Chapitre 11: On a tous des ombres

"Crois-tu que je n'ai jamais eu peur quand la vie m'a montré mes erreurs?

Crois-tu que je n'ai jamais connu de paradis perdus?

Je n'ai jamais manqué de courage, même au devant d'un mauvais présage.

J'ai toujours su au fond de moi ce que je n'étais pas.

Mais on a tous des ombres, un peu les mêmes, qui nous poussent à douter quand la vie nous malmène."

"On a tous une étoile"- Roch Voisine

.-.-.-.-.-.-.

Vikki traînait les pieds pour se rendre à son cours de DCFM. Cela faisait déjà quelques semaines qu'ils avaient repris les cours et elle avait l'étrange impression de ne pas être dans son élément, comme si elle n'aurait jamais dû revenir d'entre les morts. Elle observait d'un air morne le professeur commandait ses élèves via le sort d'impero. Il fallait bien avouer que ces cours étaient certainement les plus intéressants de tous mais elle s'ennuyait tout de même et de plus, elle se sentait mal à l'aise vis à vis de cet individu. Elle ne savait pas pourquoi. Quand son tour vint, elle s'approcha du bureau et obéit à ses directives quand il lui ordonna de se mettre à quatre pattes.

"Mademoiselle Hamilton, la gronda-t-il, vous n'avez fait aucun effort. Vous n'avez même pas tenté de résister alors que vous en êtes capable."

Sa seule réponse fut un hochement d'épaule, signifiant par là qu'elle n'en avait rien à faire.

"Retournez à votre place et vous serez en retenue avec votre directeur de maison pour non coopération."

Elle retourna s'asseoir et Killian lui demanda ce qu'il se passait mais elle se contenta de hausser à nouveau les épaules et il abandonna l'affaire. Tandis qu'elle observait le ciel bleu par la fenêtre, une odeur dont elle n'arrivait pas à deviner l'origine vint lui titiller les narines et un tourbillon se forma bientôt en elle pour l'emporter en son tréfonds:

C'était une belle journée. Dans le ciel bleu, le soleil brillait de mille feux, l'air était doux et parfumé, les oiseaux gazouillaient, les papillons voletaient entre les fleurs qui éclataient de milles couleurs. Vikki traversa cet havre de paix d'un pas lent et mesuré, le port de tête altier, le regard brillant. Elle s'arrêta devant une immense plaque de marbre et fixa l'inscription cisaillée en lettres d'or: Hamilton. Peu à peu, l'atmosphère se chargea d'électricité quand des gouttes de sang perlèrent à la surface du monument de pierre, traçant des sillons de larmes dessus. Bientôt, cette tombe suinta de toute part du liquide vermeil alors que la jeune fille ne pouvait esquisser un geste, ne pouvant détacher ses yeux de l'inscription qui émargeait encore de la flaque de sang. Une voix froide comme l'acier parvint alors à ses oreilles:

"C'est pour toi que je le fais..."

Elle reprit conscience en poussant un hurlement de terreur, attirant sur elle tous les regard de ses camarades intrigués. Vikki les observa à son tour et se leva précipitamment en bafouillant:

"Je...je dois y aller. Désolée."

Elle se rua sur la porte et fonça à travers les couloirs de Poudlard, essuyant les larmes qui inondaient ses joues, sans se rendre compte qu'elle avait bousculait le professeur Rogue qui l'observait disparaître, les sourcils froncés.

.-.-.-.-.-.-.

"Pourquoi!", cria la jeune femme en s'observant dans le grand miroir sur pied qui ne faisait que lui renvoyait sa propre image.

Elle continua à hurler sur cet objet inanimé, déversant son flot de rage et de haine. Ce rêve l'avait ému plus que tous les autres réunis. Elle en ignorait la raison mais il l'avait empli d'une terreur sans nom qui la paralysait et la recouvrait sans qu'elle puisse lutter contre. Se saisissant d'un lourd bougeoir en argent qui traînait, elle le jeta avec toute la violence qu'elle contenait en elle envers la glace qui se brisa en mille morceaux épars. Cependant, elle se figea dans ses pleurs quand elle vit le miroir se reconstituer sous ses yeux médusés: peut être ne pouvait on briser ses rêves...

.-.-.-.-.-.-.

Drago errait dans les couloirs de l'école de sorcellerie à la recherche de son amie. Il n'avait pu s'empêcher de se lever quand elle avait quitté précipitamment la classe mais Pansy lui avait attrapé le bras et l'avait obligé à se rasseoir. Si elle voulait faire perdre des points à leur maison, qu'elle le fasse seule mais lui devait rester. Dès que la cloche avait retenti, il s'était mis à sa recherche avec Killian. Il sentait son cœur pris dans un étau en imaginant ce qui aurait pu lui arriver. Si ce n'avait pas été un moment critique, il aurait certainement éclater de rire en imaginant qu'un Malefoy avait un cœur, un cœur qui peut aimer, un cœur qui peut pleurer, un cœur qui peut saigner, un cœur qui peut tuer. Oui, pour elle, il tuerait quiconque se mettrait sur sa route ou qui tenterait de lui faire du mal. L'année dernière, quand il l'avait cru morte, il avait voulu tuer, tuer n'importe qui, n'importe quoi. Sa première idée avait été Killian à cause de qui tout avait commencé, mais il s'en était senti incapable. Sa main avait tremblé et il avait désamorcé la bombe quand le jeune homme s'était retourné vers lui pour lui demander si ça allait. Sa seconde idée avait été de se tuer lui même mais il s'était vite repris en entendant la voix de son père résonnait dans sa tête sur l'honneur des Malefoy...Il s'était alors contenté d'attendre, attendre qu'elle rouvre les yeux et elle était revenue.

Une lourde porte de bois attrapa son regard et il décida, sans raison particulière d'aller y jeter un coups d'œil. Il se figea en voyant la chevelure étincelante de la blondinette perçait les ténèbres de la pièce. Elle était assise à terre et regardait d'un air morne le reflet qui lui renvoyait. Il avait entendu parler de ce miroir, il était sensé montré notre plus profond désir mais cela ne marchait pas pour elle.

"Alors? demanda-t-il en venant s'installer à ses côtés. Tu crois que ça va résoudre tes problèmes de te planquer dans le noir et t'observer le nombril?

"Et c'est Drago Malefoy qui me dit ça, tenta-t-elle de plaisanter.

"Et c'est Draco Malefoy qui te gronde. Qu'est ce qu'il s'est passé?

"Rien, c'est mes affaires.

"Non, je suis ton ami. Si quelque chose t'affecte, ça m'affecte également."

Elle échangea un regard trouble avec lui et finit par éclater en sanglots dans ses bras tandis qu'il tentait de la conforter.

"J'ai peur, si peur. La terreur m'envahit et sans que je puisse lutter contre, elle me paralyse et m'empêche de raisonner ou d'agir. Je n'ai jamais connu ça, être si impuissante. J'ai comme l'impression qu'un immense malheur va bientôt fondre sur nous et je ne sais pas d'où cela peut bien provenir.

"Chut, la réconforta-t-il en lui caressant le dos. Je serai toujours là pour toi."

.-.-.-.-.-.-.

Killian traversait les longs couloirs de l'austère bâtiment d'un pas sûr. Pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt? Elle devait certainement avoir trouver refuge là-bas. Arrivé devant la lourde porte de chêne, il l'ouvrit avec douceur afin de ne pas effrayer son amie. Cependant, il se figea en la découvrant dans les bras de Drago. Son sang ne fit qu'un tour et il referma avec autant de précaution la porte bien que tout en lui bouillonnait. Il ignorait pourquoi mais il ne supportait pas l'idée de savoir Drago proche d'elle. Dans son esprit, seul lui en avait le droit. C'était lui son meilleur ami.

En chemin, il réfléchit à la manière d'évacuer sa rage et l'idée lui vint en trouvant l'entrée secrète qui menait à Pré-au-Lard. Sans hésitation, il la prit et décida de se rendre "A la tête de sanglier", prenant soin de se cacher le visage derrière une lourde cape de velours noir. Alors qu'il en était à son sixième whisky pur de feu, il regarda entrer une jeune prostituée, venue se réchauffer du froid automnal près du foyer. Lentement, un sourire malsain se forma sur son visage.

.-.-.-.-.-.-.

Vikki s'était calmée mais restait tout de même entre les bras de Drago. Elle s'y sentait si bien. Elle jeta un coup d'œil vers le miroir qui lui renvoyait leur image: peut être qu'elle ne voyait que ça dans ce miroir parce qu'elle avait déjà ce qu'elle désirait le plus au monde...Sa voix fendit le silence nocturne, faisant sursauter le jeune homme:

"Qu'est ce que tu vois dedans?

"Je peux pas te le dire, répondit-il un large sourire sur le visage.

"Pourquoi?

"Il y a des oreilles fragiles par ici."

Elle se releva d'un bond et lui donna un violent coup de poing sur l'épaule. Tandis qu'il se massait l'endroit endolori, il se pencha à son oreille et lui susurra:

"Je nous vois..."

Lentement, il approcha son visage du sien et leurs lèvres se joignirent d'un baiser d'abord chaste puis de plus en plus passionné. Il se détacha d'elle et ils s'observèrent, le visage trouble, le regard confus.

"Nous..." lâcha-t-il dans un souffle avant de se pencher à nouveau vers elle tandis que Vikki l'encerclait de ses bras.

.-.-.-.-.-.-.

Killian l'observait, caché dans le recoin d'une porte cochère, les ténèbres lui offrant un manteau protecteur. La jeune prostituée accéléra l'allure pour rentrer chez elle, sentant un danger roder autour d'elle. Il émit un petit rire sadique pour lui même, sentant sa colère s'évacuait peu à peu à l'idée de ce qu'il allait faire. Il la suivit et l'interpella:

"Hé, toi! Viens ici!

"Désolée, la boutique est fermée, répondit-elle en mettant le plus de distance entre eux.

"Je ne crois pas, non." dit il pour lui même.

Il l'attrapa avec violence par le bras et lui lança un sort de silence pour l'empêcher d'appeler à l'aide tandis qu'il la poussa dans une ruelle sombre et déserte et qu'il déchirait ses vêtements pour baisser ensuite son pantalon.

.-.-.-.-.-.-.

Le lendemain fut une journée épouvantable. Killian faisait la tête et était d'une humeur massacrante tandis que Vikki évitait Drago, se sentant plus faible que jamais, et que celui-ci était plus acerbe que d'habitude, heureusement les autres le remarquèrent à peine tant ils étaient occupés à admirer Krum.. Cela ne fit qu'empirer quand la jeune fille dût se rendre à sa retenue avec le professeur Rogue qui l'accueillit, le sourire méprisant.

"Vous me décevez, mademoiselle Hamilton.

"Oh, répliqua-t-elle, lassée. Et en quelle honneur cette fois-ci?

"Il n'y a pas que moi: vous êtes la honte de votre maison.

"C'est nouveau ça, marmonna-t-elle entre les dents.

"La seule chose pour laquelle vous êtes capable est de faire perdre des points aux Serpentards, d'excéder vos professeurs, de mettre l'école sans dessus-dessous et de démontrer une évidente apathie.

"C'est déjà pas mal...

"Si j'étais votre père, je vous renierai."

Ce fut la phrase de trop sans doute. La jeune fille explosa dans une colère noire teintée d'un chagrin sans borne à l'origine mystérieuse:

"Je vous interdis de me parler de mon père!

"Mais regardez vous! J'ai l'impression de me retrouver devant une gélatine!

"Je vous interdis de me juger, j'interdis à qui que ce soit de porter un jugement sur moi. Bien sûr, vous n'avez jamais connu ça vous! Votre vie a toujours été parfaite, vous n'avez jamais eu peur de ce que l'avenir vous réserve, vous avez toujours su ce qu'il vous attendait! Vous n'avez jamais fait preuve de lâcheté face aux événements qui vous tombent dessus!

"Détrompe toi. Ne penses-tu pas que j'ai fait des erreurs de jugements que je regrette et que toute une vie ne pourrait effacé? La différence est que moi je ne manque pas de courage, malgré les tragédies qui peuvent survenir dans ma vie, je resterai debout à prendre les coups. Mais si je peux éviter en trahissant, je n'hésiterai pas. Celui qui se fait gloire de supporter le mal est beaucoup moins fort que celui qui s'en sort, ma chère."

La jeune fille resta sous le choc après la confession inattendue de son directeur de maison. Lui aussi semblait estomaqué de ce qu'il venait de dire. Alors qu'elle le fixait de son regard, un tourbillon la saisit à nouveau:

Elle traversait une immense et majestueuse salle plongé dans la pénombre. Arrivée devant ce qui semblait être un trône, elle s'agenouilla et baissa la tête tandis qu'une voix d'acier résonnait:

"Je n'ai pas confiance. Tue le."

Elle se contenta de hocher silencieusement la tête et se retourna pour découvrir Rogue qui la regardait stupéfait des déclarations de leur maître.

"Désolé, il l'a demandé."

Rogue eut un geste de recul mais ne put esquiver la flèche qu'elle lui décocha et qui atterrit dans son œil, l'entraînant dans une mort lente et douloureuse, son sang se répandant en une immense flaque vermeille qui atteignit les talons de la jeune femme.

De retour à elle, Vikki fixa encore un moment son professeur avant qu'il ne se décide à lui dire de partir d'un geste. Elle ne se fit pas prier et fila dans les couloirs sombres. Cependant en chemin, elle croisa Drago qui l'appela afin, visiblement, de lui parler de l'autre soir. Elle esquissa un geste de la main et s'éloigna de lui:

"Pas maintenant Drago, pas maintenant."

Et elle poursuivit sa route, ne se remettant pas des événements qu'elle venait de vivre.

.-.-.-.-.-.

Rogue traversait une immense et majestueuse salle plongé dans l'obscurité et alla s'agenouiller devant son maître qui était revêtu d'un immense manteau noir qui le recouvrait entièrement.

"Elle m'a trahi. Tue-la!"

Sévérus leva des yeux surpris devant l'ordre qui lui était intimé et se figea en découvrant de qui il parler. Elle se tenait terrée dans un coin sombre, la peur envahissant son être, ses cheveux roux brillant de mille feux dans le noir ambiant. Peu à peu, ses traits se firent résolus et sa main se crispa sur sa baguette.

"Jamais!" tonna-t-il en visant son maître de sa baguette.

Mais il ne fut pas assez rapide et deux éclairs verts apparurent de nulle part pour venir s'écraser sur les corps des amants qui s'effondrèrent dans un même mouvement.

Le professeur Rogue passa une main sur son front soucieux. Encore une fois, il avait eu un de ces rêves éveillés sans queue ni tête, où il préférait mourir que de voir l'agonie de sa bien aimée. Il soupira en se levant tout en se demandant les raisons pour lesquelles il s'était confié si rapidement à son élève alors qu'il ne l'avait jamais dit à personne, pas même à Dumbledore, pas même à lui même. Mais les mots étaient sortis tout seul tandis qu'une colère inattendue s'était mise à bouillonner dans ses veines et que sa marque se mettait à le brûler. Il passa un doigt dessus. Elle lui faisait encore un peu mal mais le pire était passé. Désormais, à chaque fois que Vikki était présente, elle s'activait. Pour quelle raison? Etait-elle Voldemort? Non, c'était stupide. Elle n'était qu'une gamine parmi d'autre. Toutefois, bien qu'il essaie de s'en convaincre, il était évident qu'elle n'était pas qu'une simple apprentie sorcière. Non, elle était beaucoup plus pour lui...et pour l'autre.