Chapitre 5 : Malgré eux
Je te tiens la main tandis que le docteur vérifie que tu vas bien et retire
ton tube. Dieu, que c'est bon de te voir revivre.
Tu t'accroches à moi de toutes ses forces et je profite de l'instant.
Le docteur semble content alors que tu tousses un peu pour l'aider. Tes larmes
se sont taries après quelques longues minutes où le docteur t'a auscultée.
D'après lui, c'est une réaction post-traumatique à ton attaque.
Quelque part, cela me rassure. Pourtant je ne peux m'empêcher de me demander
si tu n'aurais pas préféré te réveiller près de quelqu'un d'autre. Un homme.
Un pilote de gundam aux yeux bleus foncés. Peut-être as-tu cru qu'il s'agissait
de lui quand nos yeux se sont rencontrés.
Peut-être as-tu pleuré en te rendant compte que ce n'était que moi.
Hilde. Simplement Hilde.
Dieu, que ne donnerais-je en cet instant pour être un homme.
Je te souris courageusement, j'essaie de retenir les doutes et la peine qui
me submerge à nouveau, comme pour se venger de l'immense joie que j'ai ressenti
quand tu t'es réveillée.
Le bonheur ne doit pas être pour moi.
Mais j'oublie presque aussitôt ma peine quand ton regard inquiet prend conscience
de mon mutisme. Tu es vivante. Tu es bien. A nouveau la joie prend sa place
en moi.
Oui, il faudra du temps pour que tu guérisses mais tu es revenue parmi nous
et je crois que c'est ce qui compte.
Tu me tiens la main comme si tu avais peur que je parte, que je te quitte
dans l'instant.
Ne t'inquiète pas. Je suis là. Je serais toujours là pour toi.
"Ça va aller Princesse. Vous êtes en sécurité ici. Certes, ce n'est pas un palace, mais ici personne ne viendra vous embêter. Il faut vous rétablir maintenant."
Tu souris et ouvres la bouche, comme pour me répondre mais c'est un coassement
qui sort de tes lèvres asséchées et gercées du traitement subi par le tube.
Mon coeur se pince tandis que le coassement devient toux et je me précipite
sur la carafe d'eau et le verre qui trône sur la table de chevet bancale.
Je reviens et te rattrape aussitôt la main, priant pour que tu ne vois pas ce
geste comme une invasion d'intimité. J'ai besoin de la tenir, de la sentir encore
près de moi, encore « à moi » pour encore quelques moments.
Le docteur me regarde d'un regard sachant. Il faut dire que je suis connue
pour mon homosexualité. Je ne suis pas une sainte et une aventure du nuit m'est
parfois arrivée.
Quand le besoin de toi est trop fort, puisque je sais que je ne t'aurais jamais,
je vais me perdre parfois dans d'autres bras compatissant, pour un court moment.
Et le lendemain, quand je me réveille et que je regarde la tête qui dort sur
l'oreiller d'à côté, je me hais et je m'en veux et je pense à toi.
A ce que je fais. A la manière dont je te trahis quand bien même nous serons
jamais ensemble.
Quand bien même je suis libre et célibataire, mon coeur me dit que ces bras
d'un soir ne peuvent pas être la solution. Qu'ils ne seront jamais l'oubli de
tes sourires, de ton rire, de tes cheveux au vent qui flottent et prie que quelqu'un
les saisissent et glisse ses doigts dans leurs mêches rebelles.
Même quand parfois mes amantes te ressemblent un tant soit peu, ce ne sera jamais
toi ma Relena.
Je souris bêtement, à vide, mes pensées dévient à nouveau à la tristesse tandis
que le docteur sort et nous laisse seules.
Peut-être ressens-tu ma peine, ta main me donne une étreinte, comme pour me
soutenir.
Je reviens à toi, me refocalise sur tes yeux alors que tu bois lentement et
difficilement ton verre.
Ta gorge doit toujours souffrir de l'ancienne invasion de ce tube en plastique.
J'en veux bêtement à ce tube qui pourtant t'as maintenue en vie quand tu étais
sur la table d'opération.
"Pardon, j'avais la tête ailleurs..."
Je te souris contrite, ton regard se voile un instant, un peu triste, un peu
apeuré. Je ne comprend pas ta réaction, pourtant tu me souris ensuite, comme
si ces émotions courtes n'avaient pas existé.
Ta petite bouche est tout abîmée mais elle fait néanmoins une petit moue mignonne
qui me rappelle ton optimisme, ta joie de vivre d'avant.
Pourtant la tristesse continue de vivre derrière tes cils baissés pour me cacher
ton âme. Tu me tend le verre je le prend et le pose à côté de moi.
Pourquoi es-tu triste ?
T'ai-je blessée ?
Ou alors... ou alors, comme moi, te caches-tu derrière une façade pour être
comme tout le monde et ne pas montrer tes failles ? C'est stupide, tu es
forte et déterminée.
Tu es plus courageuse que les gens et les G-boys veulent bien le croire. Plus
insconsciente aussi. Parfois tu me rappelles Duo quand tu te jettes au milieu
des balles destinées à Heero.
Tu es si impulsif. Drôle de trait de caractère pour une princesse défendant
la paix et la pondération.
Je ris doucement. Pardon. Je ne me moque pas de toi. Tu soulèves tes paupières et me regardes avec une franche curiositée et je ne peux m'empêcher de te taquiner en poussant mon doigt contre ton front.
"On
peut dire que tu m'auras fait un peur bleue Princess..."
"Relena..." répond ta voix minuscule et endommagée.
"Pardon ?"
Je ne peux m'empêcher d'être surprise.
"C'est
'Lena... pas p'incesse..." continues-tu.
"Lena ?"
Tu souris, retenant un petit rire, et lève à ton tour un doigt vers mon front que tu frappes d'une pichenette.
"Relena... Mais si tu préf... cof-cof..."
Je me précipite sur l'eau et te tend aussitôt un verre plein que tu saisis avec avidité et finit en quelques secondes.
"Pardon Prin..."
Ton doigt se lève et tu fronces tes sourcils de cet façon adorable qu'ont
les enfants contrariés.
Je cache un rire.
"Pardon Relena."
Et le sourire que tu me renvoies et la plus belle récompense. Relena. Ma 'Lena ?
Oui, j'aime le bruit de « Lena ». Le son de ce surnom, rien que pour
moi, vibre dans ma tête et me submerge.
Peut-être que j'ai tort. Peut-être que je ne devrais pas.
Mais je tente le coup de poker et j'attrape ma chance. Demain, je n'aurais peut-être
plus le destin pour moi...
Je ne veux pas les juger
Je ne veux pas jeter la première pierre
Je déteste ma gorge. Je parle d'une voix horriblement éraillée et fluette. Déesse, c'est franchement ma veine.
Alors que je veux te hurler que je t'aime. Sortir enfin tout ce que j'ai sur le coeur.
Du coup, je ne te lâche plus la main. De toute façon, le premier qui essaye de me la prendre, je le mords.
Et puis tu m'énerves. Princesse par-ci, princesse par-là. Tu m'a sauvée, tu m'as veillée et tu m'appelles encore princesse et tu me vouvoies et puis t... ARGH !
Et ta tristesse et ta peine, qui sont là au fond de tes prunelles. Je les déteste.
Je vais bien pourtant.
Je vais bien mieux pour la toute première fois de ma vie.
Bon, d'accord, je mens, je suis encore malheureuse, mais c'est parce que tu
n'accepteras jamais la façon dont je t'aime. J'en suis persuadée.
Mais je m'en fous, je n'ai plus rien à perdre, j'ai déjà failli perdre le plus
important, pouvoir te dire enfin ce que j'ai sur le coeur et sur l'âme.
Je te vois te pencher vers moi, ta bouche s'entrouvre, peut-être veux-tu me
rassurer, me dire où sont les garçons, peut-être fais-tu attention aux oreilles
qui peuvent être aux murs qui nous entourent.
Je m'en fiche, re-fiche et contre-fiche et je saisis l'occasion. Mes lèvres,
douloureuses, rencontrent les tiennes avec force, j'ai fermé les yeux au moment
de l'impact, pour ne pas voir ton regard trahi, dégoutté ou méprisant.
Je veux juste avoir ce baiser en souvenir.
Bon, d'accord, je ne suis pas très douée pour les baisers.
En fait, c'est mon premier. Mais je m'accroche désespérément à ta main et au
drap, espérant te faire passer malgré tout tout ce que je ressens pour toi.
Et puis il y a une main qui se glisse derrière mon cou et saisit la base de
ma nuque, là ou je suis le plus sensible. Je frissonne sous la caresse, haletant
inconsciemment à ton contact.
Aussitôt je sens une langue se presser entre mes lèvres et j'ouvre encore plus
ma bouche, surprise totalement, découvrant ce que les autres filles de mon âge
appellent un French Kiss.
Je m'aggrippe à toi de toute ma volonté, ma main libre remontant pour saisir
ton tee-shirt et te tirer plus près de moi.
Je veux que ce moment ne finisse jamais, tandis que j'apprend par ta langue
à répondre à tes attentions.
Je gémis doucement, un peu de mal quand mes lèvres me tirent et me rappelle
leur fragilité, mais essentiellement de plaisir.
Ô déesse, que cela ne s'arrête jamais.
Un goût cuivré envahit ma bouche et tu te recules instantanément. Je retiens
un sanglot.
Non. Non. Je ne voulais pas te faire fuir, pardonne-moi...
" 'Lena ! Tu saignes ! Pardon ! Oh ma Lena !"
Quelque chose tapote mes lèvres alors que j'ouvre grand mes yeux. Ta voix
inquiète et coupable et puis... et puis tu m'as tutoyé enfin et tu...
Déesse, « Lena ». Tu m'as appelée « Ta Lena ». Et c'est
comme si le ciel m'avait ouvert totalement ses portes et je me mets à sangloter
furieusement complétement cramponnée à toi, ta main, ton t-shirt, entièrement
contre toi.
Le bonheur de t'entendre répondre à mon amour, ton inquiétude, ton affection...
Tout cela est trop et je ne peux endiguer ma joie, ma peine, tout ce que j'ai
mis en bouteille et gardais enfermé au fond de moi.
Je sais que je suis laide et ridicule, mon visage mangeait par les larmes,
mon nez rouge et coulant, ma bouche ensanglantée et ma voix grotesque, cassée
et hésitante mais je ne veux plus me taire.
Je t'entends t'excuser, de je ne sais quoi mais je m'en fiche. Je ne t'écoute
pas, je ne distingue que ma voix qui se noit au milieu de mes hoquets.
"Je t'aime... Je t'ai...me Hil... Je t...aime Hilde ! J... aim... Hilde ! Je t'aime hic... t'aime... t'ai...me... t'aim... t'ai...m..."
Je dois être affreuse à voir, affreuse à entendre mais plus rien ne m'arrête.
Je suis dans tes bras. Vivante et dans tes bras. Vivante et aimée de la personne
que j'ai toujours désirée.
Je me fiche du reste du monde. Je ne veux pas gâcher la chance que le ciel me
donne.
Je me fous de ce que jugeront les gens bien-pensant. Je me fous de la morale,
de ce qui se fait ou pas. De ce qui est bien ou mal.
Je t'aime.
Je t'aime et cet instant sera le plus beau de tout ma vie, même si il y a eu
les balles, la souffrance, la peine avant. Rien ne remplacera cet instant pour
moi.
Et puis je suis la Princesse, la future Reine et j'emmerde le monde. Oui,
je l'emmerde. Tu es tout ce que j'ai jamais voulu. Tout ce que je voudrais jamais.
Et je vais me battre.
Me battre pour toi.
Je dois l'avoir dit à voix haute. Enfin, aussi haute que me le permet ma gorge blessée. Et je sens ta main toujours dans mes cheveux m'obliger à lever mon visage vers toi, à croiser tes yeux.
Peut-être qu'on peut mourir de bonheur.
Je ne sais pas, mais c'est ce que je ressens quand tu poses des baisers légers
et multiples sur ma figure humide.
"Idiote !
Idiote, je t'aime aussi ! Je t'en prie, ne pleure pas ma 'Lena, ne pleure
pas mein liebe ! Pardon ! Pardon de te rendre triste !
Ne pleure pas, je hais te voir malheureuse !"
"Hild... Hilde ?" J'interroge, hésitante.
"Je me battrai à tes côtés si tu veux de moi. Je te le promet, je serais
toujours à tes côtés tant que tu voudras de moi. Juste, ne pleure plus ma princesse,
ma belle, ma Lena..."
Je hoquète tandis que mes pleurs s'apaisent sous la pluie de tes embrassades
et je sombre peu à peu dans un sommeil réparateur. J'ai beau lutter, mon corps
épuisé par la maelstrom d'émotions me tire vers les eaux du repos.
Je ne veux pas te lâcher pourtant. Ma main est toujours dans la tienne. Je m'assoupis
sur toi et je rassemble mes dernières forces pour t'ânonner ma demande... ma
supplique.
"Ne me quittes pas..."
Pour que ce ne soit pas une rêve. Pour que ce soit la réalité quand je me
réveillerai. Que je n'ai rien imaginé.
Je t'aime.
"Je t'aime itou..." murmures-tu à mon oreille.
Je souris une dernière fois et puis je cède enfin au marchand de sable.
Et si, en poussant la porte
Je les trouve bouche-à-bouche dans le salon
Le mot de l'auteur
Lied : Et je l'avais dit, un chapitre dans la foulée !
Alors les filles ? Z'en pensaient quoi ?
Relena : ÔÔ
Hilde : ... Ôé
Quatre, tête caché contre le torse de Trowa : éè
Trowa : Hem... Quatre, c'est elles qui se sont embrassées devant
les lecteurs tu sais... Pas nous.
Duo : C'est pas juuuuuuuuuuuuuuuste ! Moi aussi
je veux qu'on me roule un patin et qu'on m'aiiiiiiiimeuh !
Heero : Hn... #¬.¬#
Wufeï : ... #¬.¬# Ceci est dégradant ! Honteux ! Et..
.Et... Ce sont deux femmes ! #è.é#
Lied : Rabat-joie ! Sectaire ! Continue
comme ça et j'écris une 5x2 !
Wufeï : QUOI !
Duo : EEEEEEEEEEH ! Pourquoi moi ?
Lied : Parce que je n'crois pas en un 5x1 ou 1x5, ils s'entretueraient
tout les deux, je ne séparerai jamais Quatre de Trowa... les G-boys en question
pique un fard en couple Et que je suis sûre que ça le ferait vraiment
se taire...
Duo : Je dois me vexer ou pas ?
Wufeï : Co... Comment oses-tu !
Lied : Très simplement, en appuyant sur les petites touches de mon
clavier. Bon, ben c'est pas tout ça, mais vous m'avez toujours pas répondu les
filles... Je suppose que ça veut dire que je peux continuer.
G-Girls, rouge écrevisse, entre indignation et honte : LIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIED !
