Titre :The Diary - Le Journal
Auteur :Lily Evans 2004
Disclaimer :Tout l'univers Poudlardien appartient à J.K. Rowling, le personnage d'AJ fut créé par l'auteur slytherin-nette ; et puis le reste, c'est à moi :).
Résumé :Draco Malfoy et AJ Potter, le prince et la princesse de Serpentard, sont aussi les meilleurs amis du monde. Sauf sur un point : les Gryffondors qu'AJ s'acharne à fréquenter. D'ailleurs, Draco ne peut même plus supporter la simple présence d'Hermione. Quant à AJ, elle idolâtre un beau Poufsouffle : Raphaël Monaghan. Pourtant, le Serdaigle Hayden Bloom ne peut s'empêcher de soupirer quand AJ vient le voir.
Sur le plan international, Vous-savez-qui est étrangement calme. Mais ce n'est pas une raison pour que la paix règne : de mystérieux spectres, les Spockers, envahissent peu à peu le pays ...
Résumé du chapitre précédent : AJ, très troublée depuis qu'Hayden lui a avoué qu'il l'aimait, cherche à l'éviter. Mais un soir, seule dans le Parc, elle se fait attaquer et posséder par un Spocker, ces terribles spectres qui encerclent Poudlard. Pour la sauver, un seul moyen : trouver une rose noire. Après un périple fantastique dans la Forêt Interdite, Hayden parvient à en rapporter une et AJ, libérée du Spocker, quitte enfin son cauchemar ... Et à présent, elle sait une chose : ce n'est pas Ralph Monaghan, son petit ami, qu'elle aime, mais Hayden.
Remerciements :MERCI MLT ! (ma béta, avouez qu'elle a du mérite).ML : mais non,mais non ;) moi ossi je tM, Stridoo
Bavardages de l'auteur : Une question me taraude depuis deux mois ... où êtes-vous, chers reviewers de ? Vous avez disparu ! Tous les auteurs que je connais sont d'accord avec moi : une malédiction s'est abattue sur ce site. Si vous voulez nous aider à la conjurer, c'est très simple. Lisez, puis cliquez sur « Submit review » en bas à gauche, et écrivez ce que vous avez pensé de ce chapitre. Ça prend une minute et ça rend l'auteur heureuse pendant une semaine :)
The Diary – Le Journal
Chapitre 15 : Potion et autre magie
— Entrez, mes chers enfants ! Je suis heureux de vous voir.
La main de Draco, pressant celle d'AJ, la poussa à avancer. La jeune fille, en effet, hésitait toujours un peu à mettre un pied devant l'autre depuis qu'un Spocker l'avait attaquée. Simple question de temps, avaient jugés Pomfresh et Dumbledore. Ce dernier se tenait debout devant son bureau, les mains tendues vers les deux Serpentards qui venaient vers lui, et un large sourire aux lèvres. Merlin, comme il était soulagé depuis qu'Amanda avait repris conscience !
— Comment te sens-tu ? demanda-t-il à la jeune fille encore pâle.
— Mieux, beaucoup mieux, répondit-elle. Merci, Professeur.
— Je t'en prie.
— Madame Pomfresh pense qu'elle pourra bientôt reprendre les cours, précisa Draco.
Lui aussi se sentait revivre depuis quelques jours. C'était un peu comme si son cœur, arrêté pendant une monstrueuse semaine, recommençait enfin à battre et à répandre de l'énergie dans son corps. Sans AJ, il n'était plus que la moitié de lui-même.
— Vraiment ? fit Dumbledore. J'en suis ravi. J'espère, Amanda, que tu te rends compte d'à quel point c'est extraordinaire : Pompom déteste laisser partir ses patients avant qu'ils n'aient passé un bon mois entre ses mains.
AJ eut un petit rire, puis reprit avec un sourire un peu vague :
— Ce doit être parce qu'elle a eu peur que j'y reste ...
— Mieux vaut ne pas trop y penser, l'arrêta Dumbledore. Nous avons évité le pire, grâce au ciel.
— Je dirais plutôt grâce à Bloom, rectifia Draco.
— Hayden ? Bien sûr, nous lui devons tout.
AJ, dont l'expression était soudain devenue un peu rêveuse, ne répondit rien. Draco le remarqua, et sourit, en songeant que décidément il était infiniment plus satisfait de ce nouveau petit ami que du précédent. Bloom n'avait vraiment rien à voir avec Monaghan, et c'était tant mieux. Enfin, Draco était content d'être pour une fois d'accord avec le choix d'AJ.
— Bien que ta santé m'importe énormément, Amanda, reprit le Directeur, je vous ai également fait venir dans mon bureau pour vous parler. Asseyez-vous, je vous en prie.
Les deux Serpentards obéirent, tout en se demandant ce que Dumbledore pouvait bien leur vouloir, cette fois.
— Draco, tout d'abord, fit le vieux mage en se tournant vers le jeune blond. Nous sommes aujourd'hui le dimanche 6 mars, et cela fait à présent plus d'un mois que ... l'accident qui t'a opposé à Hermione Granger, Ron Weasley et Seamus Finnigan a eu lieu.
Le Prince des Serpentards se sentit tout à coup très mal à l'aise en repensant à cet épisode : le jour, ou plutôt le soir, où complètement aveuglé par sa haine contre les Gryffondors il avait provoqué Hermione en duel, blessé Finnigan et lancé un Doloris sur Weasley. La folie qui s'était emparée de lui ce soir-là lui faisait encore horreur ...
— Bien entendu, tu iras toujours en retenue trois soirs par semaine, et ce jusqu'à nouvel ordre. Tu ne retourneras pas non plus à Pré-Au-Lard avant l'année prochaine. Néanmoins, nous avons pensé que tu devais à présent être redevenu suffisamment raisonnable pour reprendre tes cours de Potions avec Miss Granger. Par conséquent, et dès demain, vous pourrez vous retrouver aux heures de cours de Potions ou pendant vos temps libres pour étudier ce que le Professeur Snape vous a demandé ... je crois qu'il s'agit du Veritaserum, n'est-ce pas ?
— Oui, Professeur, confirma Draco.
Il ne savait pas vraiment s'il était heureux ou non de reprendre ces recherches avec Hermione ... Depuis qu'il l'avait attaquée, elle ne lui avait pas adressé la parole, se contentant de lui jeter des regards noirs dès qu'ils se croisaient dans les couloirs. Sans doute les retrouvailles n'allaient-elles pas être follement chaleureuses ...
— Je crois que c'est tout ce que je voulais te dire, Draco. Est-ce que tu veux bien attendre un moment dehors pendant que je parle à AJ ? Je préfère que ce que j'ai à lui dire reste confidentiel.
AJ eut un faible mouvement pour retenir Draco, mais celui-ci s'était levé. Avec un regard plein de douceur pour sa Princesse, il s'éclipsa en saluant le Directeur.
— Je regrette de devoir vous séparer, dit celui-ci, mais il fallait vraiment que nous soyons seuls.
Tout en parlant, il s'était levé et s'était dirigé vers une armoire en bois sombre située dans un coin de la pièce. Il prit alors une clé, retenue à son cou par un fil d'argent, ouvrit l'armoire puis sortit sa baguette d'une des poches de sa robe. AJ l'entendit murmurer un sort de Lévitation, puis vit voler vers le bureau du Directeur l'objet qu'il était venu chercher dans la fameuse armoire. Une sphère.
— Te souviens-tu de ce que c'est, Amanda ?
Lentement, les souvenirs d'AJ se rassemblèrent dans sa mémoire. Elle avait déjà vu cette Sphère, à deux reprises, et toujours dans ce même bureau. La première fois, c'était en allant consulter Dumbledore au sujet d'une vision qui l'avait assaillie – une fois n'est pas coutume – en cours de Divination. Elle avait alors découvert cet objet qui l'avait immédiatement fascinée. La seconde fois, c'était lorsqu'elle avait été convoquée dans le bureau de Dumbledore pour qu'on lui y annonce la mort de Lucius Malfoy ... Là encore, elle s'était laissée envoûter par la contemplation de la Sphère – mais quel était son nom, déjà ? – avec laquelle elle avait eu l'impression fugitive de communiquer.
L'objet était d'une grande beauté : d'un gris brumeux, changeant, passant du gris perle à la couleur du granit aussi facilement que Tonks changeait de couleur de cheveux, la Sphère – de la taille d'une mappemonde – était montée sur un pied en or fin. Sa surface était incessamment parcourue d'éclairs rouges, verts ou violets, qui rampaient sur ce globe mystérieux comme de petits serpents. Mais le plus captivant était le cœur de la Sphère : parfois, sa couleur devenait si claire qu'elle en était presque translucide ; on voyait alors d'autres éclairs plonger vers le noyau du globe, trembler en approchant de ce cœur vibrant d'énergie, avant d'aller y mourir. C'était terriblement beau.
— Oui, Professeur, je m'en souviens, répondit AJ. J'ai seulement oublié son nom.
— C'est une Seronohda, rappela Dumbledore. Je pense que tu te souviens également de la première fois où tu l'avais vue ici ?
AJ acquiesça d'un hochement de tête.
— Vous m'aviez même dit que vous ignoriez ce que c'était, ajouta-t-elle. Et à l'époque, elle n'était pas rangée dans cette armoire.
— C'est tout à fait exact. Et c'est bien parce que je comprends mieux aujourd'hui quel est son pouvoir que j'ai estimé sage de ne plus l'exposer simplement sur mon bureau.
— Son pouvoir ? fit AJ, intriguée.
— Oui, ou tout du moins une partie. Je suis convaincu qu'elle a quelque chose à voir avec les Spockers. Et, lorsque tu as été attaquée, Hayden Bloom m'a appris que vous vous étiez beaucoup intéressés à ces Spectres, tous les deux.
— C'est vrai, Professeur, mais si vous vouliez nous en parler, pourquoi ne l'avez-vous pas fait venir, lui aussi ?
— Ça, je te l'expliquerai dans quelques instants, répondit le Directeur. Revenons d'abord à la Seronohda. Comme je te l'ai dit, elle a un rapport bien précis avec les Spockers. Je ne sais pas si, dans les recherches que tu as menées avec Hayden, tu as remarqué que ce n'est pas la première fois que ces Spectres se manifestent.
— Si, répondit AJ, je me le rappelle. Ils étaient déjà apparus aux environs du ... XIII ème siècle, je crois, mais quelqu'un avait trouvé le moyen de les repousser. Ce moyen, c'était l'élixir de rose noire, n'est-ce pas ? demanda-t-elle.
— Oui et non. L'élixir n'est qu'un remède au cas où une personne est possédée par les Spockers. Mais la dernière fois qu'ils sont apparus, on avait été jusqu'à trouver le moyen de les combattre activement.
— Les combattre ? répéta AJ dont les yeux brillaient d'excitation, à présent. Mais comment est-ce que ...
Avant même qu'elle n'eut fini sa phrase, la jeune fille trouva la réponse à sa question.
— Grâce à la Seronohda, fit Dumbledore, exprimant la pensée de la Serpentarde. C'est elle, la seule arme dont nous disposons. Tu vois tous ces éclairs à sa surface, Amanda ? ajouta-t-il en pointant du doigt un petit rai de lumière mauve rampant sur la Sphère. Ce sont les « âmes » des Spockers qui ont été détruits, voilà 800 ans. La Seronohda les aspire et les retient.
— Et le cœur de la Sphère ?
— C'est justement ce qui fait tout son pouvoir. Une sorte « d'aimant » à Spockers. C'est également lui qui détruit les âmes absorbées. Vois-tu, les Spockers sont des créatures très complexes : à la fois neutres, puisqu'ils s'attaquent aussi bien à des innocents qu'à des Mangemorts, et purement mauvais. Bien sûr, ils ont besoin de vampiriser les corps humains pour survivre, mais cela ne les empêche pas de semer la terreur gratuitement, en renvoyant les sorts qu'on leur jette.
AJ hocha la tête, l'air pensif. Malgré toutes les informations que lui donnait Dumbledore, une dernière question lui trottait encore dans la tête.
— Qu'est-ce que tout ça a à voir avec moi, Professeur ? Je suppose que vous ne me parlez pas de la Sphère uniquement parce que je m'intéresse aux Spockers, n'est-ce pas ? Il y a quelque chose d'autre, sinon vous n'auriez pas demandé à Draco de sortir ...
— Effectivement, je dois te dire autre chose ... qui est peut-être encore plus important. Il ne nous reste plus d'élixir de rose noire depuis que nous l'avons utilisé pour te libérer du Spocker, et le Professeur Snape lui-même est incapable d'en refaire. Et pour attaquer les Spectres, il ne suffira pas de poser la Seronohda dans le Parc et d'attendre qu'ils soient aspirés. Quelqu'un doit prendre la Sphère pour les combattre ... Et l'élixir, ainsi que je l'ai découvert récemment, a le pouvoir d'immuniser celui ou celle qui en a bu contre toute agression des Spockers ...
— Bien sûr, je ne t'oblige à rien, reprit Dumbledore après un silence. De toute façon je crois que les Spockers vont se tenir tranquilles dans la Forêt Interdite pendant encore quelque temps ... Mais je ne sais pas jusqu'à quand les protections magiques du château pourront les retenir.
— En d'autres termes, conclut AJ avec un très léger sourire, je ne suis pas obligée de le faire mais nous n'avons pas le choix.
Dumbledore soupira profondément avant de répondre.
— Quoi qu'il en soit, tu es pour l'instant encore trop faible pour leur tenir tête. Cependant, je crois qu'en effet nous n'ayons d'autre solution pour détruire ces maudits Spectres ...
AJ baissa les yeux, réfléchissant tout en se mordillant les lèvres. Après tout, si elle était véritablement immunisée, ça n'allait pas être un grand sacrifice que de combattre les Spockers. Et puisqu'elle en était la seule capable ...
— C'est d'accord, Professeur, déclara-t-elle au bout d'un instant. Dès que je serai de nouveau en forme, je prendrai la Seronohda pour chasser les Spockers ; de toute façon je n'ai plus d'autre désir que de les voir détruits depuis que j'ai été attaquée, et je suis très honorée de la confiance que vous me faites.
— Merci, Amanda, je n'en attendais pas moins de toi. Quand nous aurons besoin de ton aide, je te préviendrai.
La jeune fille hocha la tête en signe d'assentiment. C'était étrange de se retrouver tout à coup chargée d'une telle responsabilité : elle avait l'impression désagréable qu'on venait de lui poser un poids sur les épaules. Ce qu'il allait surtout falloir éviter dans les jours à venir, c'était que cette nouvelle se répande : AJ n'avait aucune envie d'avancer dans les couloirs du château sous les regards intrigués ou admiratifs des autres, qui la considéreraient probablement comme quelqu'un d'absolument exceptionnel mais aussi comme une bête curieuse, alors qu'elle ne faisait que rendre un service qui ne lui coûtait pas grand-chose. C'était déjà largement suffisant de voir les gens se retourner quand ils constataient la présence d'une singulière cicatrice en forme d'éclair sur son front ...
Dumbledore permit ensuite à AJ de quitter son bureau, mais avant de passer la porte, celle-ci s'arrêta et se retourna
— Professeur ? Puis-je vous poser une dernière question, s'il vous plaît ?
— Bien sûr, je t'écoute.
— Comment avez-vous trouvé la Seronohda ?
— Oh, répondit Dumbledore avec un petit sourire, le Ministère me l'a remise après l'avoir découverte lors d'une perquisition au manoir Malfoy, au début de l'année.
Draco attendait AJ, adossé au mur de pierre près de la gargouille qui donnait l'accès au bureau du Directeur. Tout en époussetant distraitement le velours de sa cape, il repensait à ce que Dumbledore lui avait annoncé. Les cours de Potions ... Deux heures en tête à tête avec Hermione, et plusieurs fois par semaine.
Où en était-il, aujourd'hui ? Pendant des années, il avait royalement méprisée cette fille. Mais depuis qu'il avait été forcé de passer tous ses cours de Potions avec elle, plus rien n'était pareil. De Granger, l'abjecte fille de Moldus au sang boueux, elle était devenue la trop belle et si troublante Hermione qui, le temps d'une nuit, l'avait fait chavirer: la nuit du Bal de Noël. Puis, une fois encore, sa vie avait été bouleversée : la mort de son père, assassiné par les Spockers. Un séjour parmi les Mangemorts pour prendre la succession de Lucius Malfoy, officiellement bras droit de Voldemort (et officieusement espion pour l'Ordre du Phénix). Et pour finir, l'attribution arbitraire par Voldemort lui-même d'une fiancée : Ophélia Vablatsky, étudiante à Durmstrang issue d'une des plus nobles familles de Russie.
Aimer une Sang-de-Bourbe, il n'en était plus question. Alors, Draco l'avait haïe. Il avait été jusqu'à la provoquer en duel et, à ce moment-là, il aurait voulu la tuer.
Et à présent ...
Les pensées de Draco furent interrompues par le bruit de la gargouille pivotant pour livrer passage à AJ. Une AJ à l'air complètement hagard, d'ailleurs.
— AJ ? fit Draco en s'écartant du mur. Ça ne va pas, Princesse ?
— Hum ? Oh, si, si, tout va bien, répondit la jeune fille.
— Tu es sûre ? C'est à cause de ce que t'a dit Dumbledore ? Tu peux m'en parler, si tu veux.
— Je t'assure que je vais bien ! s'exclama AJ d'un ton qui laissait fortement supposer le contraire, mais qui demandait également de la laisser tranquille.
Draco n'insista pas. L'heure du déjeuner approchant, ils se dirigèrent en silence vers la Grande Salle. Pour des gens qui ne les connaissaient pas, on aurait pu croire que le Prince et la Princesse de Serpentards étaient légèrement fâchés l'un contre l'autre. Néanmoins, un observateur plus attentif aurait remarqué que la belle AJ Potter avait glissé sa main dans celle de Draco Malfoy, juste le temps d'un bref instant, suffisant pour que Draco comprenne qu'AJ s'excusait de son silence.
Sous le plafond magique de la Grande Salle, qui imitait ce jour-là un soleil timide derrière quelques nuages, de nombreux élèves étaient rassemblés à chaque table, discutant tranquillement en profitant à l'occasion d'un fugitif rayon de lumière. L'entrée des deux Serpentards fit lever quelques têtes ; non pas (en tout cas pas encore) en raison de la nouvelle mission d'AJ, mais simplement parce que, depuis qu'elle avait été sauvée du Spocker, on la considérait comme une miraculée.
Draco rejoignit Blaise Zabini à la table des Serpentards, son meilleur ami après AJ, mais celle-ci ne vint pas immédiatement les retrouver. En effet, un Serdaigle aux cheveux d'un brun sombre et aux yeux noirs venait de se lever, s'était avancé vers elle et l'avait prise dans ses bras pour l'embrasser passionnément.
— Bonjour Hayden, dit doucement AJ au bout d'un instant.
— Bonjour ma belle Amanda, répondit le beau Serdaigle. Tu vas bien ?
— On ne peut mieux.
— Vraiment ? demanda-t-il avec un sourire tandis qu'AJ se mettait sur la pointe des pieds pour l'embrasser à son tour.
— À la réflexion, ça pouvait aller encore mieux, conclut la jeune fille en riant.
La moitié de la Grande Salle les regardait en toussant de façon suspecte, mais ils s'en moquaient royalement. Seul, un certain Poufsouffle blond s'était éclipsé discrètement, les lèvres pincées et ses yeux azur curieusement brillants.
AJ et Hayden se séparèrent ensuite, chaque élève d'une Maison n'ayant en effet pas le droit de s'asseoir ailleurs qu'à sa propre table, et rejoignirent d'une part un autre couple – Melly Kirley et Brian Bloom, et d'autre part un Draco aux joues un petit peu moins pâles que d'habitude. D'accord, Bloom était quelqu'un de bien, ce n'était pas un Poufsouffle, il n'allait pas faire de mal à AJ ... mais de là à s'afficher comme ça ! Il s'en était fallu de peu que le fier Serpentard ne soit venu réclamer sa petite sœur à lui.
Enfin, si les ennuis de ce genre avaient été les seuls qu'il devait supporter, Draco s'en serait accommodé sans trop de mal. Mais en face de lui, bavardant avec Ginny Weasley sans même avoir eu l'air de remarquer sa présence, il y avait Hermione. Avant la fin de la journée, il allait devoir aller la voir, lui parler, lui transmettre la nouvelle annoncée par Dumbledore ... Il y avait des jours, comme ça, où Draco se demandait s'il n'aurait pas préféré se retrouver en face d'un Cognard teigneux au cours d'un match de Quidditch, en plein milieu d'une tempête. Au moins, ça, c'était une situation qui ne dépendait que de lui, de ses réflexes. Là ...
Mieux fallait en finir rapidement. Aussi, quand Hermione se leva et quitta la Grande Salle à la suite de ses amis, Draco rejeta ses couverts, salua AJ et Blaise et partit vers les portes de chêne en marchant tranquillement, avant de se mettre à courir dans les couloirs à la recherche de la Gryffondor. Question de principe : tout, plutôt que d'être vu en train de lui courir après dans la Grande Salle !
La jeune fille n'était pas allée bien loin et Draco, même en s'étant tout d'abord trompé de chemin, la rattrapa sans difficulté. Un second problème intervenait à présent : comment attirer son attention tout en faisant s'éloigner les autres Lions ? Bien sûr, il y avait le coup classique du sac qui craque « comme par enchantement », mais Draco était le Prince de Serpentard, et sa réputation de reptile machiavélique ne s'en serait jamais relevée.
— Confudo, souffla-t-il caché derrière une colonne.
— Hermione ? fit la voix de Weasley un instant plus tard. Ça ne va pas ?
— Non ... Je veux dire, si, si, ça va. Je ... j'ai ... Je crois que j'ai oublié quelque chose. Ne m'attendez pas, je vous rejoins !
Tandis que Draco se félicitait intérieurement de son brillant sort de Confusion, la majorité des Gryffondors présents dans le couloir repartit en haussant les épaules, pendant qu'Hermione se demandait fermement pourquoi elle avait soudain une envie impérieuse d'aller derrière cette colonne, là-bas.
— Bonjour Granger, fit Draco.
Son visage était un parfait masque de je-te-suis-totalement-indifférent-tu-n'as-aucun-effet-sur-moi-qu'est-ce-que-tu-crois-hi-hi-hi, et un petit sourire sardonique courait sur ses lèvres fines.
— Malfoy ? fit Hermione, véritablement interloquée de le trouver là.
Quoique avec Malfoy, il fallait s'attendre à tout ...
— C'est mon nom, en effet.
— Qu'est-ce que tu fais là ?
— Je voudrais te parler.
— Dommage, je n'ai rien à te dire, rétorqua la jeune fille du tac au tac en faisant volte-face.
— Eh ! l'arrêta Draco en attrapant sa manche. Attends un peu Granger, j'ai dit que c'était moi qui devais te parler.
— Mais je n'ai pas envie de passer une seconde de plus avec toi, Malfoy ! s'exclama Hermione en détachant son bras.
— Crois bien que c'est réciproque, répliqua Draco – intérieurement plutôt vexé, bien qu'il ne se soit attendu à rien d'autre. Malheureusement, il se trouve que nous n'avons pas le choix.
— Bon, soupira la Gryffondor, mais dépêche-toi, alors.
— Dumbledore veut qu'on reprenne les cours de Potions. Dès demain.
— C'est une blague ?
— À ton avis ?
Hermione lui jeta un regard noir. On aurait dit que son unique désir en cet instant était de cracher au visage de Draco Malfoy.
— Je te répète que c'est un ordre de Dumbledore, ajouta celui-ci.
La jeune fille ne répondit rien mais n'en pensait pas moins. Elle tourna ensuite les talons et s'éloigna aussi vite qu'elle le pouvait, mais Draco n'essaya pas de la retenir. Il savait déjà qu'elle viendrait à la Bibliothèque le lendemain.
Et il avait raison. Le lundi suivant, en se rendant dans la fameuse salle poussiéreuse, après le déjeuner, Draco aperçut Hermione assise à une table au fond de la pièce, relisant consciencieusement des notes dont il savait qu'elles traitaient du Veritaserum. Souriant intérieurement – Hermione avait un air faussement naturel, comme si elle était venue là tous les jours et que sa présence n'avait rien à voir avec leur discussion de la veille – Draco s'approcha d'elle, posa son sac sur la table, s'assit, sortit les livres qu'il avait apportés et se mit à les feuilleter.
Ils n'avaient pas échangé un mot. En outre, le Serpentard n'osait pas encore relever la tête – était-ce une illusion, ou bien Hermione était-elle véritablement en train de l'observer du coin de l'œil depuis dix minutes ? Cependant, comme leurs recherches auraient sûrement du mal à avancer s'ils refusaient toute forme de communication, Draco décida de faire le premier pas (en se demandant, sans trop d'espoir d'ailleurs, si la Gryffondor se rendait compte de l'immense sacrifice que ça représentait pour lui).
— Alors ... Où est-ce qu'on en était arrivés, déjà ? demanda-t-il d'un ton nonchalant.
— Là, répondit laconiquement Hermione en lui tendant un parchemin.
— « Dosage du venin de Runespoor », lut Draco. Ah oui, je m'en souviens.
— Encore heureux.
— Et qu'est-ce qu'il nous reste ?
— Si un jour l'idée te prend de relire tes notes avant de venir me faire perdre mon temps, préviens moi !
— Ce n'est pas avec tes discours pleins de sagesse qu'on va accélérer, Granger.
La jeune fille émit un petit bruit agacé, mais lui fit tout de même parvenir une liste des tâches qu'ils devaient encore accomplir : mélanges à préparer, ingrédients à analyser, passages de livres à lire ...
— C'est curieux, remarqua Draco, la liste est plus courte que ce que je pensais.
— Normal, expliqua Hermione, je n'ai pas attendu que tu reviennes dans les bonnes grâces de Dumbledore pour continuer à travailler.
— Vraiment ? Je n'ai donc d'autre choix que de te remercier, Granger, fit Draco avec un sourire ironique.
— J'en suis extrêmement touchée, répondit la jeune fille sans lever les yeux de son parchemin.
Draco soupira discrètement. Si leurs relations continuaient dans cette voie, tout allait sûrement recommencer : rancune, animosité, haine refoulée ... Enfin, il n'allait tout de même pas non plus être aimable avec elle ! Il y avait des limites, tout de même. Quoique ... Après tout, ça pouvait peut-être se tenter.
— Il n'y a pas de quoi ... Hermione, tenta le jeune homme en essayant de ne pas écouter la petite voix dans sa tête qui piaillait « Mauvaise idée ! Très mauvaise idée ! »
Instantanément, la jeune fille sursauta et le fixa, l'air éberluée.
— Un problème ... ? fit Draco.
— Comment est-ce que tu m'as appelée ? balbutia la Gryffondor.
— Hermione. Aux dernières nouvelles c'était ton nom.
— C'est mon prénom, corrigea-t-elle. Et il n'y a que mes amis qui m'appellent comme ça, ajouta-t-elle d'un ton farouche.
— Eh bien, je m'en souviendrai ...
« J'avais raison, j'avais raison ! » brailla la petite voix horripilante.
Hermione regardait toujours Draco, avec l'air de se demander si ses neurones fonctionnaient toujours correctement.
— Inutile de me dévisager comme ça ... Granger, fit Draco d'un ton agacé. Je ne suis pas devenu fou, j'essayais juste d'être aimable.
— Et ... ça te prend souvent, des idées pareilles ?
— Non, mais ... je voudrais m'excuser. Pour tout ce que je vous ai fait, à toi, Weasley et Finnigan.
Plus que jamais, la Gryffondor avait une expression totalement ahurie. Puis, lentement, ses traits se détendirent et elle baissa les yeux.
— Comme quoi tout arrive, marmonna-t-elle.
Draco, quant à lui, se sentait furieux contre le monde entier et lui-même en particulier. Être aimable, s'excuser ... ! Non mais vraiment ! « Bravo, Malfoy ! » railla la petite voix. « Merveilleux pour ta réputation, excellent, sincèrement ! Comment as-tu pu en arriver ... »
— Merci Draco, fit soudain Hermione d'une toute petite voix, presque inaudible, interrompant le cours des pensées du Serpentard.
Cette fois, ce fut son tour de sursauter au point de bousculer la table. Mais Hermione fit comme si elle n'avait rien remarqué et garda les yeux rivés sur ses notes. Draco nota seulement que ses joues rougissaient légèrement.
— Cette fois, on y est.
Quelques jours de travail acharné plus tard, Hermione et Draco s'étaient retrouvés dans un cachot, de part et d'autre d'un chaudron fumant. Leur potion était – en théorie – fin prête. Il ne leur restait plus qu'à la préparer.
Les instructions que Snape leur avait données, au début de l'année, étaient d'élaborer une copie du Veritaserum – le plus puissant des sérums de vérité – plus pratique à préparer que l'originale. Les deux élèves n'avaient pas eu trop de mal à trouver des substituts aux ingrédients plus ou moins faciles à se procurer, mais il leur avait été plus dur de trouver un remplaçant au venin de Runespoor. Il leur avait fallu travailler des jours entiers et faire exploser au moins quatre chaudron avant de réussir à créer du venin synthétique. D'ailleurs, ils en avaient été tellement fiers et heureux que sur le moment Draco, transporté par la joie, avait pris Hermione dans ses bras et l'avait fait voltiger. Il avait repris ses esprits un instant plus tard. Trop tard.
Ce soir-là, de la sueur perlait une fois encore sur leurs fronts, mais ils souriaient. Ils étaient enfin venu à bout de ce projet, et on n'était qu'en avril : Snape allait à coup sûr leur mettre la meilleure note dont ils auraient pu rêver.
— Passe-moi le sel de Brocéliande, Granger.
Une pincée de poudre verte plus tard, le chaudron ayant exhalé un gros nuage de fumée mauve, Draco se pencha sur la potion tandis qu'Hermione prenait une petite louche en cuivre.
— Ça m'a l'air d'aller.
— Ecarte-toi, Malfoy, il faut que je remue.
Draco obéit pour laisser place à Hermione. Il profita de cette pause pour aller s'asseoir à un bureau et découper en fines lanières un steak de chèvre à trois cornes.
— Où est-ce que tu as mis le jus de sangsue ? fit la voix d'Hermione.
— Juste à côté de la bouteille de bave de Harpie, répondit Draco sans lever la tête de son travail.
— Merci.
Quelques instants plus tard, ce fut au tour de Draco d'aller s'occuper de la potion : il y ajouta une à une ses bandes de steak, puis prit la louche pour remuer dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.
En bref, ils travaillèrent ainsi au moins deux bonnes heures. Au bout de ce temps, enfin, la potion avait pris la transparence tant espérée. Hermione et Draco contemplaient le résultat de leur travail, sans dire un mot, leurs visages fatigués éclairés par leurs sourires et leurs yeux brillants.
— Bon, ça y est, fit Draco d'une voix un peu enrouée. C'est fini.
— Oui, seulement ... commença Hermione.
— Quoi ? La potion est prête, non ?
— Je pense, oui, mais on ne peut pas en être sûr. Il vaudrait mieux vérifier.
— Je veux bien mais comment ? On ne peut tout de même pas ... Ah non !
Draco, qui venait de comprendre où Hermione voulait en venir, était en un instant passé d'une expression de soulagement à un air furieux. Encore une idée tordue made in Gryffondor !
— On n'a pas le choix, Malfoy ! répliqua la jeune fille. Si on veut être sûrs de nous, il faut la tester !
Draco eut un soupir agacé. Le pire, avec cette fille, c'était qu'elle avait toujours raison ! Ils étaient tous les deux aussi perfectionnistes l'un que l'autre, et plus Draco y pensait, plus il repoussait l'idée de présenter leur potion à Rogue sans être certain de son efficacité. Il fallait donc tester la potion. Mais ...
— Bon, d'accord. Mais qui va le faire ?
Hermione baissa les yeux et ne répondit rien.
— On pourrait peut-être en faire boire à quelqu'un sans le lui dire et lui poser des questions après, proposa le jeune homme.
— J'admire l'éthique et la morale des Serpentards ! rétorqua Hermione avec un rire ironique. Sérieusement, Malfoy ! ajouta-t-elle.
— Si t'as une meilleure idée, dis-le alors ! Tu n'as qu'à la boire toi-même.
— Non !
La protestation était venue si vivement qu'elle fit sourire Draco.
— Des choses à cacher, Granger ? Un grand amour inavouable pour Weasley gardé secret depuis six ans ? Mais ça, Granger, tout le monde le sait déjà !
La jeune fille avait rougi – ce qui réussit à énerver Draco et à fortement lui déplaire – mais affichait à présent un air furieux.
— Mêle-toi de tes affaires, Malfoy ! Tu n'es vraiment qu'un gamin immature ...
— On ne va jamais avancer, si tu passes ton temps à me lancer des insultes minables, Granger. Alors, qui boit la potion ?
— Je ne sais pas ... Peut-être ... qu'on pourrait en prendre une gorgée chacun ? Ça serait plus juste.
— Les Gryffondors et leur fichue justice, soupira Draco en haussant les épaules. Enfin, si c'est ce que tu veux. Mais n'essaie pas de m'avoir !
— Tant que tu ne me demandes rien d'important ...
Draco alla donc prendre deux verres sur une étagère, revint vers le chaudron, puis versa quelques gouttes de potion dans chaque verre. Il en tendit ensuite un à Hermione, qui le regardait d'un air gêné, plus blême que jamais. Elle avait ostensiblement des choses à cacher. Ça promettait d'être drôle ...
— À notre réussite ! fit Draco en trinquant avec la jeune fille.
Et ils vidèrent leurs verres. Instantanément Draco laissa tomber le sien, la vue brouillée et la gorge en feu. Il entendit également un bruit de verre brisé du côté d'Hermione, qui avait porté ses mains à sa gorge et toussait, mais il pouvait difficilement penser à autre chose qu'à sa propre douleur. C'était purement atroce.
Puis soudain, la souffrance s'envola. Draco allait merveilleusement bien, il se sentait mieux que jamais. En face de lui, Hermione avait l'air tout aussi détendue.
— Alors Granger, pose-moi une question ! lança-t-il avec son habituel sourire en coin. Qu'est-ce que tu as toujours voulu savoir sans jamais oser me le demander ?
Hermione mit un moment à répondre, mais le regarda droit dans les yeux pour lui lancer :
— Pourquoi est-ce que tu me hais tant, Malfoy ?
« Ne réponds pas, ne réponds pas, ne réponds PAS ... » fit la voix habituelle dans l'esprit de Draco. Mais malgré toute sa volonté et tous ses efforts, le Serpentard s'entendit répliquer :
— Te haïr ? Pourquoi te haïr, Granger ? Parce que c'est de ta faute si je souffre la martyre à chaque fois que je suis près de toi ? Parce que, depuis que je t'aie tenue dans mes bras la nuit du Bal de Noël, mon cœur s'emballe à l'idée que pour toi il n'en reste plus que des regrets ? Parce que tu es dans mon âme, parce que tu me tortures ?
— Quoi ? s'étrangla Hermione. Qu'est-ce que tu dis ?
— Si je te hais, Hermione, c'est parce que je t'aime.
C'en était définitivement fini du fier Prince de Serpentard. Si Hermione n'avait toujours pas éclaté de rire, ce n'était plus qu'une question de secondes ...
Pourtant, quelques secondes plus tard, Hermione n'avait toujours pas ri. Timidement, Draco releva la tête ... et croisa le regard de la jeune fille, littéralement estomaquée.
— Hermione ? fit-il doucement. Si tu veux partir, vas-y. Tu as même le pouvoir de ruiner totalement ma réputation, si ça t'amuse, ajouta-t-il avec un petit rire qui sonnait faux.
— Ça ne m'amuserait pas, répondit Hermione d'une voix enrouée. C'est juste que ... Je n'arrive pas à y croire. J'en étais arrivée à croire que j'avais rêvé tout ce qu'il s'était passé le soir de Noël ...
— Eh non ... Ton cauchemar était malheureusement réel.
Jamais Draco ne s'était senti aussi mal ...
— Cauchemar ? Je n'ai rêvé que de ça pendant trois mois !
Le Serpentard releva immédiatement la tête. Est-ce qu'il avait bien entendu ? Ou bien est-ce que c'était à son tour de rêver ? Hermione, souriante, s'était levée et, sans bien sans rendre compte, il l'imita. La jeune fille s'avança vers lui à pas hésitants. Arrivée à ses côtés, elle passa les bras autour de son cou et, inspirant avec délices le parfum du beau blond, laissa reposer sa tête contre le torse de Draco. Celui-ci arrivait à peine à croire à son bonheur et passait machinalement sa main dans les longs cheveux d'Hermione.
— Je t'aime aussi, Draco, murmura-t-elle.
C'était la seule confirmation dont il avait besoin pour se pencher doucement vers elle et l'embrasser passionnément.
Chère Amanda
Merci de bien vouloir venir dans mon bureau avant ce soir
Professeur A. Dumbledore
PS : Ma carte de Chocogrenouille vient d'être actualisée.
Le morceau de parchemin roulé en boule dans sa main crispée, AJ gravit lentement les étages jusqu'au bureau du Directeur. Il était 18h et, jetant un coup d'œil par une des fenêtres du septième étage, elle remarqua que le soleil allait bientôt se coucher. Arrivée devant la gargouille, elle marmonna un « Chocogrenouille » d'une voix enrouée, puis s'engagea dans le passage secret. Elle savait bien pourquoi Dumbledore l'avait appelée ...
— Bonjour Amanda, fit la voix du Directeur quand AJ entra dans son bureau.
— Bonjour, Professeur.
— Merci d'être venue tôt. Le temps presse.
— Ce sont les Spockers, n'est-ce pas ?
— Exactement. Ils ont réussi à faire une brèche dans la barrière magique qui entoure le château. Je pense que l'attaque se passera cette nuit.
AJ hocha la tête, pensive.
— Où est la Seronohda ? demanda-t-elle, après avoir constaté que la Sphère magique était invisible.
— Je l'ai rangée dans son armoire, expliqua Dumbledore en se levant pour aller chercher le fameux objet.
La Sphère était, aux yeux d'AJ, plus belle que jamais. Le simple fait de la regarder avait le pouvoir de lui donner une totale confiance en elle ...
— Comment fait-on pour activer son pouvoir ?
Sans répondre, Dumbledore ouvrit à nouveau les portes de l'armoire en chêne, passa le doigt contre la paroi du fond, qui pivota alors sur elle-même, dévoilant un double fond. Le Directeur y prit un flacon de cristal, avant de rendre à l'armoire son apparence habituelle ; il revint ensuite vers AJ.
— Qu'est-ce que c'est ?
— Ce qu'il reste d'élixir de rose noire.
— Je croyais qu'il n'y en avait plus ?
— Plus assez pour libérer un élève en cas d'attaque, non. Mais j'avais demandé au Professeur Snape d'en mettre un minimum de côté, au cas où. Je suis assez content d'avoir eu cette intuition, car sans élixir la Seronohda est inutilisable.
Il posa le flacon à côté de la Sphère, sans plus y toucher.
— Nous activerons la Sphère dans quelques instants, dit-il.
— Pourquoi pas tout de suite ?
— Parce que je te laisse jusqu'au coucher du soleil pour aller retrouver Mr. Malfoy ... Ainsi qu'éventuellement Miss Granger, pour tout leur raconter.
— Quoi ? s'exclama Draco. Dumbledore veut que tu combattes les Spockers seule ? Mais il est fou !
— Calme-toi, Drake ! implora AJ. Nous n'avons pas beaucoup de temps. Et de toute façon, c'est le seul choix qu'on a.
Serrant les mâchoires pour réprimer sa colère, Draco entoura la jeune fille de ses bras.
— Pardonne-moi pour mon égoïsme, Princesse, mais j'ai peur pour toi... murmura-t-il. J'ai déjà cru une fois que les Spockers allaient me priver de toi, je ne veux pas que ça recommence.
— J'aurai de quoi me défendre, Drake, répondit doucement AJ. C'est plutôt eux qui devraient avoir peur de moi.
Draco embrassa tendrement la jeune fille sur le front, puis la libéra et lui adressa un petit sourire triste. Ce fut ensuite au tour d'Hermione de souhaiter bon courage à son amie.
— Fais bien attention à toi, recommanda la Gryffondor.
— Je compte sur toi pour t'occuper de Drake s'il arrivait quelque chose, chuchota AJ à son oreille.
— Ne t'en fais pas, tout ira bien, assura Hermione.
Malgré son apparente assurance, la jeune fille eut du mal à réprimer son émotion devant la confiance qu'AJ lui témoignait : lui confier Draco, c'était bien montrer à quel point elle comptait sur elle.
Le soleil étant sur le point de disparaître à l'horizon, AJ les quitta pour rejoindre Dumbledore.
— J'ai peur, Hermione, fit Draco tout en enlaçant la jeune fille.
— Je sais, répondit celle-ci avant de déposer un léger baiser sur les lèvres pâles du Serpentard.
— Tu es prête, Amanda ? demanda le Directeur.
Ils s'étaient retrouvés dans le Hall du château, la Seronohda reposant sur son socle d'or magiquement allongé pour que la Sphère soit à la bonne hauteur. AJ acquiesça en réponse à Dumbledore. Celui-ci prit alors dans sa poche le flacon d'élixir, l'ouvrit avec précaution, et enfin en versa le contenu sur la Sphère. Etrangement, le liquide ne tomba pas à terre : il se répandit uniformément tout autour de la Seronohda, qui se mit à émettre une forte lueur dorée.
AJ était littéralement hypnotisée. S'il avait encore fallu la convaincre que c'était là l'arme unique contre les Spockers, ç'aurait été chose faite rien qu'en regardant cette Sphère merveilleuse.
— Pose tes mains sur elle, indiqua Dumbledore.
AJ obéit, un peu curieuse de la sensation qu'elle allait éprouver en touchant cette Sphère qui semblait faite de brume. Partagée entre crainte et excitation, elle approcha lentement ses mains de la Seronohda, puis les posa à sa surface. La brume les recouvrit immédiatement, et AJ sentit deux petits éclairs qui couraient sur la Sphère lui frôler les doigts. Elle ne ressentait rien d'extraordinaire ; pourtant, il y avait tout de même quelque chose d'étrange.
— Professeur, fit-elle d'une voix un peu inquiète, je n'arrive pas à détacher mes mains de la Sphère !
— Ça n'a pas d'importance pour l'instant, répondit Dumbledore.
La jeune fille remarqua cependant qu'il avait froncé les sourcils et n'en augura rien de bon. Le Directeur lui tourna le dos et partit ouvrir en grand les portes en chêne du Hall ; AJ le rejoignit, la Seronohda dans les mains. Devant elle, le Parc s'étendait dans la semi obscurité du crépuscule. Elle avança les mains et la Sphère, véritable étoile miniature, illumina toute la pelouse sur plusieurs dizaines de mètres autour d'elle. AJ, rassurée par cette lumière dorée qui ne pouvait qu'être bienfaitrice, leva les yeux vers Dumbledore et lui sourit. Le vieux mage fit de même et, posant la main sur l'épaule de la jeune fille, déclara :
— Tout
ce que tu as à faire, c'est d'aller vers les Spockers. La
Seronohda fera le reste. N'aie pas peur, ajouta-t-il en percevant
une lueur craintive dans les yeux de la Serpentarde, je suis certain
qu'il ne t'arrivera rien. Bonne chance, Amanda.
— Merci,
Professeur, répondit AJ.
Elle fit quelques pas en avant, descendant les marches qui séparaient l'entrée du château de la pelouse, et entendit derrière elle le claquement des portes qui se refermaient. Dumbledore retournait à son bureau pour surveiller la scène depuis sa fenêtre. À présent, AJ n'avait plus que la Sphère. Confiante dans le pouvoir de l'objet magique, elle avança encore, tendant la Seronohda devant elle pour éclairer son chemin. Aucune forme translucide n'était encore visible.
Quelques instants passèrent encore ainsi, où AJ poursuivit son chemin dans le Parc, restant à proximité des portes du château pour pouvoir les défendre en priorité quand les Spockers arriveraient. La Seronohda brillait de milles feux, mais AJ ne voyait toujours pas les Spectres ... Puis, soudain, elle les repéra. Cette fois, ils n'étaient plus complètement transparents mais semblaient porter de grands costumes rouges, comme des bourreaux. Toute la lisière de la Forêt se couvrit peu à peu de ces monstrueux Spectres couleur de sang et, malgré le charme rassurant que la Sphère exerça sur AJ, la jeune fille ne put retenir un frisson d'horreur en voyant combien ils étaient nombreux.
Mais elle devait se ressaisir et dominer sa peur. Prenant une profonde inspiration, elle releva la tête d'un air de défi, et marcha à grands pas vers les Spockers. Quoi qu'il advienne, il fallait que ça arrive vite. Et très rapidement, quelques Spectres s'aperçurent de la présence de cette humaine entourée de lumière. On aurait presque dit qu'ils se léchaient les babines à l'idée d'une telle proie ... L'un deux, le plus audacieux, glissa le premier en direction de la Serpentarde. Il s'arrêta à un mètre d'elle et AJ sentit qu'il commençait à faire agir sur elle le charme des Spockers : faire perdre à leur victime toute volonté de combattre ou de se défendre. Mais AJ lui résista ; d'un geste instinctif, elle éleva la Sphère, la tendit devant le Spectre et, en un instant, celui-ci disparut avec un râle lugubre. Sur la Seronohda, un petit éclair rouge venait de naître ...
AJ eut un cri de triomphe : enfin, elle avait la certitude d'avoir entre les mains une arme puissante, et la faculté de détruire tous ces Spockers immondes ! Remplie d'un nouveau courage, elle vit venir à elle un Spectre, puis un autre, et à chaque fois tous subissaient le même sort. Ils étaient des centaines, mais elle seule avait le pouvoir. Toute la nuit, AJ courut d'un Spocker à l'autre dès qu'ils faisaient mine de s'approcher du château, et toute la nuit, le Parc illuminé par la Seronohda retentit des râles informes poussés par les Spectres détruits ...
L'aube se leva enfin, puis les premiers rayons du soleil apparurent pour concurrencer la lumière de la Seronohda. AJ était de plus en plus épuisée mais restait toujours vaillamment debout, et les Spectres se faisaient de moins en moins nombreux ... Plus qu'une vingtaine ... Encore dix ... Cinq ... Un petit peu moins de trois ... Enfin, AJ leva ses yeux cernés sur le dernier Spocker. Visiblement moins téméraire que les autres, il s'était tenu à l'écart tout au long du combat. À présent, il tentait de reculer vers la Forêt, mais AJ avait bien l'intention de ne pas le laisser fuir. S'il réussissait à lui échapper, il pourrait un jour ou l'autre revenir attaquer quelqu'un, ou pire encore : se reproduire et relancer toute une lignée de Spockers. C'est pourquoi la belle Serpentarde, au teint rendu crayeux par une nuit si éprouvante, courut après le plus lâche des Spockers, le rattrapa à la lisière de la Forêt Interdite, et tendit la Sphère vers lui dans un geste victorieux.
Elle l'entendit plus qu'elle ne le vit disparaître car, terrassée par l'épuisement, elle ferma les yeux et se laissa doucement glisser à terre dès l'instant suivant, la Seronohda toujours serrée entre ses bras.
Pour les habitants du château qui, tels Draco ou Hermione, avaient suivi le cours de la bataille avec angoisse, ce fut le signal de l'euphorie générale. Des cris de joie retentirent dans tout Poudlard, réveillant les plus jeunes qui n'avaient pas été mis au courant du danger qu'ils avaient couru, pour éviter qu'ils ne paniquent. Hermione sauta dans les bras de Draco, ainsi que Melly le fit avec Brian, tandis qu'Hayden se laissait tomber dans un fauteuil près de leur fenêtre d'observation avec un soupir de soulagement. En effet, les cinq jeunes gens avaient ensembles passé la nuit les mains crispées sur le rebord de la fameuse fenêtre, priant Merlin et tous les dieux connus pour qu'AJ s'en sorte.
Néanmoins, ce moment d'exultation fut de courte durée. D'une part, ils étaient tous exténués et d'autre part, ils ne voulaient pas perdre leur temps à faire la fête insouciamment alors qu'AJ gisait toujours sur la pelouse du Parc, probablement à bout de forces. Melly et Brian étaient les plus fatigués et s'étaient déjà endormis, enlacés, sur un canapé, de sorte que les trois autres préférèrent les laisser tranquilles. Ils quittèrent la salle où ils avaient établis leur poste d'observation et, bâillant à s'en décrocher la mâchoire, prirent l'énorme morceau de chocolat qu'ils avaient été chercher plus tôt aux cuisines et partirent vers la sortie du château.
Quelques instants plus tard, ils étaient tous trois agenouillés près d'AJ. Délicatement, Hayden prit dans ses bras son corps assoupi et la fit s'asseoir contre un tronc d'arbre tout proche. Etrangement, AJ s'était arrangée pour ne pas lâcher la Seronohda, qui brillait toujours, bien qu'un peu plus faiblement qu'au cours de la bataille. Hermione sortit de sa poche une bouteille d'eau – également « empruntée » aux cuisines – et fit boire la Serpentarde avec précaution. AJ toussa, se frotta les yeux, puis les ouvrit. En voyant ceux qui l'entouraient, elle ne dit rien mais sourit avec ravissement. Tout allait bien, ils étaient sains et saufs ...
— Prends ça, Princesse, fit Draco en coupant un morceau de chocolat et en le tendant à AJ.
Elle le prit d'une main faible et le grignota lentement. Au fur et à mesure que Draco lui donnait du chocolat, le visage de la jeune fille reprenait des couleurs. Elle parvint finalement à articuler un « Merci » d'une petite voix.
— C'est plutôt à nous de te remercier, mon ange, répondit Hayden en embrassant tendrement la Serpentarde.
AJ sourit à nouveau puis tenta de se relever, vacilla, mais fut rattrapée par les deux garçons.
— Tu peux laisser la Sphère, maintenant, lui dit Hermione en voyant qu'AJ avait toujours ses mains crispées sur l'objet.
— Non ... je veux la garder.
La Gryffondor haussa un sourcil et tourna la tête vers Draco. Visiblement, il avait la même impression qu'elle.
— AJ, tu ferais mieux de la laisser ici, on reviendra la récupérer.
— Non, non ... Je la garde.
— Amanda ? fit la voix un peu inquiète d'Hayden.
Mais la jeune fille ne les écoutait plus. Un vague sourire aux lèvres, elle s'était complètement laissée absorber par la contemplation de la Seronohda. Hayden fronça les sourcils et lui prit le bras.
— Allez viens ma belle, on y va, dit-il en l'entraînant.
D'un geste agacé, AJ dégagea son bras et se pencha un peu plus vers la Sphère. L'expression terriblement vexée qu'afficha Hayden aurait été comique si la situation n'avait pas été aussi étrange, voire inquiétante.
— AJ ? fit doucement Draco. Qu'est-ce qu'il y a ?
— Je dois aller dans la Forêt, répondit-elle d'une voix qui ne lui ressemblait pas.
— Quoi ? s'exclama Hermione, de plus en plus nerveuse. Mais pourquoi ?
— Il le faut, c'est elle qui me le demande.
— Elle ? répéta Hayden, se tournant vers les deux autres avec un air d'incompréhension.
— Je pense ... qu'elle parle de la Seronohda, répondit Hermione.
— Qu'est-ce que tu veux dire ? interrogea Draco.
— J'ai l'impression qu'on ne sait pas tout sur cette Sphère. Elle ne m'a pas l'air entièrement bénéfique, en fin de compte.
— Tu as peut-être raison ... Mais Dumbledore ? Il aurait dû le savoir, non ?
— On ne sait pas d'où elle vient, au départ. Je n'avais jamais entendu dire que Dumbledore avait un objet pareil dans son bureau.
— Mais au fait, où il est, Dumbledore ?
— AJ ? Où est-ce que tu vas ?
Hayden avait interpellée la jeune fille ; en effet la Serpentarde, bien loin de s'occuper de leur conversation, était en train de s'éloigner d'eux. Elle avançait dans la Forêt Interdite, évitant sans problème les ronces et les racines bien que ses yeux soient toujours fixés sur la Seronohda.
— Je crois que c'est la Sphère qui lui indique le chemin, fit Hermione.
— Mais on ne peut pas la laisser partir comme ça ! s'insurgea Draco.
Hayden acquiesça d'un signe de tête.
— On ferait mieux de la suivre.
Les deux autres l'approuvèrent et, sans plus de discussion, ils s'enfoncèrent dans la Forêt à la suite de la Princesse des Serpentards.
Alors ? Ce chapitre vous a plu ? Attention, plus que deux avant la fin de la fic ! Le prochain est déjà écrit, il ne devrait pas trop tarder à arriver, donc. Mais en attendant, j'espère bien recevoir de vous des MILLIARDS de reviews pour me dire ce que vous avez pensé de celui-ci !
Gros bisous chers reviewers
Lily Evans 2004
