Bonjour à tous,
Alors je vous avais promis une suite plus rapide et la voila... Je ne garantis pas, cependant, la suite, aussi rapidement. Comprenez bien, je rentre en France pour les fêtes et je vais revoir famille et amis que je n'ai pas vus depuis près de 6 mois...alors forcément, je ne garantis pas que je vais me mettre devant mon PC tout de suite.
Mais bon, peu importe! Voici le nouveau chapitre. Je vous remercie tous pour vos reviews. Comme vous le savez je ne peux vous répondre à chacun mais sachez que le coeur y est. Juste une petite précision. En principe Kate et Jack n'interviendront plus dans l'histoire. Et il n'y aura pas de romance. Ce n'est pas le but de cette fic. Donc désolée pour tous ceux qui le désiraient.
Autre précision, je n'ai aucune connaissance du droit anglais, ni du fonctionnement de la police chez nos voisins. Je décris donc les choses à ma façon et il se peut très bien qu'il y ait quelques incohérences. Mais cette fic n'a pas pour but d'être un cours de droit pénal, donc ne m'en voulez pas.
Bonne lecture à tous...
Chapitre 3 : Les choses s'accélèrent.
La ville dormait d'un sommeil paisible. Pas une voiture, pas un chat, personne…le quotidien parfait de cette petite ville de banlieue. Rangé, ordonné, chaque chose à sa place et une place pour chaque chose. Et ce qu'on ne voulait pas voir…c'est ici que cela atterrissait. Décharge publique pour bourgeois aveuglés. Mac Intyre s'étira longuement et quitta le rebord de la fenêtre, lassé de regarder sans cesse le vide qui l'entourait.
Il faisait sombre dans son bureau. Juste une petite lampe sur la table et la lumière bleue de son écran d'ordinateur, brouillée par le nuage de fumée qui flottait sous le plafond. Mac Intyre eut un sourire amer en contemplant la pièce où s'entassaient des dizaines et des dizaines de dossiers. Il avait toujours pensé que l'obscurité dans son bureau lui donnait un air d'Eliot Ness. A l'époque où il y croyait encore, où il voyait dans son métier une sorte de mission sacrée. Il se laissa tomber dans son fauteuil dans un long soupir désabusé. Tout cela n'était que chimère. Voila presque vingt cinq ans qu'il se tuait au travail…et rien n'avait changé. C'était toujours les mêmes gosses qu'il voyait passer devant lui. De pauvres gamins qui avaient eu le malheur de déranger le petit monde de Privet Drive. Etaient-ils innocents ? Il l'ignorait. Avaient-ils des raisons d'agir ainsi ? Cela ne le regardait pas. Il était là pour appliquer la loi. La loi…toute la loi…et rien que la loi.
Lentement, il ouvrit le premier tiroir de son bureau. Il gardait toujours une bouteille avec lui en prévision de toutes ces nuits d'insomnie où il préférait rester au bureau plutôt que de retrouver la solitude de son appartement. Le liquide ambré coula dans le verre, brisant un instant le silence presque pesant de la pièce. Il avait toujours aimé le Whisky. Il n'était pas Anglais pour rien. Et puis c'était tout ce qui lui restait.
Mac Intyre leva son verre devant lui dans un toast muet. Un jour il avait promis qu'il arrêterait de boire. Non qu'il fût alcoolique, loin de là, mais sa femme - pardon, son ex-femme - détestait ce qu'elle appelait l'odeur de vieil alcool frelaté. Mac Intyre ricana. Comment pouvait-on appeler vieil alcool frelaté, un whisky de trente ans d'âge ? Quelle idiote ! Finalement ce n'était pas si mal qu'elle soit partie. Avec ce charmant avocat français ! Quelle bêtise ! Juste un flambeur de plus ! Il avait du lui promettre monts et merveilles… Ou peut-être était-ce le charme français qui avait opéré ? Pff…comme si les Frenchies étaient différents ! Tous pareils…à se repaître d'apparence pour se donner l'impression d'exister.
Mac Intyre jeta un regard désespéré sur la montagne de dossiers qui s'amoncelait sur son bureau. Trop de travail…Toujours plus d'affaires…toujours plus de dossiers à traiter, d'enquêtes à mener, de crimes à résoudre…et tout ça pour quoi ? Sitôt une affaire classée, une autre lui tombait dessus. C'était à peu près à cela que ressemblait son quotidien. Recommencer éternellement les mêmes choses. Seuls les noms changeaient. Mais il fallait faire semblant…et se persuader d'œuvrer pour un monde où la justice régnerait.
Si seulement il avait pu être quelqu'un d'autre ! Juste l'espace d'un instant devenir lui aussi un Peter Pan, dans un monde imaginaire où les méchants ne sont pas ceux que l'on croit…et sûrement pas tous ces pauvres gamins qui défilaient dans son bureau. Mac Intyre poussa un nouveau soupir. Autant profiter de son insomnie pour avancer un peu dans la paperasserie. S'il y avait bien une chose qu'il avait apprise, c'était que ressasser le passé ne servait à rien…et rêver était encore pire. Il était de toute façon coincé dans ce stupide commissariat jusqu'à la fin de sa vie. Il était trop tard pour lui pour imaginer un poste plus palpitant. Il finirait sa vie ici…et il ne serait pas surpris s'il poussait son dernier soupir dans ce bureau.
D'un geste las, il commença à faire un peu de tri dans tous ses papiers. Il ne se souvenait même plus sur quelle affaire il travaillait. Ah si ! Un gamin qui avait siphonné un réservoir de voiture…passionnant ! Son regard tomba sur sa bouteille de Whisky. Il fit le geste de se resservir avant de se reprendre. Il avait assez bu pour ce soir ! En plus de n'être qu'un pauvre petit fonctionnaire…il n'allait pas devenir alcoolique par-dessus le marché. Non ! Il avait encore un peu trop d'honneur pour tomber aussi bas.
Mais lorsqu'il voulut ranger la bouteille dans son tiroir, ses yeux se posèrent sur le « morceau de bois » de Potter. Mac Intyre plissa les yeux, se saisit de l'objet et l'examina sous toutes les coutures. Potter. En soi, rien de plus qu'une affaire banale…et pourtant. Il sentait au fond de lui que quelque chose se cachait sous ce nom. Quelque chose de terrible et de…magnifique ? Son imagination travaillait trop. Il avait tellement rêvé dans son enfance d'être quelqu'un de différent… quelqu'un de spécial… qu'il en venait à imaginer des choses dès que le moindre mystère se présentait à lui. Et pourtant. Il n'avait pas imaginé ce qu'il avait vu…ou plutôt ce qu'il n'avait pas vu. Potter n'existait nulle part…Potter n'était qu'une ombre…et le neveu détesté des Dursley.
Les Dursley. Il les avait reçu longuement dans son bureau pour essayer d'en savoir un peu plus. Et tout ce qu'il avait appris, c'est que Potter n'était qu'un petit délinquant incapable, né de parents alcooliques. Un gamin ingrat qui ne faisait que causer des soucis à cette si parfaite famille qui l'avait recueilli. Il avait cru vomir en entendant cela. Il était bien placé pour savoir à quel point les adolescents peuvent être difficiles, mais de là à…il ne trouvait aucun mot pour désigner l'attitude des Dursley à l'égard de leur neveu. Ils n'avaient pas essayé de le défendre, ni même de le sortir de là. Non. Ils avaient prétextés un départ en vacances pour ne plus avoir à revenir. Il se souvenait pourtant parfaitement du jour où Dudley Dursley, cette espèce de grosse brute sans plus de cervelle qu'un babouin, avait atterri lui aussi dans son bureau après avoir rossé un gamin du quartier. Son père avait fait un esclandre, jurant qu'il remonterait jusqu'au premier ministre en personne si on ne libérait pas tout de suite son rejeton adoré. Mais Potter, lui, ne semblait pas en valoir la peine.
Mac Intyre se massa les tempes et avala encore une grande lampée de whisky. Cette affaire l'obsédait plus qu'il ne voulait le croire. Il savait qu'il pouvait se contenter de tout arrêter là. Après tout, il avait suffisamment de preuves contre ce gamin pour refiler l'affaire au juge. Potter n'avait pas de casier judiciaire. Il s'en sortirait sûrement avec une simple leçon de morale et un contrôle judiciaire. Et au pire il se retrouverait dans une quelconque institution chargée de le remettre sur le droit chemin. Finalement ce serait peut-être toujours mieux que de le renvoyer dans cette famille qui avait l'air de se soucier de lui, autant que de leur première chemise. Et encore. Il n'était pas sûr que la chemise n'eût pas plus d'importance.
Mais plus il y pensait, moins il avait envie d'abandonner. Pour une fois que quelque chose de…différent se passait. Pour une fois qu'il sentait qu'il pouvait être utile…essayer juste quelque chose pour ne pas oublier complètement l'idéal de justice qui l'avait animé à ses débuts. Et puis, être policier n'était-ce pas résoudre des énigmes ? En tout cas c'est ce qu'il croyait lorsque, enfant, il dévorait les Sherlock Holmes. Alors pour une fois… Mais par où commencer ? Tout le problème était là. Comment aborder une affaire dont le mystère réside justement dans l'absence de données ? Mac Intyre continua à tourner la baguette entre ses doigts, les yeux perdus dans le vague. Potter. Ce gamin avait réveillé en lui des sentiments qu'il croyait disparus depuis longtemps. Ou en tout cas, l'envie de s'investir dans quelque chose de plus solide que son boulot.
L'histoire de Potter ne tenait pas debout. Non, en fait, il n'y avait pas d'histoire. Ce stupide gamin s'était contenté de répondre qu'il ne savait rien. Et c'était pire encore que ceux qui s'évertuaient à inventer des histoires, toutes plus rocambolesques les unes que les autres, pour se justifier. Mac Intyre passa une main sur ses yeux. Trouver ce que Potter cachait. Cette idée tournait dans son esprit. Il devait savoir. Même si pour cela il devait s'user la santé. Parce qu'à cet instant, ce mystère était la seule chose qui le faisait se sentir vivant. Trouver ce que cachait Potter et peut-être, par la même occasion, se souvenir des raisons qui l'avaient amené dans ce bureau. Mac Intyre se redressa un peu dans son fauteuil. Il était enquêteur, il était détective, et il allait leur montrer à tous qu'aucun mystère ne lui résistait !
Il se tourna vers son ordinateur. Il savait qu'il ne trouverait rien sur Potter ou sur ses parents biologiques. Inutile de se fatiguer à chercher encore. Alors par où commencer ? L'avocat peut-être ? Oui, c'était une bonne idée. Essayer de savoir ce que cet avocat qui n'en était pas un, pouvait lui révéler. Comment s'appelait-il déjà ? Ah oui ! Remus Lupin. Mais quelle idée de s'appeler ainsi ! Les parents sont parfois complètement irresponsables ! Remus ! Pas un nom, ça ! Tout juste bon pour un animal de compagnie.
Mac Intyre retint un sourire en entrant le nom dans la base de donnée. Les lettres clignotèrent sur l'écran : No match. Le policier se rejeta dans son fauteuil, dans un long soupir. Pas de Potter, père ou fils…pas de Lupin…alors quoi ? Il avait rêvé peut-être ? Mais Harry Potter, lui, se trouvait bien au sous-sol ! Et le parrain ? Il restait le parrain ! Ce dangereux criminel recherché par la police. Sirius Black ! Encore un nom ridicule, soit dit en passant. Mac Intyre se redressa à nouveau dans son fauteuil. Il sentait l'excitation grandir en lui. Un large sourire éclaira son visage l'espace d'un instant. Voila qu'il retrouvait son âme de gosse. Il faudrait qu'il remercie Potter pour ça. Grâce à lui, il avait le sentiment de se lancer dans un grand jeu de piste.
Son écran afficha la photo d'un homme pâle, l'air fou furieux…ou peut-être fou, tout simplement. De longs cheveux noirs et sales, d'après ce qu'il voyait, encadrait son visage émacié. Il se pencha un peu en avant pour lire ce qu'on lui indiquait. Sirius Black, recherché pour le meurtre d'une vingtaine de personnes, près de quinze ans auparavant. Considéré comme extrêmement dangereux. Et quoi ? C'était tout ! Aucune explication, aucune précision ? Quelles personnes avaient-ils tués ? S'il s'était évadé, dans quelle prison avait-il était incarcéré avant cela ? Et puis, était-ce là son premier forfait ? En général les criminels ne commençaient pas leur carrière par le meurtre de vingt personnes. Ils se faisaient d'abord la main. Et Potter qui assurait qu'il était mort. Pourquoi le prétendrait-il, si ce n'était pas vrai ?
Mac Intyre ferma les yeux un moment. Il devait réfléchir, avec logique. Il ne rêvait pas. Il y avait bien quelque chose d'anormal dans toute cette affaire. Il ne savait pas si Potter était coupable ou non. Mais une chose était sûre, il ne le laisserait pas quitter ce commissariat avant de savoir qui il était. Qu'importe cette épicière et sa caisse. De toute façon, les « complices » avaient déjà du dépenser l'argent. Non ce qu'il fallait c'était comprendre qui était ce gamin.
Mac Intyre resta longuement, les yeux prostrés sur son écran d'ordinateur. Où chercher ? Il lui fallait une inspiration, quelque chose qui le mette sur la voie. Il pianota plusieurs fois le nom de Sirius Black sur son ordinateur avant de l'effacer à chaque fois. Et il fixait la photo de cet homme comme si elle allait soudain s'animer et lui donner la réponse. Sirius Black avait été arrêté le 3 novembre 1981, lui disait-on. Mais bon sang ! Que ferait Sherlock Holmes dans ce cas ? Facile ! Il lancerait l'un de ses « Elémentaire, mon cher Watson ! » et…il reprendrait toute l'histoire à la source !
Mac Intyre se concentra un peu plus sur son écran. Reprendre toute l'affaire à la source. Sirius Black, c'était tout ce qu'il avait pour le moment. Ou plutôt une date, 3 novembre 1981. Il devait commencer par là. Il remercia le ciel que des crétins se soient donnés la peine d'informatiser toutes les données de la police depuis vingt ans. Voila qui simplifierait son travail. Il entra la date dans la base de donnée, priant de toutes ses forces pour trouver quelque chose. Il ne s'était jamais senti aussi excité que depuis le jour où il avait réussi le concours pour rentrer dans la prestigieuse police de Sa Majesté. Et il fut heureux que personne ne soit là pour le voir dans cet état.
La liste de tous les crimes commis sur le territoire britannique, avant et après cette date s'afficha. Des milliers d'affaires succédant à d'autres. Comment pouvait-on envisager que tant de crimes puissent être commis ? Mais cela ne lui apportait rien. Mac Intyre poussa un long soupir. Il sentait pourtant que c'était là qu'il devait chercher. Il fixa longuement la liste, à en avoir mal à la tête. Les lettres se mélangeaient à présent devant ses yeux. Novembre 1981 ! Il sentait la réponse tout près. Il fit défiler la liste dans tous les sens, revenant sans cesse à cette date qui l'obsédait. Il lui semblait qu'elle marquait une limite, une date fatidique. Mais en quoi ? Mac Intyre balança sa souris d'un geste rageur. Il ne trouverait jamais la moindre réponse. Sirius Black avait assassiné vingt personnes. Et alors ? Jack l'éventreur avait fait bien pire ! Pas de quoi déplacer des montagnes.
Il se saisit de son paquet de cigarettes, espérant qu'occuper ses mains éclaircirait ses pensées. Vide ! Bon sang ! Tout se liguait contre lui aujourd'hui ! Plus de clopes…pas de réponses…et toujours un tas conséquent d'affaires. Il écrasa le paquet vide de toute la force de sa poigne. Il ne tiendrait jamais toute la nuit sans cigarettes. Mais à qui demander ? Qui d'autre que lui pouvait encore hanter ces lieux en plein milieu de la nuit ? Les gardiens ! Ceux qui surveillaient le « sous-sol ». Ils auraient sûrement de quoi le dépanner. Et s'ils ne voulaient pas…bah après tout, il était leur supérieur hiérarchique. Il n'aurait qu'à faire montre de son autorité naturelle. Mac Intyre quitta son bureau en souriant. Il fallait vraiment qu'il se calme ce soir. Ou il finirait sa vie en hôpital psychiatrique.
Les couloirs étaient déserts. Tout juste éclairés par des néons grésillants. Cet endroit était vraiment sinistre. Pas âme qui vive. Juste des bureaux fermés, attendant patiemment le retour à horaire fixe de leurs fonctionnaires de propriétaires. Mac Intyre avança d'un pas rapide. Il n'arrivait pourtant à défaire ses pensées de cette foutue liste. Elle défilait dans son esprit, comme si elle y avait été imprimée. Des milliers d'affaires et une date, en principe anodine, au milieu. 3 Novembre 1981. Des milliers d'affaires et… Il s'arrêta soudain dans son mouvement alors qu'il s'apprêtait à descendre l'escalier. Mais bon sang ! Pourquoi n'avait-il pas vu cela avant. C'était là, juste sous ses yeux et il n'avait rien vu.
Il se retourna brusquement et se mit à courir vers son bureau. Il comprenait maintenant pourquoi cette date lui avait semblé si importante. C'était là que tout avait commencé ! Ou plutôt que tout avait fini. C'était ça, la limite qu'elle marquait ! La porte de son bureau claqua violemment derrière lui. Mac Intyre se précipita devant son écran. Tout était limpide à présent…enfin façon de parler. Qu'est-ce qui avait changé après le 3 novembre ? Facile ! Des centaines de meurtres inexpliqués. C'était cela qui lui avait semblé étrange sans qu'il puisse le comprendre vraiment. Avant novembre 1981, la liste faisait état de centaines de meurtres tous plus étranges les uns que les autres. Des affaires laissées en suspens, des crimes non résolus. Des gens dans toute l'Angleterre, assassinés dans des circonstances que personne ne pouvait comprendre. Mac Intyre cliqua sur l'une de ses affaires, au hasard. Peter Diggory, retrouvé mort, chez lui. Pas de trace d'effraction. Pas de coups, pas d'armes. Juste retrouvé mort, étendu. Maximilien Pucey, idem. Fabian et Gideon Priwett, pas plus d'explications. Edgar Bones, retrouvé dans la tamise. La famille Mckinnon…et encore des milliers de noms. Des tas et des tas d'affaires…sans que personne ne soit inquiété. Et ensuite ? Plus rien. Sirius Black est arrêté et tout s'arrête.
Mac Intyre jubilait. Il ne savait s'il était sur la bonne voie mais une chose était sûre. Le mystérieux Harry Potter était lié à Sirius Black. Et Sirius Black ne pouvait qu'être lié d'une façon ou d'une autre à cet étrange phénomène. Le policier secoua la tête. Il fallait vraiment qu'il se calme. Rien ne prouvait que Sirius Black eût le moindre rapport avec tout cela. Ce n'était peut-être qu'une coïncidence. Après tout, il n'était pas le seul à avoir été arrêté le 3 novembre 1981. Mais pour le meurtre de vingt personnes ! Cet homme, inconnu au bataillon qui assassine vingt personnes et ensuite les affaires non classées se réduisent à la portion congrue. Mac Intyre rentra le nom de Fabian Priwett. A défaut d'en savoir plus sur ce mystérieux Mr Black, il pouvait toujours chercher parmi les victimes.
Il manqua s'étrangler en constatant que rien ne concernait cet homme. Certes la base de donnée de la police ne rassemblait pas toutes les informations sur tout le monde. Mais là ! Il ne pouvait croire que cela soit possible. Jamais la moindre contravention…pas de demande d'immatriculation pour une quelconque voiture…pas de demande de passeport…rien…jamais la moindre plainte. A moins que cet homme ne soit un ermite…c'était tout à fait inconcevable. Et les autres…rien de plus. Il eut beau faire succéder les noms aux noms, il tombait toujours sur la même réponse. Toutes ces affaires non classées concernaient l'assassinat de personnes qui ne semblaient pas exister. Mais qu'est-ce que c'était que cette histoire ?
Mac Intyre se prit la tête entre les mains. Il fallait qu'il comprenne. Il était allé trop loin maintenant pour ne croire qu'à une simple coïncidence. Il chercha son paquet de cigarettes, avant de se souvenir qu'il n'en avait plus. S'il voulait avancer, il ne lui restait plus qu'une solution…interroger Potter…et le faire craquer. Après tout, ce n'était qu'un gosse…et il en avait eu de plus coriaces. Il entendit soudain des pas précipités dans le couloir. Il se demandait ce qui allait encore lui tomber sur la tête, lorsque la porte de son bureau s'ouvrit avec fracas sur l'un des gardiens du « sous-sol ».
"On a un problème avec Potter", haleta-t-il entre deux souffles.
Harry n'en pouvait plus. Cela faisait trente fois au moins qu'il comptait le nombre de pas entre chaque mur de la cellule. Trois en largeur, six en longueur. Mais bon sang ! Qu'est-ce qu'il faisait ici ? Alex l'observait du coin de l'œil, s'amusant de la frustration du jeune homme. Il avait fait la même chose, au début. Avant de comprendre que tout cela était vain. Il suffisait d'attendre. C'était tout ce qu'il faisait depuis qu'on l'avait placé dans ce foyer d'accueil. Attendre. Attendre d'être majeur pour ne plus rendre de compte à personne, attendre qu'on lui fiche la paix…attendre. Et maintenant, il attendait que l'éducatrice vienne le chercher. Il savait qu'elle prendrait son temps. Elle devait considérer qu'il s'agissait d'une bonne leçon pour lui. Elle n'avait toujours rien compris. Il se fichait pas mal d'être là ou au foyer.
Il avait tenté encore une fois, la dixième peut-être, de prendre la poudre d'escampette. Non qu'il fût malheureux dans ce foyer, loin de là…mais il fallait bien se donner l'impression de vivre des aventures. Alors il fuguait à chaque fois. Et chaque fois, il se faisait prendre. Le psychologue de comptoir qui s'occupait de son cas, prétendait qu'il faisait exprès de se faire prendre…qu'il voulait juste attirer l'attention. Comment de tels imbéciles pouvaient prétendre être des spécialistes ?
Et là encore il s'était fait rattrapé. Il avait juste voulu manger quelque chose…et filer vite fait sans payer l'addition. Mais non, il avait fallu que le vigile se place sur sa route. Et maintenant, retour à la case départ. Alex soupira longuement. Qu'importe ! Il lui restait moins d'un an à tenir avant sa majorité. Et il serait libre. Bien sûr son frère lui proposait sans cesse de venir le rejoindre. Il pourrait s'occuper de lui. Mais à quoi bon ? William vivait dans un autre monde. C'était un sorcier. Que ferait-il d'un gamin à ses côtés…d'un…comment disaient-ils déjà ? Ah Oui ! D'un moldu ! Il risquerait de le gêner plus qu'autre chose. Et puis il ne voulait pas quitter l'Angleterre. Il se plaisait ici. Et il avait des projets pour l'avenir.
Pour la quarante troisième fois, Harry traversa la pièce dans le sens de la longueur. Il tournait et retournait dans sa tête les derniers évènements. Il n'en pouvait plus d'être là. Il avait chaud, il avait froid, il sentait le malaise monter peu à peu du plus profond de son être. Et sa tête commençait à lui faire mal. Il ne savait ce qui le gênait tant. Etait-ce cette situation qui lui rappelait Sirius ? Ou bien de se sentir abandonné face à la curiosité maladive de ce maudit policier ? A moins que ce ne soit la douleur dans sa cicatrice qui se rappelait un peu plus à lui à chaque instant. Harry passa une main sur son front. Oui, elle lui faisait mal. Plus que de coutume. Et sa tête commençait à cogner douloureusement. Harry se laissa tomber sur le banc et essaya de se concentrer sur les graffitis inscrits sur les murs pour ne pas penser à cette douleur de plus en plus forte. Alex tapotait sur le sol avec son pied. Ce bruit léger résonnait pourtant comme autant de coups de marteau dans l'esprit du Survivant.
Harry prit sa tête dans ses mains et se concentra un peu plus sur les inscriptions. Mais plus il essayait de les lire, plus ses pensées se brouillaient. Les mots se mélangeaient, les lettres s'emmêlaient…et sa cicatrice brûlait un peu plus encore. Il passa une main dessus, espérant que cela atténuerait la douleur. Il sentit un frisson remonter le long de sa colonne vertébrale. Il faisait froid, trop froid dans cette maudite cellule. Il sentit qu'on lui touchait le bras. Lorsqu'il releva la tête, il rencontra le visage inquiet d'Alex.
"Est-ce que ça va ?" demanda ce dernier. "Tu es tout pâle."
"Ce n'est rien", soupira Harry. "Ça va passer. Ça m'arrive parfois."
Alex haussa un sourcil, peu convaincu. Harry frotta ses yeux dans un geste lent. Oui, ça allait passer. Ce n'était rien qu'un petit malaise de rien du tout. Rien d'étonnant dans un tel endroit. Trop d'émotions dans une seule journée, sans doute.
"Tu es sûr que ça va ?" insista Alex, tandis qu'Harry passait encore une main, légèrement tremblante sur sa cicatrice. "Tu ne veux pas que j'appelle quelqu'un ? On peut faire venir un médecin, tu sais."
Harry secoua la main pour indiquer que ce n'était pas nécessaire. Il ne manquerait plus qu'il ait à expliquer à un médecin pourquoi sa cicatrice lui faisait mal, pour que cette journée soit définitivement la plus foireuse qu'il ait jamais vécu. Alex haussa les épaules et replongea dans ses propres pensées. Harry se prit la tête entre les mains. Il avait chaud à présent. Comme si des centaines de flammes dansaient en lui. Sa tête tournait un peu.
Alex commença à siffloter. Harry sentit le malaise le prendre. Il lui semblait que sa tête était sur le point d'exploser. Il fixa le mur avec insistance, clignant des yeux comme pour éclaircir sa vision. Sa cicatrice brûlait un peu plus encore. Il se sentit fébrile, presque excité. Et sa tête continuait à cogner furieusement au rythme presque hypnotisant des élancements de sa cicatrice. Il sentait la fièvre monter en lui. Il ferma les yeux un instant. Ses paupières brûlantes firent couler une larme involontaire sur sa joue. Il se demanda s'il était juste malade ou si son malaise n'était pas plus profond. La douleur dans sa cicatrice se fit plus insidieuse encore. Harry se prit la tête entre les mains. Il ressentait cette impression vaseuse de vertige à laquelle il était habitué chaque fois que son esprit et celui de Voldemort étaient trop proches.
Soudain, Harry sentit le feu embraser son cœur, sa gorge et sa tête. Il eut un vertige qui le prit tout entier et tomba en avant. Un cri s'échappa de sa gorge. Sa cicatrice s'enflammait. Voldemort était là, il sentait sa présence. Il voulut fermer son esprit, repousser les images qui ne tarderaient pas à venir. Sa tête heurta le sol de pierre de la cellule. Harry ne distinguait plus que des formes floues. Sa tête tournait et son cœur battait furieusement à ses tempes. Son coeur se serra. Sa gorge manqua d'air. Un maelström d'émotions brutales l'emporta. Son corps se tétanisa dans une convulsion aussi violente que brève. La colère le prit, d'une violence qu'il n'avait jamais connue. Jamais. Des torrents de haine se déversèrent en lui.
Alex se précipita à ses côtés. Il hurla son nom. Mais Harry n'entendait rien. Il voyait. Il voyait Voldemort et ses sbires se livrer à un massacre sans précédent dans un village moldu. Des hommes, des femmes et même des enfants tombaient les uns après les autres sous le joug des terribles baguettes. La rage et la colère lui mordaient le cœur. Il crut qu'il perdait la tête. Il conjurait les impardonnables les uns après les autres, décuplant ainsi sa folie meurtrière. La rage, la colère et le ressentiment de Voldemort lui rongeait l'âme. Harry se sentit emporté dans un déchaînement d'images et de sentiments, un magma de sensations à la fois agressives et douloureuses.
Alex frappait à présent de toutes ses forces sur la porte de la cellule. Il fallait que quelqu'un vienne. Il ne comprenait plus rien, Harry qui l'instant d'avant avait l'air parfaitement bien, enfin autant qu'on pouvait l'être dans un tel lieu, était maintenant pris d'une crise de...de quoi au fait ? Qu'importe ! Tout ce qu'il voyait, c'est que ce foutu gamin souffrait au-delà de toute raison.
Le corps d'Harry se tordit soudain dans un spasme plus violent que les précédents. Il ne voyait plus rien du carnage auquel il participait quelques instants plus tôt. Il était en train de se perdre dans les pensées de son ennemi, il plongeait dans l'esprit torturé du mage noir, bien plus loin qu'il n'était jamais allé. Tout n'était plus que violence autour de lui. Des images rapides et brutales, sans autre logique que la haine et la vengeance. Une foule à ses pieds qui criait grâce, Poudlard en ruine, le corps torturé de Dumbledore…Harry essaya de fermer son esprit. Il sentait son propre ressentiment, ses propres angoisses se mêler à celles de Voldemort. Et il y avait cette douleur qui les étouffait l'un comme l'autre, un désarroi qu'ils devaient cacher pour ne laisser personne abuser de leurs blessures. Harry s'embourbait dans ces pensées visqueuses pleines de fiel, sans parvenir à s'en détacher pour trouver la force de partir. Il crut qu'il ne parviendrait à quitter cet esprit…la peur lui tiraillait l'estomac…l'angoisse lui serrait la gorge.
Alex revint vers lui et le secoua dans tous les sens pour essayer de le sortir de son inconscience. Harry était blafard, sa cicatrice plus rouge encore…et il ne cessait de trembler, le visage figé dans une grimace de terreur. Il ne parvenait à quitter cet esprit démoniaque qui lui mangeait la moitié de l'âme. Il n'arrivait à se défaire de ces images. Il entendait Alex, comme dans un rêve. Il savait qu'il devait revenir. Il chercha une porte de sortie. Mais partout où il se tournait, partout où il regardait, ce n'était que menaces. Pas de lumière, pas de joie, aucune confiance…juste des menaces qu'il fallait faire taire par la peur. Il eut soudain envie de rire. Une joie toute sadique lui brûla l'âme. Il ne savait d'où elle venait, il ne savait si c'était la sienne, il ne savait si le désarroi du grand Maître des Ténèbres en était la cause…mais ce qu'il savait, c'est qu'il devait partir au plus vite.
La porte de la cellule s'ouvrit soudainement sur deux policiers, visiblement furieux d'être dérangés alors que c'était justement le soir de la retransmission de la grande finale de football. Ils se figèrent sur place lorsqu'ils aperçurent Potter dans les bras de Winster. Le gamin, plus pale que la mort, tremblait de tous ses membres. Les deux policiers restèrent un moment les bras ballants et les yeux exorbités, se demandant ce qu'ils devaient faire. C'était bien la première fois qu'ils voyaient cela.
"Appelez un médecin !" hurla Alex. "Mais dépêchez-vous !"
Finalement l'un des fonctionnaires sembla se remettre de sa surprise et quitta la pièce en courant. Alex passa une main sur le front du jeune homme. Il était glacé. Et ses cheveux noirs rendaient son visage plus blafard encore. Le deuxième policier s'approcha lentement, comme s'il craignait que quelque chose lui saute à la gorge. Peut-être n'était-ce qu'un simulacre ? Un plan de ces deux gosses pour s'échapper ?
"Qu'est-ce qu'il se passe ?" demanda-t-il à Alex. "Qu'est-ce qu'il a ?"
"Mais qu'est-ce que vous voulez que j'en sache !" s'énerva le jeune homme." Il a besoin d'aide. Vous voyez bien qu'il est inconscient. Faites quelque chose, bon sang !"
Le corps d'Harry cessa soudain de convulser. Dans un cri, il ouvrit brutalement les yeux. Il ne voyait rien. Il avait mal. Il ne sentait plus son corps. Sa tête était pleine d'un long hurlement de rage et de violence. Il ne comprenait pas ce qu'il s'était passé. Alors qu'il s'enfonçait un peu plus dans les méandres de l'esprit de Voldemort, il avait soudain senti la magie lui traverser le corps. Une magie étrangère mais qui pourtant trouvait un écho dans la sienne. Il était parvenu peu à peu à fermer son esprit et à faire le chemin inverse pour quitter l'esprit de son ennemi qui lui dévorait le coeur. Mais la magie avait continué à se déverser en lui et Voldemort l'avait saisie. Il avait laissé échappé un long hurlement de rage, un « Potter ! » violent et haineux au moment où Harry se réfugiait à nouveau derrière ses propres barrières mentales. Et tout s'était arrêté, aussi brusquement que cela avait commencé.
"Harry, est-ce que ça va ?"
Harry se tourna vers cette voix qui lui disait vaguement quelque chose. Il reconnut le visage d'Alex. Il était flou, très flou… Il sentit qu'on lui mettait ses lunettes sur son nez, dans des gestes fébriles et maladroits. Il eut une vision plus claire de ce qui l'entourait. Il était toujours dans cette maudite cellule. Alex lui tenait la main et un policier se tenait un peu plus loin, comme s'il craignait de s'approcher. Il eut froid soudain et la nausée le prit. Il voulut se relever. Alex se précipita pour l'aider à s'asseoir. Le policier sortit chercher un verre d'eau. Harry tremblait de froid à en claquer des dents.
"Mais qu'est-ce qui t'est arrivé ?" bredouilla Alex. "C'était quoi ça ?"
Harry voulut hausser les épaules. Tous ses muscles étaient tendus et sa nuque raide lui faisait mal. Il sentait dans sa poitrine une pression telle qu'il crût qu'il allait défaillir. Le policier revint et lui tendit un verre d'eau. Harry se saisit du verre d'une main faible. Il hésita à le porter à ses lèvres. Il n'était pas sûr que l'eau fût le plus indiqué dans son état. Il aurait préféré une potion plus efficace. Alex le couvrit d'une vieille couverture qui traînait sur le banc. Harry se décida à boire son verre. La chaleur revenait peu à peu dans son corps. Les sourires crispés d'Alex lui réchauffaient le cœur et le rassuraient. Le silence était une bénédiction après toute cette violence. Il fermait les yeux malgré lui. Il les rouvrait chaque fois brusquement pour ne plus voir les horreurs auxquelles il avait été confronté. Sa cicatrice brûlait toujours. Mais ce n'était rien, comparé à la douleur qui l'avait saisi quelques instants plus tôt.
Il ouvrit soudain de grands yeux horrifiés. Voldemort ! Il avait massacré, mis à sac, brûlé un village entier ! Il devait avertir Dumbledore. Peut-être restait-il encore des survivants. Il fallait qu'il parlât avec le directeur de Poudlard. Il essaya de se lever, un éclat de terreur au fond des yeux. Alex l'en empêcha.
"Calme toi, Harry", dit-il doucement. "Ils ont appelé un médecin."
Harry secoua la tête. Il fallait qu'il sorte de la torpeur qui le saisissait peu à peu. Se lever et prévenir Dumbledore, c'était tout ce qui importait. Mais c'était sans compter Alex. Il n'avait pas l'air décidé à le laisser se lever. Il essaya encore une fois. Mais il manquait de forces et Alex le retint de justesse avant qu'il ne s'écroulât à nouveau.
"Bon sang, Harry !" râla-t-il. "Arrête de bouger ! Je t'ai dit qu'ils avaient appelé un médecin."
"Tu ne comprends pas", bredouilla le jeune homme. "Il faut que je les prévienne…Il a attaqué…il les a tous tué…il faut qu'ils aillent voir…"
"Qui a attaqué ?" demanda patiemment Alex, se demandant si son camarade n'avait tout simplement pas perdu la raison.
Harry se tourna vers lui et le fixa droit dans les yeux.
"Voldemort", lâcha-t-il dans un souffle.
Alex frissonna. Non pas à cause du nom, il va sans dire. Mais la détresse qu'il voyait à présent dans les yeux d'Harry lui saisissait le cœur. Il ne savait rien sur ce Voldemort, si ce n'est qu'il n'avait aucune envie de le rencontrer. Mais Harry, lui…Harry, il était tout simplement terrifié. Il se reprit bien vite, cependant.
"Je croyais que tu l'avais vaincu lorsque tu étais enfant", fit-il remarquer d'une voix qu'il voulait neutre.
Harry ferma les yeux un moment. Comment expliquer ? Mais il n'avait pas le temps d'expliquer. Il fallait que l'Ordre du Phénix se rende immédiatement sur place ! Il fallait qu'il les avertisse. Il perdait un temps précieux à discutailler. Il releva la tête. Le policier se tenait devant la porte. Il ne pourrait pas sortir ainsi. Tant pis ! Même s'il devait assommer tout le commissariat pour ça, il fallait qu'il prévienne quelqu'un qui comprendrait tout de suite l'urgence de la situation. Il frotta sa gorge. Il ressentait à présent le malaise qui ne l'avait pas saisi à son réveil. Il avait mal et il avait froid. Il essaya encore de se lever. En vain ! A cet instant, la porte de la cellule s'ouvrit pour laisser le passage à Mac Intyre, suivi de près par ce qui devait être un médecin. L'homme vint immédiatement s'accroupir à ses côtés et vérifia ses signes vitaux.
"Que s'est-il passé ?" demanda-t-il à Alex.
Le jeune homme haussa les épaules en signe d'impuissance. Il s'efforça à relater le plus précisément possible la scène à laquelle il venait d'assister. Il était pale, lui aussi. Il avait eu peur, comme jamais. Il savait que Potter cachait des choses qu'il ne pouvait révéler aux policiers. Son frère lui avait suffisamment répété qu'il ne devait jamais parler de l'existence des sorciers. Secret absolu ! Il comprenait soudain que Potter ne devait pas être dans une situation facile ici. Et à en croire Harry, cette « crise » était en lien avec les sorciers. Mais surtout il comprenait que ces articles qu'il lisait parfois dans ce journal sorcier…tous ces articles sur ce mage noir, n'étaient pas que des mots alignés sur un morceau de papier. Non, c'était l'horreur. Le monde dans lequel vivait son frère, était en guerre. Et une guerre sans merci, à ce qu'il pouvait comprendre.
Le médecin fronça les sourcils, à la fin du récit. Harry essaya de nouveau de se relever mais le médecin l'en empêcha.
"Ne bougez pas !" ordonna-t-il, d'un ton abrupt. "Où avez-vous mal ?"
"Nulle part", répondit Harry, agacé. "C'est passé, je vais très bien."
Ce n'était pas tout à fait exact. Sa tête cognait toujours et il se sentait nauséeux. Mais il n'avait pas le temps de s'appesantir sur sa santé. Des gens avaient besoin d'aide. Et il était le seul à pouvoir la leur apporter. La douleur et la fatigue avaient maintenant laissé place à la colère et la rage. La colère contre Voldemort qui ne le laisserait jamais en paix. La colère contre tous ces stupides policiers qui ne comprenaient rien. La colère contre ce médecin qui continuait à l'examiner sous toutes les coutures. Il essaya à nouveau de se lever. Cette fois-ci, le médecin, assisté par Alex, l'aidèrent à s'asseoir sur le banc. Harry prit sa tête entre ses mains. Que pouvait-il faire pour les convaincre qu'il n'avait pas de temps à perdre ? Le médecin se tint devant lui, les mains sur les hanches. S'il en croyait ce que lui avait dit le policier et l'autre jeune, la crise avait été violente. Et pourtant, ce gamin allait parfaitement bien. Physiquement, en tout cas. Un peu fatigué, peut-être mais rien de très alarmant.
"Ça vous arrive souvent ce genre de crises ?" demanda-t-il.
Harry eut une grimace. Il n'était pas sûr que de répondre que tout dépendait de l'humeur de Voldemort fût une bonne option. Il se contenta de hausser les épaules. Il n'était pas malade, il le savait. Le malaise finirait par passer. Mais il devait prévenir l'Ordre. Soudain son visage s'éclaira. Il releva vivement la tête et regarda fixement le lieutenant Mac Intyre qui observait la scène d'un œil torve.
"Je dois voir mon avocat," lança-t-il.
Mac Intyre haussa les sourcils. Tiens donc ! L'avocat maintenant. Qu'est-ce que ce Rémus Lupin pouvait bien avoir à faire avec cette « crise ». Il ne répondit pas tout de suite. Potter le fixait avec insistance. Il n'avait pas l'air d'un simulateur. Et la douleur qu'il voyait dans son regard ne pouvait tromper personne. Quelles que soient les raisons de cette crise, elle avait bouleversé ce gamin. Peut-être devait-il accéder à cette demande ? Mac Intyre passa une main lasse sur ses yeux et se tourna vers le médecin.
"Comment va-t-il ?" demanda-t-il.
Le médecin réfléchit quelques instants avant de répondre. Le gosse n'était pas malade…mais de là à dire qu'il allait bien !
"Et bien", répondit-il finalement. "C'est difficile à dire…Sur un plan physique, tout va bien, mais…"
"Alors c'est bon", coupa Mac Intyre, sans lui laisser le temps de finir." Il n'y a plus rien à ajouter."
"Mais bon sang", cria Harry, hors de lui." Vous allez m'écouter ! Je dois voir mon avocat ! C'est une question de vie ou de mort !"
Mac Intyre reporta son attention sur lui. Dans la pièce, tous retenaient leur souffle. Inutile d'être legilimens pour savoir que quelque chose n'allait vraiment pas. Mais seul le lieutenant pouvait prendre la décision. Mac Intyre réfléchissait à toute vitesse. Il avait prévu d'interroger encore Potter…mais maintenant. Il disposait d'un moyen de pression sur le gamin. Il ne pourrait que plus facilement arriver à ses fins. Ce n'était pas très moral, certes. Ni très légal. Potter était mineur, et, de ce fait, en droit de voir son avocat à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Mais lui, il avait un mystère à éclaircir. Alors au diable l'éthique et le code de procédure ! De toute façon, ni Potter, ni son avocat, n'avaient l'air de connaître le droit. Ce n'était pas eux qui risquaient de lui reprocher cette petite entorse à la loi. Il hésita un instant encore cependant. La situation était grave, il le sentait. Il ignorait encore qui étaient tous ces gens qui gravitaient autour de Potter et qui n'existaient pas, mais il se pouvait que tout cela dépasse son entendement. Peut-être devait-il juste laisser tomber et laisser le gosse voir son avocat ? Non ! Il ne pouvait pas tout abandonner ainsi.
"Très bien, jeune homme", annonça-t-il, brisant le silence pesant qui s'était installé." Disons que si tu coopères quelque peu, il se pourrait que je me montre conciliant. C'est donnant donnant, en quelque sorte."
Harry serra les poings de rage.
"C'est du chantage ?" répliqua-t-il, avec colère.
"Prends ça comme tu veux", répondit McIntyre, avec calme, peu impressionné par le ton que Harry avait employé. "Je te laisse le choix, avoue que c'est déjà pas mal. Sois tu me dis ce que je veux savoir, sois tu restes là et tu verras ton avocat demain, comme prévu."
Harry ferma les yeux un moment. Il était dans une impasse. Il ne pouvait pas donner à ce policier- que Merlin le maudisse lui et toute sa famille- ce qu'il voulait puisqu'il ignorait les réponses à ces satanées questions. Mais il ne pouvait pas non plus attendre le lendemain pour avertir l'Ordre. Il n'avait déjà que trop tardé. Alors, il ne lui restait qu'une option, mentir. Dire à ce policier ce qu'il voulait entendre et ensuite…ensuite il verrait bien. Une fois qu'il aurait pu parler à Lupin, le reste n'aurait pas d'importance.
"D'accord", dit-il finalement, en lançant un regard de défi à Mac Intyre. "Je vous dirais tout ce que vous voulez savoir. Je peux voir mon avocat, maintenant ?"
"Nous verrons quand tu m'auras tout raconté. Cela dépendra de l'intérêt des informations que tu pourras me fournir", répondit Mac Intyre, presque amusé par l'insolence du garçon. "Suis-moi !" ordonna-t-il.
Harry s'apprêta à le suivre. Le médecin voulut s'interposer. Certes le gamin allait bien. Mais une chose était sûre. Pour le moment, il avait besoin de repos et sûrement pas d'un interrogatoire en règle. Mac Intyre le congédia d'un geste, cependant. Le médecin ouvrit la bouche mais la referma aussitôt. Après tout, quelle importance. Depuis le temps qu'il assurait la permanence pour le commissariat, il avait appris que rien ne servait de vouloir s'opposer aux policiers. Ils étaient les maîtres chez eux. Il ne pouvait pas gagner. Il ramassa bien vite ses affaires et quitta les lieux, tandis que Mac Intyre entraînait Harry vers son bureau.
Voila, j'espère que ça vous a plu. Je sais que ce chapitre était plus court que les précédents, mais bon...j'ose espérer que vous ne m'en voudrez pas. N'hésitez pas à me laisser vos commentaires.
Bonnes fêtes à tous et à bientôt.
