Auteur : Luna Denree
Titre : Jusqu'à la fin des temps
Rating : PG-13 pour violenceCatégorie : Drame, suspense
Pairing : Aucun en particulier, mais si vous voulez imaginer un Claire/Arnaud, ça peut coller à l'histoire ;)
Commentaires : Second dans la catégorie des cadeaux de fête de mon amie Catherine (le premier, si vous allez voir, était un Ron/Hermione M+ un peu spécial). Je suis un peu plus satisfaite de celui-là ! J'espère que vous l'apprécierez ;) Bonne fête Cathou :)
Disclaimer : Les personnages et les situations ne m'appartiennent pas, mais croyez-vous qu'il me soit possible d'emprunter Gerard Butler, de lui massacrer un côté de la figure et de lui poser un masque :D Non ? Oh zut... ;)
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Chapitre 1 : Otages
- Maman !, hurla la petite Catherine, ses pas précipités résonnant lourdement sur le sol de pierre.
Claire vint à sa rencontre, une terreur mal réprimée frissonnant le long de sa colonne vertébrale. Sa fille criait exactement comme elle l'avait fait, deux ans auparavant, lorsqu'une attaque de nuit avait tué son père, André Marek. Elle saisit la gamine effrayée dans ses bras, la pressant de parler.
- Les anglais... Les anglais sont aux portes du château !, dit-elle en sanglotant.
Mais la jeune femme l'avait déjà compris. Le lourd cor résonnait au-dehors dans une lugubre complainte et les armures rutilantes cliquetaient sinistrement. Des clameurs furieuses montaient des remparts. Où étaient Arnaud et ses deux fils ? Se détournant des fenêtres, elle dévala les escaliers en direction de la grande salle, sa fille toujours dans les bras.
Elle s'aperçu rapidement de son erreur. Avec effroi, elle chercha son frère parmi les centaines de soldats qui se battaient devant elle, espérant qu'il était sauf. Catherine gigotait dans ses bras, muette de peur. Lui intimant le calme, elle s'esquiva par un passage dérobé. L'angoisse nouait sa gorge alors qu'elle se pressait en direction de l'armurerie, où ses fils aimaient jouer. Peut-être y étaient-ils encore ?
- François ? Christophe ?, appela-t-elle, tentant de contrôler le tremblement de sa voix.
- Maman...?
Elle soupira de soulagement lorsqu'une double réponse parvint timidement à ses oreilles. Les deux garçons s'étaient dissimulés sous les lourdes tentures qui ornaient la nudité des murs de pierre. Tremblant, l'impétueux Christophe décrivit avec force geste l'arrivée des guerriers venus s'approvisionner dans l'armurerie. François, plus impressionné, préféra garder le silence. Sa myopie l'empêchait de prendre plaisir aux faits d'armes dont son frère raffolait. Il en avait développé une capacité d'évaluation du danger qui aurait plu à son père.
Claire déposa sa fille au sol et fit taire Christophe. Dans le silence qui s'ensuivit, elle tendit l'oreille. La mêlée, au loin, se poursuivait à grand renfort de cris assourdissants. N'osant bouger, elle fit passer ses enfants derrière elle. Ils étaient trop nombreux pour qu'il soit possible de revenir à l'étage sans être découverts. Quand aux tentures, seuls les enfants auraient pu s'y cacher. Sans elle, ils seraient certainement tués sans délais. Les yeux à moitié clos, elle pria pour qu'Arnaud les délivre rapidement.
Lorsqu'elle entendit l'écho de pas venant dans leur direction, elle su immédiatement qu'il ne s'agissait pas de son frère. François fit passer instinctivement sa soeur derrière lui et leur mère apprécia le geste chevaleresque. Le petit Christophe se dirigea résolument vers les épées qui, pour la plupart, étaient plus hautes que lui. La jeune femme, préoccupée par les bruits provenant du couloir, ne l'en empêcha pas. Elle savait que les soldats arriveraient sous peu.
Lorsqu'ils firent finalement leur apparition dans l'armurerie, Christophe était cloué au sol par un bouclier et Catherine était aggripée aux chausses de François qui était à demi caché derrière sa mère. Claire, quand à elle, était pétrifiée par une terreur abjecte. Les cris de protestation du gamin prisonnier avaient été couverts par ceux, plus menaçants, des bruits de ferraille que produisaient les armures des intrus.
- Une femme et des enfants, sire ! Dans l'armurerie !, s'exclama l'un des hommes qui avait atteint leur cachette.
- Tuez-les !, fut la réponse.
Catherine se mit à crier, s'agrippant de plus belle à son frère. Claire fit un pas vers eux.
- Je suis Dame Claire de Marek, veuve du chevalier André de Marek et soeur du seigneur Arnaud ! Qu'avez-vous fait de mon frère ?
- Dame Claire ? Eh bien, en voilà une surprise !, fit le soldat en attrapant son bras.
Il l'attira à elle et l'examina. Ses frères d'armes s'emparaient déjà des enfants.
- Si vous êtes réellement la soeur d'Arnaud, nous avons plus de raisons encore des vous tuer, madame ! Ces enfants sont les vôtres ou les siens ?
- Les miens, répondit-elle les dents serrées, l'odeur de son haleine lui soulevant le coeur.
- Nous serons ravis de nous amuser avec eux ! Westhampster ! Finnlock ! Passez les garçons au fil de l'épée !, cria-t-il. Quand à la fille...
- Arrêtez !
Une voix grave fusa du couloir. Aussitôt, les soldats se retournèrent et s'écartèrent avec déférence. Un homme de haute stature apparut. Son regard cruel glaça Claire jusqu'aux os. Elle regretta presque que les anglais ne l'aient pas déjà achevée. Quelle que soit la raison pour laquelle il avait arrêté ces hommes, le sort qu'il leur réservait était indubitablement pire.
L'homme aux cheveux d'ébène les toisa longuement avant de reprendre la parole. Lorsque sa voix déchira le voile de silence qui s'était étendu sur eux, elle était plus glacée que la mort.
- Ne les touchez pas. Dame Claire et ses enfants sont demandés par notre seigneur. Amenez-les dans ses quartiers !
Sa cape claqua sèchement lorsqu'il se détourna. Personne n'osa faire un geste avant qu'il n'ait disparu.
- Vous avez entendu, vous autres ?, s'exclama soudain le soldat qui retenait Claire. Amenons-les !
Christophe se débattit dès que le bouclier fut relevé, mais il était trop jeune et trop faible pour opposer une lutte opiniâtre aux hommes faits qui le retenaient. Quand à François, il refusa catégoriquement d'être séparé de sa soeur. Ils acceptèrent toutefois de marcher côte à côte sans se débattre.
Claire était toujours entravée par le soldat malodorant. L'angoisse qui lui nouait les entrailles n'avait fait qu'augmenter de volume depuis l'intervention de l'inconnu. Pourquoi le seigneur anglais voulait-il donc la présence de la soeur de son ennemi et des enfants de celle-ci auprès de lui ? Et surtout, surtout... Qu'était-il donc arrivé à Arnaud ?
- Quel dommage, ma jolie... Mais peut-être le seigneur acceptera-t-il de te laisser à nous lorsqu'il en aura fini ?, susurra l'homme, lui envoyant des frissons de dégoût à travers tout le corps.
Elle était trop effrayée pour lancer l'une des répliques cinglantes qui avaient fait sa réputation. Elle suivit le soldat en silence. Ses enfants étaient atteints d'un mutisme aussi éloquent que le sien. Son coeur saignait de voir la peur supplanter toute émotion dans leurs yeux qui, à leur jeune âge, n'auraient dû connaître que le rire.
Lorsqu'ils arrivèrent dans la salle qui avait été l'appartement privé de Marek, Claire ferma les yeux. Ces salauds ! Ils avaient osé profaner de leur présence impie le sanctuaire qu'elle avait élevé en mémoire de son défunt mari. Elle entendit l'exclamation étouffée de sa fille lorsque celle-ci contempla l'étendue des dégâts.
La boue des pieds anglais maculait les tapis orientaux qu'André avait aimés. La fumée noire des torches de suif dégradait lentement les portraits et les rideaux de qualité qui avaient ornés les murs de bois précieux. Et leur seigneur, un malotru puant et vicieux, un anglais, s'était installé bien à son aise dans le fauteuil préféré de Marek.
Avant que quiconque ne l'en empêche, Christophe s'élança vers l'homme assis, son poing droit devant lui. Sa mère porta ses mains à son visage, horrifiée. Mais le petit fut rapidement intercepté par l'inconnu qui avait arrêté les soldats dans l'armurerie. Celui-ci, très digne, maintint le petit d'une poigne de fer, laissant à son supérieur le temps d'oublier son geste.
C'est à cet instant que François cracha à leurs pieds.
- Vous n'êtes que des porcs d'anglais ! Vous n'êtes même pas dignes de lécher le sol sur lequel mon père a posé les pieds.
- Ton père est mort, petit, rétorqua le seigneur d'un ton narquois. C'est sur mon ordre que les flèches enflammées ont été tirées !
- Il fallait bien des anglais pour briser une trêve de façon si lâche !, répondit-il, lui renvoyant son mépris au centuple.
Le seigneur s'assombrit. Quel homme fait pouvait prendre ombrage des paroles d'un enfant impubère ? Et pourtant, l'homme bouillait visiblement de rage mal contenue. Claire le fixa, confuse, alors qu'il reprenait lentement maîtrise de lui-même et que François réalisait la pleine portée de ce qu'il avait dit, sans toutefois faiblir sur sa position.
Lorsqu'elle estima qu'il était sans danger de prendre la parole, elle repoussa le garde malodorant qui ne la retenait plus que sommairement.
- Qu'avez-vous fait d'Arnaud ? Où est mon frère ?
Sa voix était plus ferme qu'elle ne croyait qu'elle serait. Le seigneur se tourna vers elle.
- Eh bien, madame, c'est justement la raison de votre présence ici. Vous et vos enfants servirez d'otage.
- Dois-je en comprendre qu'il n'est pas ici ?
- Arnaud s'est échappé en compagnie d'une quinzaine d'hommes, dit d'une voix posée l'homme qui retenait toujours Christophe. Nul doute qu'il reviendra sous peu.
- Et s'il ne revient pas..., ajouta le seigneur d'une voix mielleuse.
Il fit claquer ses mains l'une contre l'autre. Aussitôt, Claire vit une vingtaine de soldats crasseux et couverts de sang se presser à la porte.
- Dans trois jours, si Arnaud n'est pas revenu, tuez l'un d'entre eux. Maintenant, enfermez-les séparément dans leurs appartements.
La jeune femme sentit malgré elle ses poumons se vider de l'air vital. Elle ne pouvait accepter le sort qui lui arrachait ainsi sa progéniture. Elle se débattit et cria tant qu'elle put. Mais ce fut en vain. Un nouveau soldat la retint et profita de ce qu'elle se débattait pour la pelotter sur le chemin. Elle entendait ses enfants pleurer, apeurés par les cris de leur mère. Mais elle était incapable de s'arrêter. Son esprit était complètement dominé par une terreur abjecte.
Elle ne retrouva son calme qu'une fois emprisonnée dans la chambre qu'elle avait autrefois partagé avec son mari. L'environnement familier accueillit ses pleurs et sa douleur dans un silence qu'elle ne croyait plus percevoir un jour. Autour d'elle, elle entendait l'écho des ans passés se presser à ses oreilles tel une vague de souvenirs murmurants.
Cette chambre, elle y avait vécu avec son mari dix ans durant. Ce n'était qu'à l'aube de la onzième année qu'elle s'y était retrouvée seule, puisque la bienséance lui commandait de faire chambre à part avec Arnaud. Son frère avait su reprendre en main la famille de sa soeur que le chevalier André de Marek avait quitté malgré lui. Claire devait lui en être à jamais reconnaissante.
La pensée qu'il eut pu être blessé ou pire, tué, lui tordait le coeur comme rien d'autre au monde n'aurait pu le faire. À présent qu'elle le savait au loin, seule lui importait la vie de ses enfants. Mais comment les sauver en étant coupée d'eux...?
À Suivre...
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