Titre : The Diary - Le Journal
Auteur : Lily Evans 2004
Disclaimer : Tout l'univers Poudlardien appartient à J.K. Rowling, le personnage d'AJ fut créé par l'auteur slytherin-nette ; et puis le reste, c'est à moi :).
Résumé : Draco Malfoy et AJ Potter, le prince et la princesse de Serpentard, sont aussi les meilleurs amis du monde. Sauf sur un point : les Gryffondors qu'AJ s'acharne à fréquenter. D'ailleurs, Draco ne peut même plus supporter la simple présence d'Hermione. Quant à AJ, elle idolâtre un beau Poufsouffle : Raphaël Monaghan. Pourtant, le Serdaigle Hayden Bloom ne peut s'empêcher de soupirer quand AJ vient le voir.
Sur le plan international, Vous-savez-qui est étrangement calme. Mais ce n'est pas une raison pour que la paix règne : de mystérieux spectres, les Spockers, envahissent peu à peu le pays ...
Résumé du chapitre précédent : Un soir, Draco perd totalement l'esprit : plein de haine (mais est-ce vraiment de la haine ?) pour Hermione, il l'attaque devant la Bibliothèque, et finit par lancer un Doloris sur Ron quand celui-ci tente d'intervenir. Sentence de Dumbledore : plus aucune sortie à Pré-Au-Lard et trois retenues par semaine. Quant à AJ, elle est enfin parvenue à se rapprocher sérieusement de Ralph Monaghan, jusqu'à ce que celui-ci lui demande de sortir avec lui. Mais lors d'un week-end à Pré-Au-Lard, où Ralph et Draco sont absents, Hayden a avoué ses sentiments à AJ …
Remerciements : MERCI MLT ! (ma béta, avouez qu'elle a du mérite).
Bavardages de l'auteur : Je viens d'achever le plan de cette fic : d'après mes calculs, elle devrait compter 17 chapitres. Celui-ci s'est fait attendre, et j'en suis désolée, mais quand vous verrez la taille qu'il fait (à peu près autant que le chapitre 9), je crois que vous comprendrez !
Chapitre 14 : L'attaque
The Diary – Le Journal
Tandis qu'elle regagnait les calèches sans chevaux et retournait vers Poudlard, AJ s'obligea à ne plus penser à rien. Ce qui venait de lui arriver était aussi important que le trouble qui l'avait aussitôt saisie, et elle ne voulait y réfléchir que dans un endroit calme. Arrivée devant le château, elle vola hors de la calèche et courut se réfugier dans le quasi-sanctuaire qu'était sa chambre. D'un sort puissant, elle en bloqua l'entrée – personne, pas même Draco ne pourrait ainsi la déranger. Enfin, AJ se laissa tomber à plat ventre sur son lit.
Pourquoi, mais pourquoi Hayden avait-il fait ça ? Tout était si simple, tout allait si bien ! C'était comme si le Serdaigle venait de la trahir. Comment avait-il pu, lui, son meilleur ami après Draco, lui faire une chose pareille ? Il y avait des dizaines de filles géniales à Poudlard, pourquoi Hayden avait-il donc choisi de s'éprendre d'AJ ? Et surtout, pourquoi avait-il décidé de la mettre encore plus mal à l'aise en étant celui qui l'avait poussée dans les bras de son rival, Ralph ?
Sans vraiment savoir pourquoi, AJ considérait le sentiment nouveau qu'Hayden éprouvait pour elle comme une attaque personnelle. C'était comme si on venait de lui voler un ami, et un ami extrêmement cher.
Il était même allé jusqu'à l'embrasser ! Bien sûr, elle avait été incapable de le repousser sur le moment, trop stupéfaite par ses paroles et son geste. En effet, elle ne l'aurait jamais cru capable de cela. Sans compter qu'il avait inexplicablement disparu après ce baiser, sans un mot, sans une explication ! Ça ne lui ressemblait vraiment pas.
AJ se sentait tellement impuissante ... Son meilleur ami (ou presque) était tombé amoureux d'elle, et elle ne pouvait rien faire. La fatigue et le désordre de ses idées engourdirent l'esprit de la belle Serpentarde, si bien qu'elle n'entendit même pas Draco frapper à la porte de la chambre.
Au bout d'un temps indéfini, AJ parvint tout de même à s'endormir ; quant à Draco, il dût pour une fois se résigner à retrouver sa chambre légitime. Mais pour le jeune homme, le sommeil fut encore plus dur à trouver que d'habitude : à travers la porte, il avait entendu les sanglots d'AJ : elle allait mal et refusait même qu'il la voit, qu'il la console. Il avait dû lui arriver quelque chose de grave à Pré-Au-Lard. Et dire qu'il n'avait pas été là pour la protéger ...
La nuit porta conseil à la Princesse des Serpentards. À son réveil, elle s'étonna un peu de ne plus ressentir la moindre rancune contre Hayden. En se mettant à la place du Serdaigle, elle en venait même à le plaindre un peu. Après tout, ce n'était pas de sa faute si son cœur s'était dirigé vers AJ. La Serpentarde en savait quelque chose ! Elle-même avait été folle de jalousie quand, le soir où elle avait remarqué Ralph pour la première fois, elle l'avait vu danser avec une autre fille. Que lui serait-il arrivé si cette fille en question avait été la petite amie du beau Poufsouffle ? Et qu'aurait-elle fait sans l'aide d'Hayden ? Ralph n'aurait peut-être jamais fait attention à elle ...
Au fond de son cœur, AJ comprenait peu à peu que Hayden était en réalité tout, sauf égoïste. Tout ce qu'il avait fait, c'était pour la rendre heureuse. D'ailleurs, il déprimait depuis des mois à cause d'elle ; ne lui avait-il pas confié qu'il n'arrivait même pas à l'oublier ? En soupirant, la Serpentarde finit par penser que cette déclaration et ce baiser volé n'étaient que de petites fautes sans importance, en comparaison à toute la souffrance morale qu'Hayden avait dû endurer en silence depuis si longtemps.
Et puis, le jeune homme restait malgré tout quelqu'un à qui elle tenait énormément : elle n'aurait vraiment pas pu se mettre à le détester ou à lui en vouloir mortellement du jour au lendemain.
Enfin ... Tout cela n'empêchait pas qu'AJ reste très troublée et mal à l'aise en pensant à la scène qui s'était déroulée près de cette petite rivière, au village des sorciers. Elle espérait beaucoup qu'elle n'aurait pas à croiser Hayden dans la journée ni à affronter ses yeux noirs, toujours si tristes ... Tristes à cause d'elle.
Ces sombres pensées en tête, AJ s'habilla machinalement, prit ses affaires de cours et ouvrit la porte de sa chambre. Elle sursauta alors en voyant Draco appuyé contre le mur, l'attendant visiblement.
— Oh, c'est toi ! Bonjour Drake.
— Bonjour ma belle, quelque chose ne va pas ?
— Non, non, rien ...
— Tu comptes vraiment essayer de me faire croire ça alors que j'ai trouvé ta porte fermée hier soir, et que tu n'as même pas voulu m'ouvrir quand j'ai frappé ?
— Tu es venu ? Je ne t'ai pas entendu, excuse-moi.
— Qu'est-ce que tu faisais pour devenir sourde, comme ça ?
AJ hésita, baissant les yeux d'un air gêné.
— Je préfère ne pas en parler, excuse-moi Drake.
— Tu es sûre ?
— Oui, mais on en discutera peut-être un peu plus tard, si tu veux.
— Bon, d'accord, capitula Draco. Mais promets-moi juste une chose.
— Oui ?
— S'il te plaît, dis-moi que tu ne pleurais pas parce que ce maudit Poufsouffle t'a fait du mal.
La Princesse leva les yeux et fut touchée par l'expression des yeux d'argent de son Prince. Intérieurement, elle nota que, quoique Ralph lui fasse, il ne faudrait jamais qu'elle vienne s'en plaindre à Draco si elle tenait à la santé de son petit ami. Vu ce que Draco était capable de faire quand il était en colère ...
— Non, rassure-toi, Ralph n'y est pour rien.
— Tu me le promets ?
— Oui, répondit AJ en se mettant sur la pointe des pieds pour embrasser Draco sur la joue.
Ils partirent ensuite vers la Grande Salle ; AJ aurait juré avoir entendu le beau blond murmurer « Dommage ... ».
Malheureusement pour AJ, ses souhaits ne furent pas exaucés : comme elle restait plongée dans ses pensées tout en marchant, elle ne vit pas que quelqu'un, visiblement tout aussi peu attentif qu'elle-même au chemin qu'il empruntait, avançait droit vers elle. Le choc ne fut pas important, mais quand AJ releva furieusement la tête pour voir celui qui osait bousculer ainsi la Princesse des Serpentards, elle sentit tout son sang quitter d'un coup son visage en reconnaissant Hayden. Lui-même rougissait comme un coquelicot, l'air atrocement gêné.
Incapable de marmonner autre chose qu'un « Salut » inaudible, AJ s'éloigna aussi vite qu'elle le put en se mordant la lèvre, et rejoignit Draco. Celui-ci avait observé toute la scène de son regard perçant, mais ne fit aucun commentaire.
Pendant tout le repas, AJ se sentit si mal à l'aise qu'elle se retrouva incapable d'avaler autre chose qu'un peu de thé, malgré les recommandations de tous ses camarades de Maison. Lorsqu'elle quitta sa table et retrouva Ralph, cependant, elle s'obligea à arrêter de penser à la scène de la veille et parvint à sourire presque sincèrement à son petit ami. Comme Melly et Brian l'avaient prévu, le beau Poufsouffle s'excusa humblement, lui promit qu'il ne la quitterait plus, et pour finir l'embrassa timidement. AJ ne pu s'empêcher de sourire. Ralph était vraiment adorable ... et super mignon, ce qui ne gâchait rien.
La belle Serpentarde fut donc d'assez bonne humeur tout le reste de la journée. En cours de Potions, elle ne s'énerva même pas quand Ron, avec qui elle travaillait toujours sur la Goutte du Mort-vivant, ajouta à leur potion expérimentale deux pincées de poudre de racine d'Asphodèle au lieu d'une. Cependant, sa sérénité était en vérité bien plus fragile qu'elle n'en avait l'air. À chaque fois que le visage d'Hayden traversait l'esprit d'AJ, la jeune fille perdait son sourire, sa concentration ...
Il en fut ainsi pendant près de deux semaines : AJ alternait en permanence entre tranquillité et malaise. Ralph n'avait encore rien remarqué, car c'était surtout en sa présence qu'AJ parvenait à rester calme et joyeuse. Draco, en revanche, avait souvent surpris sa belle Princesse assise sur le sol de sa chambre, la tête dans les mains. Elle n'osait toujours pas avoir une conversation normale avec Hayden, rougissait ou pâlissait dès qu'elle l'apercevait dans les couloirs, se mettait à bafouiller dès qu'elle pensait à lui … Et elle pensait souvent à lui. Les cours d'Arithmancie, où elle retrouvait les Serdaigles, étaient pires que tout. Melly avait visiblement été mise au courant de la situation par Brian, et tous deux regardaient AJ et Hayden sans savoir quoi faire. La Serpentarde s'était confiée à Hermione, qui s'était trouvée tout aussi impuissante.
Un soir, AJ se trouvait encore dans sa chambre. Comme d'habitude, ses pensées tournaient autour d'un certain Serdaigle. Rien ne faisait plus enrager la jeune fille que son impuissance : elle n'avait tout simplement aucune idée de ce qu'elle pourrait faire pour arranger la situation. Le temps l'aiderait peut-être, mais pour l'instant … Elle fuyait Hayden autant qu'elle le pouvait, mais ne pouvait s'empêcher de croiser son regard de temps en temps, lorsqu'ils se croisaient dans le château. Ses yeux finissaient par la hanter, elle les voyait partout, même quand elle se promenait avec Ralph. D'ailleurs, elle commençait à culpabiliser de penser beaucoup plus à Hayden qu'à son petit ami.
Ce soir-là, la Serpentarde en était même venue à déserter la Grande Salle pour le dîner, l'estomac noué et vraiment peu désireuse de prendre le risque de rencontrer à nouveau ces yeux noirs et tristes. Assise sur son lit, elle fermait les uns après les autres ses livres préférés, qu'elle n'arrivait même plus à lire. Fatiguée, nerveuse, AJ chercha ensuite du réconfort dans son oreiller, immense et merveilleusement confortable, qu'elle prit dans ses bras pour enfouir son visage dedans.
Quelques instants silencieux passèrent ainsi. AJ finit par relever la tête pour reprendre de l'air ; son regard se posa alors sur la place qu'occupait habituellement son oreiller. D'un noir de jais tranchant sur la blancheur des draps, un petit carnet reposait, qu'AJ reconnut comme étant le fameux journal que Draco et elle partageaient. Elle l'avait soigneusement rempli pendant quelques mois, mais devait avouer qu'elle l'avait légèrement oublié depuis quelques temps ... depuis la fin des vacances, plus exactement. D'après Draco, le journal devait se remplir automatiquement si l'auteur perdait le temps ou l'envie de le rédiger.
AJ tendit la main pour prendre le petit carnet. Elle n'avait pas besoin de le lire, elle savait très bien en quoi ses pensées avant consisté depuis les deux derniers mois, mais l'ouvrit tout de même par curiosité.
Journal d'AJ Potter et Draco Malfoy
4 janvier
AJ : Hayden vient de rentrer de chez sa tante. Merlin, il m'avait tellement manqué ! Peut-être moins que Draco mais ... Je me sens encore mal à cause de cette crise qui nous a pris, Draco et moi. C'est dommage qu'Hayden soit parti. Enfin.
22 janvier :
AJ : Raphaël veut qu'on passe du temps ensemble ! Il prétend que c'est uniquement pour resserrer les liens entre nos Maisons mais ... Ses yeux disaient autre chose. Il est vraiment beau, et visiblement adorable. Pourtant, je ne sais pas pourquoi, j'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Ralph est parfait ...
29 janvier :
AJ : Ralph m'a demandé de sortir avec lui ! J'ai dit oui, évidemment, ce n'est pas le genre de personne à qui on peut dire non quand on le regarde dans les yeux.
Plus tard
Je ne comprends rien de ce qui s'est passé. J'ai vu Ron et Seamus partir à l'Infirmerie à moitié évanouis, Hermione en larmes et Draco, l'air horrifié mais la baguette à la main. Qu'est-ce qu'ils ont fait ? Drake est chez Dumbledore avec Hermione ... J'ai tellement peur qu'il soit renvoyé, qu'est-ce que je pourrais faire sans lui ! Bien sûr, j'ai toujours Ralph, mais ça ne suffit pas.
30 janvier :
AJ : Draco reste ! La Terre reprend sa course normale.
6 février :
AJ : J'ai passé toute la journée de ce dimanche dans les bras de Ralph ... C'était tellement bien ! Enfin, presque. Au bout d'un moment, j'ai eu comme une impression bizarre. La sensation de passer à côté de quelque chose, de n'être pas à ma place ...
13 février :
AJ : Je n'en reviens pas, Ralph refuse de m'accompagner à Pré-Au-Lard ! Il a peut-être ses raisons, mais j'en reviens pas de voir que ce ne le gêne pas plus que ça qu'on passe la journée chacun de notre côté. Et toujours cette impression que ce n'est pas lui, que je prend la mauvaise route ... Enfin, au moins je vais passer la journée avec Melly, Brian et Hayden. Eux ne me laissent pas tomber.
14 février :
AJ : Hayden m'aime. Hayden m'a embrassée. Hayden est amoureux de moi. Oh, Merlin ... Ça me gêne atrocement. Surtout à cause de Ralph.
18 février :
AJ : Je suis MAUDITE ! Je n'arrête pas de croiser Hayden dans les couloirs, alors que je fais tout pour l'éviter ! Je ne sais pas si c'est lui ou le destin qui s'acharne pour moi mais ...
Et pourquoi est-ce que la question qui me vient le plus souvent à l'esprit est-elle de savoir si ses yeux sont plus beaux que ceux de Ralph ? Franchement, il y a des jours où je me demande s'il me reste des neurones. Plus sérieusement, je me sens vraiment mal avec Hayden. Quand je le vois, j'ai envie d'aller lui parler mais ... Je ne sais pas, quelque chose de bloque et je me retrouve incapable d'ouvrir la bouche.
Plus tard
Bon. Je l'admets, je préfère les yeux d'Hayden à ceux de Ralph. Mais c'est tout. J'adore Ralph. J'arrête avec mes idées et mes questions stupides.
20 février (tard) :
AJ : J'en ai marre des voix dans ma tête ! Marre, marre, MARRE ! Non, je ne suis pas amoureuse d'Hayden ! Non ! J'aime Ralph, mon petit ami, il est génial, il m'adore, et tout est bien comme ça.
Et le fait que je pense à Hayden les trois quarts du temps n'a rien à voir avec mes sentiments pour lui. Hayden est un ami, il n'est que ça.
23 février :
AJ : Ou peut-être qu'Hayden est un petit peu plus qu'un ami. Mais de toute façon, je préfère Ralph, c'est clair.
25 février :
AJ : Quoique.
26 février :
AJ : Mais je ne peux quand même pas laisser tomber Ralph pour Hayden ! D'accord, j'ai peut-être un faible pour lui, mais c'est rien, ça va passer, c'est pas la peine de tout remettre en cause pour ça.
29 février :
AJ : C'est toujours pas passé ...
C'est sur ces derniers mots que s'achevait le journal. AJ, d'un geste plein de rage, jeta le carnet à travers la pièce. Ridicule ! Tout ça était ridicule ! Ce maudit journal se trompait, évidemment ! Elle n'avait jamais rien ressenti de ce qui était écrit depuis deux semaines, absolument rien ! Quant à cette espèce de sensation désagréable, dont le journal parlait quand elle était avec Ralph, elle ne l'avait pas davantage éprouvée ! Tout ce carnet n'était qu'un tissu d'imbécillités : elle n'était absolument pas amoureuse d'Hayden (là était justement le problème) et adorait son Ralph autant que le premier jour.
La seule question était : comment un journal créé par Draco, un sorcier puissant à la magie quasi-infaillible, avait-il pu dérailler à ce point ? Peut-être que les horreurs que Draco avait vécues avec les Mangemorts en étaient la cause ...
Le sommeil d'AJ fut désastreux cette nuit-là. Après avoir fiévreusement rêvé du Lac et de rivières d'encre pendant des heures, la jeune fille s'éveilla à l'aube, tirée de sa torpeur par l'éclat d'un éclair éblouissant. Dehors, l'orage grondait, mais étrangement, le jeune Malfoy qui sommeillait comme d'habitude dans le lit voisin ne semblait même pas avoir remarqué le vacarme du tonnerre. AJ essaya de se rendormir, mais constata rapidement que ses tentatives étaient vaines. Le journal, ce maudit journal, ne cessait de hanter ses pensées. Finalement, la jeune fille quitta son lit, enfila une fine cape de soie noire et, attrapant le fameux carnet ainsi que sa baguette magique, elle sortit de sa chambre à pas de loup.
Quelques instants plus tard, AJ ouvrait les grandes portes du château avec précaution, avant de les refermer silencieusement derrière elle. « Impervius », murmura-t-elle pour protéger les pages du journal, avant de s'élancer sous la pluie. Peu lui importait qu'elle-même se retrouve trempée en quelques minutes, tout ce qu'elle cherchait était un peu de calme. Elle avait envie de relire les mots du journal, de les imprimer dans son esprit, de chercher à comprendre comment le carnet magique avait pu en arriver là.
Lorsque, deux ou trois heures plus tard, elle vit Draco accourir vers elle, un épais manteaux sur les bras, AJ n'osait encore trop comprendre les réponses qu'elles commençait à trouver à ses questions.
— Idiote ! la sermonna Draco en lui déposant le manteau sur les épaules à la place de la petite cape, complètement imbibée d'eau. Tu croyais peut-être que tout allait s'arranger si tu tombais malade ? Crois-moi, c'était tout sauf une bonne idée. Allez, rentre avec moi maintenant, il faut te sécher si tu ne veux pas finir au fond d'un lit, aux mains de cette charmante Pomfresh.
AJ n'essaya même pas de se défendre ; Draco avait raison. Néanmoins, il fallait reconnaître que la fraîcheur de la pluie lui avait fait du bien. Le Prince des Serpentards ramena la jeune fille dégoulinante d'eau dans sa chambre, l'obligea à changer de vêtements (AJ ayant en effet jugé tout à fait normal de sortir en nuisette de satin), puis lui sécha consciencieusement les cheveux à l'aide de quelques sorts. Enfin, il la conduisit dans la Grande Salle, décourageant les regards des curieux par ses yeux d'acier chargés d'éclairs, à l'image du ciel. Après qu'AJ ait, sous sa surveillance, bu un grand bol de café bouillant, Draco s'estima satisfait. La jeune fille lui obéissait docilement, sans opposer la moindre résistance. On aurait dit que son cerveau était branché sur le mode « pilotage automatique ».
Néanmoins, AJ reprit ses esprits au moment du déjeuner. Réunis dans la Grande Salle, les élèves étaient légèrement nerveux à cause de l'orage incessant. Lorsque Dumbledore se leva et demanda le silence, on devint franchement inquiet. Qu'était-il encore arrivé ?
— Chers élèves, prononça le Directeur, je vous prie de m'écouter attentivement ; c'est une affaire sérieuse. Je présume que vous vous souvenez tous de l'attaque qui a été menée sur le Chemin de Traverse pendant les vacances de Noël. Certains d'entre vous en ont d'ailleurs été victimes, indirectement certes mais victimes néanmoins.
Ses yeux bleus, moins lumineux qu'à l'ordinaire, s'attardèrent sur quelques élèves, dont des membres de la famille avaient probablement été touchés pendant l'attaque.
— Cette attaque, reprit Dumbledore, a été menée par des spectres de nature mystérieuse, communément appelés Spockers.
Malgré elle, AJ ne put s'empêcher de chercher Hayden dans la foule. Ce ne fut pas très dur : le jeune homme avait les yeux rivés sur elle. L'espace d'un instant, ils se sourirent, mais reprirent presque aussitôt leur air embarrassé. AJ reporta son attention sur Dumbledore.
— J'ai l'immense regret de vous annoncer que les Spockers sont remontés vers le Nord. Ils ne sont aujourd'hui plus qu'à quelques kilomètres de notre école.
Des chuchotements angoissés parcoururent la Grande Salle, mais le Directeur leva la main pour rétablir le calme.
— D'abord, il me faut insister sur un fait : ces Spockers sont des créatures maléfiques et très dangereuses. Si vous tombez entre leurs mains, ils n'auront pas de pitié pour vous. Par conséquent, je vous demande donc une extrême prudence dans les jours à venir. Cependant, les cours en extérieur ne seront pas suspendus, du moins pas pour l'instant et nous essaieront également de maintenir les entraînements et les matchs de Quidditch, sous la surveillance du professeur Bibine. Malgré toute la crainte que les Spockers peuvent vous inspirer, je tiens également à ce que vous ne tombiez pas dans le piège de la panique. Rappelez-vous que les murs de Poudlard n'ont jamais été franchis par quelque ennemi que ce soit. Restez prudents, et vous serez en sécurité.
— Vigilance constante, marmonna quelqu'un du côté des Gryffondors.
— Comme vous dites, Mr. Weasley, commenta Dumbledore avec un petit sourire.
Les deux jumeaux Weasley prirent un air de parfaite innocence, malgré les inévitables quintes de toux subites qui se déclenchèrent autour d'eux (nda : je sais que les jumeaux ne sont plus à Poudlard, mais faites comme si vous aviez oublié ce détail). Leur intervention avait un petit peu détendu l'atmosphère, mais pas suffisamment pour que les élèves soient parfaitement calmes et sereins. AJ, en particulier, était très nerveuse : d'après ce qu'Hayden lui avait appris sur les Spockers, les savoir proches de Poudlard était une nouvelle catastrophique.
Les Spockers ... Ces spectres immondes qui vampirisaient leurs victimes plus sûrement que les Détraqueurs eux-mêmes. Rien qu'en y pensant, AJ frissonna. Draco, s'en apercevant, posa une main sur son épaule pour la rassurer. Cependant, le jeune homme était lui aussi fortement inquiété par ce que venait d'annoncer Dumbledore. L'évocation des terribles spectres qui avaient coûté la vie à son père ravivait en lui d'autres souvenirs : une nuit dans la Forêt d'Interdite, la sensation que ses poumons ne fonctionnaient plus, Hermione s'effondrant sur le sol, inanimée, une course folle à travers les arbres ...
Environ une semaine après le discours de Dumbledore, aucune autre nouvelle à propos des Spockers n'était parvenue aux oreilles des élèves. Personne ne cachait son soulagement : peut-être que ces maudits spectres n'allaient finalement pas s'intéresser à Poudlard, peut-être qu'ils poursuivraient leur route vers le Nord de l'Ecosse, et de là ... Bien entendu, la durée d'une semaine n'était pas suffisante pour s'estimer hors de danger, néanmoins les professeurs semblaient plus détendus que les premiers jours. En effet, les Spockers avaient l'habitude d'avancer rapidement. Or, s'ils avaient réellement voulu attaquer l'école, ils seraient déjà arrivés ; et pourtant personne n'était encore venu témoigner de leur présence dans les environs. Certains élèves assuraient même que les Spockers s'éloignaient, qu'ils remontaient vers la pointe Nord de l'Ecosse ...
AJ et Draco évoquaient cette prometteuse absence d'informations récentes (pas de nouvelle, bonne nouvelle) en se promenant dans le Parc. Ils marchaient tout en longeant la Forêt Interdite, le Saule Cogneur dressant ses branches menaçantes non loin d'eux.
— J'aimerais qu'on soit à la semaine prochaine ... marmonna AJ.
— Pourquoi ? Il va se passer quelque chose ?
— Non, mais je pense qu'au moins, à ce moment-là, on sera fixés sur le sort que nous réservent les Spockers.
— On dit déjà qu'ils ne viendront plus.
— Des rumeurs ... Peut-être répandues uniquement pour nous rassurer.
— Tu crois ? Remarque, Dumbledore en serait capable. Sa principale préoccupation est que l'Ecole continue toujours de fonctionner normalement, qu'on ne panique pas.
— Il n'empêche que ... Si seulement ces rumeurs pouvaient être vraies !
— Oui, approuva Draco. Je ne sais pas ce qu'on ferait dans le cas contraire.
— Bien sûr, on pourrait se barricader dans le château, mais depuis quand est-ce que les murs arrêtent les spectres ?
— Tu oublies la barrière de protection qui entoure le Parc.
— C'est vrai, reconnut AJ. Mais tout a une faiblesse. S'ils parviennent à la franchir ... On n'aura plus qu'à recommander nos âmes à Merlin.
— Il faut toujours que tu exagères ... Il n'y a encore eu aucun véritable massacre dans le pays depuis que les Spockers sont là ! Et comme tu dis, tout a une faiblesse. Ils sont partis une fois, ça doit encore être possible de les chasser.
— Oui ... Si on en trouve le moyen, répliqua sombrement AJ.
La menace des Spockers, si importante qu'elle fut, n'était pas seule à enténébrer son esprit. Tout a une faiblesse ... Celle de son cœur se faisait davantage sentir chaque jour. En proie aux soucis, à l'hésitation, passant des nuits entières à se tourmenter l'esprit en contemplant le ciel sans pouvoir fermer l'œil, AJ se sentait plus vulnérable que jamais. Tôt ou tard, elle allait devoir trancher entre le blond Poufsouffle et le brun de Serdaigle. Un choix qui l'angoissait terriblement, tant elle craignait de se tromper, mais aussi, et immanquablement, d'infliger une grande peine à ces deux garçons qu'elle adorait ... différemment.
Un choix qui devenait ridiculement insignifiant face au danger qui pesait sur l'école. Et pourtant ... AJ ne parvenait pas à en débarrasser son esprit. Cela la faisait se sentir affreusement égoïste, d'ailleurs. Mieux valait s'occuper d'autres que d'elle-même.
— Au fait, demanda-t-elle à Draco, tu en es où avec ... les Gryffondors ?
— Rien de neuf. Je te promets que régulièrement, je suis fermement décidé à aller les voir pour leur parler, mais dès que je les croise dans les couloirs, c'est plus fort que moi, je perds toute ma volonté.
— Et eux, qu'est-ce qu'ils font ?
— Pour Weasley et Finnigan, c'est assez simple : ils m'ignorent royalement. Quand je les vois, ils font semblant de ne pas s'apercevoir de ma présence, mais je sais qu'ils me couvrent de malédictions dès que j'ai le dos tourné. Ça se comprend, ajouta-t-il d'un ton blasé en haussant les épaules.
— Hermione aussi ?
— Non, comme d'habitude elle est incapable de faire comme tout le monde.
AJ fronça les sourcils à ces mots, mais Draco n'y fit pas attention. De toute façon, c'était cette originalité qui l'avait toujours poussé vers la Gryffondor ... Il était un peu tard pour s'en moquer.
— On n'a toujours pas repris nos recherches sur le Veritaserum – ce qui n'a aucune importance, d'ailleurs, vu l'avance qu'on a prise. D'habitude, quand on se rencontre dans le château, elle essaie de m'intimider en me jetant un regard noir mais je lui tiens toujours tête. J'ai toujours l'impression de l'entendre soupirer quand elle repart, mais je ne sais pas ...
— MR. MALFOY ! VENEZ ICI ! hurla la voix de Mac Gonagall, magiquement amplifiée pour retentir dans tout le Parc.
— Qu'est-ce qu'elle te veut ? demanda AJ, surprise de cette interruption.
— Aucune idée, répondit Draco. Pour une fois que j'ai rien fait ...
— Va voir, lui conseilla la jeune fille, il vaut mieux ne pas trop faire attendre cette vieille chouette. Je t'attends ici.
— D'accord, j'essaierai de revenir assez vite.
Laissant là AJ, Draco courut aussi rapidement qu'il put pour rejoindre l'entrée du château. Mac Gonagall l'y attendait, les bras croisés et l'air vraiment furieuse.
— Tout va comme vous voulez, Mr. Malfoy ? fit-elle d'un ton acide. La soirée fut-elle agréable ?
— Euh ... C'est-à-dire que ... balbutia le jeune homme, un peu désorienté.
— Et votre retenue ? le coupa la sorcière. Votre retenue de ce soir ? Vous croyez que vous allez la remplir en vous promenant dans le Parc ? Vous deviez vous trouvez dans mon bureau depuis une demi-heure !
— Je ... J'ai oublié, répondit Draco, conscient que cette réponse n'allait pas satisfaire la sévère Mac Gonagall.
— Oublié ! fulmina-t-elle en effet. Comme si ça n'était pas assez de jeter des Sortilèges Impardonnables sur mes élèves ! Eh bien tâchez de vous en souvenir, demain soir ! Je n'ai pas l'intention de vous courir après quotidiennement. Veuillez me suivre à présent, ajouta-t-elle sèchement en passant les portes de Poudlard.
— Mais ...
— Dépêchez-vous ! Nous avons perdu suffisamment de temps comme ça.
Draco se mordit la lèvre en songeant à AJ qui l'attendait toujours, seule au fond du Parc. Mais Mac Gonagall n'allait visiblement pas se montrer clémente s'il la faisait patienter une seconde de plus. Espérant qu'AJ reviendrait d'elle-même au château dès qu'elle constaterait que l'absence de Draco se faisait longue, le Serpentard s'élança à la suite de la Directrice Adjointe.
AJ, cependant, ne se rendait pas compte du retard de Draco. Elle s'était assise dans l'herbe et, plongée dans ses sombres pensées, s'appliquait à changer tous les brins d'herbes de la pelouse en autant de reptiles verts. Un passe-temps comme un autre. Pas assez passionnant, cependant, pour lui changer les idées. Elle avait vu Ralph, la veille. Il commençait à se douter que quelque chose n'allait pas chez sa petite amie : elle semblait toujours ailleurs, ne l'écoutait pas ... Qu'était devenue la princesse vive, heureuse et sûre d'elle qui l'avait tant charmé quelques semaines plus tôt ? AJ elle-même n'en savait pas grand-chose. Elle appréciait toujours de passer du temps avec Ralph, mais cela l'enthousiasmait beaucoup moins qu'au début. L'habitude, peut-être ...
Quant à Hayden, elle le croisait de moins en moins dans les couloirs. Le jeune Serdaigle s'était probablement résigné ; il devait pour le moment tenter de quitter sa déprime en retrouvant ses amis, peut-être même avait-il déjà une autre fille en tête ... AJ savait que c'était sans doute beaucoup mieux pour tout le monde. Pourtant, c'était plus fort qu'elle : elle ne pouvait s'empêcher d'en être agacée. On est toujours plus intéressé par ce qui nous est inaccessible. Enfin, ça aussi ça allait sûrement passer ...
AJ soupira. Malgré tous les sermons qu'elle s'adressait à elle-même, une petite voix dans sa tête commençait à murmurer que non, ça n'allait pas passer. Qu'Hayden était en train de refaire sa vie sans elle. Qu'elle n'était pas seulement agacée par cette nouvelle attitude, mais que cela la rendait triste ... En bref, une petite voix assez semblable à celle qui s'exprimait dans le carnet magique, le journal offert par Draco.
Un léger bruissement, comme celui d'une cape frôlant l'herbe, tira AJ de ses pensées.
— C'est toi, Drake ? demanda-t-elle sans se retourner.
Pas de réponse. AJ, intriguée par ce silence, tourna la tête ... et eut un sursaut d'horreur.
Ce n'était pas Drake.
Une forme spectrale, d'un blanc diaphane, se tenait face à elle. Devant cette apparition, AJ sentit ses membres se figer, ses forces l'abandonner. Elle aurait voulu crier, courir à toutes jambes vers le château, mais déjà le Spocker avait engourdi son esprit ... Soudain, AJ sentit un grand froid l'envahir, puis s'évanouit et s'effondra sans bruit sur la pelouse. On aurait dit que le spectre informe avait souri. Sans plus attendre, il profita de la faiblesse de sa victime et s'infiltra complètement dans le crâne d'AJ ...
— Amanda, Amanda réponds-moi !
La grosse voix de Hagrid, rendue rauque par l'angoisse, ne parvint pas à réveiller la jeune fille à qui, quelques années plus tôt, il avait fait découvrir le monde magique. Devant l'absence de réaction d'AJ, Hagrid l'emporta dans ses bras et se précipita vers le château, à la recherche de la seule personne qui saurait quoi faire, la seule personne qui avait toujours su. Combien de temps AJ était-elle restée seule dans le Parc, évanouie ? Sûrement longtemps, car le couvre-feu était déjà dépassé, et aucun élève ne se serait risqué dehors après l'heure depuis le discours de Dumbledore. Ainsi, Hagrid ne rencontra personne en escaladant quatre à quatre les marches de l'escalier de marbre, toujours plus haut. Enfin, il parvint auprès de la gargouille qui cachait la porte du bureau de Dumbledore.
— Dragées surprises ! hurla-t-il. Vite !
La gargouille grimaça mais laissa néanmoins apparaître un nouvel escalier, dans lequel Hagrid se précipita avant de tambouriner à la porte en chêne du Directeur.
— Professeur ! Ouvrez, s'il vous plaît, c'est urgent ! s'écria Hagrid.
Dumbledore apparut quelques secondes plus tard dans l'embrasure de la porte.
— Que se passe-t-il, Hag... Par Merlin ! s'exclama le Directeur en reconnaissant le corps inanimé que le Garde-chasse portait toujours. Que lui est-il arrivé ?
— Je l'ignore, M. le Directeur, je l'ai trouvée comme ça dans le Parc. Je sortais de ma cabane pour aller jeter un coup d'œil au potager et ...
— Dans le Parc ?
— Oui, près de la Forêt.
Dumbledore effleura le front de la jeune fille, puis marmonna furieusement quelque chose dans sa barbe argentée et marcha à grandes enjambées vers son bureau. Il griffonna rapidement quelques mots sur deux parchemins, qu'il attacha ensuite à la patte de Fumseck après lui avoir donné des instructions précises. Le phénix doré s'envola dans la nuit.
— Nous allons l'emmener à l'Infirmerie, indiqua le Directeur. Ça sera plus pratique.
Hagrid obéit sans rien ajouter et, suivit de Dumbledore emporta le corps d'AJ jusqu'au premier étage. La porte de l'Infirmerie était fermée, comme toutes les nuits, mais Dumbledore l'ouvrit d'un simple geste de la main. Quelques élèves plus ou moins malades dormaient dans la salle ; le Directeur montra du doigt un lit un peu à l'écart pour que Hagrid y dépose enfin son chargement. Après avoir tiré les rideaux du lit, Dumbledore se pencha sur AJ, les sourcils froncés, l'air soucieux.
Madame Pomfresh arriva quelques secondes plus tard, pensant trouver des élèves fraudeurs venus rendre une visite nocturne à leurs camarades, et eut un hoquet de surprise en reconnaissant le Directeur et le Garde-chasse.
— Professeur Dumbledore ! souffla-t-elle. Mais que se passe-t-il ?
— Une attaque, Pompom, répondit laconiquement le vieux mage.
Pomfresh hocha la tête et se hâta d'insonoriser les lits voisins, pour ne pas réveiller leurs occupants. Prévoyance fort judicieuse car, à peine un instant plus tard, deux formes déboulèrent dans l'Infirmerie. Hayden et Draco, les traits tirés et le visage pâle, se précipitèrent au pied du lit d'AJ.
— Que lui est-il arrivé ? interrogea fébrilement Hayden, craignant le pire.
— Tout est de ma faute, gémit Draco, je n'aurai jamais dû la laisser seule.
— Remettez ça à plus tard, Mr. Malfoy, s'il vous le voulez bien. Il y a plus urgent pour le moment. J'ignore ce qui est arrivé à Miss Potter, Hagrid l'a trouvée évanouie à proximité de la Forêt. Une attaque, à n'en pas douter. Mais ... Peut-être savez-vous de quelle origine ?
Draco et Hayden n'eurent besoin que d'un regard pour se consulter.
— Ces maudits Spockers, à tous les coups, répondit Draco.
— Êtes-vous sûre qu'elle est seulement évanouie, Professeur ?
— J'en doute sérieusement, répondit Dumbledore. Mr. Malfoy, vous prétendez avoir accompagné Miss Potter dans le Parc et l'y avoir laissée : dites m'en plus, je vous prie.
— Je me promenais avec AJ, on discutait, il devait être 18h je pense. Le professeur Mac Gonagall m'a soudain rappelé au château ; AJ a voulu m'attendre dehors mais en fait, j'avais oublié que j'avais une retenue et je n'ai pas pu revenir la prévenir.
— Elle est donc inconsciente depuis quatre heures environ. C'est beaucoup trop pour un simple évanouissement ...
À ces mots, Hayden devint littéralement blanc et dut s'asseoir sur le lit pour garder l'équilibre.
— Que se passe-t-il, Mr. Bloom ?
— Je ... fit Hayden. Si c'est une attaque des Spockers et qu'elle n'est pas seulement évanouie, AJ va très mal, professeur.
— Que dites-vous ? s'exclama Pomfresh.
— Pendant les vacances de Noël, j'ai beaucoup étudié ces Spockers avec l'aide d'AJ. Je suis même allé chez ma tante, qui savait quelque chose à leur sujet. Elle m'a appris que les spectres pouvaient ... entrer dans le corps de leur proie, et vampiriser toute leur énergie ... jusqu'à la mort de leur victime.
Hagrid et Pomfresh se figèrent. Dumbledore ferma les yeux et baissa la tête. Draco se mordit la lèvre et prit la main d'AJ, les yeux soudain humides.
— Et ... murmura Dumbledore. N'y a-t-il rien à faire ?
— Si, il y a un remède. Ma tante m'a également remis une potion qui pourrait la soigner. Mais elle a besoin d'être activée. Avec de la poudre de pétales de rose noire.
Dumbledore fronça les sourcils et se tourna vers Hagrid.
— En avez-vous déjà vu dans la Forêt Interdite ?
— Non, Professeur, mais il faut dire c'est souvent la nuit que j'y vais, et que je n'ai jamais spécialement cherché de rose noire. Peut-être peut-on en trouver.
— Je suppose que vous n'en possédez pas, Pompom ?
— Hélas non, M. le Directeur.
— Je poserai la question aux Professeurs Snape et Chourave, mais je présume qu'ils me feront la même réponse.
— Qu'allons nous faire, dans ce cas ? demanda Draco d'une voix faible.
— Je ne vois pas beaucoup de solutions, répondit Dumbledore. Il faudra fouiller la Forêt pour trouver une de ces roses.
— Mais la Forêt est infestée de ces spectres immondes ! s'exclama Madame Pomfresh.
— Je sais, je sais ... Mais il est tout simplement impossible de laisser mourir une élève sans avoir tout tenté pour la sauver.
Un long silence s'abattit sur l'Infirmerie. Dans les regards qu'échangeaient les cinq personnes présentes (sans compter AJ), on lisait la même gêne : qui oserait se dévouer pour aller fouiller la Forêt Interdite ? La voix d'Hayden s'éleva alors, avec un naturel et un calme assez déroutants.
— Je suis revenu de chez ma tante avec la ferme intention d'aller dans la Forêt le plus tôt possible ; malheureusement, j'avoue que ces derniers jours ... je pensais à autre chose. Je crois que Poudlard a plus que jamais besoin de son Directeur, de son Garde-chasse et de son Infirmière. Quant à AJ, elle a besoin de Draco. Donc j'irai chercher la rose, conclut-il comme si ce qu'il venait de dire était aussi logique qu'une démonstration mathématique.
Pomfresh sursauta :
— Je ne sais pas s'il est sage de confier le sort de cette jeune fille à des mains aussi jeune, Professeur Dumbledore.
Mais le Directeur lui fit signe de ne rien ajouter. Il fixait Hayden de ses yeux perçants, comme cherchant à mesurer le poids exact de ses arguments. Hagrid intervint alors.
— Je ne sais pas si Madame Pomfresh a raison, M. le Directeur, mais je devrais peut-être accompagner ce garçon dans la Forêt, pour sa sécurité.
— Excusez-moi, Professeur, répondit Hayden, mais je crois que face aux Spockers nous ne pourrons rien faire de plus à deux. Je pense qu'il vaut mieux ne pas prendre de risque et que j'y aille seul.
— Vous oubliez qu'il n'y a pas que ces spectres dans la Forêt Interdite ! répliqua Hagrid. Elle est pleine d'autres créatures dangereuses, et contre elles je serais capable de vous défendre.
— Mais s'il nous arrivait quelque chose, il n'y aurait plus personne pour aller chercher cette rose.
— Qu'en dites-vous, M. le Directeur ? demanda finalement Hagrid.
Dumbledore attendit un instant avant de répondre d'une voix grave.
— Mr. Bloom se rendra dans la Forêt Interdite, pour tenter d'y trouver une rose noire. Il ira seul. Je veillerai personnellement à mettre toutes les chances de son côté pour qu'il en ressorte indemne.
— Mais Professeur, s'insurgea Pomfresh, vous n'y songez pas ! Ce garçon n'a que 16 ans ! Vous mettez sa vie en danger alors que ...
— Je ne reviendrai pas sur ma décision, Pompom, trancha sèchement Dumbledore.
La question ainsi réglée, Hayden suivit le Directeur dans son bureau ; Hagrid regagna sa cabane, tandis que Pomfresh renonçait à convaincre Draco de rentrer dans sa chambre. Le jeune Serpentard avait été assigné par Hayden à la tâche de veiller sur AJ, et si c'était tout ce qu'il pouvait faire, il le ferait loyalement. Le beau blond s'endormit sur le lit voisin de celui de sa Princesse, en songeant que pour une fois, il faudrait plus que le baiser d'un prince pour la réveiller.
Dumbledore passa le restant de la nuit et une partie de la matinée à munir Hayden de tout ce qui pourrait l'aider dans la Forêt. Il lui remit une carte et une boussole, bien sûr, mais lui enseigna également quelques sorts, simples mais très utiles au cas où une créature magique se jetterait sur lui, tous crocs/griffes/serres/ongles/becs dehors. Au bout de quelques heures d'étude, le Directeur fit boire au Serdaigle une potion de sommeil pour que celui-ci reprenne des forces avant son aventure. Il l'éveilla en fin d'après-midi, et le conduisit à nouveau à l'Infirmerie.
Là, ils virent Draco assis près d'AJ toujours inconsciente, lui tenant la main et lui appliquant sur le front divers pommades indiquées par Pomfresh. La jeune fille semblait en effet en proie à une terrible fièvre, qu'aucune potion n'avait encore réussi à calmer. Elle s'agitait, gémissait des plaintes indistinctes, se défendait en vain contre l'ennemi invisible qui s'était emparé d'elle. Dans la vue de cette scène, Hayden puisa un nouveau courage pour accomplir sa mission : tout faire pour sauver celle qui, maintenant qu'elle lui apparaissait si faible, lui était plus chère que jamais. Le regard bref qu'il échangea avec Draco lui apprit que le Serpentard n'en pensait pas moins, visiblement prêt à veiller des nuits entières pour apaiser autant que possible la souffrance de sa sœur d'adoption.
— Êtes-vous toujours décidé, Mr. Bloom ? interrogea Dumbledore.
— Toujours, Professeur.
— Bien, alors quittons cette pièce.
Hayden hocha la tête et suivit le Directeur, non sans un dernier regard au corps d'AJ, à présent secoué de convulsions. Draco ne dit rien, mais ses yeux exprimaient à Hayden tout le soutien et la gratitude que des mots n'auraient pas su traduire. Dumbledore guida ensuite le Serdaigle jusqu'au Hall de Poudlard.
— C'est ici que je vais vous laisser, annonça-t-il. Avant votre départ, j'aimerais que vous preniez ceci, ajouta-t-il en lui tendant une gourde de métal. C'est une potion régénératrice, elle vous permettra de récupérer vos forces au cas où vous en auriez besoin.
— D'accord. Merci, Professeur.
— Ah, et puis j'oubliais : Protaede !
Aussitôt, une lumière dorée enveloppa brièvement le corps d'Hayden, avant de disparaître. Le jeune homme leva la tête vers Dumbledore avec un air interrogateur.
— C'est une nouvelle forme de bouclier que je suis en train d'expérimenter, expliqua-t-il. Je ne pense pas qu'il aille jusqu'à protéger des Spockers, mais j'espère tout de même qu'il vous épargnera bien d'autres choses.
Hayden eut un sourire puis, la gorge nouée et incapable de proférer une parole, il se retourna et commença à marcher vers les grandes portes du château, mais la main du Directeur posée sur son épaule l'arrêta tout à coup.
— Hayden, fit le vieux mage d'un ton soudain beaucoup plus paternel, je ne sais pas si j'arriverai un jour à te remercier suffisamment pour ce que tu vas faire. Si tu réussis, ça sera sans doute la première d'une longue série de victoires contre les Spockers. Mais dans le pire des cas, ne joue pas au brave inutilement et sauve-toi ! Nous avons tous besoin de toi ici.
— Merci, M. le Directeur. Je ferai de mon mieux.
— Alors bonne chance ! Je ne crois pas que tu nécessites plus de courage.
Et sur ces dernières paroles, Hayden traversa pour de bon les portes de chêne et se retrouva dehors, dans la douce lumière de cette fin d'après-midi. Le Parc était totalement vide, les élèves ayant reçu l'interdiction absolue de quitter le château depuis l'attaque d'AJ. Hayden ferma les yeux et imprima dans son esprit l'image de la belle Serpentarde, préférant penser à elle qu'à ce qui l'attendait dans la Forêt.
Serrant fermement sa baguette dans sa main, et tout en repassant mentalement tous les sorts de défense que Dumbledore lui avait appris, ainsi que les nombreux autres qu'il connaissait déjà, Hayden s'enfonça dans la Forêt Interdite. Il ne put réprimer un frisson qui s'empara de lui ; tant de rumeurs circulaient au château sur ce bois magique !
Mais ce n'était vraiment pas le moment d'avoir peur. Il fallait trouver une rose noire, et le plus tôt serait le mieux. Mais où pouvait donc se trouver ces fleurs ? D'après les dires des professeurs, et de Hagrid en particulier, personne n'en avait jamais remarqué, mais ... Ce qu'on pouvait dire, au moins, c'était qu'il n'y en aurait sûrement pas au beau milieu du chemin. Mieux vaudrait donc s'enfoncer directement entre les arbres.
Bien que son visage et ses membres se retrouvent immédiatement assaillis de branches basses et de ronces, Hayden préféra éviter pour le moment de dégager magiquement le chemin. Il lui semblait plus sage de ne pas se servir de sa baguette, pour ne pas trop attirer l'attention sur lui. On lui avait assuré que des trolls et des loups-garous se baladaient parfois dans le coin ... Comme si les Spockers ne suffisaient pas !
Hayden chemina ainsi un temps indéterminé, tentant avec la carte et la boussole remis par Dumbledore de voir dans quelle direction il se dirigeait, et même de prévoir le voyage du retour. La recherche des roses noires était un travail long et fastidieux : même après s'être résolu à allumer sa baguette, Hayden devait fouiller minutieusement chaque angle du coin qu'il explorait. Aucun troll n'était encore apparu, à son grand soulagement, mais les autres créatures de la Forêt lui avaient déjà causé quelques frayeurs.
À présent, Hayden se trouvait dans une petite clairière qu'il examinait avec attention. Chaque fois que le découragement ou la fatigue s'emparaient de lui, il repensait à la dernière scène de l'Infirmerie, à sa merveilleuse AJ en proie au plus cruel des tortionnaires ... Amanda Jane Potter avait besoin de lui ... et de toute façon, il ne pourrait pas supporter de la perdre. Cette simple pensée avait le pouvoir de ranimer la détermination du beau Serdaigle mieux que la potion de Dumbledore.
« Malheureusement ... » songeait-il parfois, malgré tout, « même la meilleure volonté du monde ne t'aidera pas à trouver une rose noire si elles n'existent pas, mon vieux. » Mais il fallait qu'elles existent ! Il le fallait, car on n'aurait pas inventé un antidote ne fonctionnant qu'avec un élément chimérique ! Non, ces roses devaient se trouver là, quelque part, peut-être même à seulement quelques mètres de lui ... Et ils les trouverait, il les rapporterait à AJ, malgré tout ce que cela pourrait lui coûter.
« Rose noire, rose noire », murmura-t-il, « où es-tu ? ». Un appel ridicule, dérisoire, mais qui au moins lui donnait l'impression de faire quelque chose.
Hayden quitta ensuite la clairière, illuminée par la lumière de la lune qui fort heureusement n'était pas pleine, et pénétra à nouveau dans l'obscurité des arbres. Une ronce le griffa, mais il n'y fit pas attention. Une de plus, une de moins ... Pourtant, quelque chose dans la Forêt semblait différent.
Les arbres, déjà tordus et noueux, prenaient à présent des formes encore plus étranges. Avec des postures quasiment humaines, ils se courbaient, s'enroulaient les uns autour des autres, s'élançaient en avant presque horizontalement ... Hayden avait l'impression qu'ils le guidaient, qu'ils lui montraient un chemin. D'ailleurs, à cet endroit, la terre se faisait beaucoup plus molle et le terrain descendait doucement, mais quand Hayden regardait en avant, tout était tellement opaque qu'il avait l'impression de plonger dans un trou noir.
Il arriva finalement à un carrefour. À droite, le chemin remontait vers la Forêt qu'il « connaissait », tandis qu'à gauche il s'enfonçait dans une obscurité totale. Avec un soupir, Hayden s'engagea dans la seconde direction. Quelques pas suffirent à ce qu'il ne puisse même plus distinguer ses mains devant lui, et même sa baguette devenait inefficace. Le Serdaigle ne savait pas ce qui le poussait sur une route tout ce qu'il y a de moins encourageante, mais à présent que sa curiosité était éveillée, il n'allait pas revenir en arrière.
Soudain, un bruit se fit entendre. Ce n'était pas un grognement animal, ni le sifflement du vent dans les feuilles des arbres. On aurait dit le son d'une voix, grave et douce mélopée irrésistiblement envoûtante. Hayden accéléra le pas en direction du chant. C'était comme un petit murmure, comme celui de l'eau qui coule et qui court sur les galets d'un ruisseau. Presque sans s'en apercevoir, le Serdaigle se mit à courir, de plus en plus vite, vers l'origine de ce son.
Et tout à coup, inexplicablement, il déboula dans une grotte aux murs lisses, couleur de bronze doré.
Le château de Poudlard était entouré de collines, peut-être le tunnel qu'Hayden venait d'emprunter l'avait-il conduit sous l'une d'entre elles. Mais pour l'instant, le jeune homme se moquait royalement de ces détails. Toute son attention était captée par la créature qui se trouvait au centre de la caverne. Elle ressemblait à un cheval noir ; un cheval géant, doté d'ailes de dragon et de dents qui, si on en jugeait d'après le sang qui les rougissait et les ossements qui couvraient le sol de la grotte, n'étaient sûrement pas celles d'un paisible herbivore. Avec ses yeux blancs, la bête semblait aveugle, mais Hayden songea que ce n'était qu'un moyen de la rendre plus terrifiante. Car le monstre l'était, même pour le plus courageux des Gryffondors. La mélodie envoûtante, probablement utilisée pour attirer ses proies, s'était éteinte et seuls les grondements de la créature rompaient le silence.
Avant même qu'Hayden n'ait eu le temps de reprendre ses esprits (tâche difficile lorsqu'on se retrouve devant une chimère pareille), la bête se jeta sur lui, et ses mâchoires puissantes auraient arraché la tête du Serdaigle si celui-ci n'avait pas eu d'aussi bons réflexes. Profitant de ce que l'animal avait baissé sa garde pour l'attaquer, Hayden sauta par-dessus son corps de façon à se retrouver derrière lui. Il bénéficiait d'une seconde avant que le monstre ne se retourne : il l'utilisa pour transformer sa baguette en épée d'acier, comme Dumbledore le lui avait enseigné. En effet, Hayden ne connaissait aucun sort capable de transpercer la peau de son ennemi, visiblement aussi épaisse que la bête était grande. De plus, manier une épée devenait instinctif si elle venait de la baguette du sorcier qui l'utilisait. Très utile.
Hayden avait suffisamment joué à des jeux vidéo pour savoir que, quand une créature pareille vous attaquait, il fallait rouler sous son ventre pour l'y transpercer d'un coup de lame. Malheureusement, dans ce genre de jeux, on pouvait gâcher toutes les vies qu'on voulait avant de réussir. Là, le jeune homme n'avait pas le droit à l'erreur. Mais il s'interdit également la peur, la repoussant de toutes ses forces, car il savait qu'elle ne ferait que le paralyser.
D'ailleurs, il n'avait pas le temps de paniquer : le monstre venait de lancer une nouvelle attaque, et tentait de lui faucher les jambes avec des coups de queue. Hayden évita le premier, mais tomba sous le second. La chimère fonça vers lui, gueule grande ouverte, mais Hayden lui fit dévier la tête d'un coup d'épée. Le choc ne causa qu'une légère éraflure sur la peau noire de la bête, mais suffit à détourner son attention assez longtemps pour qu'Hayden se relève. Il voulut repasser de l'autre côté de la caverne, pour tenter de s'enfuir par le tunnel, mais la bête immonde lui boucha le chemin, s'interposant entre lui et la sortie. Un duel à outrance.
Hayden savait maintenant qu'il lui faudrait tuer le monstre ou mourir lui-même. Deux alternatives positivement inenvisageables. Mais le jeune homme voulait tellement quitter cet endroit pour repartir aider AJ que la première solution lui sembla la plus réaliste. Un seul moyen pour cela : avancer et attaquer avant que l'autre ne le fasse. Avec un rugissement, Hayden fonça vers le monstre, l'épée en avant. Un coup de queue l'envoya s'écraser contre le mur, mais il ne perdit pas courage et attaqua une nouvelle fois, visant les côtés de l'animal. Ses ailes noires étaient impressionnantes, mais elles ne servaient à rien dans un espace aussi réduit que celui de la grotte. Elles devenaient même encombrantes pour la « malheureuse créature » et Hayden, dans un élan de « sympathie », résolut tout simplement de les supprimer.
« Grappa ! » s'écria-t-il, son épée redevenue baguette tendue en avant jetant ainsi un grappin invisible en haut d'une des ailes noires, attirant Hayden à cette place. Le monstre fut un instant dérouté en constatant que son ennemi se trouvait à présent sur lui, mais il réagit plus intelligemment que les terribles créatures des jeux vidéo et ne se frappa pas lui-même pour tenter d'assommer sa proie. Il tenta au contraire de l'envoyer au loin en sautant et remuant comme un cheval de rodéo pour désarçonner son « cavalier ». Mais Hayden avait jeté un sort d'Agrippement sur ses mains et se tint fermement accroché à la bête, avant de transformer à nouveau sa baguette en épée.
Ainsi armé, il détacha sa main droite du dos de la chimère, leva la lame et porta un coup en haut de l'aile. L'animal émit aussitôt un cri, mais qui exprimait davantage la rage de la douleur. Pourtant, Hayden ne s'en inquiéta pas : il se trouvait dans une position idéale et entendait bien y rester. Ignorant sa fatigue, il éleva à nouveau son épée et frappa à coups redoublés. L'aile de dragon noir saignait à présent, et le Serdaigle vit dans ce signe de faiblesse un encouragement. Il assena de nouvelles blessures au monstre qui gémissait à présent mais se débattait toujours. La douleur sembla d'ailleurs aiguiser ses forces, et la bête parvint enfin à jeter son bourreau à terre. Les lèvres écumantes, l'animal porta un coup de sabot à Hayden, qui faillit perdre connaissance mais avait protégé sa tête de son bras. L'épée tomba à terre, Hayden l'y suivit.
Les yeux soudain recouverts d'un brouillard dû à sa souffrance, le jeune homme se retrouva face au regard affreusement laiteux de la chimère. Il aperçut aussi son aile droite, qui saignait toujours, mais pas assez abondamment pour que la bête s'en préoccupe tout de suite. Des ailes de dragon ... Dragon dont l'unique point faible était ... les yeux.
En un éclair, Hayden saisit l'épée et, d'un geste violent, en enfonça la lame dans l'orbe opaline. Aussitôt, l'animal poussa un énorme hennissement de douleur et recula, terrassé par la souffrance. Le Serdaigle n'eut aucun scrupule à profiter de cette faiblesse et, oubliant son propre mal, se précipita en avant pour passer entre les jambes du monstrueux cheval et, tel un de ces héros de pixels (ou encore le prince Philippe de la Belle au Bois Dormant), planta son épée dans le cœur de la terrible bête.
Celle-ci eut un sursaut, fouetta l'air de sa queue et hacha tout ce qui se trouvait à proximité de ses dents. Mais, malgré tous ses efforts pour survivre, ses deux plaies répandaient dans tout son corps une souffrance intolérable. Hayden contempla, pétrifié, le dernier sursaut de la créature, avant que celle-ci ne laissa échapper un dernier râle.
Le jeune homme avait maintenant l'impression d'être en plein délire, ou en train de rêver. Que faisait-il là, devant le cadavre de ce monstre qu'il venait de terrasser, au lieu de fouiller la terre de la Forêt à quatre pattes ? C'était purement invraisemblable et pourtant ... c'était vrai. Avançant comme un automate, Hayden s'approcha du corps et en ôta l'épée, toujours fichée au niveau du cœur. L'arme reprit sa forme habituelle de baguette, mais son bois était devenu légèrement plus rouge qu'auparavant. Pourtant, le sang de la bête était tout aussi noir que sa peau. Sur sa dernière blessure, il commençait d'ailleurs à coaguler.
Coaguler de façon plus qu'étrange. On avait l'impression qu'un nouveau membre était en train de se former. Et puis soudain, tout cela s'effondra, et le flot de sang reprit son cours normal, mais ... Hayden écarquilla les yeux, halluciné. Surgie du cœur, et ruisselante de sang noir, une fleur venait d'apparaître. Une rose. Aussi noire que la bête dont elle était née. Le Serdaigle en resta bouche bée. C'était tout bonnement impossible ! Tellement énorme que ça en devenait ridicule !
Et pourtant ... n'avait-il pas, tout à l'heure, appelée la fameuse rose à se montrer ? Et juste après, il avait trouvé cet étrange chemin, ce tunnel qui l'avait conduit là. La Forêt était peut-être encore plus magique qu'il ne le croyait.
Et puis Hayden haussa les épaules, et tendit la main vers la rose pour l'arracher, insoucieux des épines qui lui blessaient les doigts. Il nageait en plein rêve, mais le plus important était là : il avait trouvé une rose noire ! AJ allait pouvoir être sauvée ! Amanda ... La jeune victime des Spockers était peut-être, à cette heure – mais quelle heure était-il, en réalité ? – en train de se tordre de douleur, désespérant de voir arriver un secours qui mettrait fin à sa souffrance.
Cette pensée obnubilant soudain son esprit, Hayden se rua hors de la mystérieuse caverne dorée et remonta tout le tunnel. Il retrouva avec soulagement le carrefour qu'il avait déjà trouvé et s'engagea cette fois à droite, sans cesser de courir. Le chemin lui semblait plus long qu'à l'aller, mais il fallait filer, bondir par-dessus les obstacles sans jamais s'arrêter. Enfin, il parvint à la clairière bien connue, ce lieu où il avait prié la rose noire d'apparaître. En fouillant dans sa poche, Hayden retrouva la carte que Dumbledore lui avait donnée. La boussole avait été perdue en chemin, mais Hayden n'avait à présent plus aucun scrupule à utiliser le sort Pointe Au Nord.
Il retraversa la Forêt Interdite à toute allure, dépassant sans même les regarder tous ces endroits où il s'était auparavant longuement penché, espérant trouver une rose. Il dut croiser des créatures, mais ne s'en aperçut même pas, tant sa hâte était grande de quitter ce bois maudit, et surtout de ne jamais y revenir. Plusieurs fois il trébucha, tomba, se releva, partit dans le mauvais sens, se perdit, rebroussa chemin ... Mais ses efforts finirent par être récompensés : sous la lumière d'un soleil pâle, il retrouva le sentier de terre qui menait au bout de la Forêt. Et quelques instants plus tard, il déboucha – enfin ! – sur la merveilleuse pelouse incroyablement attirante du Parc de Poudlard. Là-bas, au loin, les tours du château l'invitaient à les rejoindre.
Mais au même moment, Hayden sentit ses jambes se changer en plomb et tomba par terre. La fatigue le submergeait à présent, à tel point qu'il n'avait même plus la force de se traîner sur le sol. À l'esprit d'Hayden, engourdi par l'épuisement, revinrent alors en mémoires quelques paroles et gestes de Dumbledore. La potion qu'il lui avait donnée ! « C'est une potion régénératrice, elle vous permettra de récupérer vos forces au cas où vous en auriez besoin. » avait dit le Directeur. Et effectivement, le Serdaigle en avait immensément besoin.
D'autant plus qu'il sentait que ses forces, déjà si faibles, commençaient à être attirées par un aimant invisible. Même sans se retourner, il savait d'où ce nouveau malaise venait : des Spockers, sentant sa langueur, avaient dû s'approcher de lui, prêt à en faire une autre de leurs proies ... Hayden lutta de toute ses forces contre la torpeur qui s'emparait de son cerveau, mais le pouvoir des Spockers était plus grand.
Alors, le Serdaigle prit la rose noire et se déchira la peau de la main et du bras avec les épines. La souffrance qu'il en ressentit était atroce, mais du moins réussit-elle à rendre ses idées plus claires. Serrant les dents pour ne pas crier, Hayden glissa son autre main dans sa poche et s'agrippa fermement au goulot de la précieuse fiole. Lentement, faiblement, il remonta celle-ci jusqu'à son visage, en arracha le bouchon avec les dents et en versa quelques gouttes sur sa langue.
L'effet en fut, comme qui dirait, magique. Instantanément, Hayden eut l'impression qu'il ne s'était jamais senti aussi en forme de toute sa vie, et se releva prestement. Un coup d'œil derrière lui lui confirma qu'il en était grand temps : comme il l'avait prévu, deux Spockers translucides s'étaient dangereusement approchés de lui. Mais contrairement à AJ, qui avait été attaquée par surprise, Hayden était en pleine possession de ses moyens et trouva la force de résister à l'envoûtement des spectres maudits pour fuir à toutes jambes vers Poudlard.
Au bout de ce qu'il lui sembla une course infiniment longue, il s'effondra à nouveau, sur les dalles du Hall d'entrée cette fois, car les effets de la potion étaient éphémères. Le Serdaigle voulut en reprendre quelques gouttes, mais jura furieusement en constatant qu'il l'avait stupidement laissée tomber dans l'herbe du Parc.
Rassemblant ce qu'il lui restait d'énergie (c'est-à-dire peu de chose), Hayden fit un dernier effort et se remit debout. « Juste un étage à monter, un simple étage, arriver à l'Infirmerie, et tout sera fini ... », murmura-t-il pour lui-même. Il traversa le Hall jusqu'au somptueux escalier de marbre et, s'appuyant lourdement à la rampe, en gravit les marches une par une ...
Il dut s'arrêter plusieurs fois, manquant de s'évanouir tant il sentait que ses forces le quittaient aussi vite que le sang de la chimère avait coulé de ses blessures, mais parvint finalement en haut. Plus qu'un couloir ... au bout duquel l'Infirmerie lui parut plus lointaine que la Lune, mais sans parvenir à le décourager.
Un siècle de souffrance plus tard, Hayden s'écroula contre le loquet de la porte, qui s'ouvrit sous son poids et là, le jeune homme s'évanouit enfin, la rose noire serrée triomphalement dans sa main.
— Je ne comprends vraiment pas comment ...
— Chut ! Il ouvre les yeux !
En effet, Hayden se sentait émerger de l'inconscience bien méritée où il avait plongé quelques instants plus tôt. Ses yeux ne distinguaient qu'un vague brouillard, où évoluaient des figures colorées, mais il parvenait plus ou moins à reconnaître les personnes présentes au son de leur voix.
— Comment vous sentez-vous, Mr. Bloom ? fit celle de Pomfresh.
— J'ai vu mieux ... répondit faiblement le jeune homme.
Il grimaça en constatant qu'il tenait toujours la rose noire, et que deux épines s'étaient fermement enfoncées dans la paume sanglante de sa main.
— Attendez une seconde, reprit Pomfresh, je vais vous arranger ça.
L'Infirmière, qui apparaissait de plus en plus nettement aux yeux d'Hayden, tenait à la main un petit flacon dont elle versa le contenu sur un petit chiffon, avant d'appliquer celui-ci sur la main blessée du Serdaigle. Au cri étouffé que poussa celui-ci, elle répondit :
— Je sais que ça pique, c'est du désinfectant. Mais après ce que vous venez de vivre, ne me faites pas croire que vous êtes douillet !
Touché dans son orgueil, Hayden se mordit fièrement le poing pour ne plus émettre le moindre bruit. Ce fut plus dur quand Pomfresh, d'un geste sec, arracha la rose de sa paume, mais presque aussitôt la sorcière enduisit la blessure d'un baume verdâtre qui eut la bonne idée d'annihiler toute la douleur.
— Ça devrait aller mieux maintenant, n'est-ce pas ?
Hayden hocha la tête en signe d'assentiment.
— Très bien. À présent, vous allez me faire le plaisir de boire ça et de dormir au moins une bonne dizaine d'heures.
Le Serdaigle ne se le fit pas répéter deux fois et avala avec reconnaissance la bienfaisante potion de Sommeil que Pomfresh lui tendait. Quelques secondes plus tard, il plongea effectivement dans une torpeur réparatrice.
— Eh bien Hayden, fit la voix de Dumbledore, il semblerait que tu te sois finalement décidé à nous rejoindre.
Réprimant un bâillement, Hayden cligna des yeux pour s'habituer à la lumière qui régnait dans l'Infirmerie.
— Je ... J'ai dormi longtemps ? demanda-t-il.
— Près de vingt heures, environ.
Cette fois, Hayden ouvrit de grands yeux, stupéfait. Il vit Dumbledore, un sourire aux lèvres ; lui-même était allongé sur un lit de l'Infirmerie, juste à côté de celui d'AJ. La jeune fille, plus pâle et maigre que jamais, n'avait toujours pas été délivrée de son démon intérieur et sa lutte contre lui l'épuisait davantage chaque jour. Près d'elle, Hayden vit bien évidemment Draco, qui semblait avoir établi son campement là, toujours aussi attentionné envers sa princesse. Le blond Serpentard, voyant qu'Hayden s'était réveillé, lui adressa un sourire affaibli par les nuits de veille, mais sincère. Le Serdaigle lui répondit, mais se figea soudain : assis au bout du lit d'AJ, Raphaël Monaghan la contemplait, l'air mal à l'aise.
— Qu'est-ce que tu fais ici, Ralph ? demanda-t-il spontanément (et en oubliant d'ailleurs légèrement la présence du Directeur).
— Moi ? Eh bien ... je suis venu voir AJ, pourquoi ?
— Oh, pour rien, répondit Hayden.
Il aurait bien voulu l'oublier, mais Ralph était bel et bien toujours le petit ami d'AJ et sa présence dans l'Infirmerie était donc parfaitement légitime. Il y avait même eu un temps où, pour rendre la jeune fille heureuse, Hayden s'était lié d'amitié avec lui. Ce n'avait pas été très dur, car le Préfet des Poufsouffle était quelqu'un de naturellement sympa, amical, etc. Ce devait d'ailleurs être pour cette raison qu'AJ l'aimait tant ... Et ça, Hayden avait malgré tout eu toujours un peu de mal à le pardonner à Ralph.
— Hayden ?
La voix de Dumbledore interrompit le cours des pensées du jeune homme, qui se tourna à nouveau vers son Directeur. Celui-ci semblait fatigué, mais souriait comme il ne l'avait pas fait depuis de longues semaines.
— Tu as réussi. Grâce à toi, nous allons pouvoir sauver Amanda ; le professeur Snape est actuellement en train de préparer la potion.
— Je ... C'est vrai ? balbutia Hayden.
Etrangement, ce ne fut qu'à cet instant que tous ses souvenirs lui revinrent en mémoire. La Forêt Interdite, la clairière, le chemin, le monstre, la rose noire enfin ... Il avait réussi. Il avait vraiment réussi. Il était parvenu à trouver la rose. Bientôt AJ serait saine et sauve. Il était arrivé à la sauver. Son Amanda allait survivre.
Une vague de soulagement immense envahit le jeune homme. Il avait eu tellement peur, à l'idée de voir disparaître celle qu'il aimait ... plus que lui-même ! Tellement peur ... Et visiblement, Draco Malfoy qui venait de se lever pour venir lui serrer la main n'en pensait pas moins.
— Merci, dit seulement le Serpentard, visiblement incapable de parler davantage.
Pour toute réponse, Hayden sourit sans un mot et regarda AJ. La voix étranglée de Draco permettait assez de mesurer sa reconnaissance. Pour lui aussi, la disparition d'AJ aurait été insurmontable. La voir souffrir à ce point était déjà tellement douloureux ...
En parlant de douleur, Hayden eut malgré tout du mal à penser à autre chose qu'à sa propre souffrance : entre les nombreuses égratignures, hématomes et griffures reçus dans la Forêt, les coups que la chimère lui avait porté, et la faiblesse de son corps encore épuisé, le Serdaigle ne se sentait pas au mieux de sa forme. Aussi, Madame Pomfresh fut presque accueillie comme une apparition divine quand Hayden la vit s'approcher de lui, un morceau de chocolat plus gros que sa tête dans les mains.
— Reculez, Mr. Malfoy, s'il vous plaît, fit-elle d'une voix sèche. Quant à vous, Mr. Bloom, je ne repartirai pas avant que vous n'ayez avalé tout ça, ajouta-t-elle en désignant le rocher de chocolat. Prenez votre temps, je ne suis pas pressée.
Les bras croisés, et sous le regard amusé de Dumbledore, la sévère sorcière veilla personnellement à ce qu'Hayden absorbe effectivement tout son chocolat. Draco était revenu au chevet d'AJ, dont Ralph avait cette fois pris la main. La jeune fille s'agitait et murmurait des paroles incompréhensibles ; Hayden vit alors Draco se pencher vers elle et lui chuchoter quelques mots à l'oreille tout en lui caressant les cheveux. Comme il aurait aimé, lui aussi, pouvoir être près d'elle, la protéger et la rassurer ... Mais il s'était fait la promesse de s'éloigner de cette belle Serpentarde qu'il aimait trop. Cependant Hayden ne put empêcher sa gorge de se nouer à la pensée de quitter l'Infirmerie, malgré tout ce qu'il avait fait pour elle, en laissant Ralph au chevet d'AJ.
Quand il fut venu à bout de tout le chocolat, Pomfresh s'éloigna avec un sourire satisfait, et Dumbledore se pencha à nouveau vers lui.
— Dis-moi, Hayden, commença-t-il doucement. Je comprendrais que tu ne veuilles pas en parler tout de suite, mais ... Je voudrais savoir : que t'est-il arrivé dans la Forêt Interdite ? Tu es resté absent une nuit et un jour entiers ! Comment as-tu trouvé cette rose ?
Hayden s'attendait à ces questions, et s'étonnait même quelles ne soient pas venues plus tôt. Il fut en revanche stupéfait en découvrant combien de temps son absence avait durée : il s'attendait à n'être parti qu'une nuit, mais la magie qui opérait dans le tunnel et la caverne dorée avait apparemment troublé sa vision du temps.
Quoiqu'il en soit, le chocolat l'avait ranimé et, après s'être redressé dans son lit, Hayden débuta son récit. D'abord hésitant, il parvint finalement à décrire assez fidèlement tout ce qu'il avait traversé. Tous ceux qui l'écoutaient eurent l'air abasourdi à l'évocation du cheval-dragon noir – à l'exception de Dumbledore dont les yeux pétillèrent soudain – mais n'interrompirent pas le récit du Serdaigle.
— Il semblerait que la Forêt Interdite ait sa propre version de la Salle sur Demande, murmura seulement le Directeur quand Hayden se tut. En tout cas je te remercie, Hayden, conclut-il en se levant. Je vais descendre aux cachots, pour voir ce que devient la potion. À bientôt.
Draco et Hayden saluèrent d'un signe de tête le Directeur qui quitta l'Infirmerie, caressant machinalement sa barbe argentée.
— Monaghan est parti ? interrogea Hayden.
— Oui, répondit Draco, il y a quelques instants. Mais il m'a demandé de le prévenir quand on apporterait la potion. Je ne sais pas s'il en avait marre ou s'il voulait se recoiffer avant qu'elle n'ouvre les yeux, ajouta-t-il avec un mépris évident qui fit légèrement sourire Hayden.
— Comment va-t-elle ?
— Mal. J'espère que Snape fera vite.
Hayden approuva puis, se tournant sur le côté, essaya de se reposer.
Il dut finalement s'endormir car, quand il ouvrit à nouveau les yeux, le soleil se levait timidement alors qu'il était à son coucher lorsque Hayden s'était assoupi. Le jeune homme se redressa pour s'asseoir dans son lit et tourna machinalement la tête vers le lit d'AJ. Elle semblait dormir, ainsi que Draco allongé dans le lit voisin. Un court instant de répit au milieu de toutes ces heures de souffrance. Mais le silence qui régnait à présent dans l'Infirmerie fut brisé par l'entrée bruyante de quelqu'un. Hayden faillit adresser quelques reproches bien sentis à la personne qui venait d'apparaître si indélicatement, mais ses paroles moururent dans sa gorge quand il vit que les arrivants n'étaient autres que Madame Pomfresh accompagnée des Professeurs Snape et Dumbledore.
Snape apportait avec lui un coffret qu'Hayden reconnut facilement : c'était celui, remis par sa tante, qui contenait la fiole de potion. Draco, en se réveillant, eut la même expression de soulagement : le calvaire allait enfin s'achever. Dumbledore les salua tous les deux puis, pendant que Snape s'installait près du lit d'AJ, Draco s'esquiva rapidement pour aller, comme promis, chercher Raphaël.
Ils revinrent tous les deux quelques instants plus tard ; tous s'étaient déjà rassemblés près d'AJ. Seul Hayden restait dans son lit. Le Serdaigle avait l'air étrangement sombre, comparé aux sourires que tous les autres arboraient. Il se sentait terriblement égoïste, mais ... Il ne pouvait s'empêcher de penser que lorsque AJ serait réveillée, elle sauterait dans les bras de son cher petit ami et repartirait avec lui. Il aurait seulement voulu passer une dernière heure, juste une heure à côté d'elle, pour la regarder, l'aider comme le faisait Draco, être près d'elle sans avoir à affronter le regard gêné qu'elle avait toujours depuis Pré-Au-Lard ... Il avait tout gâché entre eux, il le savait ; et comme il n'aurait pas droit à une seconde chance, autant ne pas gâcher le bonheur d'AJ et Ralph.
Seul Draco remarqua qu'Hayden partait à l'autre bout de la salle, sous prétexte d'aller se verser un verre d'eau. Snape, pendant ce temps, versait tout le contenu de la fiole transparente dans un grand verre. Il prit ensuite une coupelle où reposaient les pétales noirs réduits en poudre si fine qu'on aurait dit de la poussière, puis ajouta cette poudre à la potion. Un violent éclair blanc illumina brièvement la salle à l'instant où les pétales touchèrent le liquide, qui prit alors une teinte rouge sang. Draco, aidé de Pomfresh, redressa le corps d'AJ – non sans mal, car la Serpentarde se débattait à nouveau contre le Spocker – pour qu'elle puisse boire la potion.
— Tenez-lui les bras, Malfoy, ordonna Snape.
Draco obéit et immobilisa AJ avec autant de douceur que possible. Le Maître des Potions approcha alors le verre des lèvres pâles de la jeune fille, avec mille précautions, et en versa quelques gouttes dans sa bouche. Aussitôt, et sans que Draco puisse l'en empêcher, AJ s'agita brusquement, renversant du même coup un bon tiers de la potion. On aurait dit que le Spocker se révoltait contre le remède et entendait bien défendre la jeune fille de l'absorber. Snape poussa un juron de colère en voyant le précieux liquide s'épandre sur les draps, mais Draco et Ralph firent de leur mieux pour contenir AJ, jusqu'à ce qu'elle se calme.
— Si elle ne se tient pas tranquille, grommela Snape, on finira par être obligés de la Stupéfixer !
— Je crains que ça n'affecte les effets de la Potion, Severus, objecta calmement Dumbledore.
— Bon ... On va réessayer. Et vous deux, ajouta-t-il à l'adresse de Draco et Ralph, empêcher-la de faire le moindre mouvement, c'est compris ?
Les deux garçons hochèrent la tête et Snape, après avoir prudemment mis une partie de la potion à l'abri, s'approcha à nouveau d'AJ. Dès que la potion eut une nouvelle fois touché ses lèvres, la jeune fille reprit ses soubresauts, mais elle était cette fois fermement retenue par Draco et Ralph.
— Je pense qu'il faut lui en faire boire le plus possible, Professeur, jusqu'à ce que le Spocker s'en aille, fit Draco.
Snape approuva et prit le reste de la potion. Plus AJ en buvait et plus le Spocker se débattait, mais ses ennemis étaient résolument décidés à l'emporter. La dernière goutte du liquide disparut entre les lèvres maintenant rouges de la Serpentarde ... Il y eut un instant de silence pendant lequel tous échangèrent des regards anxieux ... Soudain, AJ ouvrit démesurément les yeux et la bouche, par laquelle une forme translucide s'échappa, sous six regards pleins d'espoir. Le Spocker quitta sa proie avec un gémissement lugubre et s'enfuit par une fenêtre de l'Infirmerie, qui donnait sur la Forêt Interdite.
Le corps d'AJ, vidé de toute énergie, retomba entre les bras des deux garçons qui la soutenaient. Vivement, Dumbledore sortit de sa poche une petite fiole qu'Hayden, de loin, reconnut comme la jumelle de celle qui contenait la potion régénératrice, et en fit boire à la Serpentarde. La jeune fille ouvrit les yeux et contempla un moment le plafond.
— AJ... murmura Draco. Ma princesse, est-ce que tu m'entends ?
AJ tourna la tête au son de cette voix familière et poussa un faible cri en reconnaissant Draco, avant de se jeter dans les bras qu'il lui tendait pour se blottir contre son torse. Le Serpentard, fou de joie d'avoir retrouvé sa presque-sœur, lui caressa tendrement les cheveux pendant qu'AJ, à bouts de nerfs, éclatait en sanglots contre son épaule.
— Chut ... C'est fini, maintenant. Tout va bien. C'est fini. Tu n'as plus rien à craindre, ma belle.
AJ s'écarta doucement de lui et, essuyant ses larmes, commença à jeter des coups d'œil rapides sur tout autour d'elle.
— Tu cherches quelqu'un, AJ ? demanda alors Draco. Ralph est ici, ajouta-t-il en désignant le Poufsouffle.
Ralph s'avança timidement vers la jeune fille, mais celle-ci ne le regardait pas. Ses yeux verts, encore humides de larmes, fouillaient l'Infirmerie à la recherche de ...
— Hayden ! s'écria-t-elle tout à coup.
Sans s'occuper des regards médusés des autres, AJ rejeta vivement ses couvertures et se précipita à l'autre bout de la salle où, pétrifié, Hayden la regardait courir vers lui. Comme dans un verre, il vit la jeune fille de ses rêves se jeter dans ses bras, qu'il referma autour d'elle tout naturellement.
— Amanda ... tu es sûre de ce que tu fais ? murmura-t-il doucement.
— De tout mon coeur, répondit la belle Serpentarde. Je t'aime, Hayden, je t'aime tellement ...
Et voilà, c'est fini ! Le chapitre, pas la fic, je vous rassure. Qu'est-ce que vous en avez pensé ? Trop long, pas assez, incompréhensible, tordu, mauvais, kitch, génial, trop lent ... Tous les avis sont acceptés (surtout les plus favorables ). Il paraît qu'on n'a plus le droit de répondre aux reviews en dehors des forums :S. Si vous voulez me poser une question, envoyez-moi un mail où allez sur ma « homepage » que vous trouverez sur la page de mon profil.
En tout cas merci du fond du cœur pour vos reviews qui me feront toujours autant plaisir ! Vous êtes adorables et je suis fière de vous plaire.
À bientôt, j'espère.
Lily Evans 2004
