Un chapitre charnière cette fois.pas le plus intéressant, mais il est nécessaire pour comprendre les évènements qui se profilent déjà.Merci à Lord Makoto Chaoying d'avoir updatée sa fics (bave) et de m'avoir fait de la publicité.Je suis contente que le précédent chapitre vous ait plu.La suite maintenant!
Nous quittâmes donc la Sibérie le lendemain à l'aube...bizarrement, je n'avais pas envie de partir de cet endroit au climat pourtant si rude.C'est comme si j'allais y laisser une partie de moi...
Bien-sûr, je ne racontai pas un mot des ébats que j'avais surpris la veille à Gabriel, mais je n'arrivais plus à regarder Délos ou Orion droit dans les yeux sans me rappeler leurs corps nus et scintillants...je rougissai plus que de raison, mais mon maître mit cela sur les compte de l'adolescence et de l'émotion.
Avant mon départ, Gabriel tint à me montrer un magnifique spectacle: Une Aurore Boréale.C'était un phénomène naturel qu'on ne rouvait que dans les pays très froids, au levé du soleil.Gabriel m'expliqua chimiquement à quoi cela était dût, mais bien-sûr, j'était trop subjugué par la beauté de Mère Nature pour l'écouter...
Délos m'appela alors et je compris qu'il était temps pour nous de rentrer au Sanctuaire...à regrets.Je tremblais légèrement à l'idée de quitter Gabriel.Quand nous nous retrouverions, il serait déjà un des douze chevaliers du zodiaque...et je lui serai inférieur.Son visage resta impassible et inexpressif comme toujours.Gabriel, tu n'étais pas comme ça quand nous étions enfants...mais ton entraînement avec Orion avait dut être très rude au milieu des glaciers.Délos lui, se contenta d'une autre poignée de main, mais son sourire en disait long sur les sentiments qu'il éprouvait pour son «ami».
Pour la première fois de ma vie, je voyais mon maître différement.il me semblait tout à coup plus humain et moins inaccessible.Finalement, ce qu'il semblait éprouver en regardant Orion, ressemblait à ce que je ressentais pour Gabriel.
Nous partîmes donc, le coeur chargé de tristesse...finalement, c'était peût-être la dernière fois que je voyais Gabriel...et je n'avais même pas pu lui dire tout ce que j'avais sur le coeur.Un jour, je le regretterai...
Le Sanctuaire...il me semblait toujours aussi morne sans mon bel ange...la tête entre les mains, mes pieds se balançaient dans le vide, tapant parfois contre les marches usées du Temple du Scorpion.Je m'ennuyais à mourir et bien-sûr ce bougre d'Aiolia était retourné voir Marin en cachette.Je ne pouvais pas lui en vouloir après tout, je l'avais aussi délaissé pour Gabriel alors au final, je n'avais que ce que je méritais.
Gabriel...mes pensées étaient tournées vers toi en cet instant.Je fixais le ciel clément de la Grèce et me demandais si je te reverrai un jour.Je n'aimais pas les adieux, pas plus que toi d'ailleurs mon ange blanc.Je ne voulais même pas envisager la possibilité de te perdre à tout jamais mais...c'était plus fort que moi, j'avais peur! Tu m'avais promis que tout se passerait bien et les lois d'acquisition de l'armure d'or du verseaux ne sont pas ls même que celle du Scorpion, mais quand bien même, je n'arrivai pas à me rassurer.Je crevais d'inquiètude, assis sur les marches de se foutu temple et...
«Milo...est-ce que Délos est là? J'ai à lui parler.» Me demanda une voix flottante, presque irréelle.Cette interruption me tira de ma léthargie et je levais des yeux incrédule.Devant moi se dressait l'androgyne Orion, le regard toujours aussi vide et énigmatique.ne aura mystérieuse émanait de lui, celle d'un homme blessé, au coeur parsemé de cicatrices et de plaies fragiles.A vrai dire...il me faisait penser à un automate...sans âme...sauf, en présence de mon maître.Là, c'était comme si ses pupilles s'illuminaient d'un éclat de vie.Une flamme de passion romanesque agitait son regard lavande et un sourire s'esquissait parfois maladroitement au coin de ses lèvres.Aucun doute...Orion avait cet étincelle au fond des yeux: l'amour.
-«Ou..i...il est à l'intérieur, il..
-Merci, me coupa t-il», visiblement satisfait de mon condensé d'informations.
Orion faisait parti de ces personnes laconique et concises, qui faisaient économie de leur salive.Il ne parlait presque jamais, ce qui lui donnais cette image d'associal.C'était sans aucun doute le chevalier le plus calme et le plus solitaire de tout le Sanctuaire, à par peût-être le jeune Shaka, qui semblait de la même trempe.En tous cas, je n'avais jamais vu le chevalier du Verseau aussi brûlant et passionné que la nuit dernière! De ce fait, je portais un regard plus tolérant sur lui...Orion était le feu sous la glace, à n'en pas douter et il faisait partie des chevaliers les plus puissants et les plus respectables de l'ordre.
Je décidais donc de partir me promener un peu tout seul...pensant à Saga, à Gabriel et à ma mère...
Je ne voulais pas que le destin m'arrache mon ange de glace comme il m'avait séparé des autres...non...je devais revoir Gabriel une dernière fois, par tous les moyens et lui dire ce que j'avais sur le coeur...je m'étais trop retenu pour ne pas l'inconforter.Je savais comme il détestait les démonstrations affectives, mais je n'y tenais plus, j'étais trop inquiet.Si je ne vidais pas mon sac maintenant, j'allais le regretter parce que je n'en n'aurai peût-être plus l'occasion plus tard...Mais qu'allais-je lui dire? Je ne le savais pas moi même...ni par où commencer...
Cependant, je ne pouvais plus rester ici, passivement.J'avais besoin de m'occuper l'esprit ou d'être aux côtés de la personne qui hantait mon coeur.Mon choix fut rapidement fait...mais Gabriel m'avait dit qu'il partait deux jours, sans m'indiquer où...pourtant, je tenais à être avec lui pour l'aider à se préparer psychologiquement à l'épreuve, ou même lui servir de partenaire d'entraînement.Je décidais donc de retourner voir Délos.Avec un peu de chance, mon maître saurait où était Gabriel...après tout, mon maître était un chevalier d'or.Orion avait dut aller s'entraîner au même endroit que Gabriel dans sa jeunesse et vu qu'ils étaient amis de longue date, le Scorpion savait sûrement quelque chose.Je faisais donc marche arrière en direction de mon futur temple, impatient et excité à la fois.
Mais en arrivant devant l'imposante facade de pierre, un frisson me parcouru la nuque...tout était calme, trop calme et le vent soufflait en soulevant les dernières feuilles mortes d'Automne...je devais me faire des idées.Un tel silence n'avait rien d'anormal si Orion et Délos étaient en train de...comme en Sibérie...Je senti légèrement le sang me monter aux joues en les imaginant enlacés sur le sol de la maison du Scorpion.Secouant la tête, j'entrai discrètement, dans l'espoir de ne rien interrompre..Brusquement, comme sortant de nulle part, une forme spectrale crisa ma route et je senti un cosmos pôlaire autour de moi...Un cosmos à vous glacer le sang dans les veines, chargé d'animosité et de...remords? Levant timidement les yeux, terrorisé malgré moi alors que je connaissait pourtant le propriétaire de cette aura meurtière comme l'Hiver, j'aperçu furtivement Orion, les yeux chargés de haine.
Cela me pétrifia sur place...mais au coin des yeux du Verseau je cru distinguer...des larmes? Nous ne fîmes que nous croiser et cet instant ne dura qu'une seconde, peût-être deux...mais ce regard de cristal resta imprimé en moi.Orion quitta le temple de sa démarche majestueuse et, pris d'une peur irraisonnée, je me mis à courir, quand il me sembla tout à coup, distinguer une forme dans la pénombre de la salle centrale...Une forme à l'armure dorée, adossée à un pillier, cape blanche flottant légèrement.C'était mon maître.Et il était blessé, si j'en jugeais aux flaques écarlates qui parsemaient le sol du temple...De la comissure de ses lèvres s'échappait un filet de sang et tout autour de lui se trouvaient...
...des débris de glace...
Mon coeur se serra...Impossible...un seul chevalier pouvait faire cela...et ce même chevalier était là quelqus instants plus tôt...Je me précipitais auprès de mon maître.Ce dernier haletait, le regard fièvreux et triste:
-«Maître Délos! Que s'est-il passé! Paniquai-je.
-Mi...Milo...articula t-il en s'efforçant de sourire.Mon maître n'avait jamais été chevalier à montrer sa douleur.
-Maître, pour l'amour d'Athéna, répondez-moi!»
Il baissa la tête et je pu lire clairement l'affliction et la douleur dans son regard rubis:
-Rien du tout...
-Alors pourquoi y a t-il des éclats de «Poussière de Diamant» partout!
-Parce que je lui ai tout pris...déclara t-il en se tournant vers moi, souriant toujours aussi tristement.
-Mais enfin de quoi parlez-vous! Secouais-je la tête, ne comprenant plus rien à rien et n'étant même plus sûr d'avoir compris quelque chose depuis le début d'ailleurs...
-Je devais le faire...il fallait qu'il sache...je n'en pouvais plus de garder ce secret pour moi seul...après tout ce que j'ai fait...je méritais bien cela et même plus...mais j'ai tout perdu, balbutia t-il, les yeux larmoyants tout à coup.Autant dire que je n'avais pas l'habitude de voir mon maître dans cet état...
-Maître...je suis là, vous savez...dis-je en esquissant un vague sourire.J'avais envie de l'aider, me sentant vraiment concerné par son mal...après tout ce qu'il avait fait pour moi; vous vous êtes disputé avec Orion? A propos de quoi?»
Pour toute réponse, il se contenta de me dévisager un instant, de ce regard si doux n'appartenant qu'à lui, qui m'avait tant de fois encouragé pendant l'entraînement.Il me caressa la tête, comme si cela pouvait me faire oublier ce que je venais de découvrir.D'un geste de la main, il essuya le sang qui avait commencé à sècher et s'en sècha les doigts.Il voulait rester silencieux, très bien, je respectais sa décision...me restait donc à demander ce pour quoi j'étais venu:
-«Maître, j'implore humblement votre aide au sujet de la requête que je vais vous présenter, suppliais-je, à genoux et de manière formelle.
-Milo? Tant de disicpline ne te ressemble pas...tu dois vraiment avoir quelque chose de grave ou d'important à me demander.
-De vital, même.
-Je t'écoute.Que puis-je pour mon cher rebelle d'élève? Questionna t-il avec bienveillance.
-Il faut que je sache...Gabriel où est-il allé s'entraîner?
-Je l'ignore, répondit-il en me tournant le dos, comme pour clôre la discussion.
-Maître, je vous en prie...c'est capital! Il faut absolument que je le vois!
-Comment saurais-je où es-ton ami?
-Vous pourriez sentir son cosmos...
-Impossible.Il l'a dissimulé, s'entraînant dans un lieu qui doit rester secret.
-Mais...
-Milo, il a besoin d'être seul en ce moment.Tu sais qu'au moindre faux pas, il pourrait...
-...Mourir? Je le sais, le coupais-je.
-Ta présence est la dernière chose dont il ait besoin, crois-moi.Il faut qu'il se concentre sur son pouvoir et uniquement sur cela.Tu ne ferais que le distraire.
-Vous savez où il se trouve, n'est-ce pas? C'était plus un constat qu'un question.
-Et si c'était effectivement le cas, qu'est-ce que cela changerait?
-Beaucoup plus de choses que vous ne semblez le croire...Gabriel et moi nous nous sommes fait une promesse en Sibérie: celle de devenir des Saints d'Athéna.Et pour cela, j'ai autant besoin de lui qu'il a besoin de moi.Vous savez ce qu'il m'a dit avant de partir? Qu'il voulait faire tomber une pluie de flocons pour moi, seulement il n'y parvient pas parce qu'il n'arrive pas à éprouver d'émotion assez forte.Je veux la lui donner cette émotion, afin qu'il mette son désir à exécution...parce qu'il sera peût-être trop tard après...
Gabriel voudrai tomber ce masque gelé au moins une fois et je suis le seul à pouvoir l'y aider.Je vous en prie, ne gâchez pas ma chance...peût-être que si j'aide son coeur à dégeler, il pourra gagner, libèré d'un poids qui l'entrave depuis trop longtemps.Il a toujours cru que je me endais pas compte qu'il muselle ses émotions, mais c'est faux! Je suis son ami, alors j'étais toujours resté silencieux.Aujourd'hui, je veux l'aider avant qu'il ne soit trop tard et stopper cette politique de l'autruche! C'est un appel au secours qu'il m'a lancé...un peu comme la dernière bouteille à la mer avant que le navire ne coule...
-Tu penses que ce qu'il a voulu te dire, en t'avouant être incapable de faire tomber de la neige, c'est qu'il ne se sent pas pas humain?
-Oui...mais j'étais trop aveugle et nombriliste pour le réaliser.
-Gabriel sait ce qu'il fait.Et ce n'est pas un garçon suicidaire.Tu te méprends sur ses intentions.
-Se suicider peût-être pas, mais toutes ces allusions qu'il m'a faites, même à propos de mon anniversaire...tout cela m'indique...qu'il n'est pas prêt...à succèder à son maître.Il n'aura jamais le courage de...»
Je m'interrompis volontairement.Je n'en croyais pas mes oreilles et pourtant...j'étais bel et bien en train de demander à Délos d'aider Gabriel à assassiner Orion, en quelques sortes...j'étais un pauvre fou de penser qu'il se rangerait de notre côté plutôt que de celui de son amant...
-«Tuer Orion?
-Maître...je ne veux pas vous offenser ni même vous influencer en vous demandant d'interférer en faveur du destin de Gabriel, plutôt que celui d'Orion, mais...
-Gabriel n'aura jamais la force de vaincre Orion.Il n'y est pas préparé mentalement.Il va perdre, s'il n'est pas prêt à donner la mort à son maître...C'est lui qui mourra, car telle est la coutume des Saints des Glaces.Tout va se jouer sur l'ultime technique dite du «Zero Absolu», si toutefois Gabriel survit jusque là...
-Maître, pitié...je sais qu'il est interdit de se mêler des affrontements entre chevaliers, mais je vous en conjure, je ne ferai rien pour tenter de l'empêcher! Je veux juste passer ses derniers instants avant la bataille avec lui...sinon, je le regretterai toute ma vie!»
Et pour appuyer mes dires, j'attrapais la cape de mon maître et m'inclinais encore plus au sol.Cela ne me ressemblait pas de supplier quelqu'un à ce point.Cela faisait énormément de mal à mon égo.Et Délos le comprit:
-«Milo, tu sais qu'il ne faut jamais se mettre entre un maître et son disciple.Mais je sais que tu n'en n'as pas l'intention et que tu ne veux pas inannuler leur affrontement, juste aider un ami qui a des ennuis.Tu m'as convaincu.Je crois vraiment que Gabriel a besoin de toi à l'heure qu'il est.Je vais donc t'indiquer où il se trouve...
-C'est vrai! Merci de tout coeur maître! Jubilais-je.
-Mais tu dois me promettre de respecter tes engagements et de rester en dehors de leur affrontement, insista t-il.
-Je vous le promets, dis-je sans réfléchir.
-Bien.Gabriel se trouve à la «retraite des Verseaux».C'est une petite cabane dans les montagnes, à une heure de marche du Sanctuaire.C'est un endroit secret connu uniquement des Saints des Glaces.»
Ce qui m'étonna sur le moment, fut bien-sûr que mon maître ait connaissance de l'emplacement de ce lieu.En effet, il n'était en aucun cas un chevalier du Verseau et pourtant...quel mystère cela cachait-il encore?
Je parti sur le champ et suivit les instructions de mon maître.J'étais pressé et impatient...j'allais enfin voir Gabriel, même si théoriquement, nous ne nous étions quittés qu'il y a moins de vingt-quatre heures.En apercevant le gîte, je fus surpris de la paix qu'il m'inspira.Il était isolé dans les bois, près d'une petite cascade naturelle.L'eau tombait sur une petite roue en bois et la faisait tourner hamonieusement et...
Une minute...
...cette cabane...ce havre de tranquillité...c'était l'endroit où je me trouvais actuellement!
Mais alors...c'était grâce à Camus que j'avais connue cette cabane où je venais m'isoler en cas de besoin...
Ca alors...c'était extraordinaire comme tout se recoupait.Tout d'abord, j'avais réalisé que Camus était mon ami d'enfance Gabriel, dont je me rappelais vaguement le nom et ensuite, j'apprenais que cette endroit vétuste que je chérissais tant était le lieu d'entraînement des Saints du Verseau de générations en générations...
Et sentais que je n'étais pas au bout de mes surprises...cette cabane n'était pas forcément liée à un bon souvenir, puisque c'était la dernière fois que j'y avais vu Gabriel, avant qu'il ne devienne «Camus».Et pourtant, il devait y avoir autre chose...
Je repris donc ma récapitulation mentale.
J'arrivais, subjugué par la beauté et la simplicité du lieu, balluchon sur l'épaule.Afin d'indiquer ma présence en ce lieu, j'enflammais mon cosmos d'or et la réaction que ce geste entraîna ne se fit pas attendre.
Gabriel sorti de l'habitation, vêtu d'une longue tunique grecque blanche et brodée par endroit.Son regard ne reflètait que la surprise la plus totale.Je pensais qu'il aurait été en colère de me voir...ou content peût-être, mais il était juste quoi, je pouvais encore étonner l'omniscient Ange blanc.
-«Milo? Mais que fais-tu ici? Demanda t-il en clignant des yeux, incrédule.
-J'avais envie de te voir tout simplement...de passer ces derniers instants avec toi, si cela ne te dérange pas, bien-sûr.
-Mais comment as-tu fais pour...
-En fait c'est mon maître...qui m'a indiqué où tu te trouvais.»
Evidemment mon cher Gabriel, tu ignorai que ton maître et le mien étaient amants.Sûrement était-ce Orion qui avait révelée l'existence de ce lieu à Délos.Peût-être même mon maître avait-il reproduit ma démarche, une dizaine d'années avant moi...Mais Gabriel resta immobile.Bien-sûr, je n'attendais pas de lui une démonstration très spontannée de joie, mais...c'était comme si le fait que je sois là, lui était égal.
-«Mais si ma présence te dérange, je peux partir...
-Non, entre.»
Je m'exécutais sans rechigner, bien au contraire, je commencais à penser qu'il ne me le proposerait jamais! Et puis j'avais trop peur qu'il change d'avis...Il avait allumé un petit feu et je remarquais une couverture sur le sofa ainsi qu'un livre ouvert posé là.Je m'avançais pour le prendre et souri, amusé:
-«Tu fais des infidélités à Platon et Camus, maintenant?
-Nietzsche est un nihiliste comme Camus, ça ne s'éloigne pas trop de mes lectures habituelles.
-Un Nihiliste? C'est pas le terme scientifique pour désigner les dépressifs? Tu sais, ces jeunes en noir qui se baladent avec des tatouages disant «NO FUTURE», plaisantais-je.
-Joli stéréotype.Le Nihilisme est un dogme qui fut illustré par l'Anarchisme, surtout.Alors, je suppose que tu n'as pas tellement tord.
-Excuse-moi, je voulais me rendre fin...Je vous donc écoute, mon cher Gabriel! En quoi consiste le nihilisme? Eclairez ma lanterne! M'intéressais-je en m'allongeant sur le canapé, la tête posée sur l'accoudoir.
-C'est une doctrine philosophique, un art de penser, qu'on pourrait résumer comme ceci: Un nihiliste est un homme qui juge que le monde tel qu'il est ne devrait pas exister, et que le monde tel qu'il devrait être n'existe pas.
-Pas facile de vivre dans ces conditions...
-En effet.La Vie est vaine pour les nihilistes.
-Et tu...adhères à cette vision des choses? M'inquiètais-je.
-En partie.La Vie est vaine, mais vivre n'est pas si inutile.
-C'est pourtant pareil...fis-je, peu convaincu.
-Si on peut servir une noble cause, tout en étant en accord avec soi-même, c'est l'idéal.L'ennui, c'est qu'il n'y a pas «de grande victoire sans grand sacrifice.»
Etait-ce un message que Gabriel essayait de me faire passer? Quoi qu'il en fut, nous passâmes le reste de la journée à parler philosophie.J'avais le chic pour le relancer sur des sujets, afin de m'instruire tout en faisant passer le temps.Bien entendu, j'éludais volontairement la dispute de nos maîtres.Mieux vallait ne pas inquièter Gabriel, à la veille de son épreuve.
J'étais bien avec lui et il semblait se sentir bien également.C'était tout ce qui comptait.Ce soir, je n'avais pas envie depenser à Orion, ni Délos.Et c'était égoïste de ma part, mais je ne faisait pas cela que pour protèger Gabriel, mais urtout parce que je ne voulais pas que mon ami ait autre chose en tête que moi.Je devais déjà partager son coeur avec la Philosophie et son entraînement, c'était bien assez...car je n'étais guère partageur.
La nuit tomba lentement, de son long manteau étoilé et je me rendis compte que demain...Gabriel mettrai vie et honneur en jeu pour obtenir une des douze armures du zodiaque.Je ne voulais pas encore aller me coucher.Pas maintenant.Rester le plus longtemps possible avec lui...
Le silence...et puis tout à coup, l'orage éclata.Je senti la Nature se déchaîner autour de nous.Fasciné par ce spectacle et n'ayant rien de mieux à faire, je m'avançais jusqu'à la fenêtre, tandis que Gabriel lisait un livre au coin du feu en mangeant une pomme.
Cet instant de ma vie...je l'avais déjà revu en rêve...
«Tu sais...quand il pleut comme ça, ça me rappelle vaguement quelque chose...mais je ne sais jamais quoi...»
Je fis une pause, le regard perdu dans l'immensité noire de la plaine.Sur le carreau de la fenêtre ruisselait l'eau de pluie, telle les larmes d'un geant en peine.Le tonnerre grondait, faisant échoc comme un tambour de guerre, illuminant de ça de là les collines avoisinantes...Le feu dans la cheminée craquait doucement et les flammes oranges de l'âtre dansaient en tourbillonant avec le vent, qui les faisait valser.
-«Peût-être cela te rappelle t-il tout simplement quand tu étais plus petit, répondit cette voix douce mais froide pourtant.Je ne me retournais pas et la foudre qui venait de s'abattre sur le toit, fit trembler les murs de la maison.
-«Non...ce n'est pas quelque chose à propos de mon enfance, répondis-je sûr de moi.
-Hum...alors c'est tout simplement quelque chose dont tu as du mal à te rappeler? Et le mauvais temps t'en ramène des lymbes?
-Je ne sais pas.A quoi penses-tu quand il fait ce temps? Demandais-je sans me retourner face à mon interlocuteur.Qui était-ce? Je ne m'en souviens plus...mais sa voix était bien trop frêle pour être un adulte.
-Rien.C'est juste de l'eau», m'exposa t-il glacialement.
Je secouais la tête et repris, les yeux fixés sur le paysage:
-Ca me fait quelque chose...ce sentiment...tu ne trouves pas cela romantique, extrêmement attirant? D'une beauté brutale et souveraine?
-Le mauvais temps? Non, ça m'est égal.Trancha t-il toujours aussi insensiblement.
-Menteur", souris-je en frissonant.
Je revins m'asseoir près de lui et frictionnais mes bras avec mes mains pour me réchauffer.Brusquement nous fûmes plongés dans le noir.Seule le feu de la cheminée nous guidait encore dans la pénombre.Le tonnerre grondait avec encore plus d'intensité et nous étions seuls au monde.Je tournais ma tête vers Gabriel.Il avait l'air un peu paniqué.Savait-il déjà ce qui allait se passer? Pourquoi ses grands yeux cristallins si purs avaient un effet aphrodisiaque et hypnotique sur moi?
C'était trop beau.Tout était parfait.
Le temps semblait s'être figé autour de nous...pour nous.Il avait suspendu son vol pour m'offrir ce présent magnifique.
Lentement, très lentement et malgré la peur, la surprise peût-être, qui noyait ces deux azurs face à moi, je me penchais en m'approchant.Dans ma tête se bousculaient un millier de questions, mais je n'en n'avais cure.Je ne voulais penser à rien, juste à l'instant présent: à lui, à moi et au potentiel «nous»
Je n'en n'aurai peût-être plus l'occasion.Avec tout ce que j'ai appris aujourd'hui, j'avais compris qu'il ne fallait jamais jurer de rien et profiter de l'instant présent.Qui aurait pu prévoir la dispute d'Orion et de Délos? Personne...pas même-eux je suppose.Alors, je ne voulais pas savoir ce que l'avenir nous réservait, ce que la déesse Athéna avait choisit pour Gabriel et pour moi.Je voulais juste...goûter à ses deux lèvres qui me faisaient penser à un bouton de rose sur le point d'éclore.
Doucement j'effleurais ces deux lèvres fines et soyeuses, avec soin.Autant dire que je ne me préoccupais pas autant de mes partenaires en général.Mais cette fois, c'était différent, je voulais que tout sois parfait, comme dans un rêve.Cet instant allait être magique pour moi, si seulement je parvenais à me contrôler.
Le baiser que nous échangâmes, ou plutôt que je lui prodiguai cette nuit là, resta chaste et simple, pour ne pas l'effrayer.Mais je n'eu même pas le loisir de profiter pleinement de ce cadeau que déjà, je le sentait m'échapper, comme un souffle de vent insaisisable.Rapidement, il s'éloigna de moi et je senti son souffle glacial sur mon visage.Il me regardait, un mélange de choc et de peur dans les yeux.La peur de l'inconnu.Il se leva soudainement et sans dire mot, il sorti de la pièce pour aller se réfugier dans sa chambre.Il avait été comme victime d'une intrusion, d'une agression physique.Mais je ne regrettais rien.Même si tout avait été extrêmement bref, j'avais eu ce que mon corps désirait et il me semblait que mes lèvres brûlaient un peu moins à présent.
Je me levai également et rejoignit le minuscule lit de la chambre d'ami et m'y jetais littéralement, le faisant vasciller légèrement sous mon poids.J'ôtais mon débardeur et j'avais chaud tout à coup.Glissant un bras derrière ma tête, fixant machinalement le plafond blanc, je caressais mes lèvres avec ma main libre.Par Athéna! Je n'arrivais pas à croire ce qui venait de se passer! Gabriel devait m'en vouloir à présent, me détester peût-être même.Alors pourquoi n'arrivais-je pas à regretter ce geste? Parce que la vie était trop courte, tout simplement.J'avais pêché des dizaines de fois, mais c'était par désir de jouïr de l'interdit et de ce corps que la déesse m'avait offert.
Comme une machine, je me tournais sur le côté de mon lit et fermais les yeux, espèrant trouver le sommeil.J'entendais l'eau qui battait contre les vitres de ma chambre et bien entendu, j'étais incapable de trouver Morphée, l'infidèle.Tout d'abord parce que j'étais trop inquiet concernant l'échéance de demain et ensuite parce que je ne cessais de penser à ce qui venait d'arriver.Je n'avais envie que d'une chose, être aux côtés de Gabriel, ce corps si froid et inviolé encore par la main avide d'un amant passionné.Mais il fallait que j'arrête de penser à lui, sinon j'allais devenir fou et peût-être même faire entrave à ma promesse.Mon maître...je lui avais juré que je n'interviendrai pas dans le combat qui opposerait Orion à Gabriel.Mais c'était un paradoxe trop grand pour moi! Ce n'était pas que la vie de Gabriel qui se jouait, mais la mienne aussi.Je ne voulais pas vivre sans lui, nous avions promis de devenir tous deux des Saints d'Athéna.Laquelle des deux promesses devais-je honnorer?
Et tout à coup, je senti un courant d'air dans mon dos et j'entendis la porte grincer.Dans la faible clarté prodiguée par le feu brûlant encore dans le salon, j'apercu Gabriel.Il se tenait sur le pas de la porte, hésitant à entrer dans la tanière de la bête.Son regard était perdu et digne pourtant.Nous ne nous dîmes pas mots.Nos regards parlèrent pour nous et il vint me rejoindre tout naturellement dans mon lit, comme la courageuse Vierge se sacrifiant au Lion pour appaiser la colère des Dieux.
Cette nuit, jamais plus rien ne serait pareil, alors que je le senti se glisser sous mes draps, se blottisant contre moi.
