Merci aux revieweuses qui se sont manifestées! Je crois que Seiiruika ne m'est pas inconnue si c'est l'auteuse des "brûlures de la glace", une fics merveilleuse que j'idôlatre! Enfin, comme convenu la suite! Et Lord Mako, ta réflexion était très intéressante, mais non, tu te trompes...merci à Eagle Eclipse de son humilité.
Les révelations d'Aiolia n'avaient fait qu'apporter leur lot de questions. Comme si je n'avais pas l'esprit déjà assez embué! Je décidais donc de monter voir Camus de ce pas et personne ne pourrait m'en empêcher!
Je trouvais ce dernier en grande conversation avec une des servantes.Elle portait un collier rouge et au Sanctuaire, il y avait 3 catégories de servantes: les colliers bleu, rouge et noir.Les bleux étaient en général des servantes de bas-étage, souvent originaires du village voisin.C'était des filles majoritairement jeunes et sans éducation à qui étaient confiées les tâches ingrates.Les colliers rouges représentaient les servantes les plus courantes au Sanctuaire.
C'étaient des filles souvent choisies pour leur conversation, leur esprit, mais surtout leurs charmes...en effet, tous les chevaliers et disciples se voyaient remettre un set de clochettes dorées à leur arrivée ici.Ces clochettes fonctionnaient comme une sorte de monnaie: donner une clochette à une servante revenait à s'approprier la servante en question, comprenez par là que cette dernière ne se trouverait plus qu'au service d'un seul et unique chevalier, en donner deux engageait la servante à partager votre couche...c'était une sorte de langage, de code qui avait été mis minutieusement en place afin que tout le monde y trouve son compte
Ce système me répugnait, mais il avait des avantages indéniables.En période de tension, comme c'était le cas actuellement, le sexe était un excellent moyen d'évacuer sa rage...et il adoucissait les moeurs de manière radiacale.Je suppose que ce fut pour cela que le grand Pope recruta davantage de colliers rouges à travers toute la Grèce.C'était un honneur pour ces filles que de servir le Sanctuaire et la Grande Déesse Athéna, alors elles n'hésitaient que très rarement avant de s'engager ici...
Elles gagnaient souvent en quelques années l'équivalent de toute une vie de labeur...Mais les dernières, les colliers noirs, étaient les servantes personnelles du pope.Autant dire qu'elles étaient chasse gardée et intouchables.On ne les voyait presque jamais, uniquement lorsque nous nous rendions dans le Palais de Star Hill qu'elles ne quittaient qu'exceptionnellement.C'était toutes des filles d'une grande beauté, beaucoup plus farouches avec nous que les colliers rouges ou bleux. Quand à leur rôle...je ne sais pas comment elles se conduisaient dans l'intimité avec le Pope, mais bien qu'elles me semblaient cultivées et de bonnes familles, elles passaient pour de parfaites potiches sans grand intérêt en dehors de l'aspect esthétique...elles étaient tout juste bonnes à servir de décoration, ou à servir le vin.
C'est pourquoi je fus surpris de voir une servante avec Camus.D'après mes renseignements, il n'avait aucune servante atitrée et ne semblait pas s'intéresser aux filles d'ici.Il devait sans doute condamner les plaisirs de la chair...ça ne m'aurait même pas étonné de lui! Je m'approchai discrètement, oubliant presque ce pour quoi j'étais venu...voir cette femme tourner autour de Camus m'intriguait et bizarrement je voulais me renseigner sur ses goûts en matière de beauté.Camus n'avait pas l'air d'être un homme à qui se donnait à n'importe qui et cela ne le rendait que plus attirant.Quel genre de fille lui plaisait? Blonde, brune, rousse? Grande, petite? Mince ou ronde? J'étais vraiment curieux, et me rendais bientôt compte de ma stupidité...comment pourrai-je le savoir juste en le regardant parler avec cette femme? Mais au moins saurai-je si elle lui plaisait...j'étais assez observateur pour ce genre de choses et ne manquais pas d'en jouer!
Aiolia était ma proie de prédilection à ce sujet, la façon dont il se comportait aux abords de Marine ne laissait pas de doute quand à son attirance pour la jeune femme et j'aimais le taquiner à ce sujet.Mais Camus...il était aussi impassible que d'habitude, toujours mono-expressif! Je n'entendais pas ce qu'ils se disaient, mais Camus même s'il était ennuyé par la jeune femme, ou bien attiré pourquoi pas, n'en laissait rien paraître.Je regardai la servante avec attention.Elle semblait légèrement plus âgée que nous et avait un ras-de-cou rouge, ce qui en disait long sur ce qu'elle voulait...elle avait sans doute des vues sur Camus et cherchait à se «vendre».Elle était grande, brune, les cheveux rassemblés en un chignon attaché par un ruban rose.
Elle était assez fine et sa robe bleue la mettait en valeur.Au bout d'un moment, je compris qu'elle cherchait sans doute à profiter du fait que Camus soit nouveau au sanctuaire pour récolter ses clochettes.Bien qu'elles soient or, elles n'ont qu'une valeur symbolique, mais...je sais que beaucoup de servantes les échangent contre de l'argent pour leurs services «spéciaux», en plus de leur salaire...je me décidai à intervenir, bien qu'il était très tentant de laisser Camus se débrouiller seul avec le tact que je lui connaissais, mais ce n'était pas comme ça que j'en apprendrais plus sur ses goûts.Et puis, cette nyphomane commençait sérieusement à me taper sur les nerfs à tourner ainsi autour de MON Camus:
-«Un problème?
-Non...je faisais savoir au chevalier du Verseau que s'il avait besoin de quoi que ce soit, il pouvait me le demander... répondit-elle en dévorant littéralement Camus des yeux, ce qui ne fut pas de mon goût.-Oh...fis-je en souriant ironiquement; mais ce ne sera pas nécessaire.Ce genre de services ne l'intéressent pas.Tu n'as qu'à les proposer à Masque de Mort, il sera ravi d'en profiter! Ajoutai-je connaissant la peur des servantes pour le Cancer.
-Je vais vous laisser dans ce cas...dit-elle en me lançant un regard noir.
-De toutes façons, si Camus désire quoi que ce soit, il n'aura pas besoin de toi, ni de quelqu'un d'autre, car je m'assurerai personnellement qu'il ne manque de rien! Fronçais-je des sourcils.
-Vraiment? Vous allez donc vous charger d'assouvir toutes ses envies? Intéressant... je suis convaincue qu'il ne le regrettera pas d'après ce qu'on dit de vos prouesses sous la couette.Mais c'est votre fan-club qui va être déçu quand il va apprendre vos nouvelles tendances sexuelles!» Ricana t-elle en s'éloignant.
Un tel manque de respect aurait pu être sanctionné, mais après tout, je n'en n'avais que faire.Je ne connaissais que trop bien ce genre de filles qui cherchait à s'approprier un chevalier et à profiter de sa gentillesse.Je me fichais pas mal de ce qu'elle pouvait penser et même qu'elle fasse courir des bruits à mon sujet. J'étais plus inquiet quand à ce que devait penser Camus, qui était resté silençieux.Je n'aimais pas ça, car je n'arrivais pas à savoir la bonne attitude à adopter avec lui.
Et surtout, je ne voulais pas qu'une petite mijorée salisse sa réputation à cause de quelque chose qu'elle aurait mal interprêté...mais après tout, n'était-ce pas ce que j'avais voulu? J'aurai pu choisir de dire autre chose, mais maintenant il me semblait clair qu'inconsciemment, j'avais voulu sous-entendre quelque chose...Je m'étais emporté inutilement, cette fille m'avait exaspèré et j'allais peût-être en payer les conséquences.Camus ne m'avais pas demandé d'intervenir et je venais de le mettre dans une situation embarassante! Je passais nerveusement une main derrière ma nuque:
-«Camus, je...
-Ce que cette servante croit m'est complètement égal et ce qu'elle pourrait aller dire par pure vengeance ne compte pas.Mais je contrôlais la situation et j'aurai préfèré que tu restes en dehors de tout cela.
-Mais elle t'ennuyait n'est-ce pas? Essayais-je de me rassurer, comme pour justifier mon intervention.
-Elle a vu que j'étais blessé et elle était venu me soigner, en fait.Mais elle a vite dérivé sur des sujets qui ne la regardaient pas.
-Comme?
-Le fait qu'un de mes disciple fasse partie des rebelles.Je n'ai pas apprécié, mais je n'ai rien dit car elle était à l'affût d'une rumeur, mais je ne lui ai pas fait le plaisir de répondre.C'est pourquoi elle essayait d'obtenir de moi des informations, sans succès.Je suis content que tu sois passé par là.
-Ouais...mais maintenant...on est dans une position gênante par ma faute...Ca va jazer d'ici demain, tu peux en être sûr! Les nouvelles vont vite ici! Elle risque de déformer les faits et d'en rajouter et...
-Peu importe, me sourit-il tristement.Tout ceci n'est que du vent.
-Tu es sûr que ça ne te dérange pas?
-Ca te dérange, toi? Me renvoya t-il la question.
-Heu, non...enfin, y a pas de raison! Vu que c'est faux! Me rattrapais-je en souriant nerveusement.
-Exactement.Mais dis-moi, tu venais me rendre visite?
-Ouais...tu dois en avoir marre à force, non?
-Tu ne me déranges absolument pas, je te l'ai déjà dit.De plus, tu avais sans doute quelque chose à me demander, car je doute que tu aies fait tout ce chemin épuisant depuis le temple d'Aiolia juste pour venir parler de la pluie et du beau temps?
-On ne peut rien te cacher...
-Je sais que tu ne fais pas les choses gratuitement et sans raison.Allons nous asseoir à l'intérieur de mon temple, nous y serons plus tranquilles pour discuter». Me convia t-il.
Nous entrâmes dans son temple et pénètrâmes dans ses quartiers personnels.Je ne pouvais m'empêcher de me dire qu'il m'attendait, qu'il savait que j'allais venir le voir.Et sans doute même savait-il pourquoi...J'étais mal à l'aise et j'ignorai pourquoi.Après tout, j'allais enfin obtenir une réponse à mes questions, alors pourquoi étais-je si crispé? Camus pris place en face de moi.Il était tellement beau que je n'arrivais pas à détacher mon regard de lui:
-«Je t'écoute.En quoi puis-je t'être utile?
-Camus, tu étais au sancutaire comme moi, quand tu étais petit...et pourtant, je n'ai aucun souvenir de toi...-Nous en avons déjà parlé et je t'ai dit que c'était mon cas également.Pas de quoi t'inquièter ou te sentir coupable.
-Mais...j'ai excellente mémoire en ce qui concerne les gens! Je me souviens encore parfaitement d'Aiolia qui courait après Ayoros, ou même de la bonté de Saga, le chevalier des Gémeaux, nous aidant à attacher nos protection lors de nos entraînements...de son sourire si doux et chaleureux lorsque j'arrivais à faire tomber le mannequin que Shura avait fabriqué...
-Mais eux n'ont jamais quitté la Grèce, Milo.Tu as grandit avec eux c'est pourquoi tu te souviens encore des détails les concernants.Aiolia a toujours été avec toi, sauf quand vous êtes partis dans vos lieux d'entraînement respectifs; Ayoros est toujours resté au sanctuaire car il était déjà chevalier alors que toi et Aiolia n'étaient encore qu'apprentis; Shura était également là et il en va de même pour Saga, qui était chevalier des Gémeaux depuis peu.Ce sont des visages qui t'ont toujours entourés.Tu es resté jusqu'à ton adolescence avec eux, et à cet âge on oublie plus rien.
-Non, tu fais erreur.Parce que je me souviens également très bien d'Aldébaran ou Aphrodite par exemple, qui ne sont pas restés bien longtemps avant d'aller rejoindre leurs maîtres.Tu es le seul dont je n'ai aucun souvenir...c'est étrange... pourquoi toi? Je ne le comprends pas et ça m'énerve!
-Ca n'est pas un drame.Tu accordes trop d'importance à cela.
-Il y a quelque chose qui m'échappe pourtant j'en suis persuadé...ça me rend malade de ne pas savoir!
-Tu prends ça trop à coeur.Ca n'a pas d'importance.
-Ca en a pour moi! J'ai l'impression...qu'il y a des choses dont je ne parviens pas à me souvenir...et ça me fait peur...
-Quel genre de choses? Changea t-il de ton.
-De mon arrivée ici...jusqu'à environ...mes 15-16 ans...Et c'est anormal car à cet âge, on ne doit plus avoir ce genre de trou de mémoire, dis-je en amenant une main à mon visage, essayant de ne pas me laisser gagner par l'émotion.
-Tu as oublié une période de ta vie entière ou simplement quelques souvenirs particuliers? Fronça t-il des sourcils.
-Je ne le sais pas bien.Parfois, j'ai des fragments de mémoire qui reviennent... comme la dernière fois sur la colline de ton temple.Ca me fait peur, Camus! Me surpris-je à dire.
-Tu étais jeune, Milo.Et ces souvenirs ne sont pas primordiaux.Tu y accordes trop d'importance, essaya t-il de me rassurer, même si je le voyais inquiet; Nous sommes des Chevaliers d'Athéna et nous avons juré de la servir, alors peu importe le reste.
-Un jour...je sais que je perdrais mon humanité...ces souvenirs...ce sont eux qui me maintiennent ainsi...sans eux, je me serai perdu...ma mère, j'ai peur d'oublier son visage...sussurai-je, le regard sombre, posé sur le sol.
-Milo...ce sont tes sentiments et non tes souvenirs qui font de toi ce que tu es.Tu pourrais même les rejeter, tu n'en resterais pas moins un humain.Etre humain, ce n'est pas seulement ressentir de la joie, de la peine ou de la colère.Dès qu'un sentiment ou une sentation est liée à ce que tu exécutes, cela fait de toi un humain à part entière.Ton humanité se reflète dans tous tes actes, toutes tes émotions et fait de toi ce que tu es.C'est quelque chose que tu ne pourras jamais perdre, parce c'est toujours présent quoi que tu fasses ou dises.
-C'est vrai, mais...parfois, j'ai l'impression de faire une erreur monumentale et de passer à côté de l'essentiel.
-Tu as peur d'oublier ta mère, parce qu'elle a beaucoup compté pour toi sans doute.Moi, je n'ai aucun souvenir de la mienne, m'annonça t-il sans aucune nostalgie.
-Tu...tu es sérieux?
-Absolument, répliqua t-il en se levant pour regarder par la fenêtre.
-Je suis désolé...
-Pourquoi? Ce que je n'ai pas connu ne peux guère me manquer et c'est un avantage. Toi, qui a eu le loisir de la cotoyer, tu en nourri une profonde tristesse alors, à te voir dans cet état de dépendance, je suis heureux ne pas me rappeler de ma propre mère.Quelque part, je me considère comme étant un privilégier et je te plains sincèrement, exposa t-il froidement.
-Tu ne comprends pas...soupirai-je blessé, tandis que je me levais en direction de la sortie; c'est moi qui te plaint de n'avoir pas connu l'amour véritable et dévoué d'une mère.C'est sans doute pour cela que ton coeur est resté si froid et insensible! Tu mérites bien ton surnom de chevalier des glaces!» Lançais-je en partant, tout à coup furieux.
-J'ignorai pourquoi j'avais réagit si violemment.Mais il n'était pas rare que je m'emporte et que mes mots dépassent régulièrement ma pensée.J'étais redouté pour cela, car souvent j'étais incisif et je touchais la personne en plein coeur.
On a tous notre petite fierté personnelle ou nos blessures secrètes, mais chez moi c'était systèmatique! J'arrivais toujours à trouver la faille dans laquelle je ne manquais pas de m'engouffrer si la personne me causait du tord! Mais j'étais allé trop loin avec Camus et j'étais sorti de mes gonds si précipitament!Il me troublait, il y avait quelque chose en lui qui me déplaisait très fortement et en même temps...cela m'intriguait et déchaînait une vague de passion en moi.A son contact j'avais l'impression d'être une boussole en présence d'un gisement de fer!
J'étais devenu très soupe au lait ses derniers temps...il était urgent que je me calme parce que à ce rythme, je me metrais tout le Sanctuaire à dos! Je suppose que la pression m'atteignait finalement...non...c'était Camus...lui seul me faisait ça...il avait le don de me toucher comme aucun autre et c'était vraiment étrange! Aiolia avait raison...nous devions vraiment avoir été proches pendant notre enfance...mais quand bien même... nous avions beaucoup changé depuis, alors pourquoi restai-je toujours aussi attaché à lui? Je ne comprenais pas ce qui m'arrivais...j'avais envie de retourner sur mes pas, d'aller le voir, lui faire mes excuses, le serrer dans mes bras et... faire l'amour violemment à même le sol gelé de son propre temple et qu'il me supplie de continuer avec encore plus d'ardeur!
Je m'arrêtais net, me choquant de tenir une telle pensée.Si Camus avait été une femme, j'aurai mis mon plan à exécution.Je pouvais être odieux, mais je savais toujours comment me faire pardonner...je pouvais être très convainquant si on me laissais m'exprimer.J'avais beau être terriblement capricieux ou lunatique, il était rare que l'on me refuse quelque chose, à plus forte raison si j'avais de l'emprise sur la personne! Pour moi, sexe était synonyme de pouvoir.C'était une façon délectable d'obtenir ce que je désirais de l'utile à l'agréable en somme...En général, c'était ainsi que je présentais mes excuses et je devais vraiment être très très convainquant parce qu'à coup sûr, j'étais pardonné quelle que soit la gravité de ce que j'avais fait!
J'étais un peu comme un enfant turbulent cherchant à amadouer sa mère en lui faisant des câlins...J'étais au fond un grand égoïste en agissant de la sorte, car je ne prenais jamais en considération la peine que je causais à la personne, ni ses propres envies.J'abusais juste des mes charmes pour pièger ma victime, l'acte sexuel étant chez moi comme une mise à mort, la victoire finale, car j'asseyais un contrôle absolu sur ma proie.Parfois, j'avais l'impression de mener les femmes comme un troupeau de brebis dociles...c'est pourquoi j'étais toujours à l'affût d'un plus grand défi, ce que ma vie professionnelle m'apportait heureusement.Mais dernièrement...tout me semblait trop facile et j'en nourrissais une grande frustration.Je me mettais en colère pour un rien et finalement je me conduisais comme Aiolia...Et quand j'étais énervé, il fallait à tout prix que j'assouvisse ma frustration, en me défoulant ou en pratiquant une activité demandant une grande dépense physique.Alors, je m'entraînais ou bien...je laissais ma libido dévorante s'exprimer.Mais cette fois, mieux vallait se contenter d'aller faire un tour sur la plage.La solitude m'apaisait tout de même, bien qu'elle me devienne rapidement insupportable.
La plage était calme et déserte.L'écume des vagues venait caresser le sable immaculé.Pas un bruit ne venait troubler l'atmosphère idyllique de l'endroit.Le soleil se couchait peu à peu et je me surpris à me trouver nostalgique. Cela faisait des années que je n'étais pas venu ici.J'étais très occupé certes, mais...il me vient alors l'idée de me diriger vers la falaise qui surplombait la mer.Elle était assez dificile d'accès et peu de chevaliers connaissaient l'existance de ce havre de paix fleuri...Je me mis à escalader des rochers me remémorant le bon vieu temps...
J'arrivai au sanctuaire complètement déboussolé et perdu.Le curé était en grande discussion avec l'un des responsables et moi je restais en retrait, tremblant.J'étais un enfant vif et espiègle, mais assez farouche quand je ne connaissais pas les gens.Cela venait du fait que ma mère m'avait toujours dit de me méfier des inconnus, surtout que je ne sortais que peu de chez nous.Je n'avais pas l'habitude de la promiscuité, j'étais quelque peu «sauvage».Quand le curé m'appela pour me présenter à l'homme, je me repliai sur moi même, terrorisé.Je ne comprenais pas ce qu'il se passait, mais le prêtre venait de me dire que je devais rester ici, que cela vallait mieux, car on s'occuperait de moi avec amour jusqu'à ce que ma mère vienne me chercher...La paroisse de mon village natal était en effet trop modeste et il n'existait pas d'orphelinat aux alentours...je me mis à pleurer et à crier quand le gentil curé me pris par les épaules et m'entraîna jusqu'à cet homme effrayant, tout de noir vêtu.Je me débatti maman allait-elle me retrouver dans un endroit comme celui-là?
C'est alors...que je senti une présence d'une douceur infinie.Un adolescent d'une quinzaine d'années était là, rayonnant et il me tendit la main, en souriant sincèrement.Il se dégageait une telle aura de lui...c'était étrange, chaleureux et apaisant à la fois.
-«Alors, c'est toi que j'entends pleurer jusqu'à mon temple? Un grand garçon comme toi! Quel âge as-tu mon petit ange? Sussura t-il de sa voix mielleuse.-J'ai...5 ans...répondis-je timidement, impressionné par tant de charisme.
-Et tu t'appèles? Demanda t-il en m'ébouriffant les cheveux et en s'agenouillant face à moi.
-Mon nom est Lénor, monsieur... sanglotais-je.
-Lénor? Un bien joli prénom...Ca veut dire «rayonnant» en Grec.Il te va très bien, mais ce serait mieux si tu souriais!
-Chevalier des Gémeaux, veuillez-nous excuser du dérangement, pesta un garde en secouant la tête.
-Ce n'est pas grave.Je suis content d'être descendu...déclara t-il en me regardant avec attention.
-Ma maman...quand va t-elle revenir?
-Très bientôt.Que dirais-tu de venir t'amuser un peu avec moi, dans mon temple en attendant?
-Votre temple? M'étonnais-je.
-Oui.Tu vois, la troisième bâtisse sur cette colline, eh bien c'est ma maison, me confiat t-il en désignant l'antre des Gémeaux.
-C'est...bizarre! Grimaçais-je.
-Je comprends que tu n'aies pas l'habitude de voir ce genre d'édifice.Mais, c'est assez confortable, tu verras et si mon modeste temple ne te plait pas, nous pouvons toujours aller nous balader sur la plage, qu'en penses-tu? Je comprends qu'un petit garçon à la peau hâlée comme la tienne doive préférer l'extérieur et la liberté.
-La plage? Oh, oui! Ma maison est au bord de la mer aussi! M'enthousiasmais-je en sautant fébrilement sur place.
-Si tu es sage, je te montrerai même mon endroit secret!
-Super! J'ai hâte de voir cela!»
Et toutes mes inhibitions semblèrent s'envoler.Je pris la main chaude et amicale qu'il me tendait et me senti rassuré.
Cet endroit, où je me trouve actuellement...c'est le tiens, Saga Chevalier d'or des Gémeaux.Toi, qui fus comme une grand frère aimant pour moi et un modèle en tant que chevalier.Où te caches-tu à présent? Qu'es-tu devenu? J'aurai tellement voulu que tu me vois devenir un chevalier d'or à mon tour.Tu avais promis d'être toujours à mes côtés, de ne jamais m'abandonner comme...ma mère...mais la vérité, c'est qu'aujourd'hui encore, je suis seul...on dirait que quoi que je fasse, le destin m'arrache toujours les gens auxquels je tiens.J'aimais que tu me prodigues des conseils, que tu caresses mes cheveux, en laissant courir tes doigts le long de ma nuque...j'aimais que tu me dises que je progressais et que je ferai un excellent défenseur d'Athéna...j'aimais te rejoindre dans ton lit tard le soir, pour que tu me raconte une histoire, après un cauchemard.
Et toi, tu as disparu, du jour au lendemain, sans laisser de traces...même ton armure veille toujours ton temple et semble attendre impatiemment ton retour...Le temps s'est figé dans cet endroit irréel.Rien n'a changé depuis maintenant près de 10 ans...Pourquoi toi, le plus vertueux d'entre nous, es-tu parti? Tu me manques Saga! Ton sourire me manque, tes encouragements me manquent, ta patience me manque...si tu étais là avec moi, je ne me conduirais pas comme le jeune prétentieux détestable que je suis devenu.Mais après tout...c'est peût-être mieux ainsi...je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.C'est à cause de mes excès que je suis devenu aussi impittoyable et nuisible à mon entourage.Si tu étais encore là, sans doute serais-tu très déçu de mon attitude indigne.J'étais au bord des larmes, je sentais les nerfs me lâcher.
Peût-être aurais-tu fini par te lasser toi aussi et tu m'aurais alors rejeté...comme ma mère...
C'est pour ça...que je rejette ma part d'Humanité maintenant.J'ai trop peur de m'attacher et de souffrir! Je sais que mes sentiments pourraient causer ma perte, c'est pourquoi je les combats si fort! C'est assez pathétique quand on y repense...parce que c'est exactement ce que je reproche à Camus! Ironie quand tu nous tiens...le chevalier du Verseau et moi, nous nous ressemblons peût-être plus que ce que l'on pourrait croire.A première vue, tout nous oppose: il est rationnel, je suis instinctif, il est réfléchi, je suis passionné.Mais au fond, nous sommes deux âmes brisées désireuses de nier nos sentiments.Car ce sont nos faiblesses.Je prends un malin plaisir à exagèrer les choses et à jouer un rôle, mais...je ne suis pas aussi fort que toi, Saga. Jamais je ne t'arriverai à la cheville, en tant que chevalier et en tant que personne, parce que je ne pense qu'à moi et à mes petits problèmes personnels.Quel égoïste je fais! Me voilà plus préoccupé de ma petite personne que des problèmes que le Sanctuaire rencontre actuellement!
-«Saga...pardonne-moi...je suis trop nombriliste! J'essaie d'étouffer mes émotions, mais elles me dévorent! Je suis indigne! M'écriai-je en frappant un rocher.-Non.Tu es le saint du Scorpion, voilà tout.Tel est ton destin»
-Je n'osais pas me retourner.Je savais à qui appartenait cette voix spectrale.Je fermais les yeux et soupirais tout bas.Pourquoi fallait-il toujours qu'il soit là quand je craquais...c'était humiliant! Voyant que je ne bougeais pas, il vint à ma hauteur.
-«Camus...ne t'approche pas.S'il te plaît, reste en dehors de tout ça!-Je ne suis pas venu te juger.
-Pourquoi faut-il toujours que tu sois là quand je...va t-en, Camus.Laisse-moi seul, je t'en prie.Je n'ai pas besoin de ta pitié...
-Tu es le chevalier du Scorpion, Milo. C'est l'essence même de ton signe que de se comporter ainsi.Chacun d'entre nous représente une qualité ou un défaut humain poussé à son paroxysme.Toi, tu représentes la passion à elle seule.Tu ne sais contrôler tes pulsions, autrement qu'en les niant.Tu ne connais pas de demie-mesure, tu es trop entier.
-Et toi Camus, que représentes-tu?
-Peût-être la méfiance, le côté réfractaire, la misanthropie.
-Tu n'es pas misanthrope, Camus, souris-je à demi.
-Vraiment? S'étonna t-il.
-Tu protèges les gens et pour les protèger avec autant d'ardeur, il faut les aimer.Et puis...tu es là, auprès de moi en ce moment même alors que je souffre, c'est donc que tu ne détestes pas l'Humanité autant que tu le prétends.
-Disons qu'il y a des humains que je déteste moins que d'autres.Mais je préfère de loin la solitude.Ce que je veux avant tout, c'est servir Athéna et contribuer à un monde meilleur, déclara t-il, tandis qu'une boule de cristaux gelés se formait dans la paume de sa main droite.
-...En fait, tu as peur de te sentir inutile. Tu veux mettre ton don au service de quelque chose, compris-je en le voyant faire.
-Il y a longtemps, un chevalier m'a dit que...mon cosmos glacial n'était pas une si mauvaise chose.Pourtant, je l'avais toujours subit comme une malediction. Mais...il a su m'en démontrer l'utilité. C'est ce pouvoir dont j'ai hérité malgré moi qui a fait de ma personne ce que tu vois aujourd'hui et c'est à lui que je dois ma puissance actuelle.
-Qu'essaies-tu de me dire? Où veux-tu en venir? Questionnais-je, décidé à ne pas me laisser duper.
-Que chaque chose a sa raison d'être.Si tes sentiments sont si forts, c'est qu'il y a une raison à cela.Laisse-les s'exprimer, ne les enferme pas, ou apprend à les contrôler à ton avantage.Toute faiblesse peut devenir un point fort, si utilisée à bon escient, expliqua t-il en étouffant la boule de glace qu'il avait formée.
-Tu dois avoir raison...admis-je en admirant le soleil se coucher sur la mer, mais depuis quand étais-je devenu aussi romantique?
-Je ne sais pas pour quelles raisons tu es devenu un chevalier, ni pour lesquelles tu es devenu un Saint d'Or, mais...c'est quelque chose que tu dois protèger et en quoi tu dois croire jusqu'au bout.Tu n'es pas stupide, je sais que tu fais la part des choses en séparant vie privée et vie professionnelle, mais je pense...que dans ton cas, tu ne devrais pas faire abstraction de tes sentiments.Je suis convaincu de la fiabilité de tes intuitions et je suis certain que tu pourrais concilier ton devoir de chevalier et ton manichéisme, tout en restant juste.
-Je devrais essayer d'apprivoiser mes sentiments et en faire un atout au lieu de les refouler, c'est ça?
-Oui, car je suis convaincu qu'ils sont ta plus grande force, bien que tu les vois plutôt comme un poids.Essaie d'apprendre à les exploiter et à les canalyser, car ils sont une importante source de motivation.Tu dois juste apprendre à faire le tri, garde-le en tête, me conseilla t-il en s'éloignant d'un pas svelte.
-Camus...merci.Et je...je suis désolé pour ce que je t'ai dit tout à l'heure.C'est seulement que...te voir si «intouchable», ça m'a mis hors de moi.Pourtant, je sais que c'est toi qui a raison et...
-N'en parlons plus, me coupa t-il sans se retourner; tu as compris, c'est l'essentiel».
Et il s'éloigna...comme à son habitude, toujours insondable, intouchable...me laissant seul en proie à mes doutes, mes constatations...Il savait que j'avais besoin d'être seul pour faire le point et mettre un peu d'ordre dans mes idées, avec tout ce flot de nouvelles informations que je venais de recevoir.J'avais besoin de temps pour faire le tri et analyser calmement.Je regardai le ciel se teinter d'orangé, tandis que le soleil se couchait dans le rideau étoilé d'écume.Je m'apprêtais à rentrer dans mon temple, quand brusquement je m'arrêtai net.Camus...Comment connaissait-il cet endroit? Comment savait-il qu'il me trouverait ici? Il a du...me suivre...non, impossible! Je l'aurai senti sinon! Mais, alors...pourquoi? Camus...se pourrait-il que tu connaisses l'existence de cet endroit?
