Yazoo Soma : merci pour ta review. Oui, j'aime beaucoup Ritsu, mais c'est vrai qu'on le voit assez peu (et toujours caricaturé, le pauvre). Arf, les pouvoirs, c'est vrai que y en a que j'utilise rarement par contre, donc tu ne verras pas forcément tous les Magure à l'oeuvre...(et j'ai de bonnes raisons ! si, c'est vrai !)
Nazupeanut : merciiiiiiiiii ! (je confirme, c'est pas drole d'oublier les visages, même si je suis loin d'être au même point que Chuuou XD) ah mais bien sûr qu'on verra Yun-chan ! (mon prince, comment aurais-je pu ne pas le faire intervenir ?) mais pas avant le chapitre 10 (il y en a 30)
Chapitre quatre : Kaisui.
Chuuou prenait assidûment des notes. Après, elle avait le cours de sport.
Et après, les vacances d'été commençaient.
Elle vivait au Japon depuis plus de cinq mois, et elle attendait cet instant depuis toujours.
Les vacances !
Les vacances, enfin, si belles et si attirantes.
En sport, elle faisait du basket, un des rares sports qu'elle adorait.
Alors la fin de la journée passerait plus vite…
Chuuou jeta un œil par la fenêtre.
Ça faisait une drôle d'impression d'être en été sans être à la fin de l'année.
Le ciel était dégagé, le soleil tapait fort.
Les vacances seraient belles…
« - Magure-san, vous seriez bien aimable d'attendre la fin des cours pour être en vacances. »
Chuuou sursauta et fit un immense effort pour se concentrer sur le cours.(1)
Le professeur de sport donna trois coups de sifflet.
Fin du match.
Chuuou se changea (dans les vestiaires pour ceux qui auraient besoin de cette précision), prit son sac, quitta l'enceinte du collège…
Et bondit de joie !
Vacances vacances vacances vacances vacances ! (veinarde)
« - Chuuou-kun, tu rentres tout de suite ? appela une voix. »
Chuuou se tourna vers l'adolescente qui l'avait appelé : une fille aux cheveux bruns qu'elle reconnut vaguement comme étant de sa classe.
« - Kitai, se présenta l'adolescente en arrivant près de Chuuou. »
Les élèves avaient vite compris les difficultés de la jeune française pour les reconnaître, et , que ce soit pour l'aider ou pour se moquer d'elle, elles se présentaient à chaque dialogue.
La raison n'avait aucune importance pour Chuuou : pour elle, c'était utile.
« - Oui, je voulais rentrer, répondit Chuuou.
- Viens plutôt avec nous ! Les garçons viennent de finir les cours ! On va les voir sortir ! Y en a des trop mignons ! »
Sans attendre de réponse, Kitai prit Chuuou par la main et l'entraîna avec elle.
Le collège des garçons était juste à côté du leur, et Chuuou s'aperçut vite qu'une bonne moitié du collège des filles étaient là.
Une partie des filles s'étaient assises sur le muret encadrant la cour, les autres se massaient autour des grilles.
Beaucoup de garçons furent presque agressés par les adolescentes…
Chuuou aperçut Kagura-sempai, de l'autre côté. La jeune fille lui sourit et lui fit un signe de la main. Puis elle parut repérer quelqu'un.
Chuuou grimaça. Trop de monde.
Elle battit en retraite vers le bout de la rue, ce qui lui permettait de voir les garçons sans se faire piétiner.
Elle le vit très bien sortir.
Ils étaient trois. Deux devaient avoir son âge. L'autre ne semblait pas vraiment plus vieux qu'un élève de maternelle…
L'un d'entre eux avait les cheveux d'un roux éclatant, le second des cheveux blancs aux racines noires, et le troisième était blond.
Chuuou haussa les sourcils : ce n'étaient pas de couleurs de cheveux courantes, pour des japonais.
Le petit blond sautillait autour de ses deux amis. Le roux lui flanqua une tape sur la tête, et le blond s'éloigna en grimaçant.
Puis le rouquin se figea.
Kagura-sempai venait de s'élancer vers lui.
Chuuou sourit en les voyant l'un en face de l'autre.
Donc, c'était avec lui que sa sempai avait rendez-vous, le jour de l'avalanche…
Contente d'avoir appris ça, Chuuou ne vit pas les deux adolescents qui fonçaient vers elle.
Une seconde avant le choc, elle vit deux blonds aux yeux noisette courir vers elle.
Puis l'un des deux la heurta…
Loin de là, à peu près, une jeune fille aux cheveux argentés releva la tête.
Elle venait d'apprendre un nouveau secret.
Plutôt…
Intéressant…
Le jeune garçon s'excusa poliment et aida Chuuou à se relever.
Chuuou remarqua son grain de beauté sur la joue droite, puis elle se concentra sur l'autre garçon : le blond qu'elle avait remarqué un peu plus tôt.
Ils se ressemblaient beaucoup, sauf que celui qui l'avait heurté paraissait plus âgé et avait des cheveux moins bouclés.
« - Désolé, répéta-t-il. J'aurais dû faire attention… »
Et puis, il dégageait une sensation de douceur tellement forte…
« - Oh, souffla Chuuou, toi, tu ne serais pas… ?
- Hmmm ? Je suis Nyuuva Magure ! se présenta-t-il. Et voici Momiji Soma. »
Chuuou hocha la tête. Elle était sûr que c'était un Magure.
Puis elle se rendit compte que la coïncidence était un peu forte : un Magure et un Soma en même temps ? Le hasard faisait bien les choses…
« - Je suis Chuuou Magure !
- Chuuou ? répéta Nyuuva. Eh, tu es ma cousine ? C'est génial ! Momiji, je te présente ma cousine !
- Enchanté ! s'écria Momiji. Tu viens de loin ?
- De France, répondit Chuuou avec un grand sourire.
- Ouah, et c'était bien là-bas ? Ça doit faire bizarre d'être au Japon, non ?
- Surtout pour les vacances, en fait, fit Chuuou.
- Les vacances ? C'est super, les vacances d'été, ne ? demanda Momiji. Il fait chaud ! On peut aller à la plage !
- Oui, c'est bien. Et puis, il n'y a pas d'école, renchérit Chuuou.
- Ça aussi, c'est bien, remarqua Nyuuva avec un immense sourire. »
Chuuou rit. Momiji aussi.
Nyuuva leur souriait.
Et, de très loin, on les observait.
« - Ils s'entendent bien, tous, fit remarquer Majutsu à Kokaku.
- Peut-être. Mais je continue à penser que Sen'nyu a tort d'avoir incité les parents de Chuuou à l'envoyer ici, répondit le voyageur.
- Je ne vois pas pourquoi. C'est bien qu'elle rencontre de la famille, non ?
- Tu sais bien que ce n'est pas le problème ! s'écria Kokaku. »
Majutsu le regarda droit dans les yeux et il se calma aussitôt.
« - Maju-chan… Tu sais bien qu'il ne pensait pas à ça… Il pense à Kimi-chan. Il pense à lui. Mais si…
- Si elle y arrive, tout ira mieux, trancha Majutsu. »
Kokaku se tourna vers elle et soupira.
« - Et si elle n'y arrive pas ? demanda-t-il
- Alors elle recommencera. Peut-être même qu'elle l'a déjà fait. Il n'y a aucun moyen de le savoir… »
De nouveau assise sur la banquette arrière, Chuuou se dit qu'un jour, elle aimerait bien monter à l'avant d'une voiture.
Nyuuva était assis à côté d'elle, Momiji était de l'autre côté de Nyuuva.
Le père de Nyuuva conduisait. Sa mère était devant aussi.
Quand Nyuuva avait proposé à Chuuou et Momiji de partir ensemble à la mer, elle avait eu du mal à croire que ce n'était pas un rêve.
Non. Elle était bien en vacances d'été, en route pour la plage, avec deux amis.
La vie pouvait elle être plus belle ?
Elle sourit, remit son casque et enfourcha de nouveau sa moto.
Agée de quatorze ans, elle n'avait pas le permis, mais ça lui était égal.
Son père lui avait appris à conduire une moto depuis longtemps.
Et elle voulait les suivre, juste comme ça, juste pour voir.
Repoussant une mèche argentée qui dépassait de son casque, elle se remit en route.
La plage était superbe. La mer aussi. Bleue (c'est une bonne idée pour la mer), calme, avec quand même quelques vagues qui réussissaient à faire basculer ceux qui se baignaient.
Le soleil tapait fort, mais ça ne gênait personne.
Accroché à une bouée géante, Momiji s'amusait dans l'eau. Nyuuva était près de lui, un ballon de plage en main.
Seiyaku, le père de Nyuuva, les avaient rejoints et essayait de prendre la balle à son fils en riant.
Kotoba, la mère de Nyuuva, les observait en souriant. Assise sur la plage, ses cheveux blonds striés de mèches argentés, témoignage de ses origines maguréénes (fallait bien que je trouve un mot, ne ?), flottant dans son dos, elle se laissait bronzer.
Chuuou était assise près de Kotoba.
L'adolescente avait un livre en main. Depuis que les vacances avaient commencé, elle le lisait, et elle voulait absolument le terminer avant la fin de la semaine. Elle menait donc une lutte acharnée contre les 900 pages de ce roman policier d'Elizabeth Georges (authentique, même si je pense pas qu'à douze ans ce soit recommandé de lire Elizabeth George).
Elle allait y arriver.
Elle allait gagner.
Kotoba regarda un moment la jeune fille lutter contre les pages de son livre, et sourit.
Ces vacances avaient bien commencées.
Ils passeraient tous un merveilleux été, c'était certain.
Chuuou abandonna momentanément la lutte. Elle avait totalement décroché. Pourquoi le tueur avait-il un alibi imparable ? (réponse : ben parce que c'est pas le vrai tueur tiens !)
Elle posa son livre, s'allongea sur le sol et regarda passer les nuages.
Après avoir cherché pendant une dizaine de minutes un nuage à regarder passer, elle laissa tomber, ferma les yeux et prit son nouveau walkman.
Le premier discman de Chuuou avait très mal supporté son séjour passager dans le lac.
Kokaku avait été gentil, il lui en avait offert un autre.
Chuuou avait assuré qu'elle pouvait en récupérer un gratuitement, mais son cousin refusait qu'elle le fasse apparaître par magie.
Etrange, vraiment.
A quoi bon avoir des pouvoirs si c'est pour les cacher ?
L'arbre va tomber
Les branches salissaient les murs
Rien ne doit rester
Le monsieur veut garer sa voiture
Nous, on l'avait griffé
Juste pour mettre des flèches et des cœurs
Mais l'arbre va tomber
Le monde regarde ailleurs
L'arbre va tomber
Ça fera de la place au carrefour
L'homme est décidé
Et l'homme est le plus fort, toujours
C'est pas compliqué
Ça va pas lui prendre longtemps
Tout faire dégringoler
L'arbre avec les oiseaux dedans !
Y avait pourtant tellement de gens
Qui s'y abritaient
Et tellement qui s'y abritent encore
Toujours sur nous penché
Quand les averses tombaient
Une vie d'arbre à coucher dehors
L'arbre va tomber
L'homme veut mesurer sa force
Et l'homme est décidé
La lame est déjà sur l'écorce
La détonation avait retenti, et le sang avait jailli, jusque sur sa joue.
Elle s'était arrêtée de courir, juste avant qu'il ne tombe.
Blessé.
Mort.
Elle ne pouvait plus faire un geste, elle ne pouvait que rester là, et le voir, étendu sur le pavé.
Mort…
L'arbre va tomber
On se le partage déjà
Y a rien à regretter
C'était juste un morceau de bois
Un bout de forêt
Avancé trop près des maisons
Et pendant qu'on parlait
L'arbre est tombé pour de bon !
Chuuou se réveilla en sursaut. Elle s'était endormie ? Combien de temps ?
Beaucoup, à en juger par la position du soleil.
Ça, c'était vraiment étrange ! D'accord, le cd passait en boucle, mais de là à ce qu'elle s'endorme au début d'une chanson pour se réveiller à la fin de la même chanson après que le cd ait redémarré…
T'as dû en voir passer
Des cortèges de paumés
Des orages, des météores
Et toutes ces nuits d'hiver
Quand les averses tombaient
Une vie d'arbre à coucher dehors
Chuuou frémit et coupa la musique. Elle ne verrait plus jamais cette chanson de la même façon…
Kotoba se tourna vers Chuuou.
« - Tout va bien ? demanda-t-elle doucement.
- O-oui. J'ai dû m'endormir…
- J'avais vu ! sourit Kotoba. »
Chuuou lui sourit doucement. Du coin de l'œil, elle vit Nyuuva et Momiji sortir de l'eau, suivis de près par Seiyaku. Le jeune Magure écarquilla les yeux et poussa un cri.
« - Kimi-chan ! »
Il s'élança vers le bout de la plage, suivi de près par Momiji. Seiyaku soupira, mais une étrange intuition le poussa à suivre les deux collégiens.
Chuuou jeta un œil par-dessus son épaule.
Une jeune fille venait de se garer en moto devant l'unique arbre avant des kilomètres.
Un premier coup de vent ébouriffa les cheveux argentés de la jeune motard, mais personne ne vit la catastrophe qu'il annonçait.
Kotoba soupira. Est-ce qu'un jour, Kimitsu se déciderait à attendre d'avoir son permis ?
Elle s'étira… et vit que Chuuou s'était tournée vers elle.
« - Quoi ? demanda-t-elle »
Chuuou hésita un moment, puis se jeta à l'eau.
« - Vous… euh… Je peux vous poser une question… indiscrète ?
- Pose toujours, répondit Kotoba. Je ne te promet pas d'y répondre !
- La plupart des Magure… Enfin, des parents Magure… Ne s'entendent pas très bien avec leurs enfants… Les parents d'Osore ont peur de lui. Les miens aussi ont peur. Mais vous et Seiyaku… Vous avez l'air d'adorer Nyuuva ! Pourquoi… »
Elle s'interrompit et se mordit la langue. C'était trop tôt pour poser cette question.
Kotoba parut réfléchir sérieusement à la question de Chuuou.
« - En fait, répondit-elle finalement, je me suis toujours demandé pourquoi les parents Magure étaient comme ça avec leurs enfants. »
Chuuou sursauta et jeta un regard effaré à Kotoba.
« - C'est vrai, poursuivit la jeune mère. Les parents d'Osore et de Ryuu ont peur de leurs fils, et ceux d'Heiki ne veulent même pas en entendre parler. Moi… La première fois… A la maternité, quand je l'ai pris dans mes bras pour la première fois… Je me suis sentie tellement bien… »
Chuuou cilla et baissa les yeux.
« - La douceur ? C'est son pouvoir… C'est pour ça ?
- Son pouvoir ? s'étonna Kotoba. De quoi parles-tu ? »
Chuuou sursauta et retint un hoquet de terreur. Non, c'était impossible… Kotoba était bien une Magure, pourtant ! Chuuou s'était renseignée, c'était Seiyaku qui avait changé de nom – tradition familiale.
Donc elle aussi…
Kotoba grimaça devant l'air choqué de la jeune fille. Chuuou semblait tellement sage que, par moment, Kotoba oubliait que ce n'était encore qu'une enfant. La jeune mère soupira et sourit de nouveau.
« - Désolée, souffla-t-elle. Moi aussi, quand j'étais petite, j'ai joué à avoir des pouvoirs… »
Kotoba se leva et, lentement, alla rejoindre les autres.
Choquée par ce qu'elle venait d'entendre, Chuuou regardait Kotoba s'éloigner, incapable de faire un geste.
Jouer ?
Non… C'était impossible…
Ces pouvoirs…
C'était vrai, non ?
Un coup de vent plus fort menaça d'emporter son livre de 900 pages. Chuuou ramassa distraitement ses affaires et se dirigea vers l'arbre, très lentement.
Kimitsu se dirigea vers la mer, salua Kotoba au passage, et rejoignit Chuuou.
Chuuou dévisagea un moment la jeune fille. Ses cheveux argentés tombaient sur ses épaules, et elle avaient des yeux d'un noir très profond.
Et il y avait autre chose, en plus…
« - Bonjour. Je suis Chuuou Magure, se présenta l'adolescente.
- Salut. Moi c'est Kimitsu Magure !
- Kimitsu… »
Kimitsu, le secret.
« - Dis-moi, commença Chuuou. Tu… euh… tu… »
Ses pouvoirs.
Demande-lui pour ses pouvoirs !
« - Tu es… »
A ce moment là, un coup de vent plus fort que les autres provoqua un énorme craquement et des cris.
L'arbre venait de tomber sous l'effet du vent, manquant de peu Nyuuva et Momiji.
La moto de Kimitsu, elle, n'avait pas été ratée.
« - Ah non, s'écria Kimitsu, c'est pas cool ça ! »
Elle s'élança vers l'arbre pour voir l'étendue des dégâts.
Restée seule, Chuuou effleura son discman du bout des doigts.
Ça commençait à lui faire peur…
A suivre...
(1) on la plaint tous, pas vrai ?
Kaisui : eau de mer
Nyuuva : douceur
Kimitsu : secret
