Bonjour à tous,
Alors d'abord merci pour toutes vos reviews. J'ai appris qu'on avait plus le droit d'y répondre en postant un chapitre, alors je me contenterai de répondre par un merci collectif.
Ensuite, je tiens à m'excuser pour le délai entre les deux chapitres. Ce n'était pas vraiment volontaire...mais je n'ai pas pu écrire et encore mions poster auparavant. J'espère que ça ne vous empêchera pas de me lire encore...
Disclaimer: Comme vous le savez sûrement, rien n'est à moi, tout est à JKR, sauf ce que vous ne reconnaissez pas...
Bonne lecture à tous...
Chapitre 2 : Gérer la crise.
Fred et Georges ouvrirent la porte de la chambre avec fracas. Ron sursauta violemment et leur lança un regard noir. Hermione détourna à peine les yeux de l'énorme livre qu'elle dévorait.
"On ne vous a jamais appris à frapper", râla Ron.
"Excuse nous, môsieur le préfet", répondit Fred, en esquissant une révérence.
"On pensait juste que vous seriez intéressés de savoir ce qu'il se passe en ce moment dans la cuisine", ajouta Georges, en faisant mine de quitter la pièce.
"Quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ?" s'exclama Ron, suivi immédiatement par Hermione.
Les quatre jeunes gens avaient passé toutes leurs vacances au 12 square Grimmaurd et, comme l'année précédente, ils étaient tenus à l'écart de tout ce qui concernait les activités de l'Ordre. Et bien sûr, plus on cherchait à leur cacher ce qu'il se passait, plus ils voulaient savoir. Les jumeaux avaient ressorti leurs oreilles à rallonge et glanaient le plus d'informations possibles.
"Dumbledore est arrivé il y a cinq minutes", répondit Fred.
"Et il a organisé une réunion extraordinaire de l'Ordre", continua Georges.
"Il avait l'air vraiment ennuyé."
"Je dirai même inquiet."
"Apparemment cela concerne Harry."
"Harry ?" répéta Hermione. "Vous savez ce qu'il s'est passé ?"
"Non, aucune idée mais on s'est dit que vous voudriez peut-être vous joindre à nous pour le découvrir."
"On s'est rendu compte que dans leur précipitation, ils avaient oublié de jeter les sortilèges sur la porte donc, on va pouvoir tout écouter", dit Fred en sortant de sa poche, quatre oreilles à rallonge.
Chacun se saisit d'un exemplaire et ils sortirent sur le palier pour espionner la réunion. S'il était arrivé quelque chose à Harry, ils devaient le savoir. Ron sentait son cœur battre à toute vitesse. Il n'était pas sûr d'apprécier ce qu'il allait entendre. Il espérait juste qu'il n'était rien arrivé de grave à Harry. Et si Voldemort l'avait retrouvé ? Et s'il était blessé ? Ron déglutit avec difficulté. Il lança un regard à Hermione qui avait pâli depuis qu'elle savait qu'il s'était passé quelque chose avec Harry. Ron esquissa un sourire pour la rassurer, bien que lui-même ne pût masquer son inquiétude grandissante. Il reporta immédiatement son attention sur les bribes de conversation qu'il parvenait à entendre.
Dumbledore s'assit lentement, le visage grave et le front soucieux. Mrs Weasley se leva aussitôt pour faire du thé. Surtout pour s'occuper en fait. Et ne pas penser à la mauvaise nouvelle qui ne tarderait pas à tomber. Dès qu'elle avait entendu le nom d'Harry, elle avait cru qu'on lui arrachait le cœur. Qu'est-ce qui avait bien pu encore arriver à ce gamin ? Mais pourquoi Dumbledore ne disait rien ? Ah oui ! C'est vrai ! Il attend le retour de Mondingus Fletcher. Mais qu'est-ce que cette épave imbibée d'alcool peut bien avoir à faire avec Harry ? Mrs Weasley tournait et retournait ses pensées dans sa tête. Ses mains tremblaient légèrement sur sa baguette alors qu'elle faisait léviter des tasses pour tous. Il lui semblait qu'un étau enserrait sa gorge et elle parvenait à peine à prononcer les sortilèges adéquats.
Kingsley Shackelbolt et Tonks attendaient près de la cheminée. Ils portaient tous deux leurs robes d'aurors et semblaient soucieux. Lupin et Mr Weasley essayaient de se donner une certaine contenance dans ce silence pesant tout juste perturbé par les longs soupirs de Rogue. Mais que faisait-il là ? Cela faisait trois jours qu'il travaillait sur une potion d'une importance fondamentale et maintenant qu'elle était presque prête, il avait du abandonner tout son travail pour se précipiter à cette convocation de Dumbledore. Et à cause de qui tout ça ? Comme d'habitude, à cause de ce petit crétin prétentieux de Potter.
Un « pop » bruyant retentit dans le hall de la demeure. Mrs Weasley sursauta alors que la porte s'ouvrait pour laisser le passage à Mondingus Fletcher. Un hématome d'une couleur indéfinie ornait son œil droit.
"Que t'est-il arrivé ?" demanda Lupin. "Des mangemorts?"
Le visage aviné de Mondingus se tordit dans une grimace comique.
"Pire", marmonna-t-il. "Je ne comprends rien…d'habitude, elle adore quand je l'appelle mon petit whisky adoré…et puis elle m'invite à entrer et à boire un thé…mais elle ne m'accueille jamais à coups de sac à main. Quelle femme de caractère quand même !" acheva-t-il, les yeux rêveurs.
"Mais de qui parles-tu ?" s'exclama Mr Weasley.
"Arabella Figg", répondit Mondingus, comme s'il s'agissait d'une évidence.
Rogue leva les yeux au ciel et un tic déforma le coin de sa bouche. Les autres secouèrent lentement la tête. Dumbledore s'éclaircit lentement la gorge. Mrs Weasley sursauta à nouveau. Elle s'exhorta au calme et entreprit de servir le thé.
"Nous avons un problème avec Harry", annonça Dumbledore d'une voix grave. "Il a été arrêté."
"Oh mon dieu !" s'exclama Mrs Weasley en posant sa main sur sa bouche et en renversant au passage la moitié de la théière sur la table. "Le pauvre chéri, que s'est il passé ? Il est au ministère ?"
"Vous êtes sûr de ce que vous dites, professeur ?" demanda Schakelbolt. "Je vous rappelle que je suis auror et je n'ai pas entendu parler du fait que Potter ait été arrêté."
"C'est bien là le problème", répondit Dumbledore. "Il a été arrêté par la police moldue."
"Quoi ?" s'exclama Tonks. "Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Et comment vous le savez ?"
"C'est Mrs Figg qui m'a prévenu. Harry a été impliqué dans le cambriolage d'un magasin et a été emmené par la police sitôt après."
"Mais ce n'est possible", répliqua Mrs Weasley, "Harry ne ferait jamais cela !"
Rogue ricana. Mrs Weasley s'était réfugiée dans les bras de son mari. Il lui semblait que le sol s'était dérobé sous ses pieds.
"Je sais bien que Harry ne ferait jamais cela", reprit Dumbledore. "Mais il n'empêche qu'il se trouvait à cet endroit au moment où cela s'est produit et que les moldus le croient coupable."
"Mais, est-ce que c'est grave ?" demanda Tonks. "Je veux dire, qu'est qu'il risque exactement ? Après tout, il est innocent, enfin je suppose."
"C'est bien le problème", répondit Dumbledore. "Je ne suis pas au courant de tout, mais j'ai cru comprendre que, lorsque la police l'a arrêté, il avait une arme moldue dans les mains."
"Mais qu'est ce qu'il faisait avec une arme moldue entre les mains ?" intervint Fletcher, atterré par les nouvelles.
"Je n'en ai pas la moindre idée. D'après ce que Mrs Figg a entendu dire, il aurait pénétré dans le magasin avec deux amis et ils auraient menacé une femme pour qu'elle leur donne le contenu de la caisse. Il semblerait que les deux autres aient réussi à s'enfuir avec leur butin."
"Et bien voila", grogna Rogue. "Potter devait sans doute trouver qu'on ne parlait pas suffisamment de lui. Il espérait sans doute faire la une de la gazette."
"Ce n'est pas tout", poursuivit Dumbledore, sans se préoccuper de l'intervention de Rogue. "Je suis passé chez lui. Les Dursley ne vont, bien évidemment, rien faire pour l'aider à se sortir de là. J'ai rassemblé ses affaires, pour éviter que les moldus viennent y mettre leur nez. Mais je n'ai pas trouvé sa baguette. Il y a donc de fortes chances pour qu'il l'ait eue sur lui, au moment où il a été arrêté. Il n'a pas du s'en séparer depuis le début des vacances."
"C'est plutôt une bonne nouvelle", intervint Arthur. "S'il a sa baguette, il pourra se défendre. Je ne vois pas ce qui vous embête."
"Ce qui est embêtant, Arthur", expliqua Schakelbolt. "C'est qu'il n'y a aucune chance que Harry ait pu garder sa baguette. Je ne sais pas comment fonctionnent les moldus mais je suppose que c'est un peu comme nous. Ils ont du le fouiller et prendre sa baguette lorsqu'ils l'ont arrêté."
Mr Weasley ouvrit de grands yeux. C'était en effet ce qu'il y avait de plus plausible. Il resserra les bras autour de sa femme qui laissait régulièrement échapper de petits hoquets. Lupin poussa un long soupir et rejeta sa tête en arrière.
"Ce qui signifie également", reprit Dumbledore, "que les moldus sont très certainement, à cette heure, en possession de sa baguette. Ils risquent de lui poser des questions dessus."
"Ne pourrait-on pas la leur reprendre ? Il suffirait d'un bon sortilège d'attraction et on règle déjà ce problème", proposa Tonks.
"Ce n'est malheureusement pas possible, Nymphadora", répondit Dumbledore. "Ce serait prendre des risques inutiles. Là où il se trouve à présent, Harry n'a plus la moindre protection contre Voldemort. Si ce dernier venait à apprendre ce qu'il se passe, je n'ose imaginer ce qu'il se passerait. Il vaut mieux qu'Harry ait sa baguette à proximité même s'il ne peut, en théorie, s'en servir. Au moins, s'il se passait quelque chose, il pourrait toujours la récupérer."
Un long silence s'installa, chacun essayant d'analyser ce qu'il venait d'entendre. Comment Harry avait pu se retrouver dans une telle situation ? C'était tout à fait incompréhensible. A l'étage, les quatre jeunes se regardaient, incapables de prononcer le moindre mot. Ils n'en revenaient pas. Harry ? En prison ? C'était tout à fait inconcevable. Ils reportèrent cependant leur attention sur la réunion lorsqu'ils entendirent les conversations reprendre.
"Que peut-on faire ?" Bredouilla Mrs Weasley, une boule dans la gorge.
Son mari posa un bras protecteur autour de ses épaules, tandis que tous les autres scrutaient Dumbledore en attendant que le vieux sorcier leur indique ce qu'ils devaient faire. Ce dernier soupira longuement, se frottant les yeux, en signe de lassitude.
"C'est bien le problème, il n'y a pas grand-chose que nous puissions faire."
"Mais on ne va pas le laisser là bas !" s'exclama Mrs Weasley, résumant ainsi la pensée de tous, à l'exception de Rogue.
"Calme toi Molly", répondit Mr Weasley. "Personne n'a dit que nous allions l'abandonner."
Mrs Weasley sembla se calmer un peu, prenant sa tête entre ses mains.
I"l y a sûrement une solution", ajouta Arthur Weasley, en regardant fixement Dumbledore.
"Le problème", soupira ce dernier, "c'est qu'il existe un accord entre moldus et sorciers par lequel les sorciers s'engagent à ne pas chercher à faire libérer quelqu'un qui aurait violé les lois moldues sauf si c'est vraiment nécessaire."
"Mais c'est nécessaire !" répliqua Lupin.
"Je le sais bien mais il faudrait pour cela que Fudge intervienne auprès du premier ministre moldu et je peux vous dire par avance qu'il n'acceptera jamais."
"Je ne comprends pas", fit Lupin." Il me semblait pourtant que Fudge avait enfin reconnu officiellement que Voldemort était bien de retour. Il sait donc parfaitement que Harry est en danger constant. Il ne peut pas refuser de le faire libérer."
"Fudge n'est qu'un imbécile ambitieux", rétorqua Fletcher. "S'il peut se débarrasser de Potter, il le fera."
"C'est exact", acquiesça Dumbledore. "Les prochaines élections ont lieu dans trois mois. Fudge doit faire remonter sa côte de popularité qui est au plus bas, maintenant que tout le monde a découvert qu'il avait caché le retour de Voldemort. S'il parvient à prouver à tout le monde que Harry est, comme il le prétend, dérangé mentalement, alors, il le fera."
"Dans ce cas là, que fait-on ?" insista Tonks. "On ne peut pas le laisser là bas ! C'est trop dangereux pour lui."
"On va le chercher de force", grogna Fol'œil.
"Je ne pense pas que cela soit une solution Alastor", répliqua Dumbledore, "il est hors de question que Harry devienne un fugitif."
"Mais ne pourriez vous pas faire intervenir vos relations, professeur ?" demanda Lupin. "Vous devez certainement connaître des gens assez influents parmi les moldus pour le faire libérer."
"Je connais en effet, un certain nombre de personnes mais je crains que cela ne suffise pas. Vous devez bien comprendre que par le passé, les sorciers ont eu tendance à trop souvent, soustraire des criminels à la justice moldue et depuis les choses sont très claires, les moldus refusent qu'un traitement de faveur soit octroyé aux sorciers. Ils refusent la moindre intervention, même si elle a pour unique but de garantir le secret sur notre existence."
"Mais Harry n'est pas un criminel !" s'exclama Mrs Weasley, au comble de la fureur." Jamais il n'aurait fait cela ! On sait qu'il est innocent."
"Oui, nous, nous le savons", répondit Dumbledore en posant une main douce sur celle tremblante de Mrs Weasley. "Mais il a été arrêté avec une arme entre les mains dans un magasin qui venait d'être dévalisé. La commerçante a été très claire dans ses déclarations. Elle prétend que Harry était avec les deux autres et qu'il a participé à l'attaque. L'accusation qui a été retenue contre lui est très grave au regard des lois moldues. La seule chose que nous puissions faire pour l'aider est de prouver son innocence."
"Mais comment ? On ne sait même pas ce qu'il s'est passé !" rétorqua Tonks.
"Il faudrait retrouver ces deux jeunes dont parlait la vendeuse. S'ils sont en effet responsables de cette attaque, ce sont les seuls qui puissent prouver l'innocence de Harry."
"Autant chercher un vif d'or dans Poudlard", rétorqua Tonks. "Je veux dire, comment pourrait-on les retrouver, ils doivent être loin à l'heure qu'il est. Et quand bien même nous parviendrions à leur mettre la main dessus, ils ne se laisseront jamais faire. Ils refuseront de se dénoncer."
"Je sais bien tout cela", soupira Dumbledore, "mais c'est pourtant la seule solution que nous ayons pour le moment."
Mondingus Fletcher s'éclaircit la gorge soudain. Il avait l'air un peu plus éméché encore que précédemment et personne ne douta qu'il avait profité de la conversation pour s'adonner à son activité favorite. Dumbledore le regarda fixement par-dessus ses lunettes en demi lune.
"Je peux savoir ce que je fais là ?" demanda Mondingus." Je ne vois pas trop à quoi je pourrais servir."
Rogue eut un reniflement de dédain qui signifiait clairement qu'il n'était pas loin de penser la même chose. Dumbledore eut un sourire furtif qui ne plut que peu à Mondingus. Le vieux allait encore lui demander quelque chose…et ce n'était jamais bon pour les affaires de travailler pour Dumbledore.
"Il me semble que vous connaissez assez bien un certain milieu que nous autres ne fréquentons que peu, Mondingus", annonça Dumbledore. "Je suis sûr que vous pourrez rapidement retrouver une trace de ces deux jeunes que nous recherchons."
"Vous oubliez que ce sont des moldus", répliqua Mondingus." Je ne connais personne chez eux."
"Je n'oublie rien", répondit Dumbledore calmement. "Mais pas de fausse modestie, Mondingus. Nous savons tous ici que vous êtes aussi connu chez les moldus que chez les sorciers."
Mondingus leva les yeux au ciel. Comment Dumbledore pouvait tout savoir à ce point là. Bon c'est vrai qu'il avait certaines connaissances parmi les moldus. Il y avait cette charmante dame…Tatiana…une femme au sacré caractère elle aussi…juste comme il les aimait. Elle connaissait du monde…elle pourrait peut-être. Mondingus sortit brusquement de ses réflexions quand il constata que tout le monde le fixait avec intérêt. Il laissa échapper un long soupir. Il n'était pas sorti de l'auberge avec ce satané ordre du Phénix. Pourquoi avait-il accepté d'aider Dumbledore déjà ? Ah oui ! Il avait encore trop bu.
"Bon c'est très bien tout ça", intervint Lupin. "Mais que fait-on en attendant ? On ne peut pas laisser Harry, seul. Et si on lui posait des questions sur sa baguette ou sur l'école qu'il fréquente ?"
"Et bien, d'après les lois moldues, Harry a le droit de voir un avocat", répondit Dumbledore." J'ai donc pensé que l'un d'entre nous pourrait jouer ce rôle, ce qui permettrait d'avoir un contact avec lui. Rémus, vous pourriez peut-être vous en charger."
"Oui, bien sûr professeur mais pourquoi ne vous en chargez-vous pas vous-même ?"
"Et bien, je crains de ne pas passer vraiment inaperçu parmi les moldus et puis, je ne veux pas attirer l'attention de Voldemort en me rendant là bas."
"Mon dieu, pauvre petit, pourquoi faut-il toujours à lui que de telles choses arrivent ?" sanglota Mrs Weasley qui ne s'en remettait toujours pas. Il faut dire qu'elle s'était attendue à tout, même à une attaque de mangemorts mais alors là, une telle nouvelle dépassait l'entendement.
Au premier étage, les quatre adolescents mirent fin à leur écoute. Ils savaient ce qu'ils avaient besoin de savoir et de toute façon, ils étaient bien trop choqués pour en écouter davantage. Ils rentrèrent en silence, et d'un pas lourd dans la chambre de Ron et s'écroulèrent sur le lit. Aucun d'entre eux ne voulait rompre le silence. Ron regardait dans le vide, la bouche figée dans une grimace indéfinissable. Hermione avait les yeux fixés sur ses mains qu'elle tordait nerveusement, le visage plongé dans une intense réflexion. Les jumeaux avaient perdus toute trace d'amusement dans leur regard.
Sans doute s'amuseraient-ils de cette situation lorsque Harry rentrerait mais pour le moment, ils n'avaient pas le cœur à rire. Ils ne savaient même pas si Harry rentrerait un jour. Pour les trois Weasley, sorciers de sang pur, ne connaissant rien au monde des moldus rien ne pouvait être pire que ce qui arrivait à Harry. Lorsque ce dernier avait été convoqué l'année précédente pour usage abusif de la magie, cela leur avait semblé moins grave, c'était quelque chose qu'ils connaissaient, sur lequel ils avaient l'impression d'avoir un peu d'emprise. Mais là ! Ils n'avaient aucune idée de comment fonctionnait la justice moldue. Ils auraient tout donné pour aider Harry à se sortir de là mais ils devaient bien avouer que de mettre en place un plan pour combattre des mangemorts leur semblait plus aisé. Seule Hermione semblait légèrement plus sereine.
Ron se leva brutalement.
"Mais c'est pas possible !" s'exclama-t-il. "Ils sont stupides ces moldus ! Comment ils peuvent croire, un instant, qu'Harry ait fait une telle chose ! Harry Potter ne ferait jamais cela, tout le monde le sait !"
"Ne sois pas idiot, Ron !" soupira Hermione. "Les moldus ne le connaissent pas. Comment veux-tu qu'ils sachent ! Apparemment toutes les apparences sont contre lui. Que veux-tu qu'ils fassent ?"
Ron grommela quelque chose que personne ne comprit vraiment et s'adossa au mur, les bras croisés pour manifester son mécontentement.
"Qu'est-ce qu'on fait alors ?" grogna-t-il.
"Tu as entendu Dumbledore", répondit Hermione, "on ne peut rien faire."
"Ah oui ! Alors on va le laisser là bas, simplement parce que les moldus sont trop stupides pour comprendre que Harry n'a rien fait !"
"Personne n'a dit ça, Ron", s'énerva Hermione. "Mais tu as entendu comme moi, la seule solution est de retrouver les deux jeunes qui l'accompagnaient."
"Peut-être mais si tu es honnête tu reconnaîtras qu'il n'y a aucune chance pour qu'on les retrouve avant longtemps !"
"Bien que cela me coûte de le dire", continua Fred, "je dois avouer que pour une fois Ron n'a pas tort."
Cette remarque lui valut un regard noir de son petit frère et un haussement d'épaules de la part d'Hermione.
"Que voulez vous qu'on fasse ? On n'est même pas censé être au courant ! A mon avis, on ferait mieux de ne pas s'en mêler et laisser Dumbledore régler le problème."
"C'est ça alors tu veux qu'on abandonne Harry !" s'emporta Ron.
"Je n'ai pas dit cela", répliqua Hermione, un sanglot dans la voix. "Mais on n'a pas d'autre choix, en tout cas pour le moment."
"Si il y a une autre possibilité", répondit Ron, qui avait pris son air buté. "On va là bas et on le sort de force si c'est nécessaire."
"Oh mais bien sûr Ron. Je n'y avais pas pensé ! C'est une très bonne idée ! On va là bas, on les bombarde tous de sorts et puis on s'enfuit avec Harry ! Si tu as d'autres excellentes idées comme ça, tu me fais signe !"
Ron ne répondit rien de plus qu'un grognement et se tourna vers la porte, son visage ayant pris un joli teint écarlate.
"Alors on reste là à rien faire ?" demanda Georges. "On attend bien gentiment que Dumbledore règle la situation sans rien tenter ?"
"Il y a peut-être quelque chose qu'on pourrait faire mais bon…"
"Quoi ?" s'exclama Ron, en se tournant vers Hermione.
"J'ai un oncle qui est avocat."
"Mais c'est Rémus qui va être son avocat !"
"Non, je veux dire c'est un vrai avocat moldu. Il connaît la loi. On pourrait peut-être lui écrire pour lui demander ce qu'il en pense. Il aura peut-être une idée sur ce qu'il faut faire."
Devant les regards dubitatifs des trois rouquins elle ajouta :
"C'est tout ce qu'on peut faire, en tout cas pour le moment. Il faut faire en sorte qu'Harry sorte de là légalement. C'est bien gentil de dire qu'on va aller le libérer mais qu'est-ce qu'il fera après ? Il ne pourra plus aller dans le monde moldu sans risquer de se faire arrêter de nouveau."
Ron se contenta de hausser les épaules, signe qu'il acceptait l'idée de la lettre et les jumeaux ne dirent rien. Hermione se saisit d'un morceau de parchemin et tenta de résumer la situation de la façon la plus claire possible pour son oncle. Une fois qu'elle eut fini de rédiger la lettre, elle l'attacha à la patte de coq en priant pour qu'une réponse arrive rapidement.
Pendant ce temps là, au commissariat de Little Whinging, Harry faisait les cent pas dans sa cellule. Il ne savait pas depuis combien de temps il était enfermé ici, mais il se sentait comme un lion en cage. Il n'arrivait pas à comprendre comment Sirius avait pu tenir 12 ans, enfermé, surtout que chez les sorciers, il y avait les détraqueurs en plus. Son colocataire continuait à le fixer avec intérêt, semblant hésiter à engager la conversation. Harry continuait à tourner en rond, maugréant des paroles incompréhensibles pour le commun des moldus. Mais dès qu'il parla de Dumbledore son voisin se redressa et le scruta encore plus intensément.
"Tu es un sorcier ?" demanda-t-il finalement.
Harry s'arrêta net et se tourna vers le jeune homme qu'il avait à peine remarqué, en fait. Ce dernier semblait plutôt jeune, il ne lui donnait guère plus de 17 ans. Il était terriblement petit et maigre. En fait, il semblait chétif et craintif, ce qui détonnait un peu avec l'environnement dans lequel il se trouvait. Ses deux grands yeux bleus reflétaient une profonde gentillesse et Harry se demanda comment un tel garçon pouvait atterrir dans cet endroit sordide. Harry parcourut la cellule du regard. C'était même plus que sordide, c'était tout bonnement déprimant. Les murs étaient d'un blanc crasseux et écoeurant et une odeur de renfermé emplissait l'air. Dans les coins grouillaient toute sorte d'insectes plus répugnants les uns que les autres et la pale lumière diffusée par un néon conférait à cet endroit une atmosphère lugubre.
"Alors ?" insista le garçon, face au silence de Harry.
"Euh…", fut tout ce que Harry trouva à répondre.
Il s'attendait à tout sauf à rencontrer quelqu'un connaissant le monde des sorciers dans cet endroit.
"Si tu n'as pas envie de parler, je comprends", répondit le jeune garçon dans un soupir.
"Excuse moi", souffla Harry, en s'asseyant à ses côtés," mais il s'est passé trop de choses récemment et j'ai un peu du mal à faire la part des choses."
"C'est la première fois, hein ?"
"Oui, et toi ?"
"Oh moi, je suis habitué. Tu verras on s'y fait, enfin presque. Alors tu es un sorcier ou pas ? Je t'ai entendu parler de Dumbledore."
"Bien vu. Je suis en effet un sorcier et toi ?"
"Oh ! Moi ? Non."
"Alors comment est-ce que tu connais l'existence des sorciers ?"
"J'ai un frère qui est sorcier. Et il m'a déjà parlé de Dumbledore Au fait, je m'appelle Alex, Alex Winster."
"Moi c'est Harry, Harry Potter."
"Harry Potter ?" répéta Alex." LE Harry Potter des journaux ?"
"Comment ça ?" demanda Harry, un peu interloqué. Connaître l'existence des sorciers était une chose mais de là, à en lire la presse !
"Ben, mon frère travaille à l'étranger mais il ne voulait pas perdre de vue ce qu'il se passait ici. Alors il s'est abonné à la Gazette du sorcier et il a donné mon adresse parce qu'apparemment, il ne pouvait pas la recevoir à l'étranger. Et je suis chargé de lui renvoyer dès que je reçois le journal. Alors, parfois ça m'est arrivé de lire quelques pages. Et je me souviens qu'il était souvent question d'un Harry Potter. D'après mon frère, ce serait un grand héros parce qu'il aurait vaincu un type dont il ne faut pas prononcer le nom, bien que je ne comprenne pas très bien pourquoi."
"Voldemort", murmura Harry.
"Pardon ?"
"Ce type comme tu dis, il s'appelle Voldemort. Et oui, je suis bien ce Harry Potter mais je ne suis pas un héros. J'étais bébé quand ça c'est produit. Je ne me suis rendu compte de rien."
Pour une fois, Harry se surprenait à ne pas être en colère alors qu'on lui rappelait sa triste célébrité. Après tout, il s'agissait d'un moldu et la seule personne un peu sympathique dans cet endroit. Il n'allait pas se le mettre à dos pour une coquetterie personnelle.
"Au fait, comment s'appelle ton frère, je le connais peut-être."
"William Winster. Mais il est beaucoup plus âgé que moi."
"Ça me dit rien", répondit Harry, dans un haussement d'épaule.
Alex haussa les épaules à son tour. Harry mourrait d'envie de lui demander comment il avait atterri là mais il sentait aussi que dans cet endroit, c'était le genre de questions à ne pas poser. Il se contenta donc de fixer le mur en face, tout en retournant dans sa tête tous les évènements de la journée.
La présence de quelqu'un connaissant le monde des sorciers l'avait un peu rassuré mais il avait toujours l'impression d'être dans un horrible cauchemar. Il ne savait même pas si Dumbledore était au courant de ce qu'il s'était produit. Son avenir ne lui avait jamais paru aussi incertain. Comment allait-il se sortir de cette situation ?
Il fut sorti de ses pensées par un bruit de clé dans la serrure. La porte s'ouvrit pour laisser entrer un nouveau policier.
"Potter", viens ici, ordonna-t-il, comme s'il s'adressait à un chien.
Harry sursauta légèrement mais ne laissa rien transparaître de son inquiétude. Il se leva lentement et rejoignit le policier, il n'avait pas d'autre choix que d'obéir. Ce dernier le saisit par le bras et l'entraîna de nouveau dans un dédale de couloir. Finalement, ils pénétrèrent dans le même bureau et Harry se retrouva assis, sans avoir eu le temps de dire quoi que ce soit. Le même policier était assis à son bureau et fixait Harry tout en tirant allègrement sur sa cigarette. Harry commença à remuer sur sa chaise, il détestait ce silence qui le mettait mal à l'aise. Il avait l'impression d'être un horrible criminel. Finalement le policier tira une dernière fois sur sa cigarette et l'écrasa lentement. Il fixa Harry encore un moment avant de se décider à parler.
"Nom et Prénom", demanda-t-il.
"Je vous l'ai déjà dit", répondit Harry, dans un froncement de sourcil, ne comprenant pas très bien à quoi rimait toute cette mascarade.
"Réponds !" ordonna l'homme.
"Harry James Potter."
"Bien. Pourquoi vis-tu chez ton oncle et ta tante ?"
"Mes parents sont morts."
"Comment ?"
"Ils se sont tués dans un accident de voiture", mentit Harry. C'était après tout la version que donneraient sûrement les Dursley.
Le policier hocha lentement la tête. Il fixait Harry les yeux plissés, comme s'il cherchait à le jauger. Harry remua sur sa chaise. Il n'aimait pas, mais alors pas du tout, ce regard.
"Qui es-tu ?" lui demanda soudainement l'homme.
"Comment ça ?" bredouilla Harry, en fronçant les sourcils.
"Aucun dossier officiel ne te concerne, toi ou tes parents. Je n'ai aucune trace de ton existence nulle part. Aucun collège ne te connaît. Tout ce que j'ai pu retrouver, c'est une vague trace de ton passage dans un école primaire. C'est tout. Alors j'aimerais bien savoir ce que tu me caches."
"Je ne cache rien", répondit Harry avec aplomb. Il n'avait jamais pensé au fait que, en effet, il n'existait aucune trace de lui dans le monde moldu. Alors que chez les sorciers tout le monde connaissait son histoire, ici, il n'était qu'un illustre inconnu.
"Je me suis renseigné, mon garçon. Si tes parents sont morts dans un accident de voiture, il n'en reste aucune trace et pourtant je peux t'assurer que dans ce genre de cas, la paperasserie administrative est conséquente, j'aurais du donc retrouver au moins un morceau de papier quelque part. J'ai bien trouvé quelque trace de l'existence de ta mère et un acte de naissance la concernant. Mais là encore, il n'y a plus rien, à partir de ses onze ans. Quant à ton père, il est tout simplement inconnu au bataillon. Il n'y a aucune trace d'un James Potter, où que ce soit."
"Comment connaissez-vous le nom de mes parents ?"
"Je me suis renseigné auprès de ton oncle et de ta tante. Alors je te répète une nouvelle fois ma question. Qui es-tu ?"
"Harry James Potter", répondit Harry, avec une légère nuance d'insolence dans la voix, agacé par toute cette mascarade.
"Pourquoi t'obstines tu à me mentir ?" demanda le policier d'une voix glacée.
"Je ne vous mens pas", répondit Harry d'une voix un peu moins calme. Il commençait à en avoir assez et il fallait à tout prix que cet homme ne creuse pas plus que cela en ce qui concerne ses origines.
"Alors qui es-tu ? pourquoi n'y a-t-il que quelques traces de ton existence ? Dans quelle école vas-tu ? Qu'est-ce que c'est que ce morceau de bois ? Qu'est-ce que tu me caches ?"
"Je ne vous cache rien", s'emporta Harry. Si une aide providentielle n'arrivait pas rapidement, il ne savait pas comment tout cela allait se terminer. "Je ne sais pas pourquoi, il n'existe aucune trace sur moi ou mes parents. J'ai été recueilli par les Dursley à l'âge de 1 an, je ne connais rien de mes parents, juste qu'ils sont morts dans un accident de voiture, c'est tout".
"Tu ferais mieux de me dire la vérité avant que je ne la découvre par moi-même."
"Vous avez qu'à demander aux Dursley. Tout ce que je sais de mes parents, ce sont eux qui me l'ont dit."
"Ne t'inquiète pas, je le ferais. Mais comprends bien que si tu coopères de toi-même, cela pourrait plaider en ta faveur. Alors dis-moi quel est ton vrai nom et qui sont tes parents."
Harry souffla longuement. Comment pouvait-on être aussi entêté à ne pas le croire ? Cet homme était pire que Fudge. L'homme le fixait toujours, le détaillant sous tous les angles. Il était sûr qu'il venait de lever un gros poisson. Quelqu'un d'aussi mystérieux ne pouvait que avoir des choses à cacher. Pourtant le jeune garçon lui semblait plutôt sympathique. Il n'avait rien du criminel ordinaire. Ses yeux reflétaient une puissante innocence, mêlée à une tristesse indéfinissable.
Et puis, il y avait cette cicatrice. Elle l'avait tout de suite intrigué. Les Dursley avaient prétendu qu'il l'avait obtenu dans l'accident de voiture qui avait tué ses parents. Mais la forme de cette marque était pour le moins troublante. Il ne voyait pas comment on pouvait se faire une cicatrice en forme d'éclair. Il y avait vraiment quelque chose de troublant chez ce jeune homme et apparemment un lourd secret le concernait. Et lui, il allait découvrir ce que c'était. Depuis le temps qu'il voulait obtenir de l'avancement ! Il venait sûrement de mettre la main sur le dossier qui lui permettrait de quitter ce stupide commissariat de quartier, qu'il finissait par haïr.
Harry commençait à se sentir vraiment mal. Il avait faim, il était fatigué et n'avait plus la force de supporter tout cela.
"Qui sont tes complices ?" demanda finalement le policier.
"Ce ne sont pas mes complices", répondit machinalement Harry, qui en avait assez de répéter inlassablement les mêmes choses.
"Pourquoi es-tu allé dans cette boutique ?"
"Je leur ai juste montré où ils pouvaient acheter des cigarettes."
"Dans ce cas, pourquoi être resté ?"
"Pour me changer les idées."
Pourquoi voulais-tu te changer les idées ?"
"Parce que mon parrain est mort en juin dernier et j'avais besoin de penser à autre chose", répondit Harry, qui savait qu'il était bien obligé de donner quelques indications s'il voulait s'en sortir.
"Comment s'appelle ton parrain ?"
"Sirius Black", répondit-il machinalement avant de se rendre compte de sa grossière erreur.
Harry ouvrit de grands yeux paniqués. Pourquoi avait-il dit cela ? Quel idiot ! La télévision moldue avait parlé de l'évasion de Sirius ! Et ce stupide policier n'était sûrement pas au courant de son innocence. Il venait, sans le vouloir vraiment, de lui indiquer qu'il était le filleul d'un prisonnier évadé. Harry se maudit intérieurement et se redressa un peu sur sa chaise. Il devait oublier son estomac qui protestait bruyamment et se concentrer un peu plus sur ce qu'il disait. Mais parler de Sirius, lui avait rappelé la triste réalité et il n'arrivait déjà plus à se défaire de l'image de son parrain tombant derrière le voile. Harry inspira profondément, il devait faire le vide dans son esprit, ne plus penser à rien, juste à sa situation présente. Le policier pianotait sur son ordinateur, cherchant sans doute des renseignements sur Sirius. Il ouvrit soudainement de grands yeux.
"Sirius Black, hein ? Et bien mon garçon, on peut dire que tu as de drôles de fréquentations. Un criminel évadé en guise de parrain !"
"Sirius était innocent !" répliqua Harry avec colère.
Il ne savait même plus ce qu'il disait. Il avait perdu toute notion de temps, il était fatigué et affamé et voulait juste qu'on le laisse en paix. Il savait au fond de lui qu'il aurait du prétendre qu'il ne s'agissait pas de ce Sirius Black là, mais face à cette accusation, il n'était pas parvenu à se retenir. Il s'était juré qu'il ferait tout pour prouver son innocence alors entendre dire qu'il était coupable le mettait hors de lui. L'homme le regarda un brin interloqué. Ce jeune garçon cachait définitivement beaucoup de choses. La façon dont il avait défendu son parrain le troublait. Il pourrait presque le croire.
On frappa doucement à la porte de son bureau.
"Entrez", grogna-t-il.
La porte s'ouvrit et un homme pénétra dans la pièce.
"L'avocat de Potter est ici."
Harry ouvrit de grands yeux. Son avocat ? Mais depuis combien de temps avait-il un avocat ? Les Dursley n'auraient jamais dépensé un centime pour assurer sa défense. Qui pouvait bien lui avoir envoyé un avocat ? Dumbledore ? Ce n'était pas possible ! Comment le vieux sorcier aurait pu découvrir où il se trouvait ? Le policier sembla remarquer l'étonnement de Harry mais il ne dit rien. Lui-même ne comprenait pas très bien ce qu'il se passait. Il n'était pas question qu'il ait un avocat. Ou tout du moins c'était ce qu'avaient affirmé les Dursley lorsqu'ils avaient également refusé de payer la caution pour faire sortir le jeune homme.
"Bien", dit-il finalement, n'ayant guère d'autre choix. "Emmenez le !"
Le fonctionnaire se saisit de Harry et l'entraîna à nouveau dans un dédale de couloir. Harry avait du mal à croire qu'un commissariat puisse être aussi grand. Mais après tout, il n'avait jamais mis les pieds dans un commissariat avant cela. Il se laissa entraîner, trop occupé à réfléchir sur l'identité de ce mystérieux avocat, pour s'occuper de là où on l'emmenait. Le policier s'arrêta devant une nouvelle salle, ouvrit la porte et le poussa à l'intérieur avant de ressortir. Harry ouvrit de grands yeux en apercevant l'homme qui l'attendait.
"Professeur Lupin !" s'exclama-t-il.
Ce dernier fit un pâle sourire, ne sachant pas très bien ce qu'il devait dire. Finalement, voyant qu'Harry restait planté bêtement à l'entrée de la salle, il l'invita à s'asseoir. Lupin le dévisagea un moment. Harry était très pâle et semblait horriblement fatigué.
"Mais qu'est-ce que vous faites ici, professeur ?" demanda finalement Harry, en se remettant peu à peu de sa surprise.
"C'est Dumbledore qui m'a envoyé."
"Mais comment il a su où j'étais ?"
"Miss Figg nous a alerté dès qu'elle a appris la nouvelle."
Miss Figg ?"
Harry se gifla intérieurement. Comment n'y avait-il pas pensé avant ? Il était sauvé. Dumbledore allait le sortir d'ici, rapidement. Il se promit qu'il remercierait Miss Figg, dès qu'il la verrait. Harry reporta son attention sur Lupin. Quoi qu'il en soit, pour le moment, il était toujours là, coincé dans cet endroit sinistre.
"Nous avons peu de temps Harry. Comment vas-tu ?" demanda Lupin.
"A votre avis" répondit le concerné en croisant ses bras sur sa poitrine.
"Tu peux me raconter exactement ce qu'il s'est passé ?" soupira Lupin, une lueur d'inquiétude dans le regard.
Harry lui raconta en détail toute l'histoire et plus il avançait dans son récit, plus il devait admettre que les circonstances plaidaient vraiment en sa défaveur. Tout concordait pour prouver qu'il avait bel et bien participer à l'attaque, sauf sa propre parole mais qui, ici, ne valait pas grand-chose. Lupin baissa la tête. Il ne s'était pas attendu à ce que la situation soit si grave. Certes il ne connaissait pas le droit moldu mais il pouvait deviner que Harry ne s'en sortirait pas comme cela.
"Vous êtes venus pour me chercher ?" demanda finalement Harry, dans un froncement de sourcil.
"Harry, la situation n'est pas simple. Nous n'avons aucun moyen pour te faire libérer. Tout ce qu'on peut faire, c'est essayer de te sortir de là légalement. Les autres sont déjà en train de rechercher les deux jeunes qui t'accompagnaient."
"Quoi ? Mais ça va prendre des années pour les retrouver !" s'emporta Harry, en se relevant brutalement. "Et moi ? Je fais quoi pendant ce temps là ?"
"Je sais que c'est difficile Harry, mais on ne peut rien faire d'autre ! Et maintenant que tu m'as donné leurs prénoms et que tu m'as dis qu'ils étaient de St Brutus, ce sera plus facile."
"Mais qu'est-ce que je lui dis moi, à ce stupide policier, en attendant ? Il n'arrête pas de me poser des questions sur ma baguette, sur l'école où je vais, sur mes parents. Il m'a dit qu'il n'existait aucune trace de mon père, de ma mère, ou de moi. Il ne va pas me lâcher comme ça. En plus il a découvert que Sirius était mon parrain et il est persuadé que c'est un criminel en fuite. Je ne sais pas quoi lui dire !"
"Je sais que c'est difficile, Harry mais tu ne dois en aucun cas révéler que tu es un sorcier."
"Je veux bien, moi, professeur. Mais ce policier il est plutôt du genre têtu."
Lupin le regarda avec tristesse. Pourquoi fallait-il que ce soit toujours à Harry qu'il arrive des problèmes ? Il posa une main qui se voulait rassurante sur l'épaule du jeune homme.
"Ecoute Harry, il faut absolument que tu gardes ton calme. On va tout faire pour te sortir de là. En attendant, essaie d'en dire le minimum. Dis leur juste la vérité sur ce qu'il s'est passé et ne répond pas aux autres questions, ou en tout cas, ressort leur tout ce qu'ont inventé les Dursley."
"C'est ce que j'ai fait, mais ça ne lui suffit pas ! Il n'arrête pas de fouiner !"
"Je sais Harry, on va essayer de faire vite ! Tu as mangé un peu ?"
Harry secoua la tête en signe de négation. Lupin soupira. Il aurait bien sorti sa baguette pour faire apparaître de la nourriture mais il avait peur d'aggraver encore la situation. Et surtout, il ne voulait pas qu'on l'empêche de revenir.
"Il faudrait que tu essaies de dormir un peu."
"Comment voulez-vous que je dorme, professeur ? Vous avec déjà mis les pieds dans une cellule ?"
Sa voix semblait dénuée de toute émotion. La colère l'avait quitté, il savait que cela ne servirait à rien. Encore une fois il lui arrivait des choses sur lesquelles il n'avait aucun contrôle, il devait juste l'accepter. Lupin remarqua immédiatement ce changement de comportement.
"Tu as raison Harry, je n'ai aucune idée de ce que c'est de se retrouver ici mais tu ne dois pas baisser les bras, sous aucun prétexte ! On va te sortir de là, je te le promets. Dumbledore a réquisitionné l'Ordre au grand complet pour s'occuper de ton affaire. Avec tous les trafics qu'il mène, Mondingus connaît pas mal de monde parmi les moldus qui pourraient être susceptibles de connaître ces deux jeunes. Je suis sûr qu'on va les retrouver rapidement."
"Si vous le dites, professeur !"
"Harry, tu dois tenir le coup c'est important. Personne ne doute de ton innocence, à part Rogue, peut-être mais tu le connais."
Harry grimaça. Il avait beau détesté son professeur de potion, à cet instant, il aurait tout donné pour le revoir. Il releva la tête et croisa le regard de son ancien professeur. Ce dernier avait l'air fatigué et plus vieux encore que d'ordinaire. Harry esquissa un pâle sourire.
"Ne vous inquiétez pas professeur, je ne vais pas baisser les bras. De toute façon, c'est pas comme si j'avais vraiment le choix. Et puis la présence d'Alex va sûrement m'aider."
"Qui est Alex ?"
"C'est un type qui est enfermé avec moi. Il sait qui je suis."
"Quoi ? Tu lui as dit qui tu étais vraiment ?"
"Moi, je ne lui ai rien dit, c'est lui qui l'a deviné. Son frère est un sorcier et apparemment il lui aurait parlé de moi."
"Et comment s'appelle-t-il ce frère ?" demanda Lupin.
"William Winster. Pourquoi ?"
"Pour rien, ne t'inquiète pas. Je veux juste savoir de qui il s'agit pour m'assurer qu'il n'y a pas de danger."
"Je ne pense pas qu'il y ait le moindre danger", objecta Harry. "Et puis, c'est pas avec lui que je suis enfermé mais avec son frère, un pur moldu. Et puis, c'est plutôt cool qu'il soit là, au moins je peux lui parler."
"Fais quand même attention à ce que tu lui dis, on n'est jamais trop prudent", avertit Lupin, on ne peut plus sérieux.
"Je sais, vigilance constante. Ne vous inquiétez pas professeur, je ne vais rien lui dire."
La porte s'ouvrit de nouveau et le même fonctionnaire de police apparut.
"C'est terminé", dit-il simplement.
Harry ferma les yeux en poussant un long soupir. Il n'avait aucune envie de se séparer de Lupin. Il allait de nouveau se retrouver seul, dans cet univers hostile où il ne connaissait pas les règles du jeu. Lupin le regarda s'éloigner, entraîné par le policier, avec tristesse. Il avait essayé dans la mesure du possible d'apporter son soutien à Harry mais il doutait que cela fût suffisant. Il connaissait suffisamment Harry pour savoir que ce dernier ne baisserait pas les bras mais il espérait de toute son âme qu'une solution soit trouvée rapidement.
Il quitta finalement le commissariat. La lumière du jour déclinait doucement et le temps se refroidissait. Lupin resserra le col de sa chemise, lorsqu'un frisson le parcourut. Il ne parvenait pas à oublier l'image d'un Harry, accusé à tort. Définitivement, rien n'était épargné à ce gamin. Il s'éloigna dans une ruelle déserte et transplana à proximité du QG de l'Ordre pour faire son rapport. Lorsqu'il posa sa main sur la poignée de la porte, il commença par souffler longuement. Il savait que Mrs Weasley allait lui sauter dessus dès qu'il aurait mis un pied à l'intérieur et il ne pouvait pas considérer qu'il amenait de très bonnes nouvelles.
Harry fut ramené dans le même bureau. Avant de pénétrer à l'intérieur, il remarqua une petite plaque installée à l'entrée qui indiquait « Lieutenant S.W.McIntyre ». Harry soupira, au moins maintenant, il connaissait le nom de son interlocuteur. Il se retrouva rapidement assis sur la même chaise que précédemment. Les fenêtres étaient toujours obstruées. Harry ne pouvait même pas savoir l'heure qu'il était. Le policier se tourna vers celui qui l'avait amené ici.
"Où est son avocat ?" demanda-t-il.
"Je ne sais pas", répondit le fonctionnaire. "Il est reparti tout de suite après leur entrevue."
"Reparti ?" répéta le policier. "Et bien voila une attitude on ne peut plus étrange pour un avocat. N'importe lequel aurait insisté pour assister à tous les interrogatoires."
"Il n'avait pas l'air de savoir qu'il pouvait rester", expliqua l'autre homme. "Ce n'est pas un avocat professionnel. Il n'avait pas de carte."
"Alors tant pis pour lui", conclut le policier.
Le fonctionnaire hocha la tête et quitta le bureau. Harry avait cru un instant que le sol se dérobait sous sa chaise. Lupin aurait pu rester. Il aurait pu l'assister pendant qu'il répondait à toutes ces maudites questions. Et au lieu de cela, il était reparti. Simplement parce qu'il n'avait aucune connaissance du système moldu. Harry eut soudainement envie de gifler l'homme qui se tenait en face de lui. Il aurait au moins pu indiquer à Lupin qu'il pouvait rester.
"Et bien", annonça finalement le policier. "Voila encore un mystère te concernant. Quelle drôle d'idée de prendre un avocat qui n'y connaît rien. Je sais bien que rien n'oblige à prendre un professionnel, mais tout de même. Tu aurais pu faire un meilleur choix."
"Ce n'est pas moi qui aie choisi", répondit Harry, avec colère. "Et vous auriez pu lui dire qu'il pouvait rester."
"Ce n'est certainement pas à moi d'expliquer aux gens comment faire leur travail. Il n'avait qu'à se renseigner un peu, avant. En tout cas, j'espère pour toi qu'il sera un peu plus performant par la suite, vu que ta situation est déjà plus que critique."
Harry poussa un long soupir. C'est sûr qu'il ne devait pas compter sur Lupin pour le sortir de là. Mais il n'était pas seul. L'Ordre était au courant et allait l'aider. Un stupide policier moldu ne pourrait rien contre l'Ordre du Phénix au grand complet. Le policier le fixait toujours. Il se posait à chaque fois plus de questions sur cet étrange garçon. C'était maintenant son avocat qui était bizarre. Il se promit de se renseigner un peu sur ce Lupin. Après tout, les Dursley avaient clairement dit qu'ils ne lui prendraient pas d'avocat et ce n'était pas Potter qui l'avait contacté. Donc quelque part quelqu'un agissait pour lui. Et pas forcément dans son intérêt. Encore un élément à éclaircir s'il voulait, un jour, avoir le fin mot de cette histoire. Si, à un moment, il s'était rendu à l'idée qu'il se montait la tête sur ce jeune garçon, qu'il voyait des mystères là où il n'y en avait sûrement pas, l'épisode de l'avocat ravivait tous ses soupçons.
Harry continuait à soupirer bruyamment. Il sentait qu'il était reparti pour une nouvelle série de questions. Et ça ne loupa pas. Quelques minutes après son arrivée, le policier lui demanda encore et toujours les mêmes choses. Et Harry donnait encore et toujours les mêmes réponses, en essayant de se focaliser sur ce que lui avait dit Lupin pour ne pas s'écrouler.
L'interrogatoire lui sembla durer des heures, ses yeux se fermaient tous seuls et la faim commençait à lui causer de sérieux vertige. L'atmosphère du bureau était définitivement étouffante et la fumée de cigarette n'arrangeait rien. L'éternelle répétition des mêmes questions commençait à lui donner mal à la tête.
Finalement, McIntyre le renvoya dans sa cellule où se trouvait toujours Alex. Harry s'écroula sur le banc. Il n'en pouvait plus. Alex le regarda avec compassion.
"C'est pas facile, hein ?"
Harry lui adressa une grimace pour toute réponse.
"Ne t'inquiète pas, ils finiront bien par se lasser."
"Si tu le dis", soupira Harry.
L'instant d'après, la porte de la cellule s'ouvrit de nouveau pour laisser le passage à un homme qui transportait deux plateaux de nourriture dans ses mains. Il le leur tendit sans prononcer une seule parole et ressortit aussitôt. Harry commençait à trouver la situation vraiment oppressante. La seule personne, en dehors de Alex, qui lui adressait la parole c'était le lieutenant McIntyre. Tous les autres se contentaient de l'amener d'un point A à un point B, en l'ignorant complètement. Harry se saisit de la nourriture et la dévora avec avidité. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu aussi faim. Alex mangea également mais avec plus de retenue. Tout ce qu'il faisait, il le faisait avec un flegme déroutant. Quelques minutes après, Harry essaya de dormir un peu. C'était tout ce qu'il pouvait faire pour le moment.
Au QG de l'Ordre, l'ambiance était plutôt morose. Lupin avait répété toute son entrevue avec Harry. Tous étaient inquiets de l'attitude de ce policier qui semblait vouloir en savoir un peu trop. Cependant, ils ne pouvaient rien faire pour le moment.
Au premier étage, les quatre jeunes n'avaient pas perdu une miette de ce que racontait Lupin. Ron tournait maintenant comme un lion en cage, les jumeaux essayaient de mettre en place un plan de bataille pour faire évader Harry et Hermione désespérait de leur faire entendre raison.
Puis soudain, la poche de la jeune fille se mit à vibrer. Les trois Weasley sursautèrent violemment.
"Hermione", commença Ron, d'une voix plus aigue que d'ordinaire, "tu as un truc qui tremble dans ta poche !"
"Ne bouge surtout pas", continua Georges, plus sérieux qu'il ne l'avait jamais été, tandis que la poche de Hermione continuait de vibrer. "C'est sûrement une sale bestiole, la maison en est pleine. Ne bouge surtout pas, je vais l'écraser", poursuivit-il en levant le poing bien haut.
"Non, mais ça va pas", s'écria la jeune fille. "Ce n'est pas une sale bestiole, c'est mon portable !"
"Ton quoi ? hurlèrent en même temps les trois rouquins."
"Mon portable", répondit Hermione en tirant un curieux appareil de sa poche.
"Mais qu'est-ce que c'est ?" bredouilla Ron, pas très rassuré devant ce petit boîtier qui tournait dans la main de son amie en émettant un petit vrombissement.
"C'est un téléphone."
"Mais c'est un truc moldu !" s'écria Ron.
"Bravo Ron !" ironisa la jeune fille. "Aurais-tu oublié que mes parents sont des moldus ? Et arrêtez de me regarder comme ça, ce n'est pas dangereux !"
"Mais tu ne l'avais pas avant ? Et pourquoi il n'arrête pas de bouger ?"
"C'est parce que mes parents m'appellent c'est pour ça qu'il bouge. C'est une sorte de signal, si tu veux. Maintenant si vous voulez bien m'excuser, mais il faut que je réponde. Au fait si j'en ai un maintenant, c'est parce que avec la guerre, mes parents voulaient pouvoir me joindre plus facilement."
Sur ce elle quitta la pièce, à grands pas et ferma la porte derrière elle pour pouvoir parler tranquillement à ses parents. Ron hésitait à sortir pour s'assurer qu'elle allait bien. Après tout, il avait déjà utilisé un téléphone et il ne se souvenait pas que l'appareil ait fait le moindre mouvement.
"Ne t'inquiète pas, Ronnie", lança Fred, en voyant son regard inquiet. "Il ne va rien lui arriver, à ta très chère petite Hermionichou !"
Ron lui lança un regard noir et serra les poings. Ce qu'il pouvait les détester ces deux zouaves lorsqu'ils étaient comme ça !
"Bon, c'est pas tout ça", poursuivit Georges, avec sérieux, "Mais on pourrait peut-être profiter de l'absence de Miss rabat-joie pour mettre au point un plan pour sortir Harry de là."
"Tu es sérieux ?" s'exclama Ron.
"Bien sûr qu'on est sérieux", répondit Fred. "Tu n'as quand même pas l'intention de rester là à rien faire ! C'est quand même censé être ton meilleur ami !"
"C'est pas ça", rétorqua Ron, gêné. "C'est juste que vous avez entendu Dumbledore, c'est peut-être pas une bonne idée."
"Et depuis quand on va écouter Dumbledore. Nous en tout cas, on n'a pas l'intention de rester bêtement plantés là. Mais si tu ne veux pas venir avec nous, c'est ton choix. Mais je te préviens tout de suite que si tu n'es pas avec nous, on va être obligé de te modifier légèrement la mémoire", ajouta Fred, en tirant sa baguette et en s'approchant dangereusement de son petit frère.
Ron ouvrit de grands yeux. Il n'aimait pas du tout quand son frère avait cette tête là. Il se demandait toujours s'il était sérieux. Finalement il secoua la tête. Il n'allait pas rester à rien faire alors que Harry était dans une situation critique.
"Je suis avec vous", dit-il finalement. "Mais il nous faut un plan."
"Justement...", répondit Georges, en prenant un air de conspirateur.
"On en a un", acheva Fred.
Voila j'espère que cette suite vous a plu. Je vous promets à ceux qui veulent la suite que je ne vous ferais pas attendre autant que pour ce chapitre...
