Notes rapides :

Je sais que ma dernière mise à jour de cette fic date d'il y a près d'un mois alors que je vous avais promis trois semaines maximum de délai. Je suis sincèrement désolée, mais j'étais en panne d'inspiration et j'étais vraiment fatiguée à cause de la fac. Ceci dit, je vous promets la prochaine update pour avant Noël, car je sais exactement quoi raconter, et puis les vacances arrivant à grands pas, j'aurai davantage de temps à ma disposition. Le prochain one-shot bouclera le recueil. Il sera consacré, vous l'avez deviné, à Peter, et il s'intitule la Séduction du rat. Attendez-vous à un pairing improbable, héhéhé…

Les réponses aux reviews étant désormais interdites dans les chapitres, j'ai consacré dans mon live-journal un post qui y est consacré. Je vous invite à aller y jeter un coup d'œil, le lien se trouve dans mon profil. L'article consacré aux RAR est daté du 11 décembre 2005. Merci à tous et bonne lecture.


James : L'amour c'est du chinois :

Il la connaissait depuis la première année. Enfin, si on peut dire. Il l'avait vite repérée, à cause de ses cheveux roux. Pendant deux ans, il n'avait su que mettre le nom qui allait avec la tignasse, Lily Evans. Elle était intelligente, elle ne parlait pas beaucoup. Mais quand elle se mettait en colère, il valait mieux ne pas être là. Ainsi donc, après avoir subi une engueulade de sa part, Sirius avait arrêté de la surnommer Poil de Carotte en public. James s'était foutu de lui, hé bé, tu te dégonfles à cause d'une fille, sans blague… Mais James ne savait pas encore que bientôt, Lily Evans cesserait de n'être à ses yeux qu'une fille.

Il avait suffi d'un été pour que sa vision des choses change.

Le premier septembre 1972, James Potter, élève de troisième année à l'école de sorcellerie Poudlard, s'apprêtait à monter dans le train pour rejoindre ses trois meilleurs amis quand il vit quelque chose qui allait changer sa vie.

Une scène familiale touchante. Une grande fille rousse embrassait ses parents et sa sœur à l'air grincheux pour leur dire au revoir.

C'était Lily Evans. Et elle n'avait plus rien à voir avec la gamine maigrelette que James avait vue pour la dernière fois au mois de juin. Elle lui apparut comme une adorable créature toute en jambes, dont les formes naissantes transparaissaient sous les habits moldus, un chemisier et une jupe courte. Il la trouva très belle. Ou plus précisément, il en tomba immédiatement amoureux. Elle lui donna envie de s'approcher d'elle et de se cacher tout à la fois. Il la regarda un bon moment d'un air rêveur, avant d'être tiré de ses pensées par un coup de coude dans les côtes.

— Potter, pousse-toi de mon chemin.

— Va te faire foutre, Snivellus.

James soupira. Non content d'être un individu désagréable et graisseux, Severus Rogue s'offrait le luxe de le déranger dans ses toutes nouvelles et attrayantes émotions. Avec un soupir, il alla rejoindre ses amis.

Il trouva Remus et Peter déjà installés dans un compartiment. Peter mangeait un sandwich au pâté, et Remus était plongé dans un de ses tout nouveaux livres de classes.

— Salut, les gars, dit James. Où est Sirius?

— Sais pas, répondit Remus en haussant les épaules. Peter avala une bouchée de son sandwich avant d'ajouter:

— Je l'ai pas vu.

James haussa les épaules, et alla s'asseoir dans un coin près de la fenêtre. Ses pensées retournèrent malgré lui vers une certaine masse de cheveux roux. Il se demanda ce qui lui arrivait. Auparavant, à ses yeux, Lily Evans n'était qu'une fille parmi toutes celles qui étaient élèves à Poudlard. Mais depuis cet instant où il l'avait vue saluer ses parents, avec ses longues jambes et sa petite jupe, il ne voyait plus qu'elle. Il ne savait pas encore s'il devait en parler à ses amis. Peut-être à Sirius, qu'il aimait comme un frère. Sirius qui faisait déjà valser les cœurs, mais qui semblait s'en moquer. James soupira. Est-ce que son meilleur ami allait comprendre? Il ne semblait pas s'y intéresser, lui, aux filles. Mais il lui en parlerait quand même. Il n'était pas du genre à cacher ses émotions, et d'ailleurs, il en était bien incapable: tout sentiment, colère, amusement ou joie, était visible sur son visage au moment même où il les éprouvait. Alors il ne pourrait pas dissimuler longtemps son inclination toute nouvelle pour la jolie rousse.

oOØOo

— Allô! La Terre appelle Jamesie!

L'interpellé sursauta, et se retrouva face à face avec Sirius. Ce dernier était tout échevelé, et à moitié mort de rire.

— Salut, Sirius.

— Tu rêvais, mon pote?

— Mouais… Où t'étais passé?

Sirius remit ses cheveux noirs en place avec ses doigts.

— Je me cachais, expliqua-t-il. Je viens de me fader ma première déclaration d'amour de l'année. Un boudin, en plus, à qui je n'avais jamais adressé la parole avant.

— Pourquoi tu as eu besoin de te cacher, demanda Remus. Elle t'a fait son petit discours, tu l'as envoyée bouler comme tu sais si bien le faire, et basta, non?

— Non, justement, répliqua Sirius. Je lui ai dit que je ne voulais pas sortir avec elle, mais elle s'est collée à moi en affirmant que je ne savais pas ce que je disais. Merlin, j'ai cru qu'elle allait me sauter dessus! Alors je suis allé me planquer cinq minutes dans le compartiment des préfets, et quand j'ai vu que la voie était libre, je suis parti. Ah, les gonzesses! Quelle plaie!

Cette exclamation pleine de lyrisme et de philosophie fit doucement rire Remus. Peter opina du bonnet, tout à fait d'accord avec son copain, même si ce n'était pas pour les mêmes raisons. James ne dit rien. Le moment n'était pas à la confidence.

oOØOo

Durant les deux premières semaines de cours, James Potter s'efforça de cacher ses sentiments pour Lily Evans. Comme d'habitude, il fit l'andouille avec ses amis, et obtint des punitions. Comme d'habitude, il fit ses devoirs au dernier moment et obtint tout de même des bonnes notes. Et comme d'habitude enfin, il reprit les entraînements de Quidditch où il excella. Mais à ses yeux, sa vie n'était plus vraiment la même qu'avant. Il sentait qu'il lui manquait quelque chose.

Durant les rares moments où il était seul (c'est-à-dire sans ses amis ou ses co-équipiers de Quidditch), James regardaient les garçons plus âgés que lui draguer les filles. Certains d'entre eux se mettaient en avant par n'importe quel moyen. D'autres, au contraire, étaient timides et rougissants. Les réactions féminines étaient tout aussi variées. Regards intéressés, voire énamourés, ou hochements de tête plus ou moins consternés. James imagina le bonheur qu'il ressentirait si Lily Evans le regardait avec les yeux qu'Alice Bradford posait sur Franck Londubat. Et il se sentait triste à l'idée qu'elle l'ignore à la façon dont Narcissa Black, une jolie mais glaciale cousine de Sirius, méprisait ses nombreux soupirants.

Bref, James se faisait à lui-même une étude des rites de séduction de ses congénères, auxquels il ne comprenait pas grand-chose. Et il se disait à lui-même par la barbe de Merlin, l'amour, c'est vraiment du chinois.

oOØOo

Un beau samedi matin, trois semaines environ après la rentrée, James se trouva par hasard seul à seul avec Lily Evans. Il sortait d'une retenue qui avait occupé quelques heures de sa matinée. Il la croisa alors qu'elle s'adonnait à une étrange habitude de fille: faire le pied de grue devant les cabinets en attendant que la copine qui s'y trouvait veuille bien en sortir. En la voyant ainsi toute seule, James sentit un courant électrique d'une intensité remarquable traverser son cerveau. Elle était vraiment mignonne, même dans sa robe d'uniforme. Il savait qu'il aurait dû lui passer devant sans lui parler, mais il ne put s'empêcher de s'arrêter.

— Salut, Evans, dit-il.

— Tiens, Potter, répondit-elle.

— Ça va?

— Eh bien oui, ça va très bien, pourquoi?

— Non, comme ça, je…

Il se sentit rougir. Il sentit ses idées s'emmêler encore davantage si c'était possible. Lily Evans le regardait comme s'il avait quelques cases en moins, ce qui, supposa-t-il, était peut-être le cas. Il fut cependant tiré d'affaire par l'ouverture de la porte des toilettes, par laquelle sortit une fille blonde.

— Ah, te voilà, Eva, fit Lily. Tu en as mis du temps.

La dénommée Eva gloussa, puis ses yeux se posèrent sur James qui était toujours là.

— Qu'est-ce que tu fiches ici, Potter, demanda-t-elle.

— Euh… répondit l'intéressé. Euh, rien. Je m'en vais. Salut.

Conscient de se conduire de façon un peu ridicule, il se sauva comme s'il avait le feu aux fesses.

oOØOo

Il retrouva ses amis dans la salle commune de Gryffondor. Remus s'appliquait à expliquer à Peter le dernier sortilège qu'ils venaient d'apprendre en cours, et Sirius bayait aux corneilles sous le regard énamouré de deux ou trois filles.

— Salut, les gars, dit James.

— Salut, répliqua Remus. Tu en fais, une tête. Il t'est arrivé quelque chose?

— Rien du tout, répliqua l'interpellé avec humeur, en maudissant intérieurement sa physionomie trop expressive pour que ce soit honnête.

Sirius semblait sorti de sa rêverie. Il regardait son meilleur ami en fronçant les sourcils.

— Je crois que je vais bosser un peu aussi, dit-il, mine de rien. Je vais chercher mon bouquin de métamorphose. Tu viens avec moi, Jamesie?

Le coup classique. James avait bien compris que Sirius allait le coincer dans le dortoir pour lui tirer les vers du nez. Mais après tout, pensa-t-il, peut-être qu'il en était grand temps.

Les deux garçons montèrent l'escalier. Et arrivés dans le dortoir, Sirius n'y alla pas par quatre chemins:

— James, pourquoi tu fais cette tête? On dirait que Peeves t'a soufflé dans l'oreille.

— C'est pas ça, répliqua James. Je… J'ai croisé Lily Evans devant les toilettes des filles en sortant de ma retenue, et je me suis conduit comme un crétin.

— Et alors, fit Sirius en haussant les épaules. Depuis quand tu te soucies d'avoir ou non l'air d'un imbécile devant quelqu'un?

— Sirius, je…

Mais il lui coupa la parole. Sirius venait de comprendre. Il regarda d'un air incrédule son meilleur ami avant de dire:

— Par la barbe de Merlin, Jamesie, ne me dis pas que tu viens de t'enticher de Poil de Carotte!

— Sirius, ne l'appelle pas comme ça, s'il te plaît.

— C'est bien ce que je craignais… Bon sang, mon pote, mais les gonzesses sont ni plus ni moins qu'une foutue source d'ennuis! Elle comme les autres!

— Je l'ai pas fait exprès, figure-toi, rétorqua James avec mauvaise humeur.

— Je m'en doute. Pardon. Je ne voulais pas te vexer. Seulement… Le prends pas mal, mon grand, mais tu as tout intérêt à y renoncer vite fait. Elle va te rendre super malheureux.

— Ah bon? Tu penses qu'elle ne tombera jamais amoureuse de moi?

— Mon pauvre ami, soupira Sirius. Décidément, t'es bien atteint. J'en sais rien, si elle va tomber amoureuse de toi ou pas. Mais ce que je sais, c'est que les gonzesses sont une source d'ennuis, et que quoi qu'il se passe, Poil de… euh, je veux dire Lily Evans va te rendre malheureux.

— Comment tu peux en être sûr, d'abord?

— Je te dis ça simplement pour que tu saches à quoi t'en tenir. Je ne te donnerai pas de conseil. Moi, les filles, elles me demandent de sortir avec elles, je leur dis non, et ça n'a jamais été plus loin. Ceci dit, je crois que plus vite tu laisseras tomber, mieux ce sera.

— Merci beaucoup, Sirius, dit James d'un ton aigre. Tes avertissements me remontent vachement le moral.

— Je me doute que c'est pas ce que tu as envie d'entendre, mais tu es mon meilleur ami, aussi j'aime mieux te dire franchement ce que je pense. Mais après tout, c'est pas mes affaires, alors fais comme tu le sens, et que Merlin suive tout ce qui vogue en toi.

oOØOo

Cette conversation avec Sirius avait, si c'était possible, démoralisé encore davantage le pauvre James. Mais en y réfléchissant, il pensa qu'il aurait dû s'attendre à une telle réaction de la part de son meilleur ami. En effet, son enfance pénible avait rendu Sirius cynique avant l'âge, et il avait passé toute sa vie dans un univers où l'amour était absent. Aussi il ignorait tout des liens sincères et potentiellement tendres qui pouvaient unir un homme et une femme, chabadabada.

Ceci dit, tout cela n'arrangeait rien à son affaire. Quelques heures après cette discussion et l'incident un rien humiliant qui l'avait précédé, James se rendit sur le terrain de Quidditch pour son entraînement. Le capitaine de l'équipe n'étant pas encore arrivé, les autres joueurs papotaient à grand bruit de toutes sortes de choses. James boudait, il se contentait d'écouter les conversations. Il en surprit une entre les deux batteurs, Jonas Blauberg et Sylvius Johansson. Ces deux garçons étaient, pour s'exprimer pudiquement, de grands séducteurs. Les petites amies valsaient souvent. Et ce jour-là, Sylvius Johansson parlait à son copain de sa dernière conquête:

— Elle était pas facile à avoir, cette Rosie, disait-il. Froide comme un glaçon. Ça doit être ça qui la rend aussi intéressante, normalement, elles me tombent toutes dans les bras. C'est une des seules qui aient résisté.

— Et alors, comment t'as fait, demanda son interlocuteur, avide de savoir.

— Aux grands maux, les grands remèdes, mon cher Jonas. J'ai attendu de la trouver toute seule dans un coin, et là, je lui ai sauté dessus, et je l'ai embrassée.

— Nooooooon…

— Si, je te jure! Et je peux te dire que sous son apparence de glaçon… ouille ouille ouille… chaud bouillant!

Les deux garçons éclatèrent de rire, mais ne purent reprendre leur conversation, interrompus par l'arrivée du meneur de l'équipe.

oOØOo

James Potter était perplexe. Il avait observé les garçons et les filles entre eux, en avait tiré un certain nombre de conclusions, mais il ne s'était jamais douté qu'un des moyens d'obtenir la jeune personne désirée consistait simplement à lui sauter dessus pour l'embrasser. C'était bien plus rapide que toute cette parlotte destinée à séduire, et pour laquelle James n'avait pas l'impression d'être doué. Ceci dit, embrasser une fille… Il ne savait pas du tout comment on faisait, et il avait peur de faire une boulette. Aussi il décida d'adapter la méthode de Sylvius Johansson, qui avait tout de même dix-sept ans, à ses propres moyens de garçon de treize ans. Il coincerait effectivement Lily Evans, et il l'embrasserait… sur la joue. Parce qu'après tout, sur la joue ou sur la bouche, un baiser était toujours un baiser… et si cette fameuse Rosie n'avait pas résisté à Sylvius, Lily Evans ne résisterait pas à James. Non mais.

Fort de cette décision, il se mit à suivre la jeune fille discrètement pendant plusieurs jours, attendant de la trouver seule. Le voyant agir ainsi, Sirius secouait la tête d'un air désolé. Remus et Peter, qui n'étaient pas encore au courant de ce qui se tramait, trouvaient simplement le comportement de James un peu bizarre. Mais pour la première fois en deux ans, il se moquait éperdument de ce que pensaient ses copains. Seule comptait pour lui la perspective d'arriver à ses fins.

Du moins c'est ce qu'il croyait.

oOØOo

Une semaine après avoir mis au point son plan, James Potter aperçut Lily Evans, attendant comme la semaine précédente son amie à la sortie des toilettes. Il se força à ne pas rougir. Il se força à avoir l'air détendu et sûr de lui. Il s'avança vers la jeune fille, la prit par les épaules, et appuya sa bouche sur sa joue… avant de se prendre une mémorable paire de claques.

Non mais ça ne va pas ?

En se frottant la joue, il subit les foudres d'une Lily rouge de colère :

— Comment as-tu osé me faire ça, espèce de pervers psychopathe taré ?

— Mais, protesta James d'une voix faible, c'était juste…

— C'était juste quoi ? Tu n'es qu'un malappris et un malotru, Potter ! Tu as intérêt à ne plus t'approcher de moi, sinon…

James n'eut pas l'occasion de savoir sinon quoi, car l'amie de Lily sortit des toilettes à ce moment-là. Lily la prit par le bras et l'entraîna avec elle, laissant planté là le malheureux garçon qui ne comprenait absolument pas ce qui lui était arrivé.

Au bout d'un moment, il regagna la tour de Gryffondor, la tête basse. Il raconta ses malheurs à ses amis, qui se montrèrent très compatissants. Même Sirius, malgré ses regards qui disaient "ne dis pas que je ne t'avais pas prévenu…"

oOØOo

James finit par aller trouver Sylvius Johansson, simplement pour lui dire que sa manière de séduire les filles était totalement foireuse. Le grand garçon de dix-sept ans se mit à rire :

— Potter, t'as rien compris. Faut pas s'y prendre comme ça, avec les poulettes, à moins d'être aussi irrésistible que moi, ce qui, excuse-moi si je te vexe, n'est pas ton cas. Et puis à ton âge, franchement, faire des trucs de grands… Pas étonnant que tu sois aussi humilié.

— Ça va, Sylvius, arrête ton char…

— Nan, mais bon. Ecoute-moi bien, petit. Si tu veux avoir cette mignonne petite nana, commence par lui faire croire que tu es irrésistible, même si c'est pas le cas. Dès que tu la vois, fais en sorte qu'elle te remarque. Sois drôle, sois spirituel, et sois certain qu'au bout d'un moment, elle te tombera dans les bras. Mais va falloir être patient…

James Potter quitta Sylvius Johansson en se grattant la tête. Ce n'était pas une mince affaire que tout ça. Et puis quelque chose lui disait qu'en effet, il lui faudra être très, très patient avant d'arriver à ses fins, cette fois-ci.