Auteur : C-l-a-r-e / Angel of Discontent / Reginleif
Date : Dimanche 4 Decembre 05
Base : Yami No Matsuei
Disclaim : Les persos ne sont pas à moi, à part Enji et Fumi.
Genre : Angst, Shonen ai vraiment léger
.Kizu voulant dire cicatrice et Kinan
péril/danger.
-Kizu-
Acte 2 : Kinan
Chapitre 1.0 : Sweets
Des coups peu discrets, tapés à
une porte, dérangèrent un moineau perché sur le
toit de la maison. On ouvrit le battant. On fit entrer.
Enji sourit. Elle n'avait pas changé,
depuis tout ce temps. Il ne voyait d'Elle qu'une simple silhouette,
tellement imprécise sous la masse de châles et d'étoffes
diverses qui l'enrubannaient en permanence, et deux yeux dont seul la
brillance faisait acte de présence.
Elle se planta au milieu de la pièce, observant méticuleusement chaque recoin, tournant grotesquement la tête dans toutes les directions, pour bien signaler l'exiguïté des lieux.
Enji haussa les épaules.
" Ué, c'est assez kitch ici. Assieds-toi, j't'en pris. "
Il désigna rapidement un canapé, avant de disparaître dans le coin cuisine. Il revint, porteur d'un plateau de thé. Il savait qu'elle ne refuserait pas, et prendrait et un seul petit gâteau. Elle couperait un rectangle de sucre en deux, et le ferrait tremper du bout des ongles.
Il connaissait ses habitudes par cœur. Le moindre de ses gestes, vers le pot de lait, vers la cuillère, vers le sucrier. Il arrivait même parfois à anticiper ses paroles et répondre avant qu'elle n'ai ouvert la bouche.
" C'était magnifique, tu sais.
- Tu va arriver à tenir, Seiko ?
Sa voix était profonde, un peu rauque, avec une touche narquoise qui ne semblait jamais la quitter.
Enji sourit.
- Ce nom.. Ah, ça ne nous rajeunit pas.. Oui.. C'est bon. Prends le temps qu'il te faut.
- Et pour..
- Je n'ai pas pu.
Elle hocha la tête, sous ses foulards.
- Puis-je t'aider pour quelque chose tant que je suis ici ?
- Tu as appris -quelque chose- ?
- Tu avais raison.
- J'ai toujours raison, Dear.
Enji maniéra un mouvement de main précieux. La masse de tissus eut un bref rire rauque, brisant un sucre en deux.
- Je suis fatiguée, est-ce que..
- Bien sur."
Ils finirent leur thé en silence, un petit sourire nostalgique aux lèvres de chacun, plus ou moins visible.
Tsuzuki fixait depuis maintenant quelque dix minutes la même fissure dans le mur, un sourire à moitié idiot aux lèvres.
Il pensait à sa journée. A cette sorte de rêve au goût sucré trop vite dissipé. Hisoka était venu le voir. Hisoka lui avait dit les mots qu'il rêvait d'entendre.
Il ne le détestait pas. Il n'était pas parti car sa présence était devenue insupportable. Même, ils s'étaient côtoyés toute la journée, sans qu'il n'ait un seul mot désagréable ou sec.
Il avait oublié tout un mois, juste avec l'apparition de son jeune ami. Tout était allé si merveilleusement bien..
Pas de souvenirs de ses cauchemars, de son passé, rien qui puisse entacher la beauté éphémère du moment.
Il n'avait pas pu poser de questions. Tout sens critique avait disparu de son esprit pendant ces quelques heures.
Et pourtant, le récit d'Hisoka avait bien des trous. Pourquoi avait-il imposé une rumeur infondée ? Pourquoi n'était-il plus son partenaire ? Pourquoi voulait-il tant de puissance ? Pourquoi avait-il été si gentil ? Hisoka était d'un naturel trop froid pour se dégeler aussi brusquement.
Il ne l'avait vu qu'une journée, après un mois d'absence. Et leur prochaine rencontre était incertaine. Peut-être très lointaine, ou inexistante. Pourquoi acceptait-il si facilement sa mutation ? .. Où avait-il été muté ?
Tsuzuki se releva de la chaise de bureau sur laquelle il se balançait un peu. Lentement, comme tout juste réveillé, il se balada un petit moment dans les couloirs, ayant momentanément oublié la direction à prendre.
Ah oui. Chez Tatsumi.
Petits coups serrés, heurtés par un seul doigt replié. Personne ne s'annonçait ainsi. C'est donc perplexe que Tatsumi somma d'entrer dans son bureau. Tsuzuki, un air lointain et rêveur rivalisant avec la plus récente et tenace expression triste sur son visage se présenta dans l'encadrement.
Ennuyé, il se gratta la tête, cherchant visiblement à se rappeler quelque chose. Les sourcils bas, le nez froncé, il ressemblait à un jeune gamin. Tatsumi eut un sourire.
" Oui, Tsuzuki ? Je peux t'aider ?
Semblant se remémorer à cet instant la présence de son supérieur dans la pièce, Tsuzuki eut un sursaut, puis une moue perplexe.
- Euh.. .. Ah ! Ui.. Hisoka.. Je l'ai revu. Il est revenu, Tatsumi !
-.. Oui, je sais. Il est revenu il y a une semaine. Il n'a pu se relever qu'aujourd'hui.
- Sept jours.. Alors.. C'est ça que Watari me cachait ? "Il a réussi". C'était ça ?
- Oui, je suppose..
Le plus jeune eut une moue.
- Mais..
Tatsumi ôta ses lunettes.
- De quoi voulais-tu me parler, Tsuzuki ?
- D'Hisoka.
- C'est fait.
- Ou est-il, maintenant ?
L'aîné consulta sa montre.
- A cette heure là, supposant qu'il est déjà sur le terrain, il peu être n'importe où.
- Son secteur.
- Bloc 3
- Hein ? Hisoka est là depuis trop peu de temps pour.. !"
Tatsumi fixa le vague. Oui, il comprenait bien. Il pesait les chances de survie d'Hisoka au SouteiCho. Il fallait réellement avoir des nerfs d'acier pour travailler dans ce secteur sensible. Encore plus si l'on avait une des sœurs Kanawa comme partenaire. Les deux autres n'étaient jamais loin.
Mais les dons d'empathie du jeune garçon, surtout après qu'il ai aidé à leur développement, pouvaient véritablement aider dans ce district. Il semblait y avoir d'autres raisons, mais il n'aurait pas su dire lesquelles.
Il sourit légèrement au grand gamin triste en face de lui. Les choses semblaient s'être calmées, un peu. Tsuzuki avait l'air plus vif. En tout cas apte à formuler des phrases.
Tiens.. D'ailleurs, il était déjà parti.
Tsuzuki n'avait pas répondu à cet
appel depuis un mois. Un appel si autoritaire et dur qu'il n'avait
pas pu faire autrement. Ses membres se déplaçaient tout
seuls, furieusement, comme possédés.
Il ferma les yeux, tentant de se contrôler, mais sans en avoir aucune envie.
Il allait acheter une pâtisserie. Juste une.. Ou deux.. Pour la route, juste..
Chapitre 1.1 : Fools
Enji, en croisant naturellement
Tsuzuki-Du-Matin, resserra autour de sa gorge le foulard rouge
qu'elle lui avait donné. Il eut un petit sourire, se rappelant
avec une certaine délectation des évènements de
la veille.
Deux idiots vus de loin, plantés à deux mètres l'un de l'autre, larmoyants, ridicules. Malgré tout, il s'avouait facilement qu'il avait été impressionné par leur mutuelle expression sous-jacente de dévotion l'un pour l'autre.
Expression dont évidemment les deux drôles d'oiseaux dont l'un était son partenaire n'avaient pas conscience.
Cette aura légère et doucement triste qui avait auréolé Hisoka renforçait sa beauté féminine naturelle. Mais quel sale caractère. Pire que lui, rendez vous compte.
Il avait pu juger de son humeur en l'agaçant un peu, l'ayant croisé à la fin de la journée. L'ancien partenaire lui avait répondu si sèchement qu'il avait failli ne pas insister.
Quels beaux yeux verts, tiens.. Il sentait que les conversations futures avec Tsuzuki sur -un certain sujet- allaient être trèès amusantes.
D'ailleurs, il semblait un peu jeune, pour travailler. S'il l'avait vu en chemise cravate, il aurait mis la fidélité de ses yeux sérieusement à l'épreuve.
Evidement, il ne s'était rappelé bien après que le garçon, tout aussi lycéen qu'il paraissait, avait quatre vingt dix neuf pour cent de chances d'être plus vieux que lui, vu son propre degré d'ancienneté.
Il était quand même d'une difficulté relative de garder en tête que tout ce monde bruyant qui s'agite autour de vous a un corps froid enterré quelque part sous une dalle de marbre, et encore plus dur de penser que vous ne faites pas exception à la règle.
Il fronça le nez, chassant rapidement de son esprit la dérangeante vision de son propre lui, et son état actuel, six pieds sous terre, rongé par les vers.. Changeons de sujet.
Il observa sa main directrice, soudainement curieux et tenté de savoir quel serrait l'effet sur sa peau immortelle s'il la blessait.
Pris d'inspiration, il approcha le dos de sa main de ses lèvres, et mordit joyeusement dedans.
Il n'avait pas imaginé sa peau aussi dure, et une morsure de ce genre si douloureuse.
Il observa sa main gauche, dont un morceau, entre l'index et le pouce, s'était fait à moitié trancher par ses dents.
" Qu'est c'que tu fais..? "
Sous le coup de la surprise, Enji sentit ses pieds quitter brièvement le sol et retomber sans douceur. Il avait fait le sursaut de sa vie, assurément.
Plus machinalement qu'autre chose, il cacha sa main dans son dos, se retournant sur un homme comme il n'en avait encore jamais observé.
Entre deux mèches très noires émergeaient des oreilles légèrement pointues et curves. Sous les yeux étroits s'élargissaient, de chaque coté du visage de petites taches rouge sombre renforçant l'aspect un peu prédateur de ses traits.
Enji était sûr que si l'étrange spécimen humanoïde souriait, il aurait des canines un peu trop longues, des dents un peu trop coupantes..
Non. Il se retiendrait de lui demander un beau sourire pour la photo. De toutes ses forces.
Il préféra d'ailleurs accuser un moment de perplexité, ne sachant pas trop à qui s'adresser, et pris le parti tacite du silence, se contentant, muet, de fixer placidement le monsieur en attente d'une réponse.
Terazuma croisa les bras, en profitant pour rattacher une manche de sa chemise jusqu'alors défaite.
" C'est toi, la nouvelle victime d'Asato ?
- Euh. Ué, voila."
Il ricana, murmurant un bonne chance et un avis de condoléances distinguées, avant de disparaître au détour du couloir.
Enji fixa sa main, un peu ennuyé qu'elle ait guéri sans qu'il n'ai pus observer le phénomène de régénération.
Boudeur, lui aussi quitta le couloir.
" C'est noté."
Pour souligner cette dernière affirmation, il traça un petit trait impulsif en bas de la feuille carnet qu'il venait de remplir d'une fine écriture illisible.
Il tendit les notes prises à Tatsumi, souriant joyeusement. Les deux Shinigami étaient tout deux assis autour d'un ordinateur, le secrétaire général dictant au scientifique les passages importants de mètres carrés de renseignements défilant sous l'acuité de ses lunettes.
Watari avait beaucoup de temps libre, et s'était décidé à aider gentiment Tatsumi débordé de travail. Là en l'occurrence, gratter du papier depuis bientôt deux heures -déjà ?- au sujet d'il ne savait même pas quoi.
Les deux hommes virent passer Enji et Tsuzuki
qui se chamaillaient, par la porte entrouverte du bureau de Tatsumi.
Le blond haussa un sourcil, l'autre redressa ses lunettes le long de
son nez.
" Il va mieux..
- Pour l'instant.. Mais je ne pense pas que ce nouvel équipier soit ce qui lui faut.
- Ca, c'est évident.
- Tatsumi.. Tu ne dis rien..
- Non. J'aimerais. Mais je ne peux pas faire autrement que regarder comment l'avenir va se présenter.. Je ne peux même..
- Tatsumi.. Je voulais dire que tu es rêveur et à côté de la plaque, en ce moment..
La franchise désinvolte de Watari déstabilisa un peu le grand Shinigami.
- .. Je devrais peut-être me remettre plus sérieusement au travail..
- Non, pas le travail. C'est une généralité.. Enfin.. Oublie ça, va.
Tatsumi eut une expression perplexe.
- Mais.. Non, continue."
Le blond, fixant tranquillement un mur derrière l'ordinateur, se contenta de secouer doucement la tête, un petit sourire à l'expression indéfinissable s'effilant sur ses lèvres.
L'aîné relut les notes, longuement, secouant la tête en voyant le petit dessin que Watari, pris d'ennui alors que rien n'était important à écrire, avait gribouillé dans la marge. Dessin qui ne ressemblait pas à grand chose, mais c'était mignon.
D'ailleurs, il n'avait pas quitté des yeux son bout de mur.
Ahlala.. Ce qu'il pouvait être gamin, celui là.. A croire que suite à une de ses désastreuses expériences où il avait fait découvrir à la moitié de l'étage son visage version gosse de 7 ans, il en avait gardé quelques séquelles mentales..
Il se mordit la lèvre. C'était inadmissible de penser comme ça. Même si en soit, ses pensées n'étaient pas tellement injurieuses.
Mais de voir Watari, si gentil avec tout le monde, d'une bonne humeur permanente, et d'oser critiquer son esprit gamin..
Baffe mentale, pour se remettre au travail. On verra après.
" Mes notes te conviennent ? ..Tu arrive à lire ?
Double hochement de tête.
- C'est bon, je m'attendais à pi..
Il posa sa paume contre ses lèvres.
- Oh, oui je sais..
Mais Watari, loin de se sentir vexé, émit un rire approbateur. D'un côté, Tatsumi s'en sentait soulagé. Lui, au moins, ne prenait pas tout au négatif. C'était agréablement reposant.
- Je vais prendre un café. Tu viens ?"
Ne pouvant refuser une invitation, surtout sur ce ton -légèrement- impératif, Watari le suivit.
Tatsumi chercha la cafetière, perdue dans un recoin, puis le café, et enfin les filtres. Il râla un moment, peu aidé par un Watari à moitié mort de rire obligé de s'appuyer contre un meuble.
Peu démonstratif, il servit placidement le liquide noir dans deux grandes tasses, et en tendit une au Scientifique, qui ôta pour l'occasion ses lunettes.
Une demie tasse de café plus tard, Watari se jeta à l'eau.
" Faut qu'Hisoka revienne.
- je te demande pardon ?
Son affirmation avait été si brusque, que Tatsumi jusqu'alors plongé dans ses pensées n'en avait entendu que la fin.
- .. Il faut qu'Hisoka revienne. Il rêve, n'est ce pas ?
Watari avait un sens de la déduction extraordinaire.
- Oui. Franchement, tu pense qu'Hisoka est le remède miracle ? Je ne sais même plus..
- Hisoka ne met pas les pieds dans le plat. Hisoka sait avec exactitude dans quel état d'esprit est Tsuzuki. Si une personne peut l'aider, une fois pour toute, c'est lui.."
Watari l'avait bien vu. Même s'il ne pouvait trop rien dire. Plusieurs personnes se faisaient du souci pour Tsuzuki. Kannuki lui en avait parlé.
Il en avait aussi touché quelques mots à Yuma la semaine passée, partie le réconforter.
Il n'aurait jamais ouvert sa grande bouche, ou en tout cas il n'en aurait pas parlé à Tatsumi s'il n'avait pas vu son attitude.
Tatsumi était incertain. Maladroit, méfiant. Il s'inquiétait plus que tout les autres réunis, et savait pertinemment qu'il n'était d'aucun secours.
Tatsumi était trop faible. Et il le reconnaissait. Il se l'avouait et ne cherchait pas à lutter contre sa faiblesse. Sûrement l'avait-il trop longtemps fait auparavant.
N'arrivant qu'à entacher leur relation de doutes et d'indécisions.
Watari voulait l'aider. Tout ce qu'il pouvait lui apporter était un soutien dans son travail. Un soutien désintéressé et silencieux. Lui, il garderait le sourire.
Pour pouvoir le communiquer aux autres.
Mais ça, ça ne marchait pas avec Tsuzuki. C'est pour ça qu'il s'appliquait à rester un peu plus distant que coutume. Voir quelqu'un sans soucis, quand vous êtes au bord du suicide, n'est pas bon.
Le jeune blond sourit doucement à Tatsumi.
" Evidemment, les notes, à partir de maintenant, je m'en occupe.
- Mais ce n'est même pas..
- ta ta ta ! Ma décision est sans appel !"
Tatsumi sourit.
Chapitre 1.2 : Vanish
Il se gratta la tête.
Il faisait assez chaud, malgré la saison, et ça le dérangeait plus ou moins. A côté de lui, Enji soupirait à fendre l'âme. Il détestait la chaleur.
Il ricana intérieurement. Qu'il cuise donc un peu dans son jus, celui là.
Une profonde antipathie semblait se gonfler en lui à chaque fois qu'il y pensait. Il ne savait pas trop pourquoi, en fait.
Sa manière d'agacer, de se moquer, insidieusement, hasardeux mais toujours très proche de la vérité le mettait hors de lui.
Comment pouvais-on, sans vous connaître ne serait-ce qu'un tout petit peu, lire en vous, dans vos expressions, le plus facilement du monde ?
Il n'arrivait pas à le comprendre. Enji était empathe, lui aussi, ou un truc de ce genre ? S'était-il renseigné sur lui ?
Ou avait-il tout simplement une chance de Cocu ? Ricanement.
Le roux, creusant ses mains en casquette au-dessus de son front, scruta les alentours, les yeux plissés, rendus transparents par l'air clair et lumineux.
" Bon, vu qu'une équipe est passée avant nous pour chercher les indices dans le secteur, j'aimerais savoir ce qu'on fout là, nous.
- On cherche.
- Oui mais on cherche quoi ?
- Des indices.
- .. Euh.. Encore ?
- .. !
- Oui, oui, jme tais."
Il se courba en deux, exagérément, pour observer le sol avec une attention de grand-mère recherchant des poils de chat sur son châle. Sans succès, évidemment.
" C'est un vrai travail de fourmi..
- Dit..
- .. Euh.. Ou.. Iii?
- Pourquoi est-tu Revenu ?
- Revenu ? Où ça ?
- Pourquoi as-tu voulu devenir un Shinigami ?
- Si je te posais cette question, pourrais-tu y répondre, Asato ?"
Tsuzuki baissa la tête. Non. Il ne pouvait pas répondre à cette question. Evidement que non.
Enji haussa les épaules, n'en attendant visiblement pas plus. Il croisa les mains derrière sa tête, et l'appuya contre, regardant le ciel, très intéressé.
Une enseigne attira son attention. Il s'était un peu éloigné de son partenaire, se baladant tranquillement, et à l'ombre, accessoirement..
" Asatoooooo chériii !
- .. .. .. Qu.oi ?
- C'est quoi, ça ?"
Ils pouvaient lire sur l'enseigne " Rêves de Poupée." La vitrine présentait de magnifiques Dolls aux cheveux soignés et à la peau claire et douce.
Enji, fier de lui, entra dans la boutique. Une petite vieille femme se présenta à lui. Il questionna, civique, Si quelqu'un avait acheté trois paires d'yeux, récemment.
" Des yeux comment ?
- Euh.. Trois paires vertes..
- Des yeux-boutons ou des globes entiers ?
- .. Des globes.
- Oui, une personne m'a fait une commande de ce type.
Tsuzuki haussa les sourcils. C'était pas un peu facile..?
- D'ailleurs, elle devrait recevoir ses yeux dans une petite semaine.
Raté.
- Euh..
- Je ne vends pas de globes entiers, ici, je dois les commander.
- A qui ?
- désolé mon petit, mais ça, c'est confidentiel. Vous menez une enquête ?"
Tsuzuki décréta qu'il était le temps de partir de la boutique.
De retour dans leurs bureaux, après une matinée d'infructueuses recherches, Tsuzuki se mit en devoir, morne, de noter toutes les adresses de créateurs de pièces détachées pour poupées de porcelaine japonaises. Il y en avait une bonne petite dizaine, disséminées dans tous les coins du japon.
Tsuzuki en aurait pleuré de rage. Il ne connaissait qu'une seule personne aimant les poupées, et il ne préférait pas s'en rappeler.
Et puis les poupées de Muraki étaient spéciales.
Peut-être fallait-il voir de ce côté là, en fait.
" Nan, fit Enji quand il lui expliqua sommairement ce à quoi il pensait, en dessinant une poupée, elles ont des yeux en boutons.
- Tu t'y connais ?
- J'ai connu une personne qui s'y intéressait..
Un Enji nostalgique, c'est assez déconcertant. Il resserra pensivement le foulard rouge sang autour de son cou, avant de poursuivre.
- D'ailleurs, je pensais que toutes les poupées avaient des yeux plats. Tu comprends, une tête de poupée, c'est vide, on s'embête pas à faire les cavités oculaires.. Donc les yeux peuvent être plats, s'pas trop un problème. Et puis c'est moins lourd, et moins coûteux.
- Que veux-tu que je réponde à ça..
Le roux ricana un peu. Oui, évidemment.
- Rien. Rien. .. Euh.. Tu compte l'apprendre par cœur ?
Tsuzuki s'était remit à tourner rageusement les pages de l'annuaire qu'il avait emprunté, ne trouvant ni GuShoShin ni portable de disponible.
- Tu connais un médecin qui s'appelle Muraki ? Muraki Kazutaka..
- Tatsumi-san a déjà mentionné ce nom, je savais pas que ce monsieur était médecin. Qui c'est ?
- Un fou.
- Ah. Oui, mais depuis que je suis arrivé, j'crois que j'en vois partout, des fous.
- C'est un VRAI fou. Un malade dangereux.
- Oui, mais c'est ce que je vo... Hmpf !
Tsuzuki lui avait posé une main sur la bouche, n'ayant pas trop envie d'entendre la fin de la phrase. Il la retira bien vite quand un bout de langue humide passa entre ses doigts.
- Mais tu t'arrêtes jamais toi.."
Sans répondre, Sourire aux lèvres, Enji secoua négativement la tête.
Tsuzuki avait envie de se pendre.
" Oui, voila, c'est ça.. Je vous remercie.. Oui.. Au revoir.."
Les deux Shinigami sortirent de la bâtisse. Tsuzuki acheva de comparer à la lumière du soleil le dessin de l'œil de la photo et de celui qu'il tenait entre deux doigts. Pas de doutes, c'était bien les mêmes.
Ils venaient de remporter le gros lot. D'un, les yeux étaient les mêmes. De deux, l'entreprise fabriquant pièces avait été jointe pour une commande de dix paires d'yeux verts, globes.
Et de trois, on leur avait donné l'adresse de la boutique qui avait passé la commande. Ils n'auraient pas pu mieux espérer.. Ou si, peut-être.
La chasse aux poupées.. Ah, c'était vraiment un drôle de boulot, pensa Enji, nouant son étole de façon à ce qu'elle lui recouvre les cheveux.
Un travail d'enquêteur surnaturel. Une longévité infinie, et sans une ride. Un partenaire Canon et facilement énervé.
Il aurait été dans une autre situation, il aurait choisi de devenir Shinigami sans hésiter. Mais cette épreuve de la mort était la dernière, rien que pour Elle. Sa dévotion envers Elle était immense, sans bornes même.
Tiens d'ailleurs, en parlant de Canon.. Tsuzuki allait vraiment mieux. C'était quelque chose d'assez amusant, à bien y réfléchir. Une attitude si changée, juste à la vue d'un jeune garçon de trois ou quatre ans plus jeune que lui.
Enji sourit. Si cela n'était pas un comportement des plus ambigus. Et il était sûr que Tsuzuki ne s'en apercevait même pas. Très drôle, vraiment.
Surtout que la suite allait l'être encore plus.
Elle lui avait certifié.
Enfin, la mise en scène était admirable, quand même, il devait l'avouer.
Il jeta un coup d'œil à la photo, un peu étonné, comme à chaque fois, de cette délicatesse dans l'insertion de l'œil de verre. Un travail de pro.
" Bon.. On rentre ? Jsuis fatigué, moi..
- On est parti y'a quelques heures seulement..
- Justement, c'est l'heure de la sieste, maintenant. Ah, au fait, Asato chéri..
-.. M'appelle pas comme ça.. T'me dois du respect.
- Voui, voui, du thé et des gâteaux, aussi. Dit, si je te parle d'Hisoka, tu ne pète pas de plomb, n'est ce pas ?
-.. Où..
- Où j'ai trouvé son nom ? Euh en fait c'est un peu lui qui me l'a dit..
Enji jeta à son partenaire un coup d'œil indéchiffrable. Tsuzuki avala sa salive.
- Tu avais tellement l'air de souffrir, ces derniers jours, Asato.. J'ai essayé de te remonter le moral, tu sais.. Mais.. Lui, il y est arrivé mieux que moi.
Sa voix sucrée s'était délicatement teintée de déception. Il baissa tristement le nez, fixant le sol, presque douloureusement. Son partenaire ne savait plus où se mettre.
- Euh.. .. Héé !"
Enji s'était légèrement haussé sur la pointe de ses pieds, pour lancer ses bras autour du cou de Tsuzuki, l'étreignant quelques secondes, son corps menu tout près de celui de son partenaire.
" Tu es fâché, Asato chériii ?"
Tsuzuki, les mains profondément plongées dans les poches de son très long manteau, ne pris pas la peine de répondre. Cet idiot ! Cet-i-di-ot ! Quelle idée avait traversé son partenaire pour qu'il n'ai une soudaine envie de l'embrasser ?
Touche pause
Rembobinage
Il sentait un corps mince et souple collé au sien, irradiant une tiédeur calme et apaisante. Peu à voir avec le jeune homme surexcité qui, et surtout le matin, embêtait tout le monde dans la plus grande bonne humeur..
Et puis la vision d'un visage aux traits finement ciselés, aux joues délicatement arrondies par un sourire narquois, éclairé de grands yeux Ciel. La fraîcheur caressante de quelques mèches rouge sombre glissant sur son visage..
Et la douceur chaude d'une paire de lèvres se collant aux siennes, lentement, s'appliquant à les recouvrir entièrement, avec tranquillité. La tendre pression des bras autour de sa nuque qui s'accentue, qui force à fermer les yeux, pour savourer l'instant.
Enfin les lèvres qui s'écartent, libérant un bout de langue allant taquiner celles de son partenaire, glissant contre, agréablement tiède.
Puis les visage qui s'éloignent sur cette dernière note moqueuse, les bras qui se délient, les corps qui prennent du recul..
Enji Arborant un sourire de dix kilomètres tant il semblait fier de son coup.
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A y repenser, son baiser avait vraiment été
agréable.. Raison de plus pour ignorer le zouave courant
derrière lui en glapissant. Tsuzuki chassa d'une main le rose
grimpé sur ses joues, maugréant des insultes dans fin.
Enji ricana.
Chapitre 1.3 : gloom
" Non.. Ce ne sont pas des rubis, en fait.
- Et vous n'avez pas pu le savoir avant ?
- Euh, Watari en était persuadé, pour sa part.
- Je sens qu'y'a un certain blond qui va se faire crier dessus..
- Alors, c'est quoi, en fait ?
Enji s'était mêlé de la conversation Tsuzuki-GuShoShin bleu.
- On dirait du Zirconium.. Le matériel chimique qui fait les diamants synthétiques.. Mais la technique de coloration reste mystérieuse.. Et la provenance aussi..
- Eh'beh, y'en a qui s'offrent des meurtres de luxe !
Le roux fixa, réprobateur, une note de courses, enfin une photocopie d'une note de ce genre, à la somme élevée. Avec en en tête "Making'Dolls".
- Hum. Passe-moi le papier, Enji.
Tsuzuki s'appliqua à ne pas frôler la main de son partenaire qui lui tendait le quart de feuille.
- .. Fumi Shinsegawa.. "
GuShoShin chercha dans sa base de données, un long moment, puis secoua la tête. Personne à ce nom au japon, en tout cas, personne répertoriée. Il étendit ses recherches aux générations précédentes, toujours sans rien trouver.
" Ah oué, c'est un sacré fantôme ça.. Dit Asato chéri, les fantômes commandent des yeux dans des boutiques d'import export de pièces détachées pour poupées japonaises ?"
Personne ne trouva nécessaire de répondre. Tsuzuki observa très longuement son partenaire. D'être de retour dans la bibliothèque lui ramenait en tête après quelques jours de flottement du au passage d'Hisoka la fiche de son équipier.
Il n'avait pas eu un passé rose.. Enji, remarquant que le Shinigami brun le fixait depuis un moment, lui adressa un joyeux clin d'œil.
... Tiens.
Il rappelait vraiment quelqu'un à Tsuzuki, à cet instant. Enjoué, souriant, insouciant, malgré un passé des plus sombres. Mais qui donc lui ressemblait tant ?
Il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus..
Enji ne se doutait pas que son partenaire ai pu visionner un pan entier de son passé. Sinon, sûrement qu'il aurait réagi autrement. Il aurait joué plus fin, plus calme, moins pressé.
Il ne l'aurait peut-être pas embrassé, aussi.. Enfin, cela restait à voir, quand même.
Il en avait même rêvé cette nuit. Un sourire ironique monta à ses lèvres. Il n'était pas arrivé à modérer son corps mis sur pilote automatique, et n'ayant qu'une idée en tête : Goûter ses lèvres trop brillantes et trop tentantes.
D'ailleurs, il avait été plutôt satisfait du résultat. Douces et délicatement sucrées, complètement affolantes.
Il se doutait qu'il se ferrait envoyer sur les roses s'il recommençait, et il se gardait bien d'essayer. Dommage. il aurait du plus en profiter et lui donner un vrai baiser.
Ca l'aurait distrait cinq minutes..
GuShoShin rouge arriva à plein gaz dans la pièce, ratant quelque peu son virage et manquant de s'encastrer dans un rayon de bibliothèque.
" Tsuzuki-san ! Tetsuhiro-san !
Enji fit une grimace.
- Il y en a un autre ! Un passant l'a découvert en pleine rue ! Allez voir ! Tout de suite !"
Les Shinigami se lancèrent un regard, sérieux pour Tsuzuki, ennuyé pour Enji, et disparurent.
Appuyé contre un mur. L'air simplement endormi. Avec même une ébauche de sourire pincée sur ses lèvres froides et blanches. On pourrait penser en le voyant ainsi à le déplacer du soleil pour qu'il n'attrape pas d'insolation. Mais dans son état actuel, c'était quand même assez peu probable.
Il avait des traits jeunes. Même, juvéniles, presque. De cheveux noirs, brillants sous le soleil cru de la rue dans laquelle il à été abandonné. En chemise, ouverte d'ailleurs sur un torse blanc et doux, juste souillé par une longue cicatrice ancienne s'ouvrant au niveau du haut du plexus.
Enji posa ses poings le long de ses hanches, L'air un peu perplexe. Il se pencha et posa une main sur la joue du corps.
" Aah.. ! Il est gelé, bordel.
- C'normal, il est mort.
- Toi aussi t'es mort, pourtant t'es plutôt tiède.."
Tsuzuki détourna le regard. Il n'y'avait pas idée de le regarder comme ça.. Enji, après un bref rire, s'accroupit près du cadavre, lui soulevant une paupière avec quelque difficulté. Il n'eut aucune surprise d'y trouver de brillants globes de verre. Il accusa quand même un petit frisson, trouvant ce regard beaucoup trop vivant à son goût. Il se releva, notant quelques mots sur un carnet.
" C'est pas très sanglant, comme meurtre..
- .. Réjouis-en-toi.."
Il haussa les épaules. Se promettant de ne plus rien dire si son coéquipier devait faire son petit commentaire à chaque fois. Réflexion faite, il réalisa que c'était surtout lui qui commentait..
Tsuzuki se pencha à son tour, toisant le corps froidement. Enji, plein de malice, lui rappela que le pauvre homme était -déjà- mort.. Il se fit superbement ignorer. Le Shinigami brun attrapa la veste de l'homme, qu'ils lui avaient ôté, pour fouiller dans ses poches.
Enji s'attelait à soulever le corps pour vider les poches de son jean.
" Quand un enquêteur retrouve de la grenaille dans les poches d'un mort, il en fait quoi ?
- De la grenaille.. ?
Enji lui tendit sa main, quelques pièces de basse valeur y reposant.
- Ce sont des pièces à conviction.
- Non, ça c'est des pièces de monnaie, inspecteur..
- .. Tiens.. "
Tsuzuki mit le nez dans la veste, avec un petit "ah !" Victorieux. Un peu intrigué, Enji s'approcha, le regardant brandir un rectangle de carton plastifié, lui faisant lire l'inscription.
" Shinsegawa, Fumi. Maison de Voyance.. Euh..
- On a son adresse !
- Bravo Sherlock.. Bon.. Ben y'a pu qu'à aller voir.."
Eh bien, il m'aura donné du mal, ce chapitre ! Voila, j'ai inséré tout les nouveaux personnages, ils n'y en aura plus, ou du moins pas aussi importants que ces deux là, donc Enji et Fumi.
Pour le physique d'Enji, je pense que c'est un
mélange d'Hiro Gravitation et de Ryoko Alichino.. En plus
jeune et plus expressif..
Wâla.
C'était le dernier chapitre au ton vraiment léger. Les prochains serons graduellement de plus en plus malsains.
'Discontent
