Le bonheur humain n'est qu'une succession de désirs, que l'on satisfait parfois, et qui sont suivis de nouveaux désirs, toujours, inlassablement.

Si tous nos désirs étaient satisfaits, éternellement, nous nous ennuierions sans doute.

L'Homme a besoin de changement.

L'Homme ne peut cesser de s'interroger.

L'auteur aussi, surtout à ce sujet : « quel est le rapport entre ceci et ce chapitre ? ».

L'auteur est passionnée par ses cours de philo…


Chapter XVIII : Invisible future

La nuit était déjà bien avancée. Tout le monde dormait paisiblement. Seul le grondement sourd des éclairs au loin perturbait le silence.

Soudain, Hakuryu dressa la tête et poussa un petit cri.

« Que se passe-t-il , demanda Hakkai, réveillé en sursaut. »

Le petit dragon ne bougea pas. Il regardait en direction de la porte. Hakkai se tourna alors de ce côté. Il fallut un petit moment pour que ses yeux discernent les contours de la silhouette tapie dans l'ombre.

La lueur éphémère de la foudre illumina le mur.

« Selenia-chan ! Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Qu'est-ce que tu viens faire ici ? »

La jeune femme ne répondit pas. Elle était adossée à la porte, tête baissée. Elle pleurait sans bruit. Il se leva et s'avança vers elle.

« Selenia-chan, est-ce que ça va ? »

Elle s'essuya les yeux du revers de la main et fit « oui » de la tête en s'efforçant de sourire.

« - Hakkai… »

Goku serra la lettre dans ses mains en tremblant. Des grosses larmes naissaient aux bords de ses grands yeux dorés. Il s'était réveillé en pensant être accueilli au petit-déjeuner par le sourire de sa sœur, passer une journée normale où ils embêteraient le kappa pervers et s'endormir après qu'elle l'aie pris dans ses bras comme un petit bébé.

Pourquoi elle part ? Elle nous aime plus ? On l'a encore forcée à aller au paradis céleste ? Elle est retournée dans sa prison ? Non, elle n'aurait pas laissé de mot.

« Onee-chan ? »

Il se dirigea lentement vers la porte en reniflant.

Gojyo fit une boule avec le papier et le jeta contre le mur. Il s'habilla en grognant, puis ramassa la boulette, la déplia, la relut, la plia soigneusement et la rangea dans sa poche.

Qu'est-ce qu'il lui prend ? Elle en a marre de ce interminable avec le bonze grincheux en fond sonore ? Elle a rencontré un gars et elle est partie avec ? Non, c'est pas son genre.

« Nini ? »

Il alla dans le couloir en pensant aux journées ennuyeuses dans la jeep, une place vide entre lui et le saru.

« Cher Hakkai,

Encore pardon de t'avoir réveillé en plein milieu de la nuit.

…»

Hakkai replia la lettre en souriant.

« Et bien, Hakuryu, nous voilà de nouveau entre hommes. Ça va faire drôle… »

Il sortit de sa chambre, suivi du petit dragon.

Il faisait encore nuit noire. Réveillé par les coups d'une branche contre la vitre, Sanzo se redressa en grommelant. Depuis plusieurs semaines, la pluie lui était moins pénible. Mais il avait un mauvais pressentiment.

Il était seul dans la chambre. Selenia avait déjà dû regagner la sienne. L'odeur de fleurs de cerisier embaumait encore l'air. Un flacon était ouvert sur sa table de chevet. Il respira le parfum avant de le reboucher.

Il aperçut un avion en papier à l'endroit où la jeune femme avait dormi. Il esquissa un sourire amusé. Elle n'arrivait décidément pas à faire un pliage symétrique, il y avait toujours une aile tordue. Cette fois-ci, l'aile en question était particulièrement déformée. Il l'attrapa. Il était étrangement lourd. Il déplia l'origami. Une chaîne avec un pendentif représentant l'idéogramme de l'amour tomba sur ses genoux. Une lettre était rédigée sur le papier orange, d'une écriture maladroite.

« Sanzo,… »

« - …

-

- … »

Gojyo et Gokû contemplaient leurs chaussures. Hakkai sourit faiblement.

« - Je suis sûre qu'elle va bien…

- Pourquoi elle est partie, alors, s'énerva Gojyo.

- Pourquoi elle nous a pas dit pourquoi elle partait, couina Gokû.

-

- C'est louche, s'exclama Gojyo. Moi je pense qu'elle a été enlevée…

- Elle n'aurait pas eu le temps d'écrire une lettre à chacun, fit remarquer Hakkai.

- … ou forcée à partir. Mais qu'est-ce que t'as Hakkai ? On dirait que ça ne t'inquiète pas du tout ! Tu t'en fiches !

- Mais non…

- Alors pourquoi tu fais tout pour qu'on ne s'en préoccupe pas ? Arrête de faire comme si de rien n'était !

Il attrapa Hakkai par le col.

- Tu caches quelque chose ! »

Son ami plongea ses yeux verts impassibles dans les siens. Gojyo le relâcha.

« - Raah Kuso !

- Je te comprends. Ça va faire un grand vide. »

Ils regardèrent Gokû qui relisait silencieusement sa lettre sur le lit de sa soeur. La chambre était parfaitement en ordre, comme si elle n'y avait jamais mis les pieds. Gojyo soupira et marcha vers le couloir.

« - En tout cas, un boulet de moins, Sanzo va être cont… »

Il se figea. Sanzo arrivait du hall d'entrée de l'auberge. Les trois autres le dévisagèrent avec une expression hébétée. Le haut de sa robe de moine pendait lamentablement sous ses hanches. Il était trempé jusqu'aux os. Ses doigts étaient rougis par le froid. Des mèches blondes dégoulinantes étaient collées à son visage livide. Ses lèvres bleuies tremblaient. Son corps tout entier tremblait, comme une feuille prise dans un typhon. Il semblait dépenser toute son énergie pour serrer son poing et ses dents. Il posa sur ses compagnons un regard chargé de haine et de souffrance.

« - San… »

Il écarta brusquement Gokû et claqua la porte de sa chambre derrière lui.

Il respirait lourdement. Le collier de son amante glissa imperceptiblement dans sa main. Il n'avait plus la force de faire le moindre mouvement. Le simple fait de garder les yeux ouverts lui coûtait un effort considérable. Cette maudite pluie lui avait tout enlevé, son maître, maintenant Selenia, mais elle ne voulait pas de lui. Il avait voulu s'y noyer, mais elle semblait préférer prendre la vie des autres plutôt que la sienne.

Il laissa le froid l'envahir et sombra dans les ténèbres.

Une terre désolée. Un sol craquelé. Un cerisier sans fleurs.

La pluie.

Des gouttes écarlates étaient tombées, plus douloureuses que jamais, alors qu'il essayait de lutter, chasser les démons qui mutilaient son âme, continuer à vivre sans rien laisser l'entraver, se raccrocher à… à quoi ?

Le ciel était vide, trop clair pour la nuit, trop sombre pour le jour. La lune avait disparu, le soleil s'était éteint.

L'horizon était plat. Pas un être vivant, même l'arbre mourrait.

Il était seul. Et tout ce sang qui recouvrait ses mains…

Il avait abandonné. Il avait cessé de penser.

Le cœur à l'agonie, il attendait que la pluie l'emporte.

Il attendait que la souffrance arrive au point où l'on ne peut plus la supporter et où la mort vient en délivrance. Mais il avait déjà senti la limite et l'avait largement dépassée.

L'eau à présent lavait son corps, chassant le rouge par le gris. Elle martelait ses membres. Son esprit était trop épuisé pour sentir la brûlure des gouttes glacées. Dix mille lames pénétraient sa chair, pas une n'abrégeait ses souffrances. Ses yeux violets ternis fixaient le néant. L'eau les frappait sans qu'ils ne cillent. Elle s'infiltrait dans sa gorge.

Un long écho ricochait contre ses tempes, de plus en plus sourd.

Le froid s'insinuait, petit à petit, il prenait son temps.

Une âme brisée, dans un cadavre encore trop proche de la vie.

Le paysage s'assombrit. Enfin les ténèbres emplissaient le monde.

Les sensations s'évanouissaient. Il ne percevait plus les gouttes qui coulaient le long de ses joues.

Un souffle laborieusement régulier contre son visage. Allait-il enfin voir la Mort ? Il entrouvrit les paupières.

Un éclat doré. Tous les maux refluèrent instantanément. Toutes ces sensations insoutenables, tout le froid,… et une toute petite chaleur. La pluie n'atteignait plus son visage, protégé par un corps tremblotant mais déterminé.

« - Sanzo… »

Elle secoua la tête et ses cheveux bruns se heurtèrent aux joues livides du moine. Ils étaient mouillés et si doux…

« - Pourquoi es-tu partie ? »

Sa voix n'était qu'un murmure. Elle lui effleura les lèvres du bout des doigts. Un contact irréel, la caresse d'une brise d'automne.

« - Je suis là, regarde. Tant que tu croiras en moi, je serais toujours à tes côtés. »

Il faisait nuit. Une à une, les étoiles s'ouvraient, bourgeons sur un cerisier qui a souffert l'hiver. Selenia grimaça.

« - Ne te laisse pas mourir pour ça. Le Sanzo que je connais n'est pas si faible. »

Il s'assit, les bras nonchalamment jetés sur un genou. Une branche couverte de pétales roses s'était développée au-dessus de lui et filtrait l'ondée.

Selenia sourit dans son dos.

« - Ne crois pas que je t'ai abandonné. On se reverra un jour… »

Elle passa les bras autour des épaules de son amant. C'était comme frôler la surface d'un lac, quelque chose que l'on peut toucher, mais insaisissable.

« - … je te le promets. »

Un parfum familier embaumait l'air. Le sol s'était couvert d'herbe douce. Ils contemplèrent la Lune, scintillante dans le noir.

« - Continue ta route, sans que rien ne t'entrave. Je ne veux pas que mon souvenir soit un obstacle. Je ne veux pas être un boulet. »

Il sentit sa présence s'estomper peu à peu. Des mots s'échappèrent de ses lèvres, si bas, que seul un cœur pouvait les entendre, si étranges, que le sien avait encore du mal à les comprendre.

Une pulsation chaleureuse émanait du pendentif contre sa poitrine. Le soleil se levait derrière la fenêtre, mais la lune n'était pas partie.

Sanzo se redressa sur ses draps et posa la tête contre la vitre embuée.

« Je t'aime »

The End of Sukida Part 1

#Auteur derrière un bouclier#

Ce n'était pas trop kitsch-Mary-Sue ? (j'ai toujours cette peur irrépressible…)

J'espère que vous n'avez pas trop été déçus par la fin… Si oui je m'en excuse à plat ventre sous la pluie ! Mais ce qu'il y a de bien avec les fictions c'est que l'histoire ne s'arrête jamais tant qu'on a le crayon ou le clavier sous la main ! N'oubliez pas que ce chapitre est la fin… de la partie 1 !

La partie 2 sera dans une nouvelle fic' et sera, comme je l'ai déjà dit, consacrée à notre ami Gojyo, le pauvre, il faut bien que je massacre un peu son rôle maintenant que j'ai traumatisé les gens à propos de Sanzooo… Par contre je ne promets pas de vous l'écrire tout de suite, à mon grand damne, un « auteur de fanfic » sur un dossier scolaire ça ne fait pas bon effet. C'est bien dommage ! Et puis il faut que je travaille un peu mes autres fics…enfin…

Merci à tous les gentils reviewers qui m'ont soutenue jusqu'ici. Cette fic' m'aura permis de tisser des liens avec pleins de gens que j'adore !(et qui se reconnaîtront) Hum bon il faut que j'arrête de m'emballer autant…

Au fait! J'aimerais savoir, quel est le moment, personnage, détail, chapitre ou autre, que vous avez préféré? (vous avez malheureusement le droit de dire "rien"...snif)

Je terminerai ma toute première fic' par une phrase de Final Fantasy X-2 que j'aime bien :

Farewell but not goodbye !