Cerisier
Vous allez dire, Neteria : change de sujet. J'essaie, de toutes mes forces mais, franchement avec une chanson intitulée « otro muerto », vous pensiez que j'allais parler de qui ? Donc, les personnages ne m'appartiennent pas, et la chanson est de Mecano. La traduction en revanche est de moi, donc, elle est un peu maladroite. Bonne lecture.
Impassible, il regardait le corps à ses pieds. Il ne les comptait même pas, pourquoi l'aurait-il fait d'ailleurs ?
Il n'était pas triste, il n'était pas heureux. Il était mort depuis si longtemps. Il avait oublié le goût de la vie. L'avait-il seulement jamais connu ?
Il ferma les yeux un instant et essaya de se rappeler. Non. Jamais. Sa mère, sa propre mère il n'avait rien ressentit quand il l'avait tuée.
Pour lui, la mort était comme la vie, un simple mot sans aucun sens. On lui demandait de tuer quelqu'un, il le faisait, sans état d'âme. Il était un sakurazukamori, il n'y avait rien à ajouter.
Otro muerto, otro
muerto
Qué más
da
Si está
muerto, que lo entierren y ya está
Otro muerto, pero no
es sin ton ni son
De momento se acabó
la discusión
« Sakurazukamori ». Ce mot sonnait étrangement aux oreilles du jeune homme. Il ne comprenait pas vraiment le sens de ce mot. "Gardien de la tombe du cerisier". Oui, un simple gardien. Il n'aimait pas particulièrement ces morts, il veillait sur eux, calmement, simplement.
Pourquoi en aurait-il été autrement ? Ces gens ne lui étaient rien. Ils les avait tué parce qu'ils devaient mourir, il n'y avait aucun plaisir. D'ailleurs, c'était simple, il ne souriait jamais, il ne pleurait jamais.
Il respirait, il tuait, il marchait. Mais rien ne le faisait vibrer. Il ne pouvait pas avoir de regret, son cœur était endormi. Pas mort, non, juste endormi. Il savait qu'un jour, quelqu'un, quelque part, ferait naître un sourire sur son visage, couler une larme le long de ses joues. Mais, ce n'était encore qu'une prédiction.
Pour l'instant, seuls comptaient ses morts, les prisonniers du cerisier.
Yo no sé, ni
quiero
De las razones
Que dan derecho a
matar
Pero deben serlo
Porque el que muere
No vive más,
no vive más
Un jour, il enterra une petite fille. Semblable aux autres, elle ne lui était rien.
Un jeune garçon apparut alors devant lui. Il n'était pas perturbé par les illusions du cerisier. Il le voyait.
Quelque part, au plus profond de son âme, quelque chose bougea, de manière tellement imperceptible que Seïchiro ne s'en rendit pas compte. Il ne remarqua que l'énergie de l'enfant qui le regardait. Et il décida que ça serait lui, cet enfant unique qui aurait une chance unique.
Il engagea le pari, « je vais essayer de t'aimer, pendant un an et si j'échoue, je te tue ». Puis, il marqua Subaru, et, tendrement, ferma ses yeux. Il le laissa là, au pied du cerisier.
Les morts, silencieux, anonymes étaient les témoins de ce pacte, passé entre un ange et un démon. Entre deux faces d'une même pièce. Condamnés à s'aimer et à se haïr. Condamnés à mort, avant même d'avoir eu la moindre chance de vivre.
Cela aussi, Seï le savait. Le Sakurazukamori vivait, mourrait, seul. S'il avait la faiblesse d'aimer, il signait sa condamnation à mort. Un instant il se demanda pourquoi il avait passé CE pacte avec le Sumeragi, son strict opposé. Mais refusa la réponse, évidente.
Otro muerto, pero
qué bonitos son
Calladitos, sin
querer llevar razón
Otro muerto, pero
tiene su porqué
Algo ha hecho y si
no pregúntale
Ils se revirent et Seïchiro sourit. Un sourire mort lui aussi mais Subaru ne le vit pas. Il ne vit qu'un homme comme les autres qui lui plaisait.
Les morts, il ne les vit pas. Les mensonges il ne les vit pas. Il refusa d'ouvrir les yeux sur le vide en Seichiro et, petit à petit, inconsciemment, tous deux se rencontrèrent, se trouvèrent. Leurs cœurs finirent, sans qu'ils le veuillent, en le refusant même à battre ensemble.
Puis ils se quittèrent, Subaru convaincu qu'il haïssait Seïchiro, Seïchiro, convaincu qu'il ne ressentait rien, que son cœur dormait toujours. Tous deux convaincus qu'à leur prochaine rencontre, l'un d'eux mourrait de la main de l'autre. Et chacun reprit sa vie mais à une différence. Tous les jours, ils se cherchaient dans la foule des vivants, dans la foule des morts, comme une bouée de sauvetage.
Subaru continuait à aider les âmes, mais son cœur n'y était plus, il pleurait sa sœur, tuée par l'homme qu'il aimait et il pleurait l'assassin, il regrettait tant de ne pas être avec lui, de ne pas, juste une fois, se glisser dans ses bras, de sentir son cœur battre.
Seïchiro continuait à tuer, encore et encore. Toujours sans remord, toujours sans que son cœur ne vibre. Et pourtant, il se demandait pourquoi est-ce qu'il lui arrivait encore de penser à Hokuto, à Subaru. Normalement, il aurait dû oublier leur visage, comme il oubliait celui de ses morts. Mais non, obstinément la malédiction, la promesse d'Hokuto résonnait dans sa tête et le sourire de Subaru, si confiant, si plein de vie le hantait.
Yo no sé, ni
quiero
De las razones que
dan derecho a matar
Pero deben serlo
Porque el que muere
No vive más,
no vive más
Les années passèrent encore une fois et n'éteignirent aucune douleur. Les dragons de la terre, les dragons du ciel. Chacun était dans un camp. Chacun luttait pour… pour quoi au fait ? Pour les hommes ? Pour la nature ?
Non, ils luttaient parce que, sinon, ils n'avaient plus rien. Parce que c'était simplement leur destin. Ou plutôt, parce que c'était seulement de cette manière qu'ils se retrouveraient, une dernière fois. Qu'ils se battraient et que, celui qui désirerait le plus mourir perdrait le combat.
C'était ça au fond le problème. Ils ne se battaient pas l'un contre l'autre pour tuer, mais simplement pour mourir. Bêtement. Et le combat commença. Seïchiro savait qu'il était de loin le plus fort, lui avait déjà tué, pas Subaru. Lui n'avait jamais aimé, Subaru oui. Et pourtant…
Et pourtant, il voulait que Subaru vive ! C'était si simple. Mourir pour lui, juste pour qu'il continue à porter leur fardeau, juste parce que c'était la seule manière pour lui d'avouer son amour.
Il s'effondra dans les bras de Subaru. Il n'eut le temps de lui dire que : « Pardon, je… » et s'éteignit dans les bras de la seule personne qu'il avait jamais aimé, dans une ultime étreinte.
Sakurazukamori. Voilà son héritage. Mais, il y a une différence avec le passé. Lui est le premier a avoir aimé. Son amour était mort, et lui avec mais, quelque part, au plus profond de son âme, une étincelle continuait de briller, l'empêchant de sombrer complètement.
Gardien de la tombe du cerisier. Subaru se pencha sur le corps de sa victime. Il avait accepté l'héritage et, maintenant, c'était lui qui faisait une offrande au cerisier.
Yo no sé, ni
quiero
De las razones que
dan derecho a matar
Pero deben serlo
Porque el que muere
No vive más,
no vive más
Traduction : un autre mort
Un autre mort, un autre mort
Qu'est-ce que ça fait
S'il est mort, qu'on l'enterre et c'est fini
Un autre mort, mais sans ton ni son
A ce moment, la discussion est finie
Je ne sais, ni ne veux
Des raisons
Qui donnent le droit de tuer
Mais il doit y en avoir
Car celui qui meurt
Ne vis plus, ne vis plus.
Un autre mort, mais qu'ils sont bons
Silencieux, sans vouloir donner de raison
Un autre mort, mais tu as ton pourquoi
Il a fait quelque chose, sinon demande lui
Je ne sais, ni ne veux
Des raisons
Qui donnent le droit de tuer
Mais il doit y en avoir
Car celui qui meurt
Ne vis plus, ne vis plus.
OK, j'avoue, je me suis laissée emportée. J'ai vraiment voulu éviter de la faire sur Seï mais j'ai pas réussi. J'ai encore quelques petites histoire pour vous, mais je travaille doucement maintenant.
