Merci de la review Lord Mako! Pour ce qui est de Camus en
métaphysicien, oui l'idée est excellente! C'est une image rigoureuse
qui la va très bien, je trouve.Et tu as raison, la philosophie est
généralement trop molle et elle ne sert qu'à pousser des coups de
gueule passifs...Mais si elle est utilisée avec profondeur, il en
découle de très belles vérités universelles et une meilleure hygiène de
vie! En tous cas, j'espère que tu continueras ta fics!
Ma discussion avec Camus, même si elle était sans rapport direct avec ma dispute avec Aiolia, m'avait ouvert les yeux sur mon intolérance.Aiolia avait besoin d'aide et je voulais juste lui dire que je n'étais pas fâché après lui.Il fallait qu'il sache que j'étais prêt à l'écouter, si quelque chose le tracassait.Je me diraigeai donc jusqu'à sa maison zodiacale, sachant qu'elle se trouvait de l'autre côté du Sanctuaire.Il me faudrait affronter Shaka avant de l'atteindre...ce qui était loind 'être aussi simple qu'il y paraissait.Certains chevaliers d'or ne se formalisaient pas des allers et venus dans leurs temples, points de passages obligés.Mais Shaka n'était pas de ceux là...il détestait par dessus tout être dérangé ce qui était problèmatique quand on savait que son temple était un point stratégique au Sanctaire.En effet, étant la sixième maison, il faisait la jonction entre la partie haute du Sanctuaire, celle où je vivais ainsi que Shura, Camus et Aphrodite, les deux autres maisons étant laissées vacantes depuis des années; et celle où vivaient Aiolia, Masque de Mort et Aldébaran, la maison de Mü étant innoccupée.J'entrai alors dans le temple de la Vierge et enflammais mon Cosmos pour signaler ma présence et le fait que mes intentions n'étaient pas belliqueuse.Shaka se trouvait au centre de sa maison, en position du Lotus.Je décidai donc d'écourter mon séjour ici pour ne pas l'interrompre dans sa méditation.Mais c'était sans compter sur sa méfiance...
«Où vas-tu, Chevalier du Scorpion?»
Il n'ouvrit même pas les yeux pour s'adresser à moi.Au sanctuaire, il était parmi les seuls, pour ne pas dire le seul à ne pas m'appeler par mon prénom.Je m'arrêtai pour répondre, un peu exaspèré.J'étais un habitué des passages réguliers par son temple, parce que j'avais souvent à faire dans le basse-partie du Sanctuaire, mais Shaka était vraiment pire que la douane!Il était tenu de me demander ce que j'allais faire en bas, mais tout de même, rares étaient ceux qui le faisaient! Je soupirai lassivement et bruyament, sans me retourner:
-«Je vais voir Aiolia, chevalier du Lion.
-Vraiment? Je me demande bien ce que tu peux encore avoir à lui raconter étant donné que vous passez le plus clair de votre temps ensemble...»Shaka le Sage me semblait bien renseigné pour quelqu'un de si associal et indifférent.Peût-être se passionnait-il pour les commérages après tout? Ce ne serait pas une si mauvaise chose, puisque ça prouverait qu'il est humain malgré ses grands airs.
-«Je ne vois pas vraiment en quoi cela te concerne, répondis-je sèchement.Mais j'apprécie sa compagnie, ajoutai-je.Un sentiment que Shaka le misanthrope ne connaitrait jamais...
-Tu sais que le Grand Pope a ordonné que lesallers
et venus soient réduits au strict nécessaire
pour
plus de sécurité?
-Oui, merci.Je suis au courant, répondis-je en m'éloignant, bien décidé à écourter ce dialogue stérile.Bonne journée, Shaka! »Lançai-je en agitant la main
Vraiment, je détestais perdre du temps avec lui...et c'était systématique.Si j'étais de nature paranoïaque, j'aurai tendance à croire qu'il m'en voulait personnellement.Mais l'expérience m'avait appris qu'il se comportait de la même façon avec tout le monde, bien que je sois le seul à qui il tape sur les nerfs à ce point.Shaka était tout de même très étrange, un peu coinçé même!Je souri en pensant que de toutes façons, la bizarrerie semblait être un critère de recrutement pour les chevaliers d'Or...Nous étions tous des cas pathologiques et certains étaient même de vraies carricatures...Tout d'abord, il y avait Mü, le grand absent notoire, dont personne ne savait presque rien.Ensuite, Albébaran, le colosse au coeur d'or, pacifiste et amoureux de la nature...
Masque de Mort, qui portait décidément bien son surnom, étant donné qu'il se servait de la dépouille de ses adversaires comme trophée mural; Aiolia, le frère de traître qui cherchait à tous prix à laver l'honneur baffoué de son frère, en payant pour son crime alors qu'il n'en n'était pas responsable.Puis, le non moins célèbre Shaka, l'Homme de plus proche de Dieu et réincarnation de Bouddah, s'il vous plaît! Au Sanctuaire, on jasait beaucoup sur lui et son petit côté autiste.Le Vieu Dokho, aussi, chevalier de la Balance depuis des centaines d'années et qui passait ses journée à méditer sous des cascades.Bien-sûr il avait moi...le lèche-botte du Pope, comme je l'avais si souvent entendu dans la bouche d'autres chevaliers...Ayoros, le traître que personne n'aurait suspecté pourtant d'un tel retournement de veste, tant son attitude était exemplaire; Shura le taciturne Capricorne fanatique de la Déesse Athèna dont il époussetait la statue chaque jour. Camus...le glacial chevalier du Verseau, qui cachait je ne sais quel traumatisme émotionnel, mais sur lequel je ne souhaitais pas m'étendre...et enfin, Aphrodite, l'Horticulteur à l'allure si androgyne et aux manières si efféminées.
A bien y réfléchir, ça faisait une belle brochette de... «personnes psychologiquement dérangées» et une bonne thérapie de groupe ne serait du luxe, pensais-je en souriant de notre propre pathétisme.Il est vrai que tous les maux n'étaient pas tous de la même gravité, mais je me demandai parfois comment certains s'étaient retrouvés à un poste aussi important et comment ils avaient remportée leur armure d'or!
J'arrivai au temple d'Aiolia dans lequel ce dernier se trouvait sans nul doute.Sa cosmo-énergie n'était pas des plus bienvieilantes...mais je pris le risque d'entrer, malgré cet avertissement très clair.Aiolia était au centre de son temple, face à son armure et il semblait immergé dans une réflexion toute particulière.Je toussotais un peu pour signaler ma visite:
-«Qu'est-ce que tu veux encore, Milo? Me demanda t-il sans animosité, mais sur un ton exténué.-Juste m'assurer que tu vas bien.Tu es partiprécipitament tout à l'heure et je m'inquiètais.
-Toi? Ne me fait pas rire.Tu es bien trop fier pour ça.
-Ne me crois pas si tu veux, mais ça n'en demeure pas moins vrai, répondis-je pour éviter le conflit.
-Je voudrai rester seul, s'il te plaît...je n'ai pas envie de parler maintenant.
-Très bien.je repasserai plus tard dans ce cas.
-Après demain si tu veux.J'organise une petite fête ici, histoire de me changer les idées.
-Ca risque d'être difficile...j'ai rendez-vous avec le Pope à ce moment là...
-Oh...Ca ne fait rien.Je m'en doutais de toutes façons, je ne sais même pas pourquoi je te l'ai demandé.
-Mais on peut se voir plus tard, si tu veux! Proposais-je, car je sentais qu'il n'était pas dans son assiette.Sinon, il m'aurait déjà chassé...
- ...
-Aiolia? Demain, ça te va? Ou...mieux encore, ce soir! Qu'en penses-tu? Insistais-je.
-D'accord...passe ce soir, si tu veux, cèda t-il.
-Je viendrai». Promis-je.
J'étais rentré depuis un bon bout de temps dans ma maison zodiaquale et j'étais affalé sur mon lit, le regard fixé sur le plafond.En temps normal j'aurai convié une jolie femme à passer la nuit avec moi, peût-être même un homme, ça me venait à l'esprit de plus en plus souvent ces derniers temps.Et je ne m'en choquais pas...comme s'il s'agissait de quelque chose d'anodin.Il faut dire que je n'avais jamais envisagé cette éventualité avant.Mais maintenant que je considèrai la chose avec plus de sérieux, je me disais que ce n'était pas une si mauvaise idée.Un homme restait un corps chaud aux côtés duquel passer ses longues soirées d'hiver, au même titre qu'une femme.Pourquoi m'en priverai-je?Maintenant que j'y faisais attention, je remarquai que certains chevaliers ne me regardaient pas de façon tout à fait innocente.Je tâcherai de m'en souvenir, ça pourrait s'avèrer commode d'ici peu de temps...quand ma solitude se ferait trop pesante.Mais pour le moment, je ne voulais pas y penser, car je n'en n'avais que faire.Ma libido était plutôt en veille ces derniers temps, allez savoir pourquoi...
Je n'arrivai pas à trouver le sommeil et il était dix heures...la nuit promettait d'être longue dans ces conditions.Je me levai d'un bond, car je commençais à avoir des courbatures à ne rien faire.Puisque je n'avais pas du tout sommeil, rien ne servait que je reste là! Autant sortir me dégourdir les jambes.Mais où aller si tard? Les arènes étaient déjà fermées et il n'y avait aucune fête de prévue que je sache...Je pourrai bien aller voir Aiolia comme promis, mais plus tard, le Lion étant mieux disposé la nuit.Tel que je le connaissais, il ne parviendrait sûrement pas à trouver le sommeil en étant préoccupé.Bon, je passerai par le temple de Shakka, mais...il dormirait sûrement.Tel que je le connaissais, il devait aller rejoindre Morphée dès le coucher du soleil, comme les poules. Je vagabondais donc sans but précis, jusqu'à ce qu'une idée me fasse retrouver le sourire.Je n'avais pas spécialement envie d'être seul ce soir, et un peu de compagnie me ferait le plus grand bien.Mais pas n'importe laquelle...
-«Milo? S'étonna le saint du Verseau en me voyant sur le pas de la porte de son temple.-Je ne te dérange pas, Camus? Demandais-je de
ma
voix la plus charmante..
-Non...tu n'interromps rien d'important.Entre donc.
-Puisque je passais dans le coin...je me suis dit que je pourrai en profiter pour venir te rendre visite, histoire de voir si tu étais bien installé.
-Je vois, je suppose que tu faisais ta ronde, n'est-ce pas?
-Heu...oui! C'est cela! C'est aussi mon rôle de devoir m'assurer de la sécurité du Sanctuaire, la nuit.On n'est jamais trop prudent, ni à l'abri d'une attaque ennemie! Me sentis-je obligé de rajouter pour l'impressionner.
-Tu m'as l'air de prendre les ordres du Pope très à coeur...
-Disons que je suis pour une certaine discipline...Et sinon...pas trop de problème avec le «voisinage»? Essayais-je de changer de sujet.
-Oh...tu veux parler de Shura et d'Aphrodite? Non, aucun problème.
-Tant mieux...Shura n'est pas très bavard, mais il est plutôt facile à vivre.J'ai pu passer sans problème par son temple, sans qu'il ne me pose de questions.En revanche, si tu ne te montres pas ferme avec Aphrodite dès le départ, il risque de rapidement se montrer envahissant!
-Je tâcherai de m'en souvenir.Tu veux boire quelque chose peût-être?» Proposa t-il en me conduisant jusqu'à ses quartiers au sous-sol.
Je déclinais l'offre en prenant place sur son petit sofa.J'avais eu tellement envie de le voir...et maintenant, je me sentais mal à l'aise.Camus n'était pas franchement quelqu'un de chaleureux et j'avais l'impression de le déranger. Impression seulement, parce que ce n'était pas le cas...Bien qu'il apprécie la solitude et le calme, je devinai qu'il était heureux de ma présence, ou du moins, que je ne l'importunais pas.Il resta debout alors que moi je prenais mes aises.Ses quartiers étaient vraiment en ordre, et très propres.Encore un maniaque du rangement comme Shaka, la fée du logis, pensais-je.Mais Camus avait su concilier confort et pratique dans le peu d'espace personnel qu'offraient nos temples et je ne pouvais que l'en féliciter.Le chevalier du Verseau resta debout et je me demandai si ce n'était pas pour éviter d'être assis à côté de moi...Non, je devais me faire des idées.Pourquoi réagirait-il comme ça? Mais comme mon hôte semblait peu enclin à discuter ce soir malgré les perches que je lui tendais, j'entamais un monologue pour meubler le silence.La soirée promettait d'être longue...
-«...Et c'est comme ça que j'ai hérité de l'armure d'or du Scorpion.Et toi, Camus, as-tu toujours vécu en Sibérie?-Non.J'ai passé une bonne partie de mon enfance ici, en Grèçe, répondit-il allusivement.
-Au...Sanctuaire? Hasardais-je, me doutant de la réponse à cette question.
-C'est exact.Mais un incident a accèléré mon départ pour la Sibérie.
-Un «Incident»? Pourrais-tu être plus clair, Camus?
-...J'étais enfant à l'époque, je ne m'en rappèle plus vraiment.Et puis, ça n'a plus d'importance maintenant.Les erreurs du passé ne peuvent être changées.»
Son regard océan s'était assombri.Je devinais que quelque chose le perturbait et qu'il me cachait quelque chose.Pourtant, je n'insistais pas et choisissais de le croire.
-«Je ne peux t'en blâmer.Après tout, je ne me rappelais pas toi, de mon côté.Les souvenirs s'éffaçent comme une marque sur le sable, balayé par les vagues et l'écume marine...
-Je ne te savais pas l'âme d'un poète, ironisa t-il.
Hé! Il y a tout un tas de choses que tu ne sais pas à mon sujet.Ce sont des choses que l'on apprend en me côtoyant, pas en allant glâner des inforrmations à droite et à gauche.La plupart des gens ici ne me connaissent pas vraiment.Demander leur avis à mon sujet était une bonne idée, Camus.Seulement je doute que cela suffise à me cerner complètement.On ne peut dépeindre une personne en seulement quelques adjectifs ou quelques vagues impressions.
-Ma foi, une chose est sûre, tu es bourré de contradictions, Milo.Ce que tu viens d'admettre là est contraire à ce que tu fais au quotidien.
-Que veux-tu dire? M'étonnais-je.
-Tu sais très bien ce que je veux dire.C'est ce que tu tentes de faire lorsque tu espionnes des chevaliers et que tu vas faire ton rapport au Grand Pope.
-Je...n'avais jamais envisagé les choses sous cet angle...» dit-je pensivement.
Décidément, c'était une récurente chez mon collègue du Verseau! J'avais l'impression qu'il était détaché des choses, mais pourtant...il semblait les aborder de manière si complèxe que je passais bien souvent à côté d'un tel niveau de raisonnement.Mais avec le recul et en considèrant bien ses arguments, je ne pouvais me faire qu'à l'évidence de ses propos et je me rendais compte à quel point j'échappais à toute logique du point de vue comportemental.L'arrivée de Camus avait soulevée pas mal d'interrogations en moi...sur la légitimité de mes actes, en particulier.C'est comme si j'avais été aveugle et que tout à coup, un soleil éblouissant me rendait la vue.Camus, parce qu'il ne s'impliquait pas et qu'il conservait une distance face aux évènements était plus à même de les comprendre ou de les juger.Je devais faire comme lui et arrêter me croire supérieur, juste parce que le Pope m'avait investi d'un peu plus de pouvoirs que les autres.Malgré la carapace que j'arborais, Camus semblait voir à travers sans problème et ça commençait à me faire peur...
La soirée passa plutôt vite et je ne me rendi pas compte de l'heure tardive qu'il était quand Camus et moi quittâmes son temple pour aller regarder les étoiles.C'était quelque chose que je ne faisais pour ainsi dire jamais ou alors, exclusivement pour impressionner mes futures proies...Les femmes avaient toujours trouvé l'astonomie...romantique, allez savoir pourquoi... Certains chevaliers prétendaient qu'on pouvait lire l'avenir dans les étoiles et d'autres prétendaient pouvoir mieux comprendre leurs sauts d'humeur en observant leurs constellations. Moi, je ne croyais à rien de tout cela et à vrai dire, je ne m'étais jamais posé la question.C'était surtout le moyen pour moi de mettre quelques jeunes ingénues dans mon lit le temps d'une nuit. Pour Camus, cela semblait avoir un effet relaxant.Il s'était assis sur le bord de la coline et gardait le silence.Je m'approchais lentement:
-«Le ciel est parfaitement dégagé ce soir...-Oui...et encore, si nous le regardions de Star Hill, ce serait encore plus net.C'est là que le Pope a l'habitude de consulter les oracles stellaires, exposais-je.
-La vue est tout de même bonne de mon temple.Un des rares souvenirs que j'ai gardé de mon enfance ici.En Sibérie, le ciel n'est pas aussi clair.Mais quand il n'y avait pas de nuages j'aimais regarder les étoiles.Ca me rappelait cet endroit.
-Le sanctuaire t'a manqué?
-Je ne pense pas que ce soit le terme exact.Mais ici, je me sens chez moi, c'est pourquoi j'éprouve une sorte de mélancolie à me retrouver ici après toute ces années passées si loin...
-La solitude...ne t'a pas pesée quand tu étais en Sibérie?
-Je n'ai pas été seul bien longtemps...du moins, au sens propre.Au départ, j'étais avec mon maître et par la suite, deux disciples m'ont été confiés.
-Parle moi d'eux, s'il te plaît, m'intéressais-je, les propos du Grand Pope me revenant en mémoire.
-Isaak était très doué et très mûr pour son âge.Nul doute qu'il aurait été désigné comme prochain Saint du Verseau, vu son talent indéniable.Mais il a connu une fin tragique lors d'une de mes absences.
-Comment ça? Demandais-je en m'accroupissant à côté de Camus.
-La mère de Hyoga est décèdée dans un naufrage et ce dernier en a gardé de graves séquelles psychologiques...»
Sa mère est décèdée...sa mère...est décèdée..
Cette pensée résonna dans ma tête, et je fus comme coupé du monde.Pourquoi cette phrase me semblait t-elle si famillière? Et pourquoi maintenant!
Je me revoyais, enfant, assis, recroquevillé sur moi-même, les bras autour des genoux, dans un coin sombre...Ces deux silhouettes sur lesquelles je ne peux mettre un visage, dialoguant de façon si...lointaine...derrière moi.L'un d'eux s'avança vers moi...il me sembla reconnaître un prêtre, ou du moins, un homme d'Eglise à la façon dont il était vêtu.
-«...Mon enfant, quel est ton nom?
-Lé-Lénor, mon père, répondis-je en souriant innocement.
-Lénor, je...
-Elle va revenir quand ma maman? Elle m'a dit d'être bien sage et qu'elle reviendrait vite!
-Hum...elle m'a dit de t'emmener avec moi pour le moment, car elle en a pour plus longtemps que prévu.
-Où va t-on? Maman n'aime pas trop que je parle à des inconnus.
-Je vais te conduire à un endroit où il y a également beaucoup d'enfants comme toi qui attendent leur maman.
-Mais je veux rester ici, à la maison! Sinon, elle ne saura pas où me trouver!
-Ca va aller, Lénor.Viens avec moi et tout ira bien..» me promit-il en me prenant la main.
Et après plus rien, le trou noir...J'avais beau chercher, chercher de toutes mes forces...il me semblait que mes souvenirs n'étaient réduits qu'à l'état de fragments incohérents.Tout se mélangeait...et je revoyais encore le sourire triste de ma mère.Elle était si belle et si douce.Pourquoi était-elle partie? Et pourquoi n'était-elle jamais revenue? Pourquoi...y pensais-je maintenant? Je la revoyais encore s'éloigner, me déposant un rapide baiser sur le front...son ton était rassurant, mais sa voix tremblait.Pourquoi?
«Maman!» Mécriais-je soudainement.
Et cela ressemblait plus à un hurlement de desespoir, qu'à un vague cri de détresse.Camus qui se tenait toujours près de moi, me regarda étrangement.Mais je pouvais lire dans ses yeux une réelle inquiètude.Il se contenta de me sonder de son magnifique regard cristallin, puis il décrèta:
-«Il se fait tard.Tu as l'air fatigué et tu devrais regagner ton temple, je pense.-Camus, je...
-Ne dis rien.Tu n'en n'as absolument pas besoin.J'ai bien vu que ça n'allait pas quand j'ai abordé le sujet de la mère de Hyoga...tu as eu l'air déconnecté...comme si tu n'étais plus à côté de moi.Tu n'as pas à te justifier.J'ai touché une corde sensible.
-Je crois que...nous avons tous quelque chose de brisé en nous...Je ne fais pas exception et toi non plus, n'est-ce pas?
-Hum...tu pleures, Milo, me signala t-il comme pour éluder la question, d'un ton parfaitement neutre.
-Qu..quoi! Sursautai-je en me touchant instinctivement les joues pour vérifier.
-Veux-tu que je te raccompagne chez toi?
-Non...ça ira...merci.Je vais renter maintenant.» Affirmai-je en me levant et en balayant du revers de la main les deux malencrontreuses larmes qui roulaient sur mon visage.
J'étais reconnaissant à Camus de sa pudeur et de sa discrétion.Il n'avait pas insisté avec des questions dérangeantes auquelles je n'aurai su que répondre.Car j'étais confus...tout s'était passé si vite, sans raison apparente.Il aura suffit d'un mot, d'un seul pour déclencher un flot d'émotions enfouies par lequel je me suis laissé submerger.Cela ne me ressemblait pas..pas plus que de repenser à mon passé.Cela faisait des années que ça n'était pas arrivé et je détestai ressacer des choses terminées en me complaisant dans la nostalgie.Je regagnais donc mon temple dans un état d'incertitude total...d'habitude, je me vantais d'avoir une excellente mémoire.Mais là...c'était presque comme si je ne voulais pas me rappeler.Pourquoi maintenant?
