Chapitre six : Kogarashi

Chuuou posa son sac sur la table, et soupira.
Elle s'était disputée avec Yuki pour la pire broutille qu'elle n'ait jamais vu et elle avait horreur de ça.
Le pire, c'est que c'était entièrement sa faute.
Elle l'avait cherché, pour une fois.
Elle poussa un énorme soupir et posa son menton au creux de sa paume.
Il fallait qu'elle fasse quelque chose.
En plus, le lendemain, c'était la Saint-Valentin !
Le lendemain…
Elle aurait voulu lui dire…
Au moins une fois…
Mais maintenant…
Elle soupira.
Une ombre tomba sur son bureau.
Elle releva la tête…
Saki et Arisa, les deux amies de Tohru, venaient d'arriver.
« - Ça ne va pas ? demanda Arisa
- Bof. Ça pourrait aller mieux, soupira Chuuou.
- Tu t'es encore disputé avec le Prince ?
- Ça se voit tant que ça ? »
Chuuou se redressa et s'étira.
« - Mais bon, c'est vrai que ça nous arrive de plus en plus souvent.
- On se demande pourquoi. Faut vraiment le faire pour se fâcher, avec lui. A part Kyon-kyon qui lui en veut en permanence, mais ça… »
Chuuou rit. Mais jamais elle n'admettrait s'être disputée pour rien.
Parce que ce n'était rien. Rien du tout.
Mais il lui en voulait.
Et, à la réflexion, elle lui en voulait aussi, c'était là qu'était tout le problème.
Sinon, tout aurait été tellement simple.
Elle se leva brusquement.
« - J'allais oublier ! Il faut que j'aille voir Haru ! Je reviens tout de suite ! »
Elle sortit de la salle en courant.
Arisa soupira.
Cette fille était bizarre.
« - Pendant une seconde… j'ai eu l'impression… que ce n'était pas à nous qu'elle parlait, souffla Saki.
- Hum ?
- Non. Ce n'est rien. »

Son discman serré contre elle, Chuuou courut jusqu'au bout du couloir.
Elle n'y pouvait rien : Saki lui flanquait la chair de poule, parfois.
Elle rejoignit la classe d'Haru à un rythme plus lent.
Il avançait vers elle.
Chuuou se raidit.
Yuki passa devant elle, s'arrêta un moment, parut sur le point de dire quelque chose, renonça et repartit.
Chuuou adossa au mur et soupira.
Ça prendrait du temps…
« - Chuuou ? appela une voix »
Chuuou sursauta… et se retrouva face à Haru.
Elle lui sourit.
« - Tu tombes bien ! Je voulais te parler ! s'écria-t-elle
- Ah. De quoi ?
- Dis… R… Isuzu et toi…
- Quoi ? demanda sèchement Haru »
Il s'était figé et grimaçait légèrement.
Chuuou soupira.
« - Non. Rien. C'est juste que tu lui manques. Et je crois qu'elle te manques aussi. »
Chuuou haussa les épaules et repartit, laissant derrière elle Haru qui l'observait avec un mélange de suspicion et d'étonnement.

Chuuou sentit de nouveau son discman se mettre en marche.
Elle soupira et passa les écouteurs.
« - Quoi ? souffla-t-elle »

J'aimerais que le temps s'accélère
Qu'il efface toutes nos scènes de guerre
Et que cette histoire recommence…
Y a bien des nageurs qui reviennent
Y a bien des forêts qui s'éteignent
Y a bien des étoiles qui avancent…
Toi, je sais que tu danses…
Je sais que tu danses…

Elle foudroya l'appareil du regard.
Qui a dit que c'était bien, de parler aux objets ?

Je vois dans mes nuits écarlates
Des diables et des dieux qui se battent
Devant tes cheveux qui balancent
Pendant que mes forces s'évaporent
Pendant que mes mains cherchent ton corps
Dans toute l'épaisseur du silence
Je sais que tu danses…
Je sais que tu danses…

Je vois ton image partout,
Des croix sur les endroits où,
Depuis ton parfum se balance.
Je vois ton image partout...

« - Ça va, j'ai compris ! fit Chuuou un peu trop fort, s'attirant le regard désapprobateur d'une fille qu'elle connaissait de vue et qui, elle le savait, faisait partie du fan-club du « prince ».
Chuuou sourit.
Après ce qu'elle allait faire, le fan-club allait la classer ennemi public numéro 1…
Elle se dirigea d'un pas vif vers la salle de classe.
Il n'y avait pas encore trop de monde, heureusement.
Sinon elle aurait renoncé.
Elle s'approcha de Yuki.
« - Euh… Yuki-kun ? Je peux te parler un moment… seul à seule ? »
Yuki parut surpris un moment, puis lui sourit et acquiesça.

Chuuou inspira un grand coup.
Ils étaient seuls.
Elle devait lui dire.
« - Yun… Je… »
Elle avait ôté ses écouteurs, mais, elle le savait, son discman n'était pas arrêté.
Elle pouvait suivre les paroles sans problème…

Je ferai de mon mieux pour sourire,
Je baisserai les yeux pour te dire,
Combien les hivers sont immenses.
Sans que tu prononces une parole,
Sans même que tes pieds touchent le sol.
Quand tu reviendras si t'y penses.
J'aimerais que tu danses.
... J'aimerais que tu danses.

Chuuou sourit.
Elle baissa les yeux.
« - Yun… c'est long un hiver, ne ? »
Elle se mordit la lèvre. Fichu baladeur !
« - Gomen ! Ce n'est pas ce que je voulais dire… En fait… je…
- Je suis désolé, compléta Yuki à sa place.
- Exactement, je… Hein ?
- Désolé, répéta-t-il. C'était stupide… de s'énerver pour ça.
- N-non… C'était stupide de dire ça, aussi. Gomen. »
Elle releva timidement la tête.
Yuki lui souriait.
Elle en sourit d'autant plus.
« - Yun… Demain, c'est la Saint-Valentin… Deha… Est-ce que… Est-ce que… »
Elle inspira un grand coup.
« - Est-ce que tu voudrais bien qu'on sorte ensemble, demain ? »
Elle tressaillit.
« - J'ai dit ça à voix haute ?
- Oui.
- Enfin, je voulais dire… Comme Kyo et Tohru sont ensemble, maintenant, ils voudront sans doute être seuls, et… euh… Yun-chan ? »
Elle n'ajouta rien.
Yuki avait pris son menton entre ses doigts et l'attirait vers lui.
Doucement, ils s'embrassèrent.
Quand ils se séparèrent, les yeux dans les yeux, Yuki lui sourit encore.
Chuuou était aux anges.
Un peu plus, même.
Elle sourit à son tour.
« - Yun-chan… je… je…je t…
- Je t'aime ? l'aida-t-il
- Oui. C'est idiot, ne ? Je n'osais pas le dire… »
Elle soupira et se blottit dans ses bras.
Et il ne la lâcha pas.

Y aura ton image partout,
Des croix sur les endroits où,
Depuis ton parfum se balance.
Y aura ton image partout...
Y aura ton image partout,
Des croix sur les endroits où,
Je vois ton corps en transparence.
Y aura ton image partout...
...Y aura ton image partout...

A suivre...

Kogarashi : vent froid d'hiver

chanson : Je sais que tu danses. (Cabrel)