Nazupeanut : merci pour Rin, surtout que le caractère des persos est un des trucs auquels je fais le plus attention (et j'ai du mal lol). Une bonne raison de passer à côté d'un trésor ? Et bien... (héhéhé nan vous saurez pas).
Encore merci de lire et de laisser des reviews, ça fait vraiment plaisir.
Chapitre neuf : Nettou.
Chuuou se réveilla en sursaut.
Pourquoi devait-elle rêver de cette rencontre, précisément ?
Elle se retourna et ferma les yeux, espérant de toutes ses forces se rendormir.
La suite, elle ne voulait pas en rêver.
La suite, elle ne pouvait pas l'oublier.
C'était gravé dans sa chair, dans son cœur.
Elle le revoyait dès qu'elle fermait les yeux…
Elle s'était approché du point de rendez-vous.
Mais, hors de vue de Kyo, elle avait dû s'arrêter.
Elle voyait parfaitement la scène.
Kyo n'était pas seul.
Tenant son parapluie très bas, Kyo commençait à s'impatienter.
Où était Chuuou ?
Qu'est-ce qui pouvait la retenir ainsi ?
En plus, il ne supportait pas la pluie !
« - Chuuou, j'attends encore cinq minutes… chuchota-t-il. »
Il releva la tête.
Quelqu'un approchait.
Mais ce n'était pas Chuuou.
Kyo fronça les sourcils.
« - Akito ? Que… »
Le chef de famille avança vers lui.
Il tendit la main.
Kyo savait qu'il aurait dû s'écarter, mais il n'y arrivait pas.
« - Ainsi, elle vous aime beaucoup ? souffla Akito, si bas que Kyo ne l'entendit pas. »
Akito eut un rictus cruel.
Puis il arracha le bracelet de Kyo.
La pluie se changea en averse.
Les genoux de Chuuou se dérobèrent sous son poids.
L'eau était bouillante sur ses joues.
La boue était glacée sur ses jambes.
Elle paraissait n'avoir plus de forces.
Vidée.
Brisée.
Perdue.
Kyo…
C'était ça ?
Kyo venait de se transformer en…
Un monstre ?
C'était ça, le secret des Soma ?
Mais pourtant…
Chuuou se releva doucement.
Pourtant, c'était Kyo…
Chuuou fit mine d'avancer.
Elle le connaissait. Elle n'aurait pas peur.
Kyo sentait la mort. Il était…
Elle le connaissait… Elle pouvait le faire…
Elle ne fuirait pas…
Chuuou voulut faire un pas en avant.
Elle fit demi-tour et s'enfuit en courant.
Chuuou courut longtemps, très longtemps.
Enfin, elle heurta quelqu'un.
« - Chuuou ? Qu'est-ce qui t'arrive ? »
Chuuou releva la tête. Un homme. Ritsu !
Par hasard ou par réflexe, elle s'était rendue à leur lieu de rendez-vous…
Ritsu tenait Chuuou par les avant-bras.
Il ne s'était pas transformé.
Pourquoi ?
« - Qu'est-ce qui se passe ? répéta-t-il »
Chuuou reprit son souffle.
« - Il… Il a… »
Sa voix se brisa.
Elle éclata en sanglots et se blottit contre Ritsu qui, surpris, ne réagit pas.
« - J'ai fui… J'ai fui… Et maintenant ? Il avait raison… J'ai fui… Je ne… »
Elle ne réussit pas à poursuivre.
Elle pleura longtemps.
Ritsu raccompagna Chuuou chez elle.
Il n'avait pas pu tirer la moindre information sur ce qui s'était passé.
Quand Majutsu leur demanda ce qu'il faisait ici, il s'excusa longuement, jusqu'à ce que Chuuou lui donne un coup de coude dans les côtes.
Il s'excusa encore pour s'être excusé, et repartit, laissant Chuuou aux bons soins de Majutsu.
Chuuou s'affala dans un fauteuil.
Majutsu lui apporta une tasse de thé et s'accroupit devant elle.
« - Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-elle doucement. »
Chuuou but une longue gorgée de thé.
« - Chuuou ! Qu'est-ce qui s'est passé ? insista Majutsu.
- Il s'est transformé.
- Hein ?
- Je n'ai rien pu faire. Je n'ai pas pu m'approcher. »
Un sanglot secoua les épaules de Chuuou. Elle enfouit sa tête dans ses mains.
« - C'est injuste, souffla-t-elle. Il a raison. Je ne les aime pas tant que ça. Il a raison. »
Majutsu serra doucement sa cousine dans ses bras.
Elle avait parlé à Kimitsu des Soma, récemment, et elle pensait comprendre de quoi Chuuou parlait. Mais pourquoi.
« - Il avait l'air… si triste et si seul… Et j'ai fui… Je n'ai rien pu faire ! s'écria Chuuou
- Tu ne peux pas tout faire, Chuuou, répondit doucement Majutsu. Tu ne peux pas sauver tout le monde…
- Pourquoi…
- Fais confiance au hasard, Chuuou-chan ! »
Chuuou resta longtemps blottie dans les bras de Majutsu.
C'était agréable.
Majutsu sentait la lavande fraîche.
Quand Kokaku rentrait, Chuuou était toujours dans les bras de sa cousine.
Il parut sur le point de dire quelque chose, mais un regard de Majutsu le fit se raviser.
Il ramassa l'appareil photo de Chuuou qui était au sol.
Trois photos sur trois. Elle avait fait trois rencontres, donc.
Et Kokaku pensait savoir qui.
Il soupira et monta à l'étage.
Chuuou monta se coucher assez tôt.
Elle avait mal à la tête.
Majutsu et Kokaku avaient été très gentils, tous les deux.
Kokaku avait développé ses photos et les avait posées sur sa table de chevet.
Chuuou s'avança.
Et elle se rendit compte que son baladeur n'avait toujours pas usé ses piles.
Elle remit les écouteurs après une brève hésitation.
Une pale lueur tombait d'une pale fenêtre
J'avais les yeux d'une couleur facile à reconnaître
Celle de ces wagons éteints sur des voies de garage
Entrez, dit-elle, et venez vous abritez de l'orage
J'avais traversé les débris de nos nuits féeriques
Trébuché sur nos éboulis, sur nos dégâts magnifiques
Avec encore sur le front son tendre tatouage…
Entrez, dit-elle, et venez vous abriter de l'orage
Je parlais du vent sur un lac et d'une voile blanche
Des caresses que ses cheveux recouvrent en avalanche
Du ticket pour l'éternité perdu dans le naufrage
Entrez, dit-elle, et venez vous abriter de l'orage
Je demandais est-ce que plus tard tout redeviens solide ?
Est-ce qu'on peut exister longtemps suspendu dans le vide
Dans ce vertige continu, cet arrêt sur image…
Entrez, dit-elle, et venez vous abriter de l'orage
Vous aurez d'autres aujourd'hui, d'autres heures de peines
A la longue on se reconstruit sur des choses certaines
Le printemps après l'incendie, la planche qui surnage…
Entrez, dit-elle, et venez vous abriter de l'orage
Une pale lueur tombait d'une pale fenêtre
J'avais les yeux d'une couleur facile à reconnaître
Celle de ces wagons éteints sur des voies de garage
Entrez, dit-elle, et venez vous abriter de l'orage
Chuuou regarda par la fenêtre.
La pluie s'abattait toujours sur les carreaux.
S'abriter de l'orage…
Chuuou prit son discman, le projeta de toutes ses forces contre le mur.
Elle s'effondra sur son lit.
Chuuou s'allongea sur le côté.
D'ici, elle voyait très bien ses photos.
Au premier rang, Sen-chan, Ri-chan et Osore-chan.
Juste derrière, Kokaku et Majutsu – la seule photo qu'elle n'avait pas prise elle-même. Et puis le trio d'inséparables : Ayame, Shiguré et Hatori.
Puis il y avait les trois petits : Kisa-chan, Hiro-chan et Ryuu-chan.
Tout près, elle avait mis Nyuuva-kun, Momiji-kun ; puis Seiyaku et Kotoba. A côté d'eux, il y avait Kimitsu et sa moto.
Ensuite Kagura-sempai, Kazuma-domo, Kyo-kun et Haru-kun. Et Kitai.
Et les trois dernières photos prises.
Elles venait de les mettre dans leurs cadres.
Celle d'Heiki qui la regardait par dessus son épaule.
Celle de Rin prise sur le vif alors qu'elle courait.
Et celle qu'elle avait prise par réflexe en voyant Akito pour la première fois.
Elle ne voulait pas l'oublier, ni lui ni la silhouette qui se profilait derrière lui et qu'elle ne connaissait toujours pas…
Chuuou soupira et se rendormit enfin.
A suivre...
Nettou : eau bouillante
Chanson : S'abriter de l'orage
