Konnichiwa minna-san!

Voici le tant attendu (par moi) chapitre 13! La deuxième moitié de l'histoire est bien entamée:)

Ce n'est pas très réjouissant mais bon c'est le destin...

Kisu à Lacrysia ma musume, à Meuhmeuh la déesse de photoshop, à Mellyna admin vénérée, à Blackfan Hoshi sama, à Anyssia la ptite dernière, et tous les aimables petits lecteurs qui laissent des reviews!

#Thalie en cape noire# bienvenue à la fin du monde niarfniarfniarf... Profitez du spectacle! #disparaît dans un nuage de fumée#

#voix de nulle part et partout# Bonne lectuuuuuuuuuuuuure

Chapter XIII : Sun set

« - Les fleurs sont belles, les femmes aussi…ajoutez-y un bon sake et ça me suffit… »

Kenren but une gorgée alcoolisée. Tenpo soupira.

Tout était si calme…

La 90e fleur de cerisier laissa sa place à une petite feuille. Le soleil allait bientôt se coucher emportant le dernier soir de l'été.

Selenia contempla son dessin tracé dans le sable et la poussière. Chaque jour, elle changeait un détail de l'arbre. Elle refusait d'être coupée de toute vie pour l'éternité et s'appliquait à le faire évoluer au fil des saisons. C'était le seul élément qui la maintenait dans le temps.

Ce jour-là, cela faisait tout juste deux ans qu'elle était prisonnière de ce cadre immuable. Elle revoyait la lune chaque nuit, mais enchaînée à la montagne, les rayons argentés ne l'atteignaient pas. Ni les nuages, ni le vent, ni la pluie… Elle aurait oublié leur existence si elle ne les avait pas matérialisés à ses côtés d'un tracé du bout de l'ongle.

Condamné à une solitude immortelle, on arrête de penser pour que la peine s'éloigne, on arrête de bouger pour ne plus souffrir, on devient statue pour avoir l'illusion du repos éternel. Cependant, Selenia avait ce défaut sans lequel le désespoir n'existerait pas : elle réfléchissait trop. Ses souvenirs étaient ses dernières ancres l'empêchant d'être emportée vers une mer infinie et plate. Elle voulait encore sentir les remous de la vie, chercher les détails infimes qui font que chaque seconde est différente de la précédente, apprécier le lever du soleil chaque matin ; elle refusait de rester insensible à la magie de la nuit, de ne plus comprendre le sens du « temps qui s'écoule », elle refusait d'oublier.

Le jumeau dévastateur du désespoir lui donnait une raison d'attendre patiemment ; l'espoir lui soufflait que toutes les personnes qu'elle aimait étaient en vie, ils ne l'oublieraient pas et seraient toujours à ses côtés.

Elle avança du plus que ses chaînes le lui permettaient et tendit la main. L'or du couchant se déposa sur sa peau blanchie par l'ombre. Elle ferma les yeux afin que son esprit entier soit baigné dans cette chaleur. Des frissons chaud envahirent peu à peu son corps. Il lui sembla bientôt sentir une main tiède contre sa joue. Elle souleva une paupière.

Sa voix s'éveilla après deux ans de silence.

« - Kenren ! »

« - Ritôten l'a remarqué… ?

« - Oui. Ça ne présage rien de bon. Il vaudrait mieux les empêcher de se voir.

« - De toute façon, ça m'énerve qu'il sorte tout le temps.

« - Il n'y a pas que ça.

« - … ?

« - Vous le savez. Nataku a une durée de vie très limitée. Une rumeur court dans les hautes sphères que Son Gokû prendrait son titre de dieu de la Guerre.

« - Tch ! Le singe ? Pourquoi voudraient-ils d'un animal qui saute partout ?

« - Ses yeux…

« - Je vois. Ils confient le sale boulot aux « aberrations ».

« - Mais si Gokû prend la place de Nataku, le poste de Ritôten à la tête de l'armée n'a plus aucun sens…

« - Et… ?

« - Ritôten a ordonné à Nataku de le tuer.

« - Nand… ! »

Tenpo fit signe à Konzen de se taire. Il y avait eu un cliquetis de pas entravés par des chaînes.

« - Il nous a entendu.

« - Baka saru !

« - J'ai peur qu'il ne fasse une bêtise. »

Ils se précipitèrent dans le couloir, désert. Gokû était déjà loin.

Il courait sans trop savoir où il allait. Son cerveau d'enfant ne comprenait pas tout ce qu'il avait entendu, mais il était sûr d'une chose : Nataku et lui avaient des problèmes.

Il fallait qu'il le voit. Comment était-il possible que Nataku veuille le tuer ? Ce devait être des mensonges. Où le trouver ?

Son instinct le conduisit vers la salle du trône.

Nataku tenait droit son petit corps au milieu de la grande salle. La main dominatrice de son père pesait sur son épaule, plus lourde que jamais.

Brisant le recueillement de la réunion, une petite voix pétillante l'interpella.

« - Nataku ! »

Tous les dieux présents se tournèrent vers la créature qui avait osé interrompre le Tentei. Kenren grimaça. Tenpo et Konzen se faufilèrent jusqu'à lui.

« - Nataku ? Qu'est-ce qu'il se passe ? »

Le jeune dieu de la guerre ne pouvait pas répondre. Il le regardait presque sans le voir.

Deux mots sifflèrent à ses oreilles :

« - Tue-le… »

Il vacilla.

« - Tue-le ! »

Tous les yeux étaient braqués sur lui. Ces deux mots résonnaient dans sa tête chassant toute autre pensée. Son cœur protesta, mais l'aura glaciale de son père lui rappela sa seule raison d'être : obéir. Un sabre se matérialisa entre ses doigts crispés.

Tenpo et Kenren bondirent de la foule.

« - Veuillez cesser votre jeu infâme, ordonna Tenpo sur un ton calme masquant difficilement sa colère. »

Kenren ne prit pas la peine de discuter, il se rua sur Ritôten… mais fut repoussé violemment par un éclat d'argent.

Ritôten eût un sourire aussi étincelant que des dagues affûtées.

« - Mon fils ne permettrait pas qu'on lève la main sur son père… »

Tenpo s'était glissé discrètement derrière lui et allait lui porter un coup mais le talent guerrier de Nataku s'interposa et le blessa à l'épaule. Il agissait comme un automate. Un mot de son géniteur et il se tourna vers sa première cible, deux syllabes résonnant toujours plus fort comme un tambourinement obsessionnel « tue-le… tue-le. Tue-le ! TUE-LE ! »

Le prince guerrier ferma les yeux et s'élança sabre en avant.

« - Omae wa…

Konzen esquissa un bond hors de la foule, mais trop tard.

Gokû… »

Gokû, tête baissée, n'avait pas bougé d'un pouce. La pointe mortelle s'était figée à un cheveu de sa gorge. Il leva les yeux sur son ami dont l'expression était chargée de questions intérieures. Sa conscience s'était réveillée en entendant le nom de cet enfant, le seul être qui l'avait considéré comme un ami, pas une machine à tuer. Ce même regard doré si chaleureux qui avait donné un sens à sa vie deux ans plus tôt.

Non ! Il ne ferait jamais de mal à une personne si précieuse. Il n'obéirait plus à ce tyran. Il ne serait plus le pantin tueur du Tenkai.

« IIE ! »

À sa grande surprise, Gokû reçut des gouttes de sang sur la peau. La chute du sabre divin sembla durer une éternité et se termina par un rebond à l'écho interminable. Nataku tomba à genoux en tenant son épaule ensanglantée. Son bras droit gisait sur le sol froid, comme épuisé de tenir la poignée.

Ritôten brisa le silence.

« - Cela n'empêchera pas mon fils d'exécuter mes ordres ! Nataku tue cet hérétique ! »

Ces paroles entrèrent comme un typhon dans l'oreille de Gokû qui, interloqué, contemplait le visage tourmenté de douleur de son ami. Une vague noire submergea son être. Un claquement retentit dans la salle, puis un hurlement déchirant.

Ritôten avança, dague à la main, sur Gokû à quatre pattes. Une pulsation freina son geste. Une aura familière se ressentait. L'aberration tourna la tête vers lui. Ses cheveux flottaient autour de son visage. Sa mine enfantine avait disparue. Dans ses iris dorés ne luisaient plus qu'un désir : tuer.

La peur envahit Ritôten, un sentiment d'impuissance qu'il avait déjà connu. Un minuscule sourire, c'est la dernière chose qu'il vit.

Kenren reconnut ce comportement.

« - Tenpo ! Il faut l'arrêter, il va tous nous tuer ! »

Il avait entrepris de mutiler le corps presque mort à coups de griffes et de dents.

Kenren l'écarta d'un coup de poing.

« - Reprends tes esprits baka saru !

- Attention, cria Tenpo. »

Le bruit sinistre de la chair tranchée emplit la pièce. Kenren s'assit péniblement en se tenant les côtes. Il jura. Sa blessure était profonde, il n'osait même pas imaginer son état si Tenpo ne…

Son aide de camp ne bougeait plus. La teinte livide de la mort se peignait sur son visage. Kenren le supplia de tenir. Tenpo sourit faiblement avant que son menton ne s'affaisse lourdement sur sa poitrine.

Gokû se léchait les doigts avec un plaisir indescriptible.

Un mouvement de panique agita la foule jusque-là paralysée devant le spectacle. Mais la fureur de Seiten Taisen n'était pas apaisée.

Du sang, plus de sang…

Les premiers dieux à atteindre la sortie furent aussi les premiers à goûter la mort. Les colonnes de bois jadis immaculée furent témoin de la faiblesse des immortels face à la destruction incarnée.

Konzen attrapa le poignet de son animal avec colère.

« - YAMERO ! »

Une douleur cinglante lui déchira le buste. Il tituba. Quel était ce froid intense qui s'insinuait sous sa peau ? Il regarda avec stupéfaction les traces rouges tâchant ses mains. Une brume sombre gênait sa vue. Est-ce que c'était ça la mort ?

Gokû était resté paralysé. Le sang du dieu aux cheveux d'or le brûlait. Tout le plaisir du carnage s'était envolé.

Ses jambes se dérobèrent quand Konzen s'effondra sur lui. Il venait de crever le soleil, plongeant son monde dans une obscurité éternelle.

Kenren rampa parmi les cadavres, il lui restait une chose à faire…

Les yeux vides de Nataku glissaient sur le paysage de Saika.

Ce village était si paisible. Et pourtant le monde le dégoûtait. Humaine ou yokai, mortelle ou immortelle, chaque destinée menait inévitablement à la destruction. Ou pouvait-on trouver de l'amour au milieu de tant de haine ? Ou trouver l'espoir dans le noir de la solitude ? Une voix lointaine voleta dans les branches.

« Tant que quelqu'un pensera à toi, tu ne seras jamais seul. »

Elle n'était plus là, la première à lui apprendre ce qu'était l'affection…

Après que Bosatsu lui ait reconstitué son diadème, Gokû s'était évanoui. Il souffrirait de ses actes en se réveillant, Nataku n'avait pas sacrifié son bras pour que son ami soit hanté pour l'éternité par ses actes. Il lui avait donc bloqué la mémoire. Mais alors il ne se souviendrait plus de lui…

Il sourit amèrement. Plus personne ne pouvait penser à lui. Il était seul.

Jetant un dernier regard à cet endroit où on lui avait promis des retrouvailles, il ferma son esprit à tout jamais.

« - Kenren ! »

Selenia frôla ses lèvres bleues du bout des doigts, comme pour vérifier qu'il était bien réel. Le contact était froid. La vie s'échappait lentement de son corps, mais il lui sourit.

« - Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

Il prit sa main et la pressa contre son cœur, fuyant la souffrance pendant quelques instants.