Je ferme mon portable et me tourne vers l'ange brun qui me tend une tasse de café noir avec un sucre roux, juste comme je l'aime. Je lui souris, mi-figue, mi-raisin.

- Merci ma Lena.
- C'est un plaisir. Si tu savais comme il est agréable de pouvoir faire des choses sans que personne ne se précipite pour te « sauver » de soi-disant tâches ingrates à ton rang... babille Relena.
- Tu es une princesse, c'est normal... réponds-je avec une pointe d'humour.
- Quelque chose ne va pas, n'est-ce pas Hilde ?

Je soupire, elle a vu juste, puis je bois une gorgée de mon café juste chaud, et non pas brûlant, juste à la bonne température, comment fait-elle pour me préparer un café aussi parfait ? Je l'ignore complètement. Mes pensées s'éloignent du café pour revenir au problème actuel, lui mentir ne servirait à rien, elle doit être au courant. Cette fois, je retiens mon soupir.

- J'ai contacté les garçons...
- ... C'est la fin de la période de liberté alors ? Finit par murmurer ma compagne.
- Oui. Il faut rentrer.
- ...
- Lena...
- Je ne renonce pas à toi, tu sais ça, n'est-ce pas ? Je rentre mais tu viens avec moi et... et... Et j'emmerde tous les vieux schnocks et on ne se cache pas parc... continue la princesse.
- Lena, Lena, promis mon ange, je ne te laisse pas mais on doit parler de la tentative d'assassinat.
- Oh ! Ça.
- Oui, ça. J'ai eu Heero, ils savent qui.
- Pas difficile vu que je t'ai donné tous les détails, mon garde du corps, celui engagé par le service de sécurité du Comte de Napscan; Ricane ma douce. Celui qui n'a pas apprécié que j'aie fourré « mon joli nez », comme il dit, dans les affaires des vrais politiciens, quand j'ai demandé où disparaissaient les fonds d'aide humanitaire réservés au peuple dans le besoin... Si tu me dis que ce n'est pas lui ; Finit-elle un peu sèche.
- Je plaide coupable, j'avais un doute, c'était un peu trop évident, mais on a retrouvé le cadavre de ton agresseur, un tueur reconnu dans le milieu, il semble que son incompétence lui a valu un congé immédiat et définitif ; Je commente aigre-douce.

Tu déglutis, un peu verte. Okay, je m'en veux et me mords la langue, j'aurais pu t'éviter les détails, tu restes assez fragile face à la mort des autres, quel qu'ils soient et même s'ils le méritent. Je continue néanmoins mes explications, promis, après je me ferais pardonner. Avec un gros câlin, là sur le canapé. Un qui implique d'enlever ce sweat-shirt tentateur. Redeviens sérieuse, Hilde. Je me demande si tu portes un soutien-gorge aujourd'hui... On a dit sérieuse. Re-focalise-toi et tout de suite.
Je marmonne un peu et bois une autre gorgée avant de continuer.

- Bref, en gros, j'ai contacté les garçons avant-hier, j'ai eu du mal, je t'avoue, j'ai toujours un peu de difficulté à accepter leur... enfin, je m'égare, pardon, je leur donnais les informations que tu m'avais confiées et ils ont enquêté. Ton comte trafique avec tout ce qu'il y a de plus véreux et pourri et se sert largement dans les caisses caritatives pour payer ses frais et ses dépenses courantes, et même ses contrats avec la pègre et Cie. Les garçons ont des preuves compromettantes et un dossier long comme le bras. Heero dit qu'ils peuvent l'assassiner dans l'heure, si tu en donnes l'ordre. Après tout, c'est toi qu'ils visaient. Personnellement, j'aimerai m'occuper moi-même de ce sale fils de p...
- Hilde !
- Désolée, ça m'a échappé donc je disais...
- On ne le tue pas.

Elle lève la main, m'interrompant avant que je n'émette un avis négatif.

- Ne proteste pas. La mort, ça serait trop facile. Il doit payer. Cet argent était pour des gens qui en avait besoin et lui il en a fait de l'argent sale. Je veux qu'il raque pour ça, et très fort. Qu'il essayait de me tuer, ça va aider à le coffrer mais je veux que tout le monde sache que c'est un pourri et je veux qu'on lui prenne tout l'argent qu'il a pu détourner et empocher pour qu'il retourne là où ils auraient dû aller. Dans des structures pour la population et ceux dans le besoin. S'il meurt, c'est impossible ; argumente ma compagne.
- Tu veux qu'on fasse éclater la vérité au grand jour ; Je redemande pour être tout à fait sûre.
- En gros oui.
- Je contacte Heero, entre lui et moi, demain, tous les journaux mondiaux et inter-mondiaux vont parler de ton Comte.
- Hilde ?
- Oui ?
- Je t'aime.

J'ai la décence de rougir. J'ai toujours du mal à croire qu'elle peut m'aimer, moi l'ancienne soldat à la solde d'Oz. Je lui lance mon regard spécial « tu es à moi et tu me rends folle de désir » puis rouvre à contre- cœur mon ordinateur. Autant s'occuper de l'affaire « Comte » tout de suite, la séance câlins devra attendre. Et zut. Je vais te le gratiner ce Comte, il va me payer ça, surtout que je ne peux même pas lui planter une balle entre les deux yeux comme je me l'étais promise.
En même temps, la solution de ma dulcinée est assez satisfaisante, je doute que le Comte apprécie la proximité sociale de la prison, particulièrement celle des douches, « Môssieur » semble être un adepte des gamines bien roulées et à peine sorties du lycée. A mon avis le style biceps et tatoué va lui faire un choc. Je ricane un peu, en tapotant sur mon clavier, je pourrais même m'arranger pour qu'il soit envoyé dans une prison bien crade pour son emprisonnement jusqu'au procès. Et après. Après tout, des erreurs informatiques ça arrivent tous les jours dans l'administration.
Je souris méchamment, finalement l'idée qu'il vive ET qu'il souffre comme ont souffert tous ceux qu'il a lésés, et ma Lena y compris, me botte bien.

L'ordi bipe en réponse à ma frénétique attention. Heero vient de me répondre. Erreur, c'est Duo, je reconnaîtrais son style de discussion informatique partout. Eeek. Mais comment fait-il pour mettre autant de smiley ? Il y en a plus que de mots. Sigh. Duo... Alors si on passe outre les p'tits dessins...

OUAIS ! On te suit à 100, on va faire payer le vieux salaud ! Attends une seconde, Heero... Heero, pointe cette arme ailleurs et laisse-moi répondre à Hilde. Pardon Darling, mais tu connais le Soldat Parfait, il n'aime pas qu'on touche à son joujou. Oui, oui je sais, tu veux me tuer. Cause toujours.
Au fait, ça va, tu supportes son altesse royale et ses caprices de princesse ?

Il veut que je le butte ou quoi ? Qu'est-ce qu'il veut dire par « supporter » ? Quant aux caprices, je ne me plains pas trop de le faire dans la douche, j'avoue que je n'avais jamais envisagé la cuisine avant notre vie commune comme un lieu érotique et franchement, la table du salon a juste la bonne hauteur, comme elle me l'a fait remarquer, donc j'ai pas à me lamenter de mon traitement. Je me demande même si on le fera vraiment dans la salle de bal, en rentrant au palais, comme elle me l'a demandée...

Argh. Je m'égare. Focalise-toi Hilde, focalise-toi. Je vais avoir besoin d'une douche froide après avoir fini de mettre les détails au point avec les garçons. Ou alors d'une séance d'exercices horizontaux.
Respire.
Tu peux le faire. Allez, répond au crétin natté. Stupide jaloux va. C'est parce qu'elle est avec moi que tu dis ça de toute façon. Allez, plus qu'à répondre.

Duo, je t'emm...


A deux, au ras du sol
Une femme avec une femme


Je la regarde travailler, n'osant pas l'interrompre. Je pourrais la regarder pendant des heures. La contempler sans ennui à longueur de journées. Je suppose que c'est ça être amoureuse. N'avoir besoin que de l'être aimé et ne vivre que pour être à ses côtés.
Je soupire. J'espère ne jamais m'habituer à sa présence.
Parce qu'elle est un cadeau trop précieux pour que je laisse quoique ce soit me séparer d'elle et la prendre comme acquis.

Je sors en silence de l'embrasure de la porte, passant de la cuisine au salon, deux tasses dans les mains. Du café, comme elle aime, et du thé pour moi.
J'ai passé ces derniers jours à vivre intensément chaque moment, à apprendre par cœur ses expressions, ses humeurs, ses habitudes, gravés dans ma mémoire ces goûts et dégoûts, chaque petite, infime chose d'elle.
Je veux qu'elle reste à jamais accrochée à chaque pore de ma peau, à chaque neurone de mon cerveau, à chaque souvenir de bonheur.
Peut-être est-ce absurde. Peut-être pas. Je sais que je peux la perdre, à cause de ce qu'elle est, à cause de ce que je suis.
Notre monde est en guerre et nous en sommes les acteurs. Je ne me fais pas d'illusions. Ce bonheur est presque trop parfait et je crains à tout moment de me réveiller dans un lit vide d'elle, d'une vie solitaire, sans elle.
Sans elle, et condamnée à souffrir du manque de mon premier, de mon unique amour.
Je ne veux jamais aimer quelqu'un d'autre qu'elle.
Déesse, laissez-la être mon unique compagne, mon âme sœur, mon amoureuse pour toujours et à jamais. Laissez-la être près de moi éternellement.
Laissez-moi l'aimer plus que tout chaque jour.
Je t'aime tant mon Hilde, ma guerrière, mon âme.

Je te tends ta tasse alors que tu reviens dans le monde du commun des mortels. Si je puis me permettre cette boutade.
Ton visage est grave, renfrogné presque, enfin, s'il n'était pas aussi impassible, il le serait. Ce sont tes yeux qui me le disent.
Tes yeux où je perds mon âme, mon souffle, mon cœur.
Ô Déesse ! J'ai envie de toi, de ta peau en sueur contre la mienne.
Argh. Refocalise-toi ma fille. Ne lui saute pas dessus.
Pas encore. Elle a quelque chose de grave à te dire et tu sais déjà que ça va te gâcher la journée.

- ...acté les garçons...

Bingo-test. Allons-y alors.

...
...
...

Je te regarde, penchée sur ton portable, occupée à mettre en place notre plan. Je soupire. Tu fais la grimace. Je ne sais pas trop ce que te disent les garçons mais je prie que ce ne soit pas Duo, que tu ne te rendes pas compte de l'erreur que tu fais en étant avec moi.
Je suis pathétique.
Je suis surtout si peu sûre de moi. Je veux dire... Oh zut. Je sais ce que je veux dire. Suis-je digne de ton amour ?
Je me sens si fragile, si minable.
Vous êtes tous si forts, tellement capable de vous battre, de défendre vos idéaux et moi qu'est-ce que je fais ?
Je regarde de loin et entreprends de passer les barrières des politiques qui se servent de moi comme d'un polichinelle.
Je voudrais être si forte. Capable de déplacer des montagnes pour toi, pour eux, pour vous.
Je t'aime.
Je veux un monde où nos enfants grandiront sans peur.
Des enfants. Je sais que j'y pense trop, qu'il est tôt, que nous avons le temps mais un bébé à nous deux, un petit qui grandirait de nos soins, de ton affection, qui te ferait sourire, rire ou... Mais peut-être que tu ne veux pas d'enfants ?
Je n'ose pas te demander.
Nous avons le temps.

Je te regarde, maintenant fixant avec envie l'appareil via lequel tu communiques avec les garçons.
Okay, je commence à comprendre pourquoi Duo ne supporte pas l'ordinateur de Heero. Tu m'étonnes. Je le fusille du regard.
Pourquoi ce n'est pas encore fini ? J'ai envie de bouder. J'ai envie de toi, de te faire l'amour, de me sentir rassurée et en sécurité entre tes bras. Je veux crier ton nom et que tu me fasses gémir comme tu sais si bien le faire.
Je veux que tu me regardes de tes yeux brûlants de désir et que tu me demandes de venir pour toi, d'être à toi, de jouir par tes mains. Je veux être à toi, ton violon, l'instrument de toutes tes gammes, la partition de notre amour.
Je veux que tu pianotes en douceur le ballet de nos passions. Et non pas que tu frappes avec vitesse ce clavier qui te vole à moi.

C'est officiel, je perds la tête, je suis jalouse, oui jalouse, d'une machine. Je préfère sortir précipitamment de la pièce, direction la cuisine. Je dois faire quelque chose de mes mains ou je provoquerai une bêtise en agissant comme une idiote impulsive. Et je le regretterai.
Je sais que c'est l'incertitude de mon retour au palais qui me fait agir ainsi. Comme une gamine corrompue recherchant toute l'attention.
Je me sens si inquiète. Je n'ai pas honte de t'aimer, d'être à toi mais j'ai peur qu'à cause de moi tu ne deviennes à ton tour une cible.
Je ne veux pas te perdre. Tu es tout ce que j'ai jamais voulu, la seule chose que j'ai jamais demandée. Je ne veux pas te perdre.
Je regarde par la fenêtre, ma tasse refroidissant peu à peu, toujours pleine. Je reste à contempler le monde gris qui bouche l'horizon de notre refuge. Mon humeur sombre s'accorde avec le paysage, ou plutôt le béton.
Je pense à mon « chez-moi », ce palais si grand, si vide, et pourtant rempli de gens qui gardent leurs distances, de protocoles et de vieilles manières. Je pense à la dernière fois où j'y étais.
Mes yeux se ferment, comme si la lumière, pourtant faible, était trop forte. La douleur me submerge et les larmes me montent aux yeux.
Le sentiment de trahison, de peur, d'impuissance et ce sang... C'est assez drôle car finalement, un silencieux fait quand même du bruit. Sourd, un peu comme quelqu'un qui essayerait vainement de siffler. Quand on l'entend, on ne réalise pas ce que cela signifie.
Peut-être qu'on ne réalise pas non plus quand le pistolet n'en est pas équipé.
Je l'ignore. Je ne savais pas que la douleur pouvait ressembler à ça. D'abord un engourdissement puis le froid et enfin, la chaleur avant qu'une sensation glacée revienne se lover contre l'épine dorsale.
Je frissonne et ramène un peu mon sweat-shirt près de mon corps.
En rentrant, je ferais condamner cette salle de bain. De toute façon, je ne l'aimais pas.
Et puis, je n'y vais jamais.
D'ailleurs, en général, je ne vais jamais dans l'aile ouest.
Bah...

Je regarde à nouveau par la fenêtre. Je tends l'oreille, espérant entendre le bruit du clavier. Je ne veux pas qu'Hilde me trouve dans cet état.
Je finis par poser ma tasse sur la table et vais me rafraîchir à l'évier en inox. La plomberie glougloute. Je ris doucement. Ce bruit me manquera.
Je me rends compte que ce bruit n'est pas vraiment bon signe mais je le trouve charmant et hilare. Tellement vrai, tellement normal. Commun.

Je m'essuie le bout du nez sur un torchon propre et je jette finalement mon thé dans l'évier. De toute façon, je ne le boirai plus.
Je prends un carré de chocolat dans la tablette qui trône sur la table et le laisse fondre dans ma bouche en imaginant que c'est la langue de mon amoureuse.

Bientôt, bientôt nous serons à la maison. Du moins, au palais. Ma maison est partout où se trouve Hilde. Je me rends compte que mon foyer c'est elle. Maison, douce maison.
Je souris maintenant, je le sens, mon visage doit se fendre d'une oreille à l'autre. Je ris un peu.
Hilde est en train de s'occuper de nous rendre libre.
Et quand on sera là-bas, dans cette bâtisse majestueuse, je la prendrai par la main et je la traînerai aussitôt vers la salle de bal.
Je fermerai la porte et, alors, je ferai jouer un opéra, sur la hi-fi, pendant que je lui ferai l'amour. Mes doigts tremblent à l'idée exquise de sa chair étendue sur les dalles de marbres blancs, le tempo lent et calme des violons résonnant pendant que je la caresserai...
J'ai chaud maintenant.
Tout un coup, je sens des bras serpenter autour de ma taille et un visage apparaître devant le mien.
J'ai la bonne, ou la mauvaise, grâce de rougir, prise en flagrant délit de fantasme. Je me sens humide et en feu à la fois.

Elle me sourit, comme pour dire que tout ira bien, que c'est fini, que c'est la fin des problèmes. Je me blottis contre elle, mes mains trouvent le chemin le long de son dos et vont se perdre dans ses cheveux.
Pendant qu'elle se penche vers moi, je laisse échapper un souffle.

- Je t'aime, M'entend-je murmurer.

Nos lèvres se fondent l'une à l'autre. Tu es mon foyer, mon autel, mon bonheur et ma liberté. Tu es mon paradis.
Et je serai heureuse auprès de toi. Sans aucun doute. Sans hésitation. Tu es ma vie.


L'une des deux dit que c'est mal agir
Et l'autre dit qu'il vaut mieux laisser dire


Le mot de l'auteur

Lied, fière d'elle : On avance, on avance même bien.
Relena : Et ça te rend heureuse !
Lied : Ben oui, j'avais peur de ne pas arriver à rendre mon scénario plausible e...
Hilde : Parce que tu crois qu'il est plausible !
Duo : Sur ce point, je suis d'accord. Et puis quelle réputation tu me fais. Tu n'as pas honte de mentir à d'innocents lect...
Lied : Quoi ! Tu... tu... toi !
Hilde sur le cul : Incroyable, Duo vient de lui faire perdre la parole.
Relena qui applaudit : Chapeau Duo !
Quatre se carapate et prend refuge dans les bras de Trowa : Pas bon... pas bon du tout. tremble
Lied se détourne et part en silence.
Duo : Qu'est-ce qui c'est passé ?
Relena : Je ne sais pas pourquoi mais ça ne m'a pas l'air d'être une bonne chose...
Hilde : Dites, c'est pas le bruit d'un clavier qu'on tape furieusement qu'on entend au fond ?
Duo, pâle comme mort : Rassurez-moi, elle n'est pas en train de...
G-Girls, compatissantes : Noooon... à part N'empêche. Je crois qu'oui. Moi aussi.
Duo : Je devrais p'têt aller présenter mes excuses ?
G-Girls : NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON ! SURTOUT PAS ! T'EN QU'ELLE SE VENGE SUR TOI, ON EST TRANQUILLE ! DUO ! DUO ! OÙ TU VAS ? NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !