Nazupeanut : XD j'avais pas fait gaffe c'est vrai qu'ils ont presque tous un paquet de "u" dans leurs noms (t'as raison, je dois aimer cette lettre). Oui, ça ira vite pour Yun, et puis je pouvais pas le faire apparaître plus tôt... (et si je vais vite, c'est parce que la fic est déjà écrite ;p)
Chapitre cinq : Tansui.
Deux semaines passèrent.
L'été était toujours aussi beau.
Depuis l'incident de l'arbre, plus rien d'extraordinaire ne s'était passé.
Kimitsu avait beaucoup râlé, mais sa moto n'avait pas trop souffert. Heureusement, parce qu'elle était plus à son père qu'à elle…
La jeune fille était passée au village le plus proche, et réparer sa machine n'avait pas été trop long ou trop cher.
Aujourd'hui, il faisait un peu sombre.
L'eau de mer était trop fraîche pour s'y baigner, et le ciel était menaçant.
Momiji et Nyuuva étaient devant la télé, regardant un épisode de Moguéta. La série avait été lancée deux jours plus tôt, et elle plaisait beaucoup aux deux garçons.
Seiyaku travaillait sur son ordinateur, à l'étage.
Kotoba préparait le repas de ce soir.
Installée sur le canapé avec les garçons, Chuuou se débattait avec les vingt dernières pages de son roman policier. Elle était partagée entre l'envie de lire la fin et celle d'attendre un peu pour découvrir le coupable par elle même.
Toutes ces activités pourraient paraître très anodines.
Pourtant, elles eurent une conséquence grave : quand le téléphone sonna, ce fut Kimitsu qui décrocha.
Dés qu'elle entendit la voix de Kokaku, à l'autre bout du fil, elle comprit ce qui se passait.
« - Je te passe Chuuou, dit-elle aussitôt. Je vais préparer ma moto. »
Kokaku soupira.
Aucun secret n'était à l'abri avec Kimi. Heureusement, la jeune fille savait tenir sa langue.
Heureusement…
Depuis la Golden Week, Kokaku et Majutsu déviaient péniblement le sujet à chaque fois qu'Aya, Hatori ou Shiguré repensaient à ce qui s'était passé, ce fameux matin…
Parfois, Kokaku aurait bien voulu être aussi doué que Kimi pour garder les secrets…
La voix de Chuuou, au bout du fil, ramena Kokaku au présent.
« - Kokaku ? Tu voulais me parler ? demandait Chuuou »
Kokaku tressaillit. Comment présenter la chose.
« - Chuuou… Et ces vacances ? Ça se passe bien ?
- Oui, très ! Pourquoi ? Il y a un problème.
- Chuuou… Est-ce que tu pourrais… revenir plus tôt ? »
Kokaku se tut, et entendit son interlocutrice se tendre.
« - Pourquoi ? demanda-t-elle
- Disons que… Il y a un… Enfin, un… »
Majutsu arriva à ce moment là et prit le combiné en soupirant.
« - Moshi moshi ? Chuuou ? C'est Majutsu. En fait, Sen'nyu a appelé. »
Pas besoin d'en dire plus. Sen'nyu était spécial. Chuuou lui faisait confiance.
« - J'arrive ! annonça-t-elle. »
Chuuou s'accrochait de toutes ses forces à Kimitsu.
La jeune fille avait insisté pour ramener sa cousine en moto, ce qui avait provoqué de vives protestations de la part de Kotoba et Seiyaku.
Chuuou avait souri, les avait embrassé et avait serré Nyuuva dans ses bras. Puis elle avait voulu faire pareil avec Momiji, mais Kimitsu l'avait pris par le bras et l'avait traîné avec elle. Loin du jeune Soma.
Donc Chuuou s'accrochait, autant parce qu'elle avait peur de tomber que parce que Kimitsu n'avait visiblement pas son permis…
Majutsu s'assit près de Kokaku.
« - Pourquoi est-ce que Sen'nyu veut qu'elle revienne ? demanda-t-elle.
- J'aimerais bien le savoir. Elle s'amusait, là-bas.
- Koka-chan… ça n'aurait pas un lien avec… »
Kokaku se leva et se dirigea vers la porte.
« - Koka-chan ! appela Majutsu. Ça n'aurait pas un rapport avec ce que sait Kimi-chan ? »
Kokaku s'était arrêté, visiblement en pleine réflexion.
« - Je ne sais pas, dit-il finalement. Je ne sais pas du tout. Tout ce que je sais, c'est qu'il y a quelque chose, avec les Soma, et que Kimi-chan est au courant.
- Quoi ?
- Je ne sais pas ! Mais Shiguré avait l'air… vraiment effrayé, quand tu as failli lui tomber dessus… »
Kimitsu s'arrêta devant la maison de Kokaku.
Chuuou prit son sac et descendit.
« - Bon. Je repars tout de suite, fit Kimi. A plus ! »
Elle voulut démarrer… et sentit la main de Chuuou sur son bras.
Kimi se tourna vers sa cousine.
« - Quoi ?
- Kimi-chan… Est-ce que tu… »
Elle inspira un grand coup. Il fallait qu'elle pose la question.
« - Est-ce que tu connais le secret des Soma ? »
Un ange passa. On faillit l'entendre.
« - Quel secret ? demanda Kimi
- Je ne sais pas, c'est pour ça que je demande. Je sais qu'il y a quelque chose ! Ils sont… étranges.
- Et alors ?
- Tu m'as empêchée d'enlacer Momiji, pourquoi ? »
Kimi dégagea son bras et roula sur quelques mètres.
Puis elle se tourna vers sa cousine.
« - Chacun son secret, Chuuou-chan. Le dire, ça ne se fait pas. »
Chuuou soupira et monta directement se coucher. Il était tard.
Kimi fonçait à toute allure sur sa moto.
Pourquoi avait-il fallu qu'elle ait des soupçons ?
Kimi avait horreur de ça, parfois. Mais Chuuou était curieuse, c'était normal.
Kokaku enviait Kimi, parfois, de savoir garder un secret.
Kimi, elle, enviait souvent ceux qui savaient dévoiler un secret…
Histoire de changer un coup, Chuuou se leva la première.
Elle sortit, regarda à droite, à gauche, hésita un moment, puis prit le chemin de la maison d'Osore.
Elle ne l'avait pas vu depuis deux semaines, après tout.
Elle mit la musique en route et ferma les yeux. Le chemin, elle pouvait le parcourir sans rien voir.
Si c'est vrai qu'il y a des gens qui s'aiment
Si les enfants sont tous les mêmes
Alors il faudra leur dire
C'est comme des parfums qu'on respire
Juste un regard
Facile à faire
Un peu plus d'amour que d'ordinaire
Puisqu'on vit dans la même lumière
Même s'il y a des couleurs qu'ils préfèrent
Nous on voudrait leur dire
C'est comme des parfums qu'on respire
Juste un regard
Facile à faire
Un peu plus d'amour que d'ordinaire
Chuuou arriva chez Osore et sonna à la porte.
Elle entendit un grognement, à l'intérieur, puis son cousin vint lui ouvrir.
Ses yeux aux pupilles blanches s'éclairèrent.
« - Chuuou-chan ! »
Sa cousine le serra doucement dans ses bras.
« - Ça faisait longtemps, hein ? On va se promener ? »
Osore hocha doucement la tête, et ils se dirigèrent au hasard des rues.
Juste un peu plus d'amour encore
Pour moins de larmes
Pour moins de vide
Pour moins d'hiver
Puisqu'on vit dans les creux d'un rêve
Avant que leurs mains ne touchent nos lèvres
Nous on voudrait leur dire
Les mots qu'on reçoit
C'est comme des parfums qu'on respire
Il faudra leur dire
Facile à faire
Un peu plus d'amour que d'ordinaire
Chuuou mit un moment à s'apercevoir qu'elle n'avait pas coupé son discman. Elle l'éteignit avec un froncement de sourcils.
Elle devenait distraite, ces derniers temps…
Un hasard un peu prémédité mena Chuuou et Osore aux abords du manoir Soma et, mine de rien, ils cherchèrent Kagura du regard. Mais la jeune fille n'était nulle part en vue.
Alors ils virent le dojo, un peu à l'écart du manoir.
Osore et Chuuou échangèrent un regard et s'approchèrent du bâtiment.
Il y avait un petit jardin encadré par une haie, sur l'avant. On entendait des voix.
Poussée par sa curiosi… euh, par son sens des relations sociales, Chuuou s'en approcha.
Osore la retint par la manche.
« - N'y va pas ! s'écria-t-il
- Hein ? Pourquoi ? s'étonna Chuuou.
- La peur. Je sens la peur.
- D'un jardin ?
- Non ! Il y a autre chose… »
Osore s'agrippa des deux mains à celle de Chuuou.
« - S'il te plait, partons d'ici !
- Pourquoi ? demanda Chuuou.
- Mais il y a peut-être du danger ! fit Osore
- Justement. »
Osore leva la tête, et Chuuou se dit que, décidément, tout le monde la prenait pour une folle dans cette histoire.
« - Osore-chan, vivre est dangereux ! C'est le danger qui rend les aventures excitantes ! C'est encore mieux comme ça, non ? »
Le gamin ne semblait pas du tout convaincu, mais il ne protesta plus quand Chuuou avança et la suivit quand même.
Chuuou jeta un œil par-dessus la haie.
Deux jeunes garçons s'entraînait à se battre sous l'œil attentif d'un homme aux cheveux grisonnants, bien qu'il semble très jeune.
Les deux jeunes garçons disaient quelques chose à Chuuou, mais elle aurait été incapable de dire où elle les avait déjà vus. L'un était roux, l'autre avait des cheveux blancs aux racines noires.
Osore risqua un coup d'œil, lui aussi. Il tressaillit et recula. Le roux… Il faisait peur…
Le mouvement brusque d'Osore attira l'attention de l'adulte, qui se tourna vers la haie.
Chuuou rougit et recula à son tour.
« - Gomen ! s'excusa-t-elle. J'ai entendu des voix, et comme je suis… euh…
- Comme elle est très curieuse, elle n'a pas pu se retenir, compléta Osore avec un regard noir à Chuuou, qui rougit.
- Euh… Oui, il y a un peu de ça… »
L'adulte lui sourit, ce qui la rassura un peu.
« - Si tu es si curieuse que ça, viens de ce côté-ci de la haie. »
Chuuou rougit un peu plus mais ne protesta pas. Ça ne lui serait même pas venu à l'esprit.
L'homme s'appelait Kazuma Soma et était maître du dojo ; les deux jeunes garçons étaient Hatsuharu Soma et Kyo Soma.
Hatsuharu était dans la classe de Nyuuva et Momiji.
Kyo avait l'âge de Chuuou.
Osore était fasciné par les cheveux d'Hatsuharu. C'était rare qu'il rencontre quelqu'un qui pouvait attirer l'attention plus facilement que lui. Il monopolisait donc toute l'attention du Soma.
Kazuma s'était esquivé sous un prétexte quelconque, et il observait les quatre enfants depuis une fenêtre.
Hatori lui avait parlé de la famille Magure, déjà. D'après le jeune homme, il n'y avait à peu près aucun risque.
A peu près…
Chuuou éclata de rire quand Hatsuharu, qui commençait à être agacé par les questions d'Osore, se jeta sur lui et l'entraîna dans l'herbe : Osore, pas vexé pour un sou, se débattit à coup de chatouilles.
Chuuou jeta un regard en coin à Kyo. Le jeune garçon ne riait pas, ne souriait même pas, il se contentait de regarder devant lui sans un mot.
Chuuou ramena ses genoux entre ses bras et pencha la tête sur le côté.
« - Dis, ça t'arrive de sourire ? demanda-t-elle franchement »
Kyo parut surpris pendant environ une seconde.
« - Qu'est-ce que ça peut te faire ? grogna-t-il
- Je ne sais pas. C'est une bonne question. Qu'est-ce que ça peut me faire ? A moi, rien, je suppose. Mais je crois que ton père serait content si…
- Shishio n'est pas mon père ! s'écria Kyo
- Ah bon ? Désolé, j'avais cru comprendre que…
- Ce n'est pas mon père, répéta Kyo.
- Oui, j'ai compris. »
Elle repoussa une mèche de cheveux derrière son oreille. Kyo fixait le sol maintenant.
« - Mon père ne veut pas de moi, ajouta-t-il après un long silence. »
Chuuou hocha la tête et reprit sa position initiale.
« - Oui. On a peur de toi, hein ? souffla-t-elle. C'est ce qu'Osore m'a dit. »
Kyo se tourna brusquement vers elle, et pendant un bref instant Chuuou crut qu'il allait la frapper. Mais il se contenta de la fixer, sourcils froncés, et Chuuou n'était pas du genre à reculer pour un regard.
« - En fait, moi aussi, mes parents ont peur de moi, poursuivit-elle. D'ailleurs, la plupart des parents Magure ont peur de leurs enfants. »
Elle tendit les jambes devant elle.
« - Moi, mes parents ne se sont jamais occupés de moi, sauf pour m'envoyer ici en séjour. Et encore, je ne sais pas pour combien de temps. Peut-être pour un an. Peut-être pour toujours. »
Chuuou regarda Kyo pendant un dixième de secondes avant de poursuivre. Il l'écoutait, les yeux rivés sur elle.
« - En fait, c'est un peu Sen'nyu qui s'est occupé de moi, même s'il a mon âge. Moi, ça ne me dérangerais pas de rester chez Majutsu et Kokaku. C'est bizarre, non ? La vie n'est vraiment pas juste. Moi, mes parents ne s'occupent pas de moi et ça ne me fait rien. Mais toi… à t'entendre, on dirait un peu que tu aimerais qu'ils s'occupent plus de toi, non ? »
Elle se tourna totalement vers lui.
« - Non, répondit doucement Kyo. J'en ai rien à foutre de mon père ! Mais Shishio… Je ne veux pas lui causer plus de souci… »
Chuuou sourit doucement.
« - C'est étrange, répéta-t-elle. Je crois que les Soma ont une secret, pas vrai ? Je ne sais pas quoi, mais ça à un rapport avec vous, hein ? »
Elle joua doucement avec le fil de ses écouteurs.
« - Les enfants Magure ont un pouvoir. Mais pas les adultes. Et les adultes ont peur des enfants. On dirait que… »
/Kotoba soupira et sourit de nouveau.
« - Désolée, souffla-t-elle. Moi aussi, quand j'étais petite, j'ai joué à avoir des pouvoirs… »/
« - On dirait que les adultes Magure ont oublié ce qu'ils étaient, enfants. La magie dont ils se servaient. Les pouvoirs qui faisaient peur à leurs propres parents. Alors eux aussi, ils ont peur de nous… »
Chuuou se mordit la lèvre.
Elle se tourna vers Kyo. Le rouquin eut un semblant de sourire.
Pas un sourire joyeux.
Pas un vrai sourire.
Mais c'était déjà ça.
Chuuou sourit, releva Osore et l'entraîna vers l'extérieur.
Il était temps de rentrer.
A suivre...
Tansui : eau fraîche
(bon, en attendant de voir Yun, on voit Kyon-Kyon, c'est déjà pas si mal, non ?)
