Chapitre 4 : Notre amour

La douleur m'entoure. Je frissonne et accentue inconsciement la brûlure de mon ventre et de ma cuisse.
Ma gorge sèche crie à l'agonie alors que j'essaie d'aspirer l'air frais, espérant calmer mes spames de souffrances. Mes yeux restent désespérément collée.
Je suis faible. Je suis pathétique. Je suis faible et pathétique. Et je souffre.
Que quelqu'un m'achève. Ce sera un acte de pure charité1.
Je voudrais mourir maintenant tant la douleur me brûle. Puis je sombre à nouveau.

...
...
...

Ma tête doit servir de tambour à quelqu'un. Ce n'est pas possible. C'est tout un orchestre qui joue sur le dessus de mon crâne. Je grimace légèrement et je me rends compte que je ne peux pas déplacer ma bouche.
Quelque chose a envahi ma gorge. Le goût de plastique s'imprime enfin dans mon cerveau, confirmant qu'au moins mes papilles gustatives sont toujours en état.
Je respire mieux mais j'ai toujours la gorge sèche.
J'essaie de m'agiter un peu mais renonce très vite, trop épuisée pour. Je replonge dans les ténèbres.
Le noir leur va si bien.

...
...

J'entends une voix à côté de moi. Elle me murmure des mots d'amour à l'oreille.
Si beau, si doux. Je voudrais que ça ne s'arrête jamais.
Je sens un souffle doux descendre sur mon front et puis, la sensation de deux lèvres se poser sur ma peau. Mais mes yeux récalcitrant refusent toute obéissance et ne s'ouvre pas.
Je voudrais voir qui me chante ces mots tendres. Au fond de moi, mon coeur crie et espère que c'est elle. Qu'elle m'avoue son secret. Le même que le mien.
Mais je sais que c'est un rêve. Je sais bien qu'elle ne peut pas partager mon amour.
Comment pourrait-elle ?
Comment pourrait-elle aimer la lâche créature que je suis. Comment pourrait-elle vouloir de moi ? Elle est une femme, si je lui disais...
Si je lui disais, elle serait dégoûtée, elle me hairait... ou pire elle me mépriserait.
La haine est bonne à prendre. Au moins, elle aurait des sentiments pour moi.
Le mépris... le mépris me tuerait. Je ne serais rien à ces yeux.
Rien.
Et les mots se sont envolés. Il reste un silence profond.
Et les tènèbres.

Et contre mon oreille, un souffle chaud. Quelqu'un s'endort à côté de moi. Et je me sens à nouveau aller.
Et la nuit m'enveloppe à nouveau.

Je reprend conscience. Encore une fois. Cette fois-ci, je me sens, si ce n'est mieux, du moins meilleure. Comme si la douleur avait fini par quitter le devant de la scène pour laisser la paix douce des courbatures et des muscles endoloris.
Péniblement, je concentre tout mon attention sur pouvoir ouvrir les yeux. Bizarrement, j'ai la sensation que c'est l'instant de vérité. Je sens mon visage se contracter, contre le sparadra qui colle autour de ma bouche, contre la longue immobilité. Le tube est toujours là. Mais je respire de moi-même.
Mes paupières papillonnent. Je vais enfin voir la lumière. Quand enfin elles s'ouvrent, tout est flou et agressif. Je referme aussi sec mes yeux, plissant férocement des paupières comme du nez sous l'agression de la lumière crue du néon au-dessus de moi. Je sens un mouvement léger à côté de moi.
Un soupir. Doux. Un souffle. HILDE !
Mes yeux s'ouvrent instanément, oubliées la douleur, la lumière, je tourne la tête aussi vite que je peux, ignorant la fugace blessure que provoque le mouvement brusque.
Déesse, qu'elle est belle. Qu'importe que la lumière du néon ne soit pas bon pour le teint ou ne mette pas en valeur sa beauté naturelle. Elle est pour moi une vision paradisiaque.
Je respire plus vite, plus fort, l'émotion me prend et m'envahit.
Tu es restée à mon chevet. Tu es restée près de moi mon amour. Tu m'as veillée.
Je sais que si cet instant est le seul que je pourrais jamais avoir, je ne l'en chérirai pas moins toute ma vie pour le bonheur que ta présence m'a procurée.
Je me sens des ailes, je me sens plus forte et je tente de sourire. Je dis je tente car, bientôt, je comprends que c'est une opération impossible avec le tube qui habite ma gorge et ma bouche.

Puis, comme si ton sixième sens t'a avertit d'un évènement exceptionnel, nous nous retrouvons les yeux dans les yeux. Bleu contre Bleu. Ton bleu orageux qui m'a séduite presqu'immédiatement à notre première rencontre.
C'est absurde, mais ce sont tes yeux qui m'ont fait tomber tête la première. Quand j'ai ensuite compris que tu étais une fille, que j'étais tombée en amour pour une femme... et tes yeux me hantent depuis. Ils sont ma perte et mon salut.
Si tu savais comme j'ai eu honte de moi, comme j'ai encore parfois honte de moi de t'aimer comme cela. De cette manière qui n'est pas celle que l'on doit. J'aurais dû t'aimer comme une soeur, une amie, une confidente... une mère peut-être. Mais je t'aime comme on aime son amant, son amoureux, son compagnon.
Je t'aime.
Et je pleure comme une madeleine. Oh Hilde, Hilde.
La douleur physique n'est rien comparée à celle lancinante et persistante de mon coeur.
Te le dire une fois. Je voudrais te le dire une fois. Que ces mots m'échappent et me délivrent de ce pesant secret.
La mort était trop près et je ne peux pas... je ne veux pas mourir demain sans qu'au moins j'ai eu l'honnêteté de te le dire.

Tu te lève aussitôt, paniquée et inquiète. Et tu t'agites autour de moi pour comprendre ce qui se passe.
Il se passe que je t'aime. Je t'aime.
JE T'AIME.


Ce qu'ils en pensent ou disent ne pourrait rien y faire
Qui arrête les colombes en plein vol


Si il y a un enfer qui m'est destiné pour mes crimes, c'est celui-ci. Je suis en plein milieu d'un cauchemar atroce qui ne prendra fin qu'au moment où elle ouvrira ses beaux yeux couleur d'océan. Si calme et limpide parfois, si déchaîné et bouillonant d'autre fois. Cette océan où je me perdrais corps et âme si elle me laissait seulement, seulement l'approcher et lui avouer, lui dire mon désir d'elle.
Mais ça ne sera pas. Les contes de fées ne parlent jamais d'une princesse épousant une guerrière-amazone. Il s'agit toujours de princes, de chevaliers, parfois de petits tailleurs ou de petits poucets. On ne parle jamais de la dame de compagnie qui se morfond comme je le fais, au lit de son amour.
Réveille-toi je t'en prie. Sors de ce coma. Ta peau est si pâle, trop pâle.
Tu es en sécurité, je te le promet. Ouvre les yeux, regarde-moi, dis-moi avec ton âme que tu vivras, que tu continuera d'exister.
Le tourment de ne jamais t'avoir à moi comme je le désire n'est rien comparé à celle de te perdre.
Je mange du bout des lèvres depuis que je t'ai amené dans cet hôpital clandestin, je dors à peine, je vis sans vivre.
Personne ne sait que tu es là, pas même les garçons à qui je ne réponds même plus au talkie-walkie.
Je sais que c'est égoïste, je sais que je devrai les appeler pour te mettre sous leur protection mais je m'y refuse.
Je ne veux pas te voir retourner auprès d'eux, là-bas, quand ils avaient déjà perdu espoir, quand ils n'ont rien fait, quand...
Ça n'importe plus. Je t'en prie, éveille-toi.

Je me ronge les sangs et tu ne bouges pas. Ta respiration est lente et faible.
Dieu, que je t'aime. je t'aime. Laisse-moi te dire ces mots-là, même si tu les regretteras, moi pas.
Je te regarde depuis trois jours lutter contre la mort, acharnée et têtue. Je profite lâchement de ces moments pour t'embrasser, te parler au creux de l'oreille. te dire mon amour, même si je sais que j'abuse de ta faiblesse, je ne peux empêcher mes émotions. T'avoir presque perdue m'a rendu quasiment folle.
J'ai failli démolir le médecin qui t'a pris en charge tu sais ma douce. J'étais si énervée, si folle d'inquiétude et de rage...
Je te le jure ma princesse, ma belle, mon amour, je trouverais celui qui t'a fait ça et je lui ferais payer. Cher et comptant.
Je pose mes lèvres sur ton front et repousse une mêche de tes cheveux. Tu as l'air si frêle, comme une poupée de porcelaine, perdue dans cette chambre impersonnelle et laide.
Tout à coup, ton visage se fronce légèrement puis redevient paisible.
Je suis déjà debout, comme un diable sorti de sa boite, entre exaltation pure et inquiétude vive.
Je sors en courant appeler une infirmière. Tu me reviens peut-être peu à peu et je dois être sûre, sûre que tu vas bien.

J'ai fini ta toilette et referme doucement la chemise de nuit que j'ai été t'acheter. Je ne laisse personne te toucher à par le docteur. De toute façon, cet hôpital manque de personnel. Et même si il y en avait assez, je ne supporte pas l'idée qu'une des ces infirmières au regard blasé de tant de sang et de morts te touchent.
Tu es si délicate, si fragile. Tu as besoin d'attention, de douceur et d'amour pour revenir. Et le dragon qui aide le docteur n'est pas vraiment ce que j'appelerai aimante.
J'ai tout rangé, je reviens près de toi et reprends le rituel que j'ai instauré depuis le début de tes soins.
Je te parle doucement, pour ne pas t'effrayer, ne pas t'effaroucher, mais aussi parce que ces mots-là ne sont que pour toi, et personne d'autre.
Je te parle de tout et de rien et de toi, de ce que tu me fais ressentir, de ma main qui voyage doucement dans tes mèches brunes qui forme une cascade sur le blanc délavé et un peu gris de la vieille taie d'oreiller.
De ta respiration qui me berce parfois, quand la fatigue se fait trop forte et que je m'écroule comme dans ce moment. Je sais que je suis épuisée, je ne lutte plus. Je pose un dernier baiser sur ton front, sur ton épiderme, avant de poser ma tête près de la tienne.
Si près de toi.
Je me dégoutte de profiter de ton coma pour obtenir des moments avec toi, mais je ne peux m'en empêcher, j'ai besoin de toi.
Promis ma princesse, quand tu te réveilleras, je redeviendrais celle d'avant, avant quand je savais être distante, je ne serais à nouveau que l'amie, mais pour l'instant, laisse-moi te bercer, te choyer toi et ces moments, ta peau sous mes baisers innocents et chastes, tes cheveux dans ma main, ton corps lavé par mes soins qui remplissent l'espace vide de mes rêves de toi.
Pardon de penser ça. Pardon de t'imaginer comme cela. Pourtant, que tu es belle dans mes rêves quand ta bouche s'entrouve pour murmurer mon nom dans un gémissement.
Je soupire contre ton oreille. Je me sens dériver.
Je vais encore rêver de toi ma belle. Mais promis, ces rêves-là ne sont que pour moi. Personne ne le saura. Pas même toi.
Et je m'endors à tes côtés.

Quelque chose s'agite près de moi. C'est un mouvement infime. Un rien. Je me fais des idées n'est-ce pas. Je suis encore dans un semi-rêve où je crois que tu es enfin sortie de ta nuit artificielle, et cependant, quand j'ouvrirais les yeux, tu seras toujours là, paisible, inchangée, les yeux clos. Je ne veux pas.
Mon espoir est à chaque fois ecrasé par ton immobilité et je me prend à renoncer pendant un instant. Et j'ai honte. Parce que je ne veux pas renoncer. Jamais.
Il y a vraiment un mouvement, fort et réel cette fois. Je n'ose pas ouvrir les yeux pourtant. Est-ce que mon esprit ne me jouerait pas un tour ? Est-ce qu'à force de vouloir te voir éveiller, je n'imagine pas des choses ou des gestes. Mais je sens un souffle, ton souffle.
Quand j'ouvre enfin mes yeux, c'est mon souffle qui est coupé.
Tes yeux m'envoûtent et me dévorent comme si j'étais la plus belle chose.
Je ne rêve pas. Je ne songe plus. Tu es enfin revenue à la vie.
Merci mon dieu de me l'avoir rendue. Merci.
Et puis, soudainement, tes beaux yeux se noient sous un flot de larmes incompréhensibles.
Ô ma princesse, ma belle, mon amour, non, ne pleure pas !

Je me lève, j'essaye de t'aider mais je ne sais que faire. Je t'en prie, ne pleure pas. Ne sois pas triste. Mon coeur ne supporte pas l'idée que tu sois malheureuse.
Et puis le docteur arrive, comme en réponse à mes prières et à mes frénétiques appuis sur le bouton d'alarme.

Et tes yeux ne quittent pas les miens. Je t'aime, si tu savais comme je t'aime.
Oh mein Liebe2, JE T'AIME.


A deux au ras du sol
Une femme avec une femme


Le mot de l'auteur

Lied : A y est v'là le suite...
Kirin : Et ben il était temps !
Lied : Quoi ?
Kirin : COMMENT T'AS OSÉ ME FAIRE UN CLIFFANGER COMME CELUI DU CHAPITRE 3 ! Est-ce que tu sais seulement ce que mon pauvre petit coeur a subi ! Tu te rends compte de la torture d'un chapitre qui s'arrête comme ça, " POF ", en plein milieu d'un moment tragique !
Relena : Parfaitement ! Et puis y'a pas que son coeur qui en a pris un coup, y'a eu le mien aussi !
Quatre : Et puis le mien ! Snif... snif...
Kirin : On s'en fout, c'est moi la béta-lectrice traumatisée, ne perdons pas ça de vue !
Lied : Maieuh !
Relena : EGOISTE !
Quatre : TROWAAAAAAAA ! KIRIN EST MECHANTE AVEC MOI !
Hilde : Hem... excusez-moi, on ne dévie pas un peu là ?
Les G-Boys moins Quatre qui se fait consoler par son petit, pardon, grand Trowa : Faut pas s''attendre à autre chose de toute façon de la part de deux folles...
Lied : Ça c'est parce que vous êtes vexés que je vous utilise pas dans la fic hein ?
Duo, protestant : Mais non, mais non, au contraire, pour une fois qu'on nous fout la paix !
Lied : Tant mieux, parce que je remets le couvert pour un autre chapitre ! À Hilde et Relena Allez les filles, on y retourne !
G-Girls : NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOONNN ! 3

1 : Lied : Kiriiiiiiiiin, range ce pistolet, je t'en prie.
Kirin : c'est obligé ?
Lied : Viiiiiiii !
2 : Mein Liebe veut dire mon Amour en allemand. Non, je n'ai jamais fait d'allemand, alors si vous trouvez des fautes, n'hésitez pas à me le dire.
3 : Lied : Vous avez remarquez la diversité de réponses communes de nos deux protagonistes hein ?
Hilde et Relena : Va te faire cuire un oeuf en enfer !
Lied : Pas de problème, c'est prévu, j'suis sûre que Belzy sera content de me voir !
G-Girls : ; ; ; ;