Chapitre 17 : La porte des Enfers
L'araignée de métal luisait maintenant d'un dangereux éclat blanc, la lueur se condensa sur la croix qui ornait son front, faisant danser des ombres folles sur les parois sombres de la grotte.
M Bob : Merde ! Recommence le Chargeur !
Morti : On a pas le temps !
M Bob : T'as une meilleure idée ?
Une mélodie funèbre emplit soudain la cavité. Les trois champions et la dresseuse tournèrent vivement la tête dans la direction d'où semblait venir ce chant. Métalosse se figea, ses yeux s'écarquillèrent. La lumière mortelle disparut. Un petit pokémon blanc et pourpre sortit de derrière le roc qui lui servait de protection et se jeta dans les bras de Anko en tremblant. Le petit être était en pleurs et s'accrochait à la jeune fille avec une vigueur étonnante pour un corps si chétif.
Morti : Qu'est-ce que c'est ?
Blanche : Ouah ! Il est trop mignon !
Anko : C'est le Eoko de Morgane.
M Bob : Depuis quand les Eoko maîtrisent-ils le Requiem ?
A cet instant les pleurs du petit pokémon se turent, il perdit connaissance, suivit de l'énorme araignée qui s'effondra dans un bruit épouvantable.
M Bob : Ben… au moins c'est efficace.
Anko : On n'a pas une minute à perdre.
Le groupe approuva silencieusement. Anko détacha l'une de ses pokéballs, un Tauros en sortit. LE bovin planta son regard noir et sage dans celui de sa dresseuse.
Anko : On sera pas long, reste avec Dracaufeu.
Le taureau laissa échapper un souffle bruyant de ses naseaux, puis pencha la tête en signe d'approbation.
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Blanche : Ouinnnnn ! C'est encore plus lugubre que la grotte !
Le groupe avançait lentement dans le couloir sombre et étroit. Les quelques néons accrochés au plafond semblaient aussi vieux que la coquille poisseuse qui recouvrait les murs. Ils débouchèrent enfin sur un croisement.
M Bob : Droite ? Gauche ? Tout droit ?
Anko se mordit la lèvre.
Anko : Mince ! Comment on va faire ?
Morti : Morgane utilise des pokémons Psy ? Est-ce que par hasard elle aurait un Mentali ?
Anko : Oui pourquoi ?
Morti : Dans ce cas j'ai un moyen…
Le champion choisit une nouvelle pokéball qui s'ouvrit sur un Noctali.
Morti : Je pense que Noctali sera capable de repérer son cousin.
Le petit chien noir sonda le couloir à la recherche d'une onde familière. Ses oreilles se dressèrent soudain et il s'engagea dans le couloir de droite. Les quatre dresseurs s'apprêtaient à le suivre lorsque la lumière s'éteignit brusquement. Blanche s'agrippa plus violemment à Mortimer. Un gémissement apeuré s'éleva de l'obscurité, tout de suite suivit d'un éclair rouge qui se condensa pour laisser apparaître un Voltali. Le chien électrique illumina vivement les environs. Mortimer éclata de rire.
Morti : Alors, on a peur du noir ?
M Bob : Putain, ferme-la !
Anko laissa apparaître un sourire.
Anko : C'est pour ça que t'as choisi l'électricité ?
M Bob : Mais foutez-moi la paix bordel !
Le jeune champion envoya une autre pokéball d'où sortit un Cornèbre, celui-ci vint se percher sur l'épaule de son dresseur.
Morti : Passe devant et dis-nous si la voie est libre.
L'oiseau nocturne acquiesça et partit à la suite de Noctali. Le groupe s'engagea finalement dans le couloir à la suite des deux pokémon, sans quitter le cercle lumineux.
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L'endroit était complètement désert, toutes les salles étaient abandonnées. D'énormes cages tordues ou brisées s'entassaient dans les labos, comme si les murs, écœurés, les avaient vomies, laissant ainsi s'échapper leur contenu. Anko s'approcha d'une cage qui était restée encastrée dans le métal froid ; les barreaux avaient été tordus puis arrachés, des morceaux de chair sanglants étaient restés attachés aux dents cassées de la prison d'acier. Blanche avait plaqué sa tête contre l'épaule de Mortimer pour ne pas voir le spectacle. Le jeune champion n'osait pas repousser la jeune fille sanglotante et se contentait d'observer les alentours d'un air de dégoût.
Morti : Les salauds… je ne sais pas ce qu'ils ont fait ici mais, apparemment, leurs cobayes ont craqué.
Il se tourna vers le Major mais celui-ci ne dit rien, laissant son regard glisser lentement sur le sol aux reflets pourpres. Le grand homme s'approcha enfin d'une cage qui gisait sur le sol et passa sa main à l'intérieur.
Morti : Qu'est-ce que tu fous ? On ferait mieux de trouver Morgane et de filer vite fait ! Il reste peut-être des pokémon enragés ou je ne sais quelles créatures qui se trouvaient là-dedans !
Anko se raidit. Elle lança un regard sombre à Mortimer et s'approcha du militaire. Celui-ci retira finalement sa main couverte d'un liquide rouge et poisseux de la cage. Il tendit sa prise à Mortimer, fixant le jeune homme avec insistance de son regard bleuté.
M Bob : Tu connais beaucoup de pokémon qui portent des fringues ?
Il lâcha le morceau de tissu qui s'étala aux pieds des deux champions. Blanche se mit à pleurer de plus belle. Le jeune homme le fixa d'un air ébahit.
Morti : Tu veux dire… qu'il y avait des humains dans ces trucs ?
Les yeux du champion perdirent soudain de leur lueur. Il haussa les épaules et se dirigea vers la porte que Noctali venait de franchir, suivi de Anko. Mortimer attendit quelques minutes avant de suivre les deux dresseurs en serrant la main de Blanche pour la rassurer.
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Les couloirs s'éclaircirent enfin, et le groupe se retrouva rapidement devant une porte sale qui ressemblait à un placard. Noctali grattait le bois mort qui formait l'encadrement. Anko l'ouvrit finalement. La lumière du couloir se dessina aussitôt sur le visage de Morgane, assise au fond de la pièce.
Morgane : Anko, c'est toi ?
La jeune fille allait répondre mais elle n'en eut pas le temps ; la championne se jeta dans les bras de son amie en poussant un cri de joie.
Morgane : C'est pas trop tôt ! T'en as mis du temps !
Le militaire qui était resté un peu en arrière toussota bruyamment.
M Bob : Euh, j'ai pas mal aidé moi aussi…
Morganne s'approcha du grand homme et lui serra la main en souriant.
Morgane : Ma reconnaissance te suffit-elle ?
M Bob : On fera avec…
Anko : Tu sais ce qui s'est passé ici ?
La championne approuva, son visage s'assombrit, reprenant ses traits habituellement calmes et mystérieux.
Morgane : Oui, mais je vous raconterais tout ça dehors si ça ne vous gène pas…
