Chapitre 9 : Découverte

La nuit tombait sur la ville, enveloppant tout sur son passage d'une douce noirceur et plongeant les habitants d'Atéquia dans les ténèbres rafraîchissantes.

Morgane observa sa montre.

Morgane : Six heures déjà qu'on fouille ce maudit site…

Mentali releva sa tête féline dont les grands yeux mauves reflétaient la fatigue. Granbull poussa un long grognement en s'asseyant dans l'herbe humide. La championne sourit à ses pokémon épuisés.

Morgane : On est tous fatigués, il vaut mieux rentrer au Centre.

Les deux pokémon acquiescèrent, ravis à l'idée d'un bon repas et d'un lit bien douillet. Cela faisait plusieurs jours qu'ils passaient leurs journées à inspecter le Site Météore dans l'espoir de découvrir un indice sur le kidnapping. Mais ils n'avaient rien trouvé.

Sur le chemin du Centre, au milieu des ruelles sombres, un homme aborda la jeune championne. A première vue le type ne semblait pas de bonne compagnie, Morgane en eut la certitude lorsque celui-ci l'agrippa par le bras en sortant une lame de sa poche. Mais l'homme n'eut pas le temps de débiter ses menaces ; d'un geste vif Granbull vint se placer entre sa dresseuse et l'agresseur, ses mâchoires démesurées se refermèrent sur la main tenant le couteau. L'homme hurla de douleur tout en lâchant son arme couverte de son propre sang, puis il jugea préférable de filer, sans manquer de lancer à la championne un «on se reverra ! » peu convaincant. Décidément, cette ville était vraiment dangereuse durant la nuit. Morganne décida de rejoindre le Centre au plus vite en évitant toute confrontation inutile. Et pour cela… il lui fallait emprunter la voie des airs.

Morgane : Aeromite !

L'imposant insecte apparut dans un cri strident qui évoquait sa satisfaction à se dégourdir enfin les ailes. Morgane se mordit la lèvre, elle avait laissé Alakazam au Centre afin de maintenir le contact avec les casse-couilles de l'organisation et Aeromite était son dernier atout.

Morgane : On tente le coup ?

Aeromite : Erooooo (ça coûte rien d'essayer)

La jeune fille s'agrippa fermement aux courtes pattes du papillon qui se mis à battre des ailes frénétiquement. Il s'éleva finalement à l'aide de son attaque Tornade qui enveloppa la ruelle, renversant quelques panneaux et poubelles qui se trouvaient là.

C'était elle. Richie la reconnue aussitôt, elle survolait la ville attachée aux pattes d'un Aeromite. Cela faisait plusieurs jours qu'elle fouillait le site, elle était devenue un danger. Richie avait tout d'abord reçu l'ordre de la supprimer, mais les chefs étaient revenus sur leur décision ; il devait à présent faire en sorte qu'elle se rende dans les dédales de la cave du Site Météore, un comité d'accueil y attendrait la dresseuse. Sa capture pourrait s'avérer intéressante.

Le motard punk mordilla le bout de sa clope. Il aurait bien fumé autre chose, mais sa mission allait lui demander de l'ingéniosité et un très grand sang-froid en raison de la prudence de son adversaire. Plus tard peut-être. La championne se rapprochait du Centre, il fallait vite réfléchir à un plan et éviter l'affrontement. Soudain, une idée lui traversa l'esprit. Tant pis pour le sang-froid et l'ingéniosité ! Le bourrinage, c'était bien plus son genre. Le loubard esquissa un sourire tout en écrasant son mégot contre le mur tagué (qui aurait pu croire qu'une si petite ville puisse être autant animée ?), puis il enfourcha sa bécane et se lança dans la direction du Centre dans un bruit de moteur épouvantable.

Le son abominable d'un moteur perça soudain le silence nocturne. Morgane baissa la tête et aperçut le responsable de ce vacarme ; il roulait à toute allure en direction du Centre et ne cessait d'accélérer, faisant hurler son moteur et crisser ses pneus à chaque virage. Les lumières s'allumaient dans toutes les maisons d'où sortaient maintenant des cris mêlés d'injures.

Quel taré ! Ce type allait vite se faire arrêter, si ce n'était par les flics, au moins par la route couverte de terre et de graviers. Mais le type continuait, indifférent à la colère des habitants et aux nids-de-poule qui parsemaient la route. Il accéléra à nouveau pour se placer à la verticale de la championne, celle-ci remercia le ciel de n'avoir pas cédé à sa première tentation de la journée qui fut de mettre une jupe pour combattre la chaleur qui régnait sur le Site. L'homme leva la tête et lui adressa un sourire. La dresseuse devina des yeux verts aux pupilles reptiliennes derrière ses lunettes noires (mais comment fait-il pour voir en pleine nuit ?).

Soudain, le type lâcha son guidon et ouvrit grand les bras, pointant son torse en direction du ciel. Morgane reconnu l'insigne de la Team Rocket cousu au centre de son T-shirt et qu'il offrait à sa vue en la défiant.

La championne serra les dents rageusement, le motard continuait à la fixer avec son sourire figé et ses bras ouverts. Puis il agrippa enfin son guidon et, dans un dérapage assourdissant, fit demi-tour en se dirigeant vers le Site Météore. Le message était évident.

Morgane : Aeromite ! Demi-tour !

Son plan, bien que très sommaire, avait marché. Richie s'en était douté. Tout champion, aussi prudent soit-il, ne pouvait résister face à une telle provocation.

Le motard fouilla tranquillement la poche droite de sa veste et en sortit un joint. Il savourait déjà le moment ou il pourrait l'allumer, le cœur apaisé par la mission accomplie.