Au pied des marches du château, Harry était toujours pendu au bras de son cher et tendre. Seulement un sentiment d'incertitude commençait à le ronger intérieurement. Là était ses dernières minutes en compagnie de son nouveau bonheur avant bien longtemps. Alors son regard triste se posa sur le profil de ce dernier qui regardait d'un oeil distrait la grande institution. Qu'allaient-ils devenir? Ils n'étaient ensemble que depuis quelques minutes et déjà ils devaient se séparer. En étaient-ils capables ? De survivre à cette séparation après tant de temps à s'avouer chacun sous le charme de l'autre?

Le Gryffondor soupira ce qui attira l'attention de son amoureux. Ce dernier serra un peu plus fort cette main qu'il tenait désespérément dans la sienne. Il comprenait le regard que lui adressait son compagnon. Non... ils ne pourraient pas supporter d'être loin l'un de l'autre. Alors d'un geste félin, il attira sa proie contre lui. Harry se retrouva alors rapidement contre le torse du blond, se laissant totalement aller à cette douce étreinte. Là, le Serpentard l'invita dans un simple chuchotis à passer quelques temps dans son humble demeure.

''Harry... vient chez moi. C'est assez grand pour t'accueillir et tu seras beaucoup mieux que chez tes cousins...Et puis on sera ensemble...''

Ses mots glissaient le long du cou d'Harry, lentement, telle une caresse qui se veut manipulatrice. Alors... face au choix qui se posait à lui, Harry hocha doucement la tête, acquiescant à cette proposition si intimement énoncée. Oui. Bien sûr que oui ! Lorsqu'ils arriveraient à destination, sur le quai 3/4, il le suivrait lui... Il ferait face au regard de sa famille, pour lui. Mais alors, qu'adviendrait-il de son statut de Survivant ? Qu'adviendrait-il de sa vie entre les murs de Mangemorts?

Comme pour répondre à ses propres inquiétudes, Draco caressa tendrement son dos...

« Ne t'inquiète pas... Mon père ne dira rien tant que tu ne seras pas une menace pour sa propre famille. Et puis tu n'as pas encore clairement décidé ton camp. Alors après tout... »

Harry hocha une nouvelle fois en signe d'approbation. Oui... il croyait en ses mots. Les siens. Ceux de son amour. Qu'ils soient véridiques ou non... il s'en foutait. Car cet homme avait un pouvoir d'attraction beaucoup trop fort pour qu'il ne puisse le suivre. Le temps que dura le voyage en train fut bien trop court pour les deux amoureux. Enserrés dans les bras l'un de l'autre, ils n'avaient pas bougé. Draco adossé à la fenêtre, Harry dans ses bras, sa tête reposant contre son épaule. Blaise en face les avait regardé en souriant, Pansy était moins heureuse mais s'y faisait tout de même, et puis les douces caresses que procuraient le jeune Serpentard la rendaient d'un coup beaucoup plus douce.

Ils n'eurent pas de visite des Gryffondor, il fallait dire aussi qu'ils s'étaient terrés dans un coin et que le compartiment était resté clos durant tout le trajet. Le préfet délaissant ainsi ses dernières heures de fonctions à qui les voulait. Il n'en avait cure, juste l'odeur d'Harry, son corps, son amour, c'était uniquement ce dont il avait besoin pour le moment.

Lorsque le train ralentit, Harry se tendit mais une douce caresse sur sa joue le fit redevenir comme avant. Il avait confiance en Draco plus qu'en aucune autre personne. Draco au moins, l'aimait d'un amour sincère, d'un amour pur, et il avait su lui montrer.

Se relevant, il fut retenu par deux bras puissants.

« Draco il faut y aller. »

« Oui, on y va Harry. »

Draco sourit et Harry comprit ce que voulait le blond. Il pencha la tête vers lui et l'embrassa tendrement.

« Hey les n'amoureux ! Faudrait songer à partir. »

« Blaise, rappelle moi de te tuer. »

« Mais bien sûr mon grand, on y pensera. »

Draco marmonna quelque chose dans le cou de son amour et le brun se leva en riant, tendant une main au blond, il l'aida à se mettre sur ses pieds. Rajustant correctement sa robe, l'héritier Malfoy comptait bien sûr impressionner comme chaque année les foules et faire honneur à son père. Harry fit de même, il n'avait pas envie de se faire mal voir de la famille de son petit ami, surtout que leur relation n'était déjà pas au sommet de la forme.

« Ne stresse pas Harry, tu verras, mère est adorable et père saura se tenir en public et puis ça lui fera plaisir de te voir avec moi plutôt que contre moi. »

« J'ai confiance en toi Draco, c'est juste que je rencontre tout de même, les parents de mon petit ami. »

Draco embrassa Harry sur le bout du nez avant de rejoindre Blaise qui tenait la main de Pansy, afin de quitter le wagon. Ouvrant la marche, ils se dépêchèrent de laisser place au couple suivant. A peine eurent-ils posés le pied sur le quai, que les conversations se firent moins fortes suivant les parents et élèves qui reconnaissaient les deux personnes composant l'étrange couple.

« Ron regarde c'est Harry! » fit Ginny.

« Ginny reste là. »

La troupe de Weasley s'agglutina pour voir Harry et furent choqués de le voir en compagnie de Malfoy. Draco ne fit pas attention à eux et mena son petit ami à son père et sa mère qui les attendaient.

« Père, mère, je vous présente Harry Potter, mon petit ami. »

Harry se sentit disparaître six pieds sous terre, mais le sourire chaleureux de Narcissa lui réchauffa le coeur.

« Oh Harry Potter, Draco nous parlait tellement de toi. Je suis si heureuse de te rencontrer. »

Alors que Narcisssa embrassait Harry, le brun ne vit pas l'échange de regard entre Lucius et Draco. Père et fils, pas un mot, simplement un regard, et Lucius avait compris les sentiments de son fils pour le brun, comme le tournant que prenait l'Histoire.

Il tendit la main à Harry avec un sourire froid mais il pouvait voir que c'était différent de leur première fois.

« Je suis ravi de vous rencontrer dans cette condition Monsieur Potter. »

« Euh, moi de même Monsieur Malfoy. »

« Chéri. »

« Oui Narcissa. »

Des elfes de maison récupérèrent les valises et ils passèrent la porte. Arrivé du coté Moldu, Lucius renifla, alors qu'Harry cherchait du regard sa famille. Son oncle le voyant arriver au bras d'un jeune homme plissa le nez.

« Gamin peut on savoir... »

« Oh vous devez être la famille de Harry. Enchantée je suis Narcissa Malfoy. »

La jeune femme tendit sa main à Vernon. Celui-ci vit rien qu'à l'allure, qu'elle était noble, et rougissant il lui fit un rapide baisemain.

« Alors comme ça vous êtes les moldus de Monsieur Potter. » fit Lucius.

« Oui...je suis son oncle... »

« Bien, dans ce cas vous ne verrez pas d'inconvénient à ce que votre neveu vienne séjourner au manoir. »

Vernon déglutit au mot 'manoir', cet homme devant lui était quelqu'un d'imposant, d'important. Il avait une allure qui ne pouvait rester indifférent.

« Nous nous excusons monsieur de ne vous avoir prévenu avant, mais nous sommes pris de court. »

« Ce n'est rien madame, ça ne me dérange absolument pas. Sois sage Harry. »

« Je pense qu'il n'y aura pas de soucis avec ça, n'est ce pas amour ? »

Draco déposa un baiser dans le cou de son Gryffondor, Harry hocha doucement la tête.

« Dans ce cas, si cela ne vous dérange pas, notre voiture nous attend de l'autre côté. »

Ils se saluèrent et ils partirent, Harry sourit en se souvenant de la tête de son oncle alors qu'il faisait la connaissance de Monsieur et Madame Malfoy, qui savaient vraiment se faire respecter. Ils arrivèrent à une sorte de portoloin dans un coin reculé de la gare, là où personne ne pouvait les voir. D'un même mouvement, ils posèrent leur main sur l'objet et ils disparurent.

Ces vacances s'annonçaient changeantes.

Lorsque Ron avait vu Harry descendre du train en compagnie de Malfoy, il avait voulu lui dire ce qu'Hermione et lui avaient découvert, mais Fred l'en avait empêché.

« Dis moi que je rêve, c'est pas possible. »

« Ne t'inquiète pas Fred, cette horrible mascarade prendra bientôt fin. »

Tout en disant ces mots, il eut une pensée pour sa chère et tendre, restée à Hogwarts afin de trouver un remède au maléfice qui avait été jeté à Harry. Il espérait sincèrement qu'elle trouverait avant Noël et qu'elle le rejoindrait ensuite au Terrier, célébrer avec lui les fêtes de fin d'année.

¤

Harry n'en revenait toujours pas.
La demeure des Malfoy était d'une beauté et d'une richesse époustouflante. Des jours qu'il était ici, et il ne se lassait toujours pas de vagabonder dans les couloirs, s'émerveillant continuellement sur chaque chose ornant le manoir. Les tableaux ne savaient plus où se mettre, trop peu habitués aux compliments journaliers qui n'étaient jamais les mêmes, et Draco ne doutait pas de la fuite des bibelots ou autres vaisseliers, s'ils avaient été dotés d'une âme.

Mais aujourd'hui n'était pas un jour comme les autres.
La preuve était que les peintures remerciaient toutes les minutes Merlin, d'avoir fait emmener Le Survivant sur le Chemin de La Traverse, et ô comble du bonheur, trouver un cadeau pour son bien-aimé.
Tout à son euphorie, le brun ne leur prêtait plus aucune attention. Il ouvrit joyeusement la porte de la chambre de Draco - accessoirement sa chambre - et sauta sur celui-ci, qui lisait tranquillement un livre, assis sur le lit.

« C'est pas vrai pire qu'un gamin ! Tu peux pas te calmer un peu ? » snapa (1) le blond, un tantinet agacé d'être dérangé dans sa lecture.

« Excuse-moi… » Répondit tout aussitôt Harry, blessé par le ton qu'avait pris son petit ami.

Peiné par son comportement qu'il jugeait trop excessif, le Gryffondor se lova, néanmoins contre lui, désireux de se faire pardonner. La chaleur que son corps dégageait avait toujours l'étrange effet de l'apaiser et de le faire se sentir bien… ou peut-être était-ce son parfum, qui sait ?
Il ne doutait pas de son amour, mais s'inquiétait de le voir de plus en plus distant avec lui… parfois plus froid…
Sentant ses pensées partir sur un chemin qui risquait de faire mal, il ferma les yeux, occultant l'étrange douleur qui lui étreignait le cœur, pour mieux savourer son étreinte.

Un silence confortable s'installa, uniquement rompu par le bruit des pages que l'on tourne. Le Serpentard, plongé dans son livre, ignorait complètement les doutes qu'avaient pris place dans le cœur et l'esprit du brun.

« Dray ? » appela t-il, incertain.

« Hum ? »

« Qu'est-ce que t'as ? T'es bizarre depuis quelques temps ! »

Draco stoppa sa lecture, semblant hésiter, puis se tourna vers le jeune homme, un sourire rassurant au creux des lèvres.

« Ce n'est rien mon coeur… Ce n'est pas important ! »

Et pour appuyer ses dires, il l'embrassa tendrement sur le front. Un elfe de maison brisa leur échange, annonçant l'arrivée de Blaise Zabini. L'héritier Malfoy pesta contre la ponctualité de son ami avant de s'extirper doucement des bras de son compagnon. Devant son regard surpris, il se sentit obligé de se justifier.

« J'ai besoin de parler à Blaise. Seul à seul. Je viens te chercher quand j'en aurai fini avec les formalités d'usages. En attendant je serais dans la bibliothèque. »

Il l'embrassa amoureusement, puis sortit de la chambre. Harry se demanda l'espace d'un instant ce que son homme avait à confier à son ami qu'il ne pouvait pas lui dire, mais fut interrompu par ses pensées par un « toc, toc » significatif.
D'un mouvement souple, il se leva du lit et alla ouvrir la fenêtre derrière laquelle Edwige attendait patiemment.

Intrigué par le petit paquet qu'elle tenait, et qui ne pouvait venir que d'Hermione, il l'en délesta et saisit aussitôt la lettre.
Au fur et à mesure de sa lecture, ses yeux s'embuèrent et ses mains commencèrent à trembler. Dans son esprit, une seule et unique phrase tournait en boucle, telle une valse sans fin : « Non ! C'est impossible ! Elle ment ! »

Le parchemin chuta lentement au sol alors que le brun, exigeant des réponses rapidement, sortait de la pièce pour se ruer vers la bibliothèque. Curieusement, la porte de celle-ci était restée entrouverte et si un sort de silence avait été posé, celui-ci avait visiblement été levé. Cette découverte calma quelque peu le Gryffondor, qui s'approcha discrètement de l'entrebâillement pour écouter la discussion qui se déroulait à l'intérieur.

« Laisse-moi résumé la situation ou plutôt ton plan plus que foireux ! Tu es raide dingue de Harry, mais dans ton impatience, tu n'as pas pu attendre de voir s'il était effectivement prêt à tout pour t'avoir. Tu as cru à un jeu et dans le doute tu as modifié ton parfum pour l'attirer dans tes filets, comme l'abeille avec un pot de miel. Résultat lors du bal, il te saute dessus et maintenant tu regrettes cette petite étincelle qu'il avait avant et qu'il n'a plus maintenant. Mais bon sang Dray, tu devais bien te douter qu'il ne serait pas complètement lui-même ? »

« Je pensais que ça serait différent. Il résiste bien à l'Impero, pourquoi pas à un vulgaire charme d'attraction ? »

« Je vais t'aider. Mais c'est uniquement parce que on a besoin de lui, de notre côté ! »

Horrifié par ce qu'il venait d'entendre, Harry laissa échapper un petit cri. Il se sentait perdu… Tous ses sentiments qu'il ressentait n'étaient donc pas les siens ? Quelle était la part de vrai ? La part de faux ? Il avait besoin de calme… d'être loin de tout ceci pour pouvoir réfléchir convenablement à cette situation.
Et il n'y avait qu'un seul moyen…
Partir d'ici… Au plus vite.

Les deux Serpentard regardèrent en direction de la porte, en quête du moindre bruit. Puis Blaise chercha le regard de son ami, en quête d'une réponse. Avait-il oui ou non entendu quelque chose ?
Le blond se leva souplement du canapé, où il était confortablement installé un peu plus tôt, et se dirigea silencieusement vers la grande porte en chêne. Il l'ouvrit et sortit dans le couloir, juste à temps pour voir une ombre - qu'il reconnut aussitôt - s'enfuir.

« Merde. Harry ! HARRY ! »

Un mauvais pressentiment prenant subitement place en son cœur, il s'élança à la poursuite du brun. Il courut ainsi à travers tout le manoir pour finir sa course devant sa chambre. Au moment où il entrait dans la pièce, il vit Harry disparaître dans un « pop » sonore.

Sous le choc, il chercha des yeux le pourquoi du comment de ce qui venait de se passer, et son regard se posa sur la petite table basse où gisait une petite fiole vide et à quelques mètres, au sol, un parchemin.

Il le ramassa et commença le lecture de ce qui lui semblait être une lettre.

« Cher Harry,
Je ne sais comment t'annoncer cela sans te faire de la peine, mais en tant qu'amie, je me dois de te dire la vérité. J'espère sincèrement que tu me croiras.
Tu as été trompé, Harry… Et par Malfoy !
Bien que je ne le porte pas dans mon cœur, je me dois de reconnaître que son amour pour toi est bien réel, voire même touchant… Mais il est aussi dangereux.
J'ai été surprise de vous voir ensemble lors du bal, surprise mais heureuse. Cependant je ne pouvais pas m'empêcher de penser que tout était allé beaucoup trop vite.
Pour moi, tu pouvais, certes, avoir des sentiments pour lui, mais pas les afficher de cette manière…Du moins pas tout de suite.
Prise d'un doute, j'ai effectué quelques recherches. Ron m'a d'ailleurs aidée bien plus que d'habitude sur ce coup là.
J'avais sincèrement espéré me tromper Harry, je te le jure. Mais ce soir là, nous avons découvert que si tu étais soudainement si proche de Malfoy, c'est parce que tu étais sous l'emprise d'un charme. Un sortilège très puissant, puisqu'il n'agissait que sur toi.
C'est pour cette raison que je suis restée à Hogwarts, pour essayer de trouver un antidote… Que je t'envoie avec cette lettre.
Ne te méprends pas sur mes intentions. Je ne veux que ton bonheur. Et crois que j'aurais sincèrement aimé que tes sentiments envers Malfoy soient vrais.

Affectueusement,

Ton amie fidèle, Hermione. »

Quand il eut fini de lire, ses mains tremblaient de rage contenue et son aura magique se projetait dans la pièce. L'éclat d'un verre brisé le ramena quelque peu à la réalité et il s'obligea à se calmer.

« Dray ? Ça va ? »

La voix de Blaise n'était qu'un vague son lointain pour lui. Les yeux perdus sur les bouts de fioles brisés, il n'arrivait plus à penser correctement.
Harry était parti et c'était tout ce qui comptait en ce moment.

¤

Colin fut brusquement réveillé par un bruit de corps tombant lamentablement sur le sol. Il alluma rapidement sa lampe de chevet, pour découvrir au milieu de sa chambre, un Harry Potter au regard perdu et en pleurs. Le blond le prit aussitôt dans ses bras et le berça tendrement.

« Qu'est-ce que tu fais là Harry ? » Chuchota-t-il.

« Je ne sais pas… sanglota le brun. Je voulais juste m'éloigner…partir loin de lui…réfléchir…Être prêt de quelqu'un de loyal et franc… Une personne… qui m'aimerait… sans jouer avec mes sentiments… »

¤

« Dray ? Dray ? Est-ce que ça va ? »

« Cette Sang-de-Bourbe va payer… »

« Calme-toi bon sang ! Je te signale que c'est toi qui as utilisé un filtre d'amour… »

« Tu es de leur côté maintenant ? » hurla Draco

« Non, non, bien sur… »

Draco était reste tétanisé pendant dix longues minutes, mais maintenant qu'il avait repris ses esprits, Blaise savait qu'il valait mieux éviter de rester sur son chemin.

¤

« Tu es sûr que je peux rester là quelques jours ? »

« Bien sur Harry, tout ce que tu veux » répondit le jeune Gryffondor « Il faudra juste que l'on trouve une histoire pour maman demain, mais on a toute la nuit pour y réfléchir… »

« Oui, oui… »

Sur ce, Harry s'endormit contre Colin. Il était encore très tôt et il comptait rattraper sa série préférée, mais la présence de son amour de toujours lui avait fait revoir ses priorités, et il s'était contenté de regarder dormir le jeune brun dans ses bras… Un spectacle qu'il n'aurait jamais cru possible.

¤

Quand Hermione vit Edwige revenir sans réponse, elle s'inquiéta. Peut-être son message avait-il été intercepté… Cependant la petite chouette ne semblait pas anxieuse, elle. La lettre avait donc dû être bien transmise. Harry devait sans doute avoir besoin de temps pour digérer la situation. Demain matin, elle rejoindrait Hogsmead d'où elle pourrait tranquillement transplaner jusqu'au Terrier des Weasley.

¤

Draco ne savait pas quoi faire. Il pensait qu'une nuit de sommeil l'aurait aidé, mais encore aurait-il fallut qu'il réussisse à dormir. Et cela avait été très difficile d'expliquer le départ précipité d'Harry à ses parents. Il avait baragouiné une excuse bidon comme quoi il allait sans doute revenir dans quelques jours. Mais Blaise avait raison, il n'aurait jamais du écouter son père. Après tout ce qui était valable pour ses parents ne l'était pas forcement pour lui !

¤

« Euh, tu es sûr Colin ? »

« Mais oui Harry ! Vas-y à fond ! Plus fort que ça, allez ! »

¤

Quand Lucius avait appris les sentiments de son fils à l'égard de son pire ennemi, on ne peut pas vraiment dire qu'il avait bien pris la nouvelle. Mais il avait vu aussi le potentiel que serait Harry dans leur camp. C'est pour ça qu'il avait proposé ce filtre d'amour à Draco. Harry avait besoin d'être totalement amoureux pour les plans qu'il avait en tête pour lui. Après tout, il lui faudrait énormément d'abnégation pour réussir à tuer ses amis.

¤

Le liquide laiteux coulait doucement le long de la joue de Harry.

« Ah ! C'est dégoûtant ! »

« Mais non ! » sourit Colin. « Et c'est même très bon » Et délicatement il préleva quelques gouttes avec son doigt et le suça doucement.

¤

Narcissa se demandait vraiment pourquoi Lucius n'avait pas réagit plus violemment. Elle savait pertinemment que son fils était fol amoureux du survivant. Mais elle doutait cependant des sentiments du brun, et se demandait pourquoi son mari ne s'inquiétait pas tant que ça de l'absence si rapide de Harry. Comme si après avoir repéré les lieux, il prévenait ses amis. Et quelle assurance dans le regard quand il lui avait rétorqué qu'il reviendrait. « Tu es bien revenue, toi » Avait-il ajouté en souriant.

¤

« Doucement Harry, doucement ! Tu vas t'étouffer ! »

« Hummmm, mais ch'est tellement bon … »

¤

Une chose était sur pour Draco, c'est qu'il ne devrait jamais parler de cet échec à son père. Il ne fallait pas qu'il l'apprenne. Il savait maintenant qu'il devrait reconquérir Harry à la loyale. Mais il se demandait si cela pouvait être possible. Maintenant il était protégé par cette miss-je-sais-tout ! Comment avait-t-elle pu se douter si vite qu'il y avait un charme sous les sentiments du brun ? Et le fait qu'elle ait admis qu'il ressentait la même chose pour lui était encore pire ! Elle connaissait sa faiblesse…

« Par Merlin, Harry, où es-tu quand j'ai besoin de toi ? » Draco s'effondra sur son lit, en pleurs.

« Je vous tuerai tous ! Jusqu'au dernier ! Granger, Weasley, Creevey… Tous ! Et la je pourrai mourir, car Harry me tuera de ses propres mains a ce moment la… Au moins je serais heureux de mourir par lui, mon seul adversaire valable… »

¤

La mère de Colin, ainsi que Denis avaient assisté au charmant spectacle depuis le début.

« C'est ta première fois, n'est-ce pas Harry ? »

Le brun s'empourpra.

« Ça se voit tant que ça ? »

« Oh mais ne t'inquiète pas ! Après tout, Denis et Colin en font très souvent depuis qu'ils sont tout petits, c'est normal qu'ils aient plus d'expérience que toi »

« Mais oui Harry, ne t'inquiète donc pas… »

« Et puis c'est vrai que tu es un sorcier, tu n'as pas toute la culture moldu… »

« Euh maman, tu sais … »

Harry l'arrêta. Il pensait que la mère de Colin n'avait pas besoin de savoir que s'il n'avait jamais fait de crêpes, ce n'était pas dû à son origine moldu ou non, mais tout simplement parce qu'il n'avait pas grandit dans une famille aimante. Soudain il eut envie de rester la toute sa vie. Pas forcement dans cette maison, mais avec Colin. Il se rendait maintenant à quel point il l'aimait. Draco l'avait trahi. Oui bien sûr il l'avait attiré, il avait sans doute même été la personne qui lui avait permis de se rendre compte qu'il préférait les hommes. Avec Draco tout était compliqué, il le savait. Et il se rendit compte que Draco aussi le savait et que c'était pourquoi il avait utilisé ce filtre d'amour. Et soudain il se rappela le sourire de Malfoy père, ce sourire victorieux. Tout à coup cela lui paraissait limpide. Il avait été manipulé par le fils et par le père ! Comment pouvait-il faire confiance à une personne comme ça ? Il ne pourrait jamais le pardonner, jamais…

« Harry, ça va ? »

« Oui Colin ! On ne peut mieux ! » Et il se précipita pour embrasser fougueusement le jeune garçon.

« Euh Denis, tu n'aurais pas des devoirs à faire ? » La mère sortit guidant gentiment le cadet hors de la cuisine.

Colin entendit la porte se refermer alors qu'Harry continuait de l'embrasser. Le plus jeune sentit son cœur faire un bon mais d'un coup repoussa le brun avec toute la force qu'il avait dans ses bras. Harry ainsi rejeté, le regarda sans vraiment comprendre. Colin avait les joues rougies et haletait un peu à cause du baiser. Tous les deux avaient les lèvres gonflées mais l'un avait ce regard perdu qui ne comprend pas alors que l'autre en avait un désolé.

« Que… »

« Je..Harry…Je… »

Colin n'arrivait pas à dire quelque chose de normal. Il avait attendu ce moment depuis longtemps, Harry l'aimait. Mais l'aimait-il vraiment pour lui ou juste parce qu'il avait compris que Draco l'avait trompé ? Seulement, lui avait vu les yeux du blond lorsqu'il l'avait embrassé dans la grande salle. Peu importe ce qui s'était passé entre eux, ce qu'Harry avait découvert, il avait vu le regard glace du blond s'illuminer lorsqu'il tenait le Gryffondor dans ses bras. Il l'aimait.

Et ça, il le savait, et lui, il aimait certes Harry, mais il avait ouvert les yeux depuis cet incident. Il soupira en s'approchant du brun et en posant sa main sur sa joue.

« Je suis désolé Harry, mais je ne peux pas. »

Harry ne compris pas.

« Tu ne peux pas quoi ? »

« Je ne peux pas être ce que tu souhaites, je ne le veux plus. »

Le brun recula brusquement.

« Mais… »

« Oui je t'aime beaucoup Harry, je te l'ai déjà dit. Je me souviens parfaitement de ces mots que je t'ai prononcé ce soir là. Ce qui m'a fait réfléchir était le regard amoureux d'une personne sur toi, je n'ai pas le même que lui. »

« Il m'a trahit et menti. »

« Et alors Harry ? Tout le monde fait des erreurs, je ne sais pas ce qui s'est passé, pourquoi il a fait ça. Tout ce que je peux assurer et je ne me trompe pas, jamais là-dessus, ce sont des choses qu'on apprend à capter avec la photographie, c'est le regard. Et crois moi, Il t'aime plus que tout. »

Harry baissa la tête s'adossant contre le mur. Colin fit de même contre l'établi.

« On est ami Harry, je t'ai demandé ton amitié, c'est tout. Je serais toujours là pour toi mais en tant qu'ami. Je ne reviens pas sur mes paroles, ce que je t'ai dit dans le couloir était vrai, rien ne changera sur ce point là. »

Harry soupira, il se souvenait parfaitement de ce moment, il lui avait promis d'être ami, il connaissait son discours, et il savait qu'il ne le ferait pas revenir sur ses paroles. Seulement maintenant, il ne savait vraiment plus où il en était.
Il reprit contact avec la réalité lorsque la main du plus jeune vint se poser sur sa joue.

« Laisse lui la chance de s'expliquer…je n'aime pas trop Malfoy…mais je crois en l'étincelle qui animait ces yeux. »

« Je ne sais pas Colin, je ne sais plus où j'en suis avec lui. Tes paroles me font comprendre beaucoup de chose, mais pour lui, je ne sais pas. Je crois que le fait d'avoir manqué d'amour pendant mon enfance m'affaiblit. J'en ai besoin. »

Colin ferma ses bras autour du brun en souriant.

« Dans ce cas, je peux t'apporter un peu d'attention mais rien de plus. Tu es un ami cher Harry. Hermione et Ron t'aiment quoi que tu en penses. Ginny aussi t'adore. »

« Je le sais mais j'ai l'impression de chercher autre chose. »

« L'amour. »

Le jeune blond le sentit hocher positivement de la tête.

« Ne désespère pas, les effets du philtres ont disparu que ressens-tu pour Malfoy ? Je peux tenter de t'aider. »

« Je ne sais plus vraiment, il m'a trahit mais en même temps, je n'arrive pas à chasser sa tête de la mienne. »

Colin sourit.

« Dans ce cas laisse moi te proposer quelque chose. »

¤

Draco avait pleuré toutes les larmes de son corps contre son oreiller. Il n'aurait jamais pensé que perdre Harry lui ferait aussi mal et pourtant son cœur le faisait souffrir. Il avait l'impression qu'il avait explosé en mille morceaux. Rageant il envoya l'oreiller contre le petit meuble et renversa un vase qui alla exploser au contact du sol.

Il ne regarda même pas les dégâts qu'il avait fait, nan, il s'en fichait, il avait mal, il ne dormait plus, il ne mangeait plus. Blaise était venu le voir et avait voulu l'aider mais il ne lui avait pas ouvert la porte. C'est à ce moment que son ami avait compris que quoi qu'ils se passeraient, Draco aimait Harry…Que c'était la première fois et que dans l'état dans lequel il était, il pourrait faire une connerie.

Il en avait donc touché quelques mots à Narcissa et c'était pour ça que la jeune femme se trouvait dans les escaliers, montant voir son fils. Elle soupira et frappa à la porte. Personne ne répondit. Elle fit un petit mouvement de poignet avec sa baguette et brisa le sortilège. Elle n'était pas faible, c'était une Black.

Elle entra dans la chambre et soupira de nouveau en voyant le foutoir environnant. Puis elle posa son regard sur son fils, allongé sur son lit. Elle le rejoignit et s'assit doucement sur le bord, sa main allant caresser les cheveux blonds et soyeux.

Un grognement lui parvint mais elle ne quitta pas les lieux.

« Draco, mon petit Dragon. »

« 'Man. »

Il releva la tête les yeux embrumés, mélange de sommeil, de douleur, de tristesse, rougis encore par les larmes qui ne se tarissaient pas. Narcissa lui fit un tendre sourire avant de pencher la tête sur le côté.

« Qu'est ce qui ne va pas mon Dragon ? »

« Rien. » Fit il froidement.

« Je ne suis pas dupe. Tu as pleuré, un elfe m'a dit que tu ne mangeais pas et puis Blaise est venu me parler. »

« Blaise ? »

« Oui, il s'inquiète pour toi, c'est ton ami. »

Draco tourna la tête mais Narcissa ne se laissa pas démonter pour si peu.

« Si tu me disais plutôt ce qui c'est passé avec Harry. »

Draco ne dit rien mais sa mère resta présente, le câlinant sans qu'il ne la rejette. Depuis combien de temps n'avaient-ils pas été seuls tous les deux ? Quand il était petit pourtant, ces moments étaient fréquents. Il se laissa attendrir et se relevant, il alla nicher sa tête dans le giron de sa mère comme lorsqu'il était tout petit.

« Il m'a quitté…J'ai si mal…J'ai fais une connerie…Je n'aurais jamais dû suivre le conseil de père…jamais… »

« Calme toi. » dit Narcissa ça tout bas pour l'apaiser.

« Tu l'aimes n'est ce pas ? »

« Oui, je l'aime, mais…Je… »

Et Draco lui raconta tout, il ne savait pas pourquoi mais ça lui faisait du bien de parler de son chagrin à sa mère qui était si douce avec lui. Elle l'écouta religieusement sans rien dire, sur le coup, elle en voulu à son mari d'avoir mit cette idée dans la tête de son fils. Elle lui en voulait mais c'était fait. Draco était quelqu'un de bien trop influencé par son père pour réfléchir sur le 'après'.

Une fois le flot de larmes tarit pour de bon, elle lui chuchota des mots pour l'adoucir et pour essayer de l'endormir. Elle resta là, même après qu'il soit enfin partit pour un sommeil calme. Elle repensait à tout ça, Harry était un garçon adorable, elle ne comprenait pas pourquoi tant de monde voulait sa mort, mais elle concevait par contre pourquoi son fils l'aimait. Et elle ferait tout pour que ça s'arrange.

Faire des erreurs servaient à ne plus les faire ensuite. Et Draco l'avait bien compris.

Un hibou vint taper à la fenêtre de la chambre. Elle le fit entrer avec sa baguette et il lui déposa le message. Draco se réveilla doucement au bruit d'aile. Il papillonna des paupières alors qu'il se laissait aller par l'odeur de sa mère.

« Tient mon petit Dragon c'est pour toi. »

Draco déplia la lettre doucement, il avait reconnu l'écriture maladroite d'Harry. Ses mains tremblaient et son cœur battait à tout rompre. Allongé sur les genoux de sa mère, il se mit à lire les lignes tremblantes. Narcissa attendait de savoir ce que disait la lettre, car elle savait qu'il lui dirait ensuite.

Draco sourit en voyant les dernières lignes, il lui donnait une chance, une simple seconde chance : celle de venir s'expliquer. Un rendez vous. Il pouvait venir avec une autre personne. Lui serait avec Granger.

« Une seconde chance…maman… »

Narcissa sourit. Draco était un enfant intelligent, il ne referait pas la même erreur, cette fois ci, il serait franc car il aimait Harry.

¤

Harry lui avait donné rendez vous le lendemain à Hogsmead. Il faisait les cents pas dans sa chambre...il savait que c'était sa dernière chance.
Il avait beau retourné dans sa tête le "discours parfait", Draco était tout simplement persuadé que jamais il ne regagnerait sa confiance...Jamais Harry ne croirait en la sincérité de ses sentiments, pas après tout ce qu'il avait fait.
Il le croirait tout autant que si il lui annonçait qu'il se lançait dans l'élevage de Scrout-à-pétard...Ses chances étaient donc minces, très minces...

Blaise lui aurait sûrement dit que la situation était grave mais pas désespérée...
Blaise...voilà la personne qui pourrait l'accompagner et l'aider dans sa démarche.
Bon, il n'avait jamais fait dans la finesse concernant ses histoires de coeur. Il se souvenait encore de cette Serdaigle à qui il avait proposé de venir "chevaucher son balais pour un voyage vers le septième ciel"...La jeune fille l'avait gratifiée d'un coup de genou très bien placé dont il se souvenait encore de façon douloureuse.
Mais il serait néanmoins un bon soutien moral, du moment qu'il gardait ses idées perverses pour lui...

Draco fit venir son ami dans la soirée et lui exposa la situation. Blaise n'avait rien dit, mais il était soulagé que son ami accepte enfin de le voir. Il avait trouvé tellement frustrant le fait de ne rien pouvoir faire, d'être inutile...Oui, il s'était senti sacrément inutile...

« Bon, il t'offre une seconde chance si je comprends bien... »

« Blaise, ça va faire une heure qu'on en parle, si c'est pour me sortir des trucs que je sais déjà, tu peux t'abstenir de parler, parce que ça ne m'aide pas! »

« Draco, je t'ai toujours connu comme quelqu'un de confiant, excuse-moi, mais je ne vois pas pourquoi tu te mets dans cet état...sérieusement, tu me fais penser à Pansy à t'agiter comme ça, c'est flippant! »

« Ok, ok...t'as gagné, je me calme...Et ne me compares plus jamais à Pansy! »

Blaise lui fit un petit sourire, n'était pas Serpentard qui veut...il avait toujours les mots justes pour calmer la fureur du Dragon.

Au bout d'une seconde heure de réflexion acharnée, Draco et Blaise avaient préparé "le plan" infaillible. Harry serait obligé de reconnaître que le blond était sincère.
Celui-ci voyait déjà le brun lui tomber dans ses bras, l'embrasser fougueusement, le supplier de le ramener au manoir et de le...Mais il s'arrêta là, il ne contrôlait déjà plus les images qu'il avait en tête, et Blaise lui lançait des petits regards lubriques qui lui faisaient froid dans le dos...

Avait il pensé tout haut?

Avant de partir, Blaise avait jeté un dernier regard à son ami. Il était redevenu lui même, un Serpentard, et pas n'importe lequel, le prince des Serpentard, le seul et l'unique...

Draco se coucha rapidement après le départ de Blaise. Il avait pas mal de sommeil à rattraper. Néanmoins, avant de succomber dans les bras de Morphée, il se plaça près de sa fenêtre et observa les étoiles.
Les regardait il lui aussi en ce moment?
Draco se plaisait à penser que là où se trouvait Harry, il devait sûrement les observer.

¤

Non loin de là, accoudé au rebord d'une fenêtre, un garçon aux yeux d'un vert profond contemplait la nuit étoilée... Il s'amusait à reconnaître chacune des constellations qu'il avait apprises. Il se demandait si, dans son manoir, un certain blond n'était pas lui aussi accoudé au rebord d'une fenêtre, la tête perdue dans les étoiles...

Le lendemain matin, Draco se réveilla avec une boule dans la gorge. Maintenant qu'il était conscient, il ne pouvait pas traîner davantage dans son lit. Non, il devait s'occuper l'esprit et penser le moins possible à ce qui l'attendait bientôt, dans quelques heures.

Une fois debout, il se dirigea rapidement vers sa salle de bain privée pour se préparer. Il devait ne plus y penser. Pas avant d'être en face de lui. Et puis... Ne pas trop se ressasser ce plan qu'il avait jugé infaillible, la veille au soir, avec Blaise.

Il choisit alors l'une de ses plus belles robes et commença à se préparer avec dévotions pour son amour. Il entra rapidement dans la douche pour se laver avec soins. Il fit mousser lentement son shampooing à la vanille pour finalement faire glisser les bulles de savons à l'aide d'un jet d'eau bien chaud. Il sortit en hâte de sa cabine pour attraper sa grande serviette de bain. Douce au touché, tendre et moelleuse, il s'emmitoufla dedans avec délectation. Il ferma quelques instants les yeux. Sa mémoire lui rappela alors avec un pincement au coeur les bras d'Harry autour de sa taille. Son corps doux et chaud contre le sien... Mais autour de ses épaules, ce n'était qu'une simple et vulgaire serviette de bain. Alors il secoua négativement la tête pour terminer sa préparation. Il ne devait pas y penser.

Après s'être habillé et coiffé avec grâce et attention, il descendit rapidement jusqu'à la salle à manger. Là, sa mère lui fit apporter son petit déjeuné préféré par l'intermédiaire d'un elfe de maison. Il adorait ce qu'on lui avait préparé, mais le coeur n'y était pas. A la surface de son café, il revoyait encore et encore les cheveux bruns désordonnés et soyeux de son amour. Alors il ne toucha presque pas à son petit déjeuné. Sa mère ne s'en formalisa pas pour autant. Elle savait que son fils était du genre à rechigner la nourriture lorsqu'il était en stress. D'une main tendre et douce, Narcissa caressa la joue de son petit Serpentard avant de le laisser rejoindre Blaise qui l'attendait au dehors. Elle les vit ensuite transplaner pour Hogsmead.

Les dalles de la route principale étaient recouvertes de givre par endroit, mais malgré les fins flocons de neige qui tombaient de-ci de-là, aucune trace du Gryffondor. Draco se résigna alors et retourna dans sa poche les quelques mornilles qu'il avait emporté avec lui. Blaise s'inquiéta pour lui, lui demandant si ça allait aller. Il lui répondit avec un simple hochement de tête positif. Oui... ça irait. Il se devait de ne pas rater son coup. Il ressassait encore et encore les mots qu'il devait lui dire. Mais sous l'angoisse, il commençait à tout mélanger. Devait-il parler du filtre d'amour avant son amour pour lui? Ou était-ce le contraire?

Le blond était dans un état de concentration tel qu'il ne vit pas tout de suite les deux Gryffondor qui arrivaient au loin. Harry était accompagné d'Hermione Granger. Draco ne put se retenir de grincer discrètement des dents, mais il n'arrivait pas à en vouloir à la jeune fille. Il savait que s'il perdait Harry, c'était par sa propre bêtise. Le fait que Granger ait découvert son stratagème n'avait rien à voir là dedans.

Arrivés à leur hauteur, les deux Gryffondor saluèrent rapidement les deux autres. Draco était de plus en plus nerveux. Que devait-il faire face à ce regard émeraude pleins de reproches mais aussi d'espoirs? Que devait-il... dire?

« Harry... je suis vraiment désolé. »

Il soupira plus pour lui-même que pour le Gryffondor qui attendait ses explications. Mais Draco ne savait plus ce qu'il devait dire, et après tout, il n'avait pas envie de sortir son baratin. A quoi bon sortir des grands mots? Il savait qu'Harry préférait entendre la vérité et la sincérité plutôt qu'un long discours, alors il attrapa la main du brun.

« Tiens. Prends ces quelques mornilles et va acheter du Veritaserum dans cette boutique. Demande au comptoir, ils t'en donneront. Après... on peut aller aux Trois Balais. Je peux t'offrir ce que tu veux. Et tu pourras me demander ce que tu voudras. Je suis prêt à te dire tous mes secrets s'il le faut. Mais... il faut que tu me croies quand je te dis... que je ferais tout pour toi. »

La dernière phrase du Serpentard ne fut qu'un murmure et se perdit dans la petite brise hivernale qui parcourait les allées d'Hogsmead. Les quelques mornilles qui tombèrent dans la main d'Harry s'entrechoquèrent légèrement dans un tintement. Le Gryffondor regarda alors alternativement son vis-à-vis puis les quelques pièces qui venaient de tomber dans sa paume.

Draco attendait la réponse, son coeur se serrait mais il gardait espoir, c'était tout ce qui lui restait, l'espoir qu'Harry accepte son offre, l'accepte lui.

Une main douce se posa sur la sienne, il cligna des yeux en sentant la chaleur l'envelopper. Il put voir un petit sourire naître aux coins des lèvres du Gryffondor.

« La sincérité de ton geste et de tes paroles me touche énormément. »

Hermione à ses côtés ouvraient bêtement la bouche sans comprendre vraiment ce qui allait se passer. Son meilleur ami avait l'air tellement sur ses positions au départ et là, elle n'arrivait pas à assimiler. Mais Blaise lui le savait, le seul moyen pour Draco de faire savoir ce qu'il avait sur le coeur, était la sincérité, c'est ce qui toucherait Harry.

Le brun tira Draco vers l'endroit indiqué par le blond puis quelques minutes plus tard, ils entrèrent aux trois balais suivit par les deux témoins. Seulement, à ce moment là, Harry se retourna vers Hermione.

« J'aimerais parler seul à seul avec Draco. »

« Mais... »

« Tu n'as qu'à rester avec Zabini en attendant. Merci Hermione. »

Et la jeune fille s'assit donc avec le jeune homme qui avait son sourire serpentardesque aux lèvres. Espérant avoir un petit aperçu tout de même de ce qui allait se passer, elle fut déçue de voir que les deux garçons s'étaient installés très en retrait pour que personne n'entende ce qu'ils allaient se dire.

Elle se tourna vers Blaise en fronçant les sourcils.

« Tu peux me dire à quoi vous jouez! »

Le sourire du Serpentard s'agrandit.

« Nous ne jouons à rien du tout ma chère Granger. »

« Tu parles, vous savez que le Veritaserum est interdit, vous saviez que le fait de proposer cela à Harry, le ferait changer d'avis. »

« Tss Tss Tss ma chère Granger, nous sommes peut être de vils serpents à tes yeux, mais il y a bien une chose pour laquelle Draco sait être sincère, c'est quand ça le concerne lui. »

Il passa sa main dans ses cheveux.

« Vous aviez tout prévu. »

« Humm moui...On avait prévu…Un beau discours... »

« Je le savais... »

« Cependant, Draco ne l'a pas fait. » la coupa t-il sans le moindre remord.

Hermione eut un regard mauvais.

« Si jamais... »

« Tss Tss, laisse les parler, ce n'est pas à nous de régler leur histoire mais bien à eux. »

Hermione croisa les bras et ne dit plus rien, elle se contenta de petits coups d'oeil discrets, qui amusait d'autant plus Blaise.

¤

Une heure plus tard, Draco et Harry rejoignirent leurs amis à la table. Sans un mot, ils sortirent de la taverne pour retrouver le froid hivernal. Encore là, sans plus d'échange, chacun repartit de son côté.

Une fois seul, Hermione se retourna vivement vers Harry, sa curiosité l'emportant sur tout tact. Elle s'arrêta net en voyant que deux sillions s'étaient formés sur les joues froides de son ami.

« Je le savais, ce... »

« Ne dit rien, je ne pleure pas pour les raisons dont tu penses. »

La voix d'Harry était faible et mélancolique. Il s'arrêta et regarda le ciel cotonneux au dessus de sa tête.

¤

Plus loin, Draco faisait de même, son regard se perdait dans l'immensité grise du ciel. Blaise attendait patiemment que son meilleur ami lui parle de lui même.

« Il n'a même pas utilisé le Veritaserum. »

Blaise sursauta à la phrase de son meilleur ami puis sourit.

« C'est tout Potter ça. »

« Humm...Il m'a posé des questions, je lui ai répondu, il ne quittait pas mes yeux...J'étais comme hypnotisé et je répondais naturellement...Il m'a écouté jusqu'au bout et je n'ai pas put une seule fois mentir...Je ne le voulais pas d'un autre côté...mais en regardant ces deux orbes vertes si intenses...j'ai eu l'impression que même sans utiliser de Veritaserum, il saurait si je mentais... »

Blaise sourit de nouveau en voyant le regard rêveur de son ami.

« A la fin, je lui ai demandé pourquoi? »

Il attendit une seconde et continua.

« La réponse qu'il m'a donné était sincère et pleine de conviction : Si tu m'aimes vraiment, tu n'as pas besoin de potion pour me dire la vérité. »

Il baissa la tête et regarda Blaise, celui ci put voir qu'il ne se retenait pas de pleurer.

« Ces mots, ils résonnent encore dans ma tête. Et puis il a ajouté : Tu sais, je t'aime Draco et j'aimerais vraiment continuer mon chemin avec toi. Seulement, nous avons deux voies différentes à prendre. »

Draco soupira.

« C'est à ce moment que je me suis dis, je vais le perdre pour de bon, il m'aime, je l'aime, mais il y a tout ce qui tourne ensuite autour de nous. Faut il laisser les querelles d'adultes prendre le dessus sur nos vies? Dis-moi Blaise qu'aurais tu fait à ma place? »

Blaise passa une main nerveuse dans ses cheveux, il lui en posait une colle, il n'avait jamais été vraiment amoureux, n'avait jamais eu ce genre de choix à faire.

« Je n'en ai aucune idée Draco. »

« Et bien moi je n'en avais aucune aussi, jusqu'à ce jour. Son regard était si intense, la façon qu'il a eut de réussir à me faire parler, me faire dire la vérité...J'ai sentit au fond de moi qu'il avait cette force que je n'avais pas, qu'il serait le gagnant de ce conflit. Il est encore plus pur que je ne l'imaginais. »

Blaise vit Draco sourire légèrement.

« Tu vas le suivre... »

« Oui. »

« Finalement, tout ce retourne contre nous? »

« On peut le dire comme ça. »

Blaise soupira puis sourit.

« Tu sais quoi Draco, je suis heureux de te voir ainsi. »

« Quel ami serait heureux de voir son ami pleurer. »

Blaise s'approcha de lui et essuya les larmes qui coulaient toujours en silence.

« Parce que les larmes qui coulent le long de tes joues, ne sont pas tristes. J'espère de tout coeur que ton choix sera le bon. »

« Je l'espère aussi. »

Et tout deux transplanèrent pour se retrouver au manoir.

¤

« Il a dit Hermione, qu'il m'aimait plus que tout. Je crois ces mots. Il a aussi dit, qu'il ferait tout pour moi. J'ai encore cru ces mots. Et il a ajouté, qu'il voulait me protéger. Encore une fois, je l'ai cru. »

« Alors que tu n'as pas utilisé le... »

« Oui, je l'ai cru. »

« Mais il a pu te mentir. »

« Il y a des choses qu'on ne peut pas cacher quand on parle à coeur ouvert. »

Hermione haussa un sourcil mais voyant que le brun était déterminé dans ses convictions, elle n'ajouta rien. Il avait fait son choix.

¤

En se rapprochant du manoir, les pas de Draco se firent plus hésitant. Sur le moment, choisir la voie d'Harry lui avait semblé la meilleure des solutions, après tout il aurait accepté n'importe quoi, pour peu qu'on lui laisse la chance de pouvoir construire quelque chose de durable avec le Gryffondor. Il n'avait que peu hésiter avant de suivre son homme, mais maintenant il faisait moins le fier. Il devait avouer que l'idée de devoir dire à son père qu'il ne deviendrait pas un Mangemort, le terrifiait totalement. Peut-être qu'il devrait….

L'idée de mentir à son père l'avait à peine effleurer, que l'image d'Harry s'imposa violemment dans son esprit. Il n'était pas un Gryffondor mais si une seule fois dans sa vie il devait être aussi courageux que l'un d'entre eux, c'était aujourd'hui. Pour son amour. Parce que plus jamais il ne voulait voir la douleur et la trahison dans ses yeux. Plus jamais il ne désirait le blesser. Il voulait être digne de lui, et pour se faire, il se devait d'affronter son père.

Déterminé, Draco poussa les portes du manoir. Il appela un elfe de maison et lui ordonna de le conduire à sa mère. Pour son plus grand bonheur, cette dernière était seule. Elle semblait l'attendre, dans un fauteuil confortable, près de la cheminée qui réchauffait la bibliothèque. Elle leva un regard interrogateur vers lui, il s'assit près d'elle et commença son récit. Il lui expliqua tout, sa discussion avec Harry, et son choix de refuser son avenir de Mangemort pour lui. A la fin de son discours Narcissa se contenta de lui sourire gentiment et de le serrer un instant tout contre elle avant de le repousser en lui disant, qu'il savait ce qu'il lui restait à faire.

En effet il le savait. Il ne le savait que trop bien.

¤

Après avoir passé quelques temps à marcher, seul, dans Hogsmead, Harry se dit qu'il allait être temps de retourner chez Colin. Après tout, il ne pouvait pas rentré chez le jeune Gryffondor à des heures incongrues. Il n'avait pour autant, aucune envie d'y retourner. Il appréciait beaucoup Colin mais il se sentait un grand besoin de solitude. Il décida d'aller passer la nuit aux trois balais et d'emprunter là-bas une chouette pour prévenir son ami de sa décision.

Il retourna donc dans le centre du village, auquel il avait préféré les champs qui le bordaient pour ses déambulations. Il atteignit rapidement l'auberge et après avoir prévenu son ami par hibou, il monta dans la chambre qu'il venait de réserver pour la nuit. Une fois à l'étage, il ne prit même pas le temps de se dévêtir, il s'allongea sur le lit et les yeux sur le plafond il laissa son esprit vagabonder.

Il ne pouvait s'empêcher de laisser le doute infiltrer sa raison. Draco lui avait fait comprendre que dorénavant il était de son côté. Mais cela serait-il si facile. Son amour ne changerait-il pas d'avis sous la pression de son père? N'aurait-il pas de gros problèmes en voulant s'opposer à son destin? Harry était très inquiet. Plus jamais, il ne voulait avoir à se séparer de Draco.

Il refusait qu'on lui fasse du mal…

Il ne laisserait personne le toucher.

Sur cette résolution, il se leva vivement, et sortit de sa chambre en claquant violemment la porte derrière lui.

¤

Le bruit de ses pas sur les pierres froides du manoir, avait quelque chose de lugubre. Il sentait la pression monter en lui, mais pour rien au monde il n'aurait reculé maintenant. Chaque fois que son allure se faisait moins assurée, il se forçait à penser à son homme, qui avait placé tant de confiance en lui.

Il arriva rapidement devant la porte du bureau de son père. Il resta un moment devant elle sans bouger puis il toqua doucement, sachant très bien que son géniteur détestait qu'il s'impose avec violence. Quand la voix froide de Lucius retentit pour lui dire d'entrer, Draco prit une grande inspiration et poussa la porte.

Il ne pouvait plus reculer…

Au moment même où sa main s'était posée sur la poignée, son cœur s'était mis à battre très fort. Oui, il était encore en vie…Et le cœur qui battait dans sa poitrine en était la preuve. Seulement, il avait l'impression que derrière cette porte, son cœur cesserait de battre.
Ses pensées se tournaient alors vers Harry, il revoyait ses magnifiques yeux verts, son sourire, la délicatesse de ses traits, la douceur de son être. Il était beau, il était lumineux, il éclairait son âme…
Rien que pour lui, il était prêt à affronter les foudres de son père. Rien que pour lui, il avait eu le courage de pousser la porte.

Alors qu'il s'avançait vers son père, celui-ci ne dénia même pas poser un regard sur son fils.

« Je suis assez occupé, alors si tu pouvais faire vite… »

Draco s'assit face à lui de manière aussi distinguée que possible, cachant son trouble derrière son éternel masque. Par quoi allait il commencer ? Il n'en avait aucune idée…
Il pouvait toujours lui parler de ses sentiments…Au mieux son père lui rirait au nez, au pire il lui ressortirait la sempiternelle devise des Malfoy. Mais il devait se jeter à l'eau, il le devait pour lui, parce qu'il lui avait promis.

« Je suis venu te voir pour te parler d'Harry Potter… »

« J'ai ouie dire qu'il était…parti du manoir… »

Lucius avait prononcé chaque mot avec insistance, gratifiant son fils d'un petit sourire qui se voulait moqueur, un sourire destiné à le rabaisser. Quand il faisait preuve de faiblesse, cela l'irritait au plus haut point…C'était une insulte à toute l'éducation qu'il lui avait durement inculqué pendant toutes ces années.

« En effet Père…Harry est parti, il a eu vent de nos « intentions »…néanmoins, j'ai eu la possibilité de renouer contact avec lui. »

« Tu espères que je te félicite ? »

« Je … »

« Draco, je n'ai pas vraiment de temps à t'accorder, et encore moins pour écouter le récit lamentable de tes échecs, alors soit tu vas droit au but, soit tu sors de ce bureau. »

« Tu veux que j'aille droit au but Père…Et bien soit, je ne passerai pas par quatre chemins. Quand tu parles d'échec, tu as tout à fait raison…Toute ma vie n'est qu'une succession d'échecs. J'ai tout fait pour être l'enfant prodige dont tu serais fier, j'ai tout fait pour paraître exécrable aux yeux de tous…quiconque connaissait le nom de Draco Malfoy l'associait à un enfant prétentieux, mesquin, froid…J'étais ton portrait craché Père, et le pire c'est que je pensais en être fier. Mais au fond j'ai toujours souffert d'être affublé de ce masque infâme…ce masque qui m'étouffait.
Quand je me suis rendu compte de mes sentiments pour celui que tous surnomment le « Survivant », je réalisais alors que je n'avais aucune chance qu'il puisse un jour les partager si je ne me révélais pas tel que j'étais au plus profond, et je t'ai maudit, maudit de m'avoir façonné telle une marionnette…parce que toutes ces années, c'est bien ce que j'ai été, une vulgaire marionnette.
Tu m'as proposé ce plan stupide, je me disais que c'était l'unique solution…Mais encore une fois j'ai été trompé par tous ces faux semblants, ces belles promesses illusoires dont tu t'es toujours servi pour me contrôler, pour me faire croire au « mythe Malfoy ».

Mais c'est fini…parce qu'Harry m'a fait comprendre que ce que je prenais pour de l'or n'était en fait que du toc, il m'a montré que la sincérité était plus forte que la perfidie, que mon vrai visage était plus beau que tous ces masques que tu as pu me faire arborer.
Je n'ai jamais eu de sentiments plus forts et plus précieux auparavant, il est celui avec qui je veux voir le soleil se lever, il est celui avec qui je veux voir le soleil se coucher. J'aurais beau employé toutes les tournures de phrases les plus élégantes, les métaphores les plus poétiques…Il n'y a pas de paroles plus vraies que ces trois mots : je l'aime.
Ce sont pour toutes ces raisons que je vais rejoindre Harry Potter. »

Lucius Malfoy avait gardé la mâchoire crispée, il n'avait pas cherché à interrompre son fils. Il n'avait rien à dire, rien à ajouter…les paroles de celui qu'il avait appelé « fils » avaient été assez claires.
Il le toisa de son regard glacial et haineux. Il exprimait plus que n'importe quel mot, il n'avait pas besoin d'être aussi loquace que Draco ne l'avait été. Les dés étaient jetés…

Draco sortit du bureau de son père avec toute l'élégance que lui avait apporté son éducation : la tête haute et le port altier.
La seule chose qu'il lui restait à faire était de faire ses adieux à sa mère et de rejoindre Harry, peu importe où il se trouvait. Il commençait dès à présent une nouvelle vie, et il savait que se profilaient devant lui de nombreuses batailles…

Lorsqu'il sortit du long couloir menant au bureau paternel, Draco tomba sur sa mère qui l'attendait. Cette dernière tentait de se contenir, mais sans succès. Quelques larmes perlaient le long de ses joues blanches et douces. Mais cette femme, ayant déjà subit plusieurs coups durs, garda la tête haute en voyant son fils approcher. Et puis… ses larmes n'étaient pas que de la pure tristesse.

Alors que Draco arrivait à sa hauteur, Narcissa l'attrapa par les épaules et l'attira contre elle dans un geste maternel et doux. Elle caressa tendrement ses cheveux blonds tout en appuyant fermement le visage de son amour contre sa poitrine. Elle savait que son enfant devait la quitter et cela la blessait profondément, pourtant elle ne pouvait se résigner de le retenir. Ainsi, lorsque Draco voulu relever le visage vers elle et lui faire ses adieux, elle déposa un doigt doux sur ses lèvres… Et avant qu'il ne puisse lui dire quoique ce soit, elle le devança, chuchotant presque ses mots.

« Je sais mon enfant… Je sais que tu n'y peux rien et aussi que tu dois le faire. Ne fais pas attention à mes larmes et va le retrouver… »

« Mais… Maman… »

« Chut… Je sais que cette décision t'a été dure, mais je ne veux pas que tu hésites pour moi. Il est là, quelque part à t'attendre ; et tu sais aussi bien que moi que tu ne peux rester ici. Et puis nous aurons toujours les hiboux et certainement plusieurs occasions pour nous rencontrer à nouveau…Alors va…ne te retourne pas et n'oublie jamais que ta mère est fière de toi. »

Dans un dernier geste maternel, Narcissa serra un peu plus fort son fils contre elle pour finalement le laisser partir. Ce dernier sortit du manoir sans aucun regard en arrière, comme la volonté de sa mère. Une fois la lourde porte en chêne refermée derrière lui, il se sentit tout d'un coup étrangement seul. Comme si le froid hivernal du dehors l'emprisonnait entièrement dans ses griffes et formait un cocon de vide tout autour de lui. Cocon de solitude ; il venait de dire au revoir à son enfance… ses principes de vie, son éducation et surtout à sa mère. Une larme perla. D'abord chaude, elle se refroidit rapidement en glissant le long de sa joue.

« Je t'aime… Maman. »

Une fois ces mots emportés par la faible brise qui lui balayait le visage, il s'avança sur le sol neigeux pour sortir du grand parc du manoir. Ses pas s'enfonçaient légèrement dans l'épaisse couche blanche qui recouvrait le sol, mais cela ne l'arrêta par pour autant. Il releva les yeux vers le ciel pour constater machinalement que la neige avait finit par s'arrêter, mais que le froid qui l'entourait était toujours aussi glaçant. Lui, qui n'avait rien prit à part les habits qu'il avait déjà sur le dos… Non, il ne voulait plus rien de ce que ce géniteur lui avait offert. Arrivé au dehors, il s'arrêta quelques instants, réfléchissant où transplaner.

Après plusieurs essais, Draco était las. Il avait chercher le Gryffondor à des endroits tous les plus étranges que les autres. Son cœur lui disait de continuer, qu'il allait bien finir par le trouver, mais la nuit commençait à tomber et son énergie magique commençait à faiblir. A force de trop transplaner, il allait bien finir par le trouver, non ? Se soutenant sur le rebord d'une barrière, Draco reprenait son souffle… Et cette maudite neige qui avait repris, s'amusait à s'insinuer dans le creux de son cou… Il fallait… qu'il réfléchisse. Où trouver Harry ?

Dans un ultime effort, il transplana jusqu'à Hogsmead dans l'espoir de le retrouver là, dans ce dernier endroit qu'ils avaient tout deux côtoyer. Après un visite rapide mais trop lente au goût du Serpentard à cause de son affaiblissement, il se rendit vite à l'évidence : son amour n'était pas là, et il y avait eut trop peu de chance pour qu'il s'y trouve. Las, il se laissa tomber au sol… Regardant tristement les flocons de neige s'écraser au sol juste devant ses yeux, il sentait tous ses espoirs s'écrouler. Allait-il devoir vivre sous les ponts jusqu'à la rentrée des classes ? Et pire… allait-il devoir le faire jusqu'à la fin de sa vie ? Si son père refusait de payer la fin de sa scolarité, il devrait partir de l'établissement… Et ainsi, il ne pourrait même pas revoir l'élu de son cœur. Son estomac se contracta à cette pensée. N'avait-il pas fait une grosse erreur en claquant, de la sorte, la porte au nez de son géniteur ? Dans un mouvement négatif et déterminé de la tête, il refusa cette possibilité. Non, bien sûr que non. Pour son propre honneur en tant que Draco, il avait tenu tête à son père, et pour cela, sa mère était fière de lui. Elle l'avait toujours été, mais peut-être que depuis cet acte, elle l'était encore plus.

Il releva légèrement le visage et ne put retenir un soupire de désespoir. Il se sentait tellement seul lorsqu'il n'avait pas Harry auprès de lui… Tellement vide. Au travers des quelques flocons qui continuaient leur chute, Draco aperçut la Volière du petit village. A cette constatation, il eut soudain un éclair de lucidité. Il se releva alors rapidement, trop pour son cerveau qui se mit à tourner légèrement, et partit rapidement en direction de l'établissement.

Il entra à l'intérieur tel un forcené, réclama un morceau de parchemin et un hibou… Tâtant dans le fond de sa cape d'hiver le peu de pièce qui lui restait, il se ravisa sur le choix de son hibou en se rabattant sur le moins cher, puis il rédigea de ses doigts gelés quelques mots à l'attention de son cher et tendre. Une fois fait, il replia le morceau de parchemin sur lui-même, recouvrant ainsi son écriture mal assurée. Le blond l'attacha ensuite au hibou qui semblait dans un piteux état et sortit au dehors.

« Va…. Va trouver Harry Potter. Tu devrais sûrement le trouver chez Colin Creevey, sinon… sinon essaie chez les Weasley et même chez les Granger… »

Devant tout l'espoir que Draco mettait en lui, le hibou s'envola avec grâce mais faillit se prendre une toiture, volant trop bas. Le jeune Serpentard regarda au loin son courrier partir sans aucune assurance et serra l'une contre l'autre ses deux mains gelées dans un vœu qu'il n'aurait jamais su décrire. Une fois disparut de sa vue, il resta là, debout, encore quelques instants, puis se laissa tomber au sol. Il retrouva sous lui cette neige froide et humide qui s'insinuait dans ses vêtements. Il tenta de réchauffer ses doigts en soufflant dessus, mais rien à y faire. Il souffla alors une nouvelle fois puis fermant lentement les yeux, se laissa emporter par ce froid qui l'apaisait lentement.

Un 'pop' sonore retentit tout près de ses oreilles, mais il était trop faible pour réagir. Il ne fit même pas le rapprochement entre ce 'pop' et un éventuel transplanage. Non, le seul désir qu'il ressentait était celui de se laisser aller dans ce froid qui l'engourdissait lentement. Des pas précipité se rapprochèrent rapidement de lui puis deux mains s'agrippèrent à ses épaules pour le relever. Draco se laissa porter par cette force, qui le soulevait, puis entendit un nouveau 'pop' sonore, lointain.

¤

Une chaleur l'enveloppa instantanément, lui piquant avec douleur la peau. Ses lèvres bleues et entrouvertes bougeaient seules, dans un mouvement nerveux. Une personne s'affairait autour de lui, lui enlevant ses habits et tentant de le sécher avec une serviette moelleuse. Voyant que cela ne suffirait pas, le jeune homme qui était penché sur le blond prit ce dernier dans ses bras et l'emmena dans une petite pièce. Draco entendit, au loin, comme un bruit d'eau puis perçut une forte lumière aveuglante au dessus de lui. Il sentit, une fois de plus, quelqu'un se presser à nouveau autour de lui et il fut à nouveau soulevé pour être ensuite glissé dans une eau chaude…

Il commençait à se laisser aller dans l'eau, le niveau de cette dernière arrivant dangereusement à sa bouche. Il n'avait pas la force de s'agripper au bord et ainsi de se tenir convenablement dans cette baignoire. Alors un corps chaud prit place derrière lui et le soutient. Un bras fort et possessif passa devant lui et le plaqua davantage contre cette personne qui prenait si bien soin de lui. Au bout de quelques instants, il sentit ses membres se dégourdir lentement, mais la fatigue l'emporta sur sa volonté de remercier son sauveur.

A son réveil, il était dans un lit chaud et douillet. Le jour n'avait pas encore percé cette nuit sombre et pleine, mais une faible lueur lui indiqua qu'il n'était pas seul dans la pièce. De plus, deux voix parlaient nerveusement mais avec une faible intensité pour ne pas le déranger; il voulu se relever quand l'une d'elle s'écria dans un chuchotement ''Il est réveillé!''. S'en suivit alors une étreinte familière et douce, l'empêchant de faire trop d'efforts.

« Mon petit Dragon… tu as besoin de te reposer… »

« Harry… Oh… Harry, j'ai cru que jamais je ne te reverrais. »

Draco enfouit, alors avec un bonheur certain, son visage dans le cou de son bien-aimé. Sa douce odeur et sa peau contre la sienne… Le cœur du jeune blond fit un bon de pure joie tandis que le Gryffondor répondait à son étreinte.

« Tu sais que tu m'as fait peur ? »

« Pas autant que toi… Harry, j'ai cru que jamais tu ne viendrais… »

« Jamais je ne t'aurais laissé. Mais pourquoi tu as fait ça ? Pourquoi as-tu claqué la porte du manoir familiale ? »

Le Serpentard se renfrogna légèrement. Il n'avait pas vraiment envie de repenser à tout ça, mais il se le devait, alors il répondit sincèrement à son cher et tendre.

« Parce qu'il le fallait. Je ferais tout pour toi, tu le sais… et tout cette éducation, ces règles et limites… j'en avais marre. Ce n'est pas comme ça que j'ai envie de vivre… »

« En attendant, tu te retrouves sans logement… et d'après le courrier que je viens de recevoir de Dumbledore, ton père te coupe tout financement. »

Dans une grimace assurée, Draco lui répondit simplement un ''Je m'y attendais…'' puis se réfugia une fois de plus dans ses bras chaud qui le soutenait.

« Je m'en fous. Qu'il aille crever en enfer… Même s'il faut que je travaille à partir d'aujourd'hui pour subvenir à mes besoins… s'il faut que je fasse le même travail que les elfes de maison… si c'est le prix à payer pour être avec toi, alors je le paierais. »

Comme pour se rassurer que le Gryffondor n'allait pas lui-même le laisser tomber, le blond resserra son étreinte et se colla encore plus contre le torse d'Harry. Ce dernier eut un sourire complice vers son hébergeur, Colin, puis tenta de décoller lentement le visage de son cher et tendre pour lui parler sérieusement.

« Écoute-moi bien, mon cœur…Tu n'iras pas dans les cuisines avec les elfes de maison. Le tablier doit très bien t'aller, je ne dis pas le contraire… de toute façon, tout te va très bien… »

Le brun sentit ses joues se rougir dangereusement, mais il reprit, caressant avec tendresse les cheveux du blond.

« Tu sais…J'ai assez d'argent dans mon coffre pour nous faire vivre convenablement tous les deux… A condition que tu sois très, très sage… »

Avec un petit sourire amusé, Harry tenta de retrouver le regard de son amant, mais ce dernier le fuyait.

« Mais… Tu ne vas quand même pas… »

« Pas de 'mais' ! Je fais ce que je veux avec mon argent, et si je veux entretenir un Serpentard de ton espèce, je le fais. Par contre, on a un petit… problème ? »

En entendant le ton catégorique de son compagnon, Draco ne contesta pas davantage cette histoire d'argent, mais son cœur se serra en tendant le mot ''problème'' résonner dans son esprit.

« Nous sommes pour le moment chez Colin, et bien que sa mère soit très accueillante avec le cœur sur la main, je ne sais pas si de te voir sous son toit l'enchantera… Alors… »

« Alors quoi…? Je sais que je suis de trop… je n'ai cas m'en aller… Je suis désolé d'avoir déranger, je vais vous laisser. Merci Colin pour m'avoir prêté ton lit et puis pour tout je… »

« Hé… mais tu comptes aller où, petit Dragon têtu ? »

Draco était déjà debout, prêt à quitter les lieux. Mais Harry avait été plus rapide et le tenait déjà par la taille, le collant à nouveau contre la douce chaleur de son corps.

« Je ne sais pas…Mais si c'est pour que tu te retrouves à la rue à cause de moi, autant que je parte dès maintenant… »

« Mais qui t'as dit qu'on allait être à la rue?''

Dans un doux baiser, le Gryffondor embrassa le bout du nez de son amant. Ce dernier rougit légèrement.

« J'ai quelque chose à te proposer mon ange… Mais… sache que ça n'est pas vraiment facile pour moi. Alors voilà… Tu sais que… j'ai perdu mon parrain il y quelques mois et… Il reste toujours sa maison alors… Si tu veux, on pourra y habiter ensemble, jusqu'à la reprise des cours, et puis…. Pour le reste des vacances… de notre vie »

« Mais... Harry tu ne peux pas... je ne peux pas t'imposer ça. Je sais à quel point tu tenais à Sirius et... »

« Pas de 'mais' ! Draco... je t'aime et je sais ce que tu penses de ma décision. Je sais aussi que tu la comprendras, tout comme j'ai compris la tienne. Et... surtout... laisse-nous une chance d'être heureux ensemble. Je sais que tu en vaux la peine... que nous en valons la peine. »

Dans une joie non dissimulée, Draco ne put retenir un cri de pur bonheur. Il savait combien cela était difficile pour le Gryffondor de prendre une telle décision, mais de se la voir offrir à lui et lui seul, lui donnait des ailes d'espoir. Dans un élan d'enchantement, il prit Harry dans ses bras et scella son bonheur dans un langoureux baiser.

Ils allaient vivre ensemble… et ils pouvaient bien penser ce qu'ils voulaient, les autres… Eux, ils s'aimaient… et cela à bien des prix.

FIN

(1) Note de Lily.B : du verbe to snape qui signifie répliquer sèchement

Je ne suis pas un ange mon amour, mais j'aimerais te voir voler...juste une fois...''