«Seigneur Milo!Seigneur Milo!»
Je relevai la tête, intrigué par la provenance et l'origine de cet appel impatient. C'était sans aucun doute une voix féminine, car très aigüe et frêle.Sûrement une des nouvelles servantes...Il ne me semblait pas encore la connaître, à mon grand damne... mais je comptais bien combler ce manque certain de courtoisie dès que je le pourrai...
En effet, je ne m'étais pas trompé et je tombai nez-à-nez avec une charmante créature dont les cheveux dorés étaient rassemblés en une longue tresse.A ses vêtements, on devinait qu'elle n'avait rien de très raffiné et le tablier sale qu'elle portait me conforta dans ma première impression.Elle s'arrêta quelques instants afin de reprendre son souffle, il faut dire qu'elle venait de monter tous les escaliers menant à mon temple, en courant! Je devinai à ce simple acte naïf que ce devait être son premier jour ici!
«Seigneur Mi-Milo!» S'étonna t-elle ne me voyant à quelques mètres seulement d'elle.C'était plus un constat qu'une question.Il faut dire que je n'avais pas revêtu mon armure d'or et qu'il aurait été facile de me confondre avec quelqu'un d'autre.Il était d'ailleurs assez peu fréquent de me voir déambuler ici dans une tenue aussi... «informelle».Mon armure m'octroyait une confiance en moi inébranlable et me rendait plus crédible, plus distant aussi...Elle faisait partie intégrante de tout le mythe qui entourait les preux chevaliers d'or.Me voir vêtu de manière aussi «anodine» au Sanctuaire, devait être perçu comme un certain relâchement, voir une hérésie et devait constituer un spectacle très insolite.Pourtant, la jeune fille me reconnu immédiatement, même si sa voix semblait avoir marqué une hésitation.Je m'approchai d'elle, le plus naturellement possible afin de ne pas l'effrayer.Les jeune servantes de son âge étaient si impressionnables et émotives! Aussi, pour m'adresser à elle, je pris ma voix la plus douce et rassurante:
«-Qu'y a t-il? Parle, je t'écoute.
-Le Grand Pope tenait à ce que je vous fasse savoir que c'est aujourd'hui que sont attendus les derniers chevaliers promus et qu'il va y avoir un grand buffet ce soir, organisé en leur honneur, pour leur souhaiter bon retour parmi nous, débita t-elle, comme si elle avait appris son texte par coeur.-Oh, vraiment? J'avais complètement oublié...Y a t-il autre chose dont le grand Pope souhaiterait s'entretenir avec moi?
-Non...pas que je sache.Il veut juste que vous vous teniez prêt et à disposition.
-Je vois.Transmets-lui que je viendrai lui faire un rapport détaillé sur chacun d'eux dès demain, à la première heure, ajoutai-je.
-Bien, monseigneur!» s'exclama t-elle en se redressant, comme si elle se sentait tout à coup investie d'une mission capitale.
Je la regardai poursuivre son ascension avec un entraint non dissimulé.Il était si rare d'avoir du personnel compétent de nos jours et sa passion m'anima un peu plus.Ces dernières semaines avaient été bien ternes pour moi.Je n'étais plus sorti de mon temple que pour effectuer mes rapports quotidiens et surveiller quelques «suspects».Cela faisait plusieurs jours que je n'étais pas descendu à l'arène, ce qui constituait une de mes activités favorites d'habitude.Mais ces derniers temps, je n'en n'avais ni l'envie, ni le besoin.
J'avais encore tué un chevalier de bas étage la semaine dernière et je n'avais toujours rien ressenti.Cela me faisait un peu peur car j'avais l'impression de perdre le contrôle sur mon corps et mes pensées.Ce n'était tout de même pas comme si j'étais envoyé pour exécuter le premier chevalier suspect des environs, en général, je connaissais assez bien mes victimes, parce que...c'était moi qui les choisissais et qui rendait compte de leur «culpabilité indiscutable» au Pope.Ce dernier me faisait entièrement confiance depuis que j'avais mis à mal un groupe de renégats souhaitant s'allier à la Fausse-Déesse.Aussi, me laissait-il carte blanche et ne remettait jamais mon jugement en question, tout comme je me fiais aveuglément au sien.Quand à ma vie sociale, elle était innexistante.
Tous les chevaliers étaient sur le pied de guerre, prêts à faire face à une éventuelle attaque ennemie, alors autant dire que l'ambience n'était pas vraiment propice au tissage de liens affectifs.Mon seul contact avec le microcosme que constituait le Sanctuaire, venait donc uniquement des servantes et des quelques disciples admiratifs, qui osaient à s'aventurer jusqu'à mon temple.A vrai dire, j'avais toujours eu un franc succès auprès de la gente féminine.Ce n'était un secret pour personne ici et je suppose que cela faisait de moi le rival idéal d'Aiolia, l'autre bourreau des coeurs officiel du Sanctuaire.Seulement...lui était doté de cette sensibilité, de cette candeur qui l'empêchait de se donner sans aimer.Ce qui n'était pas mon cas, fort heureusement! Aiolia avait un succès certain, mais il n'était pas de ces chevaliers qui usent de leur grade pour s'attirer les faveurs des demoiselles.Ses sentiments étaient sincères et il les protègeait jalousement.Il avait très mal vécu l'assassinat de son frère, mais encore plus sa trahison.
Aussi semblait-il se sentir obligé de redoubler d'effort pour mériter sa place au Sanctuaire.La trahison de son frère l'avait mis en ligne de mire et encore plus qu'un autre, il n'avait pas droit à l'erreur...Tout le monde s'attendait à le voir trébucher, pour mieux pouvoir le lapider après...Ah...maudit Aiolia est ses idées romantiques...Sa franchise le perdra toujours, quel dommage... Dire que la plupart des servantes ne sont pas du tout farouches et qu'il ne profite même pas de ce véritable vivier...Tant pis pour lui et tant mieux pour moi, cela me laissait un plus large choix...
Mais brusquement, un coup de clairon strident me tira de mes pensées.Je me penchai pour constater de quoi il s'agissait et compris rapidement que les nouveaux arrivants venaient de faire leur entrée en bas, sur la plage.Déjà, bon nombres de chevaliers s'y pressaient et je décidai de les imiter.En réalité, je n'étais pas spécialement curieux de savoir à quoi ressemblaient les nouveaux, mais ma présence avait expressément été EXIGEE par le Pope.Plus par souci d'accomplissement de ma mission que par politesse, je me mis à descendre la colline.Je ne m'étais même pas changé et je n'étais même pas sûr d'être présentable.En tous cas, je n'avais rien de mieux à faire dans l'immédiat, les arènes devant fermées et les servantes débordées...
Il y avait déjà beaucoup de monde quand j'arrivai enfin.La crème du Sanctuaire semblait s'être réunie et même la majorité des chevaliers d'or avait fait le déplaçement.Bien-sûr, l'illustre Shaka, saint de la Vierge, brillait par son absence, mais après tout...cela n'avait pas grande importance.Etant l'Homme le plus proche des Dieux, il devait sûrement se trouver au dessus de tous ses devoirs de courtoisie et du sentiment même de «camaraderie».Je suis à peu près certain que les nouveaux chevaliers auraient regretté de lui faire manquer son rendez-vous quotidien avec Bouddah, ou pire...de l'interrompre en plein milieu d'un important dialogue chargé de vérités innénarrable à nous autres, simples mortels...
Il y avait vraiment foule mais je n'eu aucun mal à me glisser parmi la masse.Après tout, j'étais un Chevalier d'Or et il était temps de faire valloir mes privilèges.Je me rangeai aux côtés d'Aldébaran, le doux géant et d'Aiolia, le fier léonin.Ce dernier ne manqua d'ailleurs pas de me faire des reflexions désobligeantes sur ma tenue vestimentaire, qu'il jugea trop «décontractée» pour l'occasion.Mais je n'avais que faire de ses commentaires.J'étais trop occupé à observer les nouveaux.De mon regard expert, je les analysais, les passant sous toutes les coutures.
Aucun détail ne m'échappait et pour le moment rien n'attira particulièrement mon attention.Tous étaient assez agés et il s'agissait souvent de chevaliers d'argent.Mais tout à coup...un chevalier attira mon attention...J'étais bouche bée, jamais je n'avais rien vu de tel, de toute ma vie.Un homme de mon âge à peu près, grand et fin, avançait en queue de peloton.Il semblait plus réservé que ses confrères et son visage délicat affichait une véritable pureté.Mais ses grands yeux bleux semblaient emplis de tristesse et d'une douloureuse froideur.Ses longs cheveux d'azur voletaient derrière lui, comme une écharpe divine et il semblait vraiment perdu.Cela lui donnait un air touchant...Il se dégageait de lui une telle aura, un tel charisme...que je ne pouvai détacher mes yeux de lui.
Et apparement, je n'étais pas le seul à le convoiter: tous les regards avides étaient posés sur lui.Il semblait gêné, mais il gardait la tête haute et le regard fier, presque... illisible...Comme s'il portait un masque qui muselait ses expressions faciales.Je le suivi du regard aussi longtemps que je le pu alors qu'il s'éloignait avec le cortège.Alors qu'il fut bientôt hors de portée de mes yeux, je senti comme un manque...Un manque me consumer, me dévorer...Conscient du trouble qui devait se lire sur mon visage, je tentai de me calmer.Aldébaran se contenta de croiser les bras mais Aiolia semblait pensif, lui aussi:
«-La cérémonie de ce soir promet d'être très belle.Les nouveaux ont l'air...intéressant...se senti obligé de commenter le colosse brésilien.
Oui...Quatre nouveaux chevaliers d'argent et le dernierchevalier d'or à nous...
...Chevalier d'Or! Coupai-je Aiolia.
-C'est exact.D'après ce que j'ai ouïe dire, il s'agirait du saint du Verseau...poursuivit sérieusement Aldébaran.
- Oui!C'est le charmant jeune homme a l'air si dur qui rentre tout juste de Sibérie!Je vais vite le réchauffer, moi!S'enthousiama l'androgyne Aphrodite, chevalier du poisson.
-Oh...celui-là...je comprends mieux son air hautain et détaché maintenant, soupira Aiolia.
-Tu exagères!Il n'a pas l'air si prétentieux que ça.Juste un peu...coinçé?Peût-être qu'il est frigide le pauvre chou!
-En tous cas, il était nettement moins expressif que les autres.Son visage était fermé et son regard inhôspitalié.A mon avis, il n'est pas ici pour se faire des amis! Clarifia Aldébaran.
-Hum...c'est aussi ce que je crois...pourtant il va bien nous falloir travailler ensemble...poursuivit Aiolia.
-J'espère qu'il se lâchera un peu plus à la fête de ce soir!
-Et toi, qu'en penses-tu, Milo? Tu es resté bien silençieux. Après tout, c'est bien toi le spécialiste des comportements ici, m'interpela amèrement Aiolia, sur le ton du reproche.
-Je ne sais pas...je ne m'en suis pas préoccupé.Rien ne sert d'échaffauder des théories vaseuses.Nous verrons bien puisque de toutes façons, nous serrons amenés à le côtoyer.Il faut juste garder nos préjugés de côté et essayer de rester acceuillant.»
Mais quel idiot! Qu'est-ce qui m'avait pris de dire une chose pareille? Cela ne ressemblait pas à du tout à ce qu'ils voulaient entendre! Ils devaient sûrement penser que je descendrai le Saint du Verseau en flèche, comme je le faisais avec tous les autres...Ma prise de parti devait être plus que suspècte, si j'en jugeai par l'expression faciale de mes compagnons.Ils semblaient profondément étonnés et Aiolia était même choqué.Mais en réalité, le plus surpris, c'était bien se faisait-il que ce chevalier ait tellement attiré mon attention et de manière si...positive? Pourquoi ma méfiance naturelle n'avait-elle pas cherché à s'imisser dans mes jugements?
Devant le silence malsain qui règnait, Masque de Mort senti bon de nous rejoindre et d'intervenir:
«-Eh!Vous avez vu les nouveaux?Ohé?C'est quoi ces tronches de trois kilomètres que vous tirez?Qui est décédé?Quelqu'un que je connais? S'agita t-il.Non, hum...c'est...sans importance...Je retourne dans mon temple, fit Aldébaran.
- Peu importe!Je n'ai plus rien à faire ici, je vais m'entraîner, continua Aiolia en me jetant un regard noir.
-Moi, je vais aller jardiner un peu...j'ai créé une nouvelle variété de roses et j'en suis tout excité!Ne fais pas attention à leur attitude, Milo.Moi je t'aime bien quand tu es tolérant!Ca change!Allez, bye!Tu viens, Masque de Mort?
-Mais qu'est-ce qui s'est passé ici!Quelqu'un va me répondre!S'énerva le Cancer.
-Je t'expliquerai, maintenant viens!Tu fais tâche en plein milieu du chemin, à brailler comme une oie»...soupira Aphrodite.
Je les regardai s'éloigner tout les deux.C'était fou comme Masque de Mort pouvait se calmer facilement en présence d'Aphrodite.Peût-être était-ce dût au fait que ce soit les deux chevalier à la plus mauvaise réputation du Sanctuaire...Les deux seuls qui tuaient, en dehors de moi.Pas pour les mêmes motifs évidemment, et de là venait le mépris des autres.Aphrodite et Masque de Mort n'avaient jamais caché leur goût pour le sang, ils avaient toujours été honnêtes à propos de cela.Leur franchise était honnorable quelque part, parce qu'ils ne jouaient pas un double jeu.
Dans le fond, peût-être ne vallais-je pas mieux qu'eux...Qui étais-je pour prétendre pouvoir juger les autres et en finir avec leur vie, leurs rêves et leurs espoirs?Je me voilais sûrement la face, alors qu'il serait si simple...de devenir comme eux...de me laisser aller...Dans le fond, peût-être que j'étais même pire.Je ne ressentai rien en tuant.J'étais un assassin froid et cruel de ce fait, n'était-ce pas...inhumain?
Je secouai la tête et me mis à rire tout bas. «Me voilà encore en train de divaguer et de culpabiliser pour le fait de ne ressentir aucun plaisir en prenant une vie, maintenant!» Pensais-je, me rendant compte que j'étais totalement ridicule et illogique.Totalement à côté de la plaque.Je devais plutôt me réjouïr de ne pas être comme eux, cela signifiait que j'étais encore un Chevalier, encore un être noble et respectable, qui ne faisait que son devoir.Et puis, cela m'évitait d'être exclus des autres ainsi.Lassé de mes pensées futiles, je décidai donc de retourner à mon temple afin de me changer.J'allais revêtir mon armure et imiter Aiolia.J'avais grand besoin de me défouler et de pratiquer un peu si je ne voulais pas me rouiller.Et puis...je devais évacuer ce trop plein de questions existencielles.
Après un quart d'heure passé à me préparer, je descendis enfin aux arènes.Elles n'étaient pas spécialement occupées.La plupart des chevaliers et du personnel devait être en train de préparer la fête de ce soir.Je reconnu immédiatement le cosmos si familier et si bouillant d'Aiolia, qui s'entraînait dans un coin de l'arène.Mais, à vrai dire...ce fut un atroupement inhabituel qui attira mon attention.
Un groupe d'apprentis et de servantes s'était rassemblé autour d'un chevalier.C'était plutôt courant et comme tout un chacun ici, j'avais déjà eu à faire à mon fan club. Mais là...j'étais vraiment surpris car ils parassaient tous...calmes.Comme si on venait de leur balançer un sortilège soporifique.Les filles ne criaient pas comme des hystériques et les garçons ne sautillaient pas partout.Bizarre...quel était donc le chevalier capable d'un tel prodige? Cela m'intrigua et je devais me renseigner, en tant qu'émissaire du Pope, bien entendu...
Tous étaient étonnament silençieux et concentrés, comme s'ils assistaient à un cours magistral passionant.Et je compris en m'approchant...Le saint du Verseau se trouvait au centre du petit cercle qu'ils avaient formé.Il semblait expliquer quelque chose de sa belle voix mélodieuse, mais plus virile que son apparence fragile ne le laissait supposer.Sans vraiment entendre ni comprendre de quoi il était question, je ressentais déjà l'apaisement de son auditoire.D'autres jeunes se joignirent à la ronde, et même certains chevaliers.Le saint du Verseau ne semblait pas vraiment à l'aise parmi une telle promiscuité, malgré tout...il conservait son sérieux et tentait d'exposer sa thèse de la façon la plus claire et impartiale qui soit.Poliment, il écoutait les questions et les considèrait soigneusement avant d'y apporter une réponse.
Franchement, je fus surpris de sa patience et surtout, je l'en admirai d'autant plus.Il agissait comme s'il n'était pas au courant des regards envieux qui se posaient sur lui et je remarquai même que certains hommes le regardaient d'une manière beaucoup moins innocente...Ce que je croyais m'être uniquement réservé jusqu'ici! Mais le chevalier d'or semblait être indifférent à une telle compagnie, car quand tout ce petit monde retourna vaquer à ces occupations, son visage ne changea pas d'expression.Aucun soulagement, ni aucune peine.Je commençais à perdre de mon objectivité et décidai que le mieux à faire serait de cpntinuer à l'observer dans l'ombre, afin d'aller faire mon rapport au Pope de la façon la plus complète qui soit.Après tout, il s'agissait là d'un chevalier d'or et à en juger par le rayonnement et l'influençe qu'il avait sur les autres, il pourrait devenir un très dangereux ennemi pour notre communauté, s'il prévoyait de se dresser contre le Grand Pope.Et je ne pouvai pas décemment le laisser faire et tromper ainsi ma vigilance! Peût-être que tout cela n'était que de l'esbrouffe qu'il jetait aux yeux de ses adversaires et que je commençais déjà à en être victime.Je devais en avoir le coeur net.C'est ainsi que je me lançai à sa poursuite...
Après les deux heures que je passai à le filer discrètement, toujours aucun mobile d'inculpation...Le chevalier du Verseau continuait à agir comme s'il n'était pas conscient de son effet sur les autres.Il ne se passait pas un seul instant sans qu'il ne soit accosté ou dérangé, mais il n'en nourrissait aucune rancoeur. Etonnante, cette faculté qu'il avait de se tenir à dispostion des autres.Mais peût-être se comportait-il ainsi car il s'agissait de son premier jour ici?C'était sans doute cela...on sentait bien qu'il n'en n'était pas victime tous les jours! Même un ange perdrait patience à force, bien que le fait de se sentir adulé soit très réconfortant.Mais au vu de sa popularité immédiate et grandissante, je me dit qu'il pourrait vite se construire une place de choix au Sanctuaire...
Tout de même, parfois il semblait si indifférent à ce qui se passait autour de lui, que j'en vins à me demander si les autres chevaliers d'or n'avaient pas raison.Peût-être ne s'agissait-il que d'un chevalier arrogant, n'ayant besoin de rien, ni personne.Mais en même temps, il était d'une telle disponibilité et implication dans ses gestes et paroles que je ne savais plus quoi penser.Un véritable personnage ambigüe qui ne laissait rien transparaître...Pas facile dans ces conditions de pouvoir en dresser le portrait au Grand Pope avant ce soir!
Malgré le désir que j'avais de rester méfiant, toute trace d'animosité commença à s'estomper...et je du admettre à contre coeur que le Saint du Verseau n'était rien de plus que ce qu'il semblait être: Une personne intensément renfermée sur elle-même, sans ambition d'aucune sorte, et aussi dévoué à Athèna que n'importe lequel d'entre nous.Mes suspiçions s'érosaient et une chose inattendue arriva. De nouveaux sentiments apparurent, un mélange de curiosité et d'autre chose...que je n'arrivais pas à définir.S'en était presque douloureux et très intense.Des sentiments particuliers sur lesquels je n'arrivais pas à mettre un nom.Le chevalier s'éloigna et j'hésitai à continuer mon investigation.
Je me sentais confus et je n'y étais vraiment pas accoutumé.Quelque chose s'était embrasé en moi et me consumait tout entier. J'avais toujours été très clair sur les sentiments que je me permettais envers telle ou telle personne.Mais lui...il éveillait des choses si étranges en moi, que je me senti mal à l'aise de le suivre ainsi, ce qui ne m'était jamais arrivé lors d'une de mes précédentes filatures.En même temps, alors que je le regardais s'éloigner, je me sentais tout aussi mal et une cruelle douleur commençait à croître dans ma poitrine.Je décidai qu'il n'y avait rien de plus que je puisse faire pour aujourd'hui et qu'il ne me restait plus qu'à attendre le banquet de ce soir.Je regagnai donc ma maison zodiaquale un peu dépité, n'ayant rien appris de concret, mais bien décidé à oublier mon mystérieux nouveau confrère...
