Petite présentation classe pour changer :
Titre :The Diary - Le Journal
Auteur :Lily Evans 2004
Disclaimer :Tout l'univers Poudlardien appartient à J.K. Rowling, le personnage d'AJ fut créé par l'auteur slytherin-nette ; et puis le reste, c'est à moi :).
Résumé :Draco Malfoy et AJ Potter, le prince et la princesse de Serpentard, sont aussi les meilleurs amis du monde. Sauf sur un point : les Gryffondors qu'AJ s'acharne à fréquenter. D'ailleurs, Draco ne peut même plus supporter la simple présence d'Hermione. Quant à AJ, elle idolâtre un beau Poufsouffle : Raphaël Monaghan. Pourtant, le Serdaigle Hayden Bloom ne peut s'empêcher de soupirer quand AJ vient le voir.
Sur le plan international, Vous-savez-qui est étrangement calme. Mais ce n'est pas une raison pour que la paix règne : de mystérieux spectres, les Spockers, envahissent peu à peu le pays ...
Résumé du chapitre précédent : Après la mort de son père, Draco a dû partir faire un séjour au milieu des terribles Mangemorts. À son retour, il fait clairement comprendre à Hermione qu'elle n'a pas intérêt à lever les yeux vers lui. Mais au moment du repas, AJ et lui sont soudainement victimes d'une étrange et atroce crise de nerfs. Alors qu'AJ se repose dans sa chambre, Hayden, revenu de chez sa tante Emma de Gorsemoor qui lui a appris une foule de choses sur les Spockers, se précipite chez AJ pour tout lui raconter.
Remerciements :Adressons tous en chœur nos remerciements chaleureux à MLT, ma béta préférée !
Bavardages de l'auteur : Et voilà ! Je viens d'achever ce très long chapitre (plus de 19 pages !) où il se passe tellement de choses que je n'arrive pas à comprendre comment j'ai réussi à tout faire rentrer en un seul chapitre ! En tout cas, il y a là beaucoup de scènes auxquelles je pense depuis longtemps, et j'espère sincèrement que vous les apprécierez autant que moi. Attention, c'est surtout un chapitre romance ! L'action devrait revenir dans le suivant, selon mes plans. Et à partir de là ... Tout va se précipiter dans le vortex infernal des chapitres à rebondissements !
J'ai hâte d'y être ! En attendant, appréciez s'il vous plaît le :
Chapitre 13 : Jealousy will drive you mad
The Diary - Le Journal
AJ se réveilla avec un sourire aux lèvres. Elle avait rêvé de ... De quoi son rêve parlait-il déjà ? Ah oui, il devait tourner autour de Ralph Monaghan. AJ avait rêvé qu'elle passait une après-midi au soleil, près du Lac et dans les bras du beau Poufsouffle. Etrangement, quand elle avait regardé le Lac, elle s'était retrouvée devant un miroir où de longues traînées d'encre noire avaient commencé à couler, comme du sang. AJ s'était alors penchée vers ce miroir, et elle y était tombée. Ou peut-être volait-elle, elle ne savait plus trop. Après tout, ce n'était qu'un rêve.
Haussant les épaules, elle se leva et jeta un regard triste au lit vide à côté du sien. Dire que Draco n'avait même pas eu 24 heures de répit ...
Après un « rapide » passage dans sa salle de bains, AJ sortit ensuite de sa chambre et partit vers la Grande Salle. En chemin, elle entendit quelqu'un la héler derrière elle.
— AJ ! Attends-moi !
— Salut Blaise, ça va ?
— Oui, merci, et toi ? Tu te sens mieux ? Bloom ne t'a pas trop fatiguée hier soir ?
— Absolument pas, et de toute façon c'était vraiment important qu'on se parle. Mais merci beaucoup de t'être occupé de moi, tu n'aurais pas dû.
— C'est rien, tu sais bien que je tiens à toi, et ça m'a tellement inquiété de vous voir comme ça, Draco et toi, que je me suis dit qu'il fallait que je fasse quelque chose pour vous aider.
AJ lui adressa un sourire sincère. En même temps, elle se sentit légèrement coupable : depuis qu'elle été devenue si proche des Serdaigles, elle avait un petit peu délaissé Blaise, qui avait pourtant été son meilleur ami pendant cinq ans, après Draco bien sûr.
Sans un mot de plus, ils arrivèrent ensuite dans la Grande Salle. Quelle ne fut alors pas la joie d'AJ en voyant, entouré de Pansy qui pleurnichait maintenant d'émotion et d'Adam Vermont qui veillait à ce que les croissants ne soient pas trop loin, Draco régnait à nouveau sur les Serpentards, un sourire rusé mais encore un peu faible sur ses lèvres pâles. En voyant venir AJ, il se leva pour l'accueillir en retenant un dernier petit gémissement de douleur. Les autres Serpentards s'écartèrent pour laisser passer leur souveraine.
— Bonjour, princesse.
— Bonjour Draco. Tu vas mieux ?
— Oui, Pomfresh est finalement moins incompétente que je ne le supposais.
AJ et lui échangèrent un regard complice pour se promettre de réserver leurs débordements de joie pour plus tard. C'était là une des conséquences de leur rang ; un peu de dignité s'imposait en public, tout de même !
Le petit déjeuner fut donc calme. Tous les élèves des Serpentards vinrent saluer leurs Prince et Princesse et les féliciter de leur si prompt rétablissement, quand aux élèves des autres Maisons, ils se contentèrent pour la plupart d'échanger quelques paroles à voix basse en pointant du doigt la table des Serpentards.
Draco jeta discrètement un coup d'œil à la table des Gryffondors, mais aucun des membres du célèbre trio n'était présent. Le beau blond fronça les sourcils, mais comme il allait commencer sa journée par deux heures de Potions, Hermione n'allait pas tarder à réapparaître. Joie. Quoi de mieux que deux heures à travailler à la Bibliothèque sur une potion incroyablement compliquée, avec une fille qu'il devait haïr ? Avec un soupir résigné, il quitta la Grande Salle et AJ quelques instants plus tard et monta vers la Bibliothèque.
Lorsqu'il entra, la première personne qu'il vit fut Theodore Nott qui lui tournait le dos et semblait en train de discuter avec quelqu'un. Draco eut un reniflement méprisant. Theodore Nott, pff ... C'était bien le seul Serpentard qu'il n'avait jamais pu supporter, et c'était largement réciproque. Ce marginal ridicule mettait les nerfs de Draco à vif : dire qu'il déshonorait la noble Maison de Salazar Serpentard en fréquentant des Poufsouffles sans le moindre scrupule ! Vraiment, des sorciers pareils mériteraient d'être jetés au bûcher sans leur baguette.
Draco arriva à sa table habituelle et s'énerva davantage en constatant qu'Hermione n'était même pas à l'heure. D'un geste rageur, il balança son sac par terre, s'assit et posa ses pieds sur la table, en se disant que s'il n'avait pas tant dédaigné ces inventions Moldues, il se serait immédiatement grillé une cigarette. Après quoi il aurait lancé une malédiction à Nott pour le condamner à passer le reste de sa vie à fumer et par conséquent à mourir lentement dans d'atroces souffrances ... Draco eut un petit ricanement en imaginant la scène, et tourna la tête vers Nott pour mieux se le représenter.
Il eut alors un choc qui le fit violemment sursauter : la personne qui discutait depuis tout à l'heure avec le déchet des Serpentards, la jeune fille qui regardait Nott droit dans les yeux avec un sourire aux lèvres ... C'était Hermione.
Sans plus réfléchir, Draco bondit de sa chaise et se rua vers les deux jeunes gens, qui n'avaient visiblement même pas remarqué sa présence. Brutalement, il attrapa Granger par l'épaule et la força à se tourner vers lui.
— Qu'est-ce que tu fais avec lui, Granger ? fit-il d'un ton agressif.
— Je discute, Malfoy, c'est mon droit, répondit la jeune fille d'un ton froid.
— Justement non, je te rappelle qu'on est en cours !
— Et alors ? Tu as travaillé avec assiduité d'un bout à l'autre de ces séances, toi, peut-être ?
— Ce n'est pas la question ! Tu n'as rien à faire avec ce mec pathétique !
— C'est de moi que tu parles, Malfoy ? intervint Nott.
Draco ne daigna pas lui répondre.
— En quoi est-ce que ça te regarde, les gens à qui je parle ? reprit Granger. De toute façon, je ne vois pas pourquoi tu te soucies de moi, je ne suis qu'une vulgaire Sang-de-Bourbe après tout, non ?
— Viens avec moi ! s'écria Draco. Tout de suite !
— Mr. Malfoy, coupa soudainement Mrs. Pince, la bibliothécaire ! Calmez-vous immédiatement ou je vous envoie chez le directeur.
Le Serpentard se retourna vers l'acariâtre sorcière, l'air furieux. Mais celle-ci ne plaisantait pas. Draco lança alors un Accio pour récupérer ses affaires (« Mr. Malfoy ! Vous n'avez pas le droit de faire ça ici ! »), puis adressa un regard haineux à Nott et Granger, avant de quitter la pièce à grandes enjambées. Une fois sorti, il se mit à courir à travers les couloirs, jusqu'à arriver devant un pan de mur particulier : d'un geste nerveux, Draco passa la main sur trois pierres, un passage s'ouvrit par lequel il s'engouffra rapidement avant que le mur ne se referme. La pièce où il se trouvait était minuscule et totalement noire ; Draco poussa alors un long hurlement de rage. Il se laissa tomber par terre et serra les poings à s'en faire mal, la seule chose qui désirait à l'instant étant d'étrangler Granger, Nott et Pince. Le souffle court, il sortit sa baguette et traça au hasard dans l'air un étrange motif de fumée que sa colère lui inspirait. Il fit ensuite apparaître un feu. La contemplation des flammes avait toujours été le meilleur moyen pour qu'il se calme.
En effet, au bout de longues minutes, il quitta sa cachette et se mit à errer sans but dans les couloirs.
— Malfoy ? entendit-il soudain.
Il se retourna et aperçut Hermione qui marchait vers lui. Eh bien, au moins une qui ne manquait pas d'audace ... Il ne lui répondit pas, se contenant de lui lancer un regard gris.
— Viens, on a du travail.
Le jeune homme la regarda encore un moment sans rien dire, puis se résigna à la suivre. Elle avait raison, il leur restait beaucoup à faire. En revenant dans la Bibliothèque, Draco constata que Nott avait disparu. Heureusement.
Ce débordement de fureur fut le dernier que Draco s'autorisa ; il résolut ensuite de n'adopter face à Hermione qu'un comportement irréprochablement dédaigneux, ce qui restait dans ses capacités tant que Theodore Nott n'était pas dans les parages.
Le duo avança donc assez rapidement dans ses recherches sur le Veritaserum, puisqu'ils ne perdaient presque plus de temps à se disputer, chacun ignorant l'autre autant qu'il le pouvait. Ainsi, ils parvinrent à faire cracher son venin au Runespoor qu'ils avaient capturé longtemps auparavant sans jamais avoir pris le temps de s'en occuper. L'analyse de ce venin fut particulièrement satisfaisante : quiconque en absorbait une goutte perdait toute volonté de mentir ou de simplement se défendre ; les capacités du cerveau étaient comme ramollies. Plusieurs problèmes se posaient néanmoins : il fallait non seulement doser le venin avec précaution, mais aussi y associer d'autres ingrédients presque aussi délicats, pour ne pas transformer la « victime » en légume incapable de répondre aux questions qu'on lui posait. De sorte qu'il restait encore de nombreux éléments complexes à analyser dans le Veritaserum.
Pendant ces séances, les efforts que Draco faisait pour se maîtriser devant Hermione exerçaient une importante pression sur ses nerfs. Par conséquent, il avait décidé de se défouler dans une autre activité, le Quidditch en l'occurrence. À tous les entraînements, et bien qu'il était déjà très doué à ce sport, Draco se déchaînait, et réussissait par ses prouesses à motiver toute l'équipe : dès que le Vif d'or était lancé, il filait à la vitesse du vent à travers tout le stade, les yeux grands ouverts, enchaînait les virages à toute allure et finissait rapidement par apercevoir le Vif. Dès lors, les loopings et les descentes en piqués se succédaient jusqu'à ce que la balle dorée soit à la merci de l'Attrapeur. Ni la pluie, ni les Cognards, ni même les autres joueurs n'auraient pu détourner son attention, tant Draco était concentré sur sa tâche. Au moins, cela avait le mérite de l'empêcher pour quelques instants de penser à Voldemort, aux Mangemorts, à sa fiancée ou encore à Hermione.
C'est ainsi que, le samedi 22 janvier, Serpentard avait écrasé Poufsouffle 200 à 0 en seulement quelques instants.
Cette victoire avait également profité à AJ, mais pas uniquement en tant que Poursuiveuse. Pendant tout le mois de janvier, Hayden avait continué à l'aider avec Ralph Monaghan, jusqu'au soir de la veille du match où le Serdaigle lui avait confié avec un clin d'œil que le lendemain, elle devrait s'attendre à une surprise ... En effet, après s'être changée et avoir pris une douche dans les vestiaires, AJ eut en sortant l'agréable surprise de voir l'ange de son cœur nonchalamment appuyé contre le mur extérieur. Dès qu'il la vit arriver, il se redressa.
— Amanda ? Je suis sûr que tu préférerais aller faire la fête avec le reste de ta Maison, mais est-ce qu'on pourrait juste se parler un moment seuls, s'il te plaît ?
— Bien sûr, répondit AJ le cœur battant, je ne suis pas si pressée.
— Merci beaucoup, j'en n'aurai pas pour très longtemps, assura Raphaël avec un sourire à faire fondre un bloc de granit.
« Dommage ... » se dit la belle Serpentarde en le suivant un peu plus loin. Une fois arrivés à bonne distance du terrain de Quidditch, ils s'arrêtèrent et Ralph plongea une fois de plus ses merveilleux yeux azurs dans ceux d'AJ.
— Ce que je voulais dire, Amanda, c'est que ...
— Tu peux m'appeler AJ, si tu veux, interrompit la jeune fille.
Il lui sourit à nouveau.
— C'est gentil. D'abord, bravo pour le match ! C'était superbe, tu féliciteras Malfoy de ma part ... Même si je suppose qu'il s'en moquera totalement. En tout cas les deux buts que tu as marqués m'ont beaucoup impressionné.
— Merci beaucoup mais ... tu n'es pas trop déçu ?
— Moi ? Pas spécialement, non, de toute façon on n'a pas gagné cette Coupe depuis des dizaines d'années alors une de plus, une de moins ... En revanche, je crois que l'équipe n'a pas très bien digéré de n'avoir marqué aucun but.
— Il faut dire qu'on ne leur en a pas vraiment laissé le temps, fit AJ d'un ton un peu timide.
— J'ai vu ça ! s'exclama Raphaël en riant de bon cœur. Donc, pour en venir à ce que je voulais te dire, je ne sais pas si Hayden t'en a parlé, mais on a pas mal discutés tous les deux, et il m'a fait remarquer à quel point les relations entre Serpentards et Poufsouffles étaient dans un état relativement pathétique.
— Il n'a pas tort.
— Le problème, c'est que ça met une sale ambiance dans l'école, et je trouve ça vraiment dommage, surtout que la situation extérieure n'est pas vraiment un havre de paix, d'amour et de fraternité non plus.
— Je suis d'accord, mais qu'est-ce que je peux y faire ?
— En fait, Hayden m'a beaucoup parlé de toi, et d'après ce qu'il m'a dit, tu es la fille de Serpentard qui a le plus d'amis dans les autres Maisons, Serdaigle ou Gryffondor. Comme en plus tu es tellement populaire chez les Serpentards ... Enfin, de Poufsouffle, c'est l'impression que j'aie, et d'ailleurs ça ne m'étonnerait pas beaucoup.
— C'est assez vrai, confirma AJ en rougissant un peu.
— Alors voilà, est-ce que tu voudrais bien qu'on passe un peu de temps tous les deux pour voir comment on pourrait arranger cette situation ?
La jeune fille leva la tête vers le bel ange, dont les yeux l'imploraient sincèrement d'accepter. Comme si elle aurait pu refuser une telle proposition ! Mieux qu'un rêve, c'était un petit bout de paradis qu'on lui offrait à cet instant.
— Oui, naturellement ! fit-elle, les yeux brillant déjà d'excitation. Je comprends tout à fait que ce soit important.
— C'est vrai ? s'étonna Ralph. Merci beaucoup AJ, ça me tenait beaucoup à cœur. Et puis, je vois qu'Hayden ne m'a pas menti, t'es vraiment une fille bien.
— Comment ça ?
— Eh bien ... hésita le Poufsouffle, soudain légèrement mal à l'aise. Je ne voudrais surtout pas te blesser, mais la réputation que tu as dans ma Maison n'est pas vraiment la plus flatteuse. Mais ça n'a plus d'importance, assura-t-il avec un nouveau sourire, je saurai bien les convaincre du contraire.
— Merci, c'est très sympa de ta part.
— Ça ne devrait pas être très dur, c'est juste qu'ils ne te connaissent pas du tout. Bon, je ne vais pas te retenir plus longtemps, alors je te remercie une dernière fois pour tout.
— Je t'en prie, discuter avec toi n'était pas un effort insurmontable. À bientôt, fit AJ en s'éloignant.
En la regardant partir, Raphaël se dit que décidément, Hayden ne lui avait dit que la vérité. Cheveux de soie, épaules gracieuses, taille fine, longues jambes ... Le Poufsouffle resta longtemps absorbé dans sa contemplation.
Non loin de la, Hayden s'en retournait pensivement, après avoir observé la scène, les épaules un peu plus voûtées et les yeux tristes. Il avait l'impression d'avoir signé sa propre condamnation. Mais puisqu'AJ était heureuse ...
Au bout d'une semaine, les rapports entre Serpentards et Poufsouffle s'étaient sensiblement améliorés, au moins pour deux de leurs membres. Sous prétexte de l'intérêt général, AJ et Raphaël ne se quittaient presque plus : ils passaient des heures ensemble, d'abord pour montrer à leurs Maisons respectives que des relations amicales étaient tout à fait possibles entre Serpentards et Poufsouffles, mais aussi pour voir si une relation autre que purement amicale était possible entre eux deux ... Pour l'instant, aucun des deux n'avait clairement avoué à l'autre ce qu'il ressentait, mais la flamme dans leurs yeux était plus explicite que toutes les déclarations du monde. D'ailleurs, à peu près tout Poudlard l'avait remarqué.
Dans les deux Maisons concernées, l'heure était au trouble. Les Serpentards se sentaient déchirés entre leur fidélité envers leur princesse et leur haine ancestrale contre les méprisables Poufsouffles. Beaucoup avaient sagement décrété qu'ils suivraient l'attitude de leur prince, mais Draco avait lui-même beaucoup de mal à accepter la situation. Comme elle le lui avait promis le soir de Noël, AJ lui avait tout avoué le 25 janvier.
(Petit flash-back pour rappeler la situation :
- Pourquoi as-tu laissé Hermione en plan sur la piste ?
- Parce que je ... je ne veux pas en parler.
- Tu es sûr ? Tu sais bien que tu peux tout me dire, Drake.
- Uniquement si tu me dis tout ce que tu as fait ce soir.
- ...
- Tu vois. Il y a des choses qu'il vaut mieux garder pour soi.
- Tu as peut-être raison.
Au bout d'un long silence, AJ reprit la parole :
- Dans un mois, quand on aura assimilé tout ça, on s'en parlera ?
- Promis, assura Draco après un temps de réflexion.)
Bien sûr, Draco ne souhaitait que le bonheur de sa belle AJ, mais tout de même, un Poufsouffle ! Elle devenait complètement folle ... D'accord, sa folie était objectivement de bon goût, mais même si elle ne pouvait pas s'empêcher de soupirer quelques temps après ce bellâtre de Monaghan, pourquoi ne pouvait-elle pas l'oublier ensuite dans les bras d'un fier Serpentard ? Pas lui, bien sûr, ni Blaise. Crabbe et Goyle n'étaient évidemment pas envisageables, mais pourquoi pas Adam Vermont, par exemple ? Ou même un Serdaigle, à la rigueur. Draco ne comprenait vraiment pas pourquoi son AJ avait perdu la tête à ce point.
Quant à lui ... Le pacte de Noël l'avait contraint à confier à AJ ce qu'il éprouvait pour Hermione. De la haine surtout, du mépris aussi, mais en même temps un certain esprit de contradiction qui le poussait à ne pas trop humilier Hermione, comme l'aurait voulu Voldemort. Bien sûr, la Gryffondor lui avait semblée assez attirante le soir de Noël, mais il n'y avait pas de quoi en faire une montagne. AJ était peut-être tombée sous le charme d'un Poufsouffle, mais lui, Draco Malfoy, gardait toujours suffisamment de bon sens pour ne pas s'occuper d'une vulgaire Sang-de-Bourbe.
Non, décidément, Hermione Granger ne mériterait jamais que Draco Malfoy baisse les yeux vers elle. D'ailleurs, à bien y penser, c'était presque insultant qu'elle se soit autorisée à imaginer le contraire.
Même si ses yeux bleus étaient indéniablement magnifiques, et son caractère passionné beaucoup plus excitant que celui des groupies stupides et des profiteuses habituelles.
AJ n'avait pas vraiment su quoi répondre à tout ce que Draco lui avait raconté. Pendant longtemps, elle avait cru que le beau blond gardait toujours une secrète tendresse pour la Gryffondor, mais à présent, le comportement méprisant du Serpentard la faisait douter. Elle avait également essayé d'aborder le sujet avec Hermione, mais la jeune fille avait répondu qu'évoquer le jeune Malfoy l'exaspérait au plus au point, et qu'elle était déjà obligée de passer suffisamment de temps avec « ce détestable faux bellâtre arrogant » pour ne pas avoir en plus à en parler avec AJ. Les relations entre eux deux étaient donc extrêmement tendues, bien qu'aucun conflit ouvert n'ait encore éclaté. Une petite Guerre Froide, en quelque sorte.
La belle Serpentarde réfléchissait, assise dans un fauteuil en face de la cheminée où brillaient des flammes qu'elle regardait sans voir. À toutes les personnes qui avaient essayé de lui adresser la parole, elle avait répondu par un soupir excédé. Pansy et Lila Perrine par exemple, qui voulaient savoir où était leur cher Dracounichet, avaient été désagréablement surprises par le regard noir d'AJ.
Draco et Blaise, en l'occurrence, travaillaient des sorts plus que suspects dans une des nombreuses salles cachées du château. AJ, de mauvaise humeur, avait prétendu être trop fatiguée pour ne pas les rejoindre ; pourtant la Salle Commune des Serpentards se vidait progressivement et la jeune fille ne manifestait pas la moindre intention de dormir. Ses pensées, comme d'habitude, tournaient principalement autour de Draco et Hermione, et AJ enrageait, car alors qu'au bout de longues années d'effort pour les rapprocher ils avaient enfin fini par se supporter (et plus si affinités), voilà que tout était à recommencer. Et à nouveau, AJ se retrouvait au milieu, forcée de servir d'intermédiaire entre Gryffondor et Serpentard. Qu'elle soit dans l'une ou l'autre des Maisons rivales, elle finissait toujours par entendre ses meilleurs amis se faire insulter.
Une porte claqua, et la Princesse de Glace fut enfin seule. Soupirant de satisfaction, elle s'installa plus confortablement dans son fauteuil et, décidant paresseusement de ne pas rejoindre son lit ce soir-là, AJ ferma les yeux. Mais son sommeil fut brutalement interrompu par des coups frappés à la porte. Vivement, AJ tourna la tête et foudroya du regard le panneau de bois, le tenant pour personnellement responsable de ce dérangement. Les coups reprirent, plus forts. Agacée, AJ résolut de quitter sa confortable position et, tout en se demandant quel stupide 1ère année avait encore oublié le mot de passe, elle se leva pour ouvrir la porte.
C'était Raphaël. À sa vue, toutes les insultes qu'AJ s'apprêtait à lancer moururent dans sa gorge, et elle se détendit totalement.
— Ralph ?
— Bonsoir AJ, fit le beau blond ; excuse-moi de venir aussi tard, j'espérais qu'il y aurait moins de monde.
— Tu es pardonné si tu m'expliques ce que tu fais ici, répondit AJ avec un petit sourire.
— Je voudrais te parler. Est-ce que tu veux bien venir avec moi ?
— Bien sûr, acquiesça la jeune fille.
— Merci.
Il lui prit la main et l'emmena un peu plus loin, dans un couloir au bout duquel une statue de femme versait de l'eau dans une fontaine.
— Je ne voudrais pas que quelqu'un nous dérange, expliqua Ralph.
Il fit alors face à AJ, prit ses deux petites mains blanches dans les siennes, et la regarda droit dans les yeux.
— AJ, ma belle Amanda, il faut que je t'avoue quelque chose.
— EXPLODUM ! hurla Blaise.
Draco eut juste le temps de faire un bond de côté pour éviter la boule de feu qui fonçait vers lui et qui finit sa course en explosant sur une étagère derrière lui.
— SERPENSORTIA !
Une vipère noire jaillit de sa baguette, dans la direction de Blaise cette fois.
— DESTRUCTUM !
— EXPELLIARMUS !
— Tu ne m'auras pas, Malfoy ! IMPEDIMENTA !
Le blond se baissa pour échapper au rai de lumière rouge, puis fit volte-face et, regardant droit dans les yeux son meilleur ami, s'écria :
— PETRIFICARE !
Les yeux ronds de stupeur, Blaise se changea en statue. Alors seulement, Draco respira profondément et s'autorisa à s'asseoir. Ça faisait au moins une demi-heure que Blaise et lui combattaient, et il était maintenant totalement épuisé. Pendant quelques instants, Draco savoura sa victoire en jetant des regards narquois à un Blaise pétrifié, puis il résolut de le libérer.
— Liberate.
Déséquilibré, Blaise tomba au sol, mais se releva rapidement. Un Serpentard ne reste jamais à terre.
— Belle partie, Draco !
— Je ne te le fais pas dire. Tu veux boire quelque chose ?
— Je veux bien, je suis tellement desséché que j'ai l'impression d'être en pierre.
Avec un petit sourire, Draco fit apparaître deux bouteilles de Biéraubeurre alcoolisée et en tendit une à son ami, qui l'accepta avec reconnaissance. Ils burent en silence, savourant la merveilleuse boisson qui, selon eux, restaurait mieux leurs forces que toutes les infâmes potions de Pomfresh. Une fois sa bouteille vide, Blaise l'envoya léviter à l'autre bout de la pièce et sortit sa baguette.
— Destructum ! s'exclama-t-il.
La bouteille éclata en mille éclats de verre qui partirent en fumée.
— Joli coup, admira Draco.
— Merci. Bon, je commence à être vraiment fatigué, moi. Tu viens ?
— J'arrive, fit le blond qui sirotait toujours sa Biéraubeurre. Ne m'attends pas.
— Comme tu veux.
Une fois que la porte se fut refermée derrière Blaise, Draco s'étira lentement, but la dernière goutte de sa boisson puis, fermant les yeux, fit tournoyer la bouteille jusqu'au plafond.
— Evanesco, murmura-t-il.
Soulevant une paupière, il constata avec satisfaction que cette fois encore, il avait parfaitement visé. Il se leva alors et quitta la pièce, non sans sceller la porte d'un puissant sort de Réclusion. Dans les couloirs de Poudlard, les torches brillaient faiblement, mais Draco connaissait le chemin par cœur, bien que cette salle secrète d'entraînement soit assez éloignée des quartiers de Serpentard.
Tout en marchant, il repensa à AJ. La séance d'entraînement intensif avait eu le mérite d'écarter la jeune fille, et surtout son cher Poufsouffle, de l'esprit de Draco. Mais à présent, tous ses soucis lui revenaient et le beau blond fronça les sourcils. Bien sûr, AJ et Monaghan ne sortaient pas encore ensemble, mais selon toutes les apparences cela n'allait plus tarder ... Draco soupira.
Ce qui, surtout, lui faisait de la peine, peut-être plus encore que le fait que sa princesse était tombée amoureuse d'un Poufsouffle, c'était de se dire qu'il n'était plus seul dans son cœur. Cela pouvait paraître stupide, car AJ ne lui appartenait pas, et il n'avait aucune raison d'être jaloux, puisque jamais il n'aurait envisagé d'être plus qu'un ami pour elle. Mais ... c'était SON AJ ! Personne n'avait le droit de voler la place de Draco dans le cœur de la belle Serpentarde ! L'idée que bientôt, elle allait finir par passer tout son temps avec les Poufsouffle et laisser Draco seul au milieu de toutes les stupides groupies de Serpentard était insupportable.
Déjà qu'il avait toujours eu du mal à supporter qu'AJ s'entende aussi bien avec le trio des Gryffondor ... Finnigan le lutin, Weasley la belette et Granger la Sang-de-Bourbe. Deux minables et ... une fille. Une fille dont il ne pouvait plus supporter la présence, ni même l'évocation. Le simple fait de penser à elle le mettait dans une colère noire. Pourquoi ? Il n'aurait pas su vraiment le dire. Pas plus que d'expliquer pourquoi il l'avait invitée au Bal de Noël. Peut-être parce que justement, il lui en voulait de l'avoir ensorcelé à ce point, le temps d'une soirée. La nuit de Noël avait été la plus exceptionnelle de toute son existence ... Oui, ce soir-là, Draco était tombé amoureux d'Hermione. Mais son séjour avec les Mangemorts lui avait clairement fait comprendre qu'il n'en avait pas droit à cet amour. Alors Draco avait dû se forcer à arracher tous ses sentiments de son cœur, et il en avait horriblement souffert. C'était pour cela qu'aujourd'hui il haïssait la Sang-de-Bourbe : il voulait lui rendre sa douleur, lui faire autant de mal qu'elle lui en avait -involontairement - causé.
Pour l'instant, il s'était contenté de la mépriser et de l'ignorer autant qu'il le pouvait. Il avait espéré, en agissant comme il l'avait toujours fait les années précédentes, qu'il parviendrait à retrouver le même état d'esprit. Tout était tellement plus simple, autrefois, quand il s'amusait à faire enrager Granger, rien que pour le plaisir de la voir entrer dans une de ces colères dont elle seule avait le secret. Tant qu'elle n'était que Granger, tout allait bien. Pourquoi avait-il fallu qu'elle devienne ...
— Hermione ? On retourne à la Salle Commune, tu viens avec nous ?
— Non, partez sans moi, je voudrais encore regarder quelque chose avant de ranger le livre.
Le sang de Draco se glaça dans ses veines : à quelques pas devant lui, aux portes de la Bibliothèque, le fameux trio de Gryffondor échangeait quelques mots à voix basse. Il y avait Finnigan, qui jetait des petits coups d'œil autour d'eux avec l'air d'une marmotte angoissée. Weasley, dont la baguette éclairait le visage de celle vers qui il s'était penché pour lui parler : Hermione, la tête plongée dans un vieux grimoire.
Grâce à l'obscurité, ils n'avaient pas vu Draco approcher ; celui-ci en avait profité pour se dissimuler derrière une colonne à quelques mètres d'eux. Peu à peu, le Serpentard sentit toute son énergie lui revenir ; son coeur battait à toute allure et propulsait dans tout son corps un sang plein de rage et de haine. Le souffle court, Draco regarda s'éloigner les deux garçons tant méprisés, tandis que la jeune fille restait devant la porte de la Bibliothèque, feuilletant son ouvrage d'un air soucieux. Au bout de quelques instants, elle finit par le refermer d'un geste sec qui trahissait son agacement, et rentra avec précaution dans la sombre pièce, visiblement pour remettre le livre à sa place.
Draco fit quelques pas pour s'approcher de la sortie. Il ne réfléchissait même plus. Il savait juste qu'elle était là, seule, en pleine nuit, et qu'il la haïssait de tout son cœur. De plus, la séance d'entraînement qu'il venait de suivre avait aiguisé ses sens et ses réflexes. Il sortit lentement sa baguette de sa poche et la pointa vers la porte ; malgré tout son trouble, sa main ne tremblait pas.
Bientôt, Hermione ressortit à petits pas furtifs, et se retourna pour refermer la Bibliothèque d'un sort.
— On sort toute seule, Granger ? fit soudain la voix glacée de Draco, tranchante comme une lame dans le silence de la nuit.
La jeune fille sursauta violemment et fit immédiatement volte-face.
— Qu'est-ce que tu fais ici, Malfoy ?
— Je n'ai pas à te répondre, misérable Sang-de-Bourbe.
Malgré la faible lumière, Draco constata avec une joie mauvaise que le visage de la Gryffondor s'empourprait.
— La noble et courageuse Hermione Granger aurait-elle peur, maintenant que ses deux toutous de garde sont partis ?
Hermione resta muette.
— Réponds ! ordonna-t-il d'un ton menaçant.
— Non, Malfoy, je ne m'abaisserai pas à avoir peur de toi. D'autant plus que toi non plus, tu n'as ni tes deux gorilles, ni aucun de tes minables petits courtisans.
— Tu vas regretter tes paroles, Granger ...
— Il faut savoir ce que tu veux : tu m'as demandé de répondre, non ?
Son ton insolent et son air sûr d'elle mirent les nerfs de Draco à vif.
— EXPLODUM ! hurla-t-il.
Hermione ne dût qu'à ses réflexes d'échapper à la boule de feu que Draco venait de projeter vers elle. Les yeux agrandis de stupéfaction, elle se retourna vers le Serpentard.
— Mais t'es complètement dingue ! s'exclama-t-elle.
— Au contraire ... susurra Draco avec un sourire mauvais. Je ne me suis jamais senti aussi bien. Allez Granger, bats-toi !
Les yeux de la jeune fille devinrent noirs à leur tour, mais Draco ne s'inquiéta pas des éclairs qu'ils lançaient. Il eut même un petit rire méprisant, qui acheva d'exaspérer Hermione. Tenant sa baguette en position de duel, elle se mit face à Draco avec un air de défi.
— À trois, Granger, annonça Draco. 1 ... 2 ...
— EXPELLIARMUS ! s'exclama la Lionne.
Trop nerveuse, elle avait non seulement tiré trop tôt, mais avait de plus très mal visé, de sorte que Draco regarda avec une surprise amusée le rai de lumière rouge passer plus d'un mètre au-dessus de sa tête.
— Eh bien, Granger ? Et la loyauté des Gryffondors ? Je pensais que tu valais mieux que ça. IMPEDIMENTA !
— FURUNCULUS !
— Ah ! s'exclama Draco après s'être baissé pour éviter le sort. Voilà qui devient plus intéressant ! LANCEFLECHES !
Avec une habileté surprenante, Hermione parvint à échapper aux dangereux projectiles en roulant sur le côté.
— STUPEFIX !
— INCENDIO !
— GELES-FLAMMES !
Malgré la rapide réaction de la jeune fille, Draco était parvenu à lui brûler légèrement l'épaule, et Hermione ne put retenir une grimace de douleur. Mais très vite, elle reprit ses esprits :
— CHAUVE-FURIE ! s'écria-t-elle, espérant prendre Draco par surprise.
— CONJUCTUS ! répondit alors celui-ci.
— TARENTALLEGRA !
— PETRIFICUS TOTALUS !
Les sorts s'échangeaient à toute allure entre les deux sorciers. Bien que son mépris égalait presque sa haine pour la Gryffondor, Draco ne pouvait que s'étonner de voir avec quelle habileté celle-ci réussissait à éviter tous ses sorts. Enfin, elle était après tout une des sorcières les plus douées de Poudlard.
Le combat faisait rage ; sur les murs alentours et dans les yeux des deux adversaires se reflétaient les rais de lumières rouges, verts ou bleus. Les cheveux d'Hermione se détachaient progressivement de leur sévère chignon et venaient encadrer son visage tendu par la concentration et la colère. Des gouttes de sueur perlaient sur son front, mais aussi sur le visage pâle de Draco. Chacun d'eux mettait dans cet affrontement passionné toute son énergie, toute sa rage et toute sa haine contre l'autre. Leurs cris résonnaient dans le silence de la nuit. Leur souffle court trahissait une fatigue qu'aucun d'eux n'aurait admise. Au fond, ils ne savaient pas vraiment pourquoi ils combattaient ; pourtant vaincre leur sembla, en cet instant, absolument capital.
— Hermione ! fit soudain une voix.
La jeune fille commit l'erreur alors de détourner un instant son attention et de regarder dans la direction dont venait cet appel. Draco en profita pour se glisser derrière elle et, avant qu'Hermione n'ait eu le temps de réagir, le Serpentard avait immobilisé ses bras d'une main tandis que de l'autre, il pointait sa baguette sur sa tempe. Lorsque Weasley - qui venait de crier - et Finnigan parurent, ce fut pour découvrir avec horreur dans quelle situation se trouvait leur amie. D'autant plus que la lueur qui étincelait dans le regard acier de Draco lui conférait des airs de démence plus qu'inquiétants.
— Ne bougez surtout pas, leur dit-il d'une voix grave. Et toi, Granger, donne-moi ta baguette.
À contrecoeur, Hermione n'eut d'autre choix que de lui obéir. Les deux garçons, après avoir échangé un regard angoissé, firent de même et restèrent, immobiles, à quelques mètres du Serpent et de la Lionne. Mais ils avaient raison de penser que Draco n'était plus lui-même : être si près d'Hermione, l'avoir en son pouvoir, le rendait fou. Cette folie brouillait son esprit mais décuplait sa puissance. Un cocktail dangereux. Enfin, il allait pouvoir rendre à la trop belle Gryffondor toute la souffrance qu'elle lui avait fait endurer. Et personne ne devait l'en empêcher ...
— PETRIFICARE ! s'écria-t-il tout à coup.
Finnigan, pétrifié, tomba brutalement à terre. Hermione poussa un cri de frayeur, et Weasley, après s'être précipité vers son ami, releva la tête et regarda Draco droit dans les yeux, l'air épouvanté.
— Mais qu'est-ce qui te prend, Malfoy ! s'exclama-t-il, à la fois furieux et angoissé.
Mû par un soudain désir de vengeance, le rouquin se remit debout et se jeta sur Draco, prêt à l'envoyer à l'Infirmerie à mains nues. Mais Draco ne voyait plus qu'une chose : si Weasley le mettait à terre, Hermione allait lui échapper. Et ça, il ne pouvait pas l'admettre.
— Je t'avais dit de ne pas bouger ! hurla-t-il désespérément. ENDOLORIS !
— NOON !
Dès que le Sortilège Impardonnable frappa le malheureux Gryffondor, Draco quitta sa transe de délire, tant l'extrême atrocité de son geste l'horrifia lui-même. Il ne chercha même pas à retenir Hermione quand celle-ci s'échappa de son emprise pour courir vers le corps secoué de spasmes de son ami. Weasley ne resta que quelques secondes sous l'emprise du sort, car Draco baissa presque immédiatement sa baguette, mais ce fut assez pour le plonger dans l'inconscience. Le sort de Draco était en effet d'autant plus puissant qu'il y avait concentré toute sa haine. Hermione, agenouillée près de lui, essuya alors ses larmes d'un geste rageur et, tourna la tête vers Draco, rugit :
— Je te hais, Malfoy ! JE TE HAIS !
Comme dans un rêve, Draco, le visage littéralement livide, vit la jeune fille sangloter éperdument sur le corps évanoui de Weasley ; quelques élèves, attirés par les cris et les bruits du combat, arrivèrent alors, tout essoufflés, bientôt suivis de Rusard et de quelques professeurs. Ceux-ci firent immédiatement prévenir les professeurs Dumbledore, Snape et Mac Gonagall, qui accoururent peu après. Personne n'avait jamais vu les yeux bleus du vieux Directeur aussi sombres. Le Professeur Mac Gonagall se hâta de libérer Seamus du maléfice qui l'emprisonnait, puis de réveiller Ron de son évanouissement. Celui-ci gémit faiblement en reprenant ses esprits. Hermione pleurait toujours, nerveusement.
— Mr. Malfoy et Miss Granger : dans mon bureau, fit Dumbledore. Minerva, conduisez Mr. Finnigan et Weasley à l'Infirmerie, et demandez qu'ils prennent tous deux une potion de sommeil.
Chacun s'exécuta sans mot dire : les deux garçons de Gryffondor partirent à la suite de Mac Gonagall d'une démarche encore mal assurée ; Hermione se dirigea vers le bureau du Professeur Dumbledore. Draco la suivit, la tête basse. Il croisa seulement le regard stupéfait et interrogateur, mais plein de soutien et d'amour qu'AJ lui envoya, de sorte qu'il en oublia de remarquer que sa princesse avait sa main dans celle de Raphaël Monaghan. Au bout de quelques instants de marche silencieuse, Draco parvint devant la fameuse gargouille de pierre, et fut surpris de voir qu'Hermione l'y attendait. Les yeux encore rougis par les larmes, l'air épuisée par toute la tension nerveuse qu'elle venait de subir, la jeune fille leva la tête et regarda Draco, d'un air où se mêlaient la haine et l'incompréhension.
— Pourquoi ?
La discussion fut longue. Au bout d'une heure, Hermione ressortit du bureau du Directeur, mais Draco y resta presque jusqu'à l'aube. Ce qu'ils se dirent resta secret, mais toujours est-il qu'il fut décidé que Draco Malfoy ne serait pas renvoyé de Poudlard. La principale raison en était que si Draco quittait le château protecteur pour le Manoir Malfoy, les Mangemorts ne mettraient pas 24h à l'y rejoindre pour l'enrôler sur-le-champ, de gré ou de force. Le châtiment du jeune Serpentard fut donc rude, mais supportable : plus aucune sortie à Pré-Au-Lard de l'année, et des retenues trois soirs par semaine jusqu'au mois de juin. Le sage Dumbledore recommanda également d'éviter tout contact avec les Gryffondors pendant quelques temps ; le projet de Potion sur le Veritaserum fut donc interrompu.
Le jeune Serpentard fut relâché en plein milieu de la nuit. L'âme égarée, il ne se sentait absolument pas le courage de retourner dans les quartiers de Serpentard, où quelques élèves viendraient sûrement l'assaillir de questions. Honteux, exténué et complètement perdu, il erra des heures durant dans les couloirs déserts.
Dans sa chambre, AJ attendait Draco avec une anxiété grandissante. Dès que les premières rumeurs sur la bataille étaient parvenues à ses oreilles, elle avait demandé à Raphaël de la laisser seule pour qu'elle puisse réfléchir. Le beau jeune homme l'avait alors tendrement embrassée, avant de lui obéir et de repartir vers les quartiers de Poufsouffle, mais AJ regrettait maintenant la présence apaisante de son tout nouveau petit ami. Un malheureux oreiller sans défense avait donc servi à calmer les nerfs de la princesse des Serpentards, qui l'avait noblement déchiré en lambeaux sans même s'en rendre compte, tant son esprit était ailleurs. De tout son cœur, AJ espérait que Draco ne serait pas renvoyé : l'un sans l'autre, ils n'étaient plus rien.
Soudain, alors que les premiers et pâles rayons de soleil illuminèrent les cheveux de la jeune fille, le grincement de la porte la tira de la torpeur qui l'avait peu à peu envahie. En une seconde, AJ quitta cet un engourdissement relatif et se leva, les poings nerveusement serrés. Draco apparut alors, le visage impassible et totalement dénué d'expression.
— Alors ? articula difficilement AJ, la voix rauque.
— Je reste.
À ces mots, la belle brune se jeta sur Draco et éclata en sanglots dans ses bras. Lentement, le jeune homme leva une main et caressa les longs cheveux de soie noire. Il lui semblait que le temps, qui s'était arrêté à l'instant même où il avait jeté ce terrible et Impardonnable Sortilège, reprenait enfin sa course. Depuis des heures, il se sentait tellement sale, tellement honteux de son acte horrible qu'il n'avait même plus le courage de se défendre. Mais à présent, il retrouvait sa raison de se battre. Amanda Jane Potter, la Princesse de Serpentard, la plus belle poupée de porcelaine qu'il ait jamais vue. La quitter aurait été impossible, pire encore que de se retrouver l'esclave de ce maudit serpent qui se faisait appeler Voldemort.
AJ ne posa pas de questions, ne prononça pas un mot, et Draco lui en fut reconnaissant. Après avoir évoqué pendant des heures, dans le bureau de Dumbledore, son combat contre les Lions, il se sentait à présent incapable d'émettre la moindre parole. Avec douceur, il passa le bras sous les genoux d'AJ et l'enleva dans ses bras pour la porter jusqu'à son lit, où il la déposa avant de rabattre sur elle les couvertures de velours émeraude. Draco s'agenouilla ensuite devant ce lit et, un infime sourire sur ses lèvres pâles, tendit un doigt pour recueillir les dernières larmes de la jeune fille, qui cette fois avait fermé les yeux. Le jeune prince l'embrassa sur le front puis, sentant qu'AJ était finalement vaincue par le sommeil, il se changea et se glissa dans ses draps blancs avec un soupir de satisfaction. Les paupières lourdes, il se laissa envahir par une bienheureuse inconscience. Demain, il réfléchirait ; demain, il parlerait, il expliquerait ... Peut-être même que demain, il s'excuserait. Pour l'instant, il dormait.
En réalité, Draco n'alla pas présenter ses excuses aux Gryffondors dès le lendemain, puisqu'on lui avait purement et simplement interdit de les revoir pendant au moins une semaine. Ce qui l'arrangeait, d'ailleurs. En revanche, il fit à AJ le récit complet des événements de cette tragique soirée : comment, en rentrant de sa séance d'entraînement, il avait croisé les trois Lions. Comment la simple vue d'Hermione avait excité sa haine, haine qui l'avait conduit à perdre totalement le contrôle de lui-même. Un Sortilège Impardonnable. Même en se remémorant chaque détail du combat et de son esprit du moment, Draco ne comprenait toujours pas comment il en était venu à une telle extrémité. Sa haine l'avait rendu fou mais ... Etait-ce réellement de la haine ? Draco ne savait plus du tout où il en était.
Lorsqu'il avait emprisonné Hermione dans ses bras, la menaçant de sa baguette, son esprit s'était extraordinairement affolé. Il avait d'abord cru que c'était cette occasion inespérée de pouvoir assouvir sa vengeance qui l'avait tant bouleversé. Et pourtant il sentait à présent que s'il avait fait le moindre mal à la Gryffondor, il s'en serait atrocement voulu. Car après tout, Hermione n'était absolument pas responsable des ordres de Voldemort. Comment la jeune fille qui avait su le séduire aurait-elle pu deviner que le Seigneur des Ténèbres allait ainsi imposer sa puissance sur l'héritier des Malfoy ?
Au fur et à mesure que Draco parlait à AJ, ses paroles emportaient avec elles tout le venin de sa haine. Le beau blond prenait conscience que depuis le début, il faisait fausse route, aveuglé par un désir de vengeance qu'il avait décidé d'apaiser en s'en prenant à celle qui aurait pu le soutenir. Quel imbécile il faisait ...
Dans l'esprit de Draco, les regrets et les remords prenaient la place de l'aversion qu'il avait entretenue contre Hermione. S'il n'avait pas été aussi stupide, il aurait pu profiter en paix de ses derniers moments de liberté auprès de la belle Lionne. Au lieu de ça, il avait consciencieusement travaillé à s'attirer une hostilité farouche de la part de la jeune fille. À présent, c'était elle qui le haïssait, elle l'avait dit elle-même, elle l'avait crié, hurlé ... Ce qui était tout à fait compréhensible, étant donné que Draco n'avait rien trouvé de mieux que de faire atrocement souffrir son meilleur ami. C'était simple, il avait tout fait pour que celle qu'il ... enfin, pour que la fille qui lui plaisait le déteste. « Merveilleux, Malfoy », songea-t-il, « tu en as d'autres, d'aussi belles réussites ? ».
On était à présent le dimanche 30 janvier.
— Alors, demanda AJ, tu ne pourras pas aller à Pré-Au-Lard avec moi la prochaine fois ?
— Non, ni celle-là, ni les suivantes. Mais ça, ce n'est pas très grave, si ? Tu pourras rester avec les Serdaigles, comme pour le week-end d'Halloween.
— Oui, oui, répondit la jeune fille d'un ton rêveur.
— Qu'est-ce qu'il y a ? s'étonna Draco.
— C'est que ... enfin, c'est le week-end de la Saint-Valentin alors ... J'aurais bien aimé y aller avec Ralph.
— Ton Poufsouffle ? fit Draco en fronçant légèrement les sourcils. Ah oui, c'est vrai que vous êtes ensemble maintenant.
— Ça te gêne ?
— Je t'ai déjà dit ce que j'en pensais, on ne va pas revenir là-dessus. Tout ce qui compte pour moi, c'est que tu sois heureuse.
— Merci, Drake.
AJ embrassa Draco sur la joue avec reconnaissance. Bien sûr, elle n'avait pas besoin de son autorisation pour passer le week-end avec son petit ami, d'autant plus que l'absence de Draco la laissait libre comme l'air, mais elle savait aussi que sans son approbation, elle se serait sentie affreusement mal à l'aise.
— Au fait, reprit le jeune homme, pourquoi est-ce que tu n'es pas avec lui, maintenant ?
— Il faut savoir se faire attendre, répondit-elle avec un sourire malicieux. Et puis je préfère rester ici pour le moment.
— Pourquoi ?
— Parce que toi, tu as besoin de moi.
Une vague de tendresse et de soulagement envahit Draco. Son AJ restait à lui, il avait encore la priorité même sur celui dont elle était amoureuse.
Au matin du lundi 14 février, les calèches de Poudlard se mirent en mouvement pour conduire une nouvelle fournée d'élèves à Pré-Au-Lard. Exceptionnellement, le professeur Dumbledore avait décidé de laisser le lundi libre à la place du samedi pour que les jeunes adolescents puissent passer la Saint-Valentin au village des sorciers. Beaucoup s'en était réjouis, pourtant dans sa voiture, AJ broyait du noir.
Flash Back :
— Bonsoir Ralph.
— Bonsoir ma belle.
Les deux amoureux s'étaient donnés rendez-vous dans le parc de Poudlard pour une promenade au clair de lune.
— Tu as passé une bonne journée ?
— Très bonne, mais je mourrais d'impatience en pensant à ce soir !
— Vous manquez de sérieux, Miss Potter. Je suppose que vous n'avez pas été très attentive pendant vos cours.
— Oh, ça va ! T'es passé à Serdaigle sans me le dire ou quoi ?
Le beau Poufsouffle éclata de rire et passa son bras autour des épaules d'AJ, qui sentit son cœur s'accélérer aussitôt.
— J'espère bien que tu as pensé à moi aujourd'hui !
— Je pense à toi à peu près tout le temps.
— À peu près ? Je rêve !
— Le reste du temps, je dors, espèce de macho !
— Et tu ne rêves pas de moi toutes les nuits ? Pff ...
— Parce que toi, c'est ce que tu fais ?
— Bien sûr !
— Quelle sincérité, c'est merveilleux ...
— Mais si, je t'assure : je rêve de moi toutes les nuits.
— Rêve ou cauchemar, dans ce cas ?
— Rappelle-moi : on sort ensemble ou on se déteste ?
— Bonne question.
— Idiote.
— Moi aussi je t'adore.
Avant que Raphaël ait pu répondre quoi que ce soit, AJ se leva sur la pointe des pieds et l'embrassa tendrement. Au bout d'un instant, ils reprirent leur marche.
— Tu viendras avec moi à Pré-Au-Lard, demain ? demanda doucement AJ.
— Pré-Au-Lard ? Mais ça fait des années qu'on y va tous les mois, tu ne t'en es toujours pas lassée, toi ?
— Comment ça, tu n'y vas plus ?
— Non, pas depuis l'année dernière.
— Mais pourquoi ?
— Je te l'ai dit : j'ai déjà tout vu, ça devient lassant.
— Mais tu sais, une boutique ça change avec le temps.
— Les garçons sont rarement fans de shopping effréné.
— Vraiment ? Pourtant, Draco fait toujours les boutiques avec moi.
— Oui, mais ...
— Quoi ?
— Non, rien.
— Tu trouves que Draco n'est pas une référence, c'est ça ? Je sais que tu ne l'aimes pas, mais c'est mon meilleur ami, alors il faudra que tu t'y habitues.
— AJ, on ne va pas commencer à se disputer pour ça ...
— Alors tu ne veux pas venir à Pré-Au-Lard ? Même avec moi ? Et pour la Saint-Valentin, en plus ?
— Ce n'est qu'une fête commerciale, ça ne veut rien dire. Tu ne voudrais pas plutôt qu'on reste ici tous les deux ? Le château est très agréable quand il n'y a personne, je t'assure !
— Pour faire quoi ? Lire gentiment en regardant la neige tomber ? Allez, Ralph, pour une fois qu'on a l'occasion de bouger un peu, de sortir !
— Mais pourquoi veux-tu chercher ailleurs ce qu'on a ici ?
AJ soupira. Pourquoi refusait-il de la comprendre ? Juste un petit week-end, ça n'allait pas le tuer de l'accompagner.
— Reste avec moi, reprit Ralph. S'il te plaît.
Prenant la jeune fille dans ses bras, il l'embrassa de nouveau, avant de chercher la réponse dans son regard. Mais AJ baissa la tête.
— Je ne te demande pas grand-chose, Ralph, mais j'ai vraiment envie d'aller au village, et j'irai. Avec ou sans toi. C'est à toi de décider.
Et, sans un mot de plus, la jeune fille repartit vers le château, le cœur lourd.
Ni l'un, ni l'autre n'avait cédé. Depuis qu'ils se connaissaient, c'était leur première dispute. AJ sentait bien à quel point tout cela était stupide, mais elle ne voulait pas que ce soit toujours lui qui décide de ce qu'ils feraient ensemble ou non, et s'il n'était pas capable de comprendre à quoi elle tenait réellement, c'était son problème. Ainsi, elle avait demandé à Hayden, Brian et Melly si elle pouvait passer la journée avec eux, comme l'avait originellement prévu Draco. Les trois Serdaigles avaient accepté avec enthousiasme, d'autant plus qu'ils n'avaient pas beaucoup vu leur amie depuis quelques temps. Depuis qu'elle était avec Raphaël, en fait.
— AJ ? Est-ce que tout va bien ? s'enquit Melly.
— Pardon ? fit la Serpentarde, tirée de ses pensées. Oh, oui, oui, ça va.
— Tu n'as pas l'air en forme, objecta Brian.
— C'est juste que ... Je suis un peu agacée, mais c'est rien, je vous assure.
— À cause de Raphaël ? poursuivit néanmoins Melly. Excuse-moi d'insister, mais si tu as quelque chose sur le cœur, il vaut mieux en parler.
AJ détourna la tête et s'accouda à la fenêtre.
— En fait, finit-elle par dire, il m'a déçue. Je ne pensais pas qu'il était capable de réagir comme ça. C'est tellement ... stupide ! Je ne comprends même pas pourquoi il a refusé de m'accompagner.
— Et lui n'a pas compris pourquoi tu n'as pas voulu rester avec lui, fit Brian. Vous n'avez pas les mêmes envies, c'est tout. Ça arrive parfois, c'est normal.
— Oui, acquiesça Melly, vous ne pourriez pas passer votre vie collés l'un à l'autre, même si vous le vouliez. D'abord parce que vous êtes différents, et puis de toute façon ça fait du bien de prendre l'air de temps en temps.
Brian hocha vigoureusement la tête. AJ eut un sourire, mais se retint de faire remarquer qu'eux deux ne se quittaient même pas du regard depuis près de deux mois.
— Tu vas voir, ajouta Melly avec un clin d'œil, dès que tu vas rentrer ce soir vous allez vous jeter dans les bras l'un de l'autre en jurant que vous êtes profondément désolés pour tout.
— Vous êtes sûrs de ce que vous dites ?
— Mais oui, assura la Serdaigle, ne t'en fais pas. Et puis regarde le bon côté des choses : tu vas t'éclater comme une petite folle toute la journée avec nous, et ce soir tu auras ton chéri à tes pieds.
Finalement, AJ se laissa convaincre et le sourire revint enfin sur ses lèvres.
— Ah ! J'aime mieux ça ! fit joyeusement Brian.
— Qu'est-ce qu'on est doués, tu trouves pas ? lui demanda Melly.
— Si, mon cœur. On devrait s'associer.
Le jeune homme profita d'ailleurs de cette sage sentence pour embrasser tendrement sa petite amie. AJ, attendrie par ce spectacle, se tourna vers Hayden qui était resté muet.
— Et toi, Hayden ? Qu'est-ce que tu en penses ?
— Moi ? Euh ... Je ne m'y connais pas aussi bien qu'eux sur le sujet, mais ils ont sûrement raison. Et puis, si tu veux, j'irai parler à Raphaël au cas où il y aurait un problème.
— Tu ferais ça ? Merci, souffla la Serpentarde en posant sa tête sur l'épaule d'Hayden.
Un court instant, le jeune homme serra les dents en fermant les yeux, mais personne ne s'en aperçut.
Au bout d'un moment, les calèches s'arrêtèrent et les élèves en descendirent, découvrant Pré-Au-Lard couvert de neige sous un pâle soleil d'hiver.
Comme l'avaient prévu Melly et Brian, la journée fut merveilleuse. Ils commencèrent par se promener tranquillement dans les rues, bavardant – parfois (voire souvent) pour ne rien dire – comme de jeunes adolescents insouciants.
Puis, vers l'heure du déjeuner, le petit groupe partit faire le siège des Trois Balais, où ils réussirent à obtenir une petite table près de la cheminée. Quelques instants plus tard, ils attaquèrent leurs plats fumants avec enthousiasme, puis partagèrent un immense gâteau au chocolat et caramel délicieusement fondant.
— Je crois avoir enfin trouvé la voie de la sagesse, commenta Brian.
Ses lèvres souriantes étaient complètement barbouillées de chocolat, et Melly prit un air désapprobateur.
— Vraiment, Brian, tu pourrais au moins faire un effort en public pour avoir presque l'air humain.
— J'essaierai la prochaine fois, c'est promis.
— Il dit ça à tous les repas, murmura Hayden à l'oreille d'AJ qui éclata de rire.
— Eh ! J'ai entendu !
Après avoir chaleureusement remercié Mrs. Rosmerta, ils repartirent dans la rue. Les filles se sentirent très fières d'elles-mêmes quand elles parvinrent à faire rentrer Brian et Hayden dans une bijouterie, où les deux garçons finirent même par insister pour leur offrir des boucles d'oreille en cristal (Melly) et un pendentif où brillait une perle noire (AJ).
Vers la fin de l'après-midi, ils se dirigèrent vers une petite rivière qui coulait près de l'entrée du village. Là, allongés les uns à côté des autres au bord de l'eau, ils se laissèrent gagner par une douce torpeur et écoutèrent le silence sans un mot.
Seul Hayden, au lieu de s'endormir à moitié, devenait de plus en plus nerveux. Incapable de rester en place, il finit par se lever et se mit à marcher en longeant le cours de la rivière. Son cœur battait à toute allure, il se sentait à bout de souffle, et pourtant il n'avait pas fait le moindre effort depuis un bon moment. Il s'arrêta et s'obligea à respirer le plus lentement possible pour se calmer. Fermant les yeux, il n'entendit pas Brian s'approcher de lui et sursauta quand il sentit la main de son frère sur son épaule.
— Hayden ? Est-ce que tout va bien ?
— Ah, c'est toi ! Tu m'as fait peur.
— Tu n'as vraiment pas l'air en forme, remarqua Brian avec un sérieux inhabituel. Assieds-toi, il faut qu'on discute.
Sentant qu'il ne pourrait pas échapper à cette explication, le Serdaigle s'exécuta et se laissa tomber sur le sol.
— Qu'est-ce qui ne va pas ? demanda son frère. Ça fait des semaines, des mois même que tu n'es plus pareil. Tu as toujours l'air fatigué, nerveux, triste ... Melly aussi l'a remarqué. On voudrait faire quelque chose pour toi, mon vieux. T'es quand même mon frère jumeau, je ne peux pas te laisser t'enfoncer comme ça dans la déprime ! Allez, raconte-moi ce qui se passe.
Hayden secoua la tête.
— Ça ne sert à rien, je t'assure. De toute façon, ça finira bien par s'arranger un jour ou l'autre, il me faut juste un peu de temps ...
— Arrête, tu répètes ça depuis le début ! Et ça ne sert à rien de me le cacher. Sincèrement, il vaut mieux que tu en parles à quelqu'un ... et je tiens vraiment à savoir si je peux faire quelque chose pour toi.
— C'est sympa, mais personne ne peut m'aider.
Brian soupira, puis prit un moment avant de répondre d'un ton hésitant :
— Est-ce que ... c'est à cause d'une fille ? Je ne vois qu'elles pour être capables de te mettre dans un tel état.
Hayden ne répondit pas mais son regard en disait long. Brian baissa la voix :
— C'est AJ, n'est-ce pas ?
Cette fois, Hayden eut un mouvement de recul.
— Qu'est-ce qui te fais croire ça ?
— La façon dont tu la regardes ... ça reste très discret, bien sûr, mais tu as l'air encore plus triste que d'habitude. Elle te plaît, c'est ça ?
— Tu plaisantes ? soupira Hayden. C'est pire que tout. Mais ce n'est pas le problème : non seulement elle en aime un autre, mais en plus c'est moi qui l'ai poussée dans ses bras.
— Tu l'aimes tant que ça ? Merlin, je pensais pas que c'était si grave !
— De toute façon, il n'y a rien à faire.
Et effectivement, Brian fut contraint de se réduire à un silence impuissant. Dans ce genre de cas, seul le temps était capable de guérir les blessures les plus amères, il le savait bien. En attendant, il passa néanmoins un bras fraternel autour des épaules d'Hayden pour tenter de le réconforter. Un mince sourire reconnaissant se dessina alors sur les lèvres du jeune homme, lèvres sur lesquelles de doux flocons de neige commencèrent à tomber. Soudain, la voix de Melly vint rompre le silence.
— Les garçons ? appela-t-elle. Où est-ce que vous êtes ?
— Juste là, indiqua Brian en se levant.
Hayden fit de même ; Melly, suivie d'AJ, rejoignit bientôt les deux garçons, et Brian remarqua alors avec tristesse que l'éphémère sourire avait quitté le visage de son frère pour laisser place à des traits tendus, angoissés.
— Qu'est-ce que vous faisiez ? demanda Melly. Vous savez, il y a des moyens plus fins de nous abandonner.
— On voulait juste discuter tranquillement, répondit Brian.
— Discuter ? répéta Melly, dont le regard perçant alla de Brian à Hayden avant de revenir sur son petit ami. Ça tombe bien, ajouta-t-elle, j'ai quelque chose à te dire, Brian. Tu peux venir avec moi, s'il te plaît ?
Et sans attendre la réponse, elle entraîna plus loin le jeune homme, qui jeta un regard d'excuse à son frère avant d'être brutalement tiré en avant par la douce et tendre Melly Kirley. AJ les regarda partir avec un sourire, mais Hayden sentit ses entrailles se serrer douloureusement. Depuis les vacances de Noël, il ne s'était presque jamais retrouvé seul avec AJ, et voilà qu'ils se retrouvaient tous les deux au milieu d'une campagne enneigée. La belle jeune fille dirigea vers lui ses yeux d'émeraudes.
— De quoi est-ce que vous parliez, avec Brian ? C'était si confidentiel que ça, pour qu'on en ait été tenues à l'écart ?
— Euh ... plutôt, oui, répondit Hayden qui se sentait extrêmement mal à l'aise.
AJ le remarqua et fronça les sourcils.
— Quelque chose ne va pas ? Tu n'as pas l'air en forme, ajouta-t-elle, répétant inconsciemment les paroles que Brian avait prononcées quelques instants plus tôt.
Le jeune Serdaigle la regarda droit dans les yeux. Il lui semblait qu'elle n'avait jamais été aussi belle, mais après tout, il avait cette impression tous les jours. Un court instant, Hayden baissa la tête, puis la releva aussitôt. Tout ça devenait ridicule. Il fallait en finir. Même les arbres autour d'eux avaient l'air d'accord.
— Je ne sais pas si tu te le rappelle, commença-t-il d'une voix lente, mais on en avait déjà parlé au début des vacances de Noël.
— Je crois que je m'en souviens, confirma AJ après un instant de réflexion. Tu m'avais dit que tu déprimais à cause d'une fille parfaite qui aimait quelqu'un d'autre, c'est ça.
— Tout à fait.
— Et ... ça ne s'est pas arrangé ?
— Non, elle l'aime encore plus qu'avant.
— Tu n'arrives pas à l'oublier ?
— Vraiment pas, non.
— Tu es sûr que tu ne veux pas me dire de qui il s'agit ? Peut-être que je pourrais t'aider, et j'ai tellement envie que tu sois enfin heureux ! D'abord parce que tu le mérites, et puis aussi parce qu'après Draco, tu es mon meilleur ami.
— Justement. Tu es la dernière personne à pouvoir m'aider, AJ.
— Mais ... pourquoi ? interrogea la Serpentarde, profondément troublée par la détresse qui se lisait dans les yeux noirs d'Hayden.
Il y eut un silence interminable.
— Parce que, comme tu viens de le dire, je suis ton meilleur ami.
Et, sans laisser le temps à la jeune fille de répondre, Hayden s'approcha d'elle, la prit dans ses bras et l'embrassa avec une douceur désespérée. Ecartant une mèche de ses longs cheveux, il murmura au creux de son oreille :
— Je t'aime, merveilleuse Amanda.
AJ, hypnotisée, ferma les yeux quand il l'embrassa de nouveau. Quand elle les rouvrit, quelques instants plus tard, le beau Serdaigle avait disparu.
Journal de Draco Malfoy et d'AJ Potter :
Draco : J'espère qu'AJ a passé une bonne journée à Pré-Au-Lard, meilleure que la mienne au moins. Ce qui n'était pas très dur. Enfin, il va bien falloir que je m'habitue à toutes ces retenues et week-ends interdits. Et puis ... Je vais aussi devoir m'expliquer avec Granger. L'angoisse.
AJ : ...
C'est la deuxième fois que le journal d'AJ est muet … Pourquoi ? Réponse dans le prochain chapitre. En attendant, qu'avez-vous pensé de celui-ci ? Plutôt intense, vous trouvez pas ?
Bon d'accord, j'ai été assez pas mal sadique sur la fin (gniark gniark) mais bon, j'espère que tout ça vous plaira quand même ! Je ne veux pas dire, mais « L'aigle Noir » a pris une avance fulgurante en matière de reviews … ;) Merci énormément pour toutes celles que vous m'avez déjà envoyées (15 pour ce chapitre !), en tout cas, je ne le répèterai jamais assez :D
R.A.R. :
Zoé 2 : Je suis d'accord, ma zoé, tes reviews sont super constructives :p mais l'important c'est qu'elles existent et elles me font tjrs autant plaisir. Je sais que t'm pas quand Hayden est triste (tu vas être servie pour ce chapitre !) mais ... ça s'arrangera, promis. Draco, en revanche, se montre encore une fois pas très aimable avec Hermione ... mais là aussi ça va changer ! Allez bisous
Elizabeth Turner : T'es une grande adepte des reviews groupées, toi, à ce que je vois ;) Mais tu es pardonnée pour ton retard, du moment que tu review. Mieux vaut tard que jamais, chui bien d'accord. Je suis désolée d'avoir encore martyrisé Hayden dans ce chapitre, je vais essayer de faire quelque chose pour lui. Et j'espère que le sort de Draco te satisfait (ya intérêt, je vais pas tout changer maintenant ). Gros bisous et merci pour tes nombreuses reviews.
Olf : « Pétillant », c'est nouveau comme commentaire, ça ! Je le prends bien. Merci beaucoup de compatir pour le bac :) c'est enfin fini, heureusement !
Caraibos : Je crois que question ambiance sombre, t'as été servie, là, non ? J'espère qu'Hayden te plaît toujours, AJ devrait faire des efforts dans le prochain chapitre pour remonter dans l'estime des lecteurs. Quant à Draco-Hermione, il va falloir patienter encore un peu pour les voir roucouler joyeusement. Gros bisous et bonnes vacs !
Arwenajane : Joli pseudo :-) Merci pour la review !
Dragonia : ça va mieux pour ta fic ? merci beaucoup d'avoir reviewé, je sais que je vais pas très vite, enfin là chui en vacances donc ça devrait aller mieux. Gros bisous !
Liz Ewilan : J'aime beaucoup les surnoms de Voldie et Luciusounet ! (même si ça vaut
pas le mythique Dracochinouchet ). Mais non, c'est pas Voldemort qui a tué Lucius. À bientôt !
Laska Malfoy : Voilà un nouveau chapitre assez important, où il se passe plein de trucs ! J'espère que ça t'a plu, même si au niveau international, ça n'avance pas beaucoup. La fiancée de Draco, on en parle au moment de la mort de son père : c'est une Sang-Pur de Durmstrang que Voldemort lui a imposée. Elle s'appelle Ophelia Vablatsky. Je suis contente de voir que t'as la patience d'attendre mes chapitres, c'est pas toujours facile ! Bye.
Vici Black : Coucou ma co' adorée ! Je sais bien que les filles ne préfèrent pas les blonds, moi aussi je suis capable d'apprécier les bruns (au cas où t'aurais pas remarqué) ! Même si je suis pas raide dingue de Voldie. Pauvre petit Draco ... C'est vite dit ! Enfin c'est vrai qu'il est victime des circonstances. Et évidemment que si Hermione était une Sang-Pur, tout serait beaucoup plus simple mais ... en fait, il paraît qu'elle l'est pas (noooon ? c vrai ?). Ne t'en fais pas, cette fic se termine bien. Tu peux continuer à lire et surtout, à reviewer ! Gros bisous.
Draco-tu-es-à-moi : salut, Miss terroriste ! J'espère que tu te remettras de tout ce que je fais subir à Hermione dans ce chapitre ... :$ (j'adore ta ref à mission cléopatre, cette scène est trop drôle ). Bye.
Clem : Gentlemen (et pas Gentlemans, espèce de cruchon) prefer (sans « s ») blondes. C'est Marilyn qui l'a dit. Ya qu'à voir le nombre de filles qui deviennent blondes. Evidemment que je vous fais un couple Hayden/AJ, ils seraient trop chous ensemble ... Enfin, ils y sont pas encore. Bizz mon clem, bonnes vacs.
Le Saut de L'Ange : vu ton pseudo, il faudra vraiment que t'ailles lire ma prochaine fic ... Bref. Donc Draco est encore plus froid et malade qu'avant, mais si vous croisez les doigts et que vous envoyez plein de reviews à l'auteur sadique que je suis, peut-être qu'on pourra arranger ça. Et pour les spectres, heureusement qu'on a trouvé un truc pour les neutraliser et guérir leurs victimes parce que ... (voir chapitre prochain :p). AJ a enfin compris qu'Hayden était fou d'elle (elle a mis le temps) mais ... Que vont-ils devenir ? Aha ... réponse un jour. Bisous !
