Chapitre 3 : Vertiges

Le bruit de la circulation devenait insupportable. Les trottoirs étaient noirs de foule et les voitures ne cessaient de klaxonner leur mécontentement. Mortimer se boucha l'oreille gauche d'une main, ne lâchant pas la championne aux longs cheveux de l'autre.

Morgane : On est presque arrivé !

Les deux dresseurs devaient hurler pour couvrir le brouhaha qui s'élevait de la foule. Ils arrivèrent enfin au Centre Pokémon, éreintés.

Morti : Bon sang, c'est quoi cette ville de dingue !

Morgane : Tu peux arrêter de crier, on est rentrés…

Le jeune homme rougit en voyant tous les visages des présents fixés sur lui. Morgane l'entraîna vers une table à l'abri des regards.

Morgane : Notre contact nous attend au Centre Commercial. Je vais réserver les chambres et je te rejoins.

Morti : Quoi ? Tu veux que je parte tout seul et que je trouve le Centre Commercial dans cette foule ? Je vais me perdre…

Morgane : Bon ok, on réserve et on part en même temps. Je vais en profiter pour demander à l'infirmière qui est ce fameux Esteban.

Morti : Qu'est-ce qu'on sait de lui pour l'instant ?

Morgane : Apparemment il est à la tête d'une firme pharmaceutique importante. Il a des centres de recherche un peu partout.

Morti : Un médecin ? Comment tu le sais ?

Morgane : C'est ce qu'il me disait dans son mail.

Morti : Et tu crois qu'on peut lui faire confiance ?

Morgane : On n'a pas vraiment le choix, maintenant qu'on est là…

La marche jusqu'au Centre fut plus longue que prévu. Les deux champions se décidèrent finalement à monter dans un taxi. Le véhicule sentait le tabac et l'alcool à plein nez, si bien que Mortimer finit par demander s'il pouvait ouvrir la fenêtre. Tout en respirant l'air nauséabond des pots d'échappement, le jeune homme tenta de repérer le trajet ainsi que l'arène. Morgane lui avait dit qu'une amie à elle exerçait le métier de champion dans cette ville et qu'elle utilisait des pokémon de type Plante.

Morti : Une écolo dans cette ville ?

Morgane : Pardon ?

Morti : Tu m'as dit que la championne utilisait des pokémon Plante et qu'elle s'occupait d'un immense jardin. Comment un brin d'herbe pourrait-il survivre avec une telle pollution ?

Morgane : Son arène se trouve au milieu d'un grand parc dont elle est propriétaire et son jardin est protégé par une serre gigantesque. Je me rappelle qu'à l'époque où elle s'est installée ici la population était beaucoup moins importante. Puis le Centre Commercial a été construit, ainsi que le Casino qui attire pas mal de gens. La pauvre ne doit pas sortir souvent…

Chauffeur : Ah, ça c'est clair qu'on la voit pas souvent la p'tite championne ! Quelques fois au Centre Commercial pour faire ses emplettes et elle est toujours entourée de deux ou trois gardes du corps !

Mortimer s'enfonça dans la banquette en bloquant sa respiration pour échapper à l'haleine suffocante du chauffeur.

Morti : Ah ? Elle est…riche ?

Chauffeur : Une vraie bourgeoise ouais ! Elle a fait fortune grâce à ses productions de parfum !

Morti : On aurait…peut-être mieux fait d'aller la voir…pour commencer…

Morgane aurait bien rit en voyant le jeune homme qui tentait vainement de retenir sa respiration si elle n'était pas aussi sous le choc du souffle pestilentiel du taxi-man. Ils passèrent devant un bâtiment imposant orné d'une antenne métallique presque aussi grande que le corps de l'immeuble. Mortimer eut juste le temps de lire le titre de «Manoir Céladon » inscrit sur la façade externe. Le véhicule s'arrêta enfin à quelques mètres du grand magasin. Mortimer déglutit en fixant le sommet de l'immense bâtiment.

Morti : Et…où as-tu dis qu'il nous attendait ce type ?

Morgane : Tout en haut. Il y a un petit coin d'herbe à l'abri de la pollution et on peut voir toute la ville.

Morti : Génial…

Morgane : Y a un problème ?

Morti : Aucun…

Les ascenseurs étaient inabordables, une foule de personnes se pressait autour des portes en attendant le prochain passage. Les deux champions durent emprunter les escaliers qu'ils gravirent avec peine. Il atteignirent le toit du building en sueur. Morgane s'avança vers les barrières qui entouraient le terrain.

Morgane : Cette ville est vraiment gigantesque ! Regarde, l'arène est là-bas !

Morti : Euh…

La jeune fille se tourna vers le champion qui était resté planté au milieu du parc miniature. Celui-ci baissa la tête.

Morgane : Oh, pardon. J'avais pas compris…

Morti : C'est pas grave, je suis tout de même content que l'autre abruti soit pas là pour se foutre de moi.

Morgane le rejoignit et ils s'installèrent sur un banc pour mieux observer les alentours ; personne ne correspondait au signalement du médecin. La jeune fille soupira.

Morgane : Il a du en avoir marre d'attendre et il a filé.

Ses yeux se baissèrent sur un petit garçon qui jouait dans l'herbe avec son Caninos. Le jeune chiot gambadait joyeusement autour de l'enfant avant de revenir réclamer des caresses. Les deux dresseurs allaient s'assoupir, lorsqu'ils furent surprit par les grognements du chiot accompagné des pleurs du garçon. Sa mère vint le réconforter mais ne réussit pas à calmer le chien au pelage roux. Celui-ci se mit à aboyer furieusement vers le ciel, suivit bientôt de tout les pokémon présents sur le toit. La cacophonie s'éleva comme un avertissement, tous les dresseurs tentaient de faire taire leurs compagnons. Certains les rappelèrent dans leur pokéball, d'autres n'eurent pas le temps.

Le choc fut d'une violence inouïe. Heureusement, la structure d'acier du Centre tint bon et le toit fut seulement fracassé sans s'effondrer sur les étages inférieurs. Tous les dresseurs furent projetés vers les bords de l'immeuble. Par chance, chacun d'eux réussi à s'accrocher aux barrières de protection. Morgane aida son ami à remonter car celui-ci était passé à travers les tiges de métal. Elle n'eut pas le temps de voir l'auteur de cette attaque qui s'était déjà envolé.

Morgane : Merde, c'était une Damoclés ! Cette saloperie doit avoir un niveau très élevé pour maîtriser à ce point une telle technique !

Mortimer tremblait comme une feuille, encore sous le choc de sa chute. Les victimes de l'attaque tentaient à présent de se relever. Beaucoup d'enfants étaient en pleurs, d'autres serraient leurs parents jusqu'à l'étouffement. Un nouveau souffle se fit sentir, cette fois la structure ne tiendrait pas. Morgane se précipita vers le centre de l'impact devenu fragile. Le ciel sembla se fendre en deux sous l'apparition de l'immense dragon.

Morgane : Vite, Ultralaser !