C'est ainsi que passèrent les années, lié à ce maudit château, je vis défiler d'innombrables élèves, certains extrêmement doués, d'autres aussi faibles que des cracmols.
Une année, environ quatre cents ou cinq cents ans après la fondation du collège, je vis arriver deux jeunes garçons qui allaient bouleverser la relative tranquillité de Poudlard et la mienne.
La première fois que je croisais leur regard fut pendant la Cérémonie de Répartition : le vieux Choixpeau chanta sa sempiternelle rengaine: "bienvenue à Poudlard, jeunes sorciers, soyez attentifs et calmes" et patati et patata – faudrait qu'il pense un jour à changer sa chanson, j'en ai assez d'entendre ses pseudo-conseils à deux mornilles… Puisqu'on parle de cet idiot de Choixpeau, laissez-moi vous raconter une anecdote à son sujet : fatigué par son soi-disant discours, j'ai voulu pimenter un peu la cérémonie…une année, caché non loin de ce vieux croûton rapiécé, alors qu'il commençait sa chanson, j'ai entonné d'une voix forte une petite pièce de ma composition, bien vulgaire et scabreuse ! Malheureusement, cela n'a pas plu au directeur qui m'a chassé sous les rires des élèves… Fermons la parenthèse et revenons à mon histoire –
Enfin bref, la répartition commença. J'ai oublié le nom de tous les élèves présents, mais pas ceux de ces deux sorciers. Le professeur qui s'occupait des Premières Années appela alors un certain " Winston Lloyd George". Un jeune sorcier s'avança, le regard noir et fier, il dévisagea toute l'assemblée, le prenant de haut. Avant que le Choixpeau ne soit posé sur sa tête, Winston repoussa une mèche de cheveux aussi noire que la plus profonde des nuits, d'un air plein de défi. Le Choixpeau donna aussitôt son verdict:
- Serpentard !
Avec un sourire de satisfaction, il alla s'asseoir à sa table.
La répartition continua ainsi jusqu'à ce que soit appelé Nicholas Mimsy de Porpington. A l'annonce de ce nom, Winston eut un rictus de haine et de dégoût qui s'accentua encore plus quand il fut envoyé à Gryffondor.
Durant toute leur scolarité, ces deux-là se détestèrent cordialement: à chacune de leur rencontre dans les couloirs, c'était des coups bas, des sortilèges jetés à l'autre. - Je n'ai jamais connu la raison d'une telle haine ; j'ai juste appris que Winston était un sang-pur, fils d'un baron célèbre pour avoir mené des expéditions punitives contre les moldus et les Gobelins – Winston suivit les traces de son père et fut connu plus tard sous le célèbre surnom de Baron Sanglant. Le jeune Patrick, quant à lui, était également issu d'une famille noble d'Angleterre qui défendait activement les moldus contre les sorciers de sang pur. Peut être leur inimité venait de là ? peut être que non…-
Winston régnait en maître sur ses camarades de classe, ayant trouvé des moyens de pression sur presque tout le monde… y compris sur Moi – depuis ce temps je ne peux que pester intérieurement contre ce vil sorcier qui me fait faire tout ce qu'il veut, Moi déjà enchaîné à ce lieu par cette idiotie de sortilège de Fidelitas, me voilà maintenant obligé de servir ce Serpentard. Décidément, les Serpentard sont la source de mes malheurs ! Si seulement je pouvais me venger… Mais je m'éloigne de Ma vie !
Je disais donc que ce maudit Winston avait trouvé le moyen de m'asservir: En feuilletant de vieux grimoires de magie noire appartenant à son père, ce sale gosse dénicha une formule qui ne pouvait que m'intéresser.
Un jour, Winston m'appela, au début
je ne réagis point : je ne suis pas un chien qu'on
appelle selon son bon plaisir !
Mais ce sale sorcier
m'interpella de telle façon que je fus obligé de
venir :
- Eh Peeves, alors ça fait quoi d'être l'esclave de Poudlard, d'avoir été enchaîné à ce lieu par un sort ?
Je me retournais et volais vers le sale gosse aussi vite que je le pus. Comment avait-il pu savoir cela ? Personne ne le savait, pas même les directeurs qui s'étaient succédés ici.
- Tu dois être surpris, Esprit, que je sache cela ? N'est-ce pas ?
A croire qu'il pouvait lire en moi comme dans un livre ouvert …
- Ne fais pas cette tête, Peeves … Je te croyais plus perspicace … Je pensais que tu l'aurais tout de suite vu : je suis le noble héritier de Salazar. Je sais pas mal de choses sur toi et cet endroit … Mon noble ancêtre nous a laissé, à Nous, les descendants de Serpentard, un vieux journal rempli de secrets sur Poudlard.
Il éclata alors d'un énorme rire, cruel et méprisant …
- Que me veux-tu ?
- Te proposer un marché, Peeves ...
- Je ne traite pas avec les Serpentard … Vous êtes les pires sorciers que la Terre ait porté, je vous HAIS …
Je crachais ces mots et je filais, mais Winston n'avait pas dit son dernier mot.
- Attends, Peeves, écoute-moi … Je suis certain que tu ne rêves que d'une chose : vivre comme nous : respirer, sentir la caresse du vent, du soleil, manger une pomme, boire une Bieraubeurre …
- Et tu as une solution ?
- Peut être bien…
Je m'arrêtais … Je planais à quelques mètres au dessus du sol, un vieux tapis gris et rouge recouvrait le parquet : je m'en souviens comme si c'était hier.
- Quel en est le prix ?
Je ne voulais plus faire confiance à un humain, encore moins à un sorcier, mais c'était tellement tentant : pouvoir être comme vous, bande de petits nabots …
- Oh, pas grand-chose en vérité, juste un petit service que tu devras me rendre …
- Et comment être sûr que tu me donneras ce que tu viens de me promettre ?
- Tu en as ma parole …
- Hum … Bon, passons … Que veux-tu ?
- JE veux que …
Il me fit
signe de me rapprocher de lui, je descendis doucement et lentement en
tournoyant, j'étais à quelques centimètres de
lui, si j'avais pu ressentir cela, j'aurai perçu sur moi
son souffle chaud. Il me murmura quelques paroles qui me firent
sourire : c'était tellement peu de chose pour une si grande
récompense. Une chose que j'aurai pu faire sans qu'on me
le demande.
J'acceptais aussitôt.
