Chapitre X

Une mission commune


1

Inquiétudes

Luke ne sembla pas très surpris d'apprendre l'existence des fameuses scolopendres à tête de chien (« des » car Leia et une escouade de Jedi académiciens en avaient découvert et capturé une dizaine, à tous les niveaux et dans tous les grands axes de la tuyauterie). Il parut en revanche très inquiet. Quelques rides pourtant si effacées à l'accoutumée avait fait leur réapparition, le faisant paraître son âge, chose rarissime.

— Il me semblait bien entendre quelque chose la nuit, des grattements dans les fondations du temple massassi. Tout cela m'inquiète, confia-t-il à Sheyla. Je ne sais pas d'où ces choses viennent, mais j'ai fait démarrer les recherches. S'il y a des entrées inconnues au conduites, nous les trouverons.

Sheyla acquiesça silencieusement. Ils marchaient dans un couloir, vers la piste d'atterrissage où les envoyés du Temple Jedi n'allaient pas tarder à arriver. Ils voulaient être là pour les accueillir. Tout à coup, elle aurait voulu rester là encore un peu de temps pour résoudre cette énigme. Elle avait du mal à se détacher de l'Académie, même si le Temple et ses immenses baies vitrées donnant sur le coucher de soleil de Coruscant lui manquaient cruellement. Et quelque chose lui disait que cette histoire était loin d'être éclaircie. Luke continua :

— Tu as remarqué comme elles sont intelligentes ? On pourrait communiquer avec elles, j'en suis sûre. Une dizaine de nos spécialistes sont en train d'essayer avec la petite dizaine que nous avons attrapé.

À nouveau, Sheyla hocha la tête. Elle se sentait ailleurs. La voix de Luke ne lui parvenait que de très loin. Elle n'avait pas grand chose à faire de tout cela. Son esprit était occupé par le visage de sa mère, indistinct, sans contours véritables, plus une sensation qu'une chose visible. Les images se succédaient, d'abord sa mère, puis Jamila dont les yeux bleus électriques restaient , Rurk, Sollen. Des images de l'époque où ils avaient dix ans. Elle essaya de chasser tous ces souvenirs. Elle savait que ce n'était pas bon quand on était Jedi de se laisser emporter par les émotions, par les souvenirs de personnes proches. Il fallait y renoncer. Elle ferma la porte de son esprit notée « Souvenirs douloureux » et tenta de se remettre dans la conversation qu'elle avait entrepris avec son ancien maître.

— En tout cas, continua-t-il, je suis presque sûr que ce sont ces choses qui ont déposé la demi-douzaine de miroirs que Leia et Han ont retrouvé tout à l'heure. Elles sont bien assez intelligentes pour ça. Et ça veut dire que quelqu'un les commande sans pour autant détruire tout le système.

Luke en était donc parvenu à la même conclusion qu'elle. La personne qui était derrière tout ça était en train de jouer la carte de la peur. Mais la peur, chez les Jedi, était refluée au possible. L'Académie ne se laisserait pas impressionner aussi facilement. Loin de là. Il suffisait d'observer Luke attentivement cinq minutes pour le comprendre.

— Qu'est-ce que tu en penses ? dit-il en se tournant vers elle.

— Je ne sais pas trop. Je ne peux pas y faire grand chose. Mais si ça peut vous aider, je dirais que l'on peut certainement obtenir quelque chose des scolopendres sur le responsable de tout ça.

Luke hocha la tête.

2

Amis d'enfance

Ils arrivaient en vue de la sortie de l'Académie, vers les plate-formes d'atterrissage extérieures. Un vaisseau était en train de se poser, une navette lambda brillante avec des stries vert bouteille et bleues foncées. Les couleurs du Temple. Sheyla s'avança sur la plate-forme tandis que le vaisseau sortait ses trains d'atterrissage et que les ailes en lambda se repliaient sur elle-même. Il y eu le « pschh » caractéristique des amortisseurs, puis elle s'immobilisa. Une rampe descendit, et deux Jedi en sortirent, escortés par des droïdes de combat républicains. Sheyla retint une exclamation de surprise en reconnaissant Gena et Greeska, ses amis d'enfance, qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps, depuis qu'ils étaient en mission.

Greeska était un Rodien originaire de Malastare, il adorait plaisanter (avec un humour qui lui était propre) mais c'était avant tout un passionné de machines. Il adorait les ordinateurs tout comme les moteurs, il ne se sentait vraiment à l'aise qu'avec les vaisseaux du Temple. C'était lui qui avait ajouté des caméras arrière sur le chasseur stellaire de Sheyla. Il pouvait passer des heures dans le hangar du Temple à réparer les vaisseaux endommagés. Il s'était joint au groupe des padawans à neuf ans, après qu'on l'ait trouvé tout seul sur la grande Malastare, enfant des rues sans attache. Tout de suite, le petit groupe soudé Sheyla-Rurk-Sollen-Gena l'avait accepté et depuis, il était rare de le voir séparé de Gena avec qui était la plus proche, ce que le Conseil avait tendance à désapprouver. Ils avaient bien essayé de séparer les cinq amis depuis leur dix ans, de les éloigner un peu, mais c'était sans espoir. C'était le départ de Rurk qui les avait légèrement écartés les uns des autres… Mais maintenant qu'il était mort…

Gena Ludim, née sur Corellia, avait été récupérée par Luke et les Jedi à huit ans, presque en même temps que Rurk, Sheyla et Sollen, alors que ses parents venaient de se tuer dans un accident. Elle avait été la padawan de Rolder Assym, tandis que Sollen apprenait sous la tutelle de maître Slitss, Rurk sous celle de maître Haner et Greeska sous celle de maître Allane. Rolder Assym était quelqu'un de plutôt strict, mais il n'avait jamais réussi à réprimer les fous rires fréquents de Gena. Cette dernière avait du mal à rester sérieuse lorsqu'elle n'était pas en mission, elle avait d'ailleurs souvent fait l'objet de réprimandes au Conseil. Et lorsqu'elle se trouvait en compagnie de Greeska, avec son sens de l'humour décapant, on les appelait les deux comiques du Temple. Au fond, ils détendaient l'atmosphère sans pour autant oublier leurs devoirs. Et c'était souvent nécessaire…

Gena et Greeska allèrent vers Sheyla et Luke et s'inclinèrent respectueusement devant celui-ci, les longues manches de leurs tuniques touchant presque le sol. Puis ils laissèrent tomber les procédures et Gena tomba dans les bras de Sheyla en la serrant à l'étouffer. Sheyla protesta et son amie s'écarta avec un sourire étrange. Comme du soulagement de revoir Sheyla en bon état. Pourquoi ?

— Eh bien ma vieille, tu ne dis plus bonjour à ta vieille peau de collègue ? dit-elle enfin, mais son habituel ton joyeux sonnait faux.

Sheyla éclata de rire (d'un rire forcé malgré elle) ainsi que Greeska et Luke.

— Salut, vieille peau, dit-elle en riant. Salut, Greeska.

Il lui répondit en basic, avec cet accent à couper au couteau. Greeska n'avait de toute façon jamais été très bavard. Gena secoua ses longs cheveux roux tressés en une unique natte qui lui retombait sur les épaules et se dirigea vers l'intérieur de l'Académie à la suite de Luke et de Sheyla.

— Alors, dit Luke avec un sourire, Greeska, Gena, comment allez vous ?

— Nous, très bien, assura Gena. Mais nous avons des choses à se dire à propos du Temple. Nous avons l'ordre de n'en parler qu'en privé.

— Bien, suivez-moi, répondit Luke poliment.

Ils se rendirent dans ses appartements. Luke appuya sur un bouton et une table avec ses chaises sortit du sol. Il ferma les portes pour insonoriser la pièce et invita tout le monde à s'asseoir.

— Eh bien, dites-moi tout, dit-il une fois que tout le monde fût assis. Qu'est-ce qui ne va pas du côté de Coruscant ?

3

La menace grandit

Gena affichait une mine grave que Sheyla ne lui connaissait pas. Elle jeta un rapide regard entendu à Greeska, comme pour être sûre qu'elle pouvait dire ce qu'on l'avait envoyée dire. Il hocha subrepticement la tête. Elle se tourna à nouveau vers Luke.

— C'est une longue histoire, commença-t-elle. Pendant l'absence de Sheyla, nous avons eu un grand nombre de petits problèmes de surveillance au Temple. Au début insignifiants, puis de plus en plus graves. Hier après-midi, toutes les caméras holographiques ont explosé. Mais tout cela… n'était que le début.

L'expression de Luke en disait long. Il ne dit rien mais Sheyla lisait tout dans ses yeux. Elle-même affichait une mine plus qu'étonnée. Ainsi, les attaques allaient commencer.

— Hier soir, continua Gena, à l'heure où les lampes solaires sont censées s'allumer, nous nous sommes retrouvés dans le noir total. J'étais en train de discuter avec Sollen et Greeska à la cafète, ajouta-t-elle à l'intention de Sheyla. Elles se sont allumées deux heures. Puis il y a eu un grand bourdonnement comme celui d'un sabre-laser allumé, et plus rien. Tout s'est éteint. Les électroniciens ont passé la nuit dans les circuits. Finalement, vers quatre heures du matin sur Coruscant, ils ont réussi à rallumer. Je ne vous racontes pas le temps que j'ai passé avec maître Söyt pour calmer les plus jeunes padawans. Le Conseil a commencé à convoquer tout le monde en séance extraordinaire - ils ont même pensé à te rappeler, mais ils ont préféré attendre - et il s'est avéré que tout le monde pense qu'il ne s'agit pas d'un accident. On attend encore le rapport des électroniciens, ils sont toujours dans les conduites. Et ce n'est pas fini.

Sheyla ferma les yeux. Qu'est-ce qui pouvait être pire ? La voix de Gena se brisa soudainement. Elle semblait au bord des larmes, Sheyla ne l'avait jamais vue comme cela auparavant.

— Lorsque… lorsqu'on a pu rallumer les lumières et que tout est rentré dans l'ordre, continua-t-elle en baissant les yeux, on s'est aperçus que du monde manquait à l'ordre… huit personnes, pour être exacte. Nous les avons cherchés partout. Leurs comlinks ne répondent pas. Et personne ne sent leur présence dans la Force, pas même ceux qui en étaient proches.

Cette fois, Luke fronça les sourcils. Des disparitions ? Sheyla ouvrit la bouche dans une expression de stupeur, et la première pensée qui lui vint fut « Qui ? ». Elle se rendit compte que c'était égoïste pour les disparus, quels qu'ils fussent. Gena posa les yeux sur Sheyla. Greeska resta silencieux. Elle inspira. Sheyla ne put se retenir longtemps. La peur pour ceux qu'elle aimait la rongeait de l'intérieur comme un ténia affamé dont elle ne pouvait se débarrasser. Et pourtant, elle aurait aimé. Elle ne voulait pas avoir peur pour eux. Elle savait que toutes les personnes dans l'univers devaient être égales à ses yeux, qu'elle devait oublier toutes les attaches. Mais ce fut, en cet instant, bien trop dur.

— Qui ? dit-elle en tremblant.

Elle redoutait - non, elle connaissait déjà la réponse… ou du moins pour une des huit personnes.

— Je ne l'ai pas vu venir, quoi que ce soit ! lâcha soudainement Gena comme pour se défendre, ses grands yeux verts agités d'une lueur électrique. Il faisait noir, on a dû allumer les vieilles lampes de la crypte et s'y rassembler, il manquait déjà du monde… Je n'ai rien vu, personne n'a rien vu…

— Moi non plus, dit alors Greeska. On est sortis de la cafète les sabres allumés, d'ailleurs tout le monde, même les padawans, les avait activés pour se rassurer et faire de la lumière… Gena a couru vers les padawans pour les rassurer avec Neeru Söyt, moi j'ai foncé dans la salle de maintenance de l'éclairage, et ensuite, au rassemblement, ils n'étaient plus là…

Sheyla coupa court. Ils tournaient autour du pot.

Qui ? répéta-t-elle, le ton plus dur mais brisé malgré tout.

Gena inspira profondément.

— Il y a deux maîtres qui ont disparus, maître Slitss et maître Andon, trois padawans…

Le cœur de Sheyla se serra. Qui avait pu faire du mal à des enfants, fussent-ils Jedi ?

— Il y a la petite Nashka Tellan, Mylen Nerone, et Mick Starr. Et trois chevaliers, Jester Leone, Maya Firo et…

Sheyla savait ce que Gena s'apprêtait à dire. Elle l'avait vu dans son regard. Elle l'avait vu lorsqu'ils étaient descendus de la navette. Gena prit une bouffée d'air, les yeux brillants.

— Et Sollen Rainbowson.

4

Faire son devoir

Luke se racla la gorge en évitant de regarder Sheyla qui fixait le sol, abattue. Le silence s'étendit dans la pièce comme une nappe de brouillard. Tous trois avaient une boule dans la gorge qui les empêchaient de parler, allant même jusqu'à freiner leur respiration.

— Sheyla…, commença Gena avec un ton d'espoir, de nous cinq – quatre, rectifia-t-elle rapidement, c'est toi qui est passé maître. Est-ce que tu…

— Non, je ne sens rien, répondit-elle d'une voix faible en secouant la tête.

— Moi non plus, dit Luke. Mais écoutez-moi bien, tous les trois.

Gena releva la tête, suivie par Sheyla et Greeska.

— Je sais qu'il est vivant. Pas besoin d'être réceptif à la Force pour ça. Vous devriez le sentir.

Ils acquiescèrent silencieusement. Sheyla se sentit honteuse tout d'un coup. Elle savait qu'il était vivant. Elle l'aurait senti s'il était mort, comme elle avait ressenti la mort de Rurk, ainsi que Gena et Greeska. Les liens de l'amitié était aussi puissants que ceux de la famille, parfois. Et elle savait qu'il y avait encore de l'espoir pour Sollen et les disparus. Elle les retrouverait.

Gena semblait partager ce sentiment, mais elles se rappelèrent toutes les deux que le Temple privilégierait les recherches sur les sources des explosions que sur la recherche des disparus. Ils voudraient d'abord trouver les responsables, ensuite s'occuper des Jedi manquant à l'appel. Après tout, la vie d'un Jedi comptait moins que sa mission, c'était l'une des premières choses qu'on leur enseignait. Une vie de sacrifices. Et même si cela revenait à condamner Sollen, ou à se condamner soi-même… il faudrait suivre son devoir. Elle soupira. Luke continua.

— Par ailleurs, je suppose que le Temple n'aurait pas fait appel à nous si la situation ne s'était pas aggravée, je me trompe ?

Gena lui lança un regard triste. Elle sourit du même air sombre.

— Vous ne croyez pas si bien dire, maître Skywalker. Nous étions déjà accablés ce matin, c'est bien la première fois en… plus de cinquante ans qu'une chose de ce genre arrive à l'Ordre Jedi. Je vous laisse imaginer la panique au début. Mais heureusement, nous étions formés pour ce genre de problèmes. Tout était réglé au matin, mis à part les disparitions. Les disparitions ont été un coup dur : deux des disparus sont des Maîtres Jedi accomplis du Conseil ! Tout le monde pense à des enlèvements, évidemment. Mais les enfants… C'est ça le pire. Enfin nous le croyions. Car dans la journée, nous avons reçu un appel anonyme - un type se disant cultivateur d'humidité sur Tatooine - nous prévenant d'un danger imminent. Il disait avoir surpris et écouté longuement une conversation dans une cantina de Mos Esley. Il a bien spécifié qu'il n'en parlerait ouvertement que sous la protection d'un Jedi qui viendrait seul chez lui pour lui parler. Il a dit que nous devions nous presser et surtout, que ça concernait l'Ordre Jedi tout entier, pas seulement le Temple. Tous les Jedi sont dans le coup, a-t-il dit. C'est là que le Conseil a trouvé juste de vous avertir, pour voir ce que nous pouvons faire.

Luke hocha la tête, reconnaissant mais ayant du mal à cacher son inquiétude.

— Ils pensent qu'il est peut-être temps d'organiser une rencontre avec cet homme pour en savoir plus - même si beaucoup pensent que cela sent le traquenard à plein nez - et une rencontre qui lui prouve bien que le Temple comme l'Académie a reçu le message.

Sheyla commençait à voir le bout de l'histoire. Gena lui lança un regard évocateur. Luke aussi.

— D'accord, d'accord, dit-elle avec un sourire. Direction Tatooine, alors.

Gena sourit à son tour.

— Une petite minute. On ne sait pas si c'est un piège, mais le Conseil est persuadé qu'il y a un rapport avec les problèmes de sécurité et les enlèvements - bref, que tout est lié.

Luke sembla penser que le moment était venu de raconter à Gena et Greeska tous les problèmes qu'ils avaient eus : Gena eut une expression dégoûtée à l'évocation des scolopendres et Sheyla était sûre qu'elle priait pour que ces choses ne soient pas dans les murs du Temple Jedi. Mais finalement, ils avaient eus les même problèmes, et Luke redoutait que la sécurité ne finisse par craquer et que des enlèvements soient perpétrés.

— Oh, Seigneur, finit par dire Gena.

— Oui, on est vraiment dans la mouise, ajouta Sheyla.

Étant donnée l'expression intriguée de leurs visages, elle comprit qu'aucun d'entre eux ne connaissait. Elle toussota légèrement.

— Je pars quand ?

— Dans la journée, dès que tu pourras, dit Greeska. L'homme a indiqué une adresse, je vais télécharger ça sur ton datapad. Il a dit qu'il serait disponible chez lui toute la journée galactique et demain. On compte sur toi.

— Après ça, tu reviens au Temple, ajouta Gena. J'espère que tu auras de nouvelles réponses sur cette histoire.

— Je l'espère aussi, dit Luke. Sois prudente.

Son intuition disait à Sheyla qu'elle allait le revoir beaucoup plus tôt qu'elle ne le pensait.

— Je le serais. On élucidera ce mystère, dit-elle en regardant ses amis d'enfance. Et on les retrouvera, j'en suis sûre. Au fait, que sait-on sur les enlèvements ?

— Pas grand-chose. J'étais assise en train de discuter avec Greeska et Sollen. Nous parlions tranquillement… Puis tout s'est éteint. J'ai alors dit « Greeska ? Sollen ? », et Greeska m'a répondu « Je suis là ». J'ai entendu la voix de Sollen au loin « Par là ! Venez vite ! ». Il y avait des bruits de heurts – des coups de sabre-laser. Ça n'a pas duré longtemps. Quand nous sommes arrivés sur le lieu du combat, Greeska et moi, il n'y avait plus personne. Envolés, Sollen et ce avec quoi il se battait. Il ne restait que son sabre par terre, je l'aurais reconnu entre mille. Pas de sang, pas de trace de lutte violente, rien. Disparus. Tous ceux qui se trouvaient à côté des disparus ont dit la même chose : des bruits de lutte, un appel à l'aide, puis plus rien. Les padawans avaient eux aussi laissé tomber leur sabre-laser. On a retrouvé les huit, sans leurs propriétaires.

Sheyla soupira.

— J'espère qu'ils vont bien.

— Moi aussi, dirent Greeska et Gena d'une même voix.

— Et moi donc, renchérit Luke. Tu ferais bien de partir maintenant. Quelque chose me dit que le temps nous est compté.

5

Hyperespace

Sheyla était assise dans le siège de pilote, à l'intérieur du petit chasseur stellaire qui était le sien. Elle était prête, armée, munie de l'adresse de l'homme et sur le qui-vive. Prête à se défendre. En pleine forme, presque. Ses muscles étaient encore douloureux suite à l'affrontement avec Luke, mais moins qu'ils ne l'élanceraient le lendemain, elle s'en doutait. C'était encore largement acceptable. Et avec l'aide de la Force, elle ne sentait même plus les courbatures.

Elle avait franchi depuis longtemps la barre de la vitesse lumière, mais le voyage serait long. Par rapport au système de Yavin, Tatooine était à l'autre bout de la galaxie. Ce qui signifiait un très long voyage. Longtemps. Mais le temps s'écoulait étrangement lorsqu'on avait passé cette imposante vitesse, à tel point qu'on avait l'impression d'être coupé de la réalité. Et elle l'était. Vraiment. Les étoiles défilaient dans un étrange ballet de lignes lumineuses et d'ondulations dans l'espace, se mouvant lui aussi comme un serpent qui resserre ses anneaux. Sheyla ne savait plus quand elle était partie, elle perdait la notion du temps. Elle allait si vite, après tout… même les étoiles n'existaient plus dans la forme qu'elle leur connaissait. Plus rien. Juste ces ondulations hypnotiques qui se profilaient au-delà des fenêtres du petit vaisseau, et le ronronnement du moteur. Elle fixait l'infini stellaire - ou était-ce un rêve ? Plus rien n'était normal quand on était en hyperespace. Quand on y était depuis trop longtemps pour se rappeler quand on était parti.

Elle se sentait dériver. Ses paupières se faisaient lourdes. Elles voyait la danse des lignes brillantes autour d'elle, et même lorsqu'elle fermait les yeux, elle voyait leurs dessins étranges imprimés comme sur un négatif… Impossible de s'en dépêtrer. Elle contemplait leur danse. Et elle se sentait étrangement fatiguée. Tatooine pouvait être si loin… ou si près. À des années-lumières de là. Ou à un parsec. Peu importait. Les distances ne comptaient plus dans cette autre réalité dans laquelle elle était en train de basculer. Elle s'endormit sans même s'en rendre compte, sans même savoir qu'elle fermait les yeux et quittait le monde réel.

6

Retour en arrière

Une jeune fille coiffée à la Padawan courait dans les couloirs. Elle voulait avertir son maître, tout de suite, maintenant, parce que c'était évident, ce dont elle avait rêvé cette semaine s'était produit… Elle le vit, mais fut incapable de parler, encore secouée par la force des hurlements qui l'avaient frappée comme un boulet de canon, l'esprit encore inondé de la lumière de l'explosion rouge sang dans le ciel noir, la peau encore brûlante là où elle était certaine d'avoir senti les étincelles lui déchirer la chair… Et surtout, la sensation terrible d'être morte brûlée vive d'un seul coup - ses parents. Le vide de leur présence l'accablait à présent. Dans son cœur, là où ils étaient habituellement, il ne restait rien.

Il la vit et parla. Son visage était inquiet, voyant sa padawan si blême.

Qu'est-ce qu'il y a, Sheyla ?

Elle souffla, puis les larmes arrivèrent, telles un tsunami déferlant sur les remparts fragiles de son esprit et les pulvérisant sans scrupules.

C'est arrivé, gémit-elle entre deux sanglots, ils sont morts, ils sont tous morts…

Son regard était ailleurs. Elle avait tout vu, par l'œil de l'autre ou par ses propres yeux, elle avait vu l'Étoile de la Mort et son rayon vert anéantir son monde natal, tuer six milliards d'êtres vivants qui ne se doutaient de rien jusqu'au dernier moment. Elle avait vu les dernières navettes corelliennes partir, partir en emportant ce qu'elles avaient pu de survivants, tandis que le souffle de l'explosion en détruisait la moitié. Elle avait senti cette présence étrange, vu par les yeux de l'autre l'explosion, puis plus rien, elle s'était réveillée et avait compris que tout était arrivé.

Il tentait de la réconforter, mais c'était sans espoir, elle devait en rêver pendant encore des années… Elle se jeta dans les bras de ceux qu'elle aimait, ils étaient là, Sollen, Gena, Greeska, Rurk, ils la prenaient dans leur bras, ils avaient toujours été là… Elle sentait la main de Rurk sur son épaule ce jour de ses treize ans, elle était posée exactement à l'endroit où sa lame azur allait la blesser grièvement sept ans plus tard… Tous lui disaient que tout allait bien, que la Terre était sauve, que ce n'était qu'un cauchemar, mais elle le savait, elle l'avait ressenti, ses parents étaient morts… Eux n'avaient rien vu… Luke et Leia savaient aussi, maintenant ils en étaient sûrs. Ils croyaient Sheyla.

Mais qu'as-tu vu ? lui demandait Luke avec un air rassurant, non pire que ça, un air séduisant, tranquillisant. Leurs visages s'amoncelaient autour d'elle, la pressant. L'explosion se renouvelait dans sa tête. Dis-le, petite, dis-le, tu ne risques rien, explique-nous. Non, je ne veux pas le dire, je ne veux pas l'expliquer et le revoir encore une fois, RACONTE, il en est hors de question, et cette fois c'était la Sheyla adulte qui se débattait, assise dans son siège : non, je ne veux pas cauchemarder encore, RACONTE, laissez-moi tranquille, maman, laisse-moi tranquille, Rurk, Jamila, partez, laissez-moi

7

Hakuna Matata

— LAISSEZ-MOI TRANQUILLE ! hurla subitement Sheyla en ouvrant des yeux exorbités de terreur et de rage.

Elle haletait, en sueur, complètement redressée sur son siège. La sangle de sécurité lui broyait les côtes tant elle tirait dessus, et elle se rappela qu'elle en avait eu deux de cassées. Elle s'aperçut qu'elle venait de hurler dans son sommeil, qu'elle s'était cognée le haut du crâne contre le plafond en se relevant : d'où les marteaux qui lui labouraient la tête sans pitié et la bosse titanesque qu'elle sentait gonfler sous ses doigts, enfouie dans les cheveux. Mais ce coup avait eu des effets bénéfiques : au moins avait elle les idées parfaitement claires maintenant, malgré le tintement du carillon qui lui résonnait dans le cerveau.

Elle avait rêvé du jour où elle avait eu cette vision terrifiante, le jour de son anniversaire de treize ans, ce jour qui avait été si joyeux au départ avant de devenir le jour du Treize, le chiffre qu'elle haïssait sans le savoir. Elle avait revu en détail tout le désastre, et tout ce qui avait suivi… Mais pourquoi ce rêve revenait-il maintenant ? Qu'avait-elle fait pour le mériter ? Lui qui semblait avoir disparu était revenu avec la puissance de mille chevaux lancés au triple galop sur une piste, et elle était la malheureuse égarée qui n'avait pas entendu le début de la course sonner.

Sheyla s'efforça d'oublier - après tout, ce n'était que le passé, n'est-ce pas ? Ça n'avait plus d'importance - et se frotta la tête du plat de la main en concentrant dans cette dernière le pouvoir de la Force. Elle sentit les petites ondes parcourir son bras puis sa paume, le pouvoir fourmiller en elle et sortir doucement sous la forme d'une très légère lueur bleue qui atténua considérablement sa douleur. Quelques minutes plus tard, c'était là aussi, du passé. Il ne fallait jamais revenir en arrière. Hakuna Matata. Elle réalisa ce qu'elle venait de se dire et eut un petit rire - rire qui devint amer lorsqu'elle se rappela de quoi cela provenait, et surtout, d'où cela provenait.

Elle secoua la tête pour reprendre ses esprits et surtout, se concentrer sur sa mission. Les lumières du tableau de bord clignotaient accompagnés par des petits bips sourds. La carte stellaire brillait doucement. Tatooine était proche. Elle allait bientôt sortir de l'hyperespace et de l'enfer de ce monde des rêves, de cette dimension où la vitesse de la lumière devenait dérisoire et où le temps n'existait plus ailleurs que sur son holo-montre.

8

New Aethersprite, raconte-moi ton histoire

Le New Aethersprite sortit en douceur de l'hyperespace. Sheyla aimait la maniabilité de sa « relique » comme l'appelait Luke. Il était souple et rapide. Léger, suffisant. Elle n'avait jusqu'à présent jamais eu besoin d'un armement plus lourd; il était parfait comme cela.

De plus, il avait une histoire, ce vaisseau, une longue histoire que lui avait contée le type de chez Kuat. Elle se rappelait bien la scène : elle venait acheter au frais de l'Ordre Jedi (qui était à l'époque en un seul morceau) un nouveau chasseur stellaire, car l'ancien qu'elle utilisait (un vieux X-wing aux portes de la casse tellement vieux qu'il avait dû servir pendant l'attaque de la première Étoile de la Mort) avait fini par rendre l'âme. Elle avait dix-huit ans, et on lui avait permis pour sa majorité terrienne d'avoir son propre starfighter (moment de fierté qu'elle n'oublierait jamais). Elle était partie de la frégate dans cet A-wing poussif, en direction de Coruscant. Elle ne voulait pas acheter un X-wing. On lui avait simplement donné un montant à ne pas dépasser (ce fut deux ans plus tard que Gena explosa le budget en achetant un superbe Theta Lightray). Elle avait donc été chez l'usine de Coruscant de Kuat Systems Engineering, avec l'intention première de prendre un véhicule pas trop cher, d'occasion, mais pas un modèle répandu et ordinaire non plus.

Sheyla avait donc demandé quelque chose de spécial pas excessivement dernier cri au vendeur de Kuat qui était bien content d'avoir une commande de l'Ordre, ce même Ordre que sa société avait fourni en chasseurs stellaires durant toute la Guerre des Clones. Elle avait été servie. Il lui avait tout d'abord montré les classiques modèles récents signés Kuat, mais voyant son air du client « je cherche un truc VRAIMENT spécial », il avait compris et lui avait montré un prototype qui était une véritable relique, disait-il, une merveille, qui à l'origine n'était même pas à vendre, maître Jedi, c'est une affaire ! Elle l'avait longuement regardé, jusqu'à en tomber amoureuse, de ce vaisseau. Il avait cette classe des anciens vaisseaux de la Guerre des Clones, il était plutôt en bon état, et surtout, il y avait ces traces de tirs lasers qui lui donnaient cet esprit de « je tiens bon quoiqu'on me fasse subir, regardez-moi ces belles traces de torpilles à protons, et ben je m'en suis sorti, na ». Il était si petit, si plat, qu'elle l'avait tout de suite apprécié. Le vendeur lui avait alors raconté l'histoire de ce vaisseau, qui n'était pas n'importe lequel et qui aurait pu être une véritable pièce de musée.

Il avait été construit par la société KSE peu après le début de la Guerre des Clones et la bataille de Géonosis, à la demande de l'Ordre Jedi qui souhaitait quelque chose de lourdement armé pour la guerre qui venait de débuter. Il était un remplacement du bien-aimé modèle de Delta-7 Aethersprite, que le vendeur trouvait d'ailleurs magnifique (il lui montra même l'un d'entre eux, parfaitement conservé dans la partie musée de KSE). Le prototype qu'elle avait devant les yeux n'avait été construit qu'en dix exemplaires, tous livrés au Temple Jedi pour des vols d'essais. Le vendeur certifia que des maîtres Jedi avaient testé celui-ci - le numéro trois - peut-être même Obi-Wan Kenobi et Mace Windu… Le vaisseau n'était pas excessivement cher, compte tenu de son état : le vendeur était de ces commerçants francs, qui ne vont pas directement vous orienter sur le plus haut de gamme, mais sur celui qui vous plaira le plus. Et il avait su voir la lueur au fond des yeux de Sheyla lorsqu'elle l'avait aperçu.

Il expliqua qu'après avoir servi quelques semaines intensives en plein combat, ces vaisseaux encore trop peu armés pour les besoins des Jedi avaient été décommandés et la Kuat en avait détruit la plupart, excepté quelques uns gardés comme modèles pour la construction de la nouvelle gamme : les Eta-2 Actis. Celui-là était le dernier répertorié dans les registres Kuat, remisé et oublié jusqu'à, disait le vendeur « ce jour d'aujourd'hui où une Jedi arrive dans notre magasin et lui redonnera sa gloire d'antan ! ». Il ajouta qu'après tout, il aurait eu mal au cœur à le vendre à une autre personne qu'un Jedi, car il avait été conçu pour les Jedi. Il promit pour un prix modique de faire ajouter une hyperpropulsion dans le moteur, et Sheyla finit par tomber sous le charme. Elle le prit, et il ne la quitta jamais plus, prêt à voler les huit années qui suivirent. Et elle le bichonnait. Greeska ne cessait de dire en riant qu'à force de le lustrer elle finirait par faire disparaître les trous de laser.

Sheyla sourit en se remémorant tout cela. Ce n'était qu'un vaisseau, mais il lui avait tellement servi qu'elle n'aurait jamais songé à s'en débarrasser pour en prendre un plus fiable… Comme un animal fidèle qu'on ne peut pas imaginer laisser sur le bord de la route au départ des vacances. Le vaisseau, l'ami parfait. Et pourtant, quelques heures plus tard, elle allait regretter de toute son âme qu'il ne fût pas plus lourdement armé.

9

Le Panther's Roar

Le commandant Steven Lako riait tout son content. Fier de lui. Le Panther's Roar glissait silencieusement dans l'ombre de la planète, toute propulsion désactivée, en orbite. Son appareil à lui. Le vaisseau qui avait été autrefois l'un des terrifiants destroyers impériaux n'avait rien perdu de son allure de prédateur, caché dans l'ombre, guettant sa proie. À ce qu'on voyait depuis les caméras, il était toujours aussi… imposant ? Majestueux ? Ou tout simplement… monstrueux ? Le commandant faisait les cent pas sur le pont du croiseur, observant la surface jaunâtre, désertique et brûlée de Tatooine qui se dessinait par les grandes baies. Il fixait le petit point lumineux qui se dirigeait de toute évidence vers Mos Esley. Son sourire fier s'évanouit. Quelque chose n'allait pas avec ce point. Une évidence qui le titillait depuis qu'il l'avait vu sortir de l'hyperespace.

— Lieutenant Shepard, demanda-t-il sans lever les yeux de la baie, pointez-moi les holocams sur le secteur…(il vérifié sur la carte qui s'étalait en-dessous de lui) 7C.

— Bien mon commandant, répondit le Shepard en question, un petit homme chauve derrière l'un des grands tableaux de commandes.

Il tapota quelques boutons.

— Analyse ? demanda-t-il.

— Oui.

Les caméras verrouillèrent le petit chasseur qu'il voyait filer vers la surface de la planète. Un bip retentit tandis que la base de donnée du Panther's Roar analysait le vaisseau, apparaissant au milieu du pont sur un projecteur holographique, tournant sur lui-même sous la lumière bleutée. Lako vit le résultat des recherches s'afficher en-dessous, clignotant avec un bourdonnement bruyant.

— Bien entendu, murmura-t-il entre ses dents en voyant la mention « Classe : Jedi Starfighter » inscrite sous l'hologramme.

L'un de ses sous-fifres vint à ses côtés.

— Il a moufté. Ce petit cafard a moufté. Je savais qu'on aurait dû le tuer avant qu'il sorte de la cantina, ce sale mouchard, dit-il dans un sifflement.

Le visage de Steven Lako ne trahissait ni rage ni peur. Il avait de nouveau son sourire à demi sadique peint sur le visage. Il ne se tourna même pas vers son subordonné.

— C'est ceux qui ont parlé à tors et à travers dans ce lieu public qui devraient être tués, Rakman. Mais ce n'est pas très grave. Au contraire.

Le lieutenant Shepard s'avança vers lui. Il dirigeait aussi les opérations spatiales militaires.

— Devons-nous le descendre avant qu'il ne se pose, mon commandant ? demanda-t-il sur le ton de la conversation polie.

Lako sembla réfléchir. Puis il quitta la baie et se retourna.

— Non, dit-il paisiblement. Nous l'avions prévu. Enfin, lui l'avait prévu. Nous allons le laisser se poser. Savoir ce qu'il a à savoir. Mais je veux que vous brouilliez toutes les émissions radios en provenance du système de Tatooine. Coupez toutes les communications le temps que cette fichue fouine transgalactique soit sur la planète.

— Mais, mon commandant, ne risquons-nous pas d'inquiéter les Républicains ?

— Au diable les Républicains. Quand leurs communications seront coupées, ils croiront à un accident, comme d'habitude. Vous les rétablirez sous peu. En revanche, je veux que nous puissions recevoir. Isolez la fréquence du Panther's Roar et celle de… du sien.

— Bien mon commandant.

Shepard s'éloigna. Un des pilotes s'avança à son tour. Le commandant Lako le connaissait bien. Il s'agissait de Teil Vashneer, le meilleur pilote de TIE que l'Empire ait jamais eu, et qui croyait toujours en l'Empire d'ailleurs. Toujours prêt à se battre, et invincible la plupart du temps. Il avait été responsable de la mort de nombreux pilotes rebelles pendant la guerre civile. Cependant, si la nature l'avait doté de bons réflexes et d'une vision excellente, il n'était pas en mesure de réfléchir ailleurs que dans son vaisseau. Il était capable d'être froid, sadique et calculateur, voire même intelligent, lorsqu'il était aux commandes de son chasseur. En revanche, lorsqu'il était sur ce qu'il appelait « le fichu plancher des vaches et vive le vide spatial », il avait l'intelligence d'un dragon krayt affamé qui vient de voir un bantha passer. Mettez un Jedi à la place du bantha.

Ses yeux rouges de haine ne semblaient vouloir qu'une chose : foncer sur son vaisseau et prendre en chasse la ridicule antiquité qui venait de sortir de l'hyperespace, avec à son bord l'un ou l'une de ces types débiles aux réflexes surdéveloppés qui se prennent pour des pilotes de haut niveau avec leurs chasseurs de pacotille.

— Chef, dit-il au commandant d'un ton familier, on peut pas l'abattre tout d'suite ? Si on l'fait pas, quand y saura tout, y va s'tirer et sous peu on aura tout l'nid sur la tête. Ça s'rait franchement gênant vous croyez pas ? Les fouines de c'genre, trucidées une par une, ça va, mais quand y's'mettent en escadrille avec leurs réflexes de rongeurs laser vaut mieux pas traîner dans les parages.

Lako sourit. Il aimait l'impatience de cet homme. Idiot, peut-être, mais pas tant que ça.

— Tu auras ta chance, Teil mon vieil ami. Laisse les mailles du filet se resserrer. Je veux qu'il ou elle sache ce qui attend ses amis avant de mourir.

Teil ricana. Ouais, pour sûr. Il jeta un œil au petit chasseur - ridicule appareil comparé au sien, il ne lui faudrait pas beaucoup de temps pour le descendre - qui avait à présent disparu à la surface. Il saurait attendre. Et une fois que la grande opération commencerait, les fouines interstellaires n'y comprendrait rien quand ça leur tomberait dessus. Et l'Empire pourrait écraser la République sans grande résistance.

Oui, il attendrait. Rien que pour voir souffrir cet idiot de fouineur en pensant qu'il ne pourrait même pas avertir ses petits copains quand il crèverait tout seul dans le vide spatial. Ouais, dans l'espace, personne ne vous entendu hurler.

Un sourire se dessina sur son visage. Patience.