Morwen

Elle referma la porte de la chambre d'Harry sans un bruit et fit volte face dans un tourbillon de velours et de cheveux noirs. Elle s'assit sur le rebord de la fontaine, croisa les jambes et se redressa, hautaine, en lançant d'un ton plein de mépris :

- Quelle pimbêche celle là ! Ne peux même pas résister à ses émotions sans s'évanouir ! Je ne vois même pas pour quelles raisons il gâche son temps et le mien, si précieux d'ailleurs ! avec elle…

Drago, appuyé négligemment sur le mur, la regarda, un sourcil levé. Elle n'y fit pas attention. Ses pupilles rouges et or étaient fixées sur un point imaginaire devant elle.
Morwen voyait défiler devant ces yeux, les mêmes images, semblables en tout point, depuis un heure…
En arrivant avec Harry , la tête lui tournait un peu : elle n'était réellement pas habituée au pouvoir du garçon, qui avait tendance à lui donner le tournis. Elle aurait aimé que le contact dure un peu plus longtemps…Mais cette fille était arrivée, attirant sur elle toute l'attention du monde. Morwen avait eu le temps de voir un beau visage et d'entendre un cri quelques secondes. Un instant plus tard, elle demeurait figée, devant une scène que jamais elle n'avait vue…
Le jeune garçon, agenouillé devant l'autre, et ce baiser…ce baiser qu'il lui donnait si empreint de passion, que la jolie brune avait frissonné en les regardant.

Morwen se rappela des quelques instants qui avait suivis. Ils avaient tous emboîté le pas à Harry…Elle s'était retrouvé seule avec ce blond, dont elle ne savait rien, mis à part qu'il avaient tous les deux cette fameuse tendance à marcher d'un pas souple et lent… C'est pourquoi il avait marché en silence, côte à côte, tandis que lui ne l'avait pas quitté d'un regard hautain et pénétrant tout le trajet.
Mais la belle avait une plus haute estime d'elle qu'elle n'en aurait jamais pour personne d'autre, et lui rendait une indifférence totale, toute empreinte du même orgueil, la tête haute.

Morwen secoua la tête et ferma les yeux pour chasser l'image des deux corps enlacés dans la pénombre de la chambre d'Harry ; scène qu'elle avait surprise quant au bout de plusieurs heures, elle s'était impatientée de tant d'attente, et du sourire moqueur du garçon à côté d'elle.

Elle croisa son regard et frémit. Il la regardait de ses yeux clairs et froids, son éternel sourire sarcastique aux lèvres…Mais malgré elle, elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'il lui rappelait…Elendhel…Les mêmes cheveux, les mêmes yeux, le même air moqueur, et sur de soi. Elle détourna le regard. Elle s'égarait. Elle avait besoin du Survivant, elle tuerait son père et tout s'arrêterait là.

Il y eu comme un blanc dans ses pensées.

Non, tout ne s'arrêterait pas là…Que ferait-elle après ? Elle n'avait plus rien, ni personne…

- Serais- tu jalouse, Princesse ?

Le ton arrogant et la voix chaude du blond la ramena durement sur Terre. Elle se sentit l'envie de se jeter sur lui…et de l'étrangler à mains nues ! Princesse…De quel droit lui donnait-il son titre ? Et quel genre de question stupide lui posait-il ?
Elle lança de sa voix la plus glaciale :

- Nous n'avons pas les mêmes centres d'intérêt…je me fiche pas mal de vous et de vos petites histoires, je suis là avant tout pour accomplir ma mission…Mais tu ne peux pas comprendre…

Morwen renifla avec mépris. Elle ne pensait pourtant pas vraiment ce qu'elle avait dit. Elle s'était déjà un peu liée à ces yeux verts, si doux, si confiants. Le savoir dans cette chambre, avec cette fille, lui donnait un étrange sentiment qu'elle ne se souvenait pas avoir jamais éprouvé. Et par-dessus tout, ce blond là, avec son air arrogant et ses remarques acerbes, lui ressemblait tant, qu'il lui donnait des envies de meurtre…

Pensive, elle ne vit pas Drago s'approcher vivement. Il s'assit à côté d'elle et planta dans ses yeux un regard chargé de colère, de haine, de douleur…il laissa échapper d'une voix sifflante :

- Non, tu as raison. Je n'ai AUCUNE idée !…je ne peux pas comprendre…

Morwen recula un peu, surprise, tandis que Drago se levait en la bousculant et allait s'enfermer dans sa chambre en claquant la porte.

Il y eut un long silence , seulement troublé parle clapotis de l'eau.

Au milieu de la pièce, assise bien droite sur le bord en marbre blanc de la fontaine, le teint pâle, auréolée de noir, Morwen avait fermé les yeux, un sourire sans joie étirant ses lèvres rouges…

Harry

- …Hermione… ? demanda-t-il d'une voix encore enfouie dans les brumes de son sommeil, réveillé soudain par le bruit d'une porte qui claque.
- Oui…c'est moi Harry…lui répondit le corps chaud en se collant encore plus à lui.

Le brun reçu comme une décharge électrique et se leva brusquement, en sautant hors du lit… La jeune fille se redressa, les joues sillonnées de ses larmes. Elle le regardait, les yeux écarquillés. Il y lisait toute l'incompréhension qui la tiraillait. Lui-même ne se comprenait pas vraiment.

- Harry…Qu'est ce que… ?

Il l'arrêta d'un regard dur et d'un geste de la main. Il lui tourna le dos et se passa la main dans les cheveux en essayant de chasser les dernières effluves de son sommeil.

Il s'avança jusqu'aux grandes fenêtres de sa chambre et tira sur les rideaux un grand coup sec, laissant enter un flot de lumière de cette fin d'après midi de juillet.
Il cligna des yeux un moment, mais cette violente lumière lui remit les idées en place.

- Harry…répond moi…lui murmura la voix suppliante d'Hermione dans son dos.

Harry regardait devant lui en se souvenant des événements troublés de ces dernières heures.

Il se souvint Morwen et leur arrivée au QG de l'ordre, son regard étonné sur la maison qu'il ne reconnaissait plus et l'arrivée bruyante de ce connard de Malfoy et de sa Mione…
Il avait manqué un battement en voyant le blond être si proche d'elle.
Puis il l'avait vue courir vers lui, si belle, transfigurée par sa douleur et son courage. Mais elle n'avait pas tenu jusqu'à lui, et, submergée par l'émotion, elle avait sombré dans l'inconscient avant de l'atteindre…
Il se souvint de cette envie presque impérieuse de l'embrasser. Se disant bien que serait pour une fois juste une toute petite fois…Elle n'en saurait bien évidement jamais rien. Du moins cela il l'espérait…
Puis il l'avait porté dans ses bras, inanimée,et sans un mot il était passé devant le blond, précédé de Ginny qui le menait à travers la dédale de couloirs. Sans aucune explications il avait fermé la porte aux yeux ébahis de tous ceux qui l'entouraient. Il en avait BESOIN...Ces quelques heures de sommeil, de paix avant de re-sombrer dans la noirceur de son quotidien.
En grimaçant , il avait fermé les deux grands rideaux d'un coup de baguette un peu sec, avant de déposer la jeune fille toujours endormie sur son grand lit sombre. Il s'était assit sur une chaise en face du lit et l'avait regardée dormir un long moment, contemplant sans un bruit la douceur de ses traits. Puis sentant les vapeurs du sommeil l'envahir, il s'était glissé sur le lit à côté d'elle sans trop la toucher pour ne pas la réveiller. Sa fatigue l'avait emporté et maintenant qu'il était réveillé, il sentait retomber sur lui, tout le poids qu'il avait à porter sans relâche.

Et étrangement, devant la jeune fille brune, redressée à présent sur le lit, le regardant de ses yeux brillants de larmes et d'incompréhension , il sentait peu à peu tout son courage et sa détermination l'abandonner.
Ces quelques heures de douceur l'avait presque forcé à se souvenir des souvenirs de cette nuit terribles, pour retenir son envie si forte de la serrer dans ses bras et de l'embrasser…Alors il s'était souvenu…souvenu de la promesse qu'il s'était faite il y maintenant un mois…

Flash-back

Poudlard, fin Juin

- Hermione, c'est fini maintenant…murmura Harry

La jeune fille qui pleurait dans ses bras se redressa, l'ai surpris. Harry regardait le feu de la cheminée de la salle commune des Gryffondors, un air étrange dessiné sur ses traits tirés.
A peine 24h que le drame avait eu lieu ; 24h que le temps s'était arrêté pour les deux jeunes qui venaient de perdre leur meilleur ami…Harry avait passé un cap de non retour. A près ses parents, son parrain, c'était son meilleur ami, son frère que cet ordure lui avait pris. En regardant Hermione avant d'accomplir sa vengeance la veille, le brun avait finalement accepté les sentiments qu'il éprouvait pour la jeune fille depuis si longtemps…et qu'il avait refoulés par amour pour Ron.
Mais c'était trop tard. Il avait enfin compris…trop tard,mais il ne ferait pas la même erreur avec la personne qui lui restait la plus précieuse au monde et qui était dans ses bras...pour la dernière fois.
Il avait enfin compris et se décida à lui dire…Après une dernière et longue étreinte, il se releva doucement.

- C'est fini répéta-t-il d'une voix morne, qui se renforçait un peu plus à chaque mot.
- Qu'est ce que tu veux dire ? Bafouilla-t-elle.
- Tu comprend…Toutes les personnes qui restent un peu trop près de moi, finissent par mourir, toujours trop jeunes. Je ne veux pas te perdre…Alors pour ça…
- Harry, commença-t-elle.
- Alors pour ça, continua-t-il plus fort, pour ça, tu ne dois plus m'approcher. Vis ta vie, loin de moi, tu sera bien plus heureuse, acheva-t-il d'un ton amer.
- Harry…non ! Ne dis pas ça. Ce n'est pas vrai ! C'est Voldemort…
- …qui tue les gens que j'aime ! cria le brun en lui coupant la parole ! Alors ne m'approche plus, plus jamais ! Oublie moi ! J'ai assez fait souffrir de personnes.

La jeune fille était effondrée. Elle savait qu'il était sérieux. Elle sentait le gouffre s'élargir un peu plus sous ses pieds. Elle tenta une dernière fois :

- Harry, mon….
- Non ! Je ne suis plus rien pour toi, tu n'es plus rien pour moi. Je veux que tu vives, c'est tout, je ne priverai plus jamais personne de la vie…a part une….Ne m'approche plus Hermione, tu ne peux plus rien pour moi ! Déteste moi, je te détesterai aussi…Ce sera plus facile.

Il lui tourna le dos, et monta dans son dortoir en courant. Elle ne le suivit pas, elle était tombée par terre, secouée par des sanglots d'une telle intensité qu'elle étouffait presque.

-H….HARRY !hurla une voix dans la nuit…

Fin

La voix tremblante d'émotion le ramena à la réalité…

- Harry...parle moi…Dis moi pourquoi…Dis moi quoi…
Il s'entendit respirer bruyamment. Il luttait de toutes ses forces contre ses sentiments, mais cela devenait moins difficile...une rage sous-jacente était en train de l'envahir de nouveau : il regardait un portrait de Ron, qui accroché à son mur, lui souriait.

- Je t'en prie, Harry…continua Hermione suppliante.

Il se retourna vivement et la fixa d'un regard dur. Il la vit se raidir et devina qu'elle retenait sa respiration.

- Il n'y a rien à dire…Hermione. Rien du tout…

Il lissa d'une main sa chemise et sans un autre mot s'avança vers la porte. Il entendit des pas étouffés et avant qu'il ne puisse atteindre la poignée, Hermione l'avait retourné, l'obligeant à lui faire face.
Etant plus grand qu'elle, il se contenta de fixer un point au dessus de sa tête, n'ayant pas la force de baisser les yeux vers ce si beau visage baigné de larmes…encore une fois par sa faute…

Elle lui pris les deux bras, le secoua…

- Harry ! Tu dois me dire ! Harry ! continua-t-elle en criant plus fort alors qu'il essayait de se dégager.

Alors il perdit tout son sang froid. Il s'était promis de ne plus la toucher pour ne pas voir toutes ses dernières frontières s'affaiblir, mais il ne pu s'en empêcher, et dans un geste brusque, l'attrapa aux épaules et la plaqua avec violence aux mur. Il se mit à crier, plus fort qu'il ne l'avait voulu…Mais toute sa tristesse, sa douleur se traduisait désormais, par la violence, la haine qu'il parvenait à témoigner… Il voulait souffrir et faire souffrir…pour tenter d'oublier.

- Je t'ai dit que je n'avais rien à dire ! Rentre toi bien ça dans la tête, Hermione... ! Depuis un mois, rien n'a changé ! Ce que je t'ai dit ce soir là est toujours valable !
Ne t'avise plus de me chercher ou de me harceler de question parce que je ne te dirai rien du tout !

Les yeux de la jeune fille brillaient à présent de colère. Cela finit de le mettre hors de lui, il la plaqua encore plus sur le mur, comme si il aurait aimé, qu'elle disparaisse à travers ce rideau de plâtre, et hurla encore plus :

- Rien du tout ! Et je te conseillerai même de t'éloigner le plus possible de moi si tu tiens à la vie !

Ses mots se brisèrent en larmes…oui ce qu'il disait était vrai… Toutes les personnes qui l'approchaient de trop près mouraient aussitôt… Ses parents, Sirius, Ron…

Il ne la laissa pas voir ses larmes et la lâcha brusquement. Elle manqua tomber à terre mais se retint au mur.
Harry ouvrit la porte à la volée et en la claquant de toutes ses forces. Il se laissa glisser à terre, la tête entre ses mains. De l'autre côté de la cloison, les sons des sanglots d'Hermione lui parvenaient, étouffés, mais bien réels…
Il entendit renifler.
Il leva les yeux pour apercevoir un bloc de glace : Morwen. La jeune femme le regardait de ses yeux froids. Il se leva brusquement et marcha vers elle, elle parut amusée, mais se figea lorsqu'il se mit à hurler :

- Tout ça c'est de votre faute ! Celle de ton salaud de père et de toute ta famille ! Soyez maudits !

Il cracha et ses pieds avec véhémence, et ce ne fut que lorsqu'elle se leva avec fureur, ses yeux lançant des éclairs, que Harry vit Dumbledore s'avancer.

Il se recula, médusé. Le vieil homme, qu'il avait cru mort était sous yeux et paraissait plus puissant que jamais…
Sa présence calma immédiatement le brun, et il devint presque flasque en apercevant Remus derrière lui. Celui-ci s'approcha du jeune homme et lui mis la main sur l'épaule, en un geste apaisant. Harry se laissa aller, tandis que Dumbledore regardait fixement Morwen . Harry n'avait jamais vu la jeune fille dans un tel état de fureur. Pas même lorsqu'elle avait tenté de le tuer…pour l'entraîner.
Elle regardait Dumbledore avec une telle haine,que l'atmosphère lui-même se glaçait autour d'eux.

Harry n'eut même pas le temps de se demander pourquoi la jeune fille pouvait le détester à ce point là, que déjà il lisait dans les yeux du vieil homme quelque chose qui ne lui plu pas…Dumbledore savait exactement quelles étaient les raisons de Morwen.

Il ouvrit la bouche, soudainement calmé mais le directeur de Poudlard, le fit taire d'un geste de la main…

- Je crois savoir que je vous dois des explications…Je vous attends tous dans mon bureau…

Alors ? une tite review pr me le dire !

Bisous à tous !