Drago s'arrêta sur le pas de sa porte. Il regardait,
interdit, la sublime créature qui trônait sur son
lit.
Assise, une jambe repliée sous elle, elle était
occupée à faire un chignon négligé de ses
longs cheveux auburn. Sa jupe, remontée sur ses cuisses,
laissait apparaître la peau laiteuse de ses jambes. Elle
chantonnait doucement, son pied nu frôlant la moquette épaisse
au rythme de sa mélopée.
Elle semblait parfaitement
à sa place dans la chambre du jeune homme et ce seul fait
rendait la situation parfaitement incongrue.
Posant un doigt
d'albâtre sur ses lèvres cramoisies, elle dit a voix
basse : "Ne laisse donc pas cette porte ouverte, tu vas
refroidir l'atmosphère".
Sans réfléchir,
il obtempéra. Au déclic du penne dans le chambranle, il
eut un éclair de compréhension et se retourna
vivement.
Elle s'était levée et coulait lentement
vers lui, sa robe rubis épousant ses formes parfaites jusqu'à
ses hanches puis s'évasant en une fontaine de tissus qui lui
donnait l'air de glisser sur le sol plutôt que de marcher.
Il
la dévisageât.
- Hermione ?
Elle s'arrêta en souriant langoureusement.
- Tu m'as
reconnue. Je suis flattée, Drago.
De savoir que c'était
bien elle ne le soulageait pas du tout. Que diable lui était-il
donc arrivé ?
Dire que le vilain petit canard s'était
transformé en cygne était un énorme euphémisme.
Elle était tout simplement belle a couper le souffle. Chaque
parcelle de son corps était électrisée par la
présence de la nouvelle Hermione. Il avait l'impression que
son coeur exploserait si elle venait à l'effleurer et que son
coeur exploserait si elle n'envisageait pas de le toucher. Tout en
elle appelait au plaisir et à la sensualité. Il se
sentait capable de mourir pour une caresse d'elle. Un tel changement
n'était pas possible, pas normal ; et bien que totalement
sous le charme, il se força à avoir l'air courroucé
et inquiet.
- Tu as bien changé, Granger. M'aurais-tu
envoûté ?
Il essayait tant bien que mal de donner à
sa phrase un élan d'animosité mais le ton était
pleurnichard et suppliant.
Elle ri discrètement, plaçant
sa main devant sa bouche.
- Envoûté? Pas vraiment.
Mais tu as raison de dire que j'ai changé.
- Vois-tu, Drago. J'ai reçu de la visite cet été.
Une visite un peu spéciale. Une visite mortelle pour ainsi
dire.
Tout en parlant, elle s'était approchée de
lui. Ses mains, papillons diaphanes, voletaient en déboutonnant
la chemise de velours. Drago était littéralement brisé
entre sa fierté de sang-pur et son envie d'elle.
- Il
semble que Voldemort ait décidé de continuer son
travail de sape auprès de Harry. Il m'a donc envoyé un
de ses émissaires. Pensant retirer un support de plus à
Harry, je suppose.
Drago n'entendait son discours qu'à
moitié, ses sens ensevelis sous le plaisir intense que lui
procuraient les mains froides d'Hermione courant sur son torse et son
cou.
- Tu dois te dire que j'étais prête, n'est-ce
pas ? Oui, Hermione l'organisée,
Hermione-je-sais-tout.
Enroulant ses bras autour du cou pâle
du jeune homme, elle approcha ses lèvres de son oreille, son
corps du sien.
- Eh bien, je vais te faire un aveu, Drago. Je
n'étais pas prête.
Drago dérivait dans un brouillard de sensations et de sentiments. Désir et haine déversaient leurs toxines dans ses veines en un cocktail explosif. Bien qu'étrangement conscient de l'importance des paroles de la jeune fille, il se sentait dans l'incapacité de suivre autre chose que le doux déplacement des mains d'Hermione sur son corps. Elle avait à présent ouvert sa chemise, le faisant prisonnier avec son propre vêtement. Mais il lui semblait qu'elle le tenait avec un lien bien plus puissant encore. Cette chose nouvelle qui émanait d'elle, cette aura de puissance et de force à laquelle il ne pouvait se soustraire.
Pourtant, il avait un autre sentiment sous-jacent. Quelque chose
de plus viscéral. Quelque chose de dur, de froid, de
calculateur émanait de la jeune fille. Quelque chose qui
tordait les entrailles de Drago de son message de danger.
Faisant
un effort sur lui-même, il se concentra sur cette sensation et
se laissa gagner par sa colère.
Il lui attrapa les
poignets, l'emprisonnant dans un étau de fer. Serrant de
toutes ses forces, il amena la jeune fille tout contre lui, tout près
de son visage. Pâleur contre pâleur. Elle soutint son
regard et attendit.
Espérant un signe de souffrance qui ne
vint pas, Drago fini par se lasser et la rejeta violemment sur le lit
ou elle se recroquevilla en un gémissement... vaincue,
enfin.
La dominant de toute sa taille, se sentant enfin maître
de lui, il s'approcha du lit et dit d'un ton dur.
- Et où
tout cela nous amène-t-il Hermione ? Ça ne me dit pas
comment ni pourquoi tu as atterri ici.
Le corps de la jeune femme
fut saisi d'un spasme qu'il prit pour de la peur ou de la soumission.
Jusqu'à ce qu'il l'entende.
Elle riait.
Elle se détendit et se redressa en souriant.
- Mais j'y
viens Drago, j'y viens, susurra-t-elle d'un ton aussi enivrant que du
vin chaud.
Ses yeux bruns semblaient briller d'une étrange
flamme rouge, plus resplendissants encore, tout comme les lèvres
vermeilles, au milieu du visage pâle d'Hermione.
En une
fraction de seconde, les rôles s'inversèrent et Drago
fut à nouveau incapable d'une pensée ou d'une action
cohérente, subjugué qu'il était par les lèvres
charnues de la jeune femme.
- Ainsi donc, je n'étais pas prête. Et j'ai bien
failli y rester. C'est uniquement à cause d'une maladresse de
mon assaillant que je suis encore en vie. Une maladresse sanglante,
pour ainsi dire.
Drago l'écoutait distraitement, surtout
intéressé par les mains claires voletant sur son torse
à nouveau.
- Tu vois, Drago, c'est de là que vient
mon changement. J'ai frôlé la mort comme bien peu l'ont
fait. En réalité, je SUIS morte. Et revenue à la
vie d'une certaine façon. Et cela a bien changé ma
perception des choses. En voulant priver Harry d'un de ses appuis,
Voldemort lui a fourni une alliée puissante et féroce.
Car c'est ce que je suis devenue.
Drago frissonna imperceptiblement au nom du maître des
ténèbres mais la peur qu'il en avait était noyée
dans les sentiments contradictoires que laissait en lui la présence
incroyable d'Hermione.
Ses gestes, si fluides un instant
auparavant, se firent saccadés, donnant une image
stroboscopique de ses mouvements. Tout en parlant, et en caressant le
torse, le visage, les épaules, elle s'était levée
et contournait le jeune homme pétrifié de désir
et de peur.
- Mais ce n'est pas pour cela que je suis venue
aujourd'hui. Je suis venue pour te faire un aveu très
important, Drago, bien que je t'en aie déjà fait un ce
soir.
Elle était derrière lui à présent,
levée sur la pointe des pieds pour que ses lèvres
puissent courir sur la nuque tendue de Drago, y déposant de
délicats baisers.
- Je suis venue te dire que tu avais
raison. Tout ce temps, oui, tu avais raison, Drago. Les Sang-purs
sont meilleurs que les autres sorciers.
Les yeux du jeune homme
s'agrandirent sous l'effet combiné de la surprise, du plaisir
et de la compréhension comme les canines nacrées de la
jeune vampire plongeaient dans sa gorge offerte.
Elle but
longuement, se rassasiant de son sang, du désir qu'il
contenait, flamboyance au coeur du torrent rouge de la vie de Drago
Malefoy.
Relevant la tête, elle lâcha sa proie qui retomba
inerte sur le sol.
- Ils ont meilleur goût, murmura-t-elle
avec un sourire carnassier, une goutte de sang s'écoulant sur
sa gorge opaline.
