Partie un : Hatsuyuki (1)
Chapitre un : Malédiction
Ou
la légende d'un sorcier.
C'était il y a des siècles, tellement longtemps que personne ne s'en souvient, pas même ceux qui sont concernés.
A l'époque il y avait, au Japon, un immense château, tellement grand que c'était presque une ville. Le roi de ce château était méchant et cruel.
Il chassait.
De préférence les sorciers.
Un jour, il captura un sorcier très puissant, appelé Un'mei (2).
Un'mei dit au roi : « Laisse moi repartir, heika (3), et tu ne manqueras jamais de rien. Toujours, tes récoltes seront bonnes, toujours tes coffres seront pleins. Tu auras douze fils et filles en parfaite santé. Jamais toi et les tiens ne souffriront ».
Ce à quoi le roi répondit : « Je n'ais pas confiance en toi, sen'nin'(4). Oui, je te laisserais partir, mais seulement quand mon douzième enfant sera né et aura atteint sa sixième année… »
Et Un'mei accepta.
Le sorcier respecta sa part du marché.
Le roi eut douze enfants en vingt-quatre années : six filles et six fils. Dont deux jumeaux, nés l'année du lapin. Le sorcier aurait pu être libre. Mais la reine tomba de nouveau enceinte…Le septième fils, qui était aussi le treizième enfant, naquit à une heure du matin, l'année du rat.
Les autres enfants étaient déjà grands et se montraient facilement aussi cruels que leur père.
Le treizième enfant atteint l'âge de six ans.
Enfin, Un'mei fut tiré de prison, ramené devant le roi et lui rappela sa promesse.
Le roi sourit et répondit : « Sen'nin', tu m'avais promis douze enfants en bonne santé. As-tu tenu ta promesse ? ». Le roi désigna de la tête le dernier enfant, qui était chétif et toussait à fendre l'âme…
« Heika, je t'avais promis douze enfants en bonne santé, et tu me présentes ton treizième fils. Tes six filles et tes six fils aînés ne sont ils pas vifs, intelligents et éveillés ? »
« Sen'nin', ma femme n'est tombée que douze fois enceinte. »
Un'mei dut bien admettre que c'était la vérité.
« Tu reconnais donc ne pas avoir respecté ta part du marché ! s'écria le roi. »
Et ils fit signe à ses deux aînés, qui se jetèrent sur le sorcier et le tuèrent sans état d'âme.
Mourant, Un'mei tendit une main vers le roi.
« Heika, c'est toi qui a rompu le contrat. Par conséquent, les bienfaits que je t'ai amené disparaîtront avec moi. Mais toi et tes enfants vivrez un sort plus terrible ! Désormais, tes fils et tes filles ne pourront plus serrer une personne du sexe opposé dans leurs bras sans se transformer en animal zodiacal ! »
Et, lentement, Un'mei désigna chaque enfant du doigt, du plus âgé au plus jeune :
« Ushi… Usagi…Mi… Hitsuji... On'dori... Buta...Tora... Hiryuu... Uma...Saru... Inu... Nezumi (5)»
Et, à la terreur du roi, ses enfants se transformèrent en les animaux désignés. Sauf un des deux jumeaux…
« Toi… tu m'as trahi, heika ! Tu vivras en ressentant les souffrances de tes enfants, et tu connaîtras le jour et l'heure de ta mort ! »
Le sorcier s'affaissa à moitié, plus mort que vif.
« Ton deuxième jumeau… et ton treizième fils… Maudits soient ils ! Tout est de leur faute ! Ils vivront… dans la haine… l'un de l'autre… et se battront… toujours… jusqu'à ce que le jumeau tue son frère ! La haine… »
Un'mei s'écroula à plat ventre, mais il devait finir.
« La haine d'avoir été trahi… Le jumeau… NEKO ! (6)»
Un'mei mourut.
Le jumeau se transforma en une créature hideuse, née de la haine du sorcier.
Les dernières paroles du sorcier plana longtemps dans la pièce.
« Ils vivront tous dans la peur… Jusqu'à ce qu'ils rencontrent quelqu'un rien que pour eux… Et que cette personne meure pour eux ! »
Un an plus tard, on retrouva le treizième fils, mort.
On ne revit plus jamais le neko.
La prédiction du sorcier se réalisa.
A un seul détail près.
Il ne pensait pas que la malédiction durerait plus d'une génération…
Chapitre deux : Hoshi Yuki
Ou
Comment se faire connaître en dix minutes.
Hoshi acheva son histoire dans un crescendo dramatique. Tous les élèves la regardaient, bouche bée. Ils n'avaient jamais entendu une histoire pareille !
Hoshi souriait doucement. Bien. D'ici la fin des cours, pas un élève de l'école n'aurait pas entendu parler l'histoire de la nouvelle et de sa légende…
Parfait…
Si « ils » étaient dans ce lycée, ils se manifesteraient forcément, et sans doute assez vite.
Le professeur principal, Mayuko, battit le rappel de ses troupes et demanda à son cours.
Tout le monde revint à sa place et se tourna vers le tableau.
Sauf quatre élèves qui regardaient fixement Hoshi.
Deux filles, deux garçons. Hoshi s'étonna. Déjà ?
Tohru, qu'est-ce que tu regarde ? demanda une grande fille aux cheveux teints en blond.
Oh, euh, rien, rien !
L'interpellée se retourna vers le tableau. L'autre fille aussi.
Hoshi se tourna vers les garçons, un roux et le deuxième aux cheveux argentés… Hoshi sentit son cœur s'accélérer en croisant le regard de ce dernier… Il était trop mignon ! Ça devrait pas être permis, un beau mec comme ça !
A présent, plus personne ne la regardait, et Hoshi secoua la tête. Pas la peine de rêver, il était sûrement déjà pris !
Curieuse, Hoshi dévisagea à son tour les quatre élèves…
Celle aux cheveux châtain foncé s'appelait Tohru (nda : c'est facile, on l'a appelée devant toi), Tohru Honda… Hoshi sentait une vive inquiétude chez elle, une sorte d'angoisse refoulée… et aussi un vif désir de cacher un lourd secret à tous les autres… la peur d'être découverte…
Hoshi sentit une boule se former dans sa gorge détourna les yeux et se concentra sur la grande fille blonde… Arisa Uotani. Très attachée à Tohru. Et amoureuse, amoureuse d'un homme plus vieux qu'elle, quelqu'un qu'elle n'était pas sûre de revoir…
La fille aux longs cheveux noirs qui l'avait longuement regardée s'appelait… Saki Hanajima. Et, étrangement, Hoshi ne sentait rien, comme si l'adolescente avait formé un barrage devant ses émotions… Hoshi n'aurait pas su dire quoi.
Le garçon aux cheveux roux s'appelait Kyo Soma, celui aux cheveux argentés, Yuki Soma. Ils étaient tous deux… étranges. Hoshi sentait beaucoup de solitude, de tristesse, de souffrance… Et d'autres émotions moins humaines…
Et, chez Kyo, il y avait comme de la haine à l'état pur, quelque chose de primitif, ni humain, ni animal…
Hoshi frissonna et fixa le tableau.
Elle avait peut-être déjà trouvé…
On l'interpella à la fin du cours. Hoshi releva les yeux vers Arisa.
"Jolie histoire, fit remarquer celle-ci."
Hoshi sourit.
"Merci ! Ma grand-mère me la racontait tout le temps…"
Tohru, Saki et les deux Soma les rejoignirent.
"Oui, c'est… original, avança Yuki."
"J'adore ce genre de légendes ! affirma Hoshi"
Les cinq adolescents se présentèrent.
"Hoshi-san, commença Tohru, vous venez d'arriver au Japon ?"
"Oui, ma famille est japonaise mais nous vivons en France depuis longtemps… Un de mes cousins à proposé de m'accueillir chez lui, et me voilà !"
"Ça doit être un peu dur pour vous, non ? demanda Tohru"
"Pas tellement, sauf que… j'ai pas vraiment l'habitude d'être vouvoyée ! En France, c'est tout juste si on vouvoie les adultes, alors… Tu veux bien qu'on se tutoie ? demanda Hoshi"
"Oh… Oui, bien sûr !"
Hoshi sourit et ferma son sac.
"Ce serait bien, si c'était vrai, souffla-t-elle."
"Quoi ? demanda Tohru"
"Ben, la légende !"
"Haha ! Ouais, faut pas trop rêver ! s'esclaffa Arisa"
"On ne sait jamais ! répondit Hoshi. Hé, si vous croisez quelqu'un qui se transforme, tenez-moi au courant !"
Elle éclata de rire (nda : moi aussi).
Puis le silence tomba sur la salle. Jusqu'à ce que…
"AAAAH ! hurla Tohru. Mon boulot ! Je suis en retard !"
Arisa et Saki sortirent en même temps que Tohru. "Drôle de fille, fit remarquer la yankee."
"Elle dégage des ondes… étranges, approuva Saki. Des ondes de pouvoir…"
Hoshi sourit aux deux garçons.
"Hey ! Vous raccompagneriez une nouvelle arrivante chez elle ? demanda-t-elle"
Kyo et Yuki n'osèrent pas refuser.
Le trajet se déroula en silence, les deux garçons ne sachant pas trop comment se débrouiller de cette situation, et la jeune fille se demandant s'il ne vaudrait pas mieux brusquer les choses et se jeter dans leur bras pour voir s'ils se transformaient. Mais dans un cas comme dans l'autre, ça lui semblait un peu osé…
Enfin, elle s'arrêta.
"Bon, et ben… Je tourne là ! C'est juste à côté ! Merci de m'avoir ramenée, dit-elle."
Elle les salua et disparut dans la rue.
Les deux cousins soupirèrent. Puis le naturel reprit le dessus.
"Tu pouvais pas dire quelques chose k'so nezumi!"
"Je te retourne la question, baka neko !"
A ce moment là, ils s'arrêtèrent net.
Parce qu'un cri retentit dans la rue que venait de prendre Hoshi.
Un cri qui ressemblait à :
« LACHE-MOI, UN'MEI! »
Chapitre trois : Ah ! la famille
Ou
Des petites haines entre cousins.
Aussitôt, les deux cousins s'engagèrent dans la ruelle. Effectivement, c'était juste à côté, et en plus c'était très grand.
Hoshi était à l'entrée d'une courte allée menant à un manoir. Ses cheveux s'étaient détachés, tombant en mèches noires au-dessus de ses épaules. Elle était face à… une jeune fille ? … aux cheveux blonds et aux yeux vert d'eau, portant une tunique blanche assez large et un pantalon noir, qui la retenait par le poignet.
Elles semblaient toutes les deux furieuses.
Hoshi se débattait violemment.
« - Oh ! cria Kyo. C'est quoi ton problème, la morveuse ? »
Hoshi et l'autre se tournèrent vers elle.
« - C'est entre elle et moi, répliqua l'inconnue d'une voix au timbre un peu masculin, ça te dérange ?
- Ouais, parce qu'elle a pas l'air d'être d'accord !
- Qu'est-ce ce que ça peut te foutre ?
- Je vais traduire, proposa Yuki. Ce qu'il veut dire, c'est : dégage ! »
L'inconnue dévisagea les deux garçons, éclata d'un rire qui sonnait faux, et se tourna vers Hoshi.
« - Les sauver, hmm ? Pitoyable, Hoshi-san. »
Elle lâcha Hoshi et s'éloigna.« - Toujours mieux que tes délits pour voyous de bas étage, Un'mei ! répondit Hoshi »
Un'mei s'arrêta et se retourna. Un moment, ses yeux virèrent à l'émeraude pure, puis redevinrent verts. Elle haussa les épaules et rentra dans le manoir.
Hoshi soupira.
« - C'est toujours pareil…
- C'est quoi son problème, à celle-là ? demanda Kyo
- Son premier problème, répondit Hoshi, c'est que c'est un homme.
- Ah d'accord… »
Les deux Soma l'avaient pris pour une femme…
« - Et puis, poursuivit Hoshi, il vient d'apprendre qu'il devrait aller dans le même lycée que moi. »
Elle soupira de nouveau.
« - Nous sommes cousins, mais nous ne nous entendons pas très bien. Il fait vraiment n'importe quoi…
- Déjà vu, soupira Yuki.
- De quoi tu parles, k'so nezumi ?
- Nous sommes cousins, baka neko !
- La ferme ! Pour moi, t'es pas de la famille ! »
Hoshi rit. Puis le silence revint.
Un ange passa. On faillit l'entendre.
Ce fut le moment que choisit Kyo pour regarder l'heure… et se rappeler qu'il avait un entraînement au dojo, il y avait dix minutes !
« - Tout le monde est en retard, ce soir, remarqua Hoshi. »
Kyo reparti, Yuki se tourna vers Hoshi.
« - Ça ira, avec… ?
- Ne t'inquiètes pas ! Un'mei est un idiot, mais il ne m'a jamais fait de mal…
- Il n'avait pas l'air d'en être très loin…
- Arigato. Mais… contre Un'mei, je sais me défendre. »
Ses yeux perdirent leur éclat doré pour redevenir ambrés. Elle sourit tristement.
« - J'aimerais que ça se passe mieux… Alors, tu ne t'entends pas non plus avec ton cousin ?
- Je le déteste depuis toujours…
- Je vois… C'est un peu triste, mais c'est inévitable, ce genre de choses, pas vrai ? »
Ils échangèrent un regard, mais très vite Hoshi se détourna en rougissant.
« - Ah ! la famille ! soupira-t-elle. »
Yuki sourit. Elle était mignonne.
« - Hoshi-san… Ce n'est tout de même pas lui… le cousin qui t'a invité ? demanda-t-il
- Oh, non ! C'est Jin'sei ! Jin'sei a dix-huit ans, c'est le propriétaire du manoir, et il est trop sympa ! Mais il est en voyage, en ce moment… »
Yuki hocha la tête.
Hoshi souriait toujours. Elle lui dit au revoir et rentra à son tour.
Yuki resta longtemps immobile, fixant la porte qui s'était refermée sur Hoshi, jusqu'à ce qu'il se rende compte de ce qu'il faisait.
Il soupira et repartit.
Au premier étage, Hoshi sourit et lâcha le rideau de sa chambre.
Chapitre quatre : Elle sait…
Ou
Comment savoir si une adolescente est un danger.
Yuki étant allé chercher Tohru, ils rentrèrent en même temps, au moment où Kyo rentrait lui aussi.
Ils entrèrent dans le salon et posèrent la question d'une même voix.
« - On fait quoi pour Hoshi ?
Shiguré les regardait avec étonnement, et ils réalisèrent qu'il ne pouvait pas être au courant, puisqu'ils venaient tous les trois de rentrer.
« - Nous avons une nouvelle, dans notre classe, commença Kyo.
- Elle s'appelle Hoshi Yuki, précisa Tohru.
- Elle sait, acheva Yuki. Pour la malédiction. Elle sait. »
Shiguré faillit s'étouffer avec son thé.
« - Elle vous a vu vous transformer ? conclut-il. Juste elle ? Elle risque d'en parler ?
- Non, coupa Yuki. Elle ne nous a pas vus.
- Alors quoi ?
- En fait, elle connaît une légende qui ressemble comme deux gouttes d'eau à votre malédiction, expliqua Tohru. »
Shiguré posa sa tasse et observa les trois adolescents.
« - C'est peut-être un simple hasard… avança-t-il
- Oh non ! assura Kyo. Tout y est, jusqu'à ma troisième forme.
- D'accord. Racontez. C'est quoi, cette légende ? »
Hoshi reposa le livre confié par Kitai des années plus tôt : Malédiction ou la légende d'un sorcier. Avec celle-ci, elle arrivait à la fin du premier cycle. Hoshi soupira.
Elle avait toujours déménagé régulièrement pour suivre les maudits du monde entier, précédant de peu le reste de son groupe.
Mais là, elle n'avait pas envie que ses recherches arrivent à terme.
Elle se sentait bien, pour la première fois de sa vie. Elle se sentait chez elle.
Elle voulait rester ici.
Elle voulait rester près de Yuki…
« - Je vois, dit Shiguré une fois qu'ils eurent fini de lui raconter toute l'histoire. »
Yuki et Kyo soupirèrent.
« - C'est tout ce que tu trouves à dire ? demanda la souris. Qu'est-ce qu'on fait ?
- Hmmm… Je ne crois pas que ce soit un danger pour nous. Après tout, elle connaît juste cette légende, tant qu'elle ne nous a pas vu nous transformer, on ne peut pas être sûr… Elle pense peut-être vraiment que c'est une légende !
- Elle a dit qu'elle… adorerait rencontrer des gens qui se transforment, se souvint Kyo.
- Et puis, poursuivit Shiguré, vous avez dit que son cousin s'appelle Un'mei, non ? Comme le sorcier de son histoire… Elle a peut-être tout inventé !
- Ça, ce serait une hasard un peu gros, non ? remarqua Yuki.
- Sans doute. Mais je pense tout de même qu'il faut laisser passer. « Que sera sera » ! »
Ses deux cousins soupirèrent. Shiguré sourit.
« - Tohru-kun, qu'allons nous manger ce soir ?
- Oh, euh… pas de poireau, en tout cas ! répondit Tohru »
Kyo devint rouge, Yuki soupira, et tout le monde oublia, un peu volontairement, l'histoire de Hoshi.
Shiguré souriait.
La nouvelle s'appelait Hoshi Yuki… Ce nom lui rappelait quelque chose, mais quoi ? En tout cas, mieux valait ne pas inquiéter les jeunes plus que ça.
Tout de même, c'était étrange, cette légende…
Qui ressemblait tellement à…
Bien sûr qu'il fallait faire quelque chose !
Mais pas ce soir.
Demain, il serait bien temps…
Le lendemain, quand Hoshi vint saluer les Soma, puis Tohru et ses amies, ils s'efforcèrent tous de faire comme si de rien était…
Chapitre cinq : Réunion au sommet
Ou
Un vrai trio d'amis.
Tôt le matin, un peu après que les trois jeunes soient partis pour le lycée, Shiguré appela Ayame.
« - Aya ! Mon amour !
- Gure-san ! My love ! Quel honneur !
- Bon, à part ça, tu pourrais venir chez Ha-san ? Je dois vous parler.
- Ok, bye bye ! Ne me trahis pas en route, Gure-san !
- J'aimerais bien, mais je n'aurais pas le temps !
- Monstre ! rit Ayame. »
Puis les deux adultes (nda : sisi, j'vous assure, on appelle ça des adultes !) raccrochèrent.
Shiguré sonna à la porte du cabinet d'Hatori.
« - Ha-san ? Aya et moi sommes venus t'enlever ! »
Hatori referma aussitôt la porte, ne se sentant pas d'humeur à supporter le tandem.
« - Ah ! sursauta Shiguré. Hatori ! J'ai vraiment besoin de te parler ! »
Shiguré avait reprit un air sérieux, et Hatori ouvrit prudemment la porte. Le chien et le serpent se tenaient tous les deux sur le perron.
« - C'est bon, entrez, soupira le médecin. »
Aussitôt dit, aussitôt fait. Les trois amis s'installèrent sur la terrasse.
« - Alors ? demanda Hatori
- Gure-san a enfin accepté de m'épouser ! »
Hatori soupira. La journée serait longue…
Mitsuru, assistante d'édition d'un certain écrivain, venait de frapper à la porte.
Il n'y avait personne, bien évidemment.
Mitsuru tomba à genoux, en larmes.
« - Pourquoi ? POURQUOI POURQUOI TOUJOURS COMME CA ? SHIGURE-SENSEIIIIIIIIIII ! »
Shigure venait de terminer son récit, et même Ayame était sérieux, pour une fois.
« - Ce n'est sans doute qu'une légende, souffla-t-il… Mais, sérieusement, qu'est-ce qui se passerait si elle était vraiment au courant ?
- Difficile à dire, répondit Shiguré.
- Akito serait furieux, dit Hatori.
- Oh oui, et sa colère peut aussi bien retomber sur nous que sur Tohru-kun ou sur cette fille… »
Les trois amis grimacèrent.
« - Je ne sais pas trop quoi faire, pour une fois. Comment savoir si elle est vraiment au courant ou pas ? demanda Shiguré
- On peut toujours se jeter sur elle, plaisanta Ayame. Au moins, on sera sûrs qu'elle soit au courant !
- C'est une solution un peu extrême. Sans compter qu'on ne peut pas se jeter sur une fille comme ça…
- C'est vrai. Et puis, je ne supporterais pas que tu sautes sur une fille, même pour la bonne cause, Gure-san !
- Ne t'inquiètes pas, Aya, tu es le seul qui compte pour moi !
- Arrêtez votre cirque, tous les deux, intervint Hatori. Pour l'instant, ça ne semble pas très grave, mais si elle était vraiment au courant… est-ce qu'elle le révèlerait à d'autres ?
- Je ne sais pas, répondit Shiguré. Je ne la connais pas, moi ! Peut-être que oui, peut-être que non. Si on part du principe qu'elle a raconté la légende devant tout une classe, c'est mal barré pour nous !
- Justement, si elle a raconté cette légende devant toute la classe… ça m'intrigue. Elle n'en avait pas vraiment besoin si c'était pour nous signaler qu'elle savait, remarqua Hatori.
- Sauf si elle sait qu'il y a une malédiction, mais qu'elle ignore qui est maudit, répondit Ayame. (nda : bravoooo !)
- Ce serait un appel ? Mais dans ce cas, pourquoi est-ce qu'elle nous cherche ? »
Les trois amis se turent un moment, puis Shiguré reprit la parole.
« - Au fait, elle s'appelle… Hoshi Yuki. Le nom de famille me dit quelque chose, pas à vous ?
- Ben c'est le prénom de mon petit frère !
- Merci, Aya, je ne m'en étais pas rendu compte ! ironisa Shiguré.
- Yuki… souffla Hatori. Oui, à moi aussi, ça me dit quelque chose. Quelque chose d'autre que ton petit frère, Aya…
- Mmm ? Remarque, à moi aussi, au fond, mais quoi ? »
Et, soudain, l'image leur revint à l'esprit /une femme délicate, presque fragile, qui portait dans ses bras deux gamines de quatre ans. Eux trois en avait quatorze.
« - Kitai, avait expliqué la femme. Mon espoir ! Et Kisaki, un petit miracle !»
La mère s'appelait Kokushi, Kokushi Yuki.
Elle adulait ses deux filles, des jumelles. Elle disait que la deuxième était vraiment un miracle, parce qu'elle s'était mal présentée à l'accouchement et qu'elle avait faillit s'étouffer avec le cordon ombilical de sa sœur.
Mais les deux enfants étaient vivantes… La femme devait être une Soma par son arrière grand-mère, et quelque chose comme leur cousine au trente-sixième degré.
Et Kisaki était morte… Ils n'auraient pas su dire comment… Et Kokushi était partie avec la petite Kitai, dans leur famille, en France…/
Comment en arrive-t-on à oublier certains évènements ?
Peut-être que c'est juste…
La réaction…
De l'esprit…
A quelque chose…
Qu'on rejette…Hatori, Ayame et Shiguré restèrent longtemps silencieux.
Puis Shiguré se leva.
« - Bon. Il faut que je rentre, ou Mi-chan va vraiment se suicider !
- Mi-chan ? répéta Aya. M-mais alors… Tu m'as vraiment trahi, Gure-san ? Je ne peux pas le croire ! Comment as-tu pu ?
- Mais non, Aya, tu resteras toujours le premier dans mon cœur !
- Oooooh ! My love ! Reviens-moi vite ! »
Shiguré sourit.
Hatori soupira.
Quand Shiguré revint chez lui, Mitsuru était toujours prostrée devant sa porte, des larmes ruisselant sur ses joues.
« - Oh, Mit-chan ! appela-t-il »
Elle se tourna vers lui.
« - E-e-e-e-e-e-e… SENSEIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII ! »
Elle s'accrocha à son kimono.
« - POURQUOI ETES VOUS SI CRUEL ? »
Chapitre six : Le nouveau
Ou
Comment se faire des ennemis en un temps record.
Un'mei s'avança sur l'estrade. Il portait, bien sûr, l'uniforme des garçons, et il fallait bien admettre que, habillé comme ça, c'était beaucoup moins facile de le prendre pour une fille.
Ce qui n'empêcha pas certaines personnes particulièrement têtues de le croire.
« - Je m'appelle Un'mei Yuki. »
C'était tout ce qu'il y avait à dire sur sa vie, lui semblait-il. Il précisa tout de même qu'il venait de France, et que Hoshi était sa cousine (malheureusement, mais ça il préféra s'abstenir de le faire remarquer).
Midi. Une pause dans les cours.
Tohru, Arisa, Saki, Yuki et Kyo proposèrent à Hoshi de déjeuner ensemble. La jeune fille accepta avec plaisir.
Puis Tohru se tourna vers Un'mei.
« - Ah, euh… Un'mei-san, vous voulez venir avec nous ? »
Le jeune homme lui lança un regard glacial et ne répondit pas.
« - Oh ! intervint Arisa. Tu pourrais répondre, au moins !
- Quoi ? siffla Un'mei. T'as un problème, yankee ?
- Hey ! Tu me parles pas comme ça, ok !
- Oh, j'ai peur… »
Les autres suivaient l'échange, un peu déconcertés…
« - Arisa, un coup de main ? demanda Saki. Avec mes ondes, je peux…
- Pas la peine, trancha la yankee. S'il faut régler ça, je peux très bien le faire à mains nues !
- Ah ouais ? répliqua Un'mei. Et bien c'est le moment de le prouver… »
Arisa fit un pas vers le jeune homme. Ils se toisèrent un moment. S'ils devaient vraiment en venir aux mains, Un'mei aurait sans doute plus de problèmes que Arisa : en effet, la yankee faisait à peu près un mètre quatre-vingt, et lui dépassait tout juste le mètre soixante…
Hoshi décida de s'en mêler.
« - Pas la peine d'aller jusque là. »
Elle prit Arisa par le bras et l'entraîna vers la sortie, attrapant au passage, et au hasard, bien sûr, le bras de Yuki. Les autres suivirent.
(nda : Un'mei : amis 0, ennemis 5, paske je compte pas Tohru)
Ce fut le moment que choisirent Minami et deux autres filles de la classe pour aborder Un'mei… Malheureusement, ces filles faisaient partie des personnes particulièrement têtues citées plus haut.
« - Konnichiha ! commença Minami
- C'est ça, salut, répondit Un'mei, agressif. »
Les trois filles s'entre regardèrent. Puis Minami se lança.
« - Euh… Gomen, mais… pourquoi est-ce que tu portes… un uniforme de garçon ? »
Il y eut un immense silence, dans le genre tout le monde évite de se regarder, et donc personne ne regarde quoi que ce soit.
La scène parut se figer.
Puis la main droite d'Un'mei s'abattit sur la joue de Minami.
« -/censuré/ »
Et il sortit de la salle en courant. Aussitôt, une bonne partie des filles de la classe se précipita vers Minami en la plaignant beaucoup.
« - Minami, Un'mei est un homme, traduisit obligeamment Hoshi. »
Puis elle se tourna vers Tohru et les autres.
« - On y va ? demanda-t-elle »
(nda : Un'mei : amis toujours 0, ennemis une 30aine si on compte tous ceux qui soutiennent Minami…)
Ils s'installèrent près du grillage et commencèrent à manger.
« - Pourquoi est-ce qu'il est comme ça ? demanda Tohru »
Tout le monde savait de qui elle parlait.
« - Je ne sais pas, répondit tristement Hoshi. En fait, nos deux familles ne s'entendent pas très bien. Je ne le connais que depuis quatre ans. A l'époque, il venait de perdre l'usage de sa main gauche…
- Il ne peut plus se servir de sa main gauche ? s'étonna Arisa.
- Non. Plus du tout. Je ne sais pas trop pourquoi, un problème de nerf mais… »
Hoshi se tut. Elle avait l'air triste.
« - Et alors ? Tu te plais ici ? demanda Yuki pour changer de sujet.
- Oh oui, beaucoup ! s'écria aussitôt Hoshi. Et puis… Vous êtes vraiment gentils, tous les cinq ! Vous m'avez vraiment bien accueillie… Arigato ! »
Les cinq amis lui sourirent.
Il y eut un grand cri de joie.
« - TOHRU ! »
Un jeune garçon habillé avec un uniforme de fille et un short courait vers eux, suivi, plus lentement, par un garçon aux cheveux blancs et noirs, qui portait plusieurs pendentifs et des boucles d'oreilles.
« - Momiji-kun, Hatsuharu-kun, souffla Tohru. »
Ils firent les présentations.
« - Hoshi ? répéta Momiji. Et tu viens de France ? Dis, dis, c'était bien là-bas ?
- Oh… Oui, c'était bien mais… En fait, j'ai beaucoup voyagé, donc… Et puis, je crois que je suis mieux ici ! »
Elle s'interrompit au milieu d'une phrase.
Un'mei venait de tourner au coin du lycée, et il la regardait avec une lueur… d'envie ?
Chapitre sept : Accrochage
Ou
Les facettes d'Hatsuharu.
Tout le monde était tourné vers Un'mei. Le jeune homme ne paraissait pas se rendre compte qu'il les fixait aussi.
« - T'as un problème ? demanda finalement Arisa. »
Un'mei sursauta et la regarda droit dans les yeux.
« - Ouais, depuis que t'es dans le coin !
- C'est toi qui vient d'arriver dans le coin, je te signale ! s'écria Arisa
- Et alors ?
- Qui c'est ? demanda Momiji
- Et alors ? C'est toi qui gâche la vue, dégage ! gueulèrent presque ensemble Kyo et Arisa.
- Mais c'est qui ? redemanda Momiji.
- N'insiste pas, Un'mei, conseilla Hoshi.
- TOI, T'EN MELES PAS ! hurla Un'mei
- Hey, t'es gentil, répliqua Hoshi, TU ME CRIES PAS DESSUS COMME CA ! »
Yuki et Saki soupirèrent.
Et une voix rauque intervint.
« - Vous allez arrêtez le blabla ? Ça suffit ! Battez-vous ! gronda Hatsuharu »
Yuki et Kyo poussèrent un énorme soupir.
« - Black Haru est là, soufflèrent-ils en même temps. »
La joute verbale entre Arisa, remontée à bloc, Black Haru, aussi féroce qu'à l'habitude, et Un'mei, mauvais jusqu'à la moelle, faisait rage.
Ils n'en étaient pas encore venus aux mains, ce qui paraissait miraculeux.
Blasés, les autres les observaient en finissant tranquillement de manger, sauf Tohru qui s'inquiétait quand même.
« - Euh… On ne devrait pas les arrêter avant que ça ne s'aggrave ? demanda-t-elle »
Hoshi haussa les épaules.
« - Un'mei n'est pas fou, expliqua-t-elle. Je pense qu'il a encore assez de bon sens pour s'arrêter avant que l'un d'entre eux n'en viennent aux mains. Enfin, il faut l'espérer pour lui.
- M-mais…
- Tohru, il s'est mis tout seul dans le pétrin, alors ne t'inquiètes pas pour lui ! S'il était un peu plus aimable, aussi…
- J'ai entendu, tu sais, s'écria Un'mei.
- Et alors ?
- HAHAHA, VOUS ALLEZ TOUS CREVER !
- Euh… C'est quoi son problème, à votre cousin ?
- Il a craqué, expliqua Yuki. Quand il explose comme ça, il n'y a rien à faire, à part… »
Un seau d'eau glacé s'abattit sur Hatsuharu, Un'mei et Arisa qui était toujours à côté d'eux.
« - HEY ! protestèrent-ils en même temps
- Un problème ? demanda Mayuko. Les cours ont repris depuis dix minutes, alors filez en classe tout de suite ! »
Personne n'avait remarqué que la pause de midi était finie, dans tout ça.
Ils retournèrent en classe, Un'mei et Arisa échangeant des regards meurtriers.
A part ça, tout était calme, si ce n'est que la joue de Minami virait doucement au noir et qu'elle en était effondrée.
La journée se termina comme elle avait commencé : en rentrant, Hoshi et Un'mei se disputèrent, histoire de changer un peu.
« - Au fait, finit par demander Hoshi, qu'est-ce que tu penses d'eux ? »
Un'mei, qui s'apprêtait à monter dans sa chambre, s'arrêta et se tourna vers elle, étonné.
« - Qu'est-ce que ça peut te foutre ? finit-il par demander
- Tu pourrais être un peu aimable, de temps en temps, non ?
- Non.
- Non quoi ? demanda Hoshi
- Non pour les filles. Elles ne sont pas maudites. »
Un'mei commença à monter l'escalier.
« - Un'mei ! Dis, je… »
Elle soupira.
« - Comment est-ce qu'on peut être sûrs… pour les autres ? »
Un'mei haussa les épaules.
« - Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ? Saute leur dans les bras, si tu ne trouves que ça !
« De toute façon…
Moi…
Je ne sers à rien, pas vrai ? »
Hoshi releva la tête, surprise.
Un'mei avait baissé la tête, et sa frange voilait son regard. Il haussa de nouveau les épaules et monta les escaliers en courant.
Longtemps après, en passant devant la chambre de son cousin, Hoshi crut l'entendre pleurer. Elle aurait voulu entrer, mais elle savait qu'il ne lui aurait jamais pardonné de l'avoir surpris ainsi.
Alors, lentement, elle se détourna et rentra dans sa propre chambre.
Parfois, on aime mieux oublier…
Shiguré entendit Yuki, Kyo ou Tohru, l'un des trois, rentrer.
« - Il faudrait inviter Hoshi ici avant la fin de la semaine, lança-t-il au hasard. »
Puis il releva la tête de son journal.
Yuki le regardait, troublé.
Chapitre huit : L'invitation
Ou
Comment se faire griller en trente secondes chrono.
Tohru faisait le thé. Assis à la table, Shiguré, Kyo et Yuki attendaient. Shiguré lisait le journal. C'était lui qui avait demandé à ce qu'Hoshi soit invitée.
Officiellement, il voulait s'assurer qu'elle ne représentait aucun danger. Mais les deux garçons étaient persuadés qu'il voulait juste une occasion de reluquer une fille…
Yuki et Kyo en étaient à leur trente-troisième dispute de la journée, et Yuki menait aux points, dix-sept à douze, mais Kyo s'était bien rattrapé depuis le déjeuner où il perdait quinze à deux.
Ils attendaient…
On toqua doucement à la porte.
Aussitôt, Tohru, qui paraissait être partout à la fois, éteignit le feu, sortit les tasses et alla ouvrir à la porte.
Hoshi se tenait sur le palier, vêtue d'un ensemble blanc assez léger, ce qui ne manqua pas d'éveiller l'intérêt de Shiguré.
Tohru fit entrer leur invitée.
Hoshi s'assit à la table, ne sachant pas trop quoi dire.
Shiguré la dévorait littéralement du regard.
« - Hmmm… Tu lui ressemble beaucoup…souffla-t-il
- Hein ? A qui ? s'étonna Hoshi
- Oh, rien, rien ! s'empressa de rectifier Shiguré. Alors, tu es Hoshi Yuki, c'est bien ça ? Je suis Shiguré Soma, le cousin de Yuki et Kyo et le propriétaire de cette maison.
- Enchantée ! … Etrange…
- Quoi donc ? demanda Shiguré
- Oh, euh… rien d'important. Je trouvais ça… bizarre, comme coïncidence, pas vous ?
- Quelle coïncidence ? demandèrent aussitôt les quatre autres. »
Yuki et Kyo se lancèrent un regard noir.
« - Ben oui ! sourit Hoshi. Yuki et Kyo vivent chez un de leurs cousins, comme moi, et ils vivent tous les deux avec un cousin qu'ils n'aiment pas ! Je trouve ça… un peu étrange, tout de même.
- Eh oui, c'est vrai, affirma Shiguré, ah lala, nous avons déjà tellement en commun… »
Il s'interrompit en voyant que Yuki était (déjà) sur le point de le frapper.
Kyo releva la tête… et vit que Tohru était sur le point de lâcher le plateau de thé.
« - Tohru ! »
Il se leva et lui prit le plateau des mains. Juste à temps, apparemment.
Tout le monde les regardait, attiré par le cri de Kyo.
« - Oh, euh… bredouilla Tohru. Gomen… C'était un peu lourd, et…
- Idiote ! Faut faire gaffe quand c'est si lourd ! Ce truc pèse une tonne ! la gronda doucement Kyo
- G-gomen Kyo-kun !
- Idiote, répéta Kyo, plus gentiment. »
Hoshi, qui avait d'abord observé la scène avec des yeux ronds, éclata de rire.
« - Gomen, s'excusa-t-elle, mais… vous êtes tellement mignons, tous les deux ! »
Kyo et Tohru rougirent.
« - Bah ! N'importe quoi ! s'écria le chat. »
Il posa le plateau sur la table et se rassit.
Tohru servit le thé, puis s'installa à son tour.
« - Tu as passé une bonne semaine, Hoshi-san ?
- Merveilleuse ! Mais c'est surtout grâce à vous, et aussi grâce à Arisa et Saki. Merci à tous ! »
Tohru fit un immense sourire, Kyo grommela quelque chose et Yuki rougit légèrement.
« - Et, reprit Shiguré, on m'a dit que tu connaissais des légendes ?
- Oh oui, j'adore ça ! Je crois que ce sont les histoires que je connais le mieux ! Ma grand-mère me les racontait tout le temps, et j'ai plusieurs livres dessus…
- Des livres ? demanda Shiguré. Lesquels ? »
Yuki regarda Shiguré avec étonnement. Quelle importance cela pouvait-il avoir ?
Mais Shiguré fixait Hoshi avec intensité et… inquiétude ?
« - Hmmm, réfléchit Hoshi. Il y en a pas mal… Contes et légendes du Moyen-Age… Légendes de la mythologie égyptienne… Légendes de l'antiquité… Fables et récits de dragons… Recueil de légendes de l'Ancien Temps… »
Hoshi fronça les sourcils.
« - Oh, et puis il y a aussi Malédiction ou la légende d'un sorcier. C'est l'histoire que j'ai racontée à la classe… Ça ne va pas ? »
En entendant le nom, Shiguré avait pali, tout le monde s'en était rendu compte.
« - Non, rien… C'est juste que… »
Il se leva d'un bond, un sourire plaqué sur son visage.
« - Je viens de me rappeler du vide de cent pages dans mon manuscrit, à combler pour demain ! Il faut que je trouve une excuse ou que je finisse ! J'y vais, je laisse les jeunes s'amuser entre eux… »
Il battit en retraite dans le couloir.
Hoshi fronça les sourcils. Ce trouble, est-ce que c'était…
Shiguré avait rendu son manuscrit dans la journée.
Il appelait quelqu'un d'autre.
« - Ha-san ? Nous avons un problème…
« Elle sait…
« Je crois qu'elle sait, pour la malédiction…
« Mais elle ignore que c'est nous…
« Ha-san, tu es toujours là ?
« Ha-san…
« C'est le portrait craché de Kisaki...
« Ha-san ?
« Si elle se souvient… »
/Shiguré a seize ans. Devant lui se tiennent les jumelles. Elles ont six ans. Elles attendent leur surprise… Kokushi sourit comme jamais. Shiguré leur tend le livre.
Et Kisaki s'effondre…/
Pourquoi oublie-t-on certains évènements ?
Parce que, parfois, il vaut mieux ne pas s'en souvenir…
Chapitre neuf : Ne venez pas !
Ou
Je veux faire cavalier seul, pourquoi ?
Le soleil s'était couché.
Yuki avait tenu à raccompagner Hoshi jusque chez elle. Après tout, on ne savait jamais sur qui ou quoi on pouvait tomber, à cette heure.
Hoshi n'aurait jamais songé à protester, trop contente de pouvoir faire un bout de chemin avec Yuki.
Alors ils marchaient, ensemble.
Ensemble.
Les étoiles brillaient dans le ciel. Hoshi sourit légèrement, essayant de retrouver les constellations qu'elle connaissait depuis la France…
Ensemble.
La lune était pleine, et éclairait doucement le chemin, jetant une lueur argentée sur les arbres et sur les deux marcheurs. Yuki trouvait ça… paisible.
Ensemble.
Une légère brise, à peine marquée, soufflait sur le chemin.
Ensemble.
Sans parler, mais tous les deux.
Ensemble.
C'est tout ce qui compte, non ?
Ils arrivèrent devant la rue du manoir.
Hoshi se tourna vers Yuki.
« - C'était une belle après-midi ! Ton cousin est marrant…
- Shiguré ? s'étonna Yuki
- Oui.
- Ce type est un vrai pervers… »
Hoshi rit, de son rire si pur, si cristallin…
« - Peut-être, répondit-elle, mais c'était quand même gentil de m'inviter. Il fait quoi, dans la vie ?
- Il est écrivain… de… « littérature populaire ».
- Oh, je vois… »
Yuki fronça les sourcils. Elle disait ça comme si ça expliquait tout…
« - Arigato ! le remercia-t-elle. C'est vraiment gentil de m'avoir ramenée…
- C'est normal. Ça aurait pu être dangereux…
- Moi, j'ai trouvé ça… adorable… »
Ils rougirent tous les deux.
« - Bon ben… au revoir, souffla Yuki.
- Au revoir… répondit Hoshi. »
Elle rentra chez elle, frêle silhouette à peine visible dans la nuit…
Yuki soupira.
« - « Bon ben au revoir ? » répéta-t-il à voix basse. J'arrive pas à croire que je viens de lui dire ça… »
Hoshi sourit. Un'mei était déjà couché, apparemment, aussi ne se fatigua-t-elle pas à préparer le dîner : il lui restait un paquet de chips et une pomme, ça irait pour ce soir. Elle monta se coucher, ses aliments sur un plateau.
Installée sur son lit, elle tendit la main vers sa table de chevet et prit un livre.
« - Voyons ça… Malédiction ou la légende d'un sorcier… Mais qui est l'auteur ? »
Elle jeta un œil sur la première page, sourit et croqua dans sa pomme.
Malédiction ou la légende d'un sorcier.
Elle tenait le livre de sa cousine Kitai.
L'auteur s'appelait Shiguré Soma.
Le lendemain, Hoshi reçut un coup de fil très tôt.
« - Moshi moshi ? Oh, Jin'sei… Oui, tout va très bien, on ne peut mieux, même ! Oui… Quoi ? Non, pas maintenant ! D-d'accord, je l'appelle ! »
Elle raccrocha, très vite.
Kitai voulait venir.
C'était la première fois qu'elle voulait venir sans attendre l'avis d'Hoshi…
Hoshi décrocha de nouveau et composa le numéro de sa cousine.
« Moshi moshi ? Kitai ? Hoshi, oui…
« Ne venez pas.
« Attendez, toi et les autres.
« Ne venez pas.
« Il ne faut pas.
« Ce n'est peut-être pas eux.
« Ne venez pas.
« L'un d'entre eux connaît le livre, mais c'est tout.
« Ne venez pas,
« Je t'en prie,
« Ne venez pas
« Ne venez pas
« Ne venez pas… »
Chapitre dix : Rencontre
Ou
Comment marcher le nez en l'air.
Une semaine de plus était passée.
Hoshi visitait la ville, essayant de retenir les endroits importants.
Hoshi leva la tête.
Il neigeait.
La première neige de l'année…
En marchant au hasard, comme à son habitude, elle avait atteint, totalement involontairement, les abords du manoir Soma.
Hatori y revenait.
Tout aurait pu bien se passer.
Ils aurait pu ne jamais se voir.
Mais voilà : il neigeait. Pendant un bref instant, Hatori, distrait, leva les yeux aux ciel.
Cela suffit pour que Hoshi, qui regardait beaucoup de choses mais pas ce qui se passait devant elle, le heurte au passage.
Et bien sûr…
« Pouf – Ploc »
(nda : bruit retentissant d'une transformation et d'un hippocampe de huit centimètres qui tombe sur le sol)
Hoshi écarquilla les yeux. Avec son pouvoir elle s'étonnait rarement, mais là c'était un peu trop gros pour elle (nda : mais il fait que huit centimètres!).
Hoshi était tellement secouée qu'elle ne pensa même pas à paniquer, restant immobile. L'hippocampe se retransforma en humain. Hoshi se détourna en rougissant, et l'homme se rhabilla.
Ils s'observèrent un moment en silence.
Hatori était muet de stupeur. Elle ressemblait tellement à Kisaki…
Hoshi se demanda pourquoi sa frange lui cachait un œil.
Puis une voix résonna depuis l'entrée du manoir, et les deux humains sursautèrent.
« - Hatori, souffla Akito, efface lui la mémoire et suis moi. »
Hoshi ne songea même pas à protester. La cruauté émanant du jeune homme l'avait paralysée. La main d'Hatori se plaça devant son visage, et elle oublia tout.
Mais elle ne s'effondra pas.
Hatori suivit Akito en essayant de se remettre de sa surprise : Akito s'était déplacé jusqu'à l'entrée pour venir le chercher (nda : vi, moi je vois bien Hatori être surpris juste de ça, pas vous?).
Hoshi resta longtemps, debout, sans bouger.
Si longtemps que quand Kyo ressortit du dojo en essayant de se débarrasser de Kagura, elle était encore là.
« - Hoshi ? appela Kyo. Qu'est-ce que tu fous là ? »
Hoshi cligna des yeux, dévisagea Kyo et la jeune fille pendue à son bras.
« - Kyo ? demanda-t-elle. C'est toi ?
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Je… Je… (le naturel reprit le dessus). Baka ! Vous êtes beaucoup à vous transformer comme ça ? »
1: Hatsuyuki : la première neige (sous-entendu : de la saison)
2: Un'mei : destin
3: Heika : majesté
4: Sen'nin' : sorcier
5: dans l'ordre : Bœuf, Lapin, Serpent (du zodiaque uniquement), Mouton, Coq, Sanglier, Tigre, Dragon (volant), Cheval, Singe, Chien et Rat.
6: Neko : chat
