C'est la rentrée! Retour de l'inspiration qui était partie en vacances, elle...

A partir de ce chapitre, jusqu'à la fin de cette fic je mettrai des titres de musiques de Saiyuki en titre de chapitre, pour l'ambiance dans laquelle j'écrivais.

Ceci est ze petit chapitre où il ne se passe rien mais... je n'en dis pas plus.

J'espère qu'il vous plaira malgré tout

Bonne lecture et kisu à tous

Chapter XVI : Thoughtfulness

« - J'ai encore faaaiiiim !

La voix gémissante de Gokû couina derrière une gigantesque pile d'assiettes vides.

- Courage Kokû, le prochain repas est dans seulement quatre heures ! »

Selenia comptait mentalement les plats empilés en face d'elle.

« - C'est loooooiiiiiiin !

- Damare ! »

Sanzo et Gojyo s'étaient levés en même temps en renversant toute la vaisselle. Un gargouillement résonna sous le tas d'assiettes. Hakkai et Selenia étouffèrent un fou rire.

« - Bon ! Il est temps d'aller faire les courses. Des volontaires ? »

Un silence profond s'installa autour de la table. Selenia avait le bras levé et un très grand sourire aux lèvres.

« - Comme d'habitude, soupira Hakkai. Gokû ? Tu veux accompagner Selenia-chan ?

- J'ai trooop faaaaiiiiim !

- Bon alors, je…

- Non, coupa Selenia. C'est pas juste. Ce sont toujours les mêmes qui y vont !

- Pas question que j'y aille, expliqua posément Sanzo.

- Si, s'exclama Gojyo. T'y vas jamais !

- Toi non plus, répliqua-t-il le revolver orienté vers le hanyo.

- Il y est allé une fois, corrigea Hakkai.

- L'horreur, gémit l'intéressé. Elle est crevante à s'arrêter à chaque vitrine.

- En attendant, c'est toujours moi qu'y m'en occupe et t'es bien content d'avoir quelque chose à manger sur la route. De toute façon c'est le tour de Sanzo.

- Haha, deux voix contre le bonze pourri !

- Trois, désolé Sanzo.

- Quatre ! Je veux quatre nikumans ! »

Le moine fusilla ses compagnons du regard. Il ouvrit la bouche, mais n'eût pas le temps de râler.

« - Allez Sanzo-sama, on se bouge ! »

Selenia le traîna de force à l'extérieur.

BANG ! La porte claqua.

BANG ! Un coup de feu retentit, suivi d'éclats de voix.

Gojyo esquissa une grimace machiavélique.

« - Lequel des deux va le plus énerver l'autre ?

- Ne sourit pas comme ça, conseilla Hakkai. Tu sais très bien qui Selenia va forcer à aller avec elle la prochaine fois… »

Une petite flammèche jaillit du briquet pour allumer la cigarette de Sanzo, qui marchait dans le centre-ville ensoleillé. Les habitants étaient tous dehors, conversant gaiement. Aucune présence hostile ne perturbait les lieux. Cette ville semblait épargnée des troubles causés par la folie des yokais. Ce calme ne déplaisait pas au moine.

Mais quelque chose le faisait bouillir de l'intérieur. Un grondement sourd lui échappa :

« - T'as fini de te moucher sur les vitrines ! »

Selenia décolla son nez de la vitrine d'un antiquaire.

« - J'exerce mon ouverture d'esprit, expliqua-t-elle avec un air hautain.

- T'es pas obligée de t'écraser comme une pauvre mouche sur les vitres et faire des grimaces débiles aux vendeurs ! »

Elle prit une expression offusquée, puis partit vers une boutique vestimentaire en marmonnant un « coincé ». La cigarette se consuma en quelques secondes. Sanzo jeta violemment le mégot à ses pieds et tempêta vers la jeune femme qui faisait essayer des tenues à son reflet. Il lui saisit le bras et la tira en arrière.

« - J'ai pas que ça à faire ! Alors arrête tes c… »

Elle étouffa la fin avec ses doigts. Un sourire railleur s'étira sur son visage.

« - Toi qui n'aimes pas te donner en spectacle, tu attires encore plus l'attention que moi : un bonze qui débite des gros mots… »

Il claqua sa main, libérant sa bouche, puis s'éloigna, vers n'importe quelle boutique mais loin.

« - Boulet… »

Selenia chuchota à des passants curieux de ne pas s'inquiéter, qu'il ne mordait pas souvent, puis, apercevant l'éclat argenté d'une arme à feu, elle trottina à la suite de Sanzo.

« - Tiens ! tu me suis maintenant, s'étonna-t-il.

- Ba oui. C'est toi qu'as les sous…, expliqua-t-elle. »

Elle lui arrangea une mèche derrière l'oreille. Cette sensation l'interrompit, alors qu'il allait faire un commentaire désobligeant. Au lieu de ça , il s'écarta en silence et entra dans un magasin.

« - Toi et la galanterie ça fait deux, critiqua Selenia. »

En guise de réponse, Sanzo plongea la main dans son sac plastique et en sortit une petite boîte cartonnée toute neuve. Un râle surgit de derrière deux énormes sacs en papier. Le vent poussait la fumée vers l'arrière.

« - Pourris-toi les poumons, mais laisse les miens tranquille ! »

Selenia pressa le pas, doubla le moine et tourna au coin de la rue.

Un certain nombre de minutes plus tard, Sanzo perdit patience.

« - On va tourner en rond encore longtemps ?

- Si tu te concentrais sur le chemin plutôt que sur ta clope…

- En tout cas j'ai eu un superbe aperçu de ton « intuition féminine ».

- Tiens par là, c'est un raccourci. »

Elle passa les petits murs d'un parc, les graviers des allées crissèrent sous ses pas. En levant les yeux au ciel, Sanzo atteignit l'endroit où elle avait posé ses sacs, aux pieds d'un gigantesque prunier couvert de fleurs blanches.

« - Si dans trente secondes tu n'es pas descendue, je met le feu à l'arbre, prévint Sanzo en sortant son briquet. »

Deux longues couettes brunes tombèrent des ramures, suivies d'une tête à l'envers.

« - Tu pollues la nature avec tes trucs ! »

Selenia afficha une moue accusatrice, les bras croisés, en cochon pendu sur une branche. Sanzo fit comme s'il n'avait rien entendu. La jeune femme lui chipa donc sa cigarette et aspira une bouffée qu'elle lui recracha à la figure aussitôt. Le moine se recula en grimaçant.

« - Tu vois que c'est désagréable, toussa Selenia. »

Il lui reprit le mégot, le jeta puis s'assit contre le tronc.

« - Mes trente secondes sont passées , demanda Selenia en se balançant sur son perchoir.

- Amuse-toi saru, soupira-t-il. Au point où on en est… »

Elle se mit à siffler comme un serpent, son bracelet s'anima. Bibi s'étira jusqu'à chatouiller le nez de Sanzo.

« - Qu'essssssssssque tu fais Sssanzo-sssama, siffla Selenia. »

Il avait sorti de ses achats une pochette pleine de feuilles de papier orange et commençait de marquer des plis.

« - Un des rares enseignements de mon maître. »

Les mains de Selenia se refermèrent sur la branche, permettant au serpent d'y grimper. Une cabriole plus tard, elle observait avec curiosité la formation d'un avion en papier.

« - Donne donne donne, je le lance. »

L'avion plana quelques secondes avant de s'accrocher aux branches basses. Elle saisit une feuille.

« - Apprends-moi. »

Sanzo transmis son savoir à son élève. Le pliage était ressemblant, quoique peu symétrique. Après le décollage, au lieu de partir en avant, l'avion vira vers le haut et s'écrasa dans l'herbe. Sanzo ramassa l'engin.

« - Snif…

- Tu as fait une aile de travers, c'est normal qu'il n'aille pas droit.

- Pourtant j'ai fait comme t'as dit.

- Mais tu t'es trop précipitée. »

Il arrangea le défaut et retenta un lancer. La petite forme orange vola au loin, guidée par la brise.

Des raies nuageuses tourbillonnaient autour du soleil, laissant de longues traînées blanches dans le ciel bleu, avant de fondre sur l'astre, qui n'était plus qu'une tâche lumineuse informe, entraînée dans les profondeurs ocres de l'horizon.

Sanzo fut arraché de sa contemplation lorsque des bras lui entourèrent la taille. Selenia reposa sa tête contre son dos pendant que ses doigts trituraient machinalement la robe de bonze. Il n'était pas redescendu sur terre finalement. Elle volait, loin dans le ciel, sur un petit avion de papier.

Devant la porte de l'auberge, Sanzo lâcha la main de Selenia.

« - Tu vois, avant que tu ne prennes les directions, on était juste au bout de cette rue !

- Bah ! Dis-toi que tu as fait de l'exercice. C'est bon pour la santé : trente minutes de marche par jour et…

- On a fait plus de trente minutes.

- Nia nia nia…

- Tiens reprends ton sac.

- Évidemment, c'était trop beau… »

Gojyo apparut dans le couloir.

« - Enfin ! Y'a un singe qui crève de faim sur le plancher. Alors tu t'es bien amusé Sanzo-sama ? »

L'intéressé lui fourra un paquet de cigarettes dans les mains.

« - Ce qui m'amuse c'est que c'est ton tour la prochaine fois, lui siffla-t-il à l'oreille. »

Le soleil avait disparu. Les nuages s'étaient dispersés. Le ciel retrouva son calme sous le règne de la lune décroissante.

Un coup de vent agita les ramures immaculées d'un grand prunier, libérant un pliage de papier orange, qui flotta un moment, avant de tomber plus loin aux côtés du deuxième.