin et j'entraînais Michael avec moi.

Lorsque je sortais la tête de l'eau, ils rigolaient tous. Michael était en train de sortir du bassin, mais ce ne fut pas une mince affaire parce que ses vêtements étaient visiblement alourdis par l'eau : « Mais vous êtes bêtes ! » Je me rapprochais du bord et il m'aida à remonter en me tirant par la main. Une fois sur un sol sec, je trouvais plutôt agréable d'être trempée lorsqu'il faisait plus de trente-cinq degrés, mais il aurait été plus agréable que ma robe trempée ne laisse pas trop entrevoir les formes de ma culotte et de mon soutien-gorge par transparence. La Toya accourut, hilare : « Je sens qu'on va avoir besoin de moi ! »

Elle me prêta un maillot de bain violet. « Heureusement que tu as plein de vêtements ! » lui dis-je.

« -Ouais, hein ! Qu'est-ce que tu ferais sans moi ! »

En ressortant dehors, je vis que Michael s'était également mit en maillot de bain – enfin, plutôt en short de bain - et avait donc aussi l'intention de se baigner – logique !

Quand il me vit me ramener en maillot de bain, il me dit en souriant - d'un air pas très rassurant, si vous voulez mon avis : « Tiens, toi aussi tu veux te rafraîchir ? » Et, avant que je ne réalise ce qui m'arrivait, il courut vers moi et me poussa. « Michael, non ! » Je tentais de me raccrocher à ses mains, mais – Splash ! J'étais déjà dans l'eau.

Il éclata de rire comme jamais plus vous ne pourrez l'entendre. Je décidais de me prendre à son jeu : « Okay, t'as gagné…sois gentil, aide-moi à remonter ! » Il était tellement mort de rire qu'il ne se méfia même pas. Il me tendit sa main et je le fis tomber à l'eau en m'appuyant de tout mon poids dessus. Cette fois, c'est moi qui me mis à rire, ainsi que Marlon qui me leva son pouce. En ressortant la tête de l'eau, Michael sourit d'un air faussement vengeur : « Alors comme ça, tu veux jouer à ça!» Et, reprenant son souffle, il replongea la tête dans l'eau et se rapprocha de moi en apnée. Cela eut pour effet de me paniquer joyeusement et, sortant en vitesse de la piscine, je courus dans l'herbe jusqu'à une distance raisonnable de Michael. En m'arrêtant pour reprendre mon souffle entre deux éclats de rire, j'entendis Marlon lui dire : « Qu'est-ce que t'attends, on va la chercher ! » Et ils sortirent de l'eau pour me courir après. Je riais tellement que je ne pus les distancer très longtemps, et je me retrouvais bientôt suspendue à quelques centimètres du sol…Michael me tenant les poignets et Marlon mes chevilles. Ils me ramenèrent non sans mal au bord de la piscine. Mais je n'étais pas si légère que cela et, par ailleurs, ils étaient tellement morts de rire qu'au moment de me balancer dans l'eau (« A la une, à la deux… »), ils tombèrent avec moi. Nous nous amusions comme des gamins, à nous éclabousser. Evidemment, Janet était ravie que nous jouions enfin à un truc auquel elle pouvait participer.

A la fin, je n'eus plus de souffle à force de me marrer, alors je m'accoudais sur le bord pour poser un peu. Marlon continua à m'envoyer de l'eau. « J'ai dis « pouce » !

-Y a pas pou-ceuh, y'a pas pou-ceuh ! » chantonna t-il sans cesser de m'éclabousser. Je le repoussais avec mon pied :

« -Si, il y a « pouce » ! Alors fiches-moi la paix trente secondes ! » Il s'éloigna en ronchonnant :

« -Mais quelle râleuse, celle-là ! » Je fus rejoint par Michael :

« Ca va ?

-Ouais, mais j'suis crevée…je crois que j'ai trop rigolé ! » Il sourit et me dit après un moment de réflexion : « Depuis combien de temps on se connaît ?

-Un peu plus d'une semaine, je crois…pourquoi ?

-J'sais pas, comme ça…tu te rappelles lorsqu'on s'est rencontré ?

-Comment pourrais-je l'oublier…

-Comme c'est mignon… » fit Marlon derrière nous dans un big soupir. Michael prit un air agacé : « Marlon, occupe-toi de tes affaires !

-Mais c'est si romanti…

-Tu es bête, tais-toi ! » On l'entendit pouffer.

Michael allait continuer notre conversation, lorsque des bulles apparurent autour de lui. Il regarda dans l'eau et fronça les sourcils : « RANDY ! » Je regardais à mon tour : son frère soufflait en dessous de lui afin de faire croire qu'il avait lâché un gaz. Marlon et Janet s'esclaffèrent ainsi que Randy lorsqu'il remonta à la surface : « Wouah, Mike ! Franchement, il y a des endroits prévus à cet effet, ça s'appelle les toile… » Michael lui envoya la sandale de La Toya qu'il venait de ramasser. Je ne pus m'empêcher de rire un peu. Ca l'énerva : « Ne me dis pas que leurs bêtises te font rire ! Tu n'es quand même pas à leur niveau !

-Oh, calme-toi, ce n'est pas méchant ! Moi, je n'ai pas oublié quand tu riais de bêtises de ce niveau dans l'avion ! » Il réfléchit un peu et admit : « Mouais d'accord…on est quitte…Bon, viens on sort, moi j'en ai marre ! »

Nous nous allongeâmes à l'ombre d'un arbre – au soleil, on rôtissait ! D'ailleurs, je trouvais La Toya bien courageuse de rester en plein soleil, même en fin d'après-midi !

Nous bavardâmes. Michael : « Lorsque nous nous sommes rencontrés, tu m'as dis que tes parents ne savaient pas que tu étais ici…bon, maintenant que tu m'as avoué que tu venais du futur, je pense que tu m'as raconté de sacrés mensonges ! » plaisanta t-il

« -Oh non, ce n'était pas un mensonge ! J'ai utilisé la machine à leur insu, mais ils ne se doutent certainement pas que je suis partie dans les années soixante-dix pour te rencontrer !

-Tu ne leur as pas dit que tu…euh…que tu m'aimais… ?

-Non.

-Pas même à ta mère ?

-Non. En fait, je brûlais de lui en parler, mais j'avais peur qu'elle ne me comprenne pas, qu'elle me dise : c'est de ton âge, ça passera !

-Peut-être aurait-elle raison…

-Non, Mike ! Je t'aime réellement ! Ce n'est pas une espèce d'amour de fillette ! Je suis grande, j'ai presque seize ans, je sais ce que je ressens ! Et je t'aime passionnément ! »

Il posa sa main sur la mienne et, après un moment de silence, il se leva : « Tu viens, on va bientôt dîner… »