Notes rapide de l'auteur endormi :
Merci à tous pour vos reviews. Les réponses sont publiées sur mon Livejournal (lien dans mon profil), dans une entrée datée du 21 décembre.
Ceci est le dernier OS du recueil Attention, animaux sauvages. Cette fic est donc à présent complète. Je vous remercie à tous de m'avoir suivie, lue, et d'avoir commenté mes écrits. Je ne dirai pas un mot sur mon prochain texte, parce que c'est une surprise. Le premier chapitre sera publié soit le 24, soit le 25 décembre, tout dépend de ma disponibilité à Noël.
Bisous à tous et bonne lecture.
Peter : la séduction du rat :
Peter Pettigrow n'avait pas une vie facile. Ses résultats scolaires n'étaient que passables, et à un an des BUSE, ses enseignants ne manquaient pas de le lui faire remarquer. Le professeur McGonagall lui disait: "Vous avez intérêt à beaucoup travailler cet été pour être au niveau l'an prochain". Le professeur Slughorn lui disait: "Pettigrow, vous avez de la bonne volonté, mais vos notes sont encore un peu justes". Un comble pour le pauvre Peter, car l'enseignant en potions magiques avait une nette tendance à caresser ses élèves dans le sens du poil. Entendre de tels propos de sa part était presque humiliant.
Outre ses prestations scolaires, Peter souffrait de son manque de confiance en lui. Il ne vivait que dans l'ombre de ses trois meilleurs amis, et de ce fait, il en était un peu jaloux. Mais il préférait mourir plutôt que de le leur dire, car ils étaient son oxygène. Il avait besoin d'eux pour exister.
Et pour finir, Peter était amoureux. Et c'était là son plus grand secret. Personne n'était au courant, pas même ses amis. Il souffrait parfois de ne pas le leur dire, mais selon lui, ils avaient tout intérêt à ne pas le savoir. Sirius en aurait fait une maladie. James se serait moqué de lui. Remus aurait rigolé doucement, car il avait, à l'instar de Sirius, une piètre opinion de l'amour. Alors Peter n'en parlait pas. Il gardait ce sentiment pour lui, heureux de ne pas être comme James qui rougissait comme un imbécile dès que Lily Evans se trouvait dans son champ de vision. Au contraire, lui ne jetait à l'élue de son cœur que des regards à la dérobée.
Cependant, en ce mois de juin 1974, un problème se posait. La jeune fille dont Peter était amoureux n'avait plus que quelques semaines à passer à Poudlard. Elle préparait ses ASPIC, après quoi elle quitterait l'école. À cette idée, le cœur de Peter se serrait. Il ne la reverrait sans doute plus. Elle n'était pas de son monde. Trop pure, trop fière, trop belle pour lui. Il commença à envisager de se déclarer. De lui avouer ce qu'il ressentait. Il lui semblait évident qu'elle ne voudrait pas de lui, qu'elle l'humilierait comme Evans le faisait presque quotidiennement avec James, mais il ne pouvait pas la laisser partir sans qu'elle sache qu'il avait soupiré pour elle. Comme bien d'autres garçons à Poudlard. Des garçons plus beaux, plus populaires et plus brillants que lui, qu'elle avait également repoussés malgré tout.
Les expériences désastreuses de James avec Lily Evans n'étaient pas inutiles à Peter lorsqu'il pensait aux moyens de déclarer sa flamme. En effet, n'eût-il pas connu les conséquences malheureuses du comportement prétentieux de son ami sur sa vie amoureuse, il eût essayé de se faire passer pour plus brillant qu'il ne l'était auprès de son élue. Du fait, il savait que ce serait inutile, et même ridicule. Ses moqueries n'en seraient que plus méchantes et humiliantes. Aussi Peter décida-t-il d'avouer les choses simplement, et d'assumer tant bien que mal sa médiocrité. Il aurait aussi l'impression de se comporter de façon plus adulte que James. Restait à présent à trouver la bonne occasion pour prendre à part la jeune fille pour lui parler de ses sentiments.
Le temps passant nettement trop vite aux yeux de Peter, il pensa ne pas pouvoir attendre que le hasard lui fournisse cette occasion. Il se mit donc à suivre la jeune fille pour tenter de trouver lui-même le bon moment. Pour ce faire, il utilisa sa nouvelle arme, une arme dont il remercierait toujours James et Sirius de l'avoir aidé à se la procurer: sa forme d'Animagus. Cela ne faisait que quelques semaines qu'il parvenait à se métamorphoser en rat. Ses amis lui avaient un peu ri au nez de le voir prendre la forme de cet animal nuisible, craintif et souvent synonyme de saleté, mais lui en était très fier. Le rat est petit, discret et se faufile partout. Aussi il mit tous ces avantages à profit pour suivre l'élue de son cœur partout où elle allait quand il en avait l'occasion.
Mais lorsqu'il la trouvait toute seule, il prenait peur. Elle était si froide, si distante. Jamais il n'oserait lui parler. Pourtant, il le fallait.
Il eut une fois l'occasion de se jeter à l'eau un matin, après le petit déjeuner. James, Sirius et Remus étaient déjà partis en classe, et lui avait traîné un peu à table pour grappiller quelques toasts abandonnés. Puis, voyant qu'il allait être en retard s'il ne se pressait pas, il quitta précipitamment la Grande salle pour se rendre en cours à son tour. D'autant plus qu'il ne restait que quelques jours avant les examens, et que les professeurs toléraient les retards encore moins que d'habitude. Et c'est en passant la porte qu'il la bouscula sans s'en rendre compte. Il rougit légèrement, et la regarda d'un air timide:
— Excuse-moi, dit-il.
Elle le regarda avec colère:
— Tu ne peux pas faire attention où tu mets tes gros pieds, Pettigrow? Espèce de maladroit! Fiche le camp d'ici, et laisse-moi passer.
La rougeur s'intensifia sur les joues du pauvre Peter qui battit en retraite. Les mots durs qu'elle avait eus le blessaient. Quand il se fut un peu éloigné de la Grande salle, il se retourna pour voir si elle était encore là. Elle discutait avec une autre fille, qui tenait un livre sous son bras. Il soupira. Elle était tellement jolie. Avant de se rendre en classe, il murmura son prénom, qui à ses yeux était aussi joli qu'elle.
Narcissa.
oOØOo
Il l'évita avec soin pendant quelques jours. Ce qui ne fut guère difficile, James et Sirius n'ayant de cesse de l'entraîner dans leurs bêtises. Ils semblaient bien décidés à en faire le plus possible avant la fin de l'année. Peter se laissait entraîner avec peu de bonne volonté. Il aurait préféré rester dans son coin à penser à elle. Et à ruminer ce qui lui apparaissait comme une prémisse à l'humiliation qu'il subirait dès qu'il se déclarerait.
Narcissa l'avait traité d'espèce de maladroit. Certes, c'était là une remarque à laquelle il avait eu droit un nombre incalculable de fois depuis le début de sa scolarité. Mais c'était elle qui le lui avait dit. Et c'était nettement plus douloureux que les "Peter, ce que tu peux être maladroit" assénés par Sirius quand il avait le malheur de faire une gaffe, ou les "Pettigrow, vous êtes décidément bien maladroit" que lui disait le professeur Slughorn quand il faisait fondre son chaudron.
Dès lors qu'il avait entendu cet adjectif de la bouche de son élue, Peter était plus certain que jamais de l'issue de sa déclaration. Mais il lui avouerait ses sentiments, malgré tout. S'il avait en lui quelque chose du comportement d'un Gryffondor, c'était bien la ténacité. Il le lui dirait. Tant pis pour les conséquences.
oOØOo
Le dernier examen des élèves de quatrième année était celui de métamorphose. Il eut lieu un jeudi après-midi. Et Peter avait prévu de parler à Narcissa juste après le repas de midi. Il s'éclipsa donc un peu avant ses amis.
— Où tu vas, demanda Sirius en le regardant d'un air soupçonneux.
— Je… j'ai besoin d'être un peu seul, répondit Peter.
— Tu en as assez de nous, sourit Remus.
— Non, je… J'ai juste besoin de faire un tour pour… euh… pour me calmer les nerfs.
Sans attendre de réponse, il se leva de table. Au moment où il partait, il entendit James dire aux autres: "ça doit être à cause du stress."
Il attendit Narcissa dans le couloir qui menait aux cachots de Serpentard. Il savait qu'elle allait passer par ici avant de se rendre à son épreuve pratique de potions. Son cœur battait très fort. Il se demanda si James se sentait aussi angoissé avant de parler à Lily Evans. Peut-être pas. Après tout, il était tellement sûr qu'elle allait lui tomber dans les bras…
— Pettigrow, qu'est-ce que tu fais ici?
Il sursauta. C'était elle. Elle le regardait d'un air méfiant.
— Je…
— Tu attends tes copains stupides pour préparer encore un mauvais coup?
— Non. Je… Je voudrais te parler.
Elle éclata d'un rire mauvais.
— Tu voudrais me parler. Tiens donc. Et de quoi?
Peter devint écarlate.
— Narcissa, je… euh… je suis amoureux de toi.
Un ange passa. Tout sembla figé. Puis Narcissa se remit à rire. On aurait cru qu'elle venait d'entendre la plaisanterie la plus amusante de toute sa vie.
— Franchement, Pettigrow, dit-elle en essuyant des larmes de rire. Tu viens me trouver et m'asséner comme ça que tu es amoureux de moi? Tu te rends compte à qui tu parles?
—…
— Mon pauvre petit bonhomme, quand bien même je te trouverais le moindre intérêt, je ne pourrais que te repousser. Je suis fiancée. Je me marie l'année prochaine.
La nouvelle fit l'effet d'un coup de massue. Peter ne sut quoi dire, mais il entendit distinctement dans sa poitrine son cœur se briser en mille morceaux.
— Mais cela n'a pas d'importance, reprit Narcissa. Tu es médiocre. Tu es stupide. Tu es maladroit. Tu es inutile. En un mot, tu es nul. Tu ne mérites même pas que je te regarde et que je te parle. Alors tes jolis sentiments, tu peux te les garder.
Comme les insultes pleuvaient sur lui, la douleur laissa peu à peu la place à la colère dans l'esprit de Peter. Il s'agissait de cette colère inutile et parfois puérile qu'on ressent lorsqu'on subit une adversité profondément injuste. Et ce sentiment était rare chez lui. En temps normal, quand il avait des ennuis ou qu'il se faisait humilier, il se cachait derrière ses amis pour ruminer l'injustice. Mais cette fois, il était seul. Il savait que s'enfuir rendrait sa position d'amoureux éconduit encore plus ridicule.
Alors pour la première fois de sa vie, il prit un gros risque. Il décida de ne pas se laisser rabaisser encore davantage en montrant à Narcissa la seule chose dont il fût réellement fier : sa forme d'Animagus. C'était dangereux en soi : elle pourrait le dénoncer ; il pourrait se faire exclure de l'école. Ses amis aussi, dans le même temps. Mais Peter s'en moquait. Il éprouvait simplement quelque chose qui chez lui était très rare : un sursaut de fierté.
— Viens avec moi, dit-il à Narcissa. Je voudrais te montrer quelque chose.
Elle fronça les sourcils :
— Si tu veux me faire un coup tordu comme ceux que fait Potter à cette Sang de bourbe de Lily Evans, tu ferais mieux de renoncer immédiatement.
— Ce n'est pas ça, répliqua Peter. Viens.
Sans attendre de réponse, il l'entraîna vers un placard à balais. Là, il lui dit simplement :
— Ne bouge pas, et regarde-moi.
Et alors, sous les yeux de la jeune fille, il se métamorphosa. Ce faisant, il eut l'impression de faire une grosse bêtise, mais c'était trop tard. Quand il se fut transformé, il voulut s'enfuir, mais Narcissa l'attrapa par la queue. Il couina. Elle éleva le rat au niveau de son visage, et…
— Ne te sauve pas comme ça, dit-elle.
Elle regarda un moment le rongeur gris et dodu, les lèvres pincées, comme plongée dans une intense réflexion.
— Pettigrow, reprit-elle, ce que tu viens de me montrer mérite amplement que nous prolongions cette conversation. Seulement, maintenant, je n'ai pas le temps. Retrouve-moi ce soir après le dîner devant le tableau de Gwendoline la Fantasque. Je t'y attendrai.
Elle reposa le rat sur le sol avec une étrange douceur, puis elle tourna les talons, et partit.
Peter reprit sa forme humaine, puis il se rendit à son examen de métamorphose, profondément dubitatif.
oOØOo
Il retrouva Narcissa à l'heure dite et à l'endroit prévu. Cette fois-ci, il avait eu beaucoup de mal à se débarrasser de ses trois autres amis. Ses excuses bancales n'avaient fait que de rendre leurs regards soupçonneux plus appuyés encore. Tandis qu'il fonçait dans les couloirs aussi vite qu'il le pouvait, il espérait que personne ne le suivait. Mais il était bien seul.
Et il tomba en arrêt devant la beauté de Narcissa.
Eut-il été un peu moins lucide, il aurait pensé que c'était pour lui qu'elle avait relevé ses cheveux, et enfilé cette robe au décolleté échancré. Elle le conduisit dans une classe vide.
— Pettigrow, ce que tu m'as montré tout à l'heure m'a profondément intéressée, dit-elle. Ne te fais pas d'illusion, je ne suis toujours pas intéressée par toi, je te trouve toujours aussi minable, mais le fait que tu sois un Animagus non déclaré te donne un certain avantage. Je pense que l'année prochaine, si tu le veux bien, je te présenterai mon fiancé… enfin, à ce moment-là, ce sera mon mari.
— Qui est-ce, ton fiancé ?
— C'est Lucius Malefoy. Tu as dû le connaître. Il a quitté Poudlard il y a trois ans.
— Oui, en effet, répondit Peter, frissonnant au souvenir du grand garçon blond à l'air cruel qui lui avait fait peur tout le temps où ils avaient été à l'école ensemble.
— Lucius, reprit Narcissa, a des amis très puissants. Ceci dit, je pense que ces gens auront besoin de quelqu'un comme toi. Quelqu'un capable de se déplacer en toute discrétion.
— Et qu'est-ce que ça m'apporterait de les rencontrer ?
— Du pouvoir, Pettigrow. Beaucoup de pouvoir…
La voix de Narcissa était devenue envoûtante. Hypnotisé, Peter la regarda s'approcher de lui. La distance entre leurs visages était sensiblement réduite.
— Si tu te rapproches des amis de Lucius, tu deviendras puissant, nettement moins nigaud et minable qu'en ce moment… Réfléchis-y bien, Peter. Pense à la façon dont te traitent Potter, Lupin, et mon imbécile de cousin Sirius. Tu es leur faire-valoir, rien de plus. Si tu deviens plus puissant qu'eux, ce qui sera le cas si tu deviens des nôtres, ils s'en mordront les doigts… Il leur semblera qu'ils n'auront pas su reconnaître ta vraie valeur…
Ces paroles s'insinuèrent comme un poison dans l'esprit de Peter. Il eut chaud. Il eut un peu peur. Et puis Narcissa était trop près de lui. Il lui sembla jouer un jeu dangereux avec elle. Mais il ne pouvait s'empêcher d'hésiter… de penser que concernant James, Sirius et Remus, elle n'avait pas entièrement tort… Il n'eut pas le temps de pousser plus avant ses réflexions car soudainement, Narcissa l'embrassa. Ce fut un baiser bref, mais fiévreux. Quand elle le relâcha, elle murmura :
— Voilà ce que peut t'apporter le pouvoir, Peter… Si tu nous rejoins, il n'est pas impossible que par la suite, je puisse t'accorder quelques… faveurs…
—…
— Je te laisse réfléchir. Fais-moi savoir ta réponse rapidement. Si tu n'as pas pris ta décision d'ici notre départ de Poudlard, je te laisse l'été pour m'envoyer un hibou. Bonsoir.
Sur ce, elle sortit.
Peter la suivit l'instant d'après. Il avait encore des doutes, mais sa décision était prise. Il rencontrerait Lucius Malefoy. Après… il aviserait. Ou pas.
Car le baiser de Narcissa avait laissé sur son âme une trace de feu.
FIN
