Chapitre VI : Le bonheur est un papillon ; si beau mais bien éphémère…

Notre départ fut salué par l'ensemble des Weasley, ainsi que Sirius, à qui je conseillais fortement de bien faire attention à rester vivant pour voir le jour où j'épouserais Hermione…

Si seulement les choses s'étaient déroulées différemment, peut-être serait-ce le cas à présent, mais le destin en a voulu autrement…

C'est notre premier mois arrivé en Angleterre qui fut le plus difficile et agité. Entre trouver un appartement pour deux, les visites, organiser la paperasse pour mon nouveau travail à Poudlard, les réunions, prévoir un emplois du temps ainsi qu'un programme, faire des demandes au Ministère que Hermione ne cessait d'envoyer pour un nouveau poste, et le divorce, il ne nous restait que peu de temps à passer ensemble. Mais heureusement, dès le mois d'août, tout était revenu à peu près à la normale. Hermione avait enfin été acceptée dans le département des détournements d'objets moldus, nous avions un bel appartement, j'avais quasiment terminé mon programme pour la rentrée et le problème de divorce s'était mystérieusement arrangé. Nous nous doutions bien que Dumbledore y était pour quelque chose mais nous n'en avons jamais eu la preuve. Quoi qu'il en soit, du jour au lendemain, Krum avait décidé d'accepter sans condition le compromis de Hermione et le dossier fut miraculeusement classé en une semaine seulement, ce qui me permettait de jouir enfin de la toute nouvelle liberté de ma bien aimée. J'en profitais d'ailleurs peut-être un peu trop car à la fin de ce fameux mois, après un succulent dîner en tête-à-tête, elle m'annonça la meilleure nouvelle de ma vie :

Harry, m'interpella-t-elle sérieusement, j'ai quelque chose à t'annoncer…

Vas-y mon âme, je t'écoute, répondis-je avec un grand sourire.

Elle me jaugea du regard.

Tu sais bien que tu peux tout me dire, l'encourageais-je.

Très bien, soupira-t-elle. Ca fait bientôt maintenant deux semaines que je suis en retard de mon cycle…

Et alors ? L'interrogeais-je, ne voyant absolument pas où elle voulait en venir. Tu n'es pas malade au moins ? M'inquiétais-je.

Non, non, sourit-elle. Tu ne vois pas de quoi je veux parler ?…

Non, à moins que…attends voir…dis-je en relevant la tête d'incrédulité.

Oui, tu as compris, répondit-elle, son sourire s'élargissant alors que des larmes de joie coulaient sur ses joues. Je suis enceinte Harry…

C'est…c'est merveilleux ! M'exclamais-je enfin en me levant et la serrant contre moi.

J'avais si peur que tu le prennes mal…Sanglota-t-elle.

Il ne fallait pas…Tu ne pouvais pas me faire un meilleur cadeau. Tu te rends compte, dis-je après un instant de silence, je vais être papa, je vais enfin avoir une famille à moi…

Après cette nouvelle, l'idée de mariage me traversa plus d'une fois l'esprit, mais je préférais attendre d'être sûr que mon travail subviendrais suffisamment aux besoins de trois personnes. Les mois qui suivirent furent un véritable bonheur. J'étais le plus heureux des hommes, je voulais offrir à notre futur enfant tout ce que je n'avais jamais pu posséder moi-même : c'est à dire un véritable chez soi, sûr et où l'on se sentait en sécurité, une situation familiale stable, avec des parents sur lesquels il ou elle pourrait toujours compter. Aussi avais-je finalement demandé en mariage Hermione pendant le dernier mois de sa grossesse. Elle en fut si surprise et heureuse qu'elle en perdit momentanément la voix et ne put que me sauter au cou en m'embrassant. Nous décidâmes de nous marier après la naissance du bébé. J'avais longuement hésité entre Ron et Sirius pour devenir le parrain de l'enfant, mais je décidais de donner sa chance à Ron, Sirius ayant déjà fait largement sa part avec moi. Et puis, il serait toujours quelque part comme l'oncle.

J'étais véritablement au petit soin avec ma future Mme Potter. Nous nous étions accordé sur le fait d'aller le jour J dans l'hôpital le plus proche, même si celui ci n'était en rien un centre de soins magiques. Je m'étais plus d'une fois entraîné avec elle à transplaner dans un coin abrité des regards, non loin de l'hôpital. J'avais réfléchi à des noms, j'avais aménagé une chambre d'enfant, si bien que Hermione se moquait de moi en disant que c'était moi qui devait porter le bébé. Je m'imaginais déjà notre petit garçon ou petite fille recevoir sa première lettre de Poudlard, mais Hermione me ramena à la réalité :

Tu sais mon cœur, ce n'est pas forcé que notre enfant aie des pouvoirs magiques. Vu les antécédents de ta mère et mes parents, il y a de fortes chances pour que le bébé soit un Cracmol…

Ca ne fait rien, dis-je finalement, en caressant le ventre proéminent de Hermione. Bien sûr je serais un peu déçu mais, ça n'a pas de réelle importance, je serais tout de même fier de lui ou elle. De toute façon, sorcier ou pas, je lui parlerais de notre monde. Je ne lui cacherais pas la vérité sur ses origines comme on l'a fait pour moi, il saura tout, affirmais-je d'un ton déterminé.

Et puis, hier au soir, alors que j'entraînais mes élèves à leur examen de fin d'année, un hiboux urgent me parvint en plein cours, provenant de Hermione, comme quoi c'était le moment et qu'il fallait que je me dépêche de rentrer. J'ai donc envoyé un élève prévenir le directeur de mon départ imminent, pendant que moi, je courais vers Pré-au-Lard pour enfin pouvoir transplaner. Immédiatement arrivé à la maison, je cherchais ma future femme des yeux.

Je suis là, cria-t-elle du salon, alors que je venais de rentrer dans notre chambre.

Ca va, tu tiens le coup ? M'inquiétais-je après l'avoir rejoint.

Dépêche toi de transplaner avec moi à l'hopîtal, m'ordonna-t-elle d'une voix faible, j'ai déjà perdu les eaux…

Très bien, répondis-je, essayant de ne pas paniquer, je prends ta valise et j'arrive.

Avec une rapidité qui me surpris moi même, nous nous retrouvâmes à l'hôpital, devant un comptoir.

Excusez-moi Mademoiselle, interpellais-je d'une voix précipitée ce qui devais être une infirmière, ma femme va accoucher…Dis-je en désignant Hermione qui s'agrippait à moi.

Un brancard, vite ! Ordonna-t-elle à des hommes en blouse blanche.

En quelques minutes, Hermione se retrouva allongée sur un brancard avançant à toute vitesse vers une salle d'accouchement.

Ne t'en fait pas mon âme, tout va bien se passer. Pense à bien respirer ! Lui dis-je avant qu'elle disparaisse derrière une porte battante.

Excusez-moi Mr, vous êtes le père de l'enfant ? M'interrogea un médecin alors que je m'apprêtais à demander une blouse réglementaire pour rentrer.

Oui, pourquoi ?

Je trouve votre femme mal en point. Il y a longtemps qu'elle est dans cet état ?

Non, enfin…je ne crois pas…je travaillais et j'ai reçu…Je m'interrompis avant de dire le mot hiboux…un coup de fil de Hermione me disant que c'était le moment. Cela doit faire environ 20 minutes, il me semble…

Ah, très bien, je vois que vous n'avez pas perdu de temps. Mais je la trouve tout de même très pâle et faible…

Vous…vous croyez qu'il y a un risque pour le bébé ? M'inquiétais-je.

Pas vraiment pour le bébé, Mr…plutôt pour votre femme. C'est d'ailleurs pour cela qu'il serait préférable que vous ne veniez pas dans le bloc.

Très bien…acquiesçais-je, décontenancé et de plus en plus inquiet.

Je m'assis donc sur un des sièges près de la salle, dans une espèce de léthargie qui m'empêchais de voir quiconque passer devant moi, jusqu'au moment où j'entendis les premiers cris de douleur de Hermione. A partir de cet instant, il me fut impossible de rester immobile. Je faisais les cents pas devant le bloc, gênant parfois les infirmiers à sortir ou entrer pour avoir des nouvelles mais personne ne me répondit clairement. Ma frustration et mon inquiétude étaient encore à leur comble ce matin, alors que j'entendis le premier pleur de mon enfant. Cela faisait déjà sept heures que Hermione était arrivée et le bébé était né. Une interminable minute plus tard, le même médecin sortit, le visage fermé, ce qui augmenta d'autant plus mon angoisse.

C'est une petite fille…Dit-il simplement. Je ne pus empêcher mes larmes de joie de couler.

Et Hermione ? Demandais-je avec appréhension.

L'homme baissa la tête.

Je pense que vous devriez profiter rapidement de ces derniers instants avec elle…

Un grand effroi a envahi mon corps en entendant cette phrase. Ce n'était pas possible ! Pas maintenant ! Pas après tout ce qu'on venait de construire ensembles ! Je me suis alors immédiatement précipité dans la pièce d'un blanc immaculé. Contre le mur en face, Hermione était couchée avec notre petite fille dans les bras. Elle était si pâle que j'aurais pu la confondre avec les draps.

Harry ?…Dit-elle faiblement.

Je suis là mon âme…répondis-je après l'avoir embrassé sur le front. Sa peau étaient si froides.

N'est-elle pas magnifique ?…

Je n'ai pas pus m'empêcher de pleurer en entendant son bonheur.

Oui…dis-je d'une voix étouffée.

Oh, Harry, ne pleure pas, s'il te plaît…C'est un moment mémorable…

Elle donna le bébé à une infirmière, puis me saisit le visage de ses mains si douces.

Comment veux-tu que je sois heureux alors que je vais te perd-…

Mais elle mit son doigt sur ma bouche, puis essuya une de mes larmes alors que ses propres yeux brillaient à leur tour. J'admirais son courage.

Tais-toi s'il te plaît…Tu sais bien que tu ne me perdras jamais. Je fais parti de toi comme tu fais parti de moi. Rien ne nous séparera, je vivrais à travers toi tant que tu te souviendras de moi et aussi à travers notre enfant. Nous avons mis du temps à nous retrouver mais maintenant, plus rien ne nous éloignera l'un de l'autre…même pas la mort…

A ces mots, je me suis mis à pleurer davantage ; je ne pouvais et ne peux toujours pas accepter cette idée.

Je ne pourrais jamais vivre sans toi…C'est impossible…

Bien sûr que si…Qui va s'occuper de notre fille sinon ? Tu ne seras pas seul, je serais là, dans ton cœur…

Nous nous regardâmes avec intensité, comme tant de fois nous l'avions fait dans le passé. Pourtant, il me sembla que c'était la première fois que je pouvais tant lire de choses sur son visage : de la peur, de l'amour, de l'espoir, mais pas de tristesse.

Harry, me murmura-t-elle sans me quitter des yeux, tu es un grand sorcier…

Pas autant que toi, répondis-je doucement, une larme tombant de ma joue. Je réalisais seulement à cet instant que c'était exactement ce que nous nous étions dit lorsque nous recherchions la Pierre Philosophale.

Moi ? J'ai tout appris dans les livres. Mais il y a des choses beaucoup plus importantes ; le courage, l'amitié…l'amour…….Je t'aime Harry…dit-elle dans un dernier souffle de vie.

Non…Hermione…S'il te plaît…Je la secouais désespéremment, sachant pourtant que rien ne la ramènerait plus. J'étouffais un sanglot, Je t'aime Hermione...mon âme…lui répondis-je finalement en pleurant de tout mon cœur.

A ce même instant, toi, ma fille, mon enfant, comme si tu ressentais ma détresse, tu te mis à pleurer à ton tour, dans ton petit lit au fond de la pièce. Je ne pouvais plus rester dans ce lieu où ma femme venait de mourir. J'eus la sensation d'étouffer, il fallait que je sorte. Je me suis alors précipité vers le hall et me suis assis sur le premier siège que j'ai trouvé, mes jambes trop lourdes pour me supporter plus longtemps. Sur l'instant, j'ai vraiment cru que tout bonheur était terminé pour moi…Mais j'avais tord, puisque je t'ai, toi…

A suivre…

Ca y est, on arrive au bout !