Est-ce que vous connaissez "With or without you" de U2? Ce weekend, j'ai écouté en boucle une version reprise par une chorale belge. (Thalie qui plane) Ça m'a inspiré la fin de ce chapitre, qui du coup arrive plus tôt que prévu.

J'ai trouvé une phrase, qui correspond bien à la situation, dans le tome 3 de Saiyuki. Elle servira de prélude.

J'espère que vous serez aussi envoûtés que moi à la fin de cette lecture.

Laissez une petite review si ça vous plaît....

« Transperce moi le cœur de ton regard. Emmène-moi au paradis encore et encore »

Chapter VIII : First strike

Le soleil était déjà haut dans le ciel.

Selenia s'assit sur son lit. Elle se sentait un peu moins cassée. Bibi était roulé sur ses genoux.

Quelqu'un frappa à la porte.

« - Oui ? »

Gokû rentra et lui sauta dessus.

« - Salut !!!!!

- Ouch, fais attention, j'ai des chips à la place des vertèbres.

- Des chips ? Harahetta ! Tu veux que j'te porte un truc à manger aussi?

- Je veux bien, mais ne dévore pas tout en route. »

Gokû se précipita aux cuisines, en manquant de renverser Hakkai. Ce dernier rentra dans la chambre.

« - Bonjour ! Comment va notre casse-cou ?

- Elle a le cou cassé.

- Elle a eu de la chance. Elle a fait une belle chute. »

Elle s'adossa au mur en soupirant. Hakkai s'assit sur la chaise.

« - Selenia...

- mmm ?

- J'ai remarqué une chose, depuis quelques temps.

- Quoi ?

- Je ne sais pas comment te le dire... Disons que tu as une petite étincelle dans les yeux quand tu le regardes. J'ai l'impression que tu es tombée amoureuse.

Elle tourna vers lui de grands yeux stupéfaits.

- Gojyo ?

- Non ! Pas de Gojyo.

- De qui alors ?

- Tu ne t'en es pas rendu compte ? »

Maintenant elle se souvenait. Ce qu'elle avait ressenti avant que le hanyo arrive, elle l'avait ressenti avec Kenren autrefois. Mais cette fois c'était beaucoup plus fort. Elle interrogea Hakkai du regard. Il lui sourit. Elle rougit.

« - Ça se voit tant que ça ?

- Il faut l'avoir vécu pour le voir. Les deux autres n'ont jamais été amoureux. Vous vous regardez comme Kanan et moi nous regardions. Je ne pensais pas que ça lui arriverait.

- Il...

- C'est encore plus flagrant que chez toi. Il n'a pas hésité à sauter dans le ravin pour aller te chercher. Je crois que c'est la première fois que je l'ai vu aussi effrayé. Il est resté à ton chevet tout le temps. Pas moyen de le faire bouger. Depuis que tu es réveillée, il s'est enfermé dans sa chambre. Je pense qu'il doit se détester.

- Pourquoi ?

- Tu connais Sanzo. Il n'aime pas s'attacher aux autres. Rien que l'idée qu'il puisse tenir à quelqu'un doit lui faire horreur. À mon avis il n'arrivera pas à l'admettre. Gokû et toi, vous avez un don pour briser le mur céleste.

- ...

- Peut-être que c'est l'amour qui t'a poussée à te jeter entre lui et le yokai.

- Je me sens complètement ridicule.

- Malheureusement, on ne peut rien y faire !

- T'es dangereux, toi ! Tu peux nous faire chanter.

- Ne t'inquiète pas.

- ...Ça va être de la torture...

- L'amour est plutôt une douce torture.

- Surtout quand un yokai tombe amoureux d'un humain, d'un moine en plus.

- Il n'a de moine que le titre.

- N'empêche que j'attire le tabou...

- On ne peut pas t'en vouloir, tant que c'est par amour et que ça ne met pas le monde en péril.

- ...Tu es sûr qu'il m'aime ?

- Certain. »

Elle se mit à dessiner avec son doigt sur les écailles de Bibi en se mâchouillant la lèvre. Hakkai sentit qu'elle imaginait un plan et rit de sa mine d'enfant en intense réflexion. Après quelques instants, elle le fixa avec un air de gamine déterminée.

« - Secret défense absolu !

- D'accord... »

Elle le toisa quelques secondes, puis enfouit sa tête pivoine dans son oreiller. Un cri strident étouffé par le tissu s'éleva dans la pièce. Quand Gokû revint avec le repas, il trouva Hakkai mort de rire sur sa chaise et Selenia morte de rire dans son coussin.

...

« - Hey !

- Pffff...

- Tsss.

- Ah là là... T'es pas marrante...

- zzzz...Hara...hettaaa...

- tch, baka...

- Estomac à pattes !

- La ferme derrière ! »

Ils avaient repris la route la veille. Il faisait nuit. À l'avant, Hakkai dormait, Sanzo grommelait en serrant son flingue, à l'arrière Gokû ronflait dans les bras de sa sœur, elle-même adossée contre Gojyo qui la tenait par l'épaule. Malgré son titre de grand frère, il avait tenté de poser sa main sur sa cuisse, mais comme d'habitude, elle l'avait gentiment repoussé en riant doucement. Comme d'habitude, Sanzo voulait le silence.

« - Qu'est-ce qu'il y a ? Tu nous fais une crise de jalousie?

- Urusei !

- Ooouuu, Sanzo !!!!!... Je ne te croyais pas comme ça.

- Continue et j'te bute !

- Jojo, arrête...

- J'laisserai pas un moine pourri toucher à ma Ni...Itte ! »

Elle lui avait donné un coup de coude dans le ventre et s'installait plus confortablement en lui tenant la main.

« - Dors, aho ! »

Un peu plus tard, Gojyo et Gokû ronflaient en choeur. Silencieusement, Selenia se glissa sur la banquette avant :

« - Sanzo...

- Retourne avec ton Jojo.

- T'es jaloux ?

Il braqua son revolver sur elle. Elle le regarda avec un air faussement surpris, puis, soudain, elle le lui arracha des mains et le retourna vers lui.

- J'vais utiliser la seule méthode que tu comprennes alors... Je retournerai derrière si tu m'embrasse.

- Tu te fous de moi ?!

- Pas du tout.

- Retourne derrière, siffla-t-il.

Elle appuya un peu plus fort sur sa tempe.

- Quand tu veux.

Il la toisa. Elle lutta de toutes ses forces contre les éclairs qui lui transperçaient la poitrine. Il ne fallait pas qu'elle se démonte maintenant. Elle avait le sentiment d'être celle qui était menacée d'une balle. S'il savait...

Les dents serrées, il pressa ses lèvres contre celles de la jeune femme pour les retirer presque aussitôt.

- C'est bon, maintenant ?

- Qu'est –ce qui va pas ?

Il montra son châkra.

- Ouais, je sais, t'es un moine... qui fume, picole, ne croit même pas en dieu... d'accord, t'as des sutras...mais, l'excuse ne marche pas.

- Bon tu dégages ? »

Elle fit claquer le cran de sécurité, mais il tira le premier. Ses yeux violets lui envoyèrent une balle en plein cœur. Elle rassembla ses dernières forces. Elle y était presque.

Il baissa le regard et joua avec une de ses mèches brunes. Il l'attira doucement vers lui et l'embrassa, passionnément.

Elle se sentit envahie par cette impression de planer qu'elle avait ressentie quelques jours auparavant, plus rien n'existait à part lui, son souffle tiède sur son visage, ses doigts effleurant sa peau, ses lèvres chaudes contre les siennes...

Il lui caressa le bras et pris sa main dans la sienne. Il récupéra l'arme.

Le métal froid contre sa nuque tira la jeune femme de sa torpeur. La voix placide et impérieuse de Sanzo murmura à son oreille : « Tu peux retourner derrière maintenant. »

Sans ouvrir les yeux, comme pour rester dans son rêve, Selenia rejoignit sa place.

Hakkai entrouvrit un œil et sourit imperceptiblement.

La pleine lune était entourée d'un océan étoilé.